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Le Panier

Le Panier désigne un quartier de Marseille situé dans le 2e arrondissement, partagé entre trois quartiers administratifs : Hôtel-de-Ville, Les Grands-Carmes et La Joliette.

Le Panier
Le Panier
Une rue du quartier du Panier.
Administration
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur
DĂ©partement Bouches-du-RhĂ´ne
Ville Marseille
Canton Les Grands-Carmes
Arrondissement municipal 2e arrondissement
Fonctions urbaines RĂ©sidentielle, politique
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 43° 18′ 00″ nord, 5° 22′ 08″ est
Transport
Tramway  Tramway de Marseille Ligne 2 du tramway de Marseille Ligne 3 du tramway de Marseille
Bus  Autobus de Marseille Ligne 49 Ligne 55 Ligne 60 Ligne 83
Localisation
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Le Panier
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Le Panier

    La rive nord du Vieux Port est la partie la plus ancienne du site d'implantation historique de la colonie grecque de Massalia en 600 ans av. J.-C.. Les ruelles étroites qu'on y trouve rappellent toujours qu'il s'agit de la partie la plus ancienne de la ville malgré la destruction d'une grande partie de ces quartiers au XIXe siècle lors du percement de la Rue de la République puis au XXe siècle, lors du dynamitage par les autorités allemandes en février 1943 [1] du quartier Saint-Jean, cœur historique de Marseille. Aujourd'hui, le Panier en est la seule partie conservée. Ces quartiers devinrent à partir de la seconde moitié du XIXe siècle la porte d'entrée des populations immigrées à Marseille, notamment italiennes, corses puis maghrébines. Ces dernières années, sous l'effet des réhabilitations et de l'implantation de lieux culturels, le Panier devient un quartier touristique notamment avec le projet Euroméditerranée.

    GĂ©ographie

    Toponymie

    Le nom du Panier viendrait d'une auberge ayant comme enseigne un panier. Elle donne son nom Ă  la rue oĂą elle est Ă©tablie, la rue du Panier, puis au quartier.

    Situation et limites du quartier

    plan de Marseille en 1591.

    Le Panier se situe dans la partie la plus ancienne de Marseille, au nord du Vieux-Port, derrière l'Hôtel de Ville. Dans cet espace, se trouvent trois collines : la butte Saint-Laurent, la butte des Moulins et la butte des Carmes. La ville de Marseille s'est développée à l'intérieur de ce territoire, clos par des remparts, du VIe siècle av. J.-C. jusqu'au XVIIe siècle, quand Louis XIV ordonne une première extension de la ville. Toutefois, jusqu'à la destruction de celui-ci par les Allemands et le Régime de Vichy, le quartier réputé le plus ancien et populaire de Marseille était le quartier de Saint-Jean, le Panier ne constituant que la partie haute des vieux quartiers marseillais situés sur la rive nord du Lacydon.

    Histoire

    XVIIIe siècle

    Giacomo Casanova (1725-1798), lors de son passage Ă  Marseille, sĂ©journa Ă  l'auberge des Treize Cantons ouverte par un restaurateur suisse qui donna ce nom en souvenir de son pays, au no 4 de la place Ă©ponyme. Ce sĂ©ducteur conte les moments exquis qu'il passa en ces lieux dans son Histoire de ma vie : « […] Il n'y a pas de ville en France oĂą le libertinage des filles soit poussĂ© si loin qu'Ă  Marseille. Non seulement elles se piquent de ne rien refuser, mais elles sont les premières Ă  offrir Ă  l'homme ce que l'homme n'ose pas toujours demander. »

    La place prit le nom de l'auberge, mais par confusion avec la traduction du provençal Cantoun qui signifiant « coin Â», elle devint la place des Treize-Coins. Ce n'est qu'en 1927 qu'elle retrouva son nom d'origine[2]

    Seconde Guerre mondiale

    Destruction d'immeubles en février 1943.

    Considéré comme pauvre et insalubre, l'aménagement des vieux quartiers s'étendant sur la rive nord du Vieux-Port est critiqué dès le XVIIIe. Plusieurs projets de rénovation ont été ébauchés au fil des siècles. Durant la Seconde Guerre mondiale, un plan d’urbanisme est préparé par des architectes acquis à la cause de la « Révolution nationale » mise en œuvre par le régime de Vichy. Les premiers travaux débutent à l'automne 1942 :

    « Suburre obscène, un des cloaques les plus impurs, où s'amasse l'écume de la Méditerranée […] C'est l'empire du péché et de la mort. Ces quartiers patriciens abandonnés à la canaille, la misère et la honte, quel moyen de les vider de leur pus et les régénérer »

    — Louis Gillet, revue municipale du 21 octobre 1942[3]

