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Cantique

Un cantique est un chant donné à Dieu dans le judaïsme et dans le christianisme. Son nom provient du latin canticum qui signifie chant ecclésiastique, à savoir chant biblique. Le terme recouvre donc tous les chants dans la bible, à l'exception des psaumes qui y forment un livre à eux seuls[2]. Aussi le cantique se distingue-t-il notamment de l'hymne ayant la même fonction, mais qui est un texte non biblique, et composé plus récemment.

Le Cantique des Cantiques est l'un des livres de la Bible qui représente effectivement la caractéristique du cantique, notamment celle du texte musical. C'est la raison pour laquelle ce titre distingué fut fixé au XVIIe siècle, afin de rendre hommage au roi Salomon[1] (texte intégral en français : Bible Crampon 1923/Cantique ).

L'origine du cantique est cependant plus ancienne que celle du psaume. Le cantique de Moïse après le passage de la mer Rouge (Bible Crampon 1923/Exode 15,1), chanté ou récité au vigile pascale, est de nos jours considéré en tant que prototype du psaume[3]. Il s'agit du Te Deum hébreu[z 1].

Dans la tradition chrétienne, le cantique le plus solennel et le plus connu est le cantique Magnificat. Au regard des textes, ceux du Livre d'Isaïe sont surtout importants dans le contexte liturgique[a 1].

Terme

L'origine du mot latin canticum est celui de cantus, qui signifie simplement un chant. Le terme canticum était particulièrement employé pour la partie d'une comédie ainsi qu'un chant ecclésiastique ou religieux[4].

L'usage dans la langue française apparut vers 1130 avec cantike au sens de « chant d'action de grâces[1] - [4]. » En tant que titre d'un livre de la bible, le Cantique des Cantiques est employé dès 1614 selon les premiers mots de texte, au lieu de la traduction du mot hébraïque le grand poème ou le chant suprême[4]. Le dictionnaire du CNRTL donne une explication : « Cantique par excellence attribué par la Bible à Salomon[1]. »

Le cantique peut signifier également « chant en langue vulgaire chanté dans les offices religieux[1]. » Ainsi, le jeune compositeur Gabriel Fauré sélectionna le titre Cantique de Jean Racine en 1865, pour une hymne dans le bréviaire et traduite en français par Jean Racine au XVIIe siècle. De même, une hymne célèbre de saint François d'Assise est intitulée le Cantique de frère soleil en raison de son texte italien, plus précisément ombrien.

Par ailleurs, à partir de 1532, on l'emploie parfois comme titre de poèmes exaltant une chose ou une personne, par métaphore[1] - [4]. Donc aujourd'hui, le mot cantique est utilisé pour les œuvres dans plusieurs genres littéraires. Par exemple, Victor Hugo écrivit un poème le Cantique de Bethphagé[5]. Plus récemment, Arto Paasilinna donna à l'un de ses romans, le Cantique de l'Apocalypse joyeuse. Alors, le cantique s'accompagne toujours d'un sentiment de joie, notamment celle de la foi, mais sauf ceux du Carême, textes concernant Ézéchiel et Jérémie.

L'ambiguïté reste même dans le domaine de la musique. Au XVIIe siècle, Marc-Antoine Charpentier composa un certain nombre de cantiques. Cependant, il y a peu de cantiques propres. Ses cantica sont essentiellement synonyme de motet ou d'oratorio[b 1].

Catégorie

D'après ces définitions du terme et l'analyse des œuvres, l'on peut distinguer ces catégories (voir aussi § Œuvres musicales) :

