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Giorgia Meloni

Giorgia Meloni (prononcé en italien : /ˈdʒordʒa meˈloːni/), née le à Rome, est une femme d'État italienne, présidente du Conseil des ministres depuis le .

Giorgia Meloni
Illustration.
Portrait officiel de Giorgia Meloni en 2023.
Fonctions
Présidente du Conseil des ministres d'Italie
En fonction depuis le
(8 mois et 10 jours)
Président Sergio Mattarella
Gouvernement Meloni
Législature XIXe
Coalition FdI-Lega-FI-NM
Prédécesseur Mario Draghi
Présidente du Parti des conservateurs et réformistes européens
En fonction depuis le
(2 ans, 9 mois et 3 jours)
Prédécesseur Jan Zahradil
Présidente de Frères d'Italie[alpha 1]
En fonction depuis le
(9 ans, 3 mois et 24 jours)
Prédécesseur Ignazio La Russa
Députée
En fonction depuis le
(17 ans, 2 mois et 4 jours)
Élection 9-10 avril 2006
Réélection 13-14 avril 2008
24-25 février 2013
4 mars 2018
25 septembre 2022
Circonscription Latium (2006-2013)
Lombardie (2013-2018)
Latium (2018-2022)
Abruzzes (depuis 2022)
Législature XVe, XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe
Groupe politique AN (2006-2008)
PdL (2008-2013)
FdI (depuis 2013)
Présidente du groupe Frères d'Italie
à la Chambre des députés

(1 an, 2 mois et 29 jours)
Législature XVIIe
Prédécesseur Groupe créé
Successeur Fabio Rampelli
Ministre pour la Jeunesse

(3 ans, 6 mois et 8 jours)
Président du Conseil Silvio Berlusconi
Gouvernement Berlusconi IV
Prédécesseur Giovanna Melandri
Successeur Andrea Riccardi
Vice-présidente de la Chambre des députés

(1 an, 11 mois et 24 jours)
Président Fausto Bertinotti
Législature XVe
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Rome (Italie)
Nationalité Italienne
Parti politique MSI (1992-1995)
AN (1995-2009)
PdL (2009-2012)
FdI (depuis 2012)
Profession Journaliste
Religion Catholicisme
Résidence Palais Chigi (Rome)

Signature de Giorgia Meloni

Giorgia Meloni
Présidents du Conseil des ministres italiens

Membre du Mouvement social italien, de l'Alliance nationale puis du Peuple de la liberté, elle est députée depuis 2006 et ministre pour la Jeunesse dans le quatrième gouvernement conduit par Silvio Berlusconi (2008-2011).

Depuis 2014, elle préside le parti d'extrême droite et national-conservateur Frères d'Italie (Fratelli d'Italia, FdI). En 2020, alors que son exposition médiatique s'accroît et que sa formation connaît une forte hausse dans les intentions de vote, elle est élue présidente du Parti des conservateurs et réformistes européens.

Membre de la coalition de centre droit et seul grand parti du Parlement à s'être placé dans l'opposition au gouvernement Draghi, FdI arrive largement en tête des élections parlementaires de 2022. À 45 ans, Giorgia Meloni est ainsi la première femme à accéder à la présidence du Conseil des ministres.

Situation personnelle

Naissance et famille

Giorgia Meloni naît le à Rome[1]. Elle est issue d'une famille aisée résidant dans le nord de Rome. Au moment de sa naissance, son père Francesco Meloni, originaire de Cagliari en Sardaigne, est expert-comptable et présumé communiste[2], alors que sa mère, Anna Paratore, originaire de la province de Messine en Sicile, est de droite et femme au foyer[3].

Enfance, formation et vie privée

Son père quitte le domicile familial pour ouvrir un commerce aux îles Canaries lorsqu'elle a un an, la laissant seule avec sa mère et sa sœur de trois ans. Il a été condamné par la justice espagnole pour trafic de drogue en 1995. À la suite de ces événements, elle lui tient rigueur et refuse de le revoir jusqu'à son décès[4]. L'homme politique Maurizio Gasparri confie au sujet de la relation avec son père : « Elle n’en parle jamais. Je crois qu’elle a été profondément blessée et qu’elle s’est repliée sur elle-même avant de trouver une nouvelle dimension avec la politique[3] ». Deux ans après son départ, les deux sœurs âgées de trois et cinq ans mettent le feu à l'appartement familial en jouant avec des bougies et des allumettes[3], et les Meloni déménagent dans le quartier populaire de la Garbatella, au sud de la capitale.

