Manuel de Sarratea
Manuel de Sarratea Altoguirre (Buenos Aires, 1774 - Limoges, France, 1849) Ă©tait un diplomate, homme politique et militaire argentin.
Manuel de Sarratea | |
Manuel de Sarratea. | |
Fonctions | |
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Chef du gouvernement de la Province de Buenos Aires | |
– (2 mois et 14 jours) |
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PrĂ©dĂ©cesseur | MatĂas Miguel de Irigoyen |
Successeur | Miguel Estanislao Soler |
Membre du Premier Triumvirat | |
– (8 ans, 4 mois et 26 jours) |
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Avec | Feliciano Antonio Chiclana Juan JosĂ© Paso Juan MartĂn de PueyrredĂłn |
Biographie | |
Nom de naissance | Manuel de Sarratea y Altolaguirre |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Buenos Aires |
Date de décès | |
Lieu de décès | Limoges |
Profession | Militaire, homme politique |
Religion | Catholicisme |
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Liste des chefs d'État argentins | |
Un des protagonistes de la rĂ©volution de Mai, il devint membre du premier triumvirat, puis assuma une fonction de ministre des affaires Ă©trangères pour le compte du Directeur suprĂŞme PueyrredĂłn. Banni vers Montevideo en raison de ses contacts avec l’opposition fĂ©dĂ©raliste, il sut mettre Ă profit la victoire fĂ©dĂ©raliste de Cepeda de 1820 pour se faire nommer gouverneur de Buenos Aires et continuer ainsi Ă favoriser le camp fĂ©dĂ©raliste. Finalement contraint de dĂ©missionner, il se joignit aux campagnes militaires des caudillos fĂ©dĂ©ralistes Estanislao LĂłpez et Francisco RamĂrez, puis poursuivit, Ă partir de 1825 jusqu’à sa mort, une carrière diplomatique en Angleterre, au BrĂ©sil et en France.
Ascendances et débuts dans la carrière politique
NĂ© Ă Buenos Aires le , il Ă©tait le fils de MartĂn de Sarratea (1743-1813), originaire d’Ognate, dans le Guipuscoa (Pays basque espagnol), l’un des nĂ©gociants les plus fortunĂ©s de la ville, et de Tomasa Josefa de Altolaguirre. Sa sĹ“ur Martina de Sarratea (1772-1805) Ă©pousa Jacques de Liniers, futur vice-roi du Rio de la Plata.
Après avoir poursuivi ses études à Madrid, il revint dans son pays pour y assumer des fonctions diplomatiques. Il prit part à la révolution de Mai de 1810 et, sur recommandation de Belgrano, fut nommé ambassadeur à Rio de Janeiro.
Un de ses frères, Juan Crisóstomo José de Sarratea, homme d’affaires influent de cette époque, contribua à financer les campagnes de l’armée des Andes.
Premier triumvirat et Directoire
Après que la Grande Junte, nĂ©e de l’élargissement de la Première Junte, premier gouvernement autonome de l’Argentine, eut Ă©tĂ© dissoute en , il retourna dans le RĂo de la Plata et fut nommĂ© membre du nouvel exĂ©cutif, appelĂ© premier triumvirat, lequel Ă©tait en rĂ©alitĂ©, jusqu’à sa chute en , dominĂ© par le secrĂ©taire Bernardino Rivadavia. L’une des rĂ©alisations politiques de ce gouvernement fut la signature d’un traitĂ© de paix avec le dernier vice-roi Francisco Javier de ElĂo, aux termes duquel la bande Orientale, correspondant grosso modo au territoire de l’actuel Uruguay, devait ĂŞtre restituĂ©e Ă la couronne d’Espagne. En 1812 cependant, par suite de l’éclatement de la dĂ©nommĂ©e rĂ©volution orientale et le changement de pouvoir Ă Montevideo, le traitĂ© fut rompu et la guerre contre les royalistes relancĂ©e, la plupart des soldats criollos quittant alors la ville pour suivre leur caudillo, JosĂ© Gervasio Artigas. Sarratea, qui avait la charge de l’armĂ©e dans la bande Orientale, s’employa en premier lieu Ă placer les troupes d’Artigas sous son propre commandement ; s’étant efforcĂ© d’abord, mais en vain, de le convaincre, il usa de moyens plus subreptices, sans davantage de succès. Il en vint alors Ă dĂ©clarer Artigas un traĂ®tre, mais cette mesure fut rejetĂ©e par les deux autres triumvirs. Sarratea continua d’avoir la charge de l’armĂ©e jusqu’à la première partie de l’annĂ©e suivante, lorsqu’il fut remplacĂ©, Ă la suite de la chute du second triumvirat fin 1812, par JosĂ© Rondeau ; c’est alors seulement, après que le commandement eut Ă©tĂ© rendu Ă Artigas, que celui-ci et ses hommes consentirent Ă se rĂ©unir aux troupes de Buenos Aires pour remettre le siège devant Montevideo.