  1. Cantique solennel : chants bibliques, donc ceux du sens original. Traditionnellement, ces cantiques étaient et sont solennellement chantés par le chantre, c'est-à-dire soliste, et la schola dans la messe ainsi que les offices liturgiques.
  2. Cantique dédié à quelqu'un ou à quelque chose
    1. Œuvre en latin : notamment des œuvres dédiées aux saintes et saints, anniversaires des établissements religieux. Ainsi, Marc-Antoine Charpentier écrivit un certain nombre de cantica, dédiés à Notre Dame, Jésus-Christ, sainte Cécile, saint Louis, saint François Xavier et le reste[b 1].
    2. Œuvre en langue nationale : de la même manière, il existe un nombre considérable de cantiques en langue vulgaire, comme un cantique breton au-dessous, dédié à sainte Anne. Probablement, il s'agit de l'origine de la troisième catégorie, dit cantique. Encore faudrait-il ajouter une œuvre distinguée de deux musiciens chrétiens dans cette catégorie. En 1987, Krzysztof Penderecki, compositeur catholique polonais, rendit hommage à Mstislav Rostropovitch, violoncelliste russe, avec son Cantique des Chérubins en vieux slave, d'après des textes de la liturgie orthodoxe. En effet, il s'agissait du 60e anniversaire de Rostropovitch[6].
    3. Œuvre non musicale : à savoir des œuvres littéraires, par exemple, des poèmes, des romans. Généralement, ces œuvres aussi sont spirituelles et consacrées à quelques choses.
  3. Hymne dit cantique : il y a parfois des cantiques non bibliques ni dédiés aux saints. Les quatre cantiques spirituels de Jean-Baptiste Moreau et de Michel-Richard de Lalande, composés en 1694 en collaboration avec Jean Racine, sont de ses exemples. Surtout, un certain nombre d'hymnes populaires aussi s'appellent cantiques. Au contraire des cantiques bibliques, ces chants possèdent très fréquemment ses refrains, de sorte que les fidèles puissent faciliter à les chanter.

Hymnes nationaux

De la même manière, quelques nations telle la Suisse se distinguent en raison de leurs cantiques comme hymnes nationaux, appelant à la foi ainsi qu'aux protection et bénédiction du Seigneur. Le Cantique suisse est donc un hymne spirituel chanté en quatre langues vulgaires et un concours est prévu en 2014 afin de la renover[7].

Dans la tradition de l'Église romaine

Texte biblique en latin

Auprès de l'Église d'Occident, le cantique était d'abord l'un des deux seuls chants pour le répertoire de la célébration, avec le psaume. Il s'agissait donc des textes bibliques. Car, pendant les trois premiers siècles, les offices furent exécutés en grec[3]. De plus, c'était uniquement le soliste qui chantait ces psaumes et cantiques in directum, à savoir sans refrain. Donc il s'agissait des musiques à écouter, avant que les fidèles de saint Ambroise de Milan ne puissent partager les chants au IVe siècle[8].

La tradition du cantique s'amplifia définitivement dans les monastères, notamment à la suite de la règle de saint Benoît, fixée vers 530. Dans le chapitre XIII Comment célébrer l'office du matin aux jours ordinaires, il précisait qu'il faut un « cantique tiré des prophètes » puis « ceux qui sont tirés des Évangiles[d 1]. » Au regard des Vêpres, c'est un « canticum de Evangelio[d 2] (chapitre XVII). » Plus précisément, il s'agit des extraits de l'Apocalypse ainsi que des épîtres de saint Paul aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens et à Timothée. La première épître de Pierre est également en usage[2]. Toutefois, surtout dans l'office de matines du dimanche, les cantiques jouent un rôle considérablement important. En effet, sans travail manuel le dimanche, saint Benoît agrandit cet office en demandant aux moines de se consacrer aux offices plus longtemps. Comme il ne souhaitait pas que les psaumes dans cet office dépassent 12[9], le nombre sacré, le troisième nocturne ajouté se compose essentiellement des cantiques au lieu des psaumes et l'abbé se confiait sur le choix des textes[d 3].

Même de nos jours, de nombreux monastères conservent une tradition pour les matines, laudes et vêpres, principalement selon des cantiques de l'Ancien Testament. Quelques textes distingués s'y trouvent :

