José Gervasio Artigas
JosĂ© Gervasio Artigas y Arnal, nĂ© le Ă Montevideo (Uruguay) et mort le Ă Ibiray (Paraguay), est un militaire des Provinces-Unies du RĂo de la Plata qui participa Ă la guerre d'indĂ©pendance de l'Argentine et de l'Uruguay, il est d'ailleurs surnommĂ© « El Libertador ».
José Gervasio Artigas | ||
Surnom | Chef des Orientaux (Jefe de los Orientales) |
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Naissance | Montevideo, bande Orientale, Vice-royautĂ© du RĂo de la Plata |
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Décès | (à 86 ans) Ibiray, Paraguay |
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Allégeance | Bande orientale | |
Grade | Général | |
Années de service | 1797 – 1820 | |
Commandement | Ejército artiguista | |
Conflits | Guerres d'indépendance en Amérique du Sud Invasions britanniques |
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Faits d'armes | Bataille de Las Piedras Bataille de TacuarembĂł |
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Distinctions | Père de la Nation uruguayenne | |
Biographie
Origine
José Artigas naquit à Montevideo dans une riche famille de grands propriétaires terriens ; il était le petit-fils du chef d'une des sept familles fondatrices de Montevideo. À l'âge de 12 ans, il parcourait déjà à cheval les terres de sa famille et s'intéressait aux travaux du domaine. Vivant parmi les habitants locaux et particulièrement les gauchos et indigènes (sa première compagne fut une indigène), il devint un très bon cavalier et manieur d'armes à feu dont le nom était connu et respecté à travers toute la campagne locale. Il s'engagea aussi notoirement dans des affaires de contrebande agraire sur les frontières brésiliennes.
À l'âge de 33 ans, alors qu'il recherchait l'amnistie réservée à ceux qui n'avaient pas commis d'actes violents, il intégra le régiment de Blandengues (aujourd'hui, la garde d'honneur) chargé de maintenir l'ordre rural et protéger la frontière avec le Brésil, où il monta vite en grade.
Guerre d'indépendance
En 1810, l'Espagne transfĂ©ra les institutions de la vice-royautĂ© du RĂo de la Plata Ă Montevideo puisque la rĂ©volution de mai forçait le vice-roi Ă abandonner Buenos Aires. Le , il quitta le rĂ©giment de Blandengues et partit Ă Buenos Aires pour offrir ses services Ă la cause rĂ©volutionnaire. Les peuples des colonies espagnoles de l'AmĂ©rique entière commençaient les guerres d'indĂ©pendance et Artigas voulait mener cet idĂ©al dans la bande Orientale. C'est donc au dĂ©but du mois d'avril qu'il retourna dans son pays avec environ 180 soldats, mandatĂ© par le gouvernement de Buenos Aires. Le 11 avril, il prononça la proclamation de Mercedes et devint le chef de la rĂ©volution le 18 mai lorsqu'il dĂ©fit les forces espagnoles Ă la bataille de Las Piedras. Puis il commença le siège de Montevideo et fut officiellement nommĂ© Premier chef des Orientaux (Primer Jefe de los Orientales).
En 1814, il organisa la Ligue des peuples libres (Liga de los Pueblos Libres) et en fut dĂ©clarĂ© le « Protecteur ». L'annĂ©e suivante, il libĂ©ra Montevideo de l'emprise des partisans du parti Unitaire qui prĂ´nait le centralisme) argentin et refusait le fĂ©dĂ©ralisme proposĂ© par Artigas. La mĂŞme annĂ©e, il mit en place dans la ville d'Arroyo de la China (aujourd'hui nommĂ©e ConcepciĂłn del Uruguay) le prĂ©-congrès de l'indĂ©pendance des provinces d'Argentine avec les provinces de CĂłrdoba, Corrientes, Entre RĂos, Misiones et Santa Fe et de la bande Orientale (actuel Uruguay) qui se dĂ©claraient indĂ©pendantes de l'Espagne et des autres pays Ă©trangers, et invita les autres provinces des Provinces-Unies du RĂo de la Plata (nom donnĂ© alors Ă l'Argentine) Ă les joindre dans un système fĂ©dĂ©ral. Les États-Unis sont son modèle politique : il veut instaurer un système similaire, conçu pour limiter les potentiels abus de pouvoir, de totalitarisme et d'ingĂ©rences extĂ©rieures.
Ce fut à ce congrès qu'Artigas ratifia l'utilisation du drapeau créé par Manuel Belgrano.
Artigas fut à l'origine d'une des premières réformes agraires aux Amériques. Le code agraire de 1815 fut la constitution la plus avancée et la plus glorieuse connue des Uruguayens[1], inspirée des idées de Campomanes de Jovellanos. On décréta l'expropriation et la répartition des terres des mauvais Européens, des Américains, plus mauvais encore, habitant le pays, et de ceux qui avaient émigré pendant la révolution. On confisqua ces terres sans aucune indemnisation. Les enfants des anciens propriétaires n'eurent pas à payer les fautes de leurs parents et eurent droit à la même surface de terre que celle attribuée aux patriotes pauvres. Après le départ d'Artigas les législations successives ne reconnurent pas la validité des répartitions de terres qu'il effectua, ceux qui avaient bénéficié de terres en furent expulsés. La répartition des terres s'effectua selon le principe que les plus malheureux devaient être les mieux servis. Les indigènes selon Artigas avaient les droits les plus importants. L'idée était de fixer les gauchos errants et sans terre en en faisant des paysans[2].
