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Histoire des Juifs Ă  Marseille

La présence de Juifs à Marseille est attestée dès le VIe siècle par Grégoire de Tours, mais il est probable qu'elle remonte à l'Empire romain.

La Grande synagogue de Marseille, inaugurée en 1864.

Pour Augustin Fabre, Marseille fut longtemps l'une des villes les plus accueillantes pour les Israélites, grâce au « contact de tant d'hommes d'origines, de mœurs et de croyances diverses, sans cesse rapprochés par les relations du commerce[1]. » Hors du royaume de France, les Juifs marseillais n’ont pas à souffrir des expulsions décidées par les rois et ils ne souffrent jusqu'à la fin du Moyen Âge d'aucune persécution.

À partir du XIIe siècle, la communauté juive de Marseille participe à l'essor intellectuel et à l'âge d'or du judaïsme provençal avec d'autres villes de la région. Très présents dans la vie socio-économique et le grand commerce de Marseille au Moyen Âge tardif, ils sont considérés comme des citoyens de la ville et les notables juifs sont même traités avec équité par rapport aux chrétiens.

Les Israélites sont finalement expulsés de Provence par le roi de France en 1501, après l'union du Comté de Provence au royaume. Quelques familles émigrent dans les États du Pape à Avignon ou dans le Comtat-Venaissin, les autres quittent la région ou se convertissent. L'histoire des Juifs à Marseille devient presque silencieuse pendant près de deux siècles.

En 1791 lors de la Révolution Française, l'émancipation des Juifs permet leur retour dans la ville et la population israélite ne cesse d'augmenter au cours du XIXe siècle. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, ils sont déjà plusieurs dizaines de milliers et de toutes origines. Deux mille d'entre eux sont déportés en 1943 vers les camps de la mort au cours de la rafle de Marseille.

Les répercussions de la guerre d'Algérie et la signature des accords d'Évian en 1962 entraînent l'arrivée de nombreux Juifs séfarades réfugiés d'Algérie, qui représentent aujourd'hui la grande majorité de la communauté israélite de la ville devant les Juifs provençaux, les Ashkénazes et les Séfarades orientaux. Preuve en est que le cosmopolitisme et la diversité de Marseille s'étendent même au sein de ses communautés.

Selon le Groupe international pour les droits des minoritĂ©s, la ville abriterait la deuxième population israĂ©lite de France avec 80 000 juifs, soit plus de 9 % de la population. Cela reprĂ©senterait la troisième communautĂ© juive d'Europe, après celles de Paris et de Londres.

Antiquité : une présence probable

Lampe à huile juive du Ier siècle découverte à Orgon dans les Bouches-du-Rhône.

S'il n'y a aucune source Ă©voquant la prĂ©sence d'une communautĂ© juive Ă  Massilia (Marseille), des JudĂ©ens doivent certainement y vivre sous l'Empire romain[2] - [3]. Cette prĂ©sence serait cependant Ă  relativiser au regard des communautĂ©s du bassin mĂ©diterranĂ©en oriental. La Gaule a longtemps Ă©tĂ© vue comme un « bout du monde antique Â» pour la JudĂ©e, que la diaspora n'a pas encore atteint[4]. La prĂ©sence juive est sans doute faible avant la destruction du second Temple et doit se limiter aux marchands, que l'on mentionne, eux, dans plusieurs villes de la Gaule narbonnaise, dont Marseille[5].

Léon Poliakov précise que l'on ignore totalement les conditions dans lesquelles sont apparus les premiers foyers juifs en Gaule. Il estime pourtant qu'il est probable que le judaïsme se soit implanté de la même manière que le christianisme, c'est-à-dire essentiellement par les conversions[5].

Si nous n'avons aucune preuve de la prĂ©sence juive Ă  Marseille avant le VIe siècle, plusieurs dĂ©couvertes archĂ©ologiques, dont une lampe Ă  huile dĂ©couverte Ă  Orgon, dans la rĂ©gion, tĂ©moignent de la prĂ©sence de Juifs dans la basse vallĂ©e du RhĂ´ne entre le Ier et le Ve siècle apr. J.-C.[6].

Haut Moyen Ă‚ge : un peuplement juif progressif

Grégoire de Tours est le premier témoin de la présence de Juifs à Marseille.

Il existe également peu de documents décrivant la vie des Juifs à Marseille pendant le Haut Moyen Âge. Le témoignage le plus complet est celui que nous livre l'historien Grégoire de Tours au VIe siècle.

Il raconte que le juif Priscus, serviteur du roi Chilpéric Ier, marie son fils à une juive de Marseille. En 576, des Juifs de Clermont se réfugient à Marseille pour échapper aux conversions. Peu de temps après en 582, lors de la conversion forcée ordonnée par Chilpéric, les Juifs de Marseille semblent être restés en paix. Mais en 591, il déplore le fait que les Juifs de Marseille soient amenés au baptême par la force plutôt que par la prédication. Le Pape Grégoire le Grand met d'ailleurs en garde l'évêque Théodore de Marseille contre l'usage de la violence pour les convertir[7].

On sait qu'Ă  la fin du Xe siècle se trouve un lieu nommĂ© Valle Judaica (« Valla Juissou Â») dans le hameau de Sainte-Marthe et qu'un Juif appelĂ© Salomon achète une quantitĂ© importante de miel Ă  l'Abbaye Saint-Victor, probablement pour en faire le commerce. Au XIe siècle, on mentionne un vignoble nommĂ© Rua JudaĂŻca[8].

Avant le deuxième millĂ©naire, les Juifs vivent en dehors de la ville, qui n'est Ă  l'Ă©poque composĂ©e que du Château Babon et du bourg, dans un espace situĂ© entre la Porte de Marseille et la Porte de la Fons (ou Porte du MarchĂ©). Ă€ partir de l'an mil, la croissance dĂ©mographique et rurale, ainsi que l'essor du commerce, provoquent la renaissance des villes et leur extension. Marseille voit ainsi ses enceintes s'Ă©largir en 1040, et les Juifs sont englobĂ©s dans la citĂ©[9].

Un centre intellectuel juif du Moyen Ă‚ge

Dès le dĂ©but du XIIe siècle, Marseille compte des savants rabbiniques influents et devient jusqu'au siècle suivant l'un des lieux phares du judaĂŻsme provençal durant la pĂ©riode des Rishonim. De nombreux Ă©rudits Juifs s'y installent, comme dans d'autres villes de Provence et du Languedoc, et jouent un rĂ´le important dans la transmission des savoirs antiques et les dĂ©bats philosophiques et religieux, notamment grâce Ă  leur maĂ®trise de la langue arabe, compĂ©tence alors peu rĂ©pandue en France.

Une ville de sages

Lors de ses voyages, Benjamin de Tudèle traverse Marseille vers 1165 et la décrit comme une ville de sages.
Le Guide des Égarés de Maimonides est l'une des œuvres philosophiques juives les plus importantes du judaïsme. Traduites par les Juifs de Provence qui connaissent l'arabe, il fera l'objet de longs et intenses débats entre Orthodoxes et amis de la philosophie.

Benjamin de Tudèle, qui visite le Midi de la France vers 1165, décrit Marseille comme la ville des geonim (les « éminences ») et des savants. Il admire en outre son école talmudique et témoigne de l'existence de deux communautés juives dans la ville : l'une au bas de la ville sur le bord de mer, l'autre en haut dans une forteresse. Benjamin estime leur nombre à environ 300 et rapporte que la ville compte deux synagogues. Ils sont bien présents dans le commerce et entretiennent des relations étroites avec l'Orient. Globalement, les Juifs semblent vivre en Provence dans la sérénité et l'amitié des Chrétiens[10].

