Droit de vote des femmes au Québec
Au Bas-Canada, entre 1791 et 1849, les femmes, comme les hommes, propriétaires terriens, pouvaient voter. Au Québec, le droit de vote des femmes a été accordé par le gouvernement d'Adélard Godbout le 18 avril 1940. Bien que les Québécoises possédaient déjà le droit de vote au niveau fédéral depuis 1918, c'est à partir de cette date qu'elles pouvaient désormais s'exprimer lors des élections québécoises[Note 1].
L'obtention de ce droit pour les femmes du Québec fut le résultat d'un combat de longue haleine mené par différentes générations de féministes depuis la fin du XIXe siÚcle[1].
Historique
Le droit de vote des femmes au Bas-Canada (1791-1849)
En 1791, le territoire de la province de QuĂ©bec est sĂ©parĂ© en deux colonies : le Haut-Canada et le Bas-Canada. Dans ce contexte de rĂ©forme des institutions politiques, un nouveau rĂ©gime parlementaire est mis en place. Le Bas-Canada est ainsi dotĂ© de son propre parlement, formĂ© de reprĂ©sentants Ă©lus. Toutefois, lâActe constitutionnel ne prĂ©cise pas que le droit de vote doit ĂȘtre rĂ©servĂ© uniquement aux hommes. Les femmes obtiennent donc, par le fait mĂȘme, le droit dâĂ©lire des dĂ©putĂ©s.
Ă partir de 1827, le suffrage fĂ©minin commence Ă semer la controverse au Bas-Canada. Graduellement, un mouvement dâopposition sâinstalle. En 1849, le droit de vote est dĂ©finitivement retirĂ© aux femmes, Ă la suite dâun projet de refonte de la loi Ă©lectorale par le Parti rĂ©formiste[2].
Le suffrage féminin au Bas-Canada
Suivant la crĂ©ation de lâAssemblĂ©e du Bas-Canada, certains habitants obtiennent le droit de vote afin dâĂ©lire des dĂ©putĂ©s. Pour avoir ce droit, une personne doit remplir trois conditions :
- Ătre un adulte ĂągĂ© de plus de 21 ans
- Ătre un sujet britannique
- Ătre propriĂ©taire dâune maison ou dâune terre, ou ĂȘtre locataire et avoir payĂ© un minimum de 10 livres sterling de loyer sur un an
Puisqu'il nâest pas nĂ©cessaire dâĂȘtre un sujet masculin afin dâavoir le droit de vote, les femmes qui rĂ©pondent aux trois conditions prĂ©alables peuvent ainsi voter et Ă©lire des dĂ©putĂ©s de la mĂȘme maniĂšre que leurs concitoyens masculins[3].
Selon lâhistorienne Denyse Baillargeon, la majoritĂ© des femmes qui rĂ©pondent Ă ces critĂšres sâinscrivent dans lâun des profils suivants :
- Les femmes célibataires de plus de 21 ans
- Les veuves
- Les femmes mariées vivant en séparation de biens, ou vivant séparées de leurs maris[4].
Ă la diffĂ©rence des femmes du Haut-Canada qui possĂšdent le mĂȘme droit de suffrage, les femmes du Bas-Canada sont plus nombreuses Ă exercer leur droit de vote. Cette tendance sâexplique par le fait que la coutume de Paris (le Code civil appliquĂ© au Bas-Canada) est plus gĂ©nĂ©reuse Ă lâĂ©gard des droits de propriĂ©tĂ© des femmes que la common law (le Code civil appliquĂ© dans le Haut-Canada)[5].
Selon les donnĂ©es de lâhistorienne Nathalie Picard, 857 femmes exercent leur droit de vote entre 1791 et 1849. Parmi celles-ci, 74 % sont veuves ou cĂ©libataires. Environ 60 % dâentre elles sont francophones et votent majoritairement pour le Parti canadien, puis pour le Parti patriote[6]. LâenquĂȘte de Picard rĂ©vĂšle aussi que 32 femmes autochtones, majoritairement des femmes veuves mohawks vivant Ă Sault Saint-Louis (Kahnawake), ont votĂ© Ă lâĂ©lection de 1824, et que ces derniĂšres avaient Ă©galement une prĂ©fĂ©rence pour le Parti canadien[7].
Lâopposition au suffrage fĂ©minin et lâabolition du droit de vote des femmes
Ă partir de 1827, le suffrage fĂ©minin commence Ă susciter la controverse au Bas-Canada[8]. Lors des Ă©lections qui ont lieu cette annĂ©e-lĂ , presque aucune femme ne se prĂ©sente au bureau de vote du comtĂ© de MontrĂ©al-Est, et les deux seules qui sây prĂ©sentent font face Ă un fort mouvement dâopposition des candidats. En 1828, des Ă©lecteurs de la Haute-Ville de QuĂ©bec lancent une pĂ©tition adressĂ©e Ă la Chambre dâassemblĂ©e, dans laquelle ils dĂ©noncent le fait que le vote dâune veuve ait Ă©tĂ© rejetĂ© parce quâelle est une femme. La mĂȘme annĂ©e, une autre pĂ©tition est lancĂ©e afin de contester le rĂ©sultat de lâĂ©lection dans la circonscription de William-Henry (Sorel)[9]. Les pĂ©titionnaires y soutiennent que des veuves, femmes mariĂ©es et filles auraient votĂ© illĂ©galement pour Wolfred Nelson, et que le vote de ces derniĂšres aurait Ă©tĂ© instrumentalisĂ© par le parti politique.
Dans un article publiĂ© dans les pages du Quebec Mercury en aoĂ»t 1827, un journaliste exprime que les femmes ne devraient pas possĂ©der le droit de vote. Plusieurs arguments soutiennent son propos, dont lâidĂ©e que cette responsabilitĂ© qui sâaccompagne forcĂ©ment dâune prĂ©occupation pour les affaires publiques induit forcĂ©ment les femmes Ă dĂ©laisser une partie de leurs responsabilitĂ©s domestiques. De plus, ce mĂȘme journaliste soutient que le suffrage fĂ©minin va forcĂ©ment emmener les femmes Ă sâimpliquer en politique, et que ce phĂ©nomĂšne nuirait au bon fonctionnement de la chambre dâassemblĂ©e en raison, notamment, des grossesses et de lâinĂ©vitable attirance sexuelle qui sâinstallerait entre les dĂ©putĂ©s. Somme toute, cet article soutient quâil existe une profonde incohĂ©rence entre les attributs fĂ©minins et les responsabilitĂ©s qui accompagnent lâexercice des droits citoyen[10].
Au dĂ©but des annĂ©es 1830, le dĂ©bat sâenvenime encore plus, et le droit de vote des femmes commence Ă ĂȘtre sĂ©rieusement remis en question sur la place publique. Lâun des arguments majeurs des opposants au suffrage fĂ©minin soutient que les Ă©lectrices sont inĂ©vitablement manipulables, et leur droit de vote ne s'exerce pas en toute connaissance de cause. Les femmes sont identifiĂ©es comme des personnes vulnĂ©rables quâil faut protĂ©ger de lâagression[11]. De plus, selon lâhistorienne Denyse Baillargeon, «âlâappui des femmes devient un argument supplĂ©mentaire pour dĂ©nigrer le candidat du parti adverse en prĂ©tendant que celui-ci est si dĂ©sespĂ©rĂ© quâil doit compter sur le vote fĂ©minin[12].â»
En 1834, une loi contre le droit de vote des femmes est adoptĂ©e Ă lâunanimitĂ© par la Chambre dâassemblĂ©e du Bas-Canada. Cette loi mentionne que : « [âŠ]âdepuis et aprĂšs la passation de cet Acte, aucune fille, femme ou veuve ne pourra voter Ă aucune Ă©lection dans aucun comtĂ©, CitĂ© ou Bourg de cette province[13]â».
