Accueil🇫🇷Chercher

Outils de la Préhistoire

L'expression « outils de la PrĂ©histoire » dĂ©signe l'ensemble des outils rĂ©alisĂ©s par les groupes humains qui se sont succĂ©dĂ© au cours de la PrĂ©histoire, depuis 3,3 millions d'annĂ©es AP jusqu'Ă  5500 ans AP. Pour des raisons de conservation diffĂ©rentielle des matĂ©riaux, les outils prĂ©historiques les mieux connus grâce aux dĂ©couvertes archĂ©ologiques sont les outils de pierre taillĂ©e et, dans une moindre mesure, les outils en matières dures animales (os, bois de cervidĂ©s, ivoire). Pour les pĂ©riodes les plus rĂ©centes de la PrĂ©histoire ou pour des sites ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© de conditions de prĂ©servation exceptionnelles (tourbières, sites lacustres), des outils en matières vĂ©gĂ©tales sont aussi connus.

Outils lithiques préhistoriques de l'entrée de la grotte des Combarelles, Les Eyzies de Tayac, Dorgogne.

Les pigments préhistoriques

Le pigment prĂ©historique est utilisĂ© pour l'art des couleurs. Depuis la prĂ©histoire, les hommes utilisent les colorants. De nombreuses traces de colorants, des pigments minĂ©raux qui datent de plus de 15 000 ans, ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es dans la grotte de Lascaux en France, ou encore Ă  Altamira en Espagne. Ă  Altamira, on retrouve par exemple de nombreux bisons polychromes rouges et noirs gravĂ©s et peints. Le Châtelperronien (vers 45 000 ans AP) de la grotte du Renne, une des grottes d'Arcy-sur-Cure (Yonne), a livrĂ© le seul pigment bleu connu en France[1].

Le noir retrouvé dans ces grottes est issu de charbon de bois, d'os, de charbon minéral ou encore d'oxyde de manganèse.

Le rouge, lui, provient d'un oxyde de fer appelé hématite que l'on trouve à l'état naturel dans le sol. C'est un oxyde ferrique rouge vif ou brunâtre à l'état naturel.

Pour donner de la consistance à ces pigments, ils sont mélangés avec un matériau incolore, la charge, provenant d'argile, de talc ou de feldspath. Ceci permet de faciliter l'étalement du pigment sur la paroi et d'améliorer la conservation du pigment. Enfin, pour améliorer encore plus la qualité du mélange, un liant à base de graisse et d'eau est généralement nécessaire. Pour appliquer ces colorants sur les parois, les hommes préhistoriques utilisaient des pochoirs, des pinceaux en poils d'animaux ou tout simplement leurs mains.

D'autres pigments sont utilisés par les hommes à l'époque de la préhistoire pour peindre les corps de jaune, de rouge, de noir ou de blanc.

Outils par périodes chronologiques

Les plus vieux outils prĂ©historiques dĂ©couverts Ă  ce jour sont un dĂ©bitage sur le site archĂ©ologique de Lomekwi au Nord du Kenya qui a livrĂ© des objets de pierre taillĂ©e (caractĂ©risĂ©s par leur chaĂ®ne opĂ©ratoire : dĂ©bitage sur un « nuclĂ©us » d'Ă©clats et façonnage de ces produits de dĂ©bitage) datĂ©s d’environ 3,3 Ma AP, sans ĂŞtre associĂ©s Ă  un fossile d'humain. En 2023, des outils oldowayens sont dĂ©couverts Ă  Nyayanga (Kenya) dans des dĂ©pĂ´ts comportant aussi des os d'hippopotame et deux fragments de molaire de paranthropes, datĂ©s d'environ 2,8 Ma (entre 3,032 et 2,595 Ma)[2] - [3].

