Accueil🇫🇷Chercher

Henry George (Ă©conomiste)

Henry George ( à Philadelphie – à New York) est un économiste autodidacte, auteur et politicien américain qui a élaboré et promu un projet de réforme fiscale basée sur le concept d'impôt unique foncier (impôt ayant comme assiette la surface du sol détenu par le ménage propriétaire imposé), dans le but de « conformer les arrangements sociaux aux lois naturelles »[1] et de remédier aux inégalités de revenus, au chômage et aux crises économiques qui surviennent paradoxalement avec le progrès.

Henry George
Henry Georges, Ă  26 ans (1865 ou 1866)
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  58 ans)
New York
SĂ©pulture
Nationalité
Activités
Enfant
Henry George (en)
Autres informations
Partis politiques
signature de Henry George (Ă©conomiste)
Signature

Biographie

Parents, enfance et adolescence (1839-1855)

Le grand-père maternel de Henry, John Vallanee, sculpteur nĂ© Ă  Glasgow (Écosse), dĂ©cĂ©da en 1823 ; il avait sept filles et sa veuve, Margaret Pratt, n'Ă©tait pas riche ; un cousin du père de celle-ci, riche marchand de Philadelphie, donna une petite maison de briques Ă  chacune des filles, et elles reçurent une bonne Ă©ducation. Le grand-père paternel de Henry George, Richard George, nĂ© dans le Yorkshire (Angleterre), Ă©tait capitaine de navire ; il se maria avec Mary Reid de Philadelphie dont il eut trois enfants, Richard Samuel Henry (R. S. H.) Ă©tant le benjamin nĂ© dans le New Jersey (Ă  New Brunswick) en 1798.

Lieu de naissance Ă  Philadelphie

R.S.H. George fut un « bon marin Â» sur les fleuves amĂ©ricains, il s'engagea dans la mercerie en Nouvelle-OrlĂ©ans, puis s'Ă©tablit Ă  Philadelphie, oĂą il travailla aux douanes Ă  deux pĂ©riodes de sa vie, sĂ©parĂ©es par 17 ans comme Ă©diteur des livres de l'Église Épiscopale ; il eut deux enfants d'un premier mariage, devint veuf, et se remaria avec Catherine Pratt Vallanee, qui tenait une petite Ă©cole privĂ©e avec sa sĹ“ur, et ils eurent dix enfants ; Henry () Ă©tait le second d'entre eux et l'ainĂ© de quatre garçons.

Le père garda les siens dans un certain confort, et le petit Henry reçut une éducation religieuse stricte. Il passa son enfance sur les quais de Philadelphie, à nager, patiner et monter sur les navires, l'imagination nourrie par des récits de missionnaires et de la famille, ainsi que par la lecture. Sa mère lui transmit un goût pour la poésie et la littérature, et il allait dans des bibliothèques, dont celle du Franklin Institute grâce à son oncle maternel Thomas Latimer, - coéditeur avec son père. Il fréquenta diverses écoles, privées et publiques, dont l'Académie Épiscopale, mais cessa après seulement quatre mois au secondaire.

L'ampleur des besoins vitaux de la famille grandissante a pu pousser Henry à travailler, dès l'âge de 13 ou 14 ans, dans une maison d'importation de verrerie chinoise, puis au bureau d'un technicien naval (marine adjuster). Le jeune Henry se sentait appelé par la mer, et en 1855 il demanda à un cousin plus âgé que lui d'en parler à un ami de la famille dont le père était capitaine. R.S.H. George jugea inutile d'aller contre son vœu, mais craignant que son fils mène une vie itinérante et dans l'espoir de l'en détourner, il demanda au capitaine de ne pas lui accorder de conforts particuliers. À l'âge de 15 ans Henry George se rendit à Melbourne en Australie et à Calcutta en Indes en tant que mousse sur le navire Hindoo[2].

Avant Progrès et pauvreté (1856-1879)

Ă€ son retour aux États-Unis, il travailla comme typographe, jusqu’à ce qu’il fĂ»t pris par la fièvre de la RuĂ©e vers l'or du canyon du Fraser. Après trois annĂ©es de prospection Ă  Victoria il abandonna ce qui s'Ă©tait avĂ©rĂ© ĂŞtre des illusions, et alla travailler Ă  San-Francisco en 1858 comme ouvrier pour un journal. Nonobstant sa situation prĂ©caire, il consacrait ses rares heures de loisirs Ă  Ă©tudier. D’un naturel plutĂ´t timide et craignant la raillerie, il hĂ©sita tout d'abord mais envoya finalement des articles anonymes au directeur du journal qui l’employait ; la plupart furent publiĂ©s, et plusieurs eurent mĂŞme un certain retentissement. Quand il se fit connaitre, il devint aussitĂ´t rĂ©dacteur.

En 1861 il se maria avec Annie Fox, une orpheline de 18 ans originaire d'Australie. Ce fut un mariage heureux, et ils eurent quatre enfants[3], dont un fils prénommé Henry Jr. né en 1862. Mais George travaillait alors de manière occasionnelle, et le paiement de son salaire était irrégulier. Il fut un jour si désespéré, après la naissance du deuxième enfant, qu'il demanda sur la rue cinq dollars à un inconnu, qui le lui donna[4].

En 1871 il publia son premier livre, Our land and land Policy. Il proposa d'instaurer le vote secret (qu'on appelait alors « vote australien Â») pour combattre l'influence corruptrice de l'argent dans les Ă©lections ; « le premier effort vers une rĂ©forme consiste Ă  Ă©veiller l'opinion publique Â», Ă©crivait-il[5]. En 1872, il fonda Ă  San-Francisco le journal San Francisco Evening Post, qui eut beaucoup de succès, mais dut cesser ses activitĂ©s quelques annĂ©es plus tard (1875) après avoir Ă©tĂ© « mis dans l'embarras par une obligation envers un homme riche (sĂ©nateur John P. Jones) dont le billet avait Ă©tĂ© acceptĂ© Ă  sa demande »[6].

Henry George en 1886

Il sollicita et obtint du gouverneur (Irwin) de la Californie la sinĂ©cure d’inspecteur des gaz, ce qui lui permit de se consacrer presque exclusivement Ă  ses travaux. C’est alors qu’il conçut son livre Progrès et pauvretĂ©, sous-titrĂ© EnquĂŞte sur la cause des crises industrielles et de l’accroissement de la misère au milieu de l’accroissement de la richesse ; Le remède, qui parut Ă  500 exemplaires en 1879 (Ă©dition d'auteur), et se vendit par la suite Ă  des millions de copies dans des dizaines d'Ă©ditions aux États-Unis et en Angleterre. (En 1925, Progrès et pauvretĂ© avait Ă©tĂ© traduit en français, portugais, espagnol, allemand, danois, suĂ©dois, polonais, tchèque, hongrois, russe, japonais et arabe, et des extraits sont parus en esperanto)[7] Dans ce livre, il tâchait « d'unir la vĂ©ritĂ© perçue par l'Ă©cole de Smith et Ricardo, Ă  la vĂ©ritĂ© perçue par l'Ă©cole de Proudhon et Lassalle, de montrer que le laissez-faire ouvre la voix Ă  la rĂ©alisation des nobles rĂŞves du socialisme, [et] d'identifier la loi sociale avec la loi morale »[8].

Après 1879

Le succès de son livre arracha George à la vie du fonctionnaire. Il s'installa à New York en 1880. Pendant les seize dernières années de sa vie il propagea ses idées, dans plusieurs tournées des États-Unis, au cours desquelles des foules se joignaient à lui, au Canada (1884)[9], en Angleterre, où il prit la défense du libre-échange avec Protection or free-trade (1886), en Irlande, ainsi qu’en Australie (1890) et en Nouvelle-Zélande[10].

George n'avait pas d'ambition politique, mais reçut en 1886 une nomination indĂ©pendante (Union Labor Party) pour la mairie du "petit" New York (excluant Brooklyn, etc.). Il fallut une coalition des deux plus grands partis pour empĂŞcher son Ă©lection[11] (Nombre de votes: coalition, 90552 ; H. George, 68110, - 2e et devant Theodore Roosevelt)[12]

En il lança un journal hebdomadaire de nouvelles et d'opinions (correspondance, poĂ©sie, etc.) pour « l'Ă©mancipation du travail et la restauration des droits naturels, » The Standard, dont il fut l'Ă©diteur pendant deux ans[13]. En , le pape LĂ©on XIII publia l'encyclique Rerum Novarum qui dĂ©clarait anathème le socialisme et les thĂ©ories de George, - un rapprochement incongru d'après l'intĂ©ressĂ© et l'ÉvĂŞque McGlynn, - dont la suspension fut l'objet d'un dĂ©bat passionnĂ© - dans le Standard les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes[14]. George rĂ©pondit par une lettre ouverte, Sur les conditions de travail, qui fut publiĂ©e Ă  150 000 copies dans les pays anglo-saxons. En 1892 il publia A perplexed philosopher.

En 1897, les partisans de George l'ont convaincu de briguer les suffrages Ă  la mairie du “grand” New York (incluant Brooklyn et autres municipalitĂ©s adjacentes) ; en dĂ©pit des avis de mĂ©decins qui le mettaient en garde contre une mort probable Ă  cause de sa santĂ© vacillante, il accepta pour « reprĂ©senter (le sentiment de) ceux qui pensent que tous les hommes sont crĂ©Ă©s Ă©gaux, » suivre « le principe de la vraie dĂ©mocratie Ă©noncĂ© dans la philosophie de Thomas Jefferson, » et « plaider la cause des gens ordinaires contre la corruption et le despotisme » ; et il nomma son parti le « Parti de Thomas Jefferson ». Il communiquait son enthousiasme aux foules, et faisait plus de discours que le candidat rĂ©publicain et le dĂ©mocrate rĂ©unis. Puis, dans la nuit du 28 au , il eut une crise d'apoplexie (accident vasculaire cĂ©rĂ©bral) et mourut[15] - quatre jours avant l'Ă©lection[16] (Henry George Jr. tâcha en vain de remplacer son père Ă  l'Ă©lection.)

Pierre tombale au cimetière Green-Wood

Ses funĂ©railles ont donnĂ© lieu Ă  « une des plus grandes manifestations populaires de sentiment et de respect pour un citoyen strictement privĂ© dans l'histoire des États-Unis »[11] ; environ 100 000 personnes y assistèrent. Il a Ă©tĂ© qualifiĂ© d'homme le troisième plus cĂ©lèbre des États-Unis (après Mark Twain et Thomas Edison) par sa petite-fille Agnes de Mille[17].

Dans les derniers mois de sa vie, George Ă©crivit The Science of Political Economy (Ĺ“uvre posthume), dans lequel il rĂ©suma en quelques pages autobiographiques ses sentiments par rapport Ă  son Ĺ“uvre principale, Progrès et PauvretĂ© : ce fut « le plus grand succès qu'un livre d'Ă©conomie ait jamais connu. On n'a jamais rĂ©ussi Ă  attaquer son raisonnement, et il a donnĂ© lieu sur trois continents Ă  des mouvements dont le succès est seulement une question de temps Â» ; Cependant, les adhĂ©rents de l'Ă©conomie scholastique qui a Ă©tĂ© dĂ©molie ont « prĂ©fĂ©rĂ© considĂ©rer cette Ĺ“uvre avec mĂ©pris, Â» et inventer une « Ă©conomie politique incohĂ©rente Â» « en s'en remettant Ă  leurs positions officielles sĂ©curisĂ©es par les intĂ©rĂŞts de la classe dominante, Â» (plutĂ´t que) « d'admettre que la vraie science Ă©tait accessible Ă  tous et ne pouvait se poursuivre que sur la base de droits Ă©gaux Â»[18].

Henry George Jr. écrivit une biographie de son illustre père en 1900[19]

Conceptions Ă©conomiques

Contexte théorique et historique

En économie politique, « le point de départ des discussions sur l’incidence des taxes est un passage du livre De la richesse des nations de Adam Smith (livre v, chap. ii),» selon qui « les taxes doivent provenir de loyers, profits ou salaires, » alors que « toute taxe qui ne tombe que sur l'une de ces trois sortes de revenus est injuste, dans la mesure où elle n’affecte pas les deux autres »[20]. « Comme la terre, le travail et le capital s'unissent pour produire la richesse, c'est entre eux trois (rente, salaire et intérêt) que le produit doit être partagé », dit effectivement George. Cependant, à la suite de Smith, David Ricardo (de qui John Stuart Mill se disait le disciple) avait cherché « l'incidence ultime plutôt qu'immédiate des taxes, » et ce, en « répétant et développant les principes posés par Malthus »[21]. Or George jugeait que la théorie de ce dernier était « une pure chimère »[22].