Sarratea resta politiquement inactif pendant plus de deux ans, jusqu’à ce que le Directeur suprĂŞme Gervasio Posadas lui confiât une mission diplomatique Ă Madrid et Ă Londres. ArrivĂ© en Espagne, il offrit au roi Ferdinand VII, remontĂ© sur le trĂ´ne depuis peu, la soumission des Provinces-Unies du RĂo de la Plata Ă la couronne espagnole moyennant l’octroi d’une certaine autonomie au territoire. Pour toute rĂ©ponse, il fut traitĂ© comme le reprĂ©sentant d’un groupe de sĂ©ditieux et dut prĂ©cipitamment faire route vers l’Angleterre. LĂ , il rencontra deux autres Ă©missaires, Belgrano et Rivadavia, qu’il sut rallier Ă la sienne idĂ©e de faire couronner roi du RĂo de la Plata l'un des frères de Ferdinand VII, François de Paule de Bourbon, moyennant l’aval de leur père, Charles IV. Les nĂ©gociations en ce sens furent assez avancĂ©es, et ils vinrent mĂŞme Ă rĂ©diger un projet de constitution monarchique. Comme le prince cependant s’y refusait, ils envisagèrent de le sĂ©questrer pour le faire couronner Ă Buenos Aires.
Gouverneur de Buenos Aires
Ă€ la mi 1816, Sarratea regagna Buenos Aires et fut nommĂ© ministre des affaires Ă©trangères du Directoire, Ă la tĂŞte duquel se trouvait alors Juan MartĂn de PueyrredĂłn. S’il dĂ©missionna quelque temps après pour raisons de santĂ©, ce fut pour entrer aussitĂ´t en contact avec l’opposition fĂ©dĂ©raliste portègne, ce qui lui valut, sur ordre du Directeur suprĂŞme, une mesure de bannissement vers Montevideo.
Ă€ la suite de la bataille de Cepeda (), il se joignit Ă l’armĂ©e fĂ©dĂ©raliste menĂ©e par Estanislao LĂłpez et Francisco RamĂrez. EnvoyĂ© par eux comme leur reprĂ©sentant devant le Cabildo de Buenos Aires, il parvint Ă convaincre celui-ci de le nommer gouverneur. SitĂ´t entrĂ© en fonctions le , il signa avec les chefs fĂ©dĂ©ralistes le traitĂ© de Pilar, par lequel notamment la province de Buenos Aires reconnaissait comme ses Ă©gales les autres provinces du RĂo de la Plata. Par des clauses secrètes du traitĂ©, il s’engagea par ailleurs Ă procurer un important armement aux caudillos victorieux. Lorsque les militaires eurent vent de cette livraison, ils se soulevèrent contre Sarratea et le destituèrent le , pour nommer Ă sa place le gĂ©nĂ©ral Juan RamĂłn Balcarce. Ce dernier cependant se maintint au pouvoir pendant moins d’une semaine, car le gĂ©nĂ©ral RamĂrez menaça d’attaquer la ville au cas oĂą l’accord de livraison d’armes ne serait pas entièrement honorĂ©. Sarratea reprit ses fonctions de gouverneur le , et cĂ©da Ă RamĂrez en outre quelques unitĂ©s militaires, sous le commandement du colonel Lucio Norberto Mansilla. Ne rĂ©ussissant pas Ă contenir l’état d’anarchie permanent dans lequel se dĂ©battait la province, ni Ă ramener les militaires Ă l’obĂ©issance, il remit sa dĂ©mission ce mĂŞme mois de mai.
Il rejoignit l’armĂ©e de RamĂrez lors de sa campagne contre Artigas, et la dĂ©faite de ce dernier fut peut-ĂŞtre sa plus grande rĂ©ussite personnelle. De mĂŞme, il prit part aux prĂ©paratifs de la guerre que se proposait de mener le caudillo d’Entre RĂos contre Buenos Aires, Santa Fe et CĂłrdoba, et qui s’acheva sur un dĂ©sastre. Sarratea se tint alors pour un temps Ă©loignĂ© de la politique.
Missions diplomatiques
Le , Juan Gregorio de Las Heras nomma Sarratea « chargĂ© d’affaires des Provinces-Unies du RĂo de la Plata auprès de la Grande-Bretagne ».
En 1826, il fut à nouveau appelé, cette fois par le président Rivadavia, à remplir diverses missions diplomatiques en Angleterre. Il appuya à Londres la politique anglaise visant à séparer la bande Orientale d’avec les autres provinces argentines, ce qui fut accompli vers le milieu de l’année 1828. Le gouverneur Manuel Dorrego le maintint à son poste, et Juan Manuel de Rosas le nomma son ambassadeur à Rio de Janeiro et en France. Il s’éteignit le à Limoges.