Ces dĂ©couvertes remettent en question l'idĂ©e communĂ©ment admise jusqu'alors selon laquelle l'apparition des outils de pierre serait liĂ©e Ă  l'Ă©mergence du genre Homo ainsi qu'Ă  des changements climatiques[4]. Elles repoussent de 700 000 ans les prĂ©cĂ©dents plus vieux outils utilisĂ©s par l'humanitĂ©, des galets taillĂ©s en provenance du site de Kada Gona en Éthiopie (2,6 Ma AP)[5], et des outils plus Ă©voluĂ©s (galets qui prĂ©sentent une partie prĂ©hensive naturelle, en vertu d'une affordance typique[n 1] de l'objet) associĂ©s Ă  une mandibule et Ă  des dents dans la grotte de Longgupo (de) en Chine, datĂ©s de 2,5 Ma AP[6].

Cette découverte de Lomekwi accrédite l'hypothèse d'une utilisation très ancienne des outils suggérée notamment par les traces de découpe sur des os d'animaux d'Éthiopie, à Dikika en Afar, datés de 3,4 Ma AP[7].

Paléolithique inférieur

Les outils emblématiques de cette période sont le galet taillé et le biface acheuléen[8]. Les formes et les dimensions des bifaces varient dans le temps. Bien des outils apparaissent dès cette période même s'ils sont caractéristiques de périodes plus récentes : c'est le cas en particulier des racloirs. Des outils réalisés dans des matières autres que la pierre sont exceptionnellement conservés : des épieux en bois végétal ont ainsi été découverts[9].

Paléolithique moyen

Les outils de pierre sont surtout réalisés à partir d'éclats : c'est le cas des racloirs et des pointes[8]. Durant cette période quelques bifaces mais aussi des outils fabriqués sur lames sont réalisés. Les outils en os sont encore rares à l'exception des retouchoirs[10] - [11].

Paléolithique supérieur

L'outillage de pierre est caractérisé par un important débitage laminaire : les lames sont le support d'un bon nombre d'outils déjà connus aux périodes précédentes mais au Paléolithique supérieur, ces outils (grattoirs, burins, racloirs, perçoirs, couteaux à dos) sont fabriqués en grandes quantités et ont une forme standardisée[12].

Un matériel osseux fait son apparition ou se développe à partir du Châtelperronien[13]. À chaque période du Paléolithique supérieur, sont créés de nouveaux types d'outils : poinçons, pointes de sagaies, bâtons percés, coins, aiguilles, propulseurs, harpons.

MĂ©solithique

L'équipement du chasseur est composé de l'arc et de flèches[14]. En Europe occidentale, la taille du silex se caractérise par de petites armatures pointues, appelées microlithes. Elles arment les flèches ou sont fixées sur les hampes pour en faire des barbelures, c'est-à-dire composées d'aspérités disposées en épis sur le fût. La hampe est un manche en bois, tige d'une longueur variable, qui supporte la pointe.

La plupart des autres outils sont réalisés sur des éclats comme les grattoirs, les burins, les perçoirs, etc.

NĂ©olithique

Hache polie en néphrite.

Parmi l'équipement de l'homme du Néolithique, on retrouve, avec des différences morphologiques plus ou moins importantes, les types d'outils des précédentes périodes. Grattoirs, burins, perçoirs, racloirs sont les types les plus représentés. Toutefois, les activités liées à l'agriculture, à la construction d'habitats, font se développer une panoplie d'outils spécifiques. Défricher, abattre les arbres, construire des maisons en bois ou en pierre, mettre en culture, récolter, moudre sont autant de travaux qui nécessitent un outillage adapté à ces activités nouvelles :

  • le dĂ©frichage, qui se fait Ă  l'aide du feu (brĂ»lis), utilise des pioches en bois de cerf, des haches taillĂ©es ou polies ;
  • pour construire les habitats, les premiers sĂ©dentaires utilisent des haches pour l'abattage des arbres mais aussi pour la taille des bois de charpente. Le travail plus minutieux du bois devait se faire Ă  l'aide d'herminettes ou de tranchets (outil emmanchĂ© possĂ©dant une lame qui forme un tranchant ;
  • pour travailler le sol ou le labourer, la pioche en bois de cerf, la houe qui est un instrument qui a la forme d'une pioche en bois munie d'une fourche ou d'une lame de pierre ;
  • pour cultiver, le bâton Ă  fouir est une sorte de plantoir car son principe est de rĂ©aliser des trous dans le sol pour y dĂ©poser des graines, des bulbes. Il peut servir Ă©galement Ă  dĂ©terrer des racines, Ă  gratter le sol. Il est formĂ© d'un bâton pointu parfois lestĂ© d'une masse de pierre percĂ©e qui peut coulisser ;
  • pour rĂ©colter les cĂ©rĂ©ales, apparaissent des couteaux Ă  moissonner et des faucilles. La faucille est un instrument fait d'une lame insĂ©rĂ©e en biais dans un manche ou d'une sĂ©rie de lames de silex disposĂ©es dans un manche courbe en forme de croissant ;
  • pour transformer le grain des cĂ©rĂ©ales en farine, les agriculteurs utilisent une meule dite dormante et actionne un broyeur avec un mouvement de va-et-vient. Un bon exemple de la plupart des outils utilisĂ©s au NĂ©olithique se trouve dans les villages immergĂ©s de Charavines