George estimait que « l'Ă©conomie politique [avait] fait fausse route » en considĂ©rant le capital comme « le facteur le plus important de la production, »[23] et qu'en inversant le rapport entre la terre, le travail et le capital les auteurs classiques n'expliquaient pas « la cause de l'accroissement de la misère au milieu de l'accroissement de la richesse ». George avait notamment observĂ© que la construction d'un chemin de fer en Californie en 1871 s'Ă©tait accompagnĂ© d'une hausse du prix des terrains et des loyers concomitante au niveau des salaires ; « Partout oĂą l'on a construit ou projetĂ© un chemin de fer, la terre a Ă©tĂ© monopolisĂ©e par anticipation, et le bĂ©nĂ©fice escomptĂ© (s'est traduit) par une hausse des valeurs foncières. Le progrès spĂ©culatif de la rente dĂ©passant ainsi le progrès normal, le progrès s'est trouvĂ© entravĂ©, et la (consommation) a diminuĂ©, » - provoquant un Ă©tat de crise Ă©conomique[24]. Et il constatait de manière gĂ©nĂ©rale que « si quelqu’un tente d’utiliser son propre travail ou celui des autres, aux champs ou en construisant une usine, il fait rapidement face au spĂ©culateur qui lui demande un prix non naturel pour le sol qu’il doit utiliser, et aux collecteurs d’impĂ´ts qui le mettent pratiquement « Ă  l’amende comme s’il avait commis un crime ». »[25] C'est dans ce contexte que George en arrive Ă  sa doctrine fondamentale : « Il faut que la terre devienne propriĂ©tĂ© commune »[26]

La propriété du sol à l'origine des inégalités

Selon George, la propriĂ©tĂ© individuelle privĂ©e de la terre est insĂ©parable de l’inĂ©gale propriĂ©tĂ© de la terre ; et l’inĂ©gale propriĂ©tĂ© de la terre engendre nĂ©cessairement l’inĂ©galitĂ© de distribution de richesse[26], - parce que « la possession de la terre entre des mains privĂ©es donne un pouvoir de plus en plus grand de s'approprier la richesse produite par le travail et par le capital »[27]. « Le progrès matĂ©riel ne peut nous dĂ©barrasser de notre dĂ©pendance Ă  la terre ; il ne peut qu’ajouter Ă  notre pouvoir (d’en) tirer de la richesse ; c’est pourquoi si la terre est monopolisĂ©e, ce progrès peut augmenter Ă  l’infini sans que les salaires augmentent, ou que la condition de ceux qui n’ont que leur travail pour vivre s'amĂ©liore »[28].

Accès à la terre, pauvreté, chômage et crises

George a soutenu que la quasi-totalitĂ© des richesses crĂ©Ă©es par le progrès social et technologique dans une Ă©conomie de marchĂ© est accaparĂ©e par des propriĂ©taires fonciers et des monopoles via les loyers, et que la concentration de cette richesse gagnĂ©e « non naturellement » est la cause principale de la pauvretĂ©, de telles injustices suscitant ni plus ni moins qu’une nouvelle forme d’esclavage, l’esclavage salariĂ© (wage slavery). (William West a pu ĂŞtre parmi les premiers, en 1847, Ă  utiliser le terme "esclavage salariĂ©" en lien avec la propriĂ©tĂ© du sol[29])

« Le niveau des salaires et les opportunitĂ©s d'emplois [dĂ©pendent] ultimement de la possibilitĂ© d’accĂ©der Ă  la terre, » c’est-Ă -dire du prix que la main d’œuvre doit payer pour en avoir l’usage. Car plus le prix qu’il faut payer pour le sol augmente, moins les travailleurs peuvent garder des fruits de leur travail et plus il est difficile pour eux de s’auto-employer ; et plus la proportion de ceux qui cherchent un emploi salariĂ© augmente, plus il y a de compĂ©tition entre l’un et l’autre pour le travail, plus le niveau des salaires baisse. Par ailleurs, le besoin de travailleurs pour les employeurs – « ceux qui engagent au moins du personnel pour vendre leurs produits » – est largement dĂ©terminĂ© par ceux qui tirent leur pouvoir d’achat de ce qu'ils obtiennent par leur travail, qui constituent la majoritĂ©. En somme, le coĂ»t Ă©levĂ© de l'usage du sol appauvrit les travailleurs, provoque le chĂ´mage et fait baisser les salaires, et la diminution de la consommation due Ă  la pauvretĂ© entraĂ®ne rĂ©gulièrement des crises Ă©conomiques, celles-ci Ă©tant aggravĂ©es par la spĂ©culation sur les rentes. Selon George, les dirigeants ne manifestaient aucun intĂ©rĂŞt pour expliquer la cause du chĂ´mage[25].

Valeur d'usage et valeur d'Ă©change

Smith avait raison de distinguer entre valeur d'usage (utilitĂ©) et valeur d'Ă©change (pouvoir d'achat)[30], mais ses successeurs ont dit « pas d'Ă©change sans demande, ni de demande sans une utilitĂ© quelconque », et Mill a dĂ©clarĂ© la thĂ©orie « complète » ; puis « l'Ă©cole psychologique autrichienne » a ramenĂ© la « valeur » Ă  une notion subjective, l'intensitĂ© d'un dĂ©sir (dĂ©sirabilitĂ©[31]), - et « l'utilitĂ© marginale ». Mais la « confusion » ne peut pas faire disparaĂ®tre la « perception commune » ; « les valeurs d'usage et d'Ă©change sont aussi diffĂ©rentes que le poids et la couleur », dit George. La valeur d'Ă©change est liĂ©e Ă  la « capacitĂ© d'une chose de satisfaire un dĂ©sir, peu importe qu'il soit oisif, vicieux ou cruel, » et correspond Ă  un « estimĂ© du travail et de la difficultĂ© pour obtenir cette chose » ; La valeur d'usage est liĂ©e Ă  la « nature intrinsèque d'une chose, qui la rend apte Ă  satisfaire non pas n'importe quel dĂ©sir, mais ceux qu'on appelle des besoins ou nĂ©cessitĂ©s, qui sont plus bas dans l'ordre des dĂ©sirs et ressentis par tous les hommes ».

Science of political economy, 1898

Une chose peut avoir une valeur d'Ă©change et une valeur d'usage, mais une autre seulement une valeur d'Ă©change (ex. un objet antique inutilisable) ou seulement une valeur d'usage (ex. air). En Ă©conomie politique le terme « valeur » signifie presque toujours « valeur d'Ă©change » ; il y a lieu de prĂ©ciser « valeur d'usage » dans les autres cas[32].

Richesse et capital

« Rien de ce que la nature fournit à l'homme sans son travail ne peut être appelé richesse ». Les richesses sont des « choses tangibles » (minéraux, constructions, etc.), produites par un « travail productif » (« travail donnant de la valeur aux choses matérielle », par opposition au « travail servant directement le désir »), « adaptées à l'usage ou au plaisir humain », et qui « impliquent l'idée d'échange » ; « leur valeur [dépend] de la somme de travail qui serait nécessaire pour produire des choses du même genre »[33].

« Tout ce qui a de la valeur au niveau de l'échange n'est pas [pour autant] de la richesse ». Les choses dont la valeur d'échange est strictement basée sur « un pouvoir d'obtenir des richesses », comme les billets de banque, obligations, hypothèques et « autres stipulations pour le transfert de la richesse » ne sont « pas réellement de la richesses puisque leur augmentation ou diminution n'affecte pas la somme de richesses ». « Telles sont les terres et autres [ressources] naturelles, dont la valeur résulte seulement de la reconnaissance en faveur de certaines personnes d'un droit exclusif de s'en servir, et qui représentent simplement un pouvoir de demander une part de la richesse produite à ceux qui s'en servent ». « Une hausse dans la valeur de la terre [n'est] pas une augmentation de la richesse générale, parce que ce que gagnent les propriétaires fonciers, les [locataires] ou acquéreurs le perdent ». Cette « richesse relative » pourrait être anéantie (les dettes abolies et les esclaves émancipés) par une ordonnance politique, avec la terre reprise comme propriété commune, etc., « sans que la richesse commune en soit diminuée [d'un iota] »[34].

« Toute richesse n'est pas capital, bien que tout capital soit richesse ». Le capital est une « richesse en cours d'échange » qui est « consacrée à se procurer plus de richesse », « aider la production » (par des moyens plus effectifs, l'usage des forces reproductrices de la nature, ou la division du travail). « L'idée [courante] de ce qu'est le capital a été déduite de l'idée préconçue sur la manière dont le capital aide la production »[35]. Ce n'est pas « le capital [qui] fournit les matières premières que le travail transforme en richesse, comme on l'enseigne faussement, [mais] la nature » ; en réalité, l'étendue des matières premières disponibles est même « la seule limite de l'industrie »[36]. « Un champ fertile, une veine de minerai, une chute d'eau peuvent donner à son possesseurs des avantages équivalents à la possession d'un capital, mais détruire la distinction entre la terre et le capital enlèverait toute signification aux deux choses en ce qui concerne leur rapport entre elles. » « Rien de ce qui est donné gratuitement par la nature ne peut être appelé capital »[37].

Réfutation de la théorie de Malthus

La réfutation de la théorie de Thomas Malthus - selon qui la population croît plus vite que les ressources disponibles pour lui permettre de satisfaire ses besoins - est fondamentale pour George à cause du principe auquel elle est associée, soit que les salaires découlent du capital, et des applications qui en sont faites, par exemple chez Ricardo lorsqu'il dit que « seule une baisse des salaires peut augmenter les profits »[21]. (Tout en rejetant la thèse de Malthus, George admettait la loi de la rente de Ricardo, contrairement à Karl Marx et Friedrich Engels qui n'admettaient ni l'une ni l'autre[38])

Salaires issus du travail, et non du capital

L’opinion que le « travail dĂ©rive de l’emploi du capital » est une « faute commise par Adam Smith qui a Ă©garĂ© l'Ă©conomie politique », dit George. « Le travail est la force active et initiale », et « le capital est le rĂ©sultat du travail et est employĂ© par le travail pour aider la production » ; l’ordre naturel des facteurs de production est "terre, travail, capital".

« Le paiement des salaires implique un travail prĂ©alable » (sauf exception) ; Or le rĂ©sultat immĂ©diat et continu du travail est la crĂ©ation de valeur (richesse) ; « le paiement des gages n’est (donc) que la remise au travailleur d'une portion du capital produit par le travail ». La valeur d’un produit crĂ©Ă©, mĂŞme s’il est encore seulement terminĂ© en partie, « prend pour l’employeur la place de la valeur distribuĂ©e en salaire ». « On n'a pas besoin de mettre de cĂ´tĂ© du capital pour payer des salaires quand le produit du travail pour lequel on paye les salaires est Ă©changĂ© aussitĂ´t qu’exĂ©cutĂ© ; cela est seulement nĂ©cessaire quand le produit est emmagasinĂ©, placĂ© dans le courant des Ă©changes sans en ĂŞtre immĂ©diatement retirĂ©, c’est-Ă -dire vendu Ă  crĂ©dit, ou qu’on spĂ©cule dessus ». C’est le travailleur qui fait une avance de capital au patron, et non l’inverse. Le capital n’est pas une limitation de l’industrie comme telle mais des formes qu’elle peut prendre[39].

Accord des lois de la distribution (rente, salaires, intérêt)

George a unifié les trois lois de la distribution (rente, salaires, intérêt) en harmonisant les termes utilisés pour les formuler. Le produit du travail (P) est réparti entre la rente (R : « part qui va aux propriétaires de la terre comme emploi des substances et des forces naturelles »), les salaires (S : « récompense de l'effort humain ») et l'intérêt (I : « part qui constitue le revenu pour l'emploi du capital »). Les trois termes s'excluent mutuellement. Le revenu d'un individu peut-être fait de l'une, de deux ou des trois sources (selon les rôles assumées de travailleur, capitaliste et propriétaire foncier). Les salaires et l'intérêt dépendent de ce qui est soustrait au produit après la rente.

Henry George
Henry George
P = R + S + I, donc P – R = S + I

Comme expliquĂ© par Smith, Mill et Ricardo, etc. la rente, ou valeur foncière, n'est pas un revenu de capital (intĂ©rĂŞt): « elle ne reprĂ©sente pas un avantage Ă  la production mais le pouvoir de s'assurer une partie des rĂ©sultats de la production » ; c'est le prix d'un droit exclusif, un monopole. La loi de la rente (ou "loi de Ricardo") dit: « la rente monte quand la limite de la culture baisse, et elle baisse quand cette limite monte »; la loi des salaires en est le corollaire dans la formulation de George : « les salaires dĂ©pendent de la limite de la culture, baissant quand elle baisse, montant quand elle monte » (les autres auteurs font dĂ©pendre les salaires du rapport entre le nombre de travailleur et le capital). Ces deux lois signifient que « lĂ  oĂą la terre est libre, et le travail non aidĂ© par le capital, le produit entier va au travail comme salaire ». La distinction entre capital et salaire n'est qu'une subdivision issue de la division du travail: « lĂ  oĂą la terre est libre et le travail aidĂ© par le capital, le salaire sera formĂ© par le produit entier moins la part nĂ©cessaire pour engager l'accumulation du travail comme capital ». (« [L'intĂ©rĂŞt] n’est pas Ă  strictement parler un paiement fait pour l’emploi du capital » ; il naĂ®t de l’accroissement du capital, - qui est de la richesse produite utilisĂ©e comme une aide Ă  la production, incluant par la possibilitĂ© de l'Ă©change). La loi de l'intĂ©rĂŞt stipule que « la relation entre les salaires et l'intĂ©rĂŞt est dĂ©terminĂ©e par la puissance moyenne d'accroissement qui est attachĂ©e au capital par son emploi dans des modes reproductifs » ; « Ă  mesure que la rente montera, l'intĂ©rĂŞt, comme les salaires, devra baisser, ou sera dĂ©terminĂ© par la limite de la culture ». (Il n'y a pas d'opposition entre travail et capital). En unifiant les lois de la distribution, George a mis en Ă©vidence que: « Quel que soit l'accroissement de la puissance productive, ni les salaires ni l'intĂ©rĂŞt ne pourront augmenter si l'accroissement de la rente se produit en mĂŞme temps »[40].

