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Marie-Claire Kirkland-Casgrain

Marie-Claire Kirkland ou Marie-Claire Kirkland-Casgrain (née le à Palmer (Massachusetts) et morte le [1]) est une avocate, femme politique, puis juge québécoise. Elle a été la première femme députée de l'Assemblée législative du Québec, la première femme membre du Conseil des ministres, la première femme juge à la Cour provinciale ainsi que la première femme à obtenir des funérailles nationales au Québec[2].

Marie-Claire Kirkland-Casgrain
Illustration.
Marie-Claire Kirkland-Casgrain en 1971.
Fonctions
Ministre québécoise de la Culture
–
(1 an et 19 jours)
Gouvernement Gouvernement Robert Bourassa (1)
Prédécesseur François Cloutier
Successeur Denis Hardy
Ministre québécoise du Tourisme,
de la Chasse et de la PĂŞche
–
(1 an, 9 mois et 3 jours)
Gouvernement Gouvernement Robert Bourassa (1)
Prédécesseur Gabriel Loubier
Successeur Guy Saint-Pierre
Ministre québécoise des Transports et des Communications
–
(1 an, 6 mois et 22 jours)
Gouvernement Gouvernement Jean Lesage
Prédécesseur Gérard Cournoyer
Successeur Fernand Lizotte
Ministre québécoise des Affaires culturelles
–
(1 an et 19 jours)
Prédécesseur François Cloutier
Successeur François Cloutier
Députée à l'Assemblée législative du Québec
–
(7 ans, 4 mois et 24 jours)
Circonscription Marguerite-Bourgeoys
Prédécesseur Nouvelle circonscription
Successeur Fernand Lalonde
–
(4 ans, 5 mois et 22 jours)
Circonscription Jacques-Cartier
Prédécesseur Charles-Aimé Kirkland
Successeur Noël Saint-Germain
Biographie
Nom de naissance Marie-Claire Kirkland
Date de naissance
Lieu de naissance Palmer, Massachusetts, États-Unis
Date de dĂ©cès (Ă  91 ans)
Nationalité Canadienne
Père Charles-Aimé Kirkland
Mère Rose Demers
Conjoint Philippe Casgrain
Enfants 3
Diplômé de Université McGill
Profession Femme politique
Avocate

Député libérale sous les gouvernements de Jean Lesage puis de Robert Bourassa, son engagement politique reflète ses idéaux féministes. Elle est au cœur de grandes réformes, notamment la création du Conseil du statut de la femme (1973) et la Loi sur la capacité juridique de la femme mariée (1964), qui permet aux Québécoises d’exercer des actes juridiques sans nécessiter le consentement de leur mari.

Biographie

Enfance et formation

À l'occasion du Mardi gras, Claire Kirkland danse avec le docteur G. Bowen (19 février 1947).

Enfant unique de Rose Demers et de Charles-Aimé Kirkland[3], Marie-Claire Kirkland naît le à Palmer, dans l'État du Massachusetts, aux États-Unis. Elle voit le jour tout près de l'université Harvard où son père, jeune médecin québécois, se spécialise. Sa famille rentre ensuite à Montréal et elle passe son enfance à Ville-St-Pierre (aujourd'hui fusionnée à Lachine), où son père pratique la médecine[1].

À 7 ans, elle devient pensionnaire d'un établissement de la Congrégation Notre-Dame, puis demi-pensionnaire au Couvent Villa-Maria[4]. Elle commence ses études universitaires en droit à l'Université McGill en 1947, y obtient un baccalauréat ès arts et sa licence en droit[4]. Après une formation en droit international à Genève, elle est admise au barreau du Québec en 1952[4]. Elle pratique sa profession à Montréal, au cabinet de Mes Cerini et Jamieson, jusqu'en 1961.

En 1954, Claire Kirkland épouse l'avocat Philippe Casgrain avec qui elle aura trois enfants : Lynne-Marie (qui a pratiqué le droit au cabinet Grey Casgrain Avocats avant de devenir ombudsman au CUSM[5]), Kirkland (juge à la Cour Supérieure du Québec[6]) et Marc. Le couple divorcera 17 ans plus tard, en 1971[7].