Au même moment, le Juif marseillais Isaac Ben Abba Mari (v. 1122-v. 1193) écrit Ittur Soferim, un code de loi civile et religieuse qui connait à l'époque un grand succès, mais finalement éclipsé par l'Arbaa Tourim de Yaakov ben Asher de Tolède (1270-1340), livre où il est fréquemment cité[11].

Des membres des Tibbonides comme Juda (1120-1190) ou Samuel ibn Tibbon (1150-1230) s'établissent à la fin de leur vie à Marseille et y finissent leurs jours. Le premier, par ailleurs médecin, est le traducteur d'œuvres de philosophie juive pré-maïmonidienne ainsi que des deux grands-œuvres linguistiques de Yona ibn Jannah. Samuel, médecin lui aussi, est principalement connu pour sa traduction du Guide des égarés de Moïse Maïmonide[12]. En 1194, c'est d'ailleurs aux savants de Marseille que Maïmonide envoie ses lettres sur l'astrologie[13]

La centralité intellectuelle juive de Marseille perdure au XIIIe siècle. Samuel de Marseille (1294-?) y traduit des ouvrages scientifiques arabes en hébreu, dont les commentaires d'Averroès sur La République de Platon et l'Éthique à Nicomaque. L'original du commentaire sur La République ayant été perdu, c'est avec la traduction de Samuel que l'on a pu élaborer la version latine padouane[14].

L'influence des tibbonides reste présente au cours de ce siècle, avec Moshe ibn Tibbon, fils de Samuel ibn Tibbon et traducteur de Maïmonide, ou Jacob ibn Tibon (1236-1304), astronome et médecin ayant pris une part importante dans la controverse autour des écrits de Maïmonide[12]. Ils sont tous deux nés à Marseille. Solomon Nasi Ben Isaac Nasi Cayl, enfin, est un poète liturgique dont l'œuvre, piyyuḥ, a été retrouvée dans le mahzor d'Avignon[15]. En 1320, David Kokhabi, un juif natif d'Estella en visite à Marseille, loue la ville comme un grand centre d'études talmudiques, presque deux siècles après Benjamin de Tudèle[14].

Citons, pour les XIVe et XVe siècles, des penseurs juifs marseillais qui perpétuent cet héritage : les philosophes Nissim ben Moshe, Aaron de Camera et Miles de Marseille ; ainsi que les rabbins Joseph ben Johanan et Bonjudas Bondavin[13].

Les Juifs citoyens de Marseille

Les Chapitres de Paix, signés entre la ville et Charles Ier d'Anjou entre 1252 et 1257, confirment la citoyenneté des Juifs de Marseille.

En 1219, Ă  l'issue d'une convention entre la ville et l'ÉvĂŞque de Marseille, les Juifs sont faits « citoyens de Marseille » (cives Massiliæ)[13], position confirmĂ©e par les Chapitres de Paix Ă©tablis entre 1252 et 1257 Ă  la suite de la conquĂŞte de la ville par Charles Ier d'Anjou. Ils ne sont toutefois pas Ă©gaux aux ChrĂ©tiens. Quatre restrictions sont en effet prĂ©vues : l'interdiction de tĂ©moigner en justice contre un chrĂ©tien, celle d'embarquer Ă  plus de quatre juifs sur un navire (et de rejoindre Alexandrie), celle de travailler les dimanches et jours fĂ©riĂ©s chrĂ©tiens, et enfin l'obligation de porter un signe distinctif[16] : la rodeta (« rouelle ») dès l'âge de sept ans et l'orales (« voile ») pour les femmes[17].

Mais en confrontant ces interdictions thĂ©oriques avec la rĂ©alitĂ© des documents de l'Ă©poque, on observe une rĂ©elle souplesse Ă  l'Ă©gard des Juifs et ils sont loin d'ĂŞtre des citoyens de seconde zone. Les notables israĂ©lites, par l'intermĂ©diaire de leurs amici chrĂ©tiens, ont mĂŞme voix au Chapitre[18].

Les seigneurs angevins de Provence ont fait preuve d'une relative tolĂ©rance Ă  l'Ă©gard des Juifs. Charles d’Anjou, investi sur le trĂ´ne de Naples par le pape Urbain IV en 1263, comprend le rĂ´le que peut jouer Marseille dans son nouveau « royaume mĂ©diterranĂ©en. » Il accorde beaucoup de faveurs aux IsraĂ©lites de Marseille, qui possèdent d'importants rĂ©seaux de commerce local et mĂ©diterranĂ©en. Par le traitĂ© de , il impose que ceux-ci lui appartiennent et ne payent d’impĂ´ts qu’à lui, afin de les protĂ©ger des abus des fonctionnaires locaux. En 1270 et en 1276, lorsque Charles d'Anjou impose Ă  tous les juifs de Provence deux taxes de 6 000 et de 15 000 livres tournois, ceux de Marseille en sont exemptĂ©s[18].

XIVe et XVe siècles : l'âge d'or juif Ă  Marseille 

Au dĂ©but du Moyen Ă‚ge tardif, les Juifs sont 2 000 Ă  Marseille, puis 1 000 après la Peste noire (1347-1352) pour 10 Ă  12 000 habitants, soit environ 10 % de la ville[19]. La ville est alors l'une des trois plus importantes implantations juives du ComtĂ© de Provence avec Aix et Arles[20].

Contrairement Ă  d'autres communautĂ©s de la diaspora, comme les juifs du Califat abbasside immigrĂ©s en Ifriqiya au XIe siècle, les relations inter-communautaires Ă  Marseille ne se fondent pas majoritairement sur l'appartenance religieuse, mais sur des liens d'amicitia inter-ethniques au sein d'un mĂŞme rang social Ă©levĂ©. Les notables juifs ne sont peut-ĂŞtre pas Ă©gaux aux chrĂ©tiens, mais ils sont traitĂ©s avec Ă©quitĂ©. L'habituel solidaritĂ© et prĂ©fĂ©rence communautaire de la diaspora juive est en partie remplacĂ©e par des relations Ă©conomiques et politiques Ă©troites entre notables israĂ©lites et chrĂ©tiens[21]. Les Statuts sur les Juifs ne sont par ailleurs que partiellement appliquĂ©s et on observe une certaine tolĂ©rance envers la communautĂ© de la part du Comte et de la ville.

Les Juifs dans la cité

La juiverie de la ville basse s'étend près de l'Église Saint-Martin.

Au XIVe siècle, le centre nĂ©vralgique du judaĂŻsme marseillais se situe dans la juiverie de la ville basse, près de l'Ă©glise Saint-Martin. Ce n'est pas du tout un quartier fermĂ©. Ă€ partir de 1361, il semble mĂŞme se dilater et s'Ă©tendre vers l'Ouest, le long de la rue de l'Éperon. La « juiverie basse » compte deux synagogues mitoyennes, celle Â« du Verger » et celle « moyenne ». Fait remarquable, des ChrĂ©tiens prestigieux y vivent alors et l'habitat est onĂ©reux. Les Juifs les plus riches achètent mĂŞme plusieurs logements dans le quartier pour en contrĂ´ler l'accession Ă  la propriĂ©tĂ©[21].

Une seconde juiverie se trouve dans la ville haute et s'étend autour de la Scola Turrium (« Synagogue des Tours »), en face de la rue menant à la Porte d'Aix. Il est fort probable que les Juifs vivant dans cette seconde juiverie fassent partie des couches défavorisées de la communauté[21].