(cela correspond Ă  ce qu'on appelle ironiquement en microĂ©conomie le « surplus du producteur », dĂ©crit par « l'aire sous les courbes de l'offre et du prix », qui « est en rĂ©alitĂ© un paiement fait aux propriĂ©taires fonciers, [les] non-producteurs »[41] ; ou encore le « principe des restes »: « Ă  l'Ă©quilibre, la rente foncière est Ă©gale Ă  l'excĂ©dent du revenu total sur les coĂ»ts non fonciers. Ă€ cause de la concurrence (entre fermiers, par exemple), le propriĂ©taire foncier obtient les restes »[42]. - les « Ă©conomies dans les coĂ»ts de production »[43] et les "accroissements de productivitĂ©" fournissent de tels gains aux propriĂ©taires fonciers, - voir ci-dessous)

Approches inefficaces contre les inégalités

A. La diminution des dĂ©penses gouvernementale (dette, armĂ©e, etc.) est souhaitable, parce que « ce qui tend Ă  simplifier le gouvernement tend Ă  le placer sous le contrĂ´le du peuple, » mais les baisses d'impĂ´ts que cela permettrait « Ă©quivaudrait seulement Ă  accroitre la puissance productive Â», et donc Ă  augmenter la rente au profit des propriĂ©taires fonciers.

B. Les interventions gouvernementales sont mauvaises en elles-mĂŞmes, car elles amoindrissent le dĂ©sir individuel d'action, ce qui entraine nĂ©cessairement une diminution de richesse »[44] « Prendre de force Ă  ceux qui ont pour donner Ă  ceux qui n'ont pas serait injuste et nuisible, et ne permettrait pas d'Ă©galiser la distribution de manière durable Â»[45]. Les dĂ©penses publiques pour « crĂ©er artificiellement des emplois » sont « dangereuses, » parce qu'elles peuvent y arriver, Ă  la limite, de manière illusoire avec le gaspillage inhĂ©rent aux activitĂ©s militaires[25] ; et le libre marchĂ© peut amener un soulagement temporaire au problème du chĂ´mage, mais la spĂ©culation sur le sol n’en deviendrait que plus forte par la suite[25].

C. L'Ă©ducation « ne peut avoir d'influence sur les salaires qu'en augmentant l'efficacitĂ© du travail, Ă  moins qu'elle ne rende capable de dĂ©couvrir et d'Ă©loigner les causes de l'inĂ©gale distribution de richesse ».

D. La "vie simple" peut permettre Ă  un individu d’économiser, « mais si les travailleurs vivaient ainsi, les salaires baisseraient en proportion ; et si les (travailleurs) amĂ©ricains arrivaient Ă  adopter les manières de vivre des chinois, il leur faudrait accepter leur salaire ».

E. Les organisations coopĂ©ratives ne peuvent ni Ă©lever les salaires ni soulager la pauvretĂ© de manière gĂ©nĂ©rale parce que les maux ne proviennent pas d'un conflit entre le travail et le capital. La coopĂ©ration pour la consommation, poussĂ©e aussi loin que possible, ne fait que rĂ©duire les coĂ»ts des Ă©changes en supprimant les intermĂ©diaires ; et la coopĂ©ration pour la production ne vise qu'Ă  rendre le travailleur plus actif et plus industrieux en allouant des salaires fixes. Une association coopĂ©rative entre producteur et propriĂ©taire reviendrait simplement au paiement de la rente en nature, et les conditions de la coopĂ©ration seraient encore dĂ©terminĂ©es par les lois qui fixent la rente. La coopĂ©ration peut amener des bĂ©nĂ©fices au travailleur mais seulement dans des cas isolĂ©s, et son seul effet gĂ©nĂ©ral que la compĂ©tition ne pourrait pas produire est un effet Ă©ducationnel.

F. Les syndicats. L'union des travailleurs peut Ă©lever les salaires, et cela ne se fait jamais aux dĂ©pens des autres travailleurs ou du capital, comme on le croit couramment ; si cela entraĂ®ne un changement dans les coĂ»ts de production et affecte la demande, le capital immobilisĂ© s'ajuste rapidement, et l'ensemble de la communautĂ© n'est jamais perdante. De mĂŞme, l'accroissement du niveau des salaires dans un pays comparĂ© Ă  une autre peut changer la proportion des choses importĂ©es, mais n'a aucun effet sur le rapport entre les exportations et les importations (car c'est seulement avec le produit de son travail et son capital qu'un pays peut obtenir en Ă©change le produit du travail et du capital d'un autre.) Cependant, l'action des syndicats sur le niveau gĂ©nĂ©ral des salaires est très limitĂ©e parce que: 1) tous les travailleurs ne sont pas reprĂ©sentĂ©s, y compris ceux qui en auraient le plus besoin ; 2) les propriĂ©taires fonciers s'unissent beaucoup plus facilement, 3) les autres industries tendent Ă  exercer une forte pression contraire, et 4) les grèves sont destructives des choses mĂŞmes que les travailleurs cherchent Ă  gagner (comme l'homme qui veut dĂ©fendre la libertĂ© mais abandonne la sienne en devenant un simple rouage de la machine qu'est l'armĂ©e).

G. Partage plus gĂ©nĂ©ral des terres. Un partage parfaitement Ă©gal des terres entre tous est impossible. Par ailleurs, la diminution de l'Ă©tendue des propriĂ©tĂ©s avec l'accroissement de la population n'est pas du tout incompatible avec la tendance Ă  la concentration de la propriĂ©tĂ© de la terre, car le nombre de propriĂ©taires diminue constamment par rapport Ă  la population totale. En fait, « les petites propriĂ©tĂ©s forment un rempart de sauvegarde pour les grands propriĂ©taires Â», et tendent Ă  « empĂŞcher l'adoption de mesures plus efficaces et plus radicales Â»[44].

L’impôt unique comme « remède »

L’idée du « droit égal de tous à l’usage de la terre ne venait pas de [George], mais il donna un moyen [pour l'appliquer] tout en simplifiant le gouvernement : l'impôt unique ("single tax") » ; « concentrer toutes les taxes sur le loyer du sol ("ground-rent") »[11]. « Sa doctrine peut se résumer comme suit :

Henry George (page frontispice de Progrès et pauvreté, Belgique/France, 1925)
La terre de tout pays appartient de droit à toutes les personnes de ce pays. Ce droit ne peut pas être aliéné par une génération de manière à affecter le titre de la prochaine. La possession privée de la terre n’a pas plus de base logique ou morale que la possession privée de l’air ou de la lumière du soleil, mais l’occupation et l’usage privées de la terre sont justes et indispensables.
Toute tentative de diviser la terre en portions égales est impossible et indésirable. La terre devrait être, et est maintenant pratiquement, divisée pour l’usage privée en parcelles parmi ceux qui paieront le prix le plus élevé pour l’usage de chaque parcelle.
Le prix s’appelle un loyer ("rent") et est actuellement payé à des personnes (propriétaires privés). En appliquant au profit de toute la communauté le loyer de la terre ("rent of land"), à l’exclusion de toutes améliorations, une justice absolue serait rendue à tous. Comme le loyer est toujours plus que suffisant pour couvrir toutes les dépenses nécessaires du gouvernement, celles-ci devraient être défrayées par un impôt [unique] sur le loyer, amené par l’abolition graduelle de tout autre impôt.
Les propriétaires terriens devraient garder la possession tranquille et la propriété nominale de la terre, avec une marge suffisante sur l’impôt pour les induire à collecter leurs loyers et payer l’impôt. Ils seraient ainsi transformé en simple agents des terres ("land agents").
Cela impliquerait un libre marché absolu puisque disparaitraient toutes les taxes sur les importations, produits manufacturiers, bâtiments et améliorations, successions et propriétés personnelles (incluant les biens de consommation et salaires). Il n’y aurait rien du tout de ce qui est fait par l’homme qui serait taxé. Le droit de propriété privée dans les choses faites par l’homme serait ainsi absolu, car le propriétaire de ces choses ne pourrait pas être destitué de son bien sans une compensation entière, même sous le prétexte de taxation »[11].

Dans ce système, toute richesse (moissons, constructions, capital, etc.) relève du droit de propriété privée, tandis que la valeur foncière appartient à la société, et non à l’individu. L'impôt unique n’est pas l’impôt immobilier, qui concerne les constructions, ni l’impôt foncier qui s'applique à la terre en général, mais une taxe sur la valeur de la terre, qui dépend des conditions naturelles et sociales.

Effets de l'impĂ´t unique

« Ce dont [la civilisation] souffre, et ce dont elle mourra si on ne lui applique pas un remède, c'est de la distribution inĂ©gale Â»[46]. « L'Ă©tablissement d'un impĂ´t unique sur la terre... crĂ©era les conditions dans lesquelles la nature humaine pourra dĂ©velopper tout ce qu'il y a en elle de meilleur, au lieu de dĂ©velopper, comme actuellement, ses instincts les plus mauvais. Elle rendra possible un [grand] accroissement de richesse, garantira l'Ă©quitĂ© dans la rĂ©partition des richesses [et] fera disparaĂ®tre Ă  la fois la pauvretĂ© immĂ©ritĂ©e et la dĂ©pravante soif de gain. Elle permettra aux hommes d'ĂŞtre au moins aussi honnĂŞtes, aussi francs, raisonnables et dignes qu'ils le dĂ©sirent, Elle prĂ©parera l'avènement de ce règne de vĂ©ritĂ© et de la justice, c'est-Ă -dire d'abondance, de paix et de bonheur que JĂ©sus-Christ a ordonnĂ© Ă  ses apĂ´tres de revendiquer. »[47]

"Le bien public est le plus noble des motifs." Thomas Jefferson Building, Library of Congress

Terre et rente. « Personne ne [serait] privĂ© de la possibilitĂ© d'utiliser la terre Â» ; « [elle serait] aux mains de ceux qui la travaillent et non de ceux qui ne travaillent pas Â»[48]. La « monopolisation de la terre Â» et la « spĂ©culation Â» sur le sol n'existeraient plus. « Personne ne se [soucierait] d'avoir de la terre si ce n'est pour [en user], et [celles qui sont] aujourd'hui retirĂ©es de l'usage se [trouveraient] partout rendues Ă  la culture et l'amĂ©lioration Â». « [Beaucoup de terres] seraient abandonnĂ©es par leurs propriĂ©taires actuels ou vendus Ă  des conditions nominales Â» (car « l'homme qui voudrait possĂ©der la terre sans [l'exploiter] aurait Ă  payer presque la valeur qu'elle reprĂ©sente pour celui qui [en] a besoin Â»). La terre aurait un prix de vente abaissĂ©e, fixĂ© par la demande, et reviendrait « Ă  celui qui paierait la rente la plus Ă©levĂ©e Ă  l'État Â». La population se rĂ©partirait plus uniformĂ©ment sur le territoire ; « le peuple des villes aurait alors plus d'air pur de la campagne [et] le peuple de la campagne plus des Ă©conomies et de la vie sociale de la ville ». « La rente serait utilisĂ©e pour les dĂ©penses publiques, et donc source d'Ă©galitĂ© plutĂ´t que d'inĂ©galitĂ© Â» ; et « l'accroissement de la rente qui rĂ©sulterait des nouveaux progrès serait pris par la communautĂ© pour les usages publics (eau, routes, santĂ©, Ă©coles, sciences, parcs, etc.[49]) pour produire une Ă©galitĂ© de plus en plus grande[50].