Peu à peu, des besoins croissants en silex vont pousser les hommes du Néolithique à aller chercher leur matière première en profondeur. Les puits d'extraction justifient la présence des premiers outils de mineur : pics en bois de cerf pour déchausser le silex dans la craie mais aussi des pelles en omoplate, des cordes, des échelles, des paniers…

Outils par matériaux et par types

Le galet aménagé

Galet aménagé - Coll. Henri Breuil, Muséum de Toulouse.

Le galet aménagé est l'outil caractéristique de Homo habilis. On obtient cet outil en donnant des coups avec un percuteur dur (le plus souvent un autre galet) sur un bord afin d'enlever des éclats et d'obtenir un tranchant. Lorsque le tranchant est obtenu sur une seule face, il s'agit d'un galet aménagé uniface ou chopper (à débitage unipolaire ou bipolaire : chopper double ou bilatéral) ; si le tranchant est obtenu par des enlèvements alternés sur les deux faces d'un bord, c'est un galet aménagé biface, également appelé chopper biface ou chopping-tool ; lorsque les aménagements sont multiples, il s'agit d'un polyèdre ou galet multidirectionnel[15].

Biface.

Le biface

Le biface est l'outil caractéristique de l'Acheuléen. Il s'agit d'un outil de pierre taillée en forme d'amande, taillé entièrement sur deux faces pour dégager un tranchant périphérique. Vraisemblablement tenu à la main mais aussi emmanché, il était essentiellement utilisé pour la boucherie.

La matière première majoritairement utilisée en Europe septentrionale pour son façonnage est le silex, alors qu'en Afrique et en Europe méridionale ce sont souvent des grès, des quartzites ou des roches volcaniques.

Hachereau (Paléolithique inférieur).

Le hachereau

Le hachereau est un autre outil massif faisant son apparition à l'Acheuléen[16]. Il est réalisé à partir d'un gros éclat et présente des bords et/ou une base retouchés alors que son tranchant transversal demeure brut.

Racloirs moustériens.

Le racloir

Le racloir est l'un des outils emblématiques du Moustérien[8]. À partir d'un éclat de silex brut, un grand côté est transformé en tranchant par retouche. Parfois emmanché avec un lien végétal (corde, ficelle) ou un cuir, il sert au dépeçage et au raclage de la peau, au travail du bois.

Burin.

Le burin

Connu ponctuellement dès le Paléolithique inférieur, il se développe au Paléolithique supérieur et est fabriqué jusqu'au Néolithique[17]. Cet outil robuste sert notamment à rainurer les bois de cervidés et l'os pour extraire des baguettes. Il présente un bec incisif et il est utilisé pour fabriquer des sagaies, des harpons, des aiguilles…

Grattoir.

Le grattoir

Le grattoir est un outil très répandu du Paléolithique jusqu'au Néolithique. Les humains de la Préhistoire s'en servaient probablement pour gratter les peaux, comme les Inuits le faisaient encore au début du XXe siècle. Le bout d'une lame de silex est retouché sur le front pour obtenir une extrémité très résistante et une forme plus ou moins circulaire. C'est un outil robuste qui sert au travail des peaux mais aussi pour gratter l'os, l'ocre.