Les juiveries ne sont pas des ghettos et aucun règlement n’impose de résidence spécifique aux juifs de Marseille[22].

Malgré l'interdiction d'exercer une charge politique, les Juifs sont impliqués dans la vie de la cité et sont intégrés à la civitas. Une « Université des Juifs », officiellement reconnue par la ville et le Comte, est chargée de représenter la communauté. Elle a un rôle principalement fiscal : les syndics négocient le montant de la taxe annuelle des juifs et encadrent la collecte de l'impôt. Il supervise aussi l'entretien des synagogues et veille à la solidarité communautaire, surtout caritative. Cette Université est sans doute dirigée par un collège de Juifs de plusieurs dizaines de membres. Tous sont connus et issus des grandes dynasties médicales, marchandes et financières : Bondavin, Profach, Passapayre, Salves, Jossé, etc.[17]

Il semble que les Juifs de Marseille soient attachĂ©s Ă  leur religion de manière positive, et non en rĂ©action Ă  l'hostilitĂ© des autres habitants comme on l'observe dans d'autres lieux Ă  la mĂŞme Ă©poque. Contrairement Ă  l'Espagne oĂą les troubles des annĂ©es 1390 entraĂ®nent un mouvement massif de conversions, les 21 conversions de Juifs marseillais naissent d’un dĂ©sir d’élĂ©vation sociale nourri par un sentiment de prĂ©caritĂ©, mais aussi d’une foi sincère pour la majoritĂ© des nouveaux chrĂ©tiens[19].

Il n'y a par ailleurs aucune mention d'accusation ou l'allĂ©gation antisĂ©mite contre la communautĂ© entière qui ait donnĂ© suite Ă  des persĂ©cutions, pas mĂŞme après la dĂ©vastatrice peste noire de 1349-1351[23]. En 1306 nĂ©anmoins, le rabbi espagnol Solomon ibn Adret rapporte le cas de Juifs se livrant Ă  des jeux (« amusements ») pendant le Pourim dans une maison proche de celle de l'Ă©vĂŞque, ce que les ChrĂ©tiens prennent alors pour une moquerie envers leur religion. Celui-ci aurait, pour rĂ©parer l'injure, imposĂ© une lourde amende Ă  l'ensemble de la communautĂ© juive[24].

Une souplesse des Statuts de la ville

Carte de la France en 1477. La Provence, indépendante du Royaume de France, est gouvernée par la Maison d'Anjou.

Malgré les restrictions des Statuts de la ville, les Juifs peuvent exercer une expertise juridiquement valable et contribuer à dire le droit. Les Israélites sont même sollicités pour aider à régler des litiges qui ne demandent pas une expertise spécifiquement juive, mais pour estimer un bien immobilier ou la qualité d'un produit par exemple[21].

L'interdiction de tĂ©moigner contre un ChrĂ©tien est loin d'ĂŞtre appliquĂ©e et vingt procès opposant deux parties chrĂ©tiennes montrent l'intervention d'un tiers juif en tant que procurator (« reprĂ©sentant ») ou bien comme tĂ©moin. Dans deux cas seulement la partie adverse invoque les Statuts de la ville pour contester la lĂ©galitĂ© du tĂ©moignage. Les Juifs interviennent Ă©galement en tant qu'arbiter, l'arbitre qui propose une solution Ă  un conflit en amont de la procĂ©dure judiciaire. En 1327 par exemple, lors d'un compromis entre Astes de NĂ®mes et son beau-fils Samuel de NĂ®mes, le problème est rĂ©solu par l'arbitrage de Vital de NĂ®mes et du Juif Vivellas Astrug. Pour tout le XIVe siècle, 26 juifs ont exercĂ© au moins une fois le rĂ´le d'arbitre[16].

Leurs obligations religieuses sont par ailleurs prises en compte par la rĂ©glementation municipale. Si les habitants doivent balayer devant leur porte le samedi, les Juifs doivent, eux, balayer le vendredi et ils sont dispensĂ©s de circuler avec une lumière les nuits de chabbat et de fĂŞtes juives[25]. Les autoritĂ©s non juives se prĂ©occupent d'empĂŞcher le mĂ©lange des viandes, qui est contraire Ă  la Torah, et les Juifs ont l'autorisation de tenir leur boucherie ouverte pendant CarĂŞme[17]. En 1381, le Conseil de Marseille demande au vicarius (« viguier ») de supprimer l'obligation du port de la rouelle car elle porte atteinte Ă  « l'antique libertĂ© des juifs »[21].

La protection des Comtes de Provence

Les Seigneurs angevins assurent la protection des Juifs durant tout le Moyen Ă‚ge tardif et tant que la Provence est sous leur contrĂ´le, ils refusent d'Ă©couter les allĂ©gations contre les Juifs. Ces derniers paient d'ailleurs la tallia judeorum au prince, ce qui reprĂ©sente une source de revenu non nĂ©gligeable pour un seigneur constamment en guerre et essayant de construire un État[17]. Robert d'Anjou, petit-fils de Charles Ier, donne son appui Ă  l’usure juive puisqu'il ordonne, Ă  plusieurs reprises (en 1324 et en 1329 au moins) le remboursement per integre (« usure comprise ») des dettes contractĂ©es auprès des prĂŞteurs israĂ©lites de Marseille[18]. En 1331 et en 1332, Philippe de Sanguinet, SĂ©nĂ©chal de Provence, dĂ©crète que les communautĂ©s juives doivent ĂŞtre protĂ©gĂ©es contre toute vexation et leurs prioritĂ©s gardĂ©es par des officiers royaux. En 1422 encore, Yolande d'Aragon, Comtesse de Provence, interdit Ă  ses officiers royaux de prendre certaines propriĂ©tĂ©s privĂ©es aux Juifs sous peine d'un renvoi et d'une amende. Deux juifs, Solomon Botarelli et Baron de Castres, convainquent mĂŞme RenĂ© d'Anjou de fermer le baptistère de Saint-Martin oĂą une chrĂ©tienne a forcĂ© une jeune fille juive Ă  se faire baptiser[13].

Les relations d'alliance du prêt judéo-chrétien

La communauté juive est intégrée dans la vie socio-économique marseillaise et entretient des relations avec le groupe majoritaire, surtout au travers du prêt qui rapproche Chrétiens et Juifs. Ces derniers subissent d'ailleurs peu d'accusations d'usure. Pour tout le XIVe siècle, on ne recense que cinq procès où des prêteurs juifs sont taxés « d'usuriers notoires. » Au contraire, les usuriers intentent souvent des procédures contre les mauvais payeurs[20].

En théorie le prêt est devenu à Marseille « gratuit et amoureux » (c'est-à-dire sans intérêt) depuis 1318, à la suite des décisions du Concile de Vienne. Mais beaucoup de prêts ont un taux d'intérêt déguisé et le crédit marseillais fonctionne d'une manière particulière : les capitaux qui passent entre les mains des créanciers juifs sont alimentés par l'argent de la noblesse chrétienne, ce qui permet aux prêteurs israélites de nouer des relations fidèles avec des familles puissantes de la société majoritaire catholique. L'historienne Juliette Sibon parle d'un « réseau d’alliances entre coprêteurs juifs et chrétiens »[19].

