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Juan Larrea (homme politique)

Juan Larrea (MatarĂł, Catalogne, Espagne, - Buenos Aires, ) Ă©tait un homme d’affaires et homme politique espagnol, Ă©tabli Ă  Buenos Aires au dĂ©but du XIXe siĂšcle. Il commanda une unitĂ© militaire lors de la seconde des deux invasions britanniques du RĂ­o de la Plata, et travailla ensuite au Cabildo de Buenos Aires. Il prit part en 1809 au coup de force manquĂ© qu’avait fomentĂ© MartĂ­n de Álzaga. Dans la PremiĂšre Junte, premier gouvernement national de l’Argentine, lui et Domingo Matheu Ă©taient les seuls membres pĂ©ninsulaires, c'est-Ă -dire nĂ©s en Espagne. Au sein de ce mĂȘme gouvernement, il appuya le secrĂ©taire Mariano Moreno, ce qui lui valut, lorsque les morĂ©nistes furent Ă©vincĂ©s du gouvernement Ă  la suite des Ă©vĂ©nements d’, d’ĂȘtre relĂ©guĂ© vers la lointaine ville de San Juan. Il revint dans la capitale au titre de dĂ©putĂ© de CĂłrdoba Ă  l’AssemblĂ©e constituante de l’an XIII, oĂč il fut Ă  l’origine d’un grand nombre de rĂ©solutions. Aux cĂŽtĂ©s de Carlos MarĂ­a de Alvear, il mit au point la stratĂ©gie qui permit de faire tomber la place-forte royaliste de Montevideo, qui avait reprĂ©sentĂ© jusque-lĂ  une menace permanente pour Buenos Aires durant la guerre d’indĂ©pendance de l’Argentine. À la suite de dĂ©saccords politiques qui l’opposĂšrent, en dĂ©pit de la victoire militaire, Ă  l’amiral William Brown, et d’une crise Ă©conomique Ă  laquelle il eut Ă  faire face, il fut condamnĂ© pour malversation et exilĂ© du pays en 1815.

Juan Larrea
Illustration.
Fonctions
Membre du Second Triumvirat
–
(2 mois et 26 jours)
Avec Nicolås Rodríguez Peña
Gervasio Antonio de Posadas
Prédécesseur Juan José Paso
Successeur Gervasio Antonio de Posadas (directeur suprĂȘme)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Mataro
Date de dĂ©cĂšs (Ă  64 ans)
Lieu de décÚs Bueno Aires (Argentine)
Nationalité Argentine
Parti politique Patriotes

Signature de Juan Larrea

Il vĂ©cut Ă  Bordeaux, en France, mais retourna Ă  Buenos Aires aprĂšs que son dĂ©cret de bannissement eut Ă©tĂ© levĂ© Ă  la faveur d’une loi d’amnistie de 1821. Il servit comme consul pendant un temps, mais ses affaires pĂ©riclitĂšrent, et il se suicida le . Il fut le dernier membre survivant de la PremiĂšre Junte.

Biographie

Jeunes années et arrivée dans la Vice-royauté

Juan Larrea naquit en 1782, dans la ville de MatarĂł, en Catalogne espagnole, d’un pĂšre employĂ© des douanes de cette mĂȘme ville[1]. AprĂšs avoir poursuivi d’abord des Ă©tudes de mathĂ©matiques et de navigation, Larrea rĂ©orienta ensuite sa formation en vue d’une carriĂšre dans le commerce. Devenu chef de famille Ă  la mort de son pĂšre en 1793, il dĂ©cida vers l’annĂ©e 1800 de se transporter avec ses proches Ă  Buenos Aires, oĂč il fonda un entrepĂŽt de vins, de cuir et de sucre. Il fit commerce avec le PĂ©rou, le Haut-PĂ©rou, le Paraguay, le Chili et le BrĂ©sil, rĂ©ussissant Ă  accumuler en peu de temps une considĂ©rable fortune. Il se lia avec le groupe de commerçants engagĂ©s dans le commerce avec le port de Cadix et que dirigeait MartĂ­n de Álzaga. Vers 1806, il Ă©tait un homme d’affaires respectĂ©, membre du Consulat de commerce de Buenos Aires. Il fit en sorte de renforcer le rĂŽle des dĂ©putĂ©s de Buenos Aires Ă  la cour de Madrid, d’amĂ©liorer la reprĂ©sentation de la vice-royautĂ© du BrĂ©sil et de rĂ©duire les privilĂšges des nĂ©gociants pĂ©ninsulaires (c'est-Ă -dire espagnols de naissance)[2].