Production de la richesse. « Il n'y [aurait] plus d'hommes oisifs qui possèdent la terre et forcent les autres Ă  travailler pour eux en contrepartie du droit d'utiliser la terre Â» ; « Les gens ne se [vendraient] plus en esclavage... Â»[48] Le travailleur [aurait] « la pleine rĂ©compense de son travail, Â» et [le] capitaliste « le revenu complet de son capital Â» ; ils gagneraient 1) « ce que la baisse des valeurs foncières de spĂ©culation [dĂ©gagerait], Â» 2) l'effet positif sur les salaires et l'intĂ©rĂŞt dĂ©coulant de la « libertĂ© d'exploiter des terres aujourd'hui monopolisĂ©es, Â» et 3) ce qui leur est enlevĂ© actuellement par les impĂ´ts, qui dĂ©couragent et gĂŞnent la production en opĂ©rant « comme des amendes sur l'Ă©nergie, le travail, l'adresse et l'Ă©conomie Â». Il y aurait un essor de la production de la richesse. « MĂŞme [les propriĂ©taires fonciers] auraient un gain absolu, Â» car outre le fait qu'ils sont « souvent des ouvriers (ou des capitaliste), Â» « le travail et le capital gagneraient beaucoup plus que ne perdrait la propriĂ©tĂ© privĂ©e de la terre, » qu'il s'agisse d'une ferme, un palais ou une usine. Il serait plus facile pour les hommes de « devenir leur propres patrons, grâce aux substances et aux forces naturelles mise Ă  leur portĂ©e, » et les travailleurs ne lutteraient plus entre eux pour avoir un emploi. Les salaires monteraient et « tendraient au niveau le plus Ă©levĂ© que les employeurs peuvent payer Â»[51]. « Les dettes seraient rapidement acquittĂ©es par un impĂ´t qui n'amoindrirait pas les salaires [et] n'entraverait pas la production Â». « Les grandes fortunes ne seraient plus Ă  craindre, parce que les richesses des individus [seraient rĂ©els], les produits du travail, [qui] tendent Ă  se disperser Â». Le progrès et l'invention se trouveraient très accĂ©lĂ©rĂ©s, car « l'aisance [et] l'indĂ©pendance des masse [mettrait] le cerveau Ă  mĂŞme d'aider la main Â». Il deviendrait alors « impossible de voir des hommes de bonne volontĂ© incapables d'Ă©changer leur travail contre les choses dont le manque les fait souffrir [c'est-Ă -dire au chĂ´mage], Â» et les crises [Ă©conomiques] qui paralysent pĂ©riodiquement l'industrie cesseraient[52].

Gouvernement. Le gouvernement serait grandement simplifiĂ©, moins couteux et rendus plus honnĂŞte, parce que 1) « la terre [Ă©tant] une matière qu'on ne peut cacher et beaucoup plus facile d'estimer que tout autre, » « un rĂ©seau Ă©norme et compliquĂ© de mĂ©canismes Â» pour « percevoir les impĂ´ts, enregistrer et contrĂ´ler les revenus, [et] empĂŞcher et punir les fraudes, Â» serait supprimĂ©, et 2) « la sociĂ©tĂ© serait dĂ©barrassĂ©e des difficultĂ©s [liĂ©es aux] impĂ´ts, qui engendrent la corruption et rendent la lĂ©gislation le jouet des intĂ©rĂŞts spĂ©ciaux Â»[53]. Cela permettrait aussi d'effacer une « perte pĂ©cuniaire supportĂ©e par la sociĂ©tĂ© Ă  cause d'arrangements sociaux dĂ©fectueux » : mendicitĂ©, vol, etc.[54]

« Les dettes publiques et les armĂ©es permanentes ne dureraient (probablement) pas longtemps Ă  l'abolition du système qui les a fait naĂ®tre, et après le retour de la vieille idĂ©e que la terre d'un pays est la propriĂ©tĂ© commune du peuple de ce pays Â» ; « la sociĂ©tĂ© approcherait de l'idĂ©al... de l'abolition du gouvernement en tant que puissance dirigeante et rĂ©pressive Â»[55]

Individu et SociĂ©tĂ©. « La misère et la crainte de la misère disparaĂ®tront Â» en « [donnant] au travail le champ libre et sa rĂ©tribution complète, [et en prenant] pour le bĂ©nĂ©fice de toute la communautĂ© ce fonds que crĂ©e la croissance de la communautĂ© Â». « Avec cette abolition du besoin et de la crainte du besoin, l'admiration pour la richesse diminuerait, et les hommes chercheraient le respect et l'approbation de leurs concitoyens par d'autres moyens que par l'acquisition et l'Ă©talage de la richesse Â». « Nous sommes fait pour la coopĂ©ration Â» ; et « le travail qui amĂ©liore la condition de l'humanitĂ© n'est pas le travail d'esclave Â»[56].

Autres conceptions Ă©conomiques et politiques

Brevets et droits d'auteur

Henry George désapprouvait les brevets et approuvait les droits d'auteur, - une distinction qu'il fit dans une des rares révisions du livre Progrès et Pauvreté, vers la fin de sa vie[57]. « La propriété vient de la production et non de la découverte, » disait-il.

« Il n'est pas juste de réclamer la propriété des lois de la nature, ni d'aucune de ses potentialités»

ce Ă  quoi se ramène tous les brevets selon lui (ex. l'action du vent pour un moulin, etc.). Pour ce qui est du labeur, les principes naturels qui peuvent ĂŞtre dĂ©couvert par tous ne peuvent pas ĂŞtre brevetĂ©s par personne ; cependant, on peut lĂ©gitimement rĂ©clamer la propriĂ©tĂ© d'une production Ă  partir de matĂ©riaux bruts, mais sans empĂŞcher les autres de produire quelque chose de semblable[58]. « Les « inventeurs [pourraient ĂŞtre] rĂ©compensĂ©s et les investigations scientifiques subventionnĂ©es »[59]. Pour ce qui est des droits d'auteur, George a dĂ©fendu l'idĂ©e que « le travail de production dĂ©ployĂ© par quelqu'un dans la manière de dire quelque chose lui donne un droit de propriĂ©tĂ© pour cet arrangement de mot »[58].

Protectionnisme et libre-Ă©change

Le protectionnisme (taxes sur les produits importĂ©s pour en augmenter le prix sur le marchĂ©), a Ă©tĂ© « jadis introduit pour protĂ©ger le capital ». Il permet Ă  certains employeurs d'augmenter leurs profits sans stipuler de quelle manière ils les dĂ©penseront, et ne peut profiter aux capitalistes que s'ils dĂ©tiennent une forme de monopole ; c'est une « prĂ©tention effrontĂ©e de dire qu'il sert Ă  protĂ©ger le travail Â», dit George. L'augmentation du prix des biens diminue le salaire rĂ©el, parce que c'est pour se procurer des biens et des services que les travailleurs travaillent, — l'argent des salaires n'Ă©tant « que le flux et le compte des Ă©changes ».

« La majoritĂ© ne peut pas s'enrichir en se taxant pour remettre les recettes entre les mains d'une minoritĂ© Â».

« Les privilèges spéciaux et les systèmes légalisés de vol ont besoin de protection [mais],

« ce dont le travail a besoin c'est la liberté et non la protection, la justice et non la charité, les droits égaux pour tous et non les privilèges »[60].

Nature équitable et origine temporelle de l'intérêt

FrĂ©dĂ©ric Bastiat dans une mĂ©taphore cĂ©lèbre, soutient que Jacques en prĂŞtant un rabot Ă  Guillaume lui donne « la facultĂ© qui existe dans l'instrument d'accroitre la productivitĂ© du travail ». S'il en Ă©tait ainsi, la nature de l'intĂ©rĂŞt serait un « vol fait Ă  l'industrie (qui) ne pourrait (pas) exister longtemps, » dit Henry George. En excluant le cas exceptionnel d'un droit patentĂ©, « la chose prĂŞtĂ©e (c'est en fait) l'usage de X jours de travail», soit le temps qu'il a fallu pour le fabriquer. L'argent, les machines et autres matières inertes n'ont « aucune puissance innĂ©e d'accroissement, » mais c'est la nature du capital de s'accroĂ®tre et de produire de l'intĂ©rĂŞt en aidant la production, parce qu'il permet que le travail supplĂ©mentaire soit aidĂ© par le travail antĂ©rieur. Ce n'est jamais l'argent qui "travaille" ; mais qu'il y ait un travailleur et un capitaliste ou que les deux rĂ´les soient remplis par la mĂŞme personne, le travail et le capital produisent toujours ensemble, et le salaire et l'intĂ©rĂŞt sont conjoints.

Par ailleurs, « le capital est échangeable », et « dans le cercle des échanges, la puissance d'accroissement que la nature donne à quelques espèces de capitaux (se répartit) ». À cause de ces échanges, « la cause de l'intérêt » c'est en dernière analyse « la force active de la nature, le principe de croissance, et de reproduction associé à la vie » - par exemple la croissance des semences et du bétail, la fermentation du vin, etc. J'ai un arbre (capital), je le soigne pendant un certain temps (travail) et mes fruits récoltées forment mon salaire, qui est égal dans ce cas-là à mon intérêt sur mon capital. George démontrait ainsi que l'intérêt provient de processus (naturel et social) liés au temps[61] - Notons la similitude, en excluant le temps: « la valeur du sol dépend des conditions naturelles et sociales ».

Obligations gouvernementales et dette publique

Les obligations gouvernementales ne sont pas du vrai capital, mais « une déclaration solennelle (du) gouvernement » qu'il prélèvera assez d'impôts chez le peuple pour 1) remettre tant de richesse aux possesseurs de l'obligation et, 2) donner le surplus que le capital aurait produit s'il était actuellement en sa possession. Premièrement, quand le capital est consommé de manière improductive la richesse est détruite, et c'est notamment le cas lorsqu'il est « craché par la bouche des canons, usé en navires de guerre et dépensé pour l'entretien de soldats qui marchent, s'entraînent, tuent et détruisent ». Deuxièmement, même dans les cas où l'émission des obligations est liée à des fins productives (comme construire un phare), des certificats sont émis pour un montant supérieur à la valeur en dollars de capital réellement investi, et c'est sur cette somme, qui est fictive, qu'on paye avec plus ou moins de régularité un intérêt ou un dividende. (La situation est similaire avec les compagnies payant des dividendes.) De même, lorsque des sommes immenses sont prises sur le produit du travail pour payer l’"intérêt" des dettes publiques, il ne s'agit pas d’intérêt au sens strict du mot- accroissement de capital - mais simplement de taxes levées sur le produit du travail et le capital.

L'intérêt est souvent confondu avec les profits qui sont des salaires, ainsi qu'avec les profits qu'entraînent les risques à courir (ex. jeux de bourse, où ce que l'un gagne l'autre doit le perdre). Par ailleurs, les profits qui sont le plus souvent perçus dans l'esprit populaire comme étant « un vol fait à l'industrie » proviennent en réalité « non de la puissance des capitaux mais de la puissance des capitaux concentrés agissant sur une mauvaise organisation légale et sociale ». Les capitaux réunis ont souvent peu d'égards pour les droits industriels et personnels, et ils « corrompent, volent et détruisent », par exemple quand une compagnie s'impose par la menace et que la population d'une petite ville doit en payer le prix, ou que « les voleurs s'unissent pour élever les tarif et égaliser leurs gains »[62].

Charité des « pseudo-philanthropes »

Les « pseudo-philanthropes » annulent la loi naturelle selon laquelle un homme doit travailler pour se nourrir ; la charitĂ© dĂ©moralise et fait perdre le sentiment naturel d’indĂ©pendance ; « C'est la justice qui peut redresser un tort, et non la charitĂ©, qui est futile et empoisonnĂ©e quand elle est offerte en substitut »[25].

Argent et corruption dans les Ă©lections

« L'inĂ©galitĂ© croissante dans la distribution de la richesse engendre une tendance Ă  la corruption politique Â». D'une part, un parti politique a besoin de beaucoup d'argent dans des Ă©lections, et en se tournant pour en obtenir vers ceux qui ont des intĂ©rĂŞts pĂ©cuniaires dans la politique, « il devient leur serviteur dans la mĂŞme mesure » ; le gouvernement dĂ©mocratique est mis en Ă©chec, et « nous sommes conduits vers l'oligarchie ». D'autre part, les partis politiques sont nĂ©cessaires dans une dĂ©mocratie populaire, mais leur pouvoir tend Ă  se concentrer dans les machines Ă©lectorales, « aux mains de ceux qui font de leur administration une business »[63]. Et « quant Ă  un pouvoir Ă©tendu de patronage s'ajoute un pouvoir d'acheter beaucoup de votes, il devient presqu'impossible d'Ă©vincer un groupe de voleurs qui prend possession de la machinerie du gouvernement Â»[64]. Il y a une discrimination entre les riches et les pauvres et, en plus, en faveur des sans scrupules contre les scrupuleux.