L’activité du prêt à intérêt est sans doute peu lucrative pour les Juifs. Elle est plutôt destinée à faire fructifier les capitaux de la noblesse chrétienne et le prêt est alors utilisé par les notables israélites comme une méthode de contact leur permettant d'occuper un rôle important au sein de la ville[26]. Il n'y a ainsi aucune politique d'exclusion envers la communauté israélite, mais des relations fondées sur une éthique commune de rang commun[20].

Salomon de BĂ©darrides Ă©merge comme un des plus gros prĂŞteurs de la seconde moitiĂ© du XIVe siècle (256 prĂŞts d’une valeur moyenne de plus de 400 sous), aux cĂ´tĂ©s d'autres comme Cregut Profach et Vidon Maymon[19].

Marseille est au cœur des routes commerciales du Moyen Âge tardif.

Les réseaux du grand commerce

Les Juifs marseillais tiennent une place importante dans le commerce des épices dès le XIIIe siècle. On fait état, pour l’année 1248, de nombreuses commandes de clous de girofle, de safran, de cumin ou de noix de muscade effectuées par des Juifs comme Ansaret fils d’Abram ou Astruc Cordier[27].

Les relations avec les autres communautĂ©s israĂ©lites du bassin mĂ©diterranĂ©en sont considĂ©rables dans le grand commerce, surtout avec la Sardaigne et la Catalogne, et particulièrement Majorque. Depuis l'Occident, ils exportent le corail ouvrĂ©, le vin cacher, les draps, et les huiles et fruits secs provençaux. En Afrique du Nord, ils se fournissent en cire barbaresque et en cuir[21].

L'activité avec les comptoirs orientaux est toujours bien présente malgré l'interdiction de se rendre à Alexandrie. Ils vont y chercher du poivre, du gingembre et du sucre pour les vendre sur les marchés catalans, français et flamands. À la fin du XIVe siècle, la plupart des commandes des Juifs de Marseille sous à destination d'Alexandrie, par l'intermédiaire de mandatés chrétiens[21].

Dans la première moitié du XIVe siècle, Bondavin de Draguignan est l'homme d'affaires juif qui passe le plus de commande. Il accroit son patrimoine financier et immobilier de façon impressionnante, ce qui atteste à la fois de l'intégration de la communauté juive dans la société englobante et de la confiance que cette dernière lui accorde[19].

Les marchands juifs s'impliquent également dans le ravitaillement de la cité en cas de crise. En 1384, Léon Passapayre fait venir 156 setiers de froment d'Arles. La même année, il importe plusieurs tonnes de blé de Catalogne[17].

Dans les dernières dĂ©cennies du XVe siècle, le nĂ©goce juif marseillais s’affaiblit, y compris dans le domaine des Ă©pices oĂą ils Ă©taient nombreux auparavant, ce qui prĂ©lude sans doute Ă  l’amenuisement de la communautĂ© juive et Ă  son Ă©viction de Provence Ă  l’aube du XVIe siècle[27].

Les entrepreneurs juifs

Ces entrepreneurs juifs sont également présents dans l'exploitation agricole, mais aussi dans le remembrement des bastides et l'élevage. Bondavin confie par exemple douze de ses vaches à trois éleveurs chrétiens par contrat de mégerie et possède des mules, indice d'une participation au transport terrestre[18].

Quant à l'entreprise artisanale, la plus visible est celle du corail. La seule source de cette activité nous étant parvenue sont les « carnets de liaison » du juif Mordacays Joseph. Ils nous montrent que le marché du corail n'est pas monopolisé par les Juifs et y participent aussi les Chrétiens[28].

La première source attestant de la fabrication du savon de Marseille remonte en 1371 et Ă  l'entrepreneur Juif Crescas Davin. S'il n'y aucune preuve de commercialisation du produit, cette activitĂ© va continuer avec son fils au moins jusqu'en 1418[29].

Beaucoup de Juifs sont Ă©galement mĂ©decins. Ils exercent dans les hĂ´pitaux de la ville et sont sollicitĂ©s par la justice en tant qu’experts dans des affaires criminelles. MalgrĂ© la loi provençale de 1306 qui interdit aux chrĂ©tiens le recours aux mĂ©decins juifs, on fait souvent appel Ă  eux pour examiner des blessures et cadavres[17].

L'immigration juive

En 1306, Philippe IV le Bel fait expulser les Juifs du Royaume de France. La Provence apparait Ă  cĂ´tĂ© comme « une autre JudĂ©e » pour beaucoup d'IsraĂ©lites.

Après l’édit d’expulsion générale des juifs de France de Philippe le Bel en 1306, puis la destruction du Talmud à Avignon et l’équipée des Pastoureaux en 1320 qui se transforme en véritable croisade contre les juifs du Sud-Ouest[17], le Comté de Provence indépendant est perçu par les Tsarfatim (les « Juifs du Royaume de France ») comme « une autre Judée », selon l'expression d'Armand Lunel[21].

Pourtant, l'accueil des réfugiés semble avoir été limité à Marseille. Les sources latines ne donnent aucune trace d'immigration juive massive dans la ville au lendemain des persécutions de 1306[21]. Si les documents sur l'immigration sont certes peu nombreux, ces chiffres s'expliquent aussi par le protectionnisme des élites marseillaises, qu'elles soient chrétiennes ou juives. De plus, la distinction est réelle entre les judeus cives et habitador (les « Juifs marseillais ») et les judeus extra-meus (les « juifs étrangers »). Il en est fait par exemple mention dans une délibération municipale de 1323 pour faire face à la disette de blé et de vivres engendrée par un afflux massif d'une « foule de juifs étrangers. »[21]

Bien que rare, l'immigration des quelques groupes de Juifs confirme l'aire de rayonnement de Marseille pour la diaspora. En 1395-1396 par exemple, cinq néophytes barcelonais (des conversos) s'y implantent[21].

Expulsion des Juifs de Provence (1501-1791)

L'union de la Provence Ă  la France et les Ă©dits d'expulsion

En 1501, Louis XII ordonne l'expulsion définitive des Juifs de Provence.

En 1482, par le jeu des successions, la dynastie d'Anjou perd le Comté de Provence qui tombe entre les mains du roi de France Louis XI. La Provence est alors annexée au Royaume de France. Celui-ci évite de les taxer et renouvelle leur droit de séjour. Cette tolérance est reprise, au début de son règne, par Charles VIII[30].

Dans une époque de montée des persécutions antisémites en Europe, Marseille est marquée par plusieurs émeutes anti-juives en 1484, tout comme à Arles où les heurts ont fait 16 morts[30]. Comme souvent, les Juifs sont accusés d'être fauteurs de troubles et les édiles commencent à demander leur expulsion ; d'autant plus qu'en 1492, les Juifs sont expulsés d'Espagne. Charles VIII prononce l'édit d'expulsion en 1498 et décrète que les Juifs désirant partir devront être autorisés à le faire sans danger. Si certains partent et d’autres se convertissent, on ne tient pas vraiment compte de cette décision.

Les persécutions continuent pourtant et un nouvel édit de Louis XII le sonne l'expulsion définitive des Juifs de Marseille. Cette fois, ils sont chassés et on se saisit de tous leurs biens[31]. Alors, pendant deux siècles, l'histoire des Juifs à Marseille tombe dans le silence presque complet.

Les Juifs pendant l'interdiction

Avignon et le Comtat-Venaissin, sous la protection du Pape, sont les plus proches refuges pour les Juifs de Provence. Les Juifs du Pape deviennent la dernière communauté juive provençale, où ils résident dans des carrières à Avignon, à l'Isle-sur-la-Sorgue, à Carpentras ou à Cavaillon. S'ils sont tolérés, c'est néanmoins au prix de nombreuses interdictions comme celle ne pas coucher hors de leur quartier réservé[32].