Le perçoir

Le perçoir est un outil d'os ou de silex sur lequel a été dégagée une pointe robuste, utilisée par rotation pour perforer l'os, les coquillages, le bois…

La feuille de laurier

La feuille de laurier est un fossile directeur du Solutréen. Ce biface en pointe foliacée est façonné à partir d'un gros éclat ou d'un bloc de roche. Il a pu servir de couteau, mais sa finesse tend à le rendre facilement cassable et amène certains préhistoriens à le classer comme objet d'apparat.

La hache polie

Hache Ă  Ă©paulement.

La hache est un instrument composé d'une lame de pierre polie, insérée dans un manche en bois et le plus souvent comprenant une pièce intermédiaire pour fixer la lame au manche, une gaine[18]. L'axe de la lame fait un angle droit avec l'axe du manche et son tranchant est parallèle au manche. Le polissage peut être partiel, seulement sur le tranchant ; ou total, lui donnant un aspect lisse.

Symbole des premiers agriculteurs qui ont défriché, elle apparaît pourtant dès la fin du Mésolithique en Europe du Nord[19] et son usage perdure jusqu'à l'âge du Bronze ; les modèles en métal remplacent peu à peu les exemplaires en pierre. Elle est l'outil indispensable aux travaux de déforestation permettant de créer des espaces propres à l'agriculture. La hache sert donc à l'abattage des arbres ou à la taille des bois de charpente. Le travail plus minutieux du bois devait se faire à l'aide d'un outil de type herminette ou tranchet.

La hache en pierre comporte trois éléments :

  • la lame. L'artisan taille un bloc de pierre (silex, roche dure) en lui donnant une forme gĂ©nĂ©rale. Cette lame peut ensuite ĂŞtre polie. Cette technique de lissage de la lame est une innovation datant de la fin du MĂ©solithique [19] voire du PalĂ©olithique (Australie)[20] ;
  • le manche en bois prĂ©sente une tĂŞte lourde et robuste ;
  • l'emmanchement est une partie intermĂ©diaire plus ou moins complexe. C'est une gaine qui absorbe les ondes de choc et Ă©vite l'Ă©clatement du manche.

L'herminette

Instrument emmanché dans un support coudé, c'est l'outil essentiel pour le travail du bois ; elle est utilisée en coups verticaux d'avant en arrière pour creuser, équarrir les troncs, aplanir une surface. Comme la hache, l'herminette possède une lame de pierre taillée ou polie, fixée de diverses manières sur un manche mais le tranchant est emmanché perpendiculairement à l'axe du manche, de façon à former un angle aigu.

La faucille

Utilisé à partir du Néolithique pour moissonner, les premières faucilles possèdent un manche en bois ou en os, droit ou courbé et une partie coupante formée d'éclats ou de lames de silex. Elle peut être simple lorsqu'elle a une seule longue lame fixée en biais sur le manche droit ou composite lorsqu'elle possède des éléments coupants multiples (lames ou lamelles) insérés dans une rainure du manche et fixés par un goudron ou à l'aide d'une résine.

La meule

La meule en grès sert à transformer le grain en farine ou à broyer divers végétaux alimentaires, voire aussi des pigments, et est composée d'une pierre plus ou moins plate, dite dormante, qui va se creuser avec l'usage et d'une molette qui sert de broyeur. La forme du broyeur est soit plus ou moins sphérique soit plate et allongée, de la même longueur que la meule. Pendant le néolithiques

Le nucleus

Le nucleus est un bloc de pierre qui sert à produire différents outils comme des éclats ou des lames.

Outils en matières dures animales

Poinçon, grotte de Tarté.

Le poinçon

Le poinçon est un outil robuste, tenu à la main et que l'on tourne dans un mouvement de va-et-vient pour percer les peaux. Présent à la fin du Paléolithique moyen, il est très fréquent au Paléolithique final jusqu'au Néolithique. Cet outil en os ou bois d'animal présente une extrémité pointue opposée à une zone de préhension plus ou moins aménagée.

Aiguille Ă  chas, Gourdan-Polignan.