Parallèlement à la pratique du droit, Marie-Claire Kirlkand-Casgrain suit avec intérêt la carrière politique de son père, le docteur Charles-Aimé Kirkland, député libéral de la circonscription de Jacques-Cartier[8]. Très tôt, elle s'implique dans les affaires publiques. Elle est conseillère de la Jeunesse libérale dans Jacques-Cartier, présidente du Comité de la constitution du Club Mariana B. Jodoin et de la Fédération des femmes libérales du Québec. De plus, elle est membre-fondatrice de l'Association des femmes avocates de la province de Québec. Durant ces mêmes années, elle écrit aussi dans la revue Châtelaine la chronique « Ce que j'en pense »[9].

Carrière politique

L'année 1961 marque la mort de Charles-Aimé Kirkland, député de Jacques-Cartier. Sous la bannière du Parti libéral du Québec, Marie-Claire Kirkland-Casgrain succède à son père en remportant l'élection partielle du 14 décembre 1961 : c'est le début d'une carrière politique riche en accomplissements. Elle devient ministre d'État dans le cabinet Lesage le 5 décembre 1962. En l'honneur de la première femme ministre, le Premier ministre Jean Lesage reçoit à déjeuner Mme Kirkland-Casgrain au Café du parlement le 5 février avec comme invité d'honneur les femmes des ministres de son cabinet et la femme de M. Paul Comtois, lieutenant-gouverneur.

Le docteur Charles-Aimé Kirkland, père de Marie-Claire Kirkland-Casgrain et député libéral à l'Assemblée nationale du Québec. Sa fille lui succède dans la circonscription de Jacques-Cartier en 1961.

Marie-Claire Kirkland Casgrain s'illustre particulièrement dans la défense des droits de la femme. En 1964, elle présente le projet de loi 16, Loi sur la capacité juridique de la femme mariée, qui permet d'exercer des actes juridiques sans le consentement de l'époux, comme signer un bail ou ouvrir un compte bancaire. On lui doit aussi la création de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec (ITHQ), fondé à son initiative en 1968, alors qu'elle est ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche[10]. En 1969 elle fait adopter la Loi concernant les régimes matrimoniaux et l'établissement de la société d'acquêts, en 1972 la Loi sur les biens culturels[11] qui permet au ministre des Affaires culturelles de classer un bien même contre l'avis de son propriétaire et en 1973 la Loi 63, établissant le Conseil du statut de la femme, un organisme ayant pour but de conseiller le gouvernement sur les enjeux liés aux femmes québécoises et de sensibiliser la population[12].

De 1964 à 1966, elle est ministre des Transports et des Communications. Elle est réélue en 1966, cette fois dans la circonscription de Marguerite-Bourgeoys, qu'elle représentera jusqu'en 1973[13]. En 1969, alors qu'elle est dans l'opposition officielle, elle fait adopter la Loi concernant les régimes matrimoniaux et l'établissement de la société d'acquêts qui privilégie le partage de la valeur des biens accumulés pendant le mariage tout en permettant à chacun des époux d'exclure certains biens qui leur sont propres[14].

De 1970 à 1972, elle est nommée ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche sous le premier gouvernement de Robert Bourassa et élabore un livre blanc sur l'accessibilité des territoires de chasse et de pêche, qui s'est traduit par la création des réserves fauniques du Québec. Alors qu'elle est ministre des Affaires culturelles de 1972 à 1973, elle préside également l'adoption de la Loi sur les biens culturels (devenue en 2011 la Loi sur le Patrimoine culturel) et la Loi 63 établissant un Conseil du statut de la femme[13].