    La partie situĂ©e entre la rue Caisserie et le Vieux-Port, Saint-Jean, est finalement dĂ©truite par dĂ©cision des Allemands : ses ruelles sombres et pleine de recoins constituant un refuge pour les RĂ©sistants. Entre le 22 et le 24 janvier 1943, 30 000 habitants sont expulsĂ©s, plusieurs milliers de personnes sont arrĂŞtĂ©es et envoyĂ©es dans les camps de concentration. Puis, maison par maison, les 1 500 immeubles sont dynamitĂ©s, laissant un champ de ruines Ă  l'exception de l'hĂ´tel Echevin de Cabre, construit en 1535, la plus vieille demeure de la ville. Lors de la reconstruction du nouveau quartier de l'HĂ´tel de Ville, l'immeuble a Ă©tĂ© tournĂ© sur vĂ©rins pour le placer dans l'alignement des nouvelles rues.

    Après la guerre

    Longtemps Le Panier a été un quartier considéré comme un lieu de trafic. Les habitants vivaient avec la présence du banditisme. Le trafic de cigarettes y était important, révélé notamment par l'affaire du Combinatie en 1952.

    Aujourd'hui

    Le quartier du Panier fait partie de l'opération d'aménagement urbain Euroméditerranée. Alors qu'il est inclus au sein d'un quartier prioritaire, des réhabilitations touchent les secteurs comprenant la rue de la République, l'Hôtel-Dieu, les Docks (La Joliette), l'esplanade de la Cathédrale de la Major, l'esplanade du J4, le fort Saint-Jean.

    Le Panier devient peu à peu un quartier touristique : des ateliers d'artistes (notamment céramistes, peintres et galeristes) ont été créés dans le quartier et un train touristique circule toute l'année au milieu des habitations insalubres[4]. Le succès de la fiction télévisée Plus belle la vie dont l'action se déroule à Marseille dans des décors largement inspirés du Panier, a poussé la production à ouvrir une boutique dans le quartier.

    Culture et patrimoine

    Le Panier dénombre de nombreux monuments et points d'intérêt patrimoniaux et historiques :

    • la place de Lenche, Ă  l'emplacement de l'ancienne agora grecque et l'ancien forum romain ;
    • l'Église Saint-Laurent, datant du XIIe siècle. Du parvis de l'Ă©glise, le panorama s'Ă©tend sur l'entrĂ©e du port de Marseille, les Fort Saint-Jean et Saint-Nicolas, l'abbaye Saint-Victor et Notre Dame de la Garde ;
    • l'Église Notre-Dame-des-Accoules dont il reste le clocher, l'Ă©glise originelle du XIVe siècle est dĂ©truite pendant la rĂ©volution, celle qui existe aujourd'hui date du XIXe siècle ;
    • le prĂ©au des Accoules du XVIIe, tour Ă  tour, collège de jĂ©suites puis Observatoire royal, il abrite dĂ©sormais un musĂ©e pour les enfants et prĂ©sente des activitĂ©s culturelles en relation avec les grandes expositions prĂ©sentĂ©es dans les musĂ©es de Marseille[5].
    • la rue Lacydon anciennement rue Bouterie (cf. extrait sonore ci-contre), oĂą Ă©taient installĂ©es les familles de migrants italiens (navigateurs, pĂŞcheurs et plongeurs). Cette rue Ă©tait aussi un lieu de sociabilitĂ© oĂą l'on trouvait des bars-concerts et des maisons closes[6], Ă©voquĂ©es dans Banjo de Claude McKay.
    • la Vieille CharitĂ©, hospice rĂ©alisĂ© sur les plans de Pierre Puget, dont la construction est dĂ©cidĂ©e en 1640 pour accueillir les pauvres et les mendiants de la ville. Aujourd'hui, elle abrite de nombreuses structures telles que le Centre international de poĂ©sie Marseille (cipM), la Direction des musĂ©es de Marseille et plusieurs musĂ©es municipaux (le MusĂ©e d'archĂ©ologie mĂ©diterranĂ©enne, le MusĂ©e d’Arts Africains, OcĂ©aniens, AmĂ©rindiens), une salle de confĂ©rence (Le Miroir), une librairie, l'Ă©cole doctorale de l'EHESS et le Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), ainsi que plusieurs fonds bibliothĂ©caires spĂ©cialisĂ©s et des expositions temporaires,
    • HĂ´tel-Dieu, monument patrimonial majeur de Marseille construit au XVIIIe siècle ; dĂ©but 2007, la ville a cĂ©dĂ© l'exploitation du bâtiment au groupe Axa sous forme d'un bail emphytĂ©otique afin que la chaĂ®ne y construise un hĂ´tel 5 Ă©toiles. Cette cession municipale est très controversĂ©e parmi les habitants.
    • La Tour des Trinitaires, reliquat du couvent de l'ordre du mĂŞme nom dont la fonction consistait Ă  racheter les captifs prisonniers au Levant.