« Rien n'empĂŞchera la corruption dans les Ă©lections aussi longtemps qu'elles se gagneront avec l'argent, et ne peuvent pas ĂŞtre gagnĂ©es sans lui, » dit George ; aucune dĂ©pense (hormis des frais d'inscription) ne devrait ĂŞtre nĂ©cessaire pour les candidats et leurs supporteurs, et les nouvelles organisations devraient pouvoir ĂŞtre formĂ©es facilement, - pour la libertĂ© de choix des citoyens et l'indĂ©pendance des Ă©lecteurs par rapport aux simples organisations. Il proposa donc d'abaisser le montant d'argent nĂ©cessaire pour des Ă©lections, et de diminuer par le fait mĂŞme le pouvoir des machines Ă©lectorales, notamment avec les Ă©lĂ©ments de rĂ©forme suivant :
1° vote secret (« mode de votation australien Â», - pour faire disparaitre la vente et l'achat de votes)
2° frais de scrutins à la charge du gouvernement (impression des bulletins, employés de bureaux, location de locaux pour les meetings, etc.)
3° prohibition de certaines dépenses partisanes (bannières, uniformes- « chaque parti les utilisant seulement parce que les autres le font »)
4° bannissement des fonctions pour les candidats coupables d'avoir reçu des pots-de-vin.
George disait que la rĂ©forme de « la machinerie politique Â» ne suffirait pas en elle-mĂŞme pour rendre le gouvernement plus pur»[65] que « les lois seraient peu utiles tant que l'opinion publique n'est pas mĂ»re pour leur application, » et qu'il fallait « des sentiments plus Ă©levĂ©s,» - car « si le peuple est corrompu, d'oĂą le [changement] peut-il venir? » [64]- mais que

« plutĂ´t que de condamner la dĂ©mocratie, essayons-la honnĂŞtement »[66].

Marxisme et socialisme

Les conceptions de Marx et George sont diamétralement opposées ; le premier considérait l’impôt unique comme « le dernier recours du capitalisme, »[67] et un pas en arrière par rapport à la transition vers le communisme[68], et le second que le résultat probable de l’idée de Marx serait une dictature[69]. George dit: « L'esprit bureaucratique et incompréhensible allemand » a mis sous la forme de ce qui passe pour un système chez Karl Marx un type de protectionnisme, originaire d'Angleterre, qui cherche à unir les travailleurs en considérant qu'ils forment une classe séparée des employeurs, et que « par une espèce d'alchimie d'achat et de vente le capitaliste obtient plus que ce qu'il donne ».

Selon George, le socialisme moderne « ne tient aucun compte des lois naturelles » ; il est « plus dépourvu de tout principe directeur que n'importe quelle autre philosophie » ; il n'a « pas de système de droits individuels » par lequel il peut définir la liberté de l'individu, et ce que l'état peut faire pour la restreindre ; aussi longtemps que l'individu n'a pas de principe de conduite il est impossible pour la société d'en avoir[70].

Pseudosciences Ă©conomiques ou Ă©conomie politique

George a critiqué la nouvelle méthode d'origine allemande qui s'est généralisée au cours de sa vie dans tous les pays anglo-saxons, avec les « sciences économiques » qui ont déclaré "morte" l'ancienne « économie politique »: l'approche « historique et inductive » affirme qu'il n'y « pas de lois permanentes valides, » ne donne « pas de réponse catégorique » aux questions (ex. le protectionnisme est-il bénéfique?), et dit que les problèmes ne peuvent « se décider que d'après les lieux et les moments particuliers, par une enquête historique sur tous ce qui a été écrit sur le sujet » ; c'est, dit George, une « pseudoscience » avec un jargon que les professeurs utilisent « pour se flatter mutuellement les uns les autres », destinée à « rendre les pauvres incapables de réfléchir sur les sujets économiques, » et « servir les intérêts dominants qui craignent une économie politique compréhensible par tous »[71].

HĂ©ritiers et destin de l'Ĺ“uvre

Conscience socioéconomique populaire

Henry George a « Ă©veillĂ© la conscience [anglo-saxonne] comme aucun autre en son temps, » dit George Bernard Shaw en rĂ©pĂ©tant l'avis d'un historien[72]. En fait, son analyse, selon laquelle les riches s'enrichissaient et la pauvretĂ© se rĂ©pandait, Ă©tait acceptĂ©e par beaucoup plus de gens que ses propositions d'impĂ´t unique et de libre-Ă©change ; et le premier effet de son Ĺ“uvre a Ă©tĂ© « d'ouvrir les yeux de plusieurs Ă  l'idĂ©e que l'organisation Ă©conomique et sociale n'Ă©tait pas approuvĂ©e Ă  jamais par des lois divines et scientifiques qui dĂ©passent les capacitĂ©s humaines de les changer »[9].

Buste de Henry George par son fils Richard F. (vers 1897)

Parmi les protestants, les propositions de George étaient perçues par les conservateurs comme une menace à l'orthodoxie sociale et religieuse, mais les libéraux les jugeaient compatibles avec des réformes (modestes), et d'autres y trouvaient certaines réponses alors que leur théologie était critiquée pour son inaction[9]. George a ainsi donné naissance à un nouvel « évangile social, » illustré par deux romans des années 1890 qui racontent que, grâce à son influence, un jeune chrétien retrouve sa foi qui avait été minée par les problèmes sociaux non résolus et le rationalisme scientifique[73].

Le succès immĂ©diat et phĂ©nomĂ©nal de George avec Progrès et PauvretĂ© « ne s'explique pas, - d'après un historien de l'UniversitĂ© Harvard - par un intĂ©rĂŞt soudain des masses pour les thĂ©ories de salaires ou de la rente (de Ricardo), » mais par l'attrait profond d'une philosophie qui rĂ©solvait plusieurs des grands conflits dans la pensĂ©e amĂ©ricaine: rĂ©vĂ©lation Ă©vangĂ©lique vs loi naturelle des Lumières, dĂ©mocratie de Jefferson vs gouvernement du type de Hamilton[74], idĂ©al de la libertĂ© individuelle vs Ă©thique rĂ©publicaine de la responsabilitĂ© sociale ; et ce, « en dĂ©finissant un domaine de la propriĂ©tĂ© sociale qui pouvait fournir et protĂ©ger la sĂ©curitĂ© sociale sans violer les standards de la thĂ©orie libĂ©rale de la propriĂ©tĂ© »[75].

Le système « synthétique » de George a subi une baisse de popularité par la suite, et « son analyse du capitalisme était rarement discutée au XXe siècle ». Mais malgré les critiques dont il a été l'objet de la part des spécialistes, il a toujours conservé des admirateurs, y compris parmi une minorité d'économistes. Au cours du siècle dernier, avec le déclin de l'économie keynésienne (« l'anti-laisser-faire ») et l'avènement du libéralisme économique, la pensée de George a ensuite connu un certain regain d'intérêt (démontré par la réédition de Progrès et Pauvreté). Avec ses postulats de base que « les programmes sociaux ne sont pas plus assurés ou efficaces que le système fiscal qui les finance »[75], et que « le droit [au sol] ne peut pas être aliéné par une génération de manière à affecter le titre de la prochaine, »[11], l'œuvre de George semblait encore pertinente en termes d'économie ou de politique, ou avait du moins une importance historique réelle, et ce alors qu'elle était mise en rapport avec l'équité intergénérationnelle, et donc le développement durable.

Associations et institutions

L'œuvre de George a donné lieu à la création de nombreuses associations, d'abord dans les pays anglo-saxons, pour promouvoir, diffuser et étudier ses idées, dont le groupe Prosper[76] (dénommé jadis Tax Reform Australia, - éditeur du journal Progress depuis 1904) et ses organisations affiliées en Australie [77], et la Henry George Fundation en Grande-Bretagne[78] (1929, - éditeur du magazine Land & Liberty)[79]. Aux États-Unis les plus anciennes associations du type sont la Henry George Fundation of America (1924) - et son organisation parente, le Center for Study of Economics de Philadelphie, qui se consacrent spécifique à l'étude de la taxe sur la valeur du sol, - et la Robert Schalkenbach Fundation, fondée en 1925 (selon le testament du fondateur) pour éditer et diffuser les livres de George, ainsi que des écrits et recherches s'en inspirant[80].

École des Sciences Sociales Henry George à New York

Certaines de ces associations ont essaimé dans d'autres pays, comme le Lincoln Institute of Land Policy, destiné depuis 1946 au financement d'étude et de recherches sur les politiques et taxes sur le sol, qui a développé des programmes en Amérique du Sud et dans les Caraïbes[81], et le Henry George Institute (1971)[82] qui publie le Georgist Journal et donne des cours d'économie basée sur la pensée de George en anglais et en espagnol[83]. Et d'autres organisations internationales se réclament des idées de Henry George, dont la International Georgist Union (aussi appelée International Union for Land Value Taxation and Free Trade) basé en Grande-Bretagne [84] et le Earth Rights Institute, qui est notamment présent en Afrique, en Amérique du Sud et en Afrique[85]. - et de très nombreuses écoles ont été nommées en l'honneur d'Henry George (à Chicago, Los Angeles, etc.).

Le lieu de naissance de George à Philadelphie est devenu en 2005 un petit musée et un centre consacré à son œuvre et l'histoire de sa pensée : le Henry George Center and Birthplace[86]; et la Henry George School of Social Science, fondée en 1932 (New York) pour la promotion de la pensée de George et la justice socio-économique, a inauguré en 2013 un centre affilié de recherches historiques et d'archives[87]

Scrutins, libre-Ă©change, brevets et "taxes vertes"

La théorie de George est essentiellement restée un sujet d'études et de débats, - aucun gouvernement national n'a jamais remplacé toutes les taxes existantes par un impôt unique sur le sol. En revanche, plusieurs de ses idées secondaires, - sur les scrutins, le libre-échange et les brevets, - ont été appliquées concrètement.

1° George est responsable, au moins en partie, de l'introduction du vote à bulletin secret aux États-Unis (Massachusetts en 1888 ; et plus de la moitié des États américains dès 1891). Selon un historien américain de l'Université Harvard, il adopta l'idée de ce qui s'appelait alors le "vote australien" lors d'un voyage en Australie[88]. (Mais George affirmait que le caractère non secret des scrutins était associé à l'achat et la vente de votes dans les élections de diverses autorités gouvernementales aux États-Unis ; ce qu'il n'avait apparemment pas pu voir en Australie.) Aujourd'hui, le vote secret est pratiquement universel, et il est courant dans les pays démocratiques que les gouvernements assument les frais de scrutins.

2° Les arguments de George pour le libre-échange, et contre le protectionnisme, ont pu se perpétuer à travers les débats qui ont accompagné la formation de zones de plus en plus étendues d'accords internationaux pour abolir les tarifs douaniers (Communauté européenne, ALENA, Partenariat transpacifique, etc.).

3° Le principe du rejet des brevets par George est aujourd'hui repris, sur une base volontaire, dans la création de produits comme les logiciels open source.

Le système de George se voulant absolu et intĂ©gral (impĂ´t unique et abolition de toute autre taxe), il peut sembler contradictoire de le relier Ă  l'introduction de divers impĂ´ts ; mais l'origine des « taxes vertes, » (imposer l'extraction des ressources non renouvelables et la pollution des sites) remonterait ultimement Ă  l'idĂ©e de George d'une taxe sur le sol dans la mesure oĂą elles s'accompagnent d'une diminution des taxes sur le travail[89]. - La pensĂ©e de George s'est prĂŞtĂ©e Ă  des rĂ©flexions dans le domaine environnemental parce que la notion de rente pouvait s'appliquer non seulement au sol mais Ă©galement aux « autres ressources naturelles »[90] (mines, eaux, pĂŞches, forĂŞts), ainsi qu'Ă  la pollution, celle-ci Ă©tant alors considĂ©rĂ©e comme une rente nĂ©gative. Par exemple, une taxe sur les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre a Ă©tĂ© discutĂ©e comme le prix d'un loyer pour l'usage d'un bien collectif, l'air. (RÉF Ă  venir).

Le Théorème d'Henry George en économie urbaine

Dans les années 1930 à 50, Gilbert Tucker a écrit quatre livres sur la philosophie de George, dont The Self-supporting city ("La ville auto-suffisante", 1946), dans lequel il explorait, de manière non mathématique, la proposition selon laquelle la « totalité des loyers taxables générés dans une ville est proportionnelle aux besoins de la communauté pour ses services »[91]. Cette idée a été développée de manière formelle par Serck-Hanssen (1969)[92], Flatters et al., (1974)[93] et les Nobels d'économie William Vickrey (1977, La ville en tant que firme)[94] et Joseph Stiglitz (1977, Théorie des biens publics locaux)[95], dans ce qu'on a appelé le théorème d'Henry George :

« quel que soit le niveau des dĂ©penses publiques dans une ville, la rente foncière (...) est Ă©gale aux dĂ©penses publiques si la taille de la population [maximise] le niveau d’utilitĂ© [pour les] rĂ©sidents » ;
« la valeur du sol dans une ville est fonction des investissements dans les infrastructures »[96] ; et « le coĂ»t des biens fourni par une administration publique urbaine Ă©gale, pour une "population idĂ©ale", la rente foncière totale »[97].

En termes mathématiques simplifiés :

la fonction d'utilitĂ© de l'agent reprĂ©sentif est U(G,X), oĂą G est un bien commun, et X un bien privĂ© ;
le rĂ©sultat Y est une fonction de N travailleurs : Y= f(N)= XN + G, donc X= (f(N) – G) / N.