En 1836, pour des raisons qui ne concernent pas la question du suffrage fĂ©minin, cette loi est abrogĂ©e. Cependant, bien que les femmes aient lĂ©galement eu le droit de voter entre 1836 et 1849, il est estimĂ© que seule une douzaine de femmes ont rĂ©ellement exercĂ© leur droit de vote lors de cette pĂ©riode[14]. En 1849, le Parti rĂ©formiste procĂšde Ă un projet de refonte de la loi Ă©lectorale, et le droit de vote des femmes est dĂ©finitivement retirĂ©[15]. Si lâadoption de cette loi se fait simplement et sans rĂ©elles controverses, selon lâhistorienne Denyse Baillargeon, les femmes elles-mĂȘmes ne se sont pas prononcĂ©es sur cette loi «âni collectivement ni individuellement[16]â».
Le mouvement des femmes (1880-1910)
Entre 1880 et 1910, les villes du QuĂ©bec sont marquĂ©es par lâexpansion rapide du capitalisme industriel[17]. Lâindustrialisation et lâurbanisation des grands centres entraĂźnent de profondes modifications au sein des rapports sociaux, et un large pan de la population sâappauvrit de maniĂšre significative. Devant cette accentuation des inĂ©galitĂ©s sociales, plusieurs femmes issues de la bourgeoisie mettent sur pied des associations caritatives vouĂ©es Ă lutter contre la misĂšre urbaine et les maux qui en dĂ©coulent (mortalitĂ© infantile, insalubritĂ© des logements, exploitation des ouvriĂšres, etc.). Ainsi, cette pĂ©riode connait un rĂ©el «âmouvement de fondation dâorganismes de charitĂ©[18]â». Cependant, ce mouvement caritatif sâaccompagne dâune nouvelle conception de lâaction sociale : les femmes bourgeoises ont maintenant lâambition de lutter contre la misĂšre de maniĂšre systĂ©mique, et non plus de maniĂšre ponctuelle et individuelle. Parce quâelles visent Ă mettre sur pied des rĂ©formes et des mesures applicables Ă lâensemble de la sociĂ©tĂ©, elles ont besoin de travailler de concert avec le corps politique. Rapidement, elles prennent conscience des limites qui leur sont imposĂ©es aux niveaux politique, social et juridique. Câest ainsi quâen 1880, une toute premiĂšre association fĂ©minine revendique le droit de vote, soit la Womenâs Christian Temperance Union de MontrĂ©al, une association fĂ©minine chrĂ©tienne vouĂ©e Ă la lutte contre lâalcoolisme. Dâautres associations fĂ©minines appuient le suffrage fĂ©minin durant cette pĂ©riode, telles que le Montreal Local Council of Women et la FĂ©dĂ©ration nationale Saint-Jean-Baptiste. Toutefois, lâomniprĂ©sence dâune idĂ©ologie bien ancrĂ©e dans les mĆurs et coutumes de lâĂ©poque empĂȘche la mobilisation pour le suffrage fĂ©minin de gagner en ampleur, soit lâidĂ©ologie des sphĂšres sĂ©parĂ©es.
Le militantisme politique des femmes bourgeoises
La pĂ©riode allant de 1880 Ă 1910 se caractĂ©rise par lâomniprĂ©sence et lâengagement social des femmes bourgeoises dans lâespace public[19]. Lors des deux derniĂšres dĂ©cennies du XIXe siĂšcle, le nombre dâassociations fĂ©minines montrĂ©alaises double. Au dĂ©but du XXe siĂšcle, on en dĂ©nombre quelques centaines â la grande majoritĂ© de ces associations Ă©tant alors orientĂ©es vers lâobjectif de faire Ćuvre caritative[20].
Lâengagement des femmes de lâĂ©lite dans des Ćuvres charitables nâest pas un phĂ©nomĂšne unique Ă cette pĂ©riode. En effet, les femmes issues de la bourgeoisie et des classes moyennes Ă©taient dĂ©jĂ engagĂ©es, depuis le dĂ©but du XIXe siĂšcle, dans bon nombre dâactivitĂ©s philanthropiques. Selon lâhistorienne Denyse Baillargeon, faire Ćuvre de charitĂ© Ă©tait alors perçu comme une responsabilitĂ© sociale que lâĂ©lite se devait dâhonorer, en plus dâĂȘtre vue comme une preuve concrĂšte de la foi. Au sein de lâĂ©lite bourgeoise, lâaction philanthropique est principalement prise en charge par les femmes.
La grande majoritĂ© des associations caritatives fondĂ©es durant cette pĂ©riode ont lâobjectif commun de lutter contre la pauvretĂ© et lâexclusion sociale. En effet, les grandes villes du QuĂ©bec vivent alors au rythme du capitalisme industriel, ce qui entraĂźne dâimportantes transformations au niveau des rapports sociaux, en plus dâappauvrir une grande partie de la population. Parmi les nouveaux maux et problĂšmes sociaux qui Ă©mergent dans les centres urbains et industriels, les problĂšmes de santĂ© publique occupent une place significative. Cette nouvelle «âmisĂšre urbaineâ» attire donc lâattention des philanthropes fĂ©minines qui, influencĂ©es par le mouvement de rĂ©forme urbaine, dĂ©veloppent une toute nouvelle conception de lâaction sociale[21].
De plus, l'approche individualiste (plutĂŽt que collective) de lâaction charitable des femmes bourgeoises entraĂźne une certaine «âpolitisation des dĂ©batsâ». Les associations fĂ©minines ont dorĂ©navant besoin du soutien de lâĂtat pour rĂ©aliser leurs projets, qui nĂ©cessitent bien souvent la mise en place de rĂ©formes et de mesures gouvernementales[22]. DĂšs lors, ces nouvelles ambitions portĂ©es par les associations fĂ©minines sâaccompagnent rapidement par la prise de conscience des limites juridiques, sociales et politiques imposĂ©es aux femmes[23].
Les premiĂšres associations Ă revendiquer le droit de vote des femmes
Comme mentionnĂ© prĂ©cĂ©demment, les ambitions sociales et philanthropiques des associations fĂ©minines de la fin du XIXe et du dĂ©but du XXe siĂšcle ne se limitent plus seulement quâĂ des «âactions ponctuelles et individuelles[1]â». DorĂ©navant, les associations fĂ©minines cherchent Ă travailler de concert avec le corps politique afin de concrĂ©tiser leurs ambitions. Câest ainsi que, lors des annĂ©es 1880, la question des droits civiques et politiques des femmes commence tranquillement Ă se discuter au sein des associations fĂ©minines.
Vers 1880, la Womenâs Christian Temperance Union de MontrĂ©al commence Ă militer en faveur du droit de vote. Cette association fĂ©minine chrĂ©tienne vouĂ©e Ă la promotion de la tempĂ©rance est la toute premiĂšre organisation Ă militer en faveur du suffrage fĂ©minin au QuĂ©bec. Selon les membres de cette association, les femmes doivent avoir le droit de suffrage afin de pouvoir participer pleinement Ă la mise en place de mesures gouvernementales visant Ă contrer lâalcoolisme[1].