Diplômée d'un baccalauréat en langues, elle est journaliste de profession[5]. Elle a travaillé de 2004 à 2006 pour le journal Secolo d'Italia[6]. Elle sait ainsi parler, en plus de sa langue natale, français, espagnol et anglais.

Elle a une fille avec son compagnon, Andrea Giambruno[7].

D'abord supportrice de la Lazio de Rome, elle dit ensuite soutenir le club rival de l'AS Roma[8]. Selon l'historien Fabien Archambault, spécialiste du football italien, « ce changement fait partie de sa stratégie d’institutionnalisation et de dédiabolisation. Dans sa jeunesse, elle est “laziale” puisqu’elle est déjà très politisée et que c’est la Lazio que soutiennent alors les groupes néofascistes. Même si la Roma a été créée en 1927, sous le fascisme, et que la Lazio est initialement le club de l’aristocratie romaine fondé avant l’arrivée de Mussolini au pouvoir, depuis les années 1970, lorsque les stades de football sont devenus des arènes politiques alors que cette fonction était jusque-là dévolue au cyclisme, la Lazio est marquée très à droite »[9].

Ascension politique

Débuts militants

Giorgia Meloni s'engage en politique en 1992, à 15 ans, révoltée par l'assassinat des juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino par la mafia en Sicile. Elle fonde la coordination étudiante Gli Antenati (« Les Anciens ») et milite au sein de l'organisation étudiante de droite Azione studentesca (« Action étudiante »), qu'elle finit par diriger[10]. En parallèle, elle adhère au Front de la jeunesse du Mouvement social italien (MSI), considéré comme l'héritier du Parti national fasciste de Benito Mussolini[11].

Trois ans plus tard, en 1995, elle devient responsable nationale de l'action étudiante de l'Alliance nationale (AN) de Gianfranco Fini, qui a succédé au MSI. En 1998, elle décide de s'engager davantage en politique, notamment au sein du Front de la jeunesse d'AN, avec comme mentor l'élu Fabio Rampelli[3]. À l'issue des élections de 1998, à l'âge de 21 ans, elle est élue conseillère de la province de Rome.

En 2004, elle est élue présidente d'Azione Giovani, le mouvement de jeunesse de l'Alliance nationale, lors du congrès de cette organisation qui se tient à Viterbo.

Vice-présidente de la Chambre des députés

En 2006, à 29 ans, elle est élue députée dans le Latium lors des élections parlementaires[10]. Par la suite, elle devient vice-présidente de la Chambre des députés auprès de Fausto Bertinotti : elle est alors la plus jeune personnalité à occuper cette fonction[3] - [12].

Parmi les membres de l'Alliance nationale, elle est la titulaire de la plus haute charge institutionnelle au cours de la XVe législature. Elle perd ses fonctions à la suite de la dissolution parlementaire de 2008 consécutive à la chute du gouvernement de centre gauche de Romano Prodi.

Ministre pour la Jeunesse

Giorgia Meloni en 2008.

Réélue députée lors du scrutin de 2008, elle est nommée ministre pour la Jeunesse dans le quatrième gouvernement dirigé par Silvio Berlusconi. Âgée de 31 ans lors de son entrée au gouvernement, elle est la deuxième plus jeune ministre de l'histoire italienne, et la plus jeune femme ministre[11] - [alpha 2].

Elle combat le « caractère factieux des livres d'école », trop à gauche selon elle[13]. Elle se déclare également favorable au boycott par les athlètes italiens des Jeux olympiques de Pékin de 2008.

En 2009, l'Alliance nationale de Gianfranco Fini fusionne avec Forza Italia, parti présidé par Silvio Berlusconi, au sein du Peuple de la liberté (PdL). Giorgia Meloni rejoint la nouvelle formation, dont elle dirige l'organisation de jeunesse, Giovane Italia[10].

Elle reste ministre jusqu'en , lorsque la fin du gouvernement Berlusconi est précipitée par le rejet du budget par la Chambre des députés.

Lancement et présidence de Frères d'Italie

Giorgia Meloni et Guido Crosetto, coordinateur de Frères d'Italie, en 2014.