  • Parmi ceux-ci, les deux cantiques de Moïse, le plus ancien et le dernier de celui-ci, se distinguent lors de la célébration du vigile pascale. Le Cantemus Domino, gloriose enim magnificatus est (Bible Crampon 1923/Exode 15,1-19) est solennellement chanté ou récité, après la lecture précédente de l'Exode XIV, le passage de la mer Rouge[y 1]. Le dernier, Audite, cæli, quæ loquor (Bible Crampon 1923/Deutéronome 32,1-43), quant à lui, est également une belle louange à Dieu avant sa mort sur le mont Nébo. C'est saint Benoît qui choisit ce texte. Selon sa règle, il faut que ce dernier soit chanté lors de l'office solennel aux laudes du samedi[d 2]. Ils sont, tous les deux, non seulement de grandes doxologies mais aussi des prières dans l'attente du Christ ressuscité. C'est pourquoi l'on les chante avant la messe de la Résurrection.
  • L'une de plus belles symétries dans la tradition du christianisme entre l'Ancien Testament et le Nouveau Testament se trouve vraisemblablement dans les cantique d'Anne (Bible Crampon 1923/1 Samuel 2,1-10) et Magnificat. En effet, non seulement ces cantiques répartissent de mêmes pensées mais également celui d'Hannah (Anne) prévoyait et annonçait celui de Sainte Vierge. Tous les deux chants sont la louange à Dieu qui félicita la naissance des deux enfants promis et attendus, Samuel et Jésus-Christ[z 2].
  • Au regard de Notre Dame, les offices dédiés à Sainte Vierge bénéficient de la belle et mythique image du Cantique des Cantiques. D'une part, ce livre est la source des liturgies solennelles de l'Assomption[y 2] et de l'Immaculée Conception[y 3]. D'autre part, les compositeurs à la Renaissance aimaient surtout ce texte pour leurs œuvres. Ainsi, l'un des livres de motets de Giovanni Pierluigi da Palestrina se consacrait au Canticum Canticorum. Il s'agit du IVe livre du compositeur Motettorum — Liber Quartus qui se compose de 29 motets[10]. De plus, en profitant des mélodies de ceux-ci[11] et des œuvres d'autres musiciens[12], il écrivit quelques messes.
  • Par ailleurs, une tendance est évidente dans le répertoire des cantiques. Si le livre est aujourd'hui attribué à plusieurs auteurs, des textes du Livre d'Isaïe furent très souvent sélectionnés. Il semble que ce livre explique splendidement la longue histoire de la Grâce en reliant l'Ancien Testament au Nouveau Testament[a 1].

En résumé, les cantiques se composent essentiellement des chants bibliques de l'Ancien Testament. En effet, les cantiques célèbres dans le Nouveau Testament ne comptent que trois : Magnificat, Cantique de Syméon et Cantique de Zacharie. Pourtant, le Magnificat est toujours considéré en tant que chant au premier rang dans la liturgie solennelle, par exemple lors des vêpres. De même, le sommet des laudes est le Cantique de Zacharie[13].

Texte en langue vulgaire

Au regard du texte non biblique, comme déjà mentionné, le cantique de saint François d'Assise Cantique de frère soleil est très connu. En rendant hommage à ce saint, un franciscain Irénée d'Eu[14] publia son œuvre Cantiques spirituels en français chez Pierre I Ballard en 1639 [lire en ligne]. Mis en musique par Denis Macé, ce livre de chant eut un succès et fut réédité en 1648. Cependant, cette publication fut effectuée au temps de la Réforme catholique, et notamment avait été financée par le chancelier Pierre Séguier. Donc, ses chants spirituels en français étaient surtout autorisés auprès du Carmel de Pontoise par Jeanne Séguier, une sœur du chancelier et supérieure du Carmel, pendant les récréations entre deux offices psalmodiés en latin[c 1]. À cette époque-là, il n'était pas encore interdit, même aux catholiques, de traduire la bible, à condition de n'en pas utiliser les versions françaises au cours des célébrations liturgiques[c 2].

À vrai dire, ce titre Cantiques spirituels était, auparavant, très fréquemment adopté par les huguenots, pour leur traduction des cantiques de l'Ancien Testament[c 3].

Puis, d'autres Cantiques spirituels en français parurent peu après. Il s'agit de ceux de Jean Racine, sortis en 1694. C'était notamment un cas particulier, car à la suite de l'édit de Fontainebleau (1685), à savoir révocation de celui de Nantes, tous les textes religieux du chant en français étaient strictement interdits[c 4]. Nonobstant l'auteur précisait que ces cantiques « sont souvent chantez devant le Roy. » En effet, les œuvres avaient été composées pour la Maison royale de Saint-Louis, fondée en 1686 par Madame de Maintenon, plus précisément pour des demoiselles nobles qui avaient perdu leurs pères à cause des guerres. Parmi ces quatre cantiques, trois furent composés par Jean-Baptiste Moreau, maître de musique de cet institut. Mais c'était Michel-Richard de Lalande ayant composé le n° IV, selon la publication musicale, qui avait réussi à résoudre la difficulté du texte de Racine, grâce à son expérience profonde. L'année suivante, un autre livre de chant, mis en musique par Pascal Collasse, fut publié. Ce musicien aussi était l'un de sous-maître de la Chapelle royale. Il existe une autre surprise. Comme la plupart de traducteurs des cantiques tels Jean Calvin, Clément Marot s'essayaient à rimer leurs textes[c 2], l'Église romaine prohibait les livres des psaumes rimés et mis en musique depuis XVIe siècle[c 5]. Ainsi, cette œuvre de Racine n'était autre qu'une exception[c 6].