En 1893, le Montreal Local Council of Women (Conseil local des femmes de MontrĂ©al) est fondĂ©. Cette organisation non confessionnelle, dĂ©coulant du National Council of Women (Conseil national des femmes du Canada) et de lâInternational Council of Women (Conseil international des femmes), est principalement investi par des femmes anglophones protestantes. Toutefois, certaines femmes francophones, catholiques et issues de la bourgeoisie militent aux cĂŽtĂ©s des femmes anglophones, dont Marie GĂ©rin-Lajoie, Caroline Dessaulles-BĂ©ique, Marie Lamothe-Thibeaudeau et JosĂ©phine Marchand-Dandurand. La premiĂšre prĂ©sidente du Conseil local des femmes de MontrĂ©al (CLFM) est Grace Julia Parker Drummond. Celle-ci vise Ă faire valoir lâaction sociale des femmes montrĂ©alaises, Ă lutter contre les injustices sociales et Ă faire la promotion du bien commun. Selon les membres de cette association, les femmes doivent faire partie du corps politique, avoir accĂšs Ă lâĂ©ducation supĂ©rieure et aux professions, et vivre dans lâĂ©galitĂ© juridique. Selon lâhistorienne Denyse Baillargeon, les membres du CLFM sâapproprient le statut de «âcitoyenneâ» avant mĂȘme de rĂ©clamer le droit de vote[24]. En 1909, le CLFM rĂ©clame officiellement le suffrage fĂ©minin[25].
Toutefois, bien que quelques femmes catholiques francophones militent aux cĂŽtĂ©s des femmes anglophones au sein du CLFM, celles-ci doivent le faire Ă titre individuel, car le clergĂ© catholique canadien-français nâapprouve pas que des associations fĂ©minines francophones investissent cette fĂ©dĂ©ration[1]. Dans ce contexte, aprĂšs plus dâune dĂ©cennie Ă militer aux cĂŽtĂ©s des femmes anglophones , Caroline Dessaulles-BĂ©ique et Marie GĂ©rin-Lajoie fondent, en 1907, la FĂ©dĂ©ration nationale Saint-Jean-Baptiste (FNSJB). Selon lâhistorienne Yolande Cohen, cette nouvelle fĂ©dĂ©ration se construit sur le modĂšle du Montreal Local Council of Women, mis Ă part pour son aumĂŽnerie et son idĂ©al nationaliste[26]. Les premiĂšres annĂ©es de la FNSJB sont marquĂ©es par la revendication pour le suffrage fĂ©minin, et les membres de la fĂ©dĂ©ration dĂ©veloppent rapidement un argumentaire maternaliste en faveur du droit de vote. Le mouvement portĂ© par la FNSJB fait Ă©galement la promotion de lâĂ©galitĂ© homme-femme, mais nâappuie pas du tout les idĂ©es portĂ©es par les mouvements fĂ©ministes socialistes et libertaires. Selon lâhistorienne Marie Lavigne, le fĂ©minisme dĂ©fendu par la FĂ©dĂ©ration nationale Saint-Jean-Baptiste correspond plutĂŽt Ă un fĂ©minisme dit «âchrĂ©tien[27]â» .
En somme, la question du droit de vote figure parmi les revendications des associations fĂ©minines, dont la Womenâs Christian Temperance Union de MontrĂ©al, le Montreal Local Council of Women et la FĂ©dĂ©ration nationale Saint-Jean-Baptiste. Lors de cette pĂ©riode, les luttes se concentrent surtout au niveau des Ă©lections municipales et scolaires. Certaines de leurs revendications portent fruit, notamment lorsque le Code municipal est modifiĂ© en 1888 par le gouvernement du QuĂ©bec afin dâaccorder le droit de vote aux femmes propriĂ©taires et cĂ©libataires. Ce principe est ensuite Ă©largi en 1892, lorsque le droit de vote au niveau municipal est donnĂ© aux veuves et aux femmes cĂ©libataires locataires. Les suffragistes connaissent Ă©galement une belle victoire en 1902, lorsque le conseil municipal de MontrĂ©al tente de retirer le droit de vote aux femmes locataires, et quâelles rĂ©ussissent Ă faire Ă©chouer le projet. Marie GĂ©rin-Lajoie, qui militait alors au sein du Montreal Local Council of Women, Ă©tait trĂšs impliquĂ©e dans cette lutte[28].
LâidĂ©ologie des sphĂšres sĂ©parĂ©es
Dans la pensĂ©e rĂ©publicaine occidentale du 19e siĂšcle, les hommes ont la responsabilitĂ© dâexercer leurs devoirs citoyens et de participer Ă la vie politique (sphĂšre publique), alors que les femmes trouvent plutĂŽt leur allĂ©geance naturelle dans la famille (sphĂšre privĂ©e). Suivant cette logique, les hommes et les femmes sont complĂ©mentaires, et lâexercice de leurs devoirs naturels dĂ©pend de lâengagement de lâautre dans sa sphĂšre respective. Ainsi, pour que les hommes puissent avoir la libertĂ© de travailler au bien commun, il est nĂ©cessaire que ces derniers soient dĂ©tachĂ©s de la sphĂšre privĂ©e. Selon ce raisonnement, lâimplication politique de lâhomme est donc dĂ©pendante de lâimplication de la femme dans la famille[29].
Suivant ce mĂȘme raisonnement, lâimplication de la femme dans les activitĂ©s politiques est perçue comme une menace importante Ă lâordre public et au bon fonctionnement de la rĂ©publique. Parce que les femmes sont alors identifiĂ©es comme Ă©tant naturellement attachĂ©es Ă la sphĂšre privĂ©e, leur implication dans la sphĂšre publique est perçue comme Ă©tant dâune profonde indĂ©cence, qui bouscule les mĆurs culturelles et politiques, en plus de remettre leur respectabilitĂ© en question.
Lorsque certaines associations commencent Ă revendiquer le droit de vote des femmes dans les annĂ©es 1880, lâidĂ©ologie des sphĂšres sĂ©parĂ©es est bien ancrĂ©e au QuĂ©bec. LâomniprĂ©sence de cette conception explique le courant dâopposition u principe du suffrage fĂ©minin. Par exemple, pour plusieurs femmes, lâaction de voter nâest tout simplement pas un geste considĂ©rĂ© commeâfĂ©minin. Pour cette raison, la lutte pour le droit de vote rencontre un important mouvement dâopposition qui sâaffirmera au cours des prochaines dĂ©cennies[30].
La lutte pour le droit de vote des femmes au Québec (1910-1940)
La lutte en faveur du suffrage fĂ©minin dĂ©bute officiellement en 1913, Ă lâoccasion de la fondation de la toute premiĂšre association fĂ©minine vouĂ©e principalement Ă la promotion du droit de vote des femmes : la Montreal Suffrage Association[31]. Pendant la dĂ©cennie 1910, les efforts sont majoritairement concentrĂ©s sur le droit de vote au niveau fĂ©dĂ©ral â droit que les femmes canadiennes, Ă lâexception des autochtones et de membres de certains groupes ethniques, obtiennent en 1918[32]. Les QuĂ©bĂ©coises se rendent donc aux urnes pour une premiĂšre fois en 1921 afin de voter pour les Ă©lections fĂ©dĂ©rales. AprĂšs 1922, elles vivent dans la seule province canadienne Ă refuser le suffrage Ă ses citoyennes[Note 2].