Après l'annonce de l'annulation des élections primaires du parti, en , Giorgia Meloni quitte le PdL et crée aux côtés de deux anciens membres du gouvernement, Ignazio la Russa et Guido Crosetto, une nouvelle organisation, Frères d'Italie - Centre-droit national. Le , elle est élue présidente du parti, rebaptisé Frères d'Italie - Alliance nationale, reprenant également dans son logo la flamme tricolore de l'ancienne formation[3]. En 2017, le parti abandonne dans son nom sa référence à l'Alliance nationale.

Giorgia Meloni est réélue députée, en Lombardie, sur les listes de son nouveau parti lors des élections parlementaires de 2013. Alors qu'elle est tête de liste Frères d'Italie dans toutes les circonscriptions du pays aux élections européennes de 2014, le parti obtient 3,7 % des voix, échouant à franchir le seuil des 4 % lui permettant d'obtenir des élus.

Le , alors qu'elle est enceinte, elle annonce sa candidature au poste de maire de Rome. Au sujet de sa grossesse et en réponse aux attaques dont elle est l'objet, en particulier de la part de son ancien allié Silvio Berlusconi, qui affirme qu'elle ne pourrait pas assumer les responsabilités qui sont celles du maire de la capitale tout en élevant un enfant, elle déclare : « Dans une ville qui a comme symbole une louve qui allaite des jumeaux, cela ne sera pas un problème. » Elle arrive troisième à l'issue du premier tour de l'élection, avec 20,62 % des voix[14]. Elle est néanmoins élue au conseil communal, où elle siège ensuite.

Élections parlementaires de 2018

En vue des élections parlementaires de 2018, dans le cadre de la coalition de centre droit, elle s'allie avec la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi. Au cours de la campagne, elle se rend à Budapest, où elle est reçue par le Premier ministre Viktor Orbán. À l'issue du scrutin, elle est reconduite à la Chambre des députés (circonscription Latium-2Latina), tandis que son parti sort renforcé, avec trente-deux députés et dix-huit sénateurs élus, contre douze députés et trois sénateurs à la fin de la législature précédente.

Élections européennes de 2019 et gain de popularité

Giorgia Meloni gagne ensuite en visibilité médiatique et s'affirme sur les réseaux sociaux. En 2019, son parti progresse significativement dans les intentions de vote et dépasse Forza Italia de Silvio Berlusconi, pourtant arrivé dix points devant Frères d'Italie aux élections parlementaires de l'année précédente[15]. Aux élections européennes de , son parti enregistre un score de 6,4 % des suffrages et obtient sept élus au Parlement européen[16].

À l'étranger, elle prononce la même année une allocution au congrès des conservateurs américains (CPAC), où interviennent également la Française Marion Maréchal et le Britannique Nigel Farage[17]. Seule personnalité italienne à être conviée au National Prayer Breakfast, qui se tient à Washington, D.C. en présence du président américain Donald Trump, elle critique le gouvernement italien, en particulier sa bienveillance supposée envers la gauche au pouvoir au Venezuela, où vit une importante communauté italienne[18].

À la fin de l'année 2019, Frères d'Italie passent la barre des 10 % d'intentions de vote au niveau national[19] - [20]. À l'occasion des élections régionales d' en Ombrie, son parti devance pour la première fois lors d'un scrutin le Mouvement 5 étoiles (M5S) et remporte l'élection avec la coalition de centre droit[21]. Par ailleurs, son parti est le seul à progresser en voix par rapport aux élections européennes lors des élections régionales de en Émilie-Romagne et en Calabre[18] - [22].

Bénéficiant d'une image d'authenticité et de son talent oratoire, elle devance alors en opinions favorables Matteo Salvini, par rapport auquel elle se qualifie « plus à droite », et se voit parfois présentée comme une concurrente de celui-ci pour la direction de la coalition de centre droit[3] - [18]. À partir de la fin de l'année 2020, elle devient la dirigeante préférée des Italiens, devançant le président du Conseil, Giuseppe Conte[23]. L'universitaire française Anaïs Voy-Gillis indique à ce sujet : « Bien que son parti se veuille l'héritier du MSI, le mouvement néo-fasciste italien, l'image qu'elle renvoie est différente de celle renvoyée par Salvini, qui apparaît comme un personnage outrancier dans son discours et dans son style politique. […] [Au Parlement européen également], les Conservateurs ont un discours moins radical tout en étant très fermes sur l'immigration. Il y a dans le groupe une volonté forte de pousser à une réforme de l'Europe et de la zone euro, mais qui est plus nuancée que dans le groupe Identité et démocratie[24]. »

Élection à la présidence du parti CRE

Le , elle est élue présidente du Conservateurs et réformistes européens (CRE), succédant au Tchèque Jan Zahradil. Elle devient ainsi la première personnalité italienne à la tête d'un parti politique européen[25].