Buenos Aires et d’autres villes proches eurent Ă  faire face aux offensives anglaises contre le RĂ­o de la Plata en 1806 et 1807. Lors de la seconde de ces offensives, et en l’absence de renforts en provenance d’Espagne, le vice-roi Jacques de Liniers disposa que toute personne Ă  Buenos Aires capable de porter les armes eĂ»t Ă  prendre part Ă  la rĂ©sistance. Larrea fonda, conjointement avec Jaime Nadal y Guarda, Jaime Lavallol et JosĂ© Olaguer Reynals, la LĂ©gion des Volontaires catalans (en esp. Tercio de Miñones de Cataluña), dont il fut dĂ©signĂ© capitaine. Les PortĂšgnes, se dĂ©fendant avec succĂšs, rĂ©ussirent Ă  repousser les Britanniques hors de la vice-royautĂ©[2].

Les affaires de Larrea prospĂ©raient, et en 1808, le Cabildo de Buenos Aires fit appel Ă  lui pour commander une patrouille navale chargĂ©e de saisir les cargaisons de contrebande, ce qui lui offrit l’occasion de mettre en Ɠuvre ses compĂ©tences de marin. Dans le mĂȘme temps, il participait aux rĂ©unions secrĂštes des patriotes, lesquels Ɠuvraient pour des changements politiques majeurs dans la Vice-royautĂ©. Il fut ainsi portĂ© Ă  s’engager dans le coup de force montĂ© en 1809 par MartĂ­n de Álzaga, par lequel celui-ci visait Ă  destituer le vice-roi Liniers pour lui substituer une junte de gouvernement. La mutinerie cependant Ă©choua, mais les patriotes n’en continuĂšrent pas moins de comploter, jusqu’à parvenir en 1810, par la rĂ©volution de Mai, Ă  dĂ©poser le vice-roi nouvellement nommĂ©, Baltasar Hidalgo de Cisneros. Larrea, quoique n’ayant pas pris part aux dĂ©bats du cabildo ouvert, fut nommĂ© membre de la PremiĂšre Junte, comitĂ© de gouvernement issu de la rĂ©volution de Mai, et premier gouvernement autonome de l’Argentine[3].

PremiĂšre Junte

Si le prestige dont jouissait Larrea en tant qu’homme d’affaires influent dut certes contribuer Ă  ce qu’il fĂ»t dĂ©signĂ© membre de la PremiĂšre Junte, la raison prĂ©cise de cette dĂ©signation demeure, comme du reste pour la plupart des autres membres, assez peu claire ; d’aucuns ont estimĂ© que la compositon de la Junte avait Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©e par la nĂ©cessitĂ© de maintenir un Ă©quilibre entre charlottistes et alzaguistes[4]. Larrea renonça Ă  ses Ă©moluments de membre de la Junte et s’attacha Ă  lever des fonds en vue d’une prĂ©visible guerre d’indĂ©pendance. De concert avec Manuel de Sarratea, il esquissa un nouveau code de commerce pour l’Argentine, et prit soin Ă©galement que le bannissement du ci-devant vice-roi Cisneros fĂ»t bien exĂ©cutĂ© en obtenant, contre argent, du capitaine du navire sur lequel Cisneros avait Ă©tĂ© embarquĂ©, le Dart, l’assurance qu’il s’interdirait toute escale avant d’avoir atteint les Ăźles Canaries, sur la rive opposĂ©e de l’Atlantique. Il prit position pour l’exĂ©cution de Liniers, Ă  la suite de l’échec de la contre-rĂ©volution menĂ©e par celui-ci, et soutint le secrĂ©taire Mariano Moreno contre le prĂ©sident de la Junte Cornelio Saavedra[5]. En , Larrea vota en faveur de ce que les dĂ©putĂ©s envoyĂ©s par les villes de l’intĂ©rieur fussent intĂ©grĂ©s dans la Junte, quoiqu’il eĂ»t auparavant dĂ©clarĂ© ĂȘtre opposĂ© Ă  cette proposition. Par cet Ă©largissement de l’exĂ©cutif, Saavedra avait en vue de rĂ©duire l’influence de Moreno au sein de la Junte[6].