Câest dans ce contexte que Marie-Lacoste GĂ©rin-Lajoie et Anna Lyman fondent le ComitĂ© provincial pour le suffrage fĂ©minin en 1922. Toutefois, les luttes conduites en faveur du suffrage fĂ©minin se heurtent Ă une importante rĂ©sistance au QuĂ©bec : un important pan de la population quĂ©bĂ©coise est dâavis que le vote des femmes reprĂ©sente un risque majeur pour le maintien de lâordre social et la conservation des traditions de la nation canadienne-française. MalgrĂ© tout, le mouvement fĂ©ministe persiste, et connait un nouveau souffle lorsque Idola Saint-Jean fonde lâAlliance canadienne pour le vote des femmes du QuĂ©bec en 1927, et lorsque ThĂ©rĂšse Casgrain inaugure la Ligue des droits de la femme en 1929[33]. Au cours des annĂ©es 1930, lâAlliance et la Ligue travaillent de concert afin de faire avancer le mouvement en faveur du suffrage fĂ©minin, mais le mouvement dâopposition persiste et continue de rejoindre plusieurs femmes, membres du corps politique et clercs. Somme toute, entre 1910 et 1940, le QuĂ©bec demeure divisĂ© sur la question du droit de vote des femmes.
La Montreal Suffrage Association et le droit de vote aux élections fédérales
En 1913, la toute premiĂšre association fĂ©minine Ă faire du suffrage fĂ©minin son objectif principal est crĂ©Ă©e, soit la Montreal Suffrage Association, une organisation majoritairement composĂ©e de femmes anglophones[31]. Cette organisation, qui est en quelque sorte une crĂ©ation du Conseil local des femmes de MontrĂ©al, organise des confĂ©rences portant sur la question du droit de vote, vend des ouvrages et distribue des dĂ©pliants un peu partout sur le territoire quĂ©bĂ©cois[34]. Bien que la MSA prenne position en faveur du droit de vote des femmes mariĂ©es au niveau municipal Ă lâautomne 1913 , câest principalement au niveau fĂ©dĂ©ral quâelle concentre ses efforts.
Entre 1914 et 1917, la mobilisation pour lâobtention du droit de vote des femmes est fortement ralentie par la PremiĂšre Guerre mondiale. Toutefois, en 1917, le gouvernement du Canada prĂ©sente un projet de loi qui accorde le droit de vote aux mĂšres de soldats, ainsi quâaux infirmiĂšres militaires[35]. Bien que la Montreal Suffrage Association ne soit pas satisfaite par ce projet qui nâinclut pas systĂ©matiquement toutes les femmes canadiennes, les membres de lâassociation reconnaissent quâil sâagit dâune importante avancĂ©e pour les droits des femmes. LâassemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de lâorganisation Ă©crit donc un texte demandant que le droit de vote au niveau fĂ©dĂ©ral soit Ă©largi Ă toutes les Canadiennes. LâannĂ©e suivante, le gouvernement fĂ©dĂ©ral accorde finalement ce droit de vote. Lors des Ă©lections fĂ©dĂ©rales de 1921, lâensemble des Canadiennes peuvent se rendre aux urnes pour la premiĂšre fois[36].
Ă partir de ce moment, le QuĂ©bec enregistre bel et bien un dĂ©calage vis-Ă -vis les autres provinces en matiĂšre de droits civiques des femmes. Les QuĂ©bĂ©coises restent les seules femmes canadiennes Ă ne pas possĂ©der le droit de suffrage au niveau provincial. Les derniĂšres provinces Ă avoir accordĂ© le droit de suffrage aux femmes lâont fait entre 1916 et 1917[37].
Marie Lacoste-Gérin-Lajoie et le Comité provincial pour le suffrage féminin
à la suite des élections fédérales de décembre 1921, une nouvelle instance vouée à la promotion du suffrage féminin au Québec, est créée en 1922. Cette nouvelle organisation bilingue, le Comité provincial pour le suffrage féminin (Provincial Franchise Committee), est fondée par Marie Lacoste-Gérin-Lajoie et Anna Lyman. Idola Saint-Jean en est la premiÚre secrétaire[38].
Cette nouvelle organisation initiĂ©e par la FĂ©dĂ©ration nationale Saint-Jean-Baptiste commence ses activitĂ©s dĂšs le dĂ©but de 1922, en organisant Ă MontrĂ©al une importante assemblĂ©e publique. Le 9 fĂ©vrier 1922, une dĂ©lĂ©gation dâenviron quatre Ă cinq cents femmes se rendent au parlement de QuĂ©bec afin de revendiquer le droit de vote auprĂšs des Ă©lus. Cette dĂ©lĂ©gation compte plusieurs femmes anglophones et francophones, mais aussi plusieurs femmes juives membres de la National Council of Jewish Women, une association fĂ©minine fondĂ©e en 1918 et faisant Ă©galement la promotion du suffrage fĂ©minin[39].
Devant les parlementaires, plusieurs militantes prennent la parole, dont Marie Lacoste-GĂ©rin-Lajoie, mais Ă©galement deux jeunes femmes francophones issues de la nouvelle gĂ©nĂ©ration : ThĂ©rĂšse Casgrain et Idola Saint-Jean . Ă la diffĂ©rence de leurs aĂźnĂ©es, Casgrain et Saint-Jean sont plus radicales, et nâhĂ©sitent pas Ă rĂ©futer fermement certains des arguments les plus utilisĂ©s par les rĂ©fractaires du suffrage fĂ©minin[40].
Bien sĂ»r, ce pĂšlerinage vers QuĂ©bec provoque une vague de rĂ©actions de la part des hommes politiques, mais Ă©galement du clergĂ©, des journalistes et de certaines femmes qui sâopposent au suffrage fĂ©minin. Dâailleurs, en rĂ©ponse Ă cet Ă©vĂšnement, le premier ministre Taschereau dĂ©clare que si lâhomme souhaite exclure la femme de la politique, câest bien parce quâelle «âa un ministĂšre dâamour et de charitĂ© Ă remplir, auquel lâhomme est absolument impropre[41]â».
Un mois plus tard, soit le 9 mars 1922, le dĂ©putĂ© Henry Miles prĂ©sente un projet de loi dont lâobjectif est dâaccorder le droit de vote aux QuĂ©bĂ©coises. Cependant, le premier ministre Taschereau lui rĂ©pond par une pĂ©tition signĂ©e par 23â000 femmes qui sâopposent au droit de vote. Dans ce contexte, le projet de loi de Miles est ajournĂ©[42].
MalgrĂ© ce revers, Marie Lacoste-GĂ©rin-Lajoie se rend ensuite Ă Rome pour rencontrer le pape et tenter dâobtenir lâappui de lâĂglise catholique Ă sa cause. Pour elle, un appui officiel des Ă©vĂȘques quĂ©bĂ©cois servirait de catalyseur Ă la mobilisation pour le suffrage fĂ©minin[43]. Toutefois, son sĂ©jour Ă Rome ne se dĂ©roule pas comme elle lâaurait espĂ©rĂ©. Ă son retour au QuĂ©bec, en novembre 1922, elle dĂ©missionne de son poste et cĂšde la coprĂ©sidence du ComitĂ© provincial pour le suffrage fĂ©minin Ă ThĂ©rĂšse Casgrain[44]. Ce dĂ©part affecte le comitĂ© (qui ne tiendra que deux rĂ©unions en trois ans), mais aussi la FĂ©dĂ©ration nationale Saint-Jean-Baptiste, qui finit par se retirer de la lutte en 1922[45].
Dans l'ensemble, la mobilisation fĂ©ministe en faveur du suffrage fĂ©minin durant les annĂ©es 1920 connaĂźt que des rĂ©sultats assez modestes. Cependant, lors de cette dĂ©cennie, le rĂŽle des femmes se modifie tranquillement, mais significativement. Câest permettant aux femmes de jouer un plus grand rĂŽle dans la vie sociale et Ă©conomique du QuĂ©bec[46].