Cantique n°II sur le bonheur des justes, et sur le malheur des réprouves (version musicale, n°IV),
tiré du Livre de la Sagesse (chapitre Bible Crampon 1923/Sagesse 5, texte)

Heureux qui, de la sagesse
Attendant tout son secours,
N'a point mis en la richesse
L'espoir de ses derniers jours !
La mort n'a rien qui l'étonne ;
Et, dès que son Dieu l'ordonne,
Son âme, prenant l'essor,
S'élève d'un vol rapide
Vers la demeure où réside
Son véritable trésor[15].
............

L'interdiction des psaumes rimés était néanmoins l'origine de l'autorisation des chants religieux en langue vulgaire lors de la messe dominicale, jusqu'à nos jours[c 7].

Dans l'usage moderne, le cantique s'emploie plus fréquemment. Outre les chants liturgiques approuvés par les différentes autorités ecclésiastiques, la foi populaire se traduisit souvent par la création et l'interprétation de chants en langue vernaculaire. Le XIXe siècle vit notamment la naissance d'une multitude de chants qui étaient interprétés à la sortie de la messe dominicale, lors des pèlerinages, ou pour des occasions particulières : saint patron, noces sacerdotales, bénédiction de cloches, installation de curé, etc. Certains sont passés à la postérité, entre autres « Aux habitants de la sainte Patrie », « C'est le mois de Marie », « Je suis chrétien », « J'irai la voir un jour », « Ô Marie, ô Mère chérie », « Tandis que le monde proclame »… ; ils sont toujours utilisés dans la mouvance catholique traditionaliste, beaucoup plus rarement ailleurs.

Ce type de cantique en langue vulgaire fut formellement autorisé par le pape Pie XII le 25 décembre 1955, avec son encyclique Musicæ sacræ disciplina, qui le recommande notamment en faveur des enfants et des jeunes.

Après l'Évangélisation, la Bretagne possède plus de 1 500 ans de l'histoire de cantique en breton[16]. Le 10 septembre 2013, le diocèse de Vannes signe la charte Ya d'ar Brezhoneg[17] (Oui au breton) proposée par l'Ofis Publik ar Brezhoneg (Office public de la langue bretonne)[16] - [18]. Il est possible que les cantiques d'Anne eussent remplacé le Magnificat en préférant l'Ancien Testament.

refrain - O Rouanez Karet en Arvor, o Mam lan druhé
Ar en douar, ar er mor, goarnet ho pugalé.

O Reine, Aimée de l'Arvor, Mère pleine de bonté
Sur la terre et sur la mer, protégez vos enfants.

1. Intron Santez Anna, ni ho ped a galon
Get joé ni um laka, édan ho koarnassion.

Bonne Mère Sainte Anne, nous vous prions de tout cœur,
Avec joie, nous nous mettons sous votre protection.

2. Patronèz Brieh Izél, dohoh en des rekour,
Hos Arvoriz fidél : reit dehé ho sekour.

Patronne des Bretons, en vous nous avons recours,
Les gens de l'Arvor, fidèles, donnez-leur votre aide.

3. Goarantet ni, ô Mam, do er préhed marùel,
Eid m'or havo divlam er Barnour éternél.

Gardez nous, O Mère du péché mortel,
Pour que nous allions purs au juge éternel.

— En tant que chant final de la messe du 28 juillet 2013, Solennité de Sainte Anne auprès de l'église Saint-Patern (Vannes).

Liste des cantiques dans le Psautier du bréviaire monastique (1938)

Il est évident que plupart de cantiques se commencent avec les termes Domine, Dominus..., car ces textes furent soigneusement choisis en tant que répons chanté après la lecture. Cela exprime précisément la fonction du cantique dans la liturgie depuis les premiers siècles du christianisme.

D'autres cantiques bibliques

Célébration de la fête de l'Immaculée Conception

S'il s'agit d'un dogme récemment adopté en 1854, la célébration solennelle de l'Immaculée Conception se constitue principalement des cantiques[y 17]. Le dernier, Magnificat est le sommet de cette liturgie. La tradition est en effet assez ancienne. Ainsi, en France, la Chapelle royale commença à célébrer cette fête sous le règne du roi Charles VI († 1422) vraisemblablement en 1389, selon le conseil des théologiens et aumôniers de ce souverain, Pierre d'Ailly et Michel de Creney[20].