La proposition d’élargissement ayant Ă©tĂ© adoptĂ©e par une majoritĂ© de dĂ©putĂ©s, la PremiĂšre Junte se mua, par l’incorporation des nouveaux dĂ©putĂ©s, en ce qu’il est convenu d’appeler la Grande Junte. La dĂ©mission subsĂ©quente de Mariano Moreno, et la mort de celui-ci en haute mer par suite d’un empoisonnement vraisemblablement accidentel, n’eurent pas pour effet de mettre un terme aux conflits entre morĂ©nistes et saavĂ©dristes. Une tentative de coup de force par des militaires morĂ©nistes fut dĂ©jouĂ©e, et suscita une rĂ©action vigoureuse des saavĂ©dristes les 5 et , sous la forme d’un mouvement de masse devant le Cabildo de Buenos Aires, rĂ©clamant le limogeage de tous les morĂ©nistes encore prĂ©sents au gouvernement, y compris Larrea[7], lequel, accusĂ© d’avoir adhĂ©rĂ© Ă  des factions sĂ©ditieuses et mis en pĂ©ril la sĂ©curitĂ© publique, fut destituĂ©, fait prisonnier, et transportĂ© d’abord vers la ville proche de LujĂĄn, ensuite vers la lointaine citĂ© de San Juan[8].

Retour en politique

RĂ©union de l’AssemblĂ©e de l’an XIII. Lithographie de l’époque.

À San Juan, Larrea se voua de nouveau Ă  ses activitĂ©s commerciales, se dĂ©robant Ă  la politique jusqu’en 1812. AprĂšs que la rĂ©volution du eut ramenĂ© les morĂ©nistes au pouvoir, Larrea put regagner Buenos Aires. Il renoua avec son engagement politique en se faisant Ă©lire en 1913 dĂ©putĂ© pour CĂłrdoba Ă  l’AssemblĂ©e constituante de l’an XIII[8].

SiĂ©geant Ă  ladite assemblĂ©e, Larrea fit adopter une loi douaniĂšre qui, si elle imposait une taxe sur la plupart des importations, en exonĂ©rait toutefois les machines, les outils scientifiques, les livres, les armes et les fournitures militaires. Il instaura une monnaie locale, et Ă©quipa l’armĂ©e du Nord. Le systĂšme de rotation auquel Ă©tait soumis la prĂ©sidence de l’assemblĂ©e donna Ă  Larrea l’occasion de la prĂ©sider du au ; au cours de cette pĂ©riode, l’assemblĂ©e prohiba la pratique de la torture et abolit l’ensemble des titres nobiliaires, et choisit aussi l’hymne national argentin officiel[9].

Larrea servit briĂšvement dans le second triumvirat, supplĂ©ant JosĂ© JuliĂĄn PĂ©rez comme ministre des finances, jusqu’à ce que l’assemblĂ©e eĂ»t remplacĂ© le triumvirat par le Directoire, rĂ©gime dans lequel le pouvoir exĂ©cutif Ă©tait placĂ© entre les mains d’une seule personne, le Directeur suprĂȘme. Gervasio Antonio de Posadas, le premier Directeur suprĂȘme dĂ©signĂ©, se montra prĂ©occupĂ© de la menace constante que constituait pour Buenos Aires la ville de Montevideo, place-forte sise sur la rive opposĂ©e du RĂ­o de la Plata, et qui se trouvait aux mains des royalistes depuis le dĂ©but de la guerre d’indĂ©pendance. Lorsque le Directeur suprĂȘme Carlos MarĂ­a de Alvear entreprit de complĂ©ter par un blocus maritime le siĂšge dĂ©jĂ  mis devant Montevideo, le savoir-faire de Larrea vint Ă  point nommĂ©. Tandis qu’Alvear mettait au point la stratĂ©gie militaire, Larrea se chargeait des aspects financiers, en rĂ©digeant un rapport sur la nature, le coĂ»t et la puissance de la force navale proposĂ©e, et sur les capitaines et les marins qui seraient nĂ©cessaires Ă  l’entreprise, tout en y apportant aussi ses propres deniers ; il alla nĂ©gocier avec l’AmĂ©ricain William White, et fit appel Ă  l’amiral irlandais William Brown pour diriger l’offensive. Les forces royalistes de Montevideo furent finalement vaincues en [10] - [11].

L'amiral William Brown Ă©tait en mauvaise entente avec Juan Larrea.

