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Place Jules-Guesde

La place Jules-Guesde est une voie de la ville de Marseille.

Place Jules-Guesde
Porte d'Aix
Image illustrative de l’article Place Jules-Guesde
Porte d'Aix Marseille
Situation
CoordonnĂ©es 43° 18′ 07″ nord, 5° 22′ 29″ est
Arrondissement 1er, 2e et 3e
Tenant Avenue Camille Pelletan
Aboutissant Rue d'Aix
Morphologie
Type Place
Superficie 12,060 m2
Transport
Métro  Métro de Marseille Ligne 1 du métro de Marseille Ligne 2 du métro de Marseille
Bus  Autobus de Marseille Ligne 31 Ligne 32 Ligne 70 Ligne 82S Ligne 89 Ligne 97 Bus de nuit 509 Bus de nuit 521 Bus de nuit 526 Bus de nuit 530 Bus de nuit 533 Bus de nuit 535 Bus de nuit 582
Histoire
Anciens noms Place Maréchal-Gallieni
Place d'Aix
Place de l'Arc-de-Triomphe
Place des Hugolens.
Lieux d'intérêt Hôtel de Région
Monuments Arc de triomphe
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1982, Arc de triomphe).
GĂ©olocalisation sur la carte : Marseille
(Voir situation sur carte : Marseille)
Place Jules-GuesdePorte d'Aix
GĂ©olocalisation sur la carte : Bouches-du-RhĂ´ne
(Voir situation sur carte : Bouches-du-RhĂ´ne)
Place Jules-GuesdePorte d'Aix
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Place Jules-GuesdePorte d'Aix

Situation et accès

Cette place des 1er, 2e et 3e arrondissements de Marseille est construite à l'emplacement de la porte, dans les anciens remparts de la ville, ouvrant sur le chemin d'Aix-en-Provence. Elle est, de ce fait, appelée couramment porte d'Aix. Au centre de la place se dresse un arc de triomphe. L'arc de triomphe fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [1].

Origine du nom

La rue doit son nom à Jules Guesde (1845-1922) homme politique socialiste français.

Historique

En 1784, la revente des terrains de l'arsenal des galères ayant produit un bĂ©nĂ©fice de 200 000 livres au profit de la ville, les Ă©chevins dĂ©cident d'utiliser ce bĂ©nĂ©fice Ă  l'Ă©rection d'un arc de triomphe en l'honneur de Louis XVI et en mĂ©moire de la paix qui mettait fin Ă  la Guerre d'indĂ©pendance des États-Unis. L'emplacement de la porte d'Aix est choisi par dĂ©libĂ©ration du conseil municipal en date du , mais les hĂ©sitations dues Ă  la parcimonie des Ă©diles marseillais retardent le projet qui est abandonnĂ© durant la RĂ©volution française[2].

Le projet est repris en 1823, sur l'initiative du marquis de Montgrand, maire de Marseille, pour commémorer, cette fois, la campagne de Louis de France, duc d'Angoulême qui avait rétabli à Madrid le pouvoir absolu du souverain bourbon, Ferdinand VII d'Espagne[3].

Le préfet des Bouches-du-Rhône, Christophe de Villeneuve-Bargemon écrit dans les Statistiques du département des Bouches-du-Rhône « Le conseil municipal, pénétré d'admiration et de reconnaissance, vota spontanément, après la glorieuse campagne de 1823, un Arc de Triomphe au Prince généralissime et à son armée. Des projets furent aussitôt composés et soumis au conseil, qui présenta à l'approbation du gouvernement celui qu'après une mûre délibération il avait choisi pour être érigé à l'entrée de la ville, sur la place d'Aix[4] ». Le projet est approuvé par la Ministre de l'Intérieur le et la première pierre fut posée le , jour de Saint-Charles, par M. le marquis de Montgrand, gentilhomme honoraire de la chambre du roi, maire de Marseille, assisté de Michel-Robert Penchaud architecte et directeur des travaux de la ville, auteur projet, du préfet M. le comte de Villeneuve-Bargemon et de M. le Comte Ricard, pair de France. Le maire donne lecture de l'inscription de la plaque de marbre scellée dans les fondations :