    Population et société

    DĂ©mographie

    Les changements du quartier, et notamment la rénovation urbaine en cours, participent à un processus de gentrification. Cependant subsistent au Panier de nombreuses familles populaires ainsi que parfois des logements insalubres, exigus, voire dangereux.

    Manifestations culturelles et festivités

    Tous les ans depuis 1994, à cheval sur la Fête de la musique, le Panier organise La Fête du Panier qui compte de multiples concerts sur les nombreuses places, des spectacles de rue (théâtre et musique), des expositions de peintures et photographies, des ateliers de cirque, des cours de cuisine, des défilés de mode, des projections de films en plein air, des bals, etc.

    Cultes

    Le quartier du Panier de par sa composition cosmopolite regroupe des personnes de toutes confessions ou sans aucune d'entre elles, comme on peut s'y attendre dans une grande ville multiculturelle comme Marseille. Actuellement on y répertorie plusieurs lieux de cultes:

    Catholiques[7] : 1) Ensemble paroissial Notre-Dame de la Major (La Major (cathédrale), l'Eglise Saint-Laurent, l'Eglise Notre-Dame-des-Accoules) 2) Ensemble paroissial Saint-Ferréol (L'Eglise Saint-Cannat-Les-Prêcheurs & l'Eglise Saint-Ferréol) 3) Chapelle du Bon-Jésus, ou des Pénitents noirs (Courant traditionaliste catholique).

    Protestant-Evangéliques : Eglise-Protestante-Le-Panier (EPP) [8], 9 rue Caisserie.

    Musulmans : Salle de prière musulmane (Courant comorien) [9], 5 rue des Cartiers.

    En littérature

    • le poète Victor Gelu, bien qu'Ă©tant originaire du quartier autour de la Porte d'Aix Ă©voque le Panier, qu'il situe prĂ©cisĂ©ment entre l'HĂ´tel Dieu et la Butte des Moulins, dans ses chansons provençales.
    • Dans DĂ©sert (1980), Lala vit, travaille et zone dans le quartier, un certain temps (surtout aux pages 257-357, Ă©dition de poche).

    Représentation au cinéma et à la télévision

    Le Panier a souvent été représenté au cinéma ou à la télévision :

    Personnalités liées au quartier

    • Patrick Bosso, humoriste et acteur. C'est dans ce quartier qu'il a grandi.
    • DĂ©sirĂ©e Clary (1777-1860) fiancĂ©e Ă  NapolĂ©on Bonaparte, Ă©pouse de Bernadotte, devenue reine de Suède et de Norvège, a vĂ©cu rue des PhocĂ©ens.
    • Jean-NoĂ«l GuĂ©rini, homme politique français, prĂ©sident du Conseil gĂ©nĂ©ral des Bouches-du-RhĂ´ne, sĂ©nateur et ancien conseiller municipal de Marseille.
    • Le Rat Luciano, rappeur marseillais d'origine espagnole et martiniquaise, ancien membre du groupe Fonky Family
    • Menzo, rappeur français d'origine comorienne, ancien membre du groupe Fonky Family.
    • Georges Nguyen Van Loc (1933-2008), surnommĂ© « le Chinois », commissaire de police et Ă©crivain.
    • Tany Zampa (1933-1984), ancien parrain du milieu marseillais.

    Notes et références

    1. Jean-Marie Guillon, « La démolition du quartier du vieux port », sur fresques.ina.fr/
    2. François Thomazeau, Marseille insolite, Paris, Éditions Les beaux jours/Compagnie parisienne du livre, 2007, p.74. (ISBN 9782351790021)
    3. Cité dans Follorou et Nouzille, Les Parrains corses, 2004, p.47-48.
    4. « Petit train et taudis : les deux visages du Panier », sur Marsactu, (consulté le )
    5. Site frequence-sud.fr, page sur le Préau des Accoules, consulté le 10 juin 2021.
    6. Philippe Amsellem, « #Marseille #1929: le Jazz débarque à bon port », La Marseillaise,‎ (lire en ligne)
    7. « Paroisses », sur marseille.catholique.fr (consulté le )
    8. « Marseille – EPP France » (consulté le )
    9. Association culturelle francais comoriens marseille

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Jean-Lucien Bonillo, La Reconstruction Ă  Marseille 1940-1960, architectures et projets urbains, Ă©ditions Imbernon, Marseille, 2008, (ISBN 2-9516396-6-X)

    Liens externes

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