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Bilzingsleben (site paléolithique)

Le site prĂ©historique de Bilzingsleben est une ancienne carrière de pierre situĂ©e Ă  Bilzingsleben, en Thuringe (Allemagne). Il est particulièrement connu pour ses nombreux fossiles et artĂ©facts humains datant de la fin du PalĂ©olithique infĂ©rieur, vers 370 000 ans avant le prĂ©sent.

Bilzingsleben
Image illustrative de l’article Bilzingsleben (site paléolithique)
Exposition sur le site
Localisation
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Land Drapeau du Land de Thuringe Thuringe
Landkreis Sömmerda
CoordonnĂ©es 51° 16′ 52″ nord, 11° 04′ 07″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Allemagne
(Voir situation sur carte : Allemagne)
Bilzingsleben
Bilzingsleben
GĂ©olocalisation sur la carte : Thuringe
(Voir situation sur carte : Thuringe)
Bilzingsleben
Bilzingsleben
Histoire
Époque Pléistocène moyen

Localisation

Le site se trouve Ă  1,5 km au sud du village de Bilzingsleben, dans la rĂ©gion de Sömmerda, et 175 m au-dessus du niveau de la mer, dans une ancienne carrière de pierre appelĂ©e Steinrinne (veine de pierre). Cette carrière fut exploitĂ©e jusqu’au dĂ©but de l’ère moderne pour l’extraction du travertin, qui Ă©tait ensuite utilisĂ© dans les villes environnantes, comme par exemple pour la construction du mur de KindelbrĂĽcks.

GĂ©ologie

SituĂ©e sur la frontière nord du bassin thuringien, Bilzingsleben est une dĂ©pression composĂ©e de roches du Trias SupĂ©rieur. Elle est dĂ©limitĂ©e au nord par les reliefs du Kyffhäuser, la Hainleite[1] et la SchmĂĽcke, qui sont essentiellement composĂ©es de grès bigarrĂ©[2] et de dĂ©pĂ´ts de calcaire coquillier. Ces zones sont sĂ©parĂ©es par la ligne de faille hercynienne locale (la faille de Finne), qui est Ă  l’origine de nombreuses sources dans cette rĂ©gion. Après avoir dissout les roches calcaires, les eaux de ces sources ont alors formĂ© les dĂ©pĂ´ts de travertin interglaciaire qui couvrent aujourd’hui le site de Bilzingsleben. Le très bon Ă©tat de conservation de ces dĂ©pĂ´ts, plus de 400 000 ans après leur formation, s’explique sans doute par la remarquable rĂ©sistance Ă  l’érosion du travertin.

Durant le Pléistocène moyen, le site lui-même faisait partie intégrante d’une terrasse alluviale, le bassin[3] fluvial d’Europe Centrale.

Historique

Les premiers ossements fossilisés du site ont été mis au jour durant le XIIIe siècle. En 1710, David Siegmund Büttner publie son livre Rudera diluvii testes i.e. Zeichen und Zeugen der Sündfluth (en français : Signes et témoins du Déluge). En 1818, Freiherr Friedrich von Schlotheim (1765-1832) trouve un crâne couvert de concrétions calcaires, disparu aujourd’hui. En 1908, le géologiste Ewald Wüst (1875-1934), de l’université de Halle-Wittenberg, publie sa première œuvre sur les artefacts locaux en silex. Le chercheur amateur Adolf Spengler[4] reprend ensuite les fouilles sur site en 1922.

En 1969, Dietrich Mania, qui fut ensuite professeur Ă  l’universitĂ© d'IĂ©na, dĂ©couvre de nombreux fossiles et artefacts au cours d’une investigation de routine. Une fouille systĂ©matique du site est alors engagĂ©e sous la supervision du musĂ©e rĂ©gional de la PrĂ©histoire[5], Ă  Halle. Elle permet de rĂ©fĂ©rencer 1 600 m2 de terrain et de mettre au jour plusieurs fossiles humains entre 1971 et 1992. La gestion administrative du site est ensuite confiĂ©e Ă  l’universitĂ© d'IĂ©na.

Datation

Le site est datĂ© d'environ 370 000 ans, ce qui correspond Ă  la fin du PalĂ©olithique infĂ©rieur en Europe. Il s'inscrit Ă  la fin de la pĂ©riode interglaciaire du stade isotopique 11.

Fossiles humains

En 1974, un fragment de crâne humain est identifié parmi les éléments mis au jour. A ce jour, 37 dents et os humains ont été trouvés, les os étant pour la plupart des fragments de crânes. Ils sont issus d’au moins trois individus distincts. Les restes de ces crânes portent des traces d’écrasement post-mortem volontaire, peut-être dans le cadre d’un rite funéraire.

Les fossiles ont été attribués à l'époque par Emmanuel Vlcek (Prague) à une sous-espèce dénommée Homo erectus bilzingslebensis. L'époque du site se situe en fait à la charnière entre Homo heidelbergensis et l'Homme de Néandertal, qui sont les deux espèces possibles d'attribution des fossiles.

Paléoflore

Le milieu naturel local peut être reconstitué grâce aux impressions fossiles de la flore dans le travertin et aux restes de pollens. Deux phases de sédimentation se dessinent, toutes deux dominées par des variétés de plantes forestières. La première phase (calcaire limnique mêlé de sable de travertin) est dominée par le noisetier (Corylus), le frêne (Fraxinus) et le chêne (Quercus). La seconde phase (calcaire limnique pur) est caractérisée par le charme (Carpinus), l'aulne (Alnus) et le pin (Pinus).