Alleluia, alleluia, alleluia.
1. Ecce tu pulchra es, amica mea, ecce tu pulchra es : oculi tui columbarum (Bible Crampon 1923/Cantique 1,15[x 8]).
Alleluia.
Hortus conclusus (C'est un jardin fermé que ma sœur fiancée, une source fermée, une fontaine scellée, Cantique des cantiques IV, 12.). Sainte Vierge dans le jardin paradisiaque (œuvre anonyme du XVe siècle).
2. Hortus conclusus, soror mea, sponsa, hortus conclusus, fons signatus (Bible Crampon 1923/Cantique 4,12[x 9]).
Alleluia.
D'ailleurs, l'on peut exécuter l'alléluia d'une manière plus solennelle. Il s'agit des plus beaux morceaux du Cantique des Cantiques. Une perfection liturgique se paracheve avec le verset IX, « immaculata mea. »

I. Ecce tu pulchra es, amica mea,
ecce tu pulchra es : oculi tui columbarum (Bible Crampon 1923/Cantique 1,15).
(répons) Alleluia.

II. Iam enim hiemps transiit,
imber abiit et recessit (Ct 2,11).
Alleluia.

III. Flores apparuerunt in terra nostra,
tempus putationis advenit (Ct 2,12[x 10]).
Alleluia.

IV. Vox turturis audita est in terra nostra,
vineæ florentes dederunt odorem suum (Ct 2,12-13[x 11]).
Alleluia.

V. Sonet vox tua in auribus meis :
vox enim tua dulcis, et facies tua decora (Ct 2,14[x 12]).
Alleluia.

VI. Favus distillans labia tua sponsa,
mel et lac sub lingua tua (Ct 4,11[x 13]).
Alleluia.

VII. Odor vestimentorum tuorum
super omnia aromata (Ct 4,10[x 14])
Alleluia.

VIII. Hortus conclusus, soror mea, sponsa,
hortus conclusus, fons signatus (Ct 4,12).
Alleluia.

IX. Aperi mihi, soror mea, amica mea,
columba mea, immaculata mea (Ct 5,2[x 15]).
Alleluia.

X. Pulchra es, amica mea, suavis et decora sicut Ierusalem,
terribilis ut castrorum acies ordinata (Ct 6,4[x 16]).
Alleluia.

Œuvres musicales

Magnificat, toujours sommet de la célébration des vêpres (œuvre de Fra Angelico).

Cantiques en latin avec textes bibliques

Dans l'histoire de la musique liturgique, un grand nombre de compositeurs s'inspiraient toujours du Magnificat. En effet, ce cantique est le sommet des vêpres, la liturgie des Heures la plus solennelle et au premier rang[21] (liste des œuvres de Magnificat).

Cantiques en langue vulgaire et le reste

Il s'agit des œuvres en langue nationale et des œuvres dédiées à quelqu'un ou à quelque chose, mais toujours spirituelles.

Par ailleurs, en Bretagne, il existe la tradition des cantiques bretons. Inspiré par ces mélodies, Saint-Saëns écrivit quelques morceaux pour orgue.

  • Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Trois rapsodies sur des Cantiques bretons pour orgue (op. 7, 1857) ; (Ire et IIIe orchestrées en 1892)[29]. 8 Cantiques pour le mois de Mai (1859).

Dans la tradition byzantine

Le mot latin canticum est une traduction du grec ὠδή, qui donne ode, parfois utilisé de manière interchangeable pour désigner ces textes dans la bible et dans leur utilisation liturgique.

Canon

Le principal usage qui est fait des cantiques dans le rite byzantin est leur reprise au sein du canon, la pièce centrale de l'office des matines. La pratique palestinienne, au départ, était de psalmodier aux matines neuf cantiques bibliques :

  1. le Cantique de la mer : Exode, 15:1-19 ;
  2. le chant de Moïse dans le Deutéronome : Deutéronome, 32:1-43 (chanté seulement les jours de semaine du Grand Carême) ;
  3. le chant d'Anne, mère de Samuel le prophète : I Samuel, 2:1-10 ;
  4. le chant d'Habacuc le prophète : Livre de Habacuc, 3:2-19 ;
  5. le chant d'Isaïe le prophète : Livre d'Isaïe, 26:9-20 ;
  6. le chant de Jonas le prophète : Livre de Jonas, 2:3-10 ;
  7. le chant d'Azarias : Livre de Daniel, 3:26-45 ;
  8. le chant des Trois Enfants saints : Livre de Daniel, 3:52-90 ;
  9. le chant de la Vierge (le Magnificat) : Luc, 1:46-55 et celui de Zacharie, père de Jean le Baptiste (le Bénédictus) : Luc, 1:68-79.