Le salaire est le "produit marginal du travail" : δf / δN= X= f'(N), donc X= (f(N) – G) / N= f'(N)

G= f(N) – Nf'(N)
Avec la terre et le travail facteurs comme ultimes et originaux de production,
la rente est la différence entre le produit Y et le total des salaires,
R= f(N) – Nf'(N),

donc R=G[98]

Un analogue de ce théorème a été développé en macroéconomie en 2013, avec une « accumulation optimale de capital » à la place du facteur « population », amenant les auteurs à conclure que, comme les résultats sont « robustes » et les loyers sur le sol sont plus petits que les dépenses publiques dans les pays de l'OCDE, c'est « une méthode vraisemblable de financement public »[99]. Le « théorème est accepté en finances publiques [et urbanisme] mais il n'est pas appliqué, »[100] comme l'ont expliqué les économistes de la ville de Montréal (Canada): « l'analyse de l'imposition du sol élaborée [au] XIXe siècle est encore [estimée], » mais « marginale dans la littérature des 40 dernières années, » et supportée par « une minorité de spécialistes, » parce que 1) « l'évaluation et l'imposition du sol se sont avérées difficiles, » et 2) il y a « depuis les années 1970 » des « perceptions moins négatives de la taxe sur les améliorations, » avec A) la taxe sur le capital » (« la taxe foncière est une taxe sur le capital ») et B) la « taxe sur les avantages » (« la taxe foncière est un impôt à l'utilisateur »)[101]. - En fait, l'évaluation des biens fonciers (sol et constructions) est courante[41], mais les administrateurs trouvent l'application de la taxe sur le sol « politiquement difficile »[102] et plus commode de parler de « coûts pour des services rendus » que de captation de la « plus-value non gagnée », avec ce que cela implique en termes économiques et politiques. « L'école classique d'économie a été déclarée obsolète », disait George[103] - dont la notion du sol rappelle celle de l'ONU : « le sol ne peut pas être considéré comme un bien ordinaire, à cause de sa nature unique et son rôle vital »[104]. Le théorème peut se décliner sous les aspects partiels de 1) fiscalité, 2) inégalité et 3) développement :

1) rente pour combler le revenu fiscal. Ă€ la suite des travaux de Smith, Mill, Ricardo et George, la rente a Ă©tĂ© admise comme une source pertinente de revenu fiscal, et ce d'autant plus que le dĂ©veloppement des infrastructures (transport, rĂ©seau d'aqueduc, terrains de sports, etc.) fait monter la valeur des propriĂ©tĂ©s, comme en ont tĂ©moignĂ© 40 Ă©conomistes (dont James Tobin, Franco Modigliani et Robert Solow) dans une lettre Ă  MikhaĂŻl Gorbatchev en 1990: « la composante de la valeur du sol que suscitent la croissance de la communautĂ© et la fourniture de services est la source de revenu la plus raisonnable » ; et « un système public devrait viser Ă  recueillir la plus grande part possible de la rente foncière »[101] (ces spĂ©cialistes formant la « minoritĂ© » citĂ©e ci-dessus). Selon William Vickrey, « le coĂ»t des infrastructures publiques peut ĂŞtre faible ou nul [pour] la collectivitĂ© en exploitant la hausse de la valeur du terrain gĂ©nĂ©rĂ©e par les infrastructures »[105] ;

2) rente pour compenser les inĂ©galitĂ©s crĂ©Ă©es. Le dĂ©veloppement des infrastructures publiques fait augmenter la valeur des propriĂ©tĂ©s foncières, ce qui contribue Ă  accroĂ®tre les inĂ©galitĂ©s Ă©conomiques. Les explications de George sur ce sujet ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© prises en considĂ©ration par des gouvernements. Ainsi, une loi anglaise de 1932, le Town and Country Planning Act, reconnaissait le principe de prĂ©lever un pourcentage des avantages confĂ©rĂ©s aux proprĂ©taires fonciers par les dĂ©cisions de planification publique pour compenser ceux qui en subissaient des dĂ©savantages ; cette loi a servi de modèle en Australie après la Deuxième Guerre mondiale : dans les deux cas, l'admissibilitĂ© aux compensations est devenue par la suite très restrictive[106] ;

3) rente pour favoriser le dĂ©veloppement. La taxe sur le sol favorise les amĂ©liorations, en diminuant les « pĂ©nalitĂ©s » qui leur sont associĂ©es. Quelques villes ont appliquĂ© ce système en Pennsylvanie, Australie et Afrique du Sud. La ville de Pittsburgh a connu une augmentation remarquable de construction de bâtiments après avoir mis cinq fois plus d'impĂ´t sur le sol que sur les structures[107]. Selon Paul Krugman, « les modèles actuels en Ă©conomie urbaine suggèrent qu'une taxation "georgiste" serait vraiment une bonne approche au moins pour financer la croissance d'une ville »[108]. Le maire de la ville de New York Ă©lu en 2013, Bill de Blasio, a exprimĂ© la volontĂ© de remĂ©dier au dĂ©labrement dans le Bronx et d'autres quartiers en taxant les lots vacants d'après leur valeur[109].

Fin du XIXe - milieu du XXe siècle

L'Anglais John Ruskin disait que le système de loyers en vigueur Ă©tait une « mĂ©chancetĂ© des plus ignobles, » et que le futur de l'Angleterre et de l'Occident doit rĂ©sulter en son abolition[110]. - Winston Churchill dira plus tard, dĂ©daigneusement, qu'un « propriĂ©taire foncier ne contribue en rien au processus dont il tire son propre enrichissement »[109]. - Ruskin avait exprimĂ© des idĂ©es Ă  caractère moral et philosophique tout Ă  fait similaires Ă  celles de George dans son livre Unto this last (vers 1860), que Mohandas K. Gandhi a paraphrasĂ© en 1910, - ces trois auteurs considĂ©raient que la loi morale et l'Ă©galitĂ© des droits de tous devaient ĂŞtre au cĹ“ur de l'Ă©conomie ; « La compĂ©tition [pour obtenir un poste] permettra seulement Ă  l’acheteur d’obtenir un service injustement bon marchĂ©, et le riche deviendra plus riche et le pauvre plus pauvre, » etc.[111]

Stewart Headlam, fondateur de la Guilde de St-Matthieu (1877) et par le fait même pionnier du « socialisme chrétien » en Angleterre, se basait sur la condamnation des monopoles sur le sol et l'impôt unique de H. George[112]. En fait, de manière tout à fait contraire à l'intention de George, une partie de ses lecteurs se sont tournés vers le socialisme et le marxisme, comme George Bernard Shaw »[113] ou au Canada[114]. À la fin du XIXe siècle, Léon Tolstoï déplorait qu’on avait fait le silence autour de Henry George, car il considérait son projet comme raisonnable et réaliste, au contraire des idées des révolutionnaires et du socialisme[115]; une immense contribution dans le progrès de la conscience de l’humanité, placé sur un terrain concret[116], avec plusieurs avantages [117] et capable d’éliminer une des causes de ce que lui-même appelait L’esclavage contemporain[118].

Planche du Landlord's Game® ~1906 ("jeu du propriétaire"), de Magie. (Image courtoisie de T. Forsyth, - Voir )

En 1902, Elizabeth Magie a inventĂ© le jeu The Landlord's Game®[119] qui a servi plus tard de modèle pour celui de Monopoly (1935), en guise de « dĂ©monstration pratique du système actuel d'accaparement des terres avec tous ses rĂ©sultats et consĂ©quences Â»[120]. Au dĂ©but du vingtième siècle, le politicien et mĂ©decin chinois Sun Yat-Sen et l'amĂ©ricain John Dewey admiraient Ă©normĂ©ment les idĂ©es de George[121]. Le premier maire de Vancouver, Louis Denison Taylor, surnommĂ© "Single-Tax", a exclu de taxes foncières les bâtiments en 1910, mais les Conseils suivant ont abandonnĂ© la mesure, et s'il a subi l'influence rĂ©elle de George concernant la « justice sociale » dans ses huit mandats sur 25 ans[122], « ce ne fut jamais vraiment un exemple d'impĂ´t unique »[123]. Friedrich Hayek dit que c'est l'enthousiasme populaire pour Henry George qui l'a amenĂ© en Ă©conomie[108]. (Après 1932) Aldous Huxley a dĂ©clarĂ© que s'il « devait rĂ©Ă©crire Le Meilleur des mondes, il prĂ©senterait une troisième alternative : la possibilitĂ© du bon sens ; l'Ă©conomie serait dĂ©centralisĂ©e et inspirĂ©e d'Henry George »[89]

« Au cours du vingtième siècle, dit l'historien Mark Blaug, les Ă©conomistes ont de plus en plus suivi l'idĂ©e de John Bates Clark et Frank Fetter que, la terre n'Ă©tant pas un facteur distinct de production, une thĂ©orie sur le loyer du sol est inutile ; cette notion est Ă  la base de toutes les critiques du système de George par les Ă©conomistes contemporains, et la raison fondamentale pourquoi [ils] l'ignorent de plus en plus Â»[124]. - En fait, c'est la conception mĂŞme de George sur la rente qui a amenĂ© Bates Clark Ă  discuter des "salaires comme productivitĂ© marginale du travail"[125].

Certains auteurs ont reliĂ© ces dĂ©veloppements Ă  une espèce de « conspiration, »[67] Mason Gaffney, professeur d'Ă©conomie Ă  l'UniversitĂ© de Californie Ă  Riverside, s'est intĂ©ressĂ© Ă  la thĂ©orie de George dès le dĂ©but de sa carrière dans les annĂ©es 1950, et « l'a enseignĂ©e depuis Ă  des gĂ©nĂ©rations d'Ă©conomistes et d'urbanistes »[126] ; il a soutenu que l'Ă©cole nĂ©oclassique a Ă©tĂ© « Ă©laborĂ©e et promue par les propriĂ©taires fonciers et leurs Ă©conomistes, » et qu'elle a regroupĂ© deux des trois facteurs de production, - terre et capital, « afin de dĂ©tourner l'attention de la philosophie extrĂŞmement populaire de George » selon laquelle la valeur du sol, plutĂ´t que le travail et le capital, devrait fournir la base fiscale pour financer le gouvernement et ses dĂ©penses[127]. - Une opinion partagĂ©e par une association « georgiste Â» (Arden Georgist Gild)  selon qui les dons Ă  des universitĂ©s par J.P. Morgan, Ezra Cornell, Leland Stanford et John D. Rockefeller se traduisaient par le congĂ©diement des professeurs d'Ă©conomie qui Ă©taient associĂ©s avec les idĂ©es de George[128]. - ce qui est Ă©videmment très plausible Ă  l'Ă©poque du Maccarthysme parce que George avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© associĂ© au socialisme.

Milieu du XXe siècle à aujourd'hui

Dans les annĂ©es 1930 Ă  50, Frank Lloyd Wright dĂ©fendait les idĂ©es « jamais rĂ©futĂ©es » de George « contre les Ă©conomistes acadĂ©miques » ; bien qu'il rejetât l'idĂ©e d'impĂ´t unique, il avait retenu de lui que le capital et le travail ne sont pas en conflit, ce qui lui a permis d'envisager que sa planification de communautĂ©s urbaines pouvait amener « l'harmonie sociale, » - d'après George il suffisait de bonnes lois Ă©conomiques pour obtenir « un schĂ©ma plus rationnel d'utilisation des terres et le dĂ©veloppement communautaire »[129].

Martin Luther King Jr., - Nobel de la paix en 1964 – disait que le « dĂ©veloppement Ă©conomique n'Ă©limine pas la pauvretĂ© Â», et qu'après avoir maitrisĂ© la production « il faut porter attention Ă  la distribution de la richesse, Â» afin que les « non-producteurs » (pauvres, noirs, personnes âgĂ©es ou handicapĂ©es) puissent « imaginer de nouvelles formes de travail qui amĂ©liorent le bien-ĂŞtre social, Â» en vertu du phĂ©nomène « anticipĂ© par Henry George » : « le travail qui amĂ©liore la condition de l'humanitĂ©, Ă©tend les connaissances, accroit la puissance, enrichit la littĂ©rature et Ă©lève la pensĂ©e, n'est pas rĂ©alisĂ© pour s'assurer un revenu. Dans un Ă©tat de sociĂ©tĂ© oĂą le besoin est aboli, le travail de ce genre serait Ă©normĂ©ment accru Â»[130].

Milton Friedman, « prix Nobel » d’économie en 1977, disait que la taxe sur le sol (land tax) Ă©tait la moins mauvaise des taxes[109], car Ă  la diffĂ©rence des autres impĂ´ts elle n’affecte pas le prix des biens de consommation[131]. Joseph E. Stiglitz - Nobel d'Ă©conomie 2001 - dit que « le principe de Henry George de taxer la valeur du sol, et plus gĂ©nĂ©ralement les ressources naturelles, est l'une des idĂ©es les plus importantes et sous-estimĂ©es en Ă©conomie »[132] ; il soutenait que cela constituait la clĂ© d'une Ă©conomie plus Ă©quitable, plutĂ´t que les taxes sur les revenus et les capitaux[109].