Principale opposante au gouvernement Draghi

À la suite de la chute du second gouvernement Conte au début de l'année 2021, durant la pandémie de Covid-19, elle refuse d'apporter son soutien à Mario Draghi pour la présidence du Conseil. Elle se différencie ainsi des autres partis du Parlement, y compris de ses alliés de la Ligue et de Forza Italia, qui entrent au gouvernement. Pour justifier sa décision de rester dans l'opposition, Giorgia Meloni avance son refus de siéger au côté de la gauche, ses désaccords avec l'ancien président de la Banque centrale européenne et son souhait d'élections parlementaires anticipées, qui étaient jusque-là réclamées par l'ensemble de la coalition de centre droit. Elle précise que son parti reste au sein de cette dernière[26] - [27] - [28].

Giorgia Meloni en 2022.

En tant que principale figure de l'opposition parlementaire, elle combat en particulier les mesures sanitaires prises par le gouvernement. Son profil contestataire lui vaut notamment de réussir à s'implanter significativement dans le sud du pays. En hausse dans les sondages, elle modère sa critique de l'Union européenne et quelques positions anti-migrants[29]. En mai 2022, la publication de ses mémoires est « l'ouvrage de non fiction le plus vendu de la période » en Italie[30]. Elle progresse lors des élections locales de juin de la même année, se retrouvant dans les sondages en tête des partis de droite[10].

Élection parlementaires anticipées de 2022

Lors des élections parlementaires anticipées de 2022, Giorgia Meloni conduit son parti au sein d'une coalition des droites qui regroupe principalement la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi. Pendant la campagne, les sondages donnent constamment cette alliance vainqueur des élections[31].

Le , Frères d'Italie arrive en tête du scrutin, avec 26 % des suffrages, loin devant ses alliés de la Ligue (9 %) et de Forza Italia (8 %), le parti de Salvini réalisant une contre-performance y compris dans ses fiefs d'Italie du Nord. Giorgia Meloni est réélu députée avec 51,5 % des voix lors de l'unique tour de scrutin (circonscription AbruzzesL'Aquila).

La coalition de centre droit (44 %) ayant largement devancé la coalition de centre gauche (26 %) et le Mouvement 5 étoiles (15 %) et ayant obtenu la majorité absolue dans les deux chambres du Parlement, Giorgia Meloni est la personne la plus susceptible de succéder à Mario Draghi à la présidence du Conseil des ministres.

Présidente du Conseil des ministres

Nomination

Giorgia Meloni avec le président Sergio Mattarella le .

Le 21 octobre 2022, Giorgia Meloni est chargée de former un gouvernement par le président de la République, Sergio Mattarella. Elle annonce la composition de son futur gouvernement dans la foulée et se voit assermentée avec l'ensemble de ses ministres le lendemain, le 22 octobre, au palais du Quirinal, devenant la première femme à prendre la direction du gouvernement italien[32] - [33].

Alors que son arrivée au pouvoir inquiète certains pays occidentaux, elle reçoit le 23 octobre à Rome le président de la République française, Emmanuel Macron, qui est le premier chef d'État qu'elle rencontre depuis sa prestation de serment. La rencontre est qualifiée de « franche et exigeante » par le président français[34].

Popularité et critiques

Après cent jours au pouvoir, elle bénéficie de près de 50 % d'opinions favorables, son bilan étant jugé plutôt positif. Apparaissant prudente, elle ne modifie presque pas le budget de son prédécesseur Mario Draghi et charge des personnalités modérées de dialoguer avec l'Union européenne[35]. En politique étrangère, se rangeant du côté de l'OTAN, elle maintient un soutien actif à l'Ukraine. Elle donne des gages à son électorat, en interdisant dès les premiers jours les « rave parties », en maintenant une forme dure d'emprisonnement à perpétuité ou en imposant aux bateaux d'ONG des règles de sauvetage et de débarquement des migrants sur le sol italien qui freinent leur activité[36]. Elle est toutefois critiquée par une partie de ses soutiens, qui considèrent qu'elle a renoncé à trop d'engagements[35].

Inflexion de sa politique migratoire

Giorgia Meloni et Emmanuel Macron le .