« Cet arc de triomphe
Fut voté le 17 octobre 1823 par la ville de Marseille
Pour rendre un hommage Ă©clatant
Ă€ la gloire acquise en Espagne
Par l'armée française et son illustre chef,
S.A.R. Monseigneur le duc d'AngoulĂŞme
Depuis dauphin de France.
Sa majesté Louis XVIII, de glorieuse mémoire
Permit, par ordonnance royale du 30 décembre 1823,
L'Ă©rection de ce monument d'amour et de reconnaissance
Envers son auguste famille[5] »

La place d'Aix est aménagée et nivelée ; l'aqueduc qui traversait la place sur des arcades hautes de 4,50 m est démoli, seule une arche de cet aqueduc est encore visible près de l'hôtel de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur. L'évacuation des déblais est confiée à un maçon italien nommé Gaëtan Cantini, père de Jules Cantini, marbrier, qui devait, plus tard, laisser à la ville le musée dans la rue Grignan et une fontaine sur la place Castellane. L'architecte Penchaud chargé de la construction de l'édifice semble avoir pris pour modèle l'Arc de Titus de la Via Sacra de Rome.

La Porte d'Aix était contournée par une des lignes de l'ancien tramway de Marseille au début du XXe siècle

Cependant la construction de cet arc de triomphe subit encore les vicissitudes de l'histoire. Commencé sous Charles X, il ne fut terminé que sous Louis-Philippe Ier par l'architecte en chef de la ville Charles Frédéric Chassériau. À la suite des nombreux changements de régime, l'arc ne pouvait plus célébrer la campagne du duc d'Angoulême dans les deux bas-reliefs placés sous l'arcade; David d'Angers choisit alors comme motif "la patrie appelant ses enfants à la défense de la liberté", et Jules Ramey "le retour des braves après la victoire".

L'arc de triomphe fut inaugurĂ© le , jour de la fĂŞte du roi Louis-Philippe Ier. Il y eut messe solennelle Ă  la cathĂ©drale, feu d'artifice, illuminations. Le total des dĂ©penses engagĂ©es pour la construction, en 1825 et en 1839, s'Ă©leva Ă  700 000 francs.

La place Jules Guesde a été éventrée en 1971 par l’arrivée de l’A7, une autoroute qui pénètre directement dans le centre historique[6]. Par ces travaux et quelques autres, la place classique, ordonnée, est devenue un terrain vague[7]. En 2011, la place informe qui était très librement utilisée par les Marseillais est interdite d’accès par la présence constante de force de police et d'importants travaux sont réalisés pour détourner l'autoroute.

Architecture de l'arc de triomphe

La sculpture d'ornement fut confiée au sculpteur parisien Marneuf qui s'inspira de la décoration de l'arc de triomphe antique d'Orange. Pour les sculpteurs historiques (statues et bas-reliefs), la ville de Marseille s'adressa à David d'Angers et à Jules Ramey. À la suite de nombreux changements de régime, le projet de décoration de l'Arc de Triomphe subit de nombreux changements et les régimes qui se sont succédé ont, successivement, changé la dédicace du fronton. La célébration des campagnes du duc d’Angoulême ne pouvant plus être retenue, David d’Angers choisit de représenter les victoires de Fleurus et d’Héliopolis tandis que Ramey représente celles d’Austerlitz et de Marengo. Huit statues de 2,75 m de haut, placées sur l'attique et prévues dans les projets de 1825, représentaient les vertus indispensables à tous les régimes : Au nord le dévouement, la résignation, la valeur, la prudence; au sud, la force, la tempérance, la vigilances, la clémence. Malheureusement, la pierre étant friable, les statues se désagrègent. En 1921, elles furent réparées en ciment armé; malgré cela, six têtes se détachèrent en 1937 et tombèrent sur la voie publique.