LâAlliance canadienne pour le vote des femmes du QuĂ©bec (1927) et la Ligue des droits de la femme (1929)
En 1927, Idola Saint-Jean fonde lâAlliance canadienne pour le vote des femmes du QuĂ©bec. Jugeant que le ComitĂ© provincial pour le suffrage fĂ©minin manque de combativitĂ© et quâil sâĂ©loigne trop des femmes de la classe ouvriĂšre, Idola Saint-Jean cherche Ă rapprocher le mouvement pour le suffrage fĂ©minin du mouvement ouvrier[47]. Ce rapprochement constitue alors un dĂ©fi considĂ©rable. Jusque-lĂ , le mouvement pour le suffrage avait Ă©tĂ© principalement portĂ© par des femmes bourgeoises, alors que le mouvement ouvrier avait Ă©tĂ© principalement portĂ© par des hommes de la classe ouvriĂšre. Le mouvement fĂ©ministe de cette Ă©poque avait surtout considĂ©rĂ© les femmes ouvriĂšres « comme les bĂ©nĂ©ficiaires potentielles de son action bienveillante plutĂŽt que comme des alliĂ©es dans la lutte[48] ».
En fĂ©vrier 1927, le ComitĂ© et lâAlliance envoient deux dĂ©lĂ©gations Ă QuĂ©bec afin de rencontrer le premier ministre Louis-Alexandre Taschereau et revendiquer le droit de vote des femmes . Bien que ces deux groupes partagent le mĂȘme objectif, leurs messages sont bien diffĂ©rents, en raison des deux publics quâils reprĂ©sentent. Ainsi, lâAlliance canadienne pour le vote des femmes au QuĂ©bec souhaite reprĂ©senter surtout les femmes ouvriĂšres des grands centres urbains , en proposant un discours qui leur soit propre et, par ailleurs, bien moins centrĂ© sur la question de la maternitĂ©[48].
SecouĂ©e par la vivacitĂ© de la nouvelle Alliance, en 1929, ThĂ©rĂšse Casgrain transforme le ComitĂ© provincial pour le suffrage fĂ©minin pour fonder la Ligue des droits de la femme. Cette Ligue travaille de concert avec lâAlliance pour faire avancer la question du suffrage fĂ©minin au QuĂ©bec. Ensemble, elles feront parvenir, en 1935, une pĂ©tition au roi George V, dans laquelle figurent 10â000 signatures de personnes en faveur du droit de vote des femmes au QuĂ©bec[49].
Les principaux groupes et figures dâopposition au principe du suffrage fĂ©minin
Dans un sondage menĂ© en 1912 auprĂšs des lecteurs du Montreal Star, seuls 11,8 % des participants se disent favorables au droit de vote des femmes au QuĂ©bec. Selon lâĂ©crivain Jad Adams, le retard de lâadoption du droit de vote chez les femmes sâexplique par « le conservatisme social, la peur chez les tenants de la gauche que les femmes votent majoritairement Ă droite, la religion ainsi que la misogynie[50]â». Au QuĂ©bec, Ă cette Ă©poque, le mouvement dâopposition au suffrage fĂ©minin est majoritairement portĂ© par des membres du clergĂ© et des tenants du nationalisme canadien-français.
Au dĂ©but des annĂ©es 1920, le clergĂ© est divisĂ© au sujet de la question du suffrage fĂ©minin . En effet, alors que certains membres plus libĂ©raux nây voient pas de problĂšmes (tel que lâabbĂ© Perrin, par exemple), dâautres membres plus conservateurs sây opposent vivement et publiquement (ex. : les abbĂ©s Ăli-J. Auclair et Arthur Curotte). Somme toute, le clergĂ© adopte dans lâensemble une position plutĂŽt opposĂ©e au suffrage fĂ©minin. Selon les religieux opposĂ©s au suffrage fĂ©minin, les femmes elles-mĂȘmes ne voudraient pas du droit de vote, et, Ă©tant «âsoumises, de droit divin, Ă lâautoritĂ© de leur mariâ», les traditions entourant le rĂŽle des femmes reprĂ©sentent une certaine sĂ©curitĂ© vis-Ă -vis les bouleversements socio-Ă©conomiques redĂ©finissant lâhĂ©ritage canadien-français de lâĂ©poque[51].
Mis Ă part le clergĂ©, plusieurs journalistes et hommes politiques sâopposent au suffrage fĂ©minin. Par exemple, selon le premier ministre Louis-Alexandre Taschereau, la question du droit de vote est un trait identitaire qui distingue les francophones des anglophones, de la mĂȘme maniĂšre que la question de la conscription le fut Ă©galement, lors de la PremiĂšre Guerre mondiale[52]. De son cĂŽtĂ©, Henri Bourassa soutient que les politiciens fĂ©dĂ©raux instrumentaliseront les femmes afin dâobtenir plus de votes : «âle vote des femmes ne pourra que conduire Ă une compĂ©tition malsaine entre les deux sexes puisque les femmes, possĂ©dant dĂ©sormais les mĂȘmes droits que les hommes, se poseront en rivales plutĂŽt que de demeurer leurs fidĂšles compagnes, provoquant la destruction de la famille et donc de la sociĂ©tĂ© et de la nation canadienne-française[53]â». Cette vision, selon lâhistorienne Denyse Baillargeon, est partagĂ©e par plusieurs acteurs de cette Ă©poque.
Enfin, au sein mĂȘme des QuĂ©bĂ©coises, la question du suffrage fĂ©minin ne fait pas consensus. Si certaines Canadiennes anglaises sâopposent au droit de vote des femmes, chez les Canadiennes françaises, un nombre important de femmes ont Ă©galement signĂ© des pĂ©titions au premier ministre Taschereau pour lui demander de ne pas accorder ce droit aux femmes[54]; notamment, une pĂ©tition provenant de la section des jeunes filles du Syndicat ouvrier catholique de Hull, et une autre venant de la FĂ©dĂ©ration des femmes canadiennes-françaises de Hull. Selon lâhistorienne Denyse Baillargeon, « ces interventions antisuffragistes sont manifestement tĂ©lĂ©guidĂ©es par les autoritĂ©s ecclĂ©siastiques dont lâobjectif est de prouver que les femmes elles-mĂȘmes ne veulent pas du vote[55] ». D'autres associations fĂ©minines, notamment des Cercles des fermiĂšres, guidĂ©es par un idĂ©al fĂ©minin diffĂ©rent de celui des militantes des centres urbains, ne se reconnaissent pas non plus dans la lutte pour ce droit[56].
Lâadoption de la loi accordant le droit de vote aux femmes (1940)
Ă la suite de lâĂ©lection du gouvernement de lâUnion nationale de Maurice Duplessis en 1936, le Parti libĂ©ral dĂ©cide de changer de position sur la question du droit de vote des femmes. En 1938, le parti tient un congrĂšs afin de se doter d'une nouvelle plateforme Ă©lectorale. Lors de ce congrĂšs, ThĂ©rĂšse Casgrain, devenue vice-prĂ©sidente des Femmes libĂ©rales du Canada et «âconnaĂź[ssan]t Ă peu prĂšs tout le mondeâ» dans le milieu de la politique quĂ©bĂ©coise, participe aux dĂ©libĂ©rations en compagnie d'une quarantaine de femmes[57]. GrĂące Ă son action, elle rĂ©ussit Ă convaincre les libĂ©raux d'adopter Ă lâunanimitĂ© une rĂ©solution en faveur du vote des femmes.