Si l'on ignore le nombre de Juifs en Provence restant sous l'Ancien Régime, ce sont surtout des Juifs du Pape, avec quelques communautés marginales dans le reste de la région[33]. De nombreux Juifs choisissent de se convertir au christianisme plutôt que de quitter leur maison[30]. À Marseille, ils doivent se contenter des périodes de foire et des trois jours de présence qui leur sont autorisés. C'est suffisant pour que les Juifs d'Avignon, de L'Isle-sur-la-Sorgue ou de Cavaillon viennent passer chez les notaires de la ville des contrats de prêt ou de vente de mulets[34].

Mais après leur expulsion de Provence, les Juifs essaient plusieurs fois de s'installer à Marseille[35]. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, la concurrence acharnée que se livrent les ports européens pousse Colbert à adopter en 1669 un édit d’affranchissement pour inciter et sécuriser l’installation de négociants étrangers, ce qui entraîne les négociants juifs Joseph Villareal et Abraham Atias à immigrer dans la ville. Ils prospèrent une dizaine d'années et atteignent presque le statut de citoyens. D'autres familles suivent et une synagogue est bientôt ouverte. Les députés du commerce de la ville, qui craignent une concurrence étrangère accrue, entame une longue campagne pour protéger le négoce local du « péril juif ». En 1682, le Conseil du Roi finit par expulser les commerçants juifs de la ville[36].

En 1758 un arrêt expose que les Juifs « se sont enhardis dans les derniers temps à venir demeurer dans les villes [françaises] et principalement à Marseille, où ils ont des magasins de marchandises, des maisons où ils logent à différents quartiers, et où ils vendent leurs marchandises[37]. » Puis entre 1768 et 1770, le riche négociant Sabaton Constantini organise rue de Rome un premier lieu de culte clandestin pour les Israélites. Dans les années qui suivent, la croissance de la petite communauté continue. Ils sont au moins 200 en 1783 lorsque Solomon de Silva et Mordecai Ḥay Darmon acquièrent un terrain le long de l'actuelle Traverse du Cimetière des Juifs pour y établir un lieu de sépulture[38] Des divergences divisent la communauté en deux en 1790[35], mais en 1804, c'est une communauté à nouveau unie qui fait construire une synagogue et un nouveau cimetière.

XIXe siècle : le retour des Juifs à Marseille

L'Ă©mancipation des Juifs de France permet leur retour Ă  Marseille et leur progression sociale dans la ville. Ici, NapolĂ©on rĂ©tablit le culte israĂ©lite en 1806.
Beaucoup de Juifs sont déjà des Algériens. Ici, dans le quartier juif de Constantine (1851).

Ă€ partir de l'Ă©mancipation des Juifs en 1791, les Juifs du Pape quittent leurs carrières pour vernir se concentrer dans les Bouches-du-RhĂ´ne. Ă€ Marseille, la population israĂ©lite augmente rapidement pendant tout le XIXe siècle jusqu'Ă  atteindre 2 600 personnes en 1872. La position de Marseille comme foyer juif dans la rĂ©gion est rĂ©elle : 83 % des Juifs du dĂ©partement vit Ă  Marseille en 1872[33].

Un « microcosme du monde juif »

Dès 1808, Marseille est « un microcosme du monde juif » dans lequel apparait un cosmopolitisme évident. Un Juif sur cinq est étranger (12 % d'étrangers à Marseille)[39] ; et selon une enquête de 1808, on compte dans la ville des Juifs provençaux, des Juifs du Pape, du bassin méditerranéen, et même de Nancy ou d'Amsterdam[33].

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'immigration juive vient surtout du Midi de la France, de l'Alsace-Lorraine (un migrant sur cinq après la Guerre de 1870) et du bassin méditerranéen. Parmi ces derniers, les Italiens sont les plus nombreux (ce qui n'a rien d'étonnant au regard de l'explosion de l'immigration transalpine à Marseille au même moment) ; suivis des Algériens (qui sont de nationalité française à partir du Décret Crémieux en 1870) ; et des « Levantins » (turques, palestiniens et syriens). Les étrangers forme à la fin du siècle la majorité de la population juive marseillaise et contribuent largement à sa croissance[39].

Progression de la population juive à Marseille au XIXe siècle, alimentée par l'immigration[39] :

1808[33] - [39] 1837[33] 1851[33] 1861[33] 1870[33] - [39] 1900[40]
Population juive 440 975 986 2 113 2 600 2 500
% total 0,4 % 0,7 % 0,5 % 0,8 % 0,9 % 0,5 %
% Juifs français 4/5 1/3
% Juifs Ă©trangers 1/5 2/3

Les Juifs de Marseille sous le Second Empire

Les Juifs vivent majoritairement au sud du centre-ville, dans un secteur aisé comprenant les quartiers de Saint-Victor, Opéra, Palais de Justice, Préfecture et Vauban. Un autre quart d'entre eux habite les quartiers populaires au nord du Vieux-Port, dans la vieille ville et à Belsunce. Depuis leur admission à la citoyenneté française en 1791, les Israélites ont la possibilité d'exercer tous les métiers. En général, ils connaissent une certaine progression sociale et l'exercice de la judaïcité est relativement aisée à Marseille. La plupart occupe une profession économique supérieure, ou bien les métiers de commerçant, d'employé ou d'artisan. Le rôle de production dans la famille est l'exclusivité du sexe masculin, les femmes juives étant quasiment absentes du monde du travail. Les mariages mixtes, s'ils sont proscrits par la loi juive, sont en légère augmentation sous le Second Empire. À Marseille, en 1872, ils représentent 15 % des unions juives[39].

Les Séfarades des rives méditerranéennes sont, eux, souvent des négociants et des « intermédiaires privilégiés avec l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient » grâce à leurs « réseaux internationaux du négoce ». Les Juifs connaissent souvent une promotion sociale rapide : ils travaillent d'abord chez les autres avant de créer leur propre affaire[39].

La Grande synagogue de Marseille est inaugurée en 1864. Le modèle est sans doute celui de la synagogue de la rue de Nazareth à Paris, construite en 1852 dans un style roman-byzantin. Elle s'inspire également d'influences orientales et occidentales, rappelant les origines des fidèles, mais aussi l'architecture de la Cathédrale de la Major et de Notre-Dame de la Garde, construites au même moment[41].

À la suite de cette immigration massive qui s'accélère à la fin du siècle, et après la défaite de 1870 qui conduit à l'annexion des « provinces perdues » d'Alsace et de Lorraine par l'Empire allemand et à l'arrivée de nombreux Juifs alsaciens, la Marseille passe au deuxième rang des communautés israélites françaises, derrière celle de Paris[39].

XXe siècle : « La nouvelle Jérusalem de la Méditerranée »

Les réfugiés de guerre et la rafle du Vieux-Port (1914-1945)

Aux rĂ©fugiĂ©s juifs alsaciens et lorrains qui fuient les guerres franco-allemandes s'ajoutent bientĂ´t de nombreux Juifs ashkĂ©nazes d'Europe de l'Est rĂ©chappant aux persĂ©cutions et pogroms de l'entre-deux-guerres, certes dans une moindre mesure qu'Ă  Paris, qui reste le centre de l'immigration juive en France jusqu'Ă  la Seconde Guerre mondiale[42] - [43]. La population israĂ©lite est estimĂ©e Ă  environ 30 000 Ă˘me en 1941[N 1], dont peut-ĂŞtre 45 % de Juifs provençaux Ă  qui s'ajoute une communautĂ© toujours importante de Juifs sĂ©farades du Maghreb (surtout algĂ©riens) et d'Orient, ainsi qu'une minoritĂ© de Juifs Ă©trangers ashkĂ©nazes[42].