L'aiguille Ă  chas

Au PalĂ©olithique supĂ©rieur sont fabriquĂ©es les premières aiguilles Ă  chas dont l'aspect est comparable Ă  celui des aiguilles Ă  coudre actuelles en acier[21]. InventĂ©es au SolutrĂ©en, autour de 20 000 ans avant notre ère, elles sont très frĂ©quentes au MagdalĂ©nien. Leur prĂ©sence apporte la preuve que, dès le PalĂ©olithique supĂ©rieur, les humains savent assembler des peaux Ă  l'aide de fil provenant des tendons du gibier chassĂ©.

Les aiguilles en os et en bois de cervidés perdurent même durant les périodes où apparaissent les exemplaires en métal. Par exemple, à l'époque gallo-romaine les aiguilles en os côtoient celles en fer.

Le pic

Pour creuser la craie, détacher les blocs de silex, les mineurs du Néolithique utilisaient des pics en bois de cerf à une ou deux extrémités pointues.

Lissoir en bois de cerf,
grotte de Tarté.

Le lissoir

Il sert à préparer les peaux, travailler le cuir ou poncer le bois.

Des lissoirs en os datĂ©s de 50 000 ans, trouvĂ©s en 2011 Ă  l'abri Peyrony de Combe-Capelle en Dordogne, sont attribuĂ©s Ă  l'homme de NĂ©andertal[22].

Le percuteur tendre

Le percuteur est un outil servant à frapper un bloc de pierre (nucléus) afin d'en détacher des éclats. Les percuteurs tendres sont faits de bois végétal, de bois de cervidé, ou d'os.

Armes préhistoriques

Des armes réalisées en bois végétal ou animal et en os ont été produites au cours de la Préhistoire.

L'Ă©pieu

Les preuves directes des techniques de chasse du Paléolithique inférieur et moyen sont extrêmement rares. Quelques épieux en bois, conservés de manière exceptionnelle, ont été mis au jour en Allemagne[9], en Grande-Bretagne[23] - [24] et en Espagne.

L'épieu est une arme réalisée dans un long bâton d'environ deux mètres, ayant une pointe aiguë, parfois durcie au feu. La chasse à l'épieu suppose un contact proche avec le gibier et pouvait se révéler dangereuse, notamment avec les aurochs.

Les pointes

Les pointes sont des outils en silex[25] - [26], en os ou en bois de renne présentant une extrémité effilée. Certaines pointes étaient utilisées comme armatures de sagaies ou de flèches.

Le propulseur

Un propulseur est un instrument fabriquĂ© en bois de renne, en os, en ivoire ou en bois vĂ©gĂ©tal. Les premiers propulseurs connus datent du SolutrĂ©en[27]. Il est constituĂ© d'une pièce rĂ©servĂ©e Ă  la prĂ©hension et munie Ă  une extrĂ©mitĂ© d'une butĂ©e parfois sculptĂ©e, contre laquelle vient s'appuyer l'extrĂ©mitĂ© de la hampe du projectile (sagaie, harpon). Grâce Ă  un effet de levier, le propulseur permet de prolonger le bras du lanceur, accroĂ®t l'efficacitĂ© du lancer, augmente la force de pĂ©nĂ©tration dans l'animal et accentue Ă©galement la distance entre le chasseur et la proie (jusqu'Ă  100 m. Le tir est très prĂ©cis jusqu'Ă  30 m).

La sagaie

Arme de jet destinée à la chasse et à la pêche, la sagaie est composée d'une pointe, d'un fût (hampe) et d'un empennage. Arme essentielle du chasseur du Paléolithique supérieur, elle est le plus fréquemment lancée au propulseur. Le plus souvent fabriquée dans du bois de renne, mais aussi en os, en ivoire, la pointe de sagaie présente une extrémité effilée et une autre aménagée pour assurer une fixation sur une hampe de bois. Pour rendre plus efficaces leurs sagaies, les chasseurs fixaient parfois sur la pointe des lamelles de silex. La hampe est un manche en bois, tige d'une longueur variable, qui supporte la pointe.

Les harpons

Des pointes munies d'une ou deux rangées de barbelures sont appelées harpons. Le harpon est une pièce détachable en os, en bois de cervidés ou en ivoire qui pénètre dans les proies comme la truite, le saumon, le brochet. Le fût qui supporte les barbelures est pointu et chaque barbelure doit à la fois pénétrer et retenir la proie.