Kirkland-Casgrain détient plusieurs titres de pionnière en politique québécoise. Elle est la première femme élue députée de l'histoire du Québec en 1961, la première à être nommée ministre lorsque Jean Lesage lui confie un ministère d'État (sans portefeuille) en 1962, la première femme à se présenter devant le Comité des projets de loi privés de l'Assemblée législative du Québec (en 1964 avec la Loi 16), la seule femme membre du gouvernement provincial du Québec de 1961-1973, la première femme à être nommée Premier ministre intérimaire d'un gouvernement provincial en l'absence de Robert Bourassa entre le 2 août et le 6 août 1972[13].

Texte complet - La capacité juridique de la femme mariée dans le Québec, avec une introduction de Claire Kirkland-Casgrain, ministre d'État, 1965.

Après la politique

Kirkland-Casgrain quitte la scène politique Ă  la suite de sa nomination Ă  titre de juge de la Cour provinciale et prĂ©sidente de la Commission du salaire minimum, le . Elle devient ainsi la première femme juge Ă  la Cour provinciale[2]. Sous sa prĂ©sidence, la Commission augmente de 35% le taux de salaire minimum dès la fin de l'annĂ©e 1973[15]. En 1980 elle devient juge dans le district judiciaire de MontrĂ©al avant de prendre sa retraite en 1991, Ă  l'âge de 67 ans.

Le , lors du 40e anniversaire de sa première élection, les membres de l'Assemblée Nationale du Québec lui ont rendu un vibrant hommage[16]. Pour l'occasion, une salle du restaurant Le Parlementaire, située dans l'hôtel du Parlement, a été nommée en son honneur. En 2007, elle épouse Wyndham Strover, un avocat à Rothersay (Nouveau-Brunswick), avec qui elle passera les dernières années de sa vie[17]. En 2012, un monument érigé près de l'Assemblée nationale lui rend hommage en compagnie d'autres pionnières de la lutte des femmes au Québec : Idola Saint-Jean, Marie Gérin-Lajoie et Thérèse Casgrain.

Mort

Marie-Claire Kirkland-Casgrain meurt le Ă  l'âge de 91 ans. Le mĂŞme jour, le Premier ministre du QuĂ©bec Philippe Couillard annonce la tenue de funĂ©railles nationales « pour souligner l’engagement et le dĂ©vouement de Mme Kirkland-Casgrain qui, en tant que première femme Ă  exercer des fonctions dans les domaines politique et juridique au QuĂ©bec, a mis ses convictions au service de l’égalitĂ© entre les femmes et les hommes »[18]. De ce fait, elle devient la première femme Ă  avoir des funĂ©railles nationales au QuĂ©bec[2].

Engagement social

Outre ses engagements déjà mentionnés (Jeunesse libérale, Club Mariana B. Jodoin, Fédération des femmes libérales du Québec, Association des femmes avocates de la province de Québec, revue Châtelaine), Marie-Claire Kirkland fût aussi Vice-présidente du conseil exécutif de la Ligue de sécurité de la province de Québec, membre directrice de l'Orchestre de chambre de McGill, gouverneure à vie de la Corporation de l'Hôpital Douglas et fondatrice et présidente du chapitre canadien de l'Alliance internationale des femmes[19].

Honneurs

Monument en hommage aux femmes en politique, colline parlementaire de Québec.