Sculptures de David d’Angers

David d’Angers décore la façade nord de l’Arc de Triomphe et l’arcade du pilier est.

Pilier ouest – Façade nord

Afin de célébrer la victoire de Fleurus (), David d’Angers représente sur le bas-relief du haut le maréchal de Saxe Cobourg, tête nue, de profil remettant son épée au général Jourdan. Ce dernier par un noble geste refuse de désarmer son ennemi. Derrière le général, un grenadier et un hussard de la mort assistent à cette entrevue avec des soldats allemands. Sous ce bas-relief sont représentés une Victoire et un trophée d’armes européennes. La victoire ailée écrit avec une baïonnette « Fleurus » sur la gueule d’un Canon.

Piler est – Façade nord

Pour figurer la bataille d'Héliopolis David d’Angers représente sur le bas-relief du haut le général Kléber recevant la soumission de l’ennemi représenté par trois chefs turcs immobiles. Au second plan un grenadier français dépose les enseignes de l’ennemi aux pieds du général. Sous ce bas-relief sont représentés une victoire et un trophée d’armes orientales. La victoire écrit « Héliopolis » sur un canon.

Bas-reliefs de David d'Angers
  • Pilier ouestBataille de FleurusGĂ©nĂ©ral Jourdan
    Pilier ouest
    Bataille de Fleurus
    Général Jourdan
  • Pilier ouestBataille de FleurusVictoire ailĂ©e
    Pilier ouest
    Bataille de Fleurus
    Victoire ailée
  • Pilier estBataille d'HĂ©liopolisGĂ©nĂ©ral KlĂ©ber
    Pilier est
    Bataille d'HĂ©liopolis
    Général Kléber
  • Pilier est Bataille d'HĂ©liopolisVictoire ailĂ©e
    Pilier est
    Bataille d'HĂ©liopolis
    Victoire ailée

Pilier est – arcade

Bas-relief sous l'arcade
La patrie appelant ses enfants à la défense de la Liberté

Ce bas-relief représente « La patrie appelant ses enfants à la défense de la Liberté ». Assise les bras tendus la Patrie, représentée à gauche de la composition, distribue des épées aux volontaires. La scène foisonne de personnages plus ou moins anecdotiques comme une jeune femme faisant le sacrifice de ses bijoux. D’autres personnages sont pris parmi les amis et la famille du sculpteur. L’Histoire figurée en bas et à gauche écrit sur ses tablettes les noms de grands personnages : Pythéas, Euthymènes, Puget, etc.

Tympan et statues

Outre les bas-reliefs, deux renommées sont représentées sur le tympan : chacune, les ailes déployées, tient dans sa main droite des palmes et des branches d’olivier et de sa main gauche s’apprête à sonner dans une trompe. Grâce à des moulages effectués par la fille de David d’Angers, une restitution des quatre statues réalisées par son père a pu être réalisée. On trouve donc sur la face nord et de gauche à droite, les statues suivantes

  • Le dĂ©vouement, le bras gauche repliĂ©, la main sur le cĹ“ur, l’épĂ©e en garde ; Ă  sa droite un pĂ©lican fouille ses entrailles pour nourrir ses petits.
  • La prudence Ă©prouve le fil de son Ă©pĂ©e en l’effleurant ;
  • La rĂ©signation contemple son glaive brisĂ©.
  • La force, l'Ă©pĂ©e Ă  terre, caresse la crinière du lion qu’elle a vaincu.
Statues de David d'Angers
  • Le dĂ©vouement
    Le dévouement
  • La prudence
    La prudence
  • La rĂ©signation
    La résignation
  • La force
    La force

Sculptures d’Étienne Jules Ramey

Étienne Jules Ramey décore la façade sud de l’arc de triomphe et l’arcade du pilier ouest.