Confrontée à une vague migratoire sans précédent, son gouvernement prend des dispositions. En , conformément à sa promesse de ne pas accueillir les bateaux de naufrage de la Méditerranée, elle s'oppose à l'accostage en Italie de l'Ocean Viking, un navire transportant 230 migrants en provenance d'Afrique. Sur cette question se poursuit ainsi avec la France un conflit diplomatique commencé en 2018, lorsque Matteo Salvini était ministre de l'Intérieur. La France accueille alors le navire et annonce des mesures de rétorsion envers l'Italie, une réaction jugée « agressive, incompréhensible et injustifiée » par Giorgia Meloni[37] - [38].

Mais si elle prônait la fermeté pendant la campagne électorale de 2022, Giorgia Meloni infléchit rapidement sa position sur l'immigration clandestine. Elle est notamment contrainte de créer des centaines de places d'accueil pour les migrants. Tout en mettant désormais l'accent sur la lutte contre les passeurs, elle simplifie, dans le même temps, les procédures d'immigration légale[39]. En , le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, déclare qu'elle est « incapable de régler les problèmes migratoires », ce qui provoque une crise diplomatique entre la France et l'Italie[40].

Après six mois d'exercice du pouvoir, le chercheur Lorenzo Castellani qualifie ainsi son positionnement de « techno-souverainisme » à travers le fait de « séparer la rhétorique des actes concrets » sous le poids de « la contrainte extérieure » : « Les craintes et les risques d’une dérive eurosceptique, que l’on craignait pendant la campagne électorale, se sont révélés infondés — il n’y a pas eu d’actions militaires de blocus contre le droit international pour arrêter l’immigration, pas de lois budgétaires imprudentes ou de politiques de dépenses plus controversées que celles des gouvernements précédents »[41].

Prises de position

Post-fascisme

Se présentant comme « une femme, une mère, une chrétienne »[42], elle défend une vision « sociale, nationale et populaire »[18]. Bien qu'elle affirme ne pas être post-fasciste, elle a tenu par le passé plusieurs déclarations favorables à Benito Mussolini : en 1996, à 19 ans, elle affirme ainsi à une équipe de Soir 3 que Mussolini a été « un bon politicien », le définissant même comme le « meilleur politicien des 50 dernières années »[43]. Dans ce même entretien, elle dit penser que Mussolini est « une personnalité complexe à considérer dans son contexte historique »[44].

Encore en 2022, des membres de son parti mobilisent ouvertement la référence au fascisme, ce qui vaut à Frères d'Italie d'être classé dans la lignée de cette idéologie par des politologues et médias[45], et la flamme fasciste (reprise au Movimento sociale italiano, héritier direct du parti fasciste de Mussolini[46]) figure toujours comme symbole de son parti.

Giorgia Meloni en 2014, devant le symbole de son parti, la flamme du Mouvement social italien.

Selon le sociologue Ugo Palheta, si Giorgia Meloni ne reprend pas ouvertement à son compte l'antisémitisme qui caractérisait le fascisme mussolinien, « la rhétorique employée aujourd'hui par Giorgia Meloni vis-à-vis des minorités autres que la minorité juive, comme les roms, les musulmans ou les immigrés, n'a rien à envier à l'antisémitisme de l'entre-deux-guerres »[47]. Giorgia Meloni reprendrait la théorie « néo-fasciste » du « grand remplacement », qui, selon lui, interprète toute thématique « à travers le prisme de l'omniprésence des immigrés et des minorités »[47].

Gilles Gressani, président du Groupe d'études géopolitiques et de la revue Le Grand Continent, maître de conférences à Sciences Po, écrit en septembre 2022 : « Giorgia Meloni n'incarne pas le retour du fascisme, mais l'apparition d'une nouvelle formule politique. […] Elle a imprimé un tournant à la ligne de son parti (soutien à l'effort de guerre en Ukraine, alignement, au moins partiel, sur l'Europe, etc.)[48]. »

En septembre 2022, pour le politologue Moisés Naím, si elle ne se réclame plus ouvertement de Mussolini, « elle ne semble guère s'être éloignée de ses idées » et continue à être dans la lignée de l'héritage du dictateur fasciste[49].

En octobre 2022, quelques jours avant son investiture en tant que présidente du Conseil, elle dénonce, à propos de la rafle du ghetto de Rome, « la déportation vile et inhumaine de Juifs romains aux mains de la fureur nazie-fasciste » et le fait que « femmes, hommes et enfants ont été arrachés à la vie, maison par maison »[50] - [51].