Larrea ne s’entendait pas bien avec Brown, qui lui reprochait de ne pas tenir ses engagements et d’ĂȘtre responsable des insuffisances d’approvisionnement, voire du mĂ©contentement chez les marins. Buenos Aires ne pouvant s’appuyer sur aucune tradition navale, la plupart des hommes recrutĂ©s dans la campagne navale Ă©taient des Ă©trangers, dont l’engagement personnel dans la guerre Ă©tait souvent limitĂ©. AprĂšs la prise de Montevideo, Larrea requit Brown d’en rĂ©fĂ©rer dĂ©sormais directement au ministre de la guerre, et de ne plus correspondre avec lui. Ce nonobstant, les dissensions persistĂšrent. Pour faire face Ă  la crise Ă©conomique provoquĂ©e par la guerre, Larrea en vint non seulement Ă  vendre les vaisseaux capturĂ©s, mais encore Ă  dĂ©saffecter sa propre flotte puis Ă  se dessaisir des navires appartenant au gouvernement ; cependant, les marins se plaignirent de ce qu’ils n’avaient reçu ni leur solde, ni leur rĂ©compense pour la victoire militaire, ni leur cote-part sur la vente des vaisseaux capturĂ©s. Larrea et White en furent tenus responsables, et Larrea, dĂšs aprĂšs qu’il eut encore signĂ© l’ordre de crĂ©ation d’une infanterie et d’un rĂ©giment de cavalerie pour l’armĂ©e des Andes, remit sa dĂ©mission vers la fin de l’annĂ©e 1814. Larrea rendit White responsable du conflit toujours en suspens sur la rĂ©tribution des marins, expliquant qu’il avait disposĂ© que White aurait Ă  rĂ©gler le versement des soldes. Alvear dĂ©missionna en 1815 Ă  la suite de la mutinerie d’Álvarez Thomas, et tous les membres de son gouvernement furent mis en jugement. Larrea se vit accusĂ© d’abus de pouvoir, de fraude administrative et de malversation aux dĂ©pens du trĂ©sor public. Il fut condamnĂ© Ă  la confiscation de tous ses biens et Ă  l’exil[12] - [13].

Exil et retour Ă  Buenos Aires

Banni, Larrea se fixa en France, Ă  Bordeaux, et fit du commerce avec quelques-uns de ses anciens associĂ©s. Il continua de correspondre avec Bernardino Rivadavia, et en 1818, dĂ©mĂ©nagea Ă  Montevideo, alors sous domination brĂ©silienne. De lĂ , il s’efforça de resserrer les contacts qu’il avait gardĂ©s Ă  Buenos Aires, et fut finalement autorisĂ© Ă  retourner dans la capitale argentine en 1822, Ă  la faveur d’une mesure d’amnistie nommĂ©e loi d’Oubli (esp. Ley de Olvido)[14].

DĂšs lors, Larrea Ă©vita les activitĂ©s politiques et se voua tout entier Ă  ses affaires. Il fonda un service de messageries entre Buenos Aires et le Havre, mais l’entreprise Ă©choua. Il se lança ensuite dans le nĂ©goce de bĂ©tail, tant Ă  Buenos Aires qu’à Montevideo. Il fut nommĂ© consul des Provinces-Unies par le gouverneur Manuel Dorrego, et se retrouva de nouveau Ă  Bordeaux, ayant mission de renforcer les relations commerciales avec la France[14].

En 1830, peu aprÚs la premiÚre nomination de Juan Manuel de Rosas comme gouverneur de Buenos Aires, il se démit de ses fonctions de consul et, une fois de plus, se tourna entiÚrement vers ses affaires privées, séjournant tantÎt à Montevideo ou à Colonia del Sacramento, tantÎt à Bordeaux, avant de retourner de nouveau à Buenos Aires ; cependant, ses affaires avaient entre-temps commencé à péricliter, et il décida de se suicider le . Il fut le dernier membre survivant de la PremiÚre Junte[15].

Références

  1. Son patronyme était en fait Larreu, mais fut altéré plus tard, par confusion avec Larrea
  2. Académie..., p. 263
  3. Académie..., p. 264
  4. Luna, p. 39
  5. Académie..., pp. 264-265
  6. Galasso, p. 113
  7. Galasso, p. 128
  8. Académie..., p. 265
  9. Académie..., pp. 265-266
  10. Académie..., pp. 266-267
  11. Ratto, pp. 33-73
  12. Académie..., pp. 267-269
  13. Ratto, pp. 75-93
  14. Académie..., p. 269
  15. Académie..., pp. 269-270

Bibliographie

  • Norberto Galasso, Mariano Moreno – El sabiecito del sur, Buenos Aires, Colihue, , 138 p. (ISBN 950-581-799-1, lire en ligne)
  • (es) FĂ©lix Luna, La independencia argentina y americana, Buenos Aires, Planeta, (ISBN 950-49-1110-2)
  • (es) AcadĂ©mie nationale d'histoire de l'Argentine, RevoluciĂłn en el Plata : protagonistas de Mayo de 1810, Buenos Aires, Emece, , 568 p. (ISBN 978-950-04-3258-0)
  • HĂ©ctor Ratto, Historia del Almirante Brown, Buenos Aires, Instituto de publicaciones navales, (ISBN 950-9016-49-7)

Liens externes

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