L'augmentation constante de l'influence et du prestige de la Ligue fédérale dans toute la région constitue une menace intolérable pour les prétentions hégémoniques de Buenos Aires, et déplaît au Portugal et sa colonie brésilienne, qui ne veulent pas d'une république à leurs portes. En août 1816 ce dernier envahit donc la Province orientale avec la complicité du gouvernement de Buenos Aires, dans l'intention de démanteler la révolution et de tuer son chef.
L'armée portugaise était commandée par Carlos Federico Lecor qui, aidée par sa supériorité numérique et technologique, battit l'armée d'Artigas et conquit dès le la ville de Montevideo ; mais la lutte armée continua encore pendant trois années dans les campagnes, avec des victoires et défaites d'ampleurs diverses des deux côtés. Furieux de la passivité de Buenos Aires, Artigas déclara la guerre au régime central argentin en même temps que son armée essuyait plusieurs échecs successifs face aux Portugais.
Le vit se dĂ©rouler la dernière bataille marquante d'Artigas et aussi une dĂ©faite sans appel : la bataille de TacuarembĂł. Au cours de ce massacre, l'armĂ©e portugaise attaqua le campement oĂą dormait encore le plus gros de l'armĂ©e orientale, qui fut très rapidement dĂ©cimĂ© et dispersĂ©. Artigas, parti chercher des chevaux pour son armĂ©e, Ă©tait absent. Pour le Portugal cette victoire signifiait essentiellement la fin de la guerre, mais lui dĂ©cida de poursuivre la lutte. Une semaine après ce dĂ©sastre, ses lieutenants Francisco RamĂrez (gouverneur de Entre RĂos) et Estanislao LĂłpez (gouverneur de Santa Fe), parvinrent Ă battre le pouvoir central de Buenos Aires Ă la bataille de Cepeda, mais ils se retournèrent effectivement contre Artigas lorsqu'ils signèrent la paix avec ce gouvernement : non seulement ils s'engagèrent Ă ne pas aider Artigas, mais ensuite RamĂrez prit Ă sa charge de finir de le mettre en dĂ©route au cours d'une sĂ©rie de batailles qui s'Ă©tendit de juin Ă septembre et gĂ©ographiquement jusqu'au nord du pays. RamĂrez allait de victoire en victoire, mais l'aura du Protectador, mĂŞme trahi de toutes parts et acculĂ©, Ă©tait telle auprès des indigènes que des flux de combattants ont continuĂ© de rĂ©gĂ©nĂ©rer ses troupes jusqu'au bout.
Exil
Artigas passa finalement le au Paraguay avec ses 150 derniers fidèles, qui se dispersèrent sur ordre du dictateur paraguayen d'alors. Méfiant, ce dernier lui accorda l'asile mais le plaça en liberté surveillée jusqu'à la fin de ses jours. Il disparut définitivement de la vie politique de la région et s'éteignit en 1850, après trente ans d'une vie exilée paisible, simple et teintée d'amertume. On dit que ses dernières paroles furent l'ordre que l'on le porte sur son cheval, pour qu'il y meure comme un gaucho.
Citations
- « Je ne vendrai pas le patrimoine riche des Orientaux au bas prix de la nécessité. » (No venderé el rico patrimonio de los Orientales al bajo precio de la necesidad.)
- « Mon autorité émane de vous, et elle cesse en votre présence souveraine. » (Mi autoridad emana de vosotros, y ella cesa ante vuestra presencia soberana)
- « Libre, je n'offense pas et je ne crains pas.» (Con libertad, ni ofendo ni temo, devise de Montevideo)
- « Clémence pour les vaincus. » (Clemencia para los vencidos)
- « Que les Orientaux soient autant lettrés que courageux » (Sean los Orientales tan ilustrados como valientes)
Idéal
On dit qu'il admirait les États-Unis d'AmĂ©rique et qu'il portait toujours sur lui une reproduction de la Constitution des États-Unis d'AmĂ©rique. Il voulait que le gouvernement des Provinces-Unies du RĂo de la Plata fĂ»t fondĂ© sur la mĂŞme idĂ©e de fĂ©dĂ©ralisme. C'est cet idĂ©al que ne supportait pas le gouvernement central de Buenos Aires qui voulait un État centralisĂ© comme les monarchies europĂ©ennes, mais il rĂ©ussit tout de mĂŞme Ă avoir le soutien de nombreuses provinces. C'est pour cette raison que Buenos Aires et le Portugal voulaient sa mort.
Diverses statues lui rendent hommage à Washington, DC, à Montevideo, un buste à Paris, ainsi que dans la ville de Québec[3].
Notes et références
- Nelson de la Torre, Julio C. Rodriguez et Lucia Sala de Touron - Artigas, Tierra y Revolucion, Montevideo 1967.
- Eduardo Galeano, Les Veines ouvertes de l'Amérique latine: une contre-histoire, Paris, France loisirs, , 467 p. (ISBN 978-2-724-21253-2, OCLC 461629907), p. 162-165
- « Monument de la ville de Québec situé dans le parc de l’Amérique-Latine. ».