Économie

Sur le plan économique, partisane d'un interventionnisme modéré, elle souhaite la fin du revenu de citoyenneté mis en place par le premier gouvernement Conte, et prône des mesures en faveur de l'emploi et du logement qui seraient réservées aux Italiens[3].

Immigration

En matière d'immigration, elle dénonce « l’islamisation » de l'Europe, se prononce pour la fermeture des ports afin d'empêcher les navires d'ONG de débarquer des migrants, et propose une multiplication des centres de surveillance et des expulsions. En , alors que l'arrivée du navire de l'ONG Proactiva Open Arms avec 147 migrants à bord cristallise les désaccords entre les partis politiques italiens, elle propose de créer un blocus naval qui empêcherait l'embarquement des migrants depuis la Libye ou la Tunisie ; selon une étude réalisée pour le quotidien Il Giornale, 51 % des Italiens sont favorables à cette idée[52]. Toutefois, en 2023, son gouvernement annonce être prêt à accueillir plus de travailleurs formés en Tunisie en contrepartie d'une lutte renforcée contre l'immigration clandestine[53].

Institutions

S'agissant des questions institutionnelles, Giorgia Meloni prône l'élection du président de la République au suffrage universel, l'abolition des nominations de sénateurs à vie et l'inscription d'un plafond pour les impôts dans la Constitution.

Droits des femmes et des LGBT

Ayant pour devise « Dieu, patrie et famille », elle porte « une vision nationaliste et ultratraditionnaliste de la famille et de la place de la femme dans la société »[54]. Favorable au modèle familial traditionnel et catholique, elle milite contre le mariage homosexuel et l'adoption homoparentale. Elle explique notamment avoir souffert de ne pas avoir grandi dans une famille traditionnelle, élevée par sa mère seule sans son père[3] - [18].

Elle affiche à plusieurs reprises son opposition à l'avortement, qu'elle présente comme « une défaite »[55]. Lors de sa campagne de 2022, elle ne remet pas en cause le droit à l'avortement[30], déclarant qu'elle ne « ne changera pas la loi »[56], mais fait campagne sur le « droit de ne pas avorter » et aux « alternatives » à l'avortement[54]. Elle affiche une volonté de soutenir la maternité, par exemple en diminuant la TVA sur les articles et services pour la petite enfance[57] - [58].

Politique européenne et étrangère

Giorgia Meloni lors de la Conservative Political Action Conference (CPAC) de 2022.

Qualifiée d'eurosceptique, et ayant maintes fois exprimées des positions critiques à l'égard de l'Union européenne, Giorgia Meloni se dit néanmoins en faveur d'une Europe confédérale entre les 27 États membres, qui ne devrait pas entraîner des cessions majeures de souverainété contrairement au projet d'une Europe fédérale[59]. Or, elle ne réclame pas la sortie de l'Italie de l'Union européenne ou de l'euro, déclarant qu'« il y a une gamme infinie de positions possibles entre la décision de sortir de l’Union et la totale soumission aux intérêts français et allemands »[18]. Elle critique une politique ayant mis à mal les économies de plusieurs États membres, et prône la défense de la souveraineté des pays de l'UE au niveau économique, sécuritaire et migratoire[18]. En raison de ses positions conservatrices et de sa personnalité, elle a été comparée à la femme politique française Marion Maréchal[3] - [60].

Giorgia Meloni a voté en faveur de l'intervention militaire de 2011 en Libye ; en 2019, elle a toutefois critiqué la justification française de l'intervention, affirmant que c'était à cause de l'opposition de Mouammar Kadhafi, chef d'État nationaliste, au franc CFA[61]. Elle dénonce également le franc CFA, monnaie qu'elle qualifie de « coloniale »[62].

Giorgia Meloni et le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, le à Kiev.

Après avoir tenu des propos louangeurs sur la Russie de Vladimir Poutine déclarant notamment qu'elle « fait partie du système de valeurs européennes, elle défend l’identité chrétienne et combat le fondamentalisme islamique » , elle soutient la décision du gouvernement Draghi de fournir des armes défensives à l'Ukraine envahie par la Russie et assume, selon Mediapart, « un atlantisme sans nuance »[11] - [63]. Lors de la guerre en Ukraine, elle soutient Kiev, à la différence de Matteo Salvini[10].