Selon Angus Deaton, Nobel d'Ă©conomie en 2015, une part importante de l’industrie des soins de santĂ© aux États-Unis consiste en « recherche de rente » et ne profite qu'Ă  « un petit groupe, uni » ; et « ce qui est le plus prĂ©occupant Ă  propos des Ă©carts de revenus, c’est qu'ils peuvent se transformer en inĂ©galitĂ©s politiques »[133]. George avait exprimĂ© cette prĂ©occupation, avec un sentiment d'urgence Ă  cause de son caractère non seulement "possible" mais inĂ©luctable: « l'Ă©galitĂ© politique coexistant avec une tendance plus puissante Ă  la distribution inĂ©gale de la richesse doit finir par engendrer le despotisme, soit d'une tyrannie organisĂ©e, soit de l'anarchie, » dit-il[134].

En 1998 Riccardo Petrella a proposé un « contrat mondial » suivant lequel l’eau serait déclarée « bien commun, » afin d'en empêcher la marchandisation, parce que « les coûts de l’eau » (utilisation, conservation/protection) sont « multiples, » de « différents ordres », à la fois « interdépendants » et « non substituables », et qu'on « ne saurait remplacer une catégorie de coûts par une autre »[135]; Petrella ne cite apparemment pas George, qui avait cependant soutenu de manière remarquablement similaire, dans le cas du sol, que « la possibilité d’échanger les richesses entre elles implique nécessairement une répartition entre toutes les espèces de richesses, avec un avantage quelconque provenant d’une espèce quelconque »[136].

L’idée d’une taxe sur la terre est promue par l’économiste américain Nicolaus Tideman et l’activiste Alanna Harzok. Les écologistes supportent fréquemment l'idée que la terre devrait être considérée comme une propriété commune, et que les pollueurs doivent encourir des amendes et des taxes pour la dégradation de l'environnement. Une taxe sur la valeur des terrains et la pollution a été proposée par Ralph Nader durant l’élection présidentielle américaine de 2004.(RÉFS?)

Herbert Simon et David Lloyd George ont fait l'éloge des idées de Henry George.(RÉFS?)

Critiques des idées de George

L’économiste autrichien Eugen von Böhm-Bawerk (de l'« École autrichienne ») est en désaccord avec les explications de George à propos de l'exemple de Bastiat: « [on ne peut pas] soutenir sa distinction des branches de productions en deux classes, la force vitale de la nature qui fonctionne en harmonie avec le travail dans un cas et pas dans l'autre, parce que la coopération de la nature est universelle et que la personne utilisant le rabot est assistée par les propriétés naturelles du fer... » - (Apparemment, selon Böhm-Bawerk, "force vitale" inclurait "propriétés du fer", mais la citation n'est pas claire par rapport au sujet, l'accroissement du capital et le "cercle des échanges".)

Notes et références

  1. George, Henry. The writings of Henry George (vol. 3) ; Social Problems, chap. XIX, The First great reform. New York : Doubleday and McClure Company, 1898, p. 213.
  2. George, Henry Jr. The life of Henry George. 1st Period ; Birth and early training (1839-1855). New York : Doubleday, Page & co., 1904, p. 1-18.
  3. Skousen, Mark. The making of modern economics ; The lives and ideas of great thinkers. Blackstone Audio Inc. Ed., 2009, p. 229.
  4. George, Henry Jr. The life of Henry George. 1st Period ; Birth and early training (1839-1855). New York : Doubleday, Page & co., 1904, p. 149.
  5. George, Henry. Bribery in Elections. The Overland Monthly, vol. 7, No. 6, décembre 1871, p. 497-504.
  6. George, Henry. The Science of Political Economy. Toronto ; Morang, 1898, p. 201.
  7. George, Henry. Progrès et pauvretĂ© ; EnquĂŞte sur la cause des crises industrielles et de l’accroissement de la misère au milieu de l’accroissement de la richesse ; Le remède ; (pp. I-III) Henry George, sa vie, son Ĺ“uvre, sa mort (trad. P.-L. Lemonnier). Bruxelles/Paris ; Ligue pour la rĂ©forme foncière, 1925.
  8. George, Henry. Progrès et pauvretĂ© ; PrĂ©face. Bruxelles/Paris ; Ligue pour la rĂ©forme foncière, 1925, p. xi.
  9. Cook, Ramsay. Henry George and the poverty of Canadian progress. Historical Papaers / Communications Historiques, vol. 12, No 1, 1977, p. 142-156.
  10. George, Henry. Progrès et pauvretĂ©; (pp. I-III) Henry George, sa vie, son Ĺ“uvre, sa mort. Bruxelles/Paris ; Ligue pour la rĂ©forme foncière, 1925.
  11. George, Henry. In The Encyclopaedia Britannica, New York (11e Ed.) vol xi, pp. 747-748, 1910.
  12. Henry George In The virtual museum of the city of San Francisco
  13. George. Henry. The Standard
  14. George, Henry. The Case of Dr McGlynn (29 septembre 1886) ; Henry A. Hartt. The Archbishop: His position Insulting to the Dignity of the Republic ; (Letter of) Edward McGlynn. The Standard, vol. 1, 8 janvier 1887.  ; No Politics from Rome. The Standard, vol. 1, 22 janvier 1887
  15. George, Henry Jr. The life of Henry George, 3rd Period, chap. xiv: The last campaign. New York : Doubleday, Page & co., 1904, p. 584-611. https://archive.org/details/completeworksofh10georiala]
  16. George, Henry. Progrès et pauvretĂ© ; Henry George, sa vie, son Ĺ“uvre, sa mort. Bruxelles/Paris ; Ligue pour la rĂ©forme foncière, 1925, pp. I-III.
  17. source
  18. George, Henry. The Science of Political Economy. Book II, The Nature of Wealth ; chap. viii: Breakdown of scholastic political economy, showing the reason, the reception and the effect on political economy of "Progress and Poverty". Toronto ; Morang, 1898, p. 199-205.
  19. George, Henry Jr.. The life of Henry George. New York : Doubleday, Page & co., 1904, pp. 634 1839-1879, et 1879-1897.
  20. Taxation In The Encyclopaedia Britannica, New York (11e Ed.) vol xxvi, p. 462, 1911.
  21. Ricardo, David In The Encyclopaedia Britannica, New York (11e Ed.) vol xxiii, p. 286-287, 1911.
  22. George, Henry. Progrès et pauvretĂ©. Bruxelles/Paris ; Ligue pour la rĂ©forme foncière, 1925, p. 126.
  23. George, Henry. Progrès et pauvretĂ©. Bruxelles/Paris ; Ligue pour la rĂ©forme foncière, 1925, p. 150-151.
  24. George, Henry. Progrès et pauvretĂ©. Bruxelles/Paris ; Ligue pour la rĂ©forme foncière, 1925, p. 143 et 256.
  25. H. George. How to help the unemployed. The North American Review, vol. 158, No. 447, février 1894
  26. George, Henry. Progrès et pauvretĂ©. Bruxelles/Paris ; Ligue pour la rĂ©forme foncière, 1925, p. 305.
  27. George, Henry. Progrès et pauvretĂ©. Bruxelles/Paris ; Ligue pour la rĂ©forme foncière, 1925, p. 405.
  28. George, Henry. Progrès et pauvretĂ©. Bruxelles/Paris ; Ligue pour la rĂ©forme foncière, 1925, p. 274.
  29. NOTE: Le terme « wages slavery », - ou « waged slavery » - qui se traduit par « esclavage salariĂ©, » a Ă©tĂ© utilisĂ© par William West dans une lettre datĂ©e du 5 avril 1847 qui a Ă©tĂ© publiĂ©e dans le journal The Liberator (William Lloyd Garrison Ă©diteur) le 23 avril 1847 ; West affirme que la source de l'esclavage est le « commerce et le monopole du sol, » et que sans accès au sol les esclaves libĂ©rĂ©s seront rĂ©duits Ă  une autre forme d'esclavage, causant tout autant la ruine morale des familles, parce que les femmes actuellement violĂ©es seront alors « sĂ©duites », et pratiquement rĂ©duites Ă  la prostitution. William West. Wages Slavery and chattel slavery (Letter to W. L. Garrison) . The Liberator, Vol. XVVI, No. 17 (23 April 1847), p. 1. - La notion de "l'esclavage salariĂ©" a Ă©tĂ© discutĂ©e pendant quelques annĂ©es Ă  partir de 1842 ou 1843 environ, par rapport Ă  l'esclavage comme tel, dans les pages du Liberator. Henry Mayer. All on fire; William Lloyd Garrison and the abolition of slavery. New York; W. W. Norton & Company, 1998, p. 323.
  30. Smith, Adam. La richesse des nations. Livre 1, chap. iv.
  31. Le terme « désirabilité » a été introduit dans le lexique de l'économie par Charles Gide en 1883 (Popescu, Oreste. Studies in the history of Latin American economic thought. Routledge Ed., 1997, p. 278., - Notons que Thomas d'Aquin avait une « théorie subjective de la valeur »)
  32. George, Henry. The Science of Political Economy. Book II, chap. x ; Value in use and value in exchange. Toronto ; Morang, 1898, p. 214-225.
  33. George, Henry. Progrès et pauvreté. Livre I, chap. II, La Signification des termes. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 36-37, 43.
  34. George, Henry. Progrès et pauvreté. Livre I, chap. II, La Signification des termes. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 34-35.
  35. George, Henry. Progrès et pauvreté. Livre I, chap. II, La Signification des termes. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 37, 42, 32 et 40.
  36. George, Henry. Progrès et pauvreté. Livre I, chap. V, Les fonctions réelles du capital. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 73.
  37. George, Henry. Progrès et pauvreté. Livre I, chap. II, La Signification des termes. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 33.
  38. Dangeville, Roger. Karl Marx et Friedrich Engels (1875): Critique de Malthus.
  39. George, Henry. Progrès et pauvreté. Livre 1, chap. 1, La théorie courant des salaires - Son insuffisance; chap. 3, Les salaires ne sont pas tirés du capital mais sont produits par le travail. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 13-25 et 44-64.
  40. George, Henry. Progrès et pauvreté, Livre III, Les lois de la distribution, . Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 141-204
  41. Foldvary, Fred E.. Geo-rent: A plea to public economists. Econ. Journal Watch, vol. 1, no. 2, 2005, p. 114
  42. Fondements théoriques de la captation de la valeur foncière (Annexe 1) In Mémoire de la Communauté métropolitaine de Montréal dans le cadre de la consultation du gouvernement du Québec sur la Politique québécoise de mobilité durable. Juin 2013, p. 34.
  43. Fondements théoriques de la captation de la valeur foncière (Annexe 1) In Mémoire de la Communauté métropolitaine de Montréal dans le cadre de la consultation du gouvernement du Québec sur la Politique québécoise de mobilité durable. Juin 2013, p. 35.
  44. George, Henry. Progrès et pauvreté. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 276-303.
  45. George, Henry. The writings of Henry George; Vol. 3, Social Problems. New York; Doubleday and McClure Company, 1896, p. 82-83.
  46. George, Henry. Progrès et pauvreté; Livre X, Les Effets du remède. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 410-411.
  47. George, Henry. Ce qu'est l'impôt unique et pourquoi nous le revendiquons, cité par Léon Tolstoï In Le projet d'Henry George.
  48. Tolstoï, Léon. Lettre sur le projet d'Henry George (écrite à un paysan vivant en Sibérie)
  49. George, Henry. The Writings of Henry George ; vol. 3, Social Problems; chap. XVII, The Functions of Governement. New York; Doubleday and McClure Company, 1898, p. 171-194.
  50. George, Henry. Progrès et pauvreté; Livre X, Les Effets du remède. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 400-402, 415 et 405.
  51. George, Henry. The Writings of Henry George; vol. 3, Social Problems; chap. XIX, The First great reform. New York; Doubleday and McClure Company, 1898, p. 211.
  52. George, Henry. Progrès et pauvretĂ© ; Livre X, Les Effets du remède; I. Les Effets sur la production de la richesse; II, Les Effets sur la distribution et sur la production; III, L'Effet sur les individus et sur les classes; IV, Des Changements qui surviendraient dans l'organisation de la vie sociale. Bruxelles/Paris; Ligue pour la rĂ©forme foncière, 1925, p. 398-419.
  53. George, Henry. Progrès et pauvreté; Livre X, Les Effets du remède. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 418 et 399.
  54. George, Henry. The Writings of Henry George; vol. 3, Social Problems; chap. XIX, The First great reform. New York; Doubleday and McClure Company, 1898, p. 211.
  55. George, Henry. Progrès et pauvreté; Livre X, Les Effets du remède; IV, Des Changements qui surviendraient dans l'organisation de la vie sociale. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 417 et 419.
  56. George, Henry. Progrès et pauvreté; Livre X, Les Effets du remède; IV, Des Changements qui surviendraient dans l'organisation de la vie sociale. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 424-425, 427, 431.
  57. George, Henry Jr. The life of Henry George, 3rd Period, chap. xiv: The last campaign. New York : Doubleday, Page & co., 1904, p. 593. https://archive.org/details/completeworksofh10georiala]
  58. George, Henry. The Standard, June 23, 1888; Voir S. Kinsella. Henry George on Intellectual Property and Copyright. Oct. 25, 2015
  59. George, Henry. Progrès et pauvreté. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 417 et 420.
  60. George, Henry. To Workingmen. The Standard, juin 1888
  61. George, Henry. Progrès et pauvretĂ©, Livre III, chap. III: De l’intĂ©rĂŞt et de la cause de l'intĂ©rĂŞt. Bruxelles/Paris ; Ligue pour la rĂ©forme foncière, 1925, p. 160-174.
  62. George, Henry. Progrès et pauvretĂ©, Livre III, chap. IV. Le faux capital et les profits confondus avec l'intĂ©rĂŞt. Bruxelles/Paris ; Ligue pour la rĂ©forme foncière, 1925, p. 175-181
  63. George, Henry. Money in Elections. The North American Review, mars 1883, p. 204-207.
  64. George, Henry. Bribery in Elections. The Overland Monthly, décembre 1871, p. 497.
  65. George, Henry. Money in Elections. The North American Review, mars 1883, p. 204.
  66. George, Henry. Money in Elections. The North American Review, mars 1883, p. 211.
  67. Skousen, Mark. The making of modern economics ; The lives and ideas of great thinkers. Blackstone Audio Inc. Ed., 2009, p. 233.
  68. Marx, Karl. Letter to Friedrich Adolph Sorge in Hoboken
  69. Jump up ^ Henry George's Thought
  70. George, Henry. The Science of Political Economy. Toronto ; Morang, 1898, p. 197-199.
  71. George, Henry. The Science of Political Economy. Toronto; Morang, 1898, p. 206-210.
  72. MacKenzie, N. et MacKenzie, J.. The Fabians. New York; Simon & Schuster, 1977, p. 39
  73. Ces deux romans, Roland Graeme : Knight par Agnes Maude Machar (Toronto, 1892) et The preparation of Ryerson Embury par Albert R. Carman (Toronto, 1900), sont discutés par Mary Vipond dans Blessed are the peacemakers : The labour question in Canadian social Gospel fiction. The Journal of Canadian studies. X, 3, 1975, p. 32-44.
  74. Pour des explications sur cette différence: Jefferson / Hamilton viewpoints.
  75. Yanosky, Ronald (Dep. History, Harvard University) How Henry George made history. 16th Georgist Conference, Ottawa (Canada), 12 Oct., 1996.
  76. Prosper Australia (début du 20e siècle)
  77. Laurent, John (ed.). Henry George's legacy in economic thought. p. 250.
  78. The Henry George Fundation. Grande-Breatagne (Londre), - depuis 1929.
  79. Land & Liberty Magazine
  80. Robert Schalkenbach Fundation. (depuis 1925)
  81. Lincoln Institute of Land Policy
  82. The Henry George Institute (depuis 1971)
  83. The Henry George Institute. Understanding Economics. [http://www.henrygeorge.org/bearings.htm
  84. International Georgist Union (International Union for Land Value Taxation and Free Trade) et le Council of Georgist Organisations aux États-Unis<¨ref>Council of Georgist Organisations.
  85. Earth Rights Institute
  86. Cantosta, Nicole. Scholars discuss Henry George’s legacy at birthplace re-opening. Philadelphia Free Press, 13 mai 2015.
  87. The Henry George School of Social Sciences (depuis 1932)
  88. Lepore, Jill. Forget 9-9-9. Here’s a Simple Plan: 1. The New York Times, Oct. 2011.
  89. Flomenhoft, Gary. A Plan for green taxes and common assets in the State of Vermont. 13 juin 2006, p. 1-4.
  90. Interview de Joseph Stiglitz par C. Williams. Oct. 2002
  91. Batt, H. William. Albany's Gilbert Tucker and The Self-Supporting City. GroundSwell, July-August 2010.
  92. Serck-Hanssen, J.. The Optimal number of factories in a spatial market In (H. Bos Ed.)Towards balanced international growth Amsterdam: North-Holland, p. 269-282, 1969.
  93. Flatters, F., Henderson, V., Mieszkowski, P.. Public goods, efficiency, and regional fiscal equalization. Journal of Public Economics. 3, p. 99-112, 1974.
  94. Arnott, R.. William Vickrey contributions to public policies
  95. Stiglitz, Joseph E.. The Theory of local public goods. Stanford University, 1977.
  96. Anonyme. How much rent is there ? The "Henry George Theorem".
  97. Fujita M. et Thisse J.-F. Économie des villes et de la localisation. De Boeck Supérieur, 2003, p. 560
  98. Foldvary, Fred E.. Geo-rent: A plea to public economists. Econ. Journal Watch, vol. 1, no. 2, 2005, p. 115
  99. Mattauch, Linus, Siegmeier, J., Edenhofer, O., Creutzig, F.. Financing public capital through land rent taxation: A Macroeconomic Henry George Theorem. CESifo (Center for Economic Studies and IFO Institute) Working Paper, 2013, No. 4280.
  100. Foldvary, Fred E.. Geo-rent: a plea to public economists. Econ. Journal Watch, vol 2, no. 1, 2005, p. 106-132
  101. Fondements théoriques de la captation de la valeur foncière (Annexe 1) In Mémoire de la Communauté métropolitaine de Montréal dans le cadre de la consultation du gouvernement du Québec sur la Politique québécoise de mobilité durable. Juin 2013, p. 36-38
  102. Richard M. Bird, richard M. & Slack, Enid. Land and Property Taxation: A Review. Mar. 2002.
  103. George, Henry. The Science of Political Economy. Book II, The Nature of Wealth; chap. viii: Breakdown of scholastic political economy, showing the reason, the reception and the effect on political economy of "Progress and Poverty". Toronto; Morang, 1898, p. 199-205
  104. United Nations Conference on Human Settlements. The Vancouver Action Plan. D. Land. 11 juin 1976
  105. Vickrey, W. S., The City as a Firm In The Economics of public services. London: Macmillanm, 1997.
  106. Laurent, John (ed.). Henry George's legacy in economic thought. Grande-Bretagne; Edward Elgar, 2005, p. 250.
  107. Oates, W. E. & Svchwab, R. M.. The impact of urban land taxation: The Pittsburgh experience. Narional Tax Journal, vol. L, no, 1, pp. 1-21, 1997.
  108. Colby, Cosh. Did 2010's man of the yeay died in 1897 ? Maclean's Magazine, Oct. 21, 2010
  109. E. S.. Land-value tax; Why Henry George had a point. Free Exchange Economics/The Economist, April 1st 2015.
  110. Ruskin, John. Letter from Ruskin (11 décembre 1886). The Standard, vol. I, 29 janvier 1887.
  111. Gandhi. Unto this last ; une paraphrase.;
  112. Thompson, Noel. Political economy and the Labour Party: The economics of démocratic socialism (1884-2005). Routlegde Ed., 2006, p. 54-55.
  113. Skousen, Mark. The making of modern economics ; The lives and ideas of great thinkers. Blackstone Audio Inc. Ed., 2009, p. 234
  114. Cook, Ramsay. Henry George and the poverty of Canadian progress. Historical Papaers / Communications Historiques, vol. 12, No 1, 1977, p. 153.
  115. Tolstoï, Léon. Où est l'issue ? In Les rayons de l'aube. (trad. J.-W. Bienstock), Paris P.-V. Stock Éditeur, p. 393-411 1899 - Voir également l'essai de Tolstoï intitulé Aux Travailleurs!
  116. TolstoĂŻ, LĂ©on. Lettre sur Henri George I
  117. TolstoĂŻ, LĂ©on. Lettre sur Henri George II
  118. Tolstoï, Léon. L’esclavage de notre temps, 1900
  119. The Landlord's Game® est une marque de commerce enregistrée au nom de Thomas Forsyth. Communication personnelle de M. Forsyth au contributeur le 19 nov. 2015.
  120. The Lanlord's Game. An interesting invention of a young lady in Washington by which children at their play may be taught the true laws of economics. The Single Tax Review, (Autumn) 1902. - pour informations additionnelles, voir : Doll, Jane. An Anti-Capitalist woman invented Monopoly and a man got all the credit ; The surprising origins of a beloved board game New Republic, 6 Feb, 2011.
  121. Skousen, Mark. The making of modern economics ; The lives and ideas of great thinkers. Blackstone Audio Inc. Ed., 2009, p. 230-231.
  122. Rawson, Mary. Eight times Mayor of Vancouver "Single Tax" Taylor: Louis Denison Taylor 1857-1946. BC Historical News. Vol. 34, No. 1 (Winter 2000/2001), p. 22-26.
  123. Nixon, Garry B.. Canada - economic aspects of the country's land use. The American Journal of Economics and Sociology Vol. 59, No. 5, Dec. 2000.
  124. Blaug, Mark. Henry George: Rebel with a Cause. European Journal of the History of Economic Thought, Vol. 7, No. 2, 2000, p. 270-288, citĂ© In Critics of Henry George ; An appraisal of their stricture on Progress and Poverty. The American Journal of Economics and Sociology (suppl., - R. V. Hendelson ed.), 2004, p. 526.
  125. Stabile, Donald R.. Henry George's Influence on John Bates Clark: The concept of rent was pivotal to equating wages with the marginal product of labor. The American Journal of Economics and Sociology Vol. 54, No. 3, 1995), p. 373-382
  126. In Praise for Mason Gaffney
  127. Gaffney, Mason et Harrison, Fred. The Corruption of Economics. Shepheard-Walwyn Ed., 2007 p. 272.
  128. DeNigris, Bob. Henry George and the single tax. Oct.2007
  129. Fishman, Robert. L'Utopie urbaine au XXe siècle ; Ebenezer Howard, Frank Lloyd Wright, Le Corbusier. Mardaga Ed., 1980, p. 99.
  130. Luther King Jr., Martin. Where do we go from here : chaos or community? New York; Harper? Row, 1967, p. 191-192
  131. Voir par exemple: E. S.. Land-value tax ; Why Henry George had a point. Free Exchange Economics/The Economist, April 1st 2015.
  132. Joseph E. Stiglitz cité In Praise for Mason Gaffney
  133. Microeconomist Angus Deaton talks about Inequality and rent-seeking, The Daily Sabbatical/Rotman, 16 janvier 2015.
  134. George, Henry. Progrès et pauvreté, Livre X, La Loi du progrès humain, chap. IV, Comment la civilisation moderne peut décliner. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 488.
  135. Petrella, Riccardo. Le manifeste de l’eau ; Pour un contrat mondial. Bruxelles; Éd. Labor, 1998, p. 72.
  136. George, Henry. Progrès et pauvreté. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière. 1925, p. 168.