Ces dix cantiques (dont les deux issus du Nouveau Testament sont réunis au sein de la neuvième ode) furent associés à des tropaires qui illustraient le thème liturgique du jour, et précédés par un hirmos, qui faisait le lien avec le thème de l'ode. Dans la pratique, seule cette hymnographie chrétienne subsiste, et les versets des cantiques bibliques eux-mêmes ne sont plus chantés que les jours de semaine en Carême. Le Magnificat est le seul de ces textes qui est chanté chaque jour : dans la pratique actuelle, il est chanté entre la huitième ode et l'hirmos de la neuvième, et entre ses versets on intercale l'hymne « Plus vénérable que les Chérubins, et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins, toi qui sans corruption enfantas Dieu le Verbe, et véritablement Mère de Dieu, nous te magnifions », qui est initialement l'hirmos de la neuvième ode du canon du Samedi Saint.

Saint André de Crête est le premier auteur à avoir écrit des canons pour les offices liturgiques, au VIIe siècle ; lorsque le genre se fut imposé, des auteurs tels que saint Jean Damascène et saint Joseph l'Hymnographe complétèrent le cycle liturgique.

Samedi Saint et paramonies

Aux vêpres du Samedi Saint, plusieurs lectures de l'Ancien Testament (appelées parémies) contiennent des cantiques bibliques : la quinzième et dernière d'entre elles, la lecture de l'épisode de la fournaise à Babylone (Daniel, 3), fait l'objet d'une psalmodie particulière, où le chœur rejoint le lecteur au centre de la nef, et répète la deuxième partie du verset, du verset 34 à la fin : « ὑμνεῖτε καὶ ὑπερυψοῦτε αὐτὸν εἰς τοὺς αἰῶνας » (« chantez le Seigneur et exaltez-Le dans tous les siècles », pendant que le lecteur lit à voix haute le début des versets. Dans l'usage slave, ce système a été étendu à la sixième lecture, qui comporte le cantique de Moïse après le passage de la Mer Rouge : le chœur répète « ᾄσωμεν τῷ Κυρίῳ, ἐνδόξως γὰρ δεδόξασται » (« chantez le Seigneur, car Il S'est couvert de gloire »).

Un système similaire, sans cantique biblique, mais avec des tropaires alternés entre chœur et lecteur aux troisième et sixième parémies, s'est développé à la paramonie des fêtes de la Nativité et de la Théophanie, par imitation de la préparation à Pâques.

Autres usages

Le cantique de Syméon, notoirement absent des odes bibliques, a un autre rôle : il est lu par le supérieur de la communauté (ou par un lecteur) vers la fin de l'office de vêpres, et est suivi des apolytikons, les tropaires de congé.

La plupart des prokiménons sont constitués de versets issus des psaumes, mais en quelques occasions, notamment les fêtes de la Vierge, les versets sont tirés d'un cantique ; dans l'usage slave, on annonce en ce cas la provenance de ces versets en nommant le cantique dont ils sont tirés, avant d'entonner le premier verset.

Voir aussi

Cantique de Moïse après le passage de la mer Rouge est considéré comme cantique le plus ancien dans la tradition (fresque de la synagogue de Doura Europos, IIIe siècle).