À la veille du second conflit mondial, la plupart des Juifs des Bouches-du-Rhône occupent des professions libérales et commerciales (seuls 15 % d'entre eux évoluent dans d'autres professions et 9 % n'ont pas d'emploi.) Contrairement aux Juifs Parisiens qui sont 65 % à travailler dans l'industrie du textile, ils ne sont que 3 % à Marseille. La situation socio-économique des Juifs algériens est plus difficile, ils sont une infime minorité à atteindre les professions les plus élevées[42].

L’éducation juive à Marseille se limite, avant la Seconde Guerre mondiale, à l’éducation religieuse donnée par les familles et par les Talmud Torah . L’enseignement religieux qui prépare les garçons à la bar mitzvah se fait alors dans l’enceinte de la Grande synagogue de la rue Breteuil, sous la surveillance du Grand Rabbin Israël Salzer. Celui-ci anime régulièrement un cercle d’études juives chez lui[44].

Dans les annĂ©es 1930, l'arrivĂ©e de ces milliers de Juifs ashkĂ©nazes fuyant les persĂ©cutions et les pogroms de l'Europe de l'Est, combinĂ©e aux difficultĂ©s de la Grande DĂ©pression, a engendrĂ© une hausse de l'antisĂ©mitisme en France, et Ă  Marseille en particulier. MĂŞme les Juifs français, qui incarnent la petite bourgeoisie marseillaise, voient d'un mauvais Ĺ“il l'arrivĂ©e de ces rĂ©fugiĂ©s, souvent acculturĂ©s et ne parlant pas le français[42]. Ă€ l'invasion allemande en 1940, ce sont les Juifs d'Alsace-Lorraine, puis de la rĂ©gion parisienne et d'ailleurs en France occupĂ©e qui rejoignent, entre autres, Marseille, plus grande ville de la Zone libre. La population est estimĂ©e Ă  environ 30 000 israĂ©lites en 1941[42] et le quotidien Le Matin la surnomme alors « la nouvelle JĂ©rusalem de la MĂ©diterranĂ©e. »[44].

Progression de la population juive à Marseille au début du XXe siècle :

1900[40] 1930[40] 1941[42]
Population juive 2 500 2 000 (est. basse)

12 Ă  13 000 (est. haute)

~30 000

dont 8 000 Juifs Ă©trangers

% total 0,5 % 0,5 Ă  1,6 % 3 %

C'est de Marseille que le journaliste américain Varian Fry permet à de nombreux intellectuels français ou réfugiés en France, dont de nombreux Juifs, de s'échapper vers les États-Unis. Parmi les mille personnes qui sont parvenues à quitter la France de Vichy grâce à son action, on peut citer les écrivains Franz Werfel et Lion Feuchtwanger, le peintre Marc Chagall, le sculpteur Jacques Lipchitz, la philosophe Hannah Arendt, le prix Nobel de médecine Otto Meyerhof et l'anthropologue Claude Lévi-Strauss[45].

DĂ©portation des Juifs depuis la gare d'Arenc (1943)

Le , les Marseillais voit arriver dans la ville des forces de police venues de Toulouse, Lyon, Nancy, et même de Paris. Dans la nuit débute la Rafle de Marseille (ou « Rafle du Vieux-Port ») : la police traque les Juifs jour et nuit jusqu'au . Les appartements sont méticuleusement fouillés et des serruriers appelés pour ouvrir la porte des Israélites qui prétendent avoir quitté les lieux. Les rues Sénac, de l'Académie, Saint-Saëns et Pisançon, ainsi que la « vieille ville », qui abritent alors une grande population juive, sont particulièrement visés. Finalement, 1 600 immeubles du Vieux-Port sont dynamités et 2 000 Juifs envoyés vers les camps de la mort. La collaboration de la police française avec l'occupant nazi a été particulièrement remarquée lors de cet événement[46].

Les rapatriés d'Algérie (1945-aujourd'hui)

Ă€ la suite des accords d'Évian en , la presque totalitĂ© des 150 000 Juifs d'AlgĂ©rie[47] prend le large vers la mĂ©tropole. Partis comme la majoritĂ© des Français d'AlgĂ©rie en catastrophe, ils bĂ©nĂ©ficient comme les autres rapatriĂ©s de la « solidaritĂ© nationale ». Ils se mĂŞlent dans un premier temps Ă  la masse des Pieds-Noirs avec lesquels ils se confondent. Marseille devient la principale porte d'entrĂ©e de ces migrants : plus de 80 % des nouveaux arrivants provenant de Tunisie, puis d’AlgĂ©rie en 1962, sont passĂ©s par la ville. S'ils transitent parfois par Marseille avant de partir pour IsraĂ«l, une grande partie s'y Ă©tablit dĂ©finitivement[48]. Marseille voit alors sa population juive passer de 12 000 Ă  50 000 personnes après l'exode[43].

Dans une population juive française en cours d’ascension sociale, surtout composée de professions libérales, d’artisans et de commerçants, les caractéristiques des israélites du Maghreb ne manquent pas de susciter l’étonnement. Ils représentent globalement un nouveau « prolétariat juif », plus pauvres qu'eux – ceci est surtout valable pour les Marocains et une partie des Tunisiens –, et moins qualifiés. Face à un mode de vie et des rituels inconnus, ainsi qu'une culture méditerranéenne éloignée de la traditionnelle discrétion ashkénaze, les Juifs de France sont surpris, voire parfois même agacés. À Marseille, où Wladimir Rabi mène une enquête en 1962, les tensions sont vives dès cette année entre les « autochtones » et les « immigrés. »[43]

En 1986, le journaliste Alain Chouffan écrit que la ville compte 22 synagogues, chaque rite ayant la sienne : « comtadin, marocain, turc, égyptien, sud-marocain, loubavitch-marocain, séfardo-marocain, sud-oranais (pour les juifs de Colomb-Béchar) et même djerbien (pour ceux de Djerba) ». À ce moment, les liens avec la tradition religieuse semblent se distendre : seuls 20 % d'entre eux participent assidûment à la vie communautaire et les mariages mixtes se multiplient, un sur deux selon le journaliste du Nouvel Obs[49].

La communautĂ© israĂ©lite de Marseille s'Ă©lèverait aujourd'hui Ă  70 000[50] ou 80 000 personnes en 2015, soit la troisième communautĂ© juive d'Europe, après celles de Paris et de Londres[51] - [52].

Les Juifs à Marseille aujourd'hui, troisième communauté d'Europe

Organisation du culte 

L'actuel Grand Rabbin de Marseille est Reouven Ohana[53]. La principale synagogue consistoriale est la grande synagogue de Marseille. La ville abrite 58 synagogues[54], pas toutes affiliĂ©es au Consistoire.

Les autres composantes de la communauté juive sont aussi représentées à Marseille tels que les Loubavitch[55], les massorti[56] et les libéraux[57].

Lieux de vie

« Traverse du cimetière des Juifs », l'une des ruelles étroites de Marseille.