Voir aussi

Bibliographie

  • Henry George and the single tax. A catalogue of the collection in the New York public Library (1926, - Catalogue des Ĺ“uvres de H. George et des ouvrages s'y rapportant )

Livres

  • Our Land and Land Policy (1871)
  • Progress and Poverty : An Inquiry into the Cause of Industrial Depressions and of Increase of Want with Increase of Wealth: The Remedy (1879) ; Format PDF - Traductions françaises:
    • Progrès et pauvretĂ©. EnquĂŞte sur la cause des crises industrielles et de l'accroissement de la misère au milieu de l'accroissement de la richesse (trad. P.L. Le Monnier), Guillaumin, , XIV+547 (lire en ligne)
    • Progrès et pauvretĂ©, Bruxelles, Ligue pour la rĂ©forme foncière & Paris, Alcan, 1925
    • Progrès et pauvretĂ©, L’Âge d'homme, 2010.
  • Irish Land Question (1879)
  • Social Problems (1883)
  • Protection or Free Trade? (1885) - Traductions françaises :
  • Protection ou Libre-Ă©change. Examen de la question du tarif en ce qui concerne les intĂ©rĂŞts des classes laborieuses. Traduit de l'anglais et prĂ©cĂ©dĂ© d'une prĂ©face par Louis Vossion, Paris, Guillaumin, 1888. XV+436pp
  • Protection ou Libre-Ă©change, New York, Schalkenberg Foundation, 1965, 533pp
  • The Condition of labour (1891) (adressĂ© au Pape LĂ©on XIII Ă  la suite de l'encyclique Rerum Novarum)
  • A Perplexed Philosopher (1892)
  • The Science of Political Economy (1898, - posthume)
  • The Complete Works, 10 volumes, New York, Doubleday, 1911- (la vie d'Henry George par son fils occupe les t. IX et X).

Articles de journaux et magazines (choix sélectif)

  • What the Railroad Will Bring Us
  • The Chinese in California (1869)
  • Bribery in Elections (The Overland Monthly, )
  • Common Sense of Taxation (1881)
  • Taxation of Land Values (1881)
  • England and Ireland (1882)
  • Over-production (1883)
  • The "Reduction to iniquity" (1883)
  • Money in Elections (The North American Review, )
  • Land and Taxation (1885)
  • To Workingmen (The Standard, 1888; Belford's Magazine 1888)
  • Chinese immigration (1890)
  • A Single tax on land values (1890)
  • Condition of Labor (1891)
  • How to Help the Unemployed (1894)
  • The Great battle of labor (1897)

Liens externes

Bases de données et dictionnaires

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.