En 1939, Maurice Duplessis dĂ©clenche de nouvelles Ă©lections au QuĂ©bec. Le Parti libĂ©ral dirigĂ© par AdĂ©lard Godbout, fort de sa nouvelle plateforme Ă©lectorale, reçoit l'appui de la Ligue et de lâAlliance. Ă l'issue du scrutin, le Parti libĂ©ral est portĂ© au pouvoir. Respectant son engagement, le nouveau premier ministre Godbout prĂ©sente un projet de loi pour accorder le droit de vote aux femmes lors de la session parlementaire de 1940.
Cependant, lâĂglise publie rapidement un communiquĂ© signĂ© par le cardinal Rodrigue Villeneuve dans lequel les arguments justifiant son opposition au suffrage fĂ©minin sont Ă©noncĂ©s. Ce communiquĂ©, comme le relĂšve lâhistorienne Marie Lavigne, est la synthĂšse de tout «âlâargumentaire dĂ©ployĂ© depuis des dĂ©cennies par les opposants au suffrage des femmes[58] » :
Nous ne sommes pas favorables au suffrage politique féminin :
- parce quâil va Ă lâencontre de lâunitĂ© et de la hiĂ©rarchie familiale.
- parce que son exercice expose la femme Ă toutes les passions et les aventures de lâĂ©lectoralisme.
- parce que, en fait, il nous apparaßt que la trÚs grande majorité des femmes de la province ne le désire pas.
- parce que les rĂ©formes sociales, Ă©conomiques, hygiĂ©niques, etc., que lâon avance pour prĂ©coniser le droit de suffrage chez les femmes, peuvent ĂȘtre aussi bien obtenues grĂące Ă lâinfluence des organisations fĂ©minines, en marge de la politique. Nous croyons exprimer ici le sentiment commun des Ă©vĂȘques de la province. [signĂ©] J.-M. Rodrigue cardinal Villeneuve, O.M.I., ArchevĂȘque de QuĂ©bec[59].
MalgrĂ© lâopposition de lâĂglise, le projet de loi est adoptĂ© Ă 67 voix contre 9, le 18 avril 1940. Le 25 avril suivant, le Conseil lĂ©gislatif adopte officiellement le projet de loi. Avec cette refonte de la loi Ă©lectorale, le nombre dâĂ©lecteurs inscrits passe de 753â310 personnes en 1939, Ă 1â865â396 en 1944. En termes numĂ©riques, cette modification de la loi Ă©lectorale aura Ă©tĂ©, jusquâĂ prĂ©sent, la plus importante de lâhistoire du QuĂ©bec[60].
Ainsi, en aoĂ»t 1944, les femmes quĂ©bĂ©coises se rendent aux urnes afin de voter pour la toute premiĂšre fois. Toutefois, comme cela faisait dĂ©jĂ 25 ans quâelles votaient au palier fĂ©dĂ©ral, cette expĂ©rience nâavait rien de trĂšs inhabituel pour elles. En effet, il appert mĂȘme que les femmes avaient, jusquâalors, enregistrĂ© un taux de participation Ă©lectoral plus Ă©levĂ© que les hommes au niveau fĂ©dĂ©ral[61].
HĂ©ritage
Au QuĂ©bec, lâobtention du droit de vote sâaccompagne de lâobtention du droit dâĂ©ligibilitĂ© en politique. Ainsi, dĂšs le 25 avril 1940, les femmes ont lĂ©galement le droit «âde se prĂ©senter comme candidate, dâĂȘtre membre du parlement, et devenir un jour ministre, voire premiĂšre ministre[62]â». Câest un droit quâexercent les onze femmes qui se sont prĂ©sentĂ©es comme candidate entre 1940 et 1960, mais aucune dâentre elles nâest Ă©lue.
En 1946, ThérÚse Casgrain adhÚre à la Fédération du Commonwealth coopératif (FCC). Elle sera cheffe de ce parti de 1951 à 1957. Par cet engagement, Casgrain est la toute premiÚre femme à diriger un parti politique au Canada[63].
En 1961, Marie-Claire Kirkland-Casgrain remporte une Ă©lection partielle dans lâancienne circonscription de son dĂ©funt pĂšre, et devient donc, par la mĂȘme occasion, la toute premiĂšre femme Ă occuper la fonction de dĂ©putĂ©e au QuĂ©bec. Le 5 dĂ©cembre 1962, elle est assermentĂ©e ministre sans portefeuille dans le cabinet de Jean Lesage. En 1976, lorsque le Parti quĂ©bĂ©cois remporte les Ă©lections, cinq femmes intĂšgrent lâAssemblĂ©e nationale.
Lors des Ă©lections de 2012, Pauline Marois, cheffe du Parti quĂ©bĂ©cois, est portĂ©e au pouvoir. Soixante-douze-ans aprĂšs lâobtention par les femmes du droit de vote et de lâĂ©ligibilitĂ©, elle devient la toute premiĂšre femme Ă exercer la fonction de premiĂšre ministre du QuĂ©bec.
Chronologie partielle
- 1791 : LâActe constitutionnel donne le droit de vote aux sujets britanniques, propriĂ©taires ou locataires, ĂągĂ©s de 21 ans et plus. Il nây a pas de spĂ©cifications quant au sexe dans le texte de loi : les femmes peuvent voter si elles rĂ©pondent Ă ces critĂšres .
- 1834 : Adoption Ă lâunanimitĂ© dâune loi qui retire le droit de vote aux filles, femmes et veuves .
- 1836 : Abrogation de la loi de 1834 : les femmes obtiennent de nouveau le droit de suffrage .
- 1849 : Le parlement du Canada-Uni retire définitivement le droit de vote aux femmes .
- 1876 : Les femmes célibataires, majeures et propriétaires obtiennent le droit de vote au niveau municipal, dans la ville de Québec
- 1887 : Les femmes célibataires, majeures et propriétaires obtiennent le droit de vote au niveau municipal, dans la ville de Montréal
- 1888 : Le Code municipal est modifié par le gouvernement provincial, ce qui donne le droit aux femmes majeures, célibataires et propriétaires de voter au niveau municipal partout dans la province.
- 1892 : Le droit de vote au niveau municipal est élargi aux veuves et aux femmes célibataires locataires
- 1899 : La ville de Montréal donne le droit de vote municipal aux Montréalaises locataires qui paient des taxes
- 1902 : Marie Lacoste-Gérin-Lajoie publie son Traité de droit usuel
- 1907 : Marie Lacoste-Gérin-Lajoie et Caroline Dessaulles-Béique fondent la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste
- 1909 : Le Conseil local des femmes de Montréal entérine le principe du suffrage féminin
- 1913 : Fondation de la Montreal Suffrage Association
- 1918 : En mai, les femmes canadiennes obtiennent le droit de vote au niveau fédéral
- 1922 : Marie Lacoste-Gérin-Lajoie et Anna Marks Lyman fondent le Comité provincial pour le suffrage féminin (Provincial Franchise Committee). En février, une délégation de prÚs de 500 femmes se présente à Québec et rencontre les parlementaires et le premier ministre Taschereau
- 1927 : Idola Saint-Jean fonde lâAlliance canadienne pour le vote des femmes du QuĂ©bec
- 1929 : ThérÚse Casgrain fonde la Ligue des droits de la femme
- 1930 : Idola Saint-Jean se prĂ©sente comme candidate libĂ©rale indĂ©pendante lors des Ă©lections fĂ©dĂ©rales. Elle obtient 3â000 votes.
- 1935 : Idola Saint-Jean fait parvenir, au Roi George V, une pĂ©tition de 10â000 signataires en faveur du suffrage fĂ©minin au QuĂ©bec.