Historique électoral

Synthèse

Élections Année Circonscription Parti % Issue
Législatives 2006 Latium-1 AN [alpha 3] Élue
2008 Latium-2 PdL
2013 Lombardie-3 FdI
2018 Latium-2Latina 41,0
2022 AbruzzesL'Aquila 51,5

2006-2013

Lors des élections législatives de 2006, 2008 et 2013, Giorgia Meloni n'est pas élue sur son nom propre mais dans le cadre d'un système de représentation proportionnelle à liste bloquée.

2018

Élections législatives de 2018 :
Latium-2Latina
Candidat Coalition Voix %
Giorgia Meloni Centre droit 70 268 41,00
Leone Martellucci Mouvement 5 étoiles 62 563 36,50
Federico Fauttilli Centre gauche 26 293 15,34
Autres 12 269 7,16
Total 171 393 100,00

2022

Élections législatives de 2022 :
AbruzzesL'Aquila
Candidat Coalition Voix %
Giorgia Meloni Centre droit 104 823 51,49
Rita Innocenzi Centre gauche 42 630 20,94
Attilio D'Andrea Mouvement 5 étoiles 33 132 16,27
Autres 22 998 11,30
Total 203 583 100,00

Ouvrages

De Giorgia Meloni

  • (it) Io sono Giorgia. Le mie radici, le mie idee, Rizzoli, 2021, 326 p. (ISBN 978-8817154680).
    • (fr) : Mon itinéraire : autobiographie d'une leader politique conservatrice, Chora, 2022, 350 p. (ISBN 978-8831414050).

Sur Giorgia Meloni

  • (it) Francesco Giubilei, Giorgia Meloni. La rivoluzione dei conservatori, Giubilei Regnani, 2020, 165 p. (ISBN 978-8898620821).

Distinctions et influence

Elle est identifiée par le Time comme faisant partie des vingt personnalités qui « pourraient changer le monde en 2020 »[64].

En 2021, le média Politico la classe parmi les 28 personnalités européennes les plus puissantes d'Europe, à la troisième place de la catégorie « Disrupteurs »[65]. L'année suivante, le magazine Forbes la classe septième dans sa liste des femmes les plus puissantes du monde[66].

Notes et références

Notes

  1. Le parti se nomme « Frères d'Italie - Alliance nationale » jusqu'en 2017.
  2. Son ascension ministérielle est aussi fulgurante que celle du comte Ciano, nommé ministre au même âge par Mussolini.
  3. Élue dans le cadre d’un système de représentation proportionnelle à liste bloquée.

Références

  1. Khalil Rajehi et AFP, « Italie : qui est Giorgia Meloni, la nouvelle cheffe du gouvernement ? », sur cnews.fr, (consulté le ).
  2. (es) Norberto Chijeb, « La tormentosa relación de Georgia Meloni con su padre », sur diariodeavisos.elespanol.com, (consulté le ).
  3. Ariel F. Dumont, « Italie : Giorgia Meloni, l'espoir du populisme qui rattrape Matteo Salvini sur sa droite », sur marianne.net, (consulté le ).
  4. « Italie - Drogue, prison, abandon : ce terrible secret de famille que cache la future Première ministre, Giorgia Meloni », sur lindependant.fr, (consulté le ).
  5. (it) « Giorgia Meloni », sur storia.camera.it (consulté le ).
  6. (it) « Destra di popolo.net » blog archive » la meloni ha il futuro… », sur destradipopolo.net (consulté le ).
  7. (it) « Ginevra, “sorellina d’Italia”: è nata la bambina di Giorgia Meloni », sur corriere.it, (consulté le ).
  8. Tristan Pubert, « Giorgia Meloni souffle le calcio et le froid », sur sofoot.com, (consulté le ).
  9. Joseph Confavreux, « Ce que les fascistes italiens pensent du pouvoir d’extrême droite », sur mediapart.fr, (consulté le ).
  10. Jean-Marc Gonin, « Giorgia Meloni, mère supérieure des Frères d'Italie », Le Figaro Magazine, , p. 24-25 (lire en ligne).
  11. Ludovic Lamant, « En Italie, la post-fasciste Giorgia Meloni cherche à faire oublier ses racines », sur mediapart.fr, (consulté le ).
  12. « Élections municipales en Italie : Giorgia Meloni et Virginia Raggi, deux louves pour Rome », sur lemonde.fr, .
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