Dans le centre-ville, le quartier situé entre la rue de Rome, la rue Breteuil, la rue Saint-Suffren et la rue Dragon est le centre décisionnel de la communauté à Marseille, ainsi qu'un important lieu de vie. Il abrite la Grande synagogue de Marseille, une école juive, le Consulat d'Israël à Marseille, l'agence juive pour Israël, les bureaux du CRIF marseillais, ainsi que des boutiques religieuses et alimentaires.

Les quartiers de Saint-Tronc, La Rose et Malpassé abritent également une importante communauté juive[58].

Éducation

Le Consistoire de Marseille dénombre 23 établissements scolaires juifs à Marseille[59].

Associations et médias

La communauté juive marseillaise possède sa propre radio : « Radio JM », créée en 1982.

Relations inter-communautaires

Relations avec les Musulmans

Le quartier de Belsunce où à partir des années 1970 se côtoient de nombreux Juifs et Arabes.

La présence musulmane est ancienne à Marseille, mais très faible avant les années 1950 et l'arrivée des immigrés maghrébins. Au recensement de 1975, 60 % des étrangers sont d'origine maghrébine[60] alors que les Algériens représentent à peine 1 % de la population totale en 1936.

Si la présence juive à Marseille est beaucoup plus ancienne, et s'ils sont déjà plusieurs dizaines de milliers en 1941[42], la plupart des Juifs marseillais sont aujourd'hui des Juifs séfarades descendants de réfugiés algériens[52]. Ainsi, la plupart des Juifs comme des Arabes est arrivée en même temps dans la ville entre les années 1950 et 1970 après avoir quitté le même pays, voire les mêmes villes en Algérie.

L'historienne américaine Maud S. Mandel décrit les rapports entre Juifs et Arabes à Marseille comme « harmonieux, voire conviviaux ». Selon elle, ces échanges plus paisibles que dans d'autres villes françaises s'expliquent par le rôle du port et du centre-ville. Ces quartiers ont vu se succéder différentes vagues de migrations et les différents groupes ethniques successifs ont pu s'y rencontrer[51].

Par exemple, le quartier de Belsunce compte 35 % d'Arabes en 1975 alors que de nombreux Juifs y tiennent des commerces. Si cette situation n'est pas propre à Marseille et une situation semblable se produit à Paris dans le quartier de Belleville, la crise du logement dans la ville fait que beaucoup d'immigrants restent plus longtemps que prévu dans leur logement d'arrivée[51]. Dans les quartiers de La Rose et Malpassé, les Juifs vivent depuis de nombreuses années à proximité de quartiers à dominante musulmane. Ces quartiers comportent plusieurs écoles juives, dont une au milieu de la cité Frais-Vallon[61], majoritairement composée de populations d'origine maghrébine et comorienne.

Mandel estime que la relative stabilité politique des années Defferre (maire de Marseille de 1953 à 1986) et son contrôle étroit sur l'establishment politique expliquent aussi ce phénomène. Pour elle enfin, malgré le retour des tensions judéo-musulmanes en France depuis le début des années 2000, à Marseille les relations entre les deux communautés restent globalement calmes[51].

Antisémitisme

Entre 2009 et 2011, seules 59 attaques antisémites auraient été recensées à Marseille (contre 349 pour Paris intra-muros). Dans le quartier de Saint-Tronc, qui abrite une importante communauté juive, les plus traditionalistes en habit circulent d'ailleurs sans difficulté[62]. Michèle Teboul, représentante régionale du groupe de coordination du CRIF parle de « miracle de Marseille » et l'attribue en partie à la création d'un groupe de dialogue inter-religieux par la mairie en 1991. Certains évoque la présence dissuasive de groupes d'auto-défense ou d'une mafia juive. Cette théorie, même si elle est à retenir, semble loin d'être l'explication principale puisque les Arabes sont également présents dans le crime organisé[63].

Cependant, et même si la situation reste plus favorable au quotidien que dans les autres villes françaises, elle parait pour certains s'être dégradée depuis les années 1990, à la suite d'une nouvelle montée de l'antisémitisme dans l'ensemble de la France à partir des années 2000[63].

Dans les années 2010, à côté d'autres agressions antisémites dans le pays (tueries de Toulouse contre une école juive en 2012, prise d'otage de l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes en 2015), la ville est touchée par une montée des tensions et plusieurs attaques (non mortelles) à l'arme blanche contre les Juifs : un rabbin en [64] et un enseignant en à Saint-Tronc, par un jeune de quinze ans se réclamant de l'État islamique[65].

Culture

Langue

Au XIVe siècle, les Juifs marseillais portent souvent des noms bibliques qu'ils ont occitanisés. David devient par exemple Davin, Moïse devient Mossé ou Mosson, Esther devient Stes ou Sterta[66].

Les Juifs de Provence sont à l'origine d'une langue d'oc mêlant hébreu et provençal, le shuadit. Le premier texte connu écrit dans cette langue provient du rabin Isaac ben Abba Mari de Marseille dans son œuvre Ittur, écrite entre 1170 et 1193[67]. Parlée parmi les Juifs du Pape et de Provence, et à l'origine d'une littérature importante pour son faible nombre de locuteurs, elle commence à décliner du fait de l’Inquisition, mais aussi de l’émancipation des Juifs qui éparpille dans tout le territoire français les communautés juives réfugiées jusque-là dans le Comtat-Venaissin. La langue est désormais éteinte depuis la mort de son dernier locuteur, l'écrivain Armand Lunel, en 1977.

Le judéo-arabe, la langue des Juifs d'Afrique du nord, est encore parlé par une poignée de personnes à Marseille[68].

Cuisine

Les Marseillais sont surtout influencés par la cuisine juive séfarade et arabe maghrébine, ainsi que par la cuisine proche-orientale. La kémia, la dafina, le pkaïla et le msoki font partie de la tradition culinaire nord-africaine ; tandis que les falafels, le houmous et le mezzé incarnent la cuisine orientale.

Institutions culturelles

Le Centre Edmond Fleg est le centre culturel juif de Marseille. Situé impasse Dragon, il a été créé en 1964 au moment où la communauté doit se structurer pour accueillir les Juifs rapatriés d’Afrique du Nord[69]. La bibliothèque juive de Marseille, créée en 1994 près du rond-point du Prado, contient plus de 6 500 ouvrages[70].

Données statistiques

Évolution historique

Les pourcentages sont rapportĂ©s au nombre total d'habitants Ă  Marseille Ă  ce moment :

VIe siècle[7] 1165[10] XIVe siècle[19] 1501-1791 XIXe siècle dĂ©but du XXe siècle seconde moitiĂ© du XXe siècle aujourd'hui (2015)
Population juive Première prĂ©sence attestĂ©e Peut-ĂŞtre 300 2 000 avant la Peste noire puis 1 000  Interdiction des Juifs en Provence 2 500 vers 1860 30 000

en 1941

(incluant de nombreux réfugiés temporaires)

65 000 dans les annĂ©es 1970 70 000 Ă  80 000

% total / ? 10 % 0 % 1 % 3 % 7 % 9 %

Comparaison avec d'autres communautés dans le monde en 2015

Rang RĂ©gion Ville Population juive[71] Pourcentage des habitants de la ville[71] Pourcentage des Juifs du monde[71] Pourcentage des Juifs d'Europe[72]
1 Proche-Orient Tel-Aviv 3 120 000 85 % 22 % /
2 Amérique du Nord New York 2 100 000 25 % 15 % /
3 Proche-Orient JĂ©rusalem 861,400 ? 6,2 % /
12 Europe Paris et sa banlieue 283 000 Ă  350 000[50] moins de 3 % 2 % 20 Ă  25 %
14 Europe Londres 171 960[73] 2 % 1,2 % 12,3 %
~25 Europe Marseille 70 000[50] Ă  80 000[52] 8 Ă  9 % 0,5 Ă  0,6 % 5 Ă  5,7 %