Pilier ouest – Façade sud

Pour représenter la bataille de Marengo, le sculpteur décide de figurer la mort de Desaix, très aimé de Napoléon. Desaix est blessé, assis par terre, soutenu par un soldat. Au centre un général lui offre un trophée de drapeaux. Sous ce bas-relief un trophée d’armes est disposé autour d’une colonne dont le sommet porte l’inscription « Marengo ».

Pilier est – Façade sud

Ramey représente la bataille d'Austerlitz avec Napoléon et un général debout, bras tendu vers l’ennemi, encourageant du geste ses troupes. Sous le bas-relief, un trophée d’armes est disposé autour d’une colonne dont le sommet porte l’inscription « Austerlitz ».

Bas-reliefs d'Étienne Jules Ramey
  • pilier ouestBataille de Marengo
    pilier ouest
    Bataille de Marengo
  • Piler ouestTrophĂ©es de la bataille de Marengo
    Piler ouest
    Trophées de la bataille de Marengo
  • Pilier estBataille d'Austerlitz
    Pilier est
    Bataille d'Austerlitz
  • Pilier estTrophĂ©es de la bataille d'Austerlitz
    Pilier est
    Trophées de la bataille d'Austerlitz

Pilier ouest – Arcade

Bas-relief sous l'arcade
Étienne Ramey
Le retour dans le foyer

Ce grand bas-relief situé sous l’arcade contre le pilier ouest est intitulé « Le retour dans le foyer » ou encore « Les braves recevant de la Patrie la récompense de leurs exploits ». L’artiste utilise également ses familiers comme modèle de sculpture.

Tympan et statues

Pour le tympan Ramey figure également des renommées qui sont plus habillées que celles de David d’Angers et qui portent un petit chapeau pointu. Les statues qui ont disparu représentaient :

  • La vigilance coiffĂ©e d’un casque ailĂ© et tenant dans la main droite un glaive avec Ă  ses pieds un aigle.
  • La clĂ©mence remettant dans son fourreau son Ă©pĂ©e.
  • L’énergie tenant une palme dans la main droite.
  • La modĂ©ration, la tĂŞte couverte d’un casque, torse nu.

Expression marseillaise

« Avoir un tafanari (un cul) gros comme la porte d'Aix : avoir un gros derrière »[8].

Galerie de photos

Références

  1. Notice no IA13000807, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Augustin Fabre, Les rues de Marseille, Ă©dition Camoin, Marseille, 1869, 5 volumes, tome 5 p. 49-50
  3. Emile TĂ©mine, Histoire de Marseille de la RĂ©volution Ă  nos jours, Perrin, Paris, 1999, p. 56, (ISBN 2-262-01330-6)
  4. Christophe de Villeneuve-Bargemon, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, publiée d'après le vœu du Conseil Général du Département, quatre volumes in-quarto et un atlas in plano, éd. Antoine Ricard imprimeur du roi et de la préfecture, Marseille, 1821-1829, tome 3, p. 813
  5. André Bouyala d’Arnaud, Évocation du vieux Marseille, les éditions de minuit, Paris, 1961, p. 242
  6. Valérie Simonet, 1973-1998. Marseille transit. Repérages. 2 - La porte d'Aix, lieu de transit à réhabiliter, Libération du 29 avril 1998.
  7. Des photos de Holger Trülzsch témoignent du désastre. Elles ont été réalisées dans le cadre de la mission photographique organisée par la Délégation de l'Aménagement du Territoire et de l'Action Régionale (DATAR) de 1983 à 1989.
  8. Académie de Marseille, sous la direction de Jean Chélini et Jean-Claude Gaudin, Dictionnaire du marseillais, Diffusion Édisud, Aix-en-Provene, 2006, p. 189, (ISBN 2-7449-0614-X)

Voir aussi

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