- 1938 : ThĂ©rĂšse Casgrain et une quarantaine de dĂ©lĂ©guĂ©es rĂ©ussissent Ă faire inscrire la question du droit de vote des femmes dans la plateforme du Parti libĂ©ral du QuĂ©bec. Lâaccord du droit de vote des femmes devient lâune des promesses Ă©lectorales du Parti libĂ©ral
- 1939 : Le 25 octobre, le Parti libĂ©ral dâAdĂ©lard Godbout est portĂ© au pouvoir
- 1940 : Le 25 avril, la loi accordant le droit de vote et dâĂ©ligibilitĂ© aux femmes (projet de loi 18) est sanctionnĂ©e. Les femmes quĂ©bĂ©coises obtiennent officiellement le droit de vote et lâĂ©ligibilitĂ©. Ce droit entre en vigueur le 1er janvier 1941
- 1944 : Le 8 août, les femmes québécoises votent pour la premiÚre fois aux élections provinciales
- 1961 : Marie-Claire Kirkland-Casgrain devient la premiÚre femme à occuper la fonction de députée au Québec
- 1962 : Marie-Claire Kirkland-Casgrain est assermentée ministre sans portefeuille
- 2012 : Pauline Marois devient la premiÚre femme à exercer la fonction de premiÚre ministre du Québec
Annexes
Ouvrages de référence
- Yolande Cohen, «âFĂ©dĂ©ration nationale Saint-Jean-Baptisteâ», EncyclopĂ©die canadienne, 8 novembre 2017 (lire en ligne)
StĂ©phanie Lanthier, «âIdola Saint-Jeanâ», EncyclopĂ©die canadienne, 23 fĂ©vrier 2009 (mis Ă jour le 21 fĂ©vrier 2017) (lire en ligne)
- Margaret E. McCallum, «âMarie GĂ©rin-Lajoieâ», EncyclopĂ©die canadienne, 9 mai 2014 (mis Ă jour le 30 mars 2022) (lire en ligne)
- AndrĂ© Munro, «âPauline Maroisâ», Encyclopedia Britannica, 25 mars 2022 (lire en ligne)
- UniversitĂ© de Sherbrooke, «âMarie-Claire Kirkland-Casgrain (1924-2016) Femme politiqueâ», Bilan du siĂšcle â Site encyclopĂ©dique sur lâhistoire du QuĂ©bec depuis 1900, consultĂ© le 25 aoĂ»t 2022 (lire en ligne)
- UniversitĂ© de Sherbrooke, «âMarie Lacoste-GĂ©rin-Lajoie (1867-1945) Activiste, fĂ©ministeâ», Bilan du siĂšcle â Site encyclopĂ©dique sur lâhistoire du QuĂ©bec depuis 1900, consultĂ© le 15 septembre 2022, RepĂ©rĂ© Ă https://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/biographies/323.html
- UniversitĂ© de Sherbrooke, «âSanction de la Loi accordant le droit de vote aux femmes lors des Ă©lections provincialesâ», Bilan du siĂšcle â Site encyclopĂ©dique sur lâhistoire du QuĂ©bec depuis 1900, consultĂ© le 16 septembre 2022, RepĂ©rĂ© Ă https://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/631.html
- Veronica Strong-Boag et Diane Macdonald, «âConseil national des femmes du Canadaâ», EncyclopĂ©die canadienne, 7 fĂ©vrier 2006 (mis Ă jour le 2 aoĂ»t 2016) (lire en ligne)
- Jennifer Stoddart, «âThĂ©rĂšse Casgrainâ», EncyclopĂ©die canadienne, 24 mars 2008 (mis Ă jour le 17 avril 2015), https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/therese-casgrain
Ouvrages
- Denyse Baillargeon, BrÚve histoire des femmes au Québec, Montréal, Boréal, 2012, 278 p. (ISBN 978-2-7646-2205-6)
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : Lâhistoire du suffrage fĂ©minin au QuĂ©bec, MontrĂ©al, Ăditions du remue-mĂ©nage, 2019, 235 p. (ISBN 978-289091-651-7)
- Collectif Clio, (Micheline Dumont, MichĂšle Jean, Marie Lavigne et Jennifer Stoddart) Lâhistoire des femmes au QuĂ©bec depuis quatre siĂšcles, MontrĂ©al, Le Jour Ă©diteur, 1992, 646 p. (ISBN 2-8904-4440-6)
- Paul-AndrĂ© Linteau, RenĂ© Durocher et Jean-Claude Robert, Histoire du QuĂ©bec contemporain â Tome I : De la ConfĂ©dĂ©ration Ă la crise (1867-1929), MontrĂ©al, BorĂ©al, 1989, 758 p. (ISBN 2-89052-297-0)
- Paul-AndrĂ© Linteau, RenĂ© Durocher, Jean-Claude Robert et François Ricard, Histoire du QuĂ©bec contemporain â Tome II : Le QuĂ©bec depuis 1930, MontrĂ©al, BorĂ©al, 1989 (ISBN 978-2-89052-298-5)
Chapitre dâouvrage collectif
- Marie Lavigne, «â18 avril 1940 : Lâadoption du droit de vote des femmes : le rĂ©sultat dâun long combatâ», dans Pierre Graveline (dir.), Dix journĂ©es qui ont fait le QuĂ©bec, MontrĂ©al : Ăditions Typo, 2020, p. 247-281.
Articles scientifiques
- Centre dâhistoire des rĂ©gulations sociales (CHRS), «âEntretien avec Denyse Baillargeonâ», Dossier spĂ©cial : Vieillesse, santĂ©, et travail des femmes, 8 juin 2020 (lire en ligne)
- Yolande Cohen, «âRetours sur le droit de vote des femmes au QuĂ©bec avant 1940 Le rĂŽle du parti libĂ©ralâ», Bulletin dâhistoire politique, 2012 (lire en ligne)
- Alexandre Dumas, «âLe droit de vote des femmes Ă lâAssemblĂ©e lĂ©gislative du QuĂ©bec (1922-1940)â», Bulletin dâhistoire politique, volume 24, numĂ©ro 3, printemps 2016, p. 137â157 (lire en ligne)
- Karine HĂ©bert, «âUne organisation maternaliste au QuĂ©bec la FĂ©dĂ©ration nationale Saint-Jean-Baptiste et la bataille pour le vote des femmesâ», Revue dâhistoire de lâAmĂ©rique française, volume 52, numĂ©ro 3, hiver 1999, p. 315â344 (lire en ligne)
- Marie Lavigne, «âLe 18 avril 1940 â Lâadoption du droit de vote des femmes : le rĂ©sultat dâun long combatâ», Fondation Lionel-Groulx : Dix journĂ©es qui ont fait le QuĂ©bec, 3 avril 2013 (lire en ligne [PDF])
Articles de presse
- «âIl y a 80 ans, le QuĂ©bec accordait le droit de vote aux femmesâ», Radio-Canada, 24 avril 2020 (lire en ligne)
Articles connexes
- Idola Saint-Jean
- Marie Lacoste GĂ©rin-Lajoie
- ThérÚse Casgrain
- Adélard Godbout
- Comité provincial pour le suffrage féminin
- Alliance canadienne pour le vote des femmes du Québec
- Ligue des droits de la femme
- Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste
- Droit de vote des femmes
- Suffrage féminin au Québec au XIXe siÚcle
- Suffragette, suffragisme
Notes et références
Notes
- « Depuis hier soir, le suffrage féminin est devenu loi dans la province de Québec », Le Devoir, 26 avril 1940, p. 6. Adopté à l'Assemblée législative le 18 avril 1940, le projet de loi sur le droit de vote des femmes a été ratifié par le Conseil législatif le 25 avril suivant. Ce droit de vote est devenu valable à compter du 1er janvier 1941. Ainsi, les premiÚres Québécoises à pouvoir voter furent les électrices des circonscriptions de Saint-Jean et d'Huntingdon, lors des élections partielles du 6 octobre 1941. Par la suite, toutes les femmes du Québec purent s'exprimer pour la premiÚre fois lors des élections générales de 1944.