Juifs marseillais cĂ©lèbres 

Articles connexes

Bibliographie

Moyen Ă‚ge

  • Adolphe CrĂ©mieux, Un Ă©tablissement juif Ă  Marseille au XVIIe siècle, Revue des Ă©tudes juives, LV, 1908
  • Benjamin de Tudèle (trad. J.P. Baratier), Voyage de Rabbi Benjamin, fils de Jona de Tudèle, en Europe, en Asie et en Afrique depuis l'Espagne jusqu'Ă  la Chine, Compagnie des Libraires, (lire en ligne)
  • Juliette Sibon, Les juifs de Marseille au XIVe siècle, Paris, CERF, , 585 p. (ISBN 978-2-204-09506-8, lire en ligne)
  • Juliette Sibon, « Insertion et rayonnement des Ă©lites juives de Marseille au XIVe siècle » dans Elisabeth Malamut et Mohamed Ouerfelli (Ă©d.), Villes MĂ©diterranĂ©ennes au Moyen Ă‚ge, Les Temps de l'Histoire, Presses Universitaires de Provence, (lire en ligne), p. 231-241
  • Juliette Sibon, « « L’implication politique des juifs dans la citĂ© Ă  Marseille au XIVe siècle : entre normes et pratiques » », Cahiers de Recherches mĂ©diĂ©vales et Humanistes, no 24,‎ , p. 213-226 (lire en ligne)
  • Armand Lunel, Juifs du Languedoc, de la Provence, et des États français du pape, Albin Michel, (ISBN 2226002359)
  • lancu-Agou, «Les relations entre les Juifs de Marseille et les communautĂ©s juives d'Afrique du Nord Ă  la fin du XVe siècle» 

XXe siècle

  • Dray-Bensousan, RenĂ©e. Les juifs Ă  Marseille (1940-1944). Les Belles Lettres, “Histoire”, 2004
  • (en) Donna F. Ryan, The Holocaust & the Jews of Marseille : The Enforcement of Anti-Semitic Policies in Vichy France, University of Illinois Press, , 307 p. (ISBN 978-0-252-06530-9, lire en ligne)
  • (en) Maud S. Mandel, Muslims and Jews in France : History of a Conflict, Princeton University Press, , 272 p. (ISBN 978-1-4008-4858-4, lire en ligne)

Articles

  • (en) Gotthard Deutsch, S. Kahn, « MARSEILLES », Jewish Encyclopedia,‎ ? (lire en ligne)
  • Juliette Sibon, « Le crĂ©dit et l'entreprise des juifs Ă  Marseille après la Peste noire (1348) », Entreprises et histoire, vol. n° 52,‎ , p. 27-35 (ISSN 1161-2770, lire en ligne, consultĂ© le )

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Ce chiffre est estimation dĂ©duite du fait que l'on recense 8 000 Juifs Ă©trangers Ă  Marseille et qu'un quart des Juifs des Bouches-du-RhĂ´ne environ n'ont pas de papiers français.

Références

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  2. Raymond Brotons, L'histoire de Lunel, de ses juifs et de sa grande école : du 1er au XIVème siècles, R. Brotons, (lire en ligne)
  3. Gérard Israël, Provences : pouvoir, religion, hérésies : juifs, chrétiens et hérétiques, Tricorne, , 337 p. (ISBN 978-2-8293-0230-5, lire en ligne)
  4. Maire-Françoise Baslez, « Les Juifs en France », Historia, no Spécial n°87,‎ , p. 16 (lire en ligne)
  5. Léon Poliakov, Du christ aux Juifs de cour : Histoire de l'antisémitisme -tome 1-, Calmann-Lévy, , 352 p. (ISBN 978-2-7021-4822-8, lire en ligne)
  6. Bernhard Blumenkranz, « Les premières implantations de Juifs en France ; du Ier au Ve siècle », sur Persée,
  7. Grégoire de Tours (trad. Alfred Jacobs), Histoire des Francs, Librairie Académique Didier, (lire en ligne)
  8. Bernhard Blumenkranz, Juifs et chrétiens dans le monde occidental, 430-1096, Paris/Louvain/Dudley, Peeters Publishers, , 440 p. (ISBN 978-90-429-1879-5, lire en ligne)
  9. Paul R. Masson, Les Bouches-du-Rhône : encyclopédie départementale, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, (lire en ligne)
  10. Benjamin de Tudèle (trad. J.P. Baratier), Voyage de Rabbi Benjamin, fils de Jona de Tudèle, en Europe, en Asie et en Afrique depuis l'Espagne jusqu'à la Chine, Compagnie des Libraires, (lire en ligne)
  11. (en) Shlomo Pereira, Biographical Notes (lire en ligne)
  12. Max Schloessinger, Isaac Broydé et Richard Gottheil, « IBN TIBBON », Jewish Encyclopedia,‎ ? (lire en ligne)
  13. Gotthard Deutsch, S. Kahn, « MARSEILLES », Jewish Encyclopedia,‎ ? (lire en ligne)
  14. Rania Abdellatif, Yassir Benhima, Daniel König et Elisabeth Ruchaud, Acteurs des transferts culturels en Méditerranée médiévale, Walter de Gruyter, , 232 p. (ISBN 978-3-486-98934-2, lire en ligne)
  15. « SOLOMON NASI BEN ISAAC NASI CAYL - JewishEncyclopedia.com », sur www.jewishencyclopedia.com (consulté le )
  16. Claude Denjean et Laurent Feller, Expertise et valeur des choses au Moyen Âge. I : Le besoin d'expertise, Madrid, Casa de Velázquez, , 279 p. (ISBN 978-84-96820-97-5, lire en ligne)
  17. Juliette Sibon, « L’implication politique des juifs dans la cité à Marseille au XIVe siècle : entre normes et pratiques », Cahiers de Recherches médiévales et Humanistes, no 24,‎ , p. 213-226 (lire en ligne)
  18. Juliette Sibon, « Bondavin revisité. Le prêteur juif de Marseille Bondavin de Draguignan (v. 1285-1361), suite et fin », FRAMESPA, Université de Toulouse–Le Mirail,‎ ? (lire en ligne)
  19. Juliette Sibon, Les juifs de Marseille au XIVe siècle, Paris, CERF, , 585 p. (ISBN 978-2-204-09506-8, lire en ligne)
  20. Stéphanie Laithier et Vincent Vilmain, L'histoire des minorités est-elle une histoire marginale?, Paris, Presses Paris Sorbonne, , 326 p. (ISBN 978-2-84050-555-6, lire en ligne)
  21. Juliette Sibon, « Insertion et rayonnement des élites juives de Marseille au XIVe siècle » dans Elisabeth Malamut et Mohamed Ouerfelli (éd.), Villes Méditerranéennes au Moyen Âge, Les Temps de l'Histoire, Presses Universitaires de Provence, (lire en ligne), p. 231-241
  22. Claude Denjean et Juliette Sibon, « Citoyenneté et fait minoritaire dans la ville médiévale », Histoire urbaine, vol. n° 32,‎ , p. 73-100 (ISSN 1628-0482, lire en ligne, consulté le )
  23. Gotthard Deutsch, S. Kahn, « MARSEILLES », Jewish Encyclopedia,‎ ? (lire en ligne)
  24. Solomon ibn Adret, Responsa, III. 389
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