Articles connexes

Liens externes

Références bibliographiques

  • La Bible, édition intégrale, Éditions du Cerf et Société Biblique Française, 1988 et 2004 (ISBN 2-204-07568-X et 2-853-00389-2) 3117 p.
  1. p. 782 - 783 Le Livre d'Ésaïe dans la tradition biblique (Introduction à Ésaïe) : « Finalement, le livre d'Ésaïe, avec toutes les parties qui le composent, est entré dans le canon des livres prophétiques comme un ouvrage unique. Le livre d'Ésaïe, surtout dans sa seconde partie (40 - 66), est avec les Psaumes celui à qui le N. T. a emprunté le plus de citations, dont les unes sont explicites, les autres des réminiscences très perceptibles. On sait que l'annonce de la naissance d'Emmanuel en 7, 14 est reprise dans Mt 1, 22 - 23. Selon les évangélistes, l'enseignement des paraboles a pour effet d'endurcir les auditeurs (Mt 13, 14 ; Mc 4, 12 ; cf. Es 6, 10). Des images aussi importantes que celles de la vigne ou de la pierre angulaire sont fréquentes dans le N. T. Le culte des lèvres opposé à l'obéissance du cœur (Mt 15, 8 et Es 29, 13), l'obscurcissement des astres dans les tableaux décrivant les derniers temps (Mt 24, 29 et Es 13, 10), les thèmes du rameau, de la souche et surtout du serviteur ont aidé les lecteurs chrétiens à comprendre le Christ à partir du livre d'Ésaïe et à se comprendre eux-mêmes comme le peuple de Dieu, toujours placé en face des promesses de renouveau et de l'imminence du jugement. On pourrait aussi parler de la place d'Ésaïe dans l'iconographie et dans l'hymnologie : les portails des cathédrales, les enluminures des livres de piété, les « cantiques de l'Église » rééditent tous à leur manière le livre d'Ésaïe, tant il est vrai qu'au cours de l'histoire la révélation a été rarement mieux exprimée et la foi davantage interpellée que par cet extraordinaire témoin de Dieu. »
  1. p. 333 « Le terme canticum que l'on trouve dans les titres de certaines pièces revêt trois significations : la première est liturgique (Canticum B. V. M. H.76, Canticum Zachariæ H.345), la deuxième est synonyme de motet (Canticum Annæ H.325, In festo Corporis Christi Canticum H.344 et H.358, In honorem Sancti Xaverii Canticum H.355, In honorem Sancti Ludovici Regis Galliæ Canticum H.365, Gratitudinis erga Deum Canticum H.431), la troisième désigne des œuvres appartenant au genre de l'oratorio (Canticum pro pace H.392, Canticum in Nativitatem Domini H.393, In honorem Cæciliæ, Valeriani et Tiburtii Canticum H.394, In Nativitatem Domini Nostri Jesu Christi Canticum H.421 et Canticum in honorem Beatæ Virginis Mariæ inter homines et angelos H.400). Cette dernière pièce s'apparente toutefois à la catégorie des dialogi, dont il sera question plus loin. Parmi les pièces classées comme motets, certaines renferment des éléments propres à l'oratorio : présence de personnages (Christus dans H.344 et H.353, Xaverius dans H.355 et H.355a), on émergence d'un dialogue (In honorem Sancti Ludovici Regis Galliæ Canticum H.365, Bone pastor H.439). Comparé à l'historia, le canticum est de dimensions plus modestes et n'utilise pas toujours un grand effectif ; la plupart des cantica font appel seulement à trois solistes et deux dessus instrumentaux. »
  • Denise Launay, La musique religieuse en France du Concile de Trente à 1804, Société française de musicologie et Éditions Klincksieck, Paris 1993 (ISBN 2-85357-002-9 et 2-252-02921-8) 583 p.
  1. p. 349 - 358
  2. p. 49
  3. p. 48
  4. p. 343 ; Ainsi, le 14 janvier 1686, sur ordre exprès du roi Louis XIV, un arrêt du Parlement de Paris fut exécuté en ordonnant la suppression des psaumes en français du feu Antoine Godeau, ancien évêque de Grasse. Ce dernier avait obtenu auparavant, un privilège du même roi, pour sa publication.
  5. p. 42
  6. p. 455 - 459
  7. p. 34 : « Pour faire en sorte que les catholiques cessent de se sentir frustrés en entendant les Réformés chanter les Psaumes en français, il eût fallu leur proposer quelque chose d'équivalent, c'est-à-dire des chants religieux en langue vulgaire, chantés et entendus à la Messe du dimanche et, par conséquent, connus de tous. Il leur eût été facile, en ce cas, de les fredonner « ès maisons » à l'instar de leurs « frères séparés » dont les Psaumes constituaient le répertoire courant. Or, chacun sait que les Psaumes (latins) qui constituent la substance de Heures canoniales n'apparaissent pas tels quels dans la liturgie de la Messe, mais, à l'exception des versets d'Introïts, transformés par l'ornementation. Comme le Kyriale, les chants du Propre ne se prêtent pas directement à une traduction française poétique, analogue à celle des Psaumes, moins encore à la répartition en strophes chantables. En de telles conditions, (et en considérant que l'Église de Rome n'avait jamais interdit la traduction de ces textes en langue vulgaire), on ne pouvait guère envisager la création d'un répertoire tiré des prières de la Messe, et qui ait quelques chances de remporter, auprès des catholiques, le même succès que connaissaient, chez les protestants, les Psaumes de Marot. »
  • Paul Delatte, Commentaire sur la règle de Saint Benoît, 2e édition, Librairie Plon, Paris 1913, 569 p.
  1. p. 184
  2. p. 200 ; chapitre XIII
  3. p. 177 ; chapitre XI
  1. p. 143
  2. p. 295
  3. p. 326
  4. p. 145
  5. p. 198
  6. p. 280 ; le 24 juin, à savoir l'une des fêtes solennelles, juste six mois avant Noël ; la fête de la musique l'aurait transformée en fête profane.
  7. p. 199
  8. p. 255
  9. p. 301
  10. p. 303
  11. p. 328
  12. p. 287
  13. p. 340
  14. p. 323
  15. p. 266
  16. p. 144
  17. p. 323 - 328
  • Psautier, latin-français, du bréviaire monastique, Société de Saint-Jean-l'Évangéliste et Desclée, Paris Tournai Rome 1938, 650 p.
  1. p. 322
  2. p. 271
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  4. p. 97
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  7. p. 129
  8. p. 183
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  • Le Typikon décrypté, archimandrite Job Getcha, Cerf, 2009, 350 p.
  • Biblia sacra iuxta vulgatam versionem (Vulgata), tome I et II, Württembergische bibelanstalt, Stuttgart 1969 (ISBN 3-438-05302-0) 1980 p.
  1. p. 1000 ; premier verset ; d'après Vulgata, VI,9
  2. p. 998 ; deuxième verset ; deux termes insérés : « Surge propera amica mea, [columba mea], formosa mea, et veni. »
  3. p. 1000 ; texte du cantique : « Viderunt eam filiæ Sion, et beatissimam prædicaverunt, et reginæ laudaverunt eam. » ; d'après Vulgata, VI,8 : « viderunt illam filiæ et beatissimam prædicaverunt reginæ et concubinæ et laudaverunt eam. »
  4. p. 1000 ; dès deuxième verset ; d'après Vulgata, VI, 9
  5. p. 1001 ; selon Vulgata, VII, 6
  6. p. 1101 ; premier verset « Vinea enim Domini Sabaoth, (répons) Domus Israel » au lieu du texte original « Vinea enim Domini exercituum domus Israhel. », en raison de ce répons.
  7. p. 1101 ; V,5, premier verset seulement
  8. p. 997 ; selon Vulgata, I, 14
  9. p. 999
  10. p. 998 ; premier verset ; le mot [nostra] fut ajouté.
  11. p. 998 ; II,12 deuxième verset ainsi que 13 (selon Vulgata, « Ficus protulit grossos suos vineæ florent dederunt odorem. »
  12. p. 998 ; omission du premier verset et des quatre premiers termes du deuxième « ostende mihi faciem tuam »
  13. p. 999 ; premier verset
  14. p. 999 ; deuxième verset ; le mot original « unguentorum » fut remplacé par un autre terme, en profitant du verset IV,11 « odor vestimentorum tuorum sicut odor turis. »
  15. p. 999 ; deuxième verset
  16. p. 1000 ; d'après Vulgata, VI,3