Prix et décorations

Doctorats honorifiques

Lieux et monuments commémoratifs

Notes et références

  1. « Claire Kirkland-Casgrain : Décès de la première femme députée à Québec », sur Le Huffington Post Québec, (consulté le )
  2. « Notice 1182567 - Allocution du premier ministre du Québec, Philippe Couillard, dans le cadre des funérailles nationales en mémoire de Mme Claire Kirkland-Casgrain », sur www.bibliotheque.assnat.qc.ca (consulté le )
  3. « Me Marie-Claire Kirkland | Barreau de Montréal », sur www.barreaudemontreal.qc.ca (consulté le )
  4. « Claire Kirkland-Casgrain - Assemblée nationale du Québec », sur www.assnat.qc.ca (consulté le )
  5. Lise Ravary, « Merci, madame Kirkland-Casgrain », Le Journal de Montréal,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Barreau du Québec, « Volume 35 - Numéro 13 », sur http://www.barreau.qc.ca (consulté le )
  7. « PHILIPPE CASGRAIN A renaissance man passes - The Métropolitain », sur www.themetropolitain.ca (consulté le )
  8. « Charles-AimĂ© Kirkland - AssemblĂ©e nationale du QuĂ©bec », sur www.assnat.qc.ca (consultĂ© le )
  9. Télévision - Radio-Canada.ca, « 5 décembre 1962 | Quelle histoire! | Radio-Canada.ca », sur Quelle histoire! | Radio-Canada.ca (consulté le )
  10. « http://www.assnat.qc.ca/Media/Process.aspx?MediaId=ANQ.Vigie.Bll.DocumentGenerique_135363&process=Default&token=ZyMoxNwUn8ikQ+TRKYwPCjWrKwg+vIv9rjij7p3xLGTZDmLVSmJLoqe/vG7/YWzz », sur www.assnat.qc.ca (consulté le )
  11. Ministère de la Culture et des Communications, « Histoire de la protection du patrimoine au Québec », sur www.mcc.gouv.qc.ca, (consulté le )
  12. « Historique et présidentes – Conseil du statut de la femme (CSF) », sur www.csf.gouv.qc.ca (consulté le )
  13. « Claire Kirkland-Casgrain - Assemblée nationale du Québec », sur www.assnat.qc.ca (consulté le )
  14. « La société d’acquêts », Éducaloi,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « L'histoire du salaire minimum », sur travail.gouv.qc.ca, (consulté le )
  16. Josiane Lavallée, « Claire Kirkland-Casgrain » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le ).
  17. (en-US) « Homage to Claire Kirkland-Casgrain : Law | Focus online », sur publications.mcgill.ca (consulté le )
  18. Secrétariat ? la Condition féminine, « Détail du communiqué », sur www.scf.gouv.qc.ca, (consulté le )
  19. « Généalogie Philippe Casgrain », sur www.nosorigines.qc.ca (consulté le )
  20. « Marie-Claire Kirkland – Ordre national du Québec », sur www.ordre-national.gouv.qc.ca (consulté le )
  21. « Claire Kirkland-Casgrain | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  22. « Affaire « personne » | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  23. Office of the Secretary to the Governor General, « Mme Marie-Claire Kirkland, C.M., C.Q., B.A., LL.D., c.r. », sur La gouverneure générale du Canada (consulté le )
  24. (en) Arrondissement de LaSalle, « Legs du 375e anniversaire de Montréal - Inauguration de la promenade de l'Aqueduc et désignation du parc Marie-Claire-Kirkland-Casgrain », sur www.newswire.ca (consulté le )
  25. « Monument Hommage aux femmes en politique Inauguration d’une plaque commémorative - Assemblée nationale du Québec », sur www.assnat.qc.ca (consulté le )
  26. Agence QMI, « Assemblée nationale: deux salles en l’honneur de Pauline Marois et de Marie-Claire Kirkland », sur Le Journal de Québec (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Allaire, Emilia B., TĂŞtes de femmes : essais biographiques, QuĂ©bec, Ă©ditions de l'Équinoxe, 1964, p. 89-94.
  • Claire Kirkland-Casgrain, A woman in politics, my own story, Châtelaine, no 49 () p. 47, 99-103.
  • Guylaine Boucher, « Avocate dĂ©fenderesse de la dĂ©mocratisation d’une sociĂ©tĂ©, Marie-Claire Kirkland », Journal du Barreau, vol. 37, no 10 ().
  • Josiane LavallĂ©e, La dĂ©putation fĂ©minine au Parti libĂ©ral et au Parti quĂ©bĂ©cois. Un parcours de 50 ans : 1961–2011, Bulletin d’histoire politique, vol. 20, no 2 (automne 2011) : 25-45.
  • Janice Paskey, A conversation with Marie-Claire Kirkland, McGill News Alumni Quarterly, Spring 1998.
  • International Who’s who of women 2002. 3eĂ©dition. Europa publications, 2002.

Articles connexes

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