Ces impressions fossiles dans le travertin attestent de la prĂ©sence de 36 espèces de plantes diffĂ©rentes, dont 14 espèces d’arbres et de buisson :

Les bois étaient essentiellement composés de chênes et de buis (Buxo-Quercetum). Les herbes, comme l’armoise, l’oseille, les fougères et les graminées, attestent la présence de vastes steppes et de prairies. Les lacs étaient peuplés de nénuphars et de sphaignes moussus, tandis que carex et joncs s’épanouissaient sur leurs rives.

Paléofaune

Restes d'un Stephanorhinus

Les restes de 54 espèces animales ont aussi laissĂ© leur empreinte sur le site de Bilzingsleben : 35 espèces de mammifères, 6 d’oiseaux, 3 de reptiles, 3 d’amphibiens et 5 de poissons. Parmi les mammifères, on dĂ©nombre les suivants :

Bien que les espèces forestières prĂ©dominent, certains animaux se sont dĂ©veloppĂ©s dans des habitats plus ouverts, comme le rhinocĂ©ros, le cheval et le bison. La prĂ©sence de mollusques sur le site permet de dĂ©duire que le climat[6] Ă©tait alors plus chaud et plus humide qu’aujourd’hui  : la tempĂ©rature moyenne annuelle Ă©tait alors probablement comprise entre 9 et 13 °C, et les prĂ©cipitations atteignaient environ 800 mm par an.

Vestiges archéologiques

L'industrie se caractérise par la production d’outils de petite taille. La matière première est généralement du silex, mais on utilise aussi du quartzite, du quartz et du travertin. Les outils en os abondent (houes, grattoirs, pointes et gouges). Certaines houes sont fabriquées en andouiller ou en ivoire. Même les artéfacts en bois, particulièrement fragiles, ont été préservés jusqu’à nos jours.

Un des fragments osseux, un tibia d’élĂ©phant, porte deux groupes de respectivement 7 et 14 lignes parallèles. La rĂ©gularitĂ© de leur espacement, leurs longueurs presque Ă©gales et les lignes obliques en forme de V laissent Ă  penser qu’elles ont Ă©tĂ© tracĂ©es au mĂŞme moment et par un mĂŞme outil. Ce tibia est vieux de 400 000 Ă  350 000 ans, et pourrait ĂŞtre compris comme une forme de calendrier primitif.

Structures

Dietrich Mania[7] a découvert plusieurs grandes pierres agencées en cercles, dont il pensait qu’elles formaient la base d’une habitation. Une analyse dérivée de la théorie des anneaux montre que le site était probablement à ciel ouvert.

Clive Gamble a avancé l’hypothèse que les hommes se réunissaient sur le site autour d’un feu.

Références

Bibliographie

  • (en) J. Burdukiewicz, « The stratigraphy of Palaeolithic sites from Middle Pleistocene Poland », dans G. R. Wagner et D. Mania (eds.), FrĂĽhe Menschen in Mitteleuropa: Chronologie, Kultur, Umwelt, Aix-la-Chapelle, , p. 15-26.
  • (en) A. Forsten, « A comparison of some mid-Pleistocene Equus dental samples, including that from Bilzingsleben », Ethnologisch-Archäologische Zeitschrift, vol. 34,‎ , p. 598-600.
  • (en) R. S Harmon, J. Glazek et K. Nowak, « 230Th-234U dating of travertine from the Bilzingsleben archaeological site », Nature, vol. 284,‎ , p. 132-135.
  • (en) J. van der Made, « A preliminary note on the cervids from Bilzingsleben », Praehistoria Thuringica (Artem), vol. 2,‎ , p. 108-122.
  • (en) J. van der Made, « A preliminary note on the rhinos from Bilzingsleben », Praehistoria Thuringica (Artem), vol. 4,‎ , p. 41-64.
  • (en) D. Mania, « The zonal division of the lower palaeolithic open-air site Bilzingsleben », Anthropologie (Brno), vol. 29,‎ , p. 17-24.
  • (en) D. Mania, « The earliest occupation of Europe: the Elbe- Saale region (Germany). », dans W. Roebroeks et T. van Kolfschoten (eds.), The earliest occupation of Europe, Leiden, Analecta Leidensia, , p. 85-101.
  • (en) D. Mania, « Bilzingsleben - middle Pleistocene site of Homo erectus. Travertine complex and fauna at Bilzingsleben », dans Quaternary field trips in Central Europe, 14. Congress INQUA (Berlin), , p. 738-740, 777-780, 1078-1079.
  • (de) Harald Meller (dir.), Geisteskraft : Alt- und Mittelpaläolithikum, Halle-sur-Saale, .
  • (de) D. Mania et M. Altermann, « Zur Geologie des altpaläolithischen Fundhorizontes von Bilzingsleben (ThĂĽringen) unter BerĂĽcksichtigung des geologischen Wirkfaktors „Mensch“ », Hercynia N. F., vol. 37,‎ , p. 143– 184 (lire en ligne).
  • (en) Alexander Malz et Jonas Kley, « The Finne fault zone (central Germany): structural analysis of a partially inverted extensional fault zone by balanced cross-sections », International Journal of Earth Sciences, vol. 101, no 8,‎ , p. 2167‑2182 (DOI 10.1007/s00531-012-0778-z).

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