Références

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  2. Robert Le Gall, Dictionnaire de liturgie, p. 53, C.L.D., Chambray 1982 (http://www.liturgiecatholique.fr/Cantique.html)
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  13. « Laudes / Liturgie & Sacrements », sur Liturgie & Sacrements (consulté le ).
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  19. http://www.prierenfamille.com/Fiche.php?Id=605
  20. Louis Archon, Histoire De La Chapelle Des Rois De France, , 793 p. (lire en ligne), p. 307.
  21. Robert Le Gall, Dictionnaire de liturgie, p. 250, C.L.D., Chambray 1982
  22. Hubert Du Manoir (S.J.), Maria etudes sur la Sainte Vierge, , 1012 p. (lire en ligne).
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  24. Évidemment, ce cantique est celui de la fête de saint Jean-Baptiste, le 24 juin.
  25. (de)http://www.schott-music.com/shop/Hire_Material/show,154715.html
  26. (de)http://www.schott-france.com/shop/9/show,154716.html
  27. Jean Racine, Œuvres complètes, p. 456 - 460, Éditions de Seuil, Paris 1962 ; leurs sources, I : Première Épître aux Corinthiens, XIII ; II : Livre de la Sagesse, V ; III : Épître aux Romains, IV ; quelques parties des livres d'Isaïe et de Jérémie.
  28. Jean-Michel Nectoux, Gabriel Fauré, p. 30 - 31, Flammarion, Paris 1990
  29. Jean Gallois, Camille Saint-Saëns, p. 104 - 105, Pierre Mardaga, Sprimont 2004 ; en 1866, Saint-Saëns effectua un pèlerinage vers la chapelle Sainte-Anne-la-Palud en Bretagne. Par hasard, il découvrit trois hymnes bretonnes pour Noël. Il s'agit des trois cantiques, bâti chacun en trois sections, et elles-mêmes divisées en trois parties symétriques ainsi que trois tonalités : mi majeur, ré majeur et la mineur.
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