- Ă lâexception de Terre-Neuve (qui nâest pas encore une province canadienne) et des Territoires du Nord-Ouest qui accordent le suffrage fĂ©minin respectivement en 1925 et 1951.
Références
- Marie Lavigne, « 18 avril 1940 : Lâadoption du droit de vote des femmes : le rĂ©sultat dâun long combat », dans Dix journĂ©es qui ont fait le QuĂ©bec, MontrĂ©al, Typo, , p. 275.
- MĂ©moire.qc.ca : Des origines Ă 1840, MontrĂ©al, CheneliĂšre Ăducation, , p. 223-224.
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- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 26-27.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 27.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 28.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 29.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 30-31.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 32.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 33.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 34-35.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 35.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 39.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 40.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 40-41.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 41.
- Denyse Baillargeon, BrÚve histoire des femmes au Québec, , p. 91.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 54.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 54-55.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 55.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 56.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 57.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 58.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 58-60.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, , p. 80.
- Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste | l'Encyclopédie Canadienne
- Marie Lavigne, « Le 18 avril 1940 â Lâadoption du droit de vote des femmes : le rĂ©sultat dâun long combat », Fondation Lionel-Groulx : Dix journĂ©es qui ont fait le QuĂ©bec, 3 avril 2013, p. 13.
- Marie Lavigne, « Lâadoption du droit de vote des femmes : le rĂ©sultat dâun long combat », Fondation Lionel-Groulx : Dix journĂ©es qui ont fait le QuĂ©bec, 3 avril 2013, p. 12.
- Denyse Baillargeon, BrÚve histoire des femmes au Québec, 2012, p. 56.
- CHRS, « Entretien avec Denyse Baillargeon », sur Centre d'histoire des régulations sociales, 8 juin 2020.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 90.
- Paul-André Linteau, René Durocher, Jean-Claude Robert et François Ricard, Histoire du Québec contemporain, 1989, p. 659.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 126, 131.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 96.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 97.
- Paul-André Linteau, René Durocher, Jean-Claude Robert et François Ricard, Histoire du Québec contemporain, 1989, p. 596.
- Paul-André Linteau, René Durocher, Jean-Claude Robert et François Ricard, Histoire du Québec contemporain, 1989, p. 595.
- Collectif Clio [Micheline Dumont, MichÚle Jean, Marie Lavigne et Jennifer Stoddart], L'Histoire des femmes au Québec depuis quatre siÚcles, Le Jour, 1992, p. 360.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 108, 111.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 114.
- Citation de Louis-Alexandre Taschereau dans Collectif Clio [Micheline Dumont, MichÚle Jean, Marie Lavigne et Jennifer Stoddart], L'Histoire des femmes au Québec depuis quatre siÚcles, Le Jour, 1992, p. 362.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 118.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 120.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 121-122.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 126.
- Paul-André Linteau, René Durocher, Jean-Claude Robert et François Ricard, Histoire du Québec contemporain, 1989, p. 598.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 137.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 131.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 145.
- Alexandre Dumas, « Le droit de vote des femmes à l'Assemblée législative du Québec (1922-1940) », Bulletin d'histoire politique, vol. 24, n°3, 2016, p. 137-138.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 102-103, 116.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 100.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 102-103.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 102.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 116.
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : L'histoire du suffrage féminin au Québec, 2019, p. 119.
- Marie Lavigne, « 18 avril 1940 : L'adoption du droit de vote des femmes : le résultat d'un long combat » dans Pierre Graveline (dir.), Dix journées qui ont fait le Québec, Montréal, Typo, 2020, p. 274.
- Marie Lavigne, « 18 avril 1940 : L'adoption du droit de vote des femmes : le résultat d'un long combat » dans Pierre Graveline (dir.), Dix journées qui ont fait le Québec, Montréal, Typo, 2020, p. 275.
- Extrait du communiqué du cardinal Villeneuve dans Marie Lavigne, « 18 avril 1940 : L'adoption du droit de vote des femmes : le résultat d'un long combat » dans Pierre Graveline (dir.), Dix journées qui ont fait le Québec, Montréal, Typo, 2020, p. 275.
- Marie Lavigne, « 18 avril 1940 : L'adoption du droit de vote des femmes : le résultat d'un long combat » dans Pierre Graveline (dir.), Dix journées qui ont fait le Québec, Montréal, Typo, 2020, p. 278.
- Marie Lavigne, « 18 avril 1940 : L'adoption du droit de vote des femmes : le résultat d'un long combat » dans Pierre Graveline (dir.), Dix journées qui ont fait le Québec, Montréal, Typo, 2020, p. 279.
- Marie Lavigne, « 18 avril 1940 : L'adoption du droit de vote des femmes : le résultat d'un long combat » dans Pierre Graveline (dir.), Dix journées qui ont fait le Québec, Montréal, Typo, 2020, p. 280.
- Jennifer Stoddart, « ThérÚse Casgrain », Encyclopédie canadienne, 24 mars 2008 (mis à jour le 17 avril 2015). https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/therese-casgrain.
Annexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Denyse Baillargeon, BrĂšve histoire des femmes au QuĂ©bec, MontrĂ©al, Les Ăditions du BorĂ©al, , 281 p. (ISBN 978-2-7646-2205-6)
- Denyse Baillargeon, Repenser la nation : l'histoire du suffrage féminin au Québec, Montréal, les éditions du remue-ménage, , 235 p. (ISBN 978-2-89091-651-7)
- Collectif Clio ( Dumont, Micheline. Jean, MichÚle. Lavigne, Marie. Stoddart, Jennifer.), L'histoire des femmes au Québec depuis quatre siÚcles, Montréal, Les Quinze, , 521 p. (ISBN 2-89026-309-6)
- Alexandre Dumas, « Le droit de vote des femmes Ă l'AssemblĂ©e lĂ©gislative du QuĂ©bec (1922-1940) », Bulletin d'histoire politique,â , p. 137-157
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- Marie Lavigne, « Le 18 avril 1940 â Lâadoption du droit de vote des femmes : le rĂ©sultat dâun long combat », dans Pierre Graveline (dir.), Dix journĂ©es qui ont fait le QuĂ©bec, MontrĂ©al, VLB Ă©diteur, , 263 p. (ISBN 978-2-89649-455-2, lire en ligne), p. 161-185
- Ăve LĂ©ger-BĂ©langer, « Lâobtention du droit de vote des femmes au QuĂ©bec en 1940: Le silence fĂ©minin dans les journaux », Cap-aux-Diamants,â , p. 14-16 (ISSN 0829-7983)
Articles connexes
Liens externes
- « Adoption de la loi accordant le droit de vote aux femmes au Québec », La Ligne du temps du Québec, BibliothÚque et Archives nationales du Québec.
- « Les QuĂ©bĂ©coises acquiĂšrent le droit de vote », Les 30 journĂ©es qui ont fait le QuĂ©bec, EurĂȘka! Productions, 47 minutes, 2000.
- « Le droit de vote des femmes vu par les hommes », confĂ©rence d'Alexandre Dumas, SociĂ©tĂ© historique de MontrĂ©al, SociĂ©tĂ© historique de QuĂ©bec, Ăditions du Septentrion, 19 novembre 2020.