L'arc et la flèche

L'arc est une arme de chasse qui apparaĂ®t au PalĂ©olithique final et se gĂ©nĂ©ralise au MĂ©solithique[28]. Son dĂ©veloppement semble ĂŞtre une consĂ©quence des contraintes liĂ©es Ă  un environnement colonisĂ© par d'Ă©paisses forĂŞts. La plupart des arcs prĂ©historiques sont droits et longs (150 Ă  160 cm). L'arc permet une chasse plus individuelle et le tir est encore plus prĂ©cis que celui de la sagaie.

Une flèche est une arme de chasse composée de trois parties (la pointe, le fût ou hampe et l'empennage), utilisée avec l'arc. Elle est adaptée aux espaces couverts telles que les forêts. Les plus anciennes armatures remontent au Paléolithique final. Dès le début du Mésolithique, le nombre de pointes de flèches augmentent considérablement, avec de nombreuses formes différentes. Aux périodes suivantes s'ajoutent des pointes en os ou en bois de cerf. La hampe est un manche en bois de longueur variable, qui supporte la pointe.

  • Pointe de flèche - RhodĂ©zien
    Pointe de flèche - Rhodézien
  • Pointe de flèche - RhodĂ©zien
    Pointe de flèche - Rhodézien
  • Pointe de flèche - RhodĂ©zien
    Pointe de flèche - Rhodézien

Le poignard

Au Néolithique final, des poignards font leur apparition en Europe septentrionale. Ils sont très finement façonnés en silex par percussion indirecte et par pression[29] - [30].

Notes et références

Notes

  1. Les galets présentent des caractères fonctionnels naturels et n'ont pas besoin d'être aménagés.

Références

  1. [Couraud 1991] Claude Couraud, « Les pigments des grottes d'Arcy-sur-Cure (Yonne) », Gallia Préhistoire, no 33,‎ , p. 17-52 (voir p. 21 et 23) (lire en ligne [sur persee]).
  2. François Savatier, « Premiers outils : et si c'était lui ? », Pour la science, no 547,‎ , p. 22-25.
  3. (en) Thomas W. Plummer, James S. Oliver, Emma M. Finestone, Peter W. Ditchfield, Laura C. Bishop et al., « Expanded geographic distribution and dietary strategies of the earliest Oldowan hominins and Paranthropus », Science, vol. 379, no 6632,‎ , p. 561-566 (DOI 10.1126/science.abo7452).
  4. (en) Sonia Harmand, Jason E. Lewis, C.S. Feibel, C.J. Lepre, S. Prat, A. Lenoble, X. Boës, R.L. Quinn, M. Brenet, A. Arroyo, N. Taylor, S. Clément, G. Daver, J.-Ph. Brugal, L. Leakey, R.A. Mortlock, J.D. Wright, S. Lokorodi, Ch. Kirwa, D.V. Kent et H. Roche, « 3.3-million-year-old stone tools from Lomekwi 3, West Turkana, Kenya », Nature, vol. 521,‎ , p. 310-315 (DOI 10.1038/nature14464).
  5. [Semaw 2000] (en) Sileshi Semaw, « The World's Oldest Stone Artefacts from Gona, Ethiopia: Their Implications for Understanding Stone Technology and Patterns of Human Evolution Between 2·6–1·5 Million Years Ago », Journal of Archaeological Science, vol. 27, no 12,‎ , p. 1197-1214 (DOI 10.1006/jasc.1999.0592, lire en ligne [PDF] sur ethiopianreview.com consulté le= 04/2021).
  6. [Li, Li & Kuman 2017] (en) Hao Li, ChaoRong Li et Kathleen Kuman, « Longgudong, an Early Pleistocene site in Jianshi, South China, with stratigraphic association of human teeth and lithics », Science China Earth Sciences, vol. 60, no 3,‎ , p. 452–462 (lire en ligne [sur sciengine.com], consulté en ).
  7. [McPherron et al. 2010] (en) Shannon P. McPherron, Zeresenay Alemseged, Curtis W. Marean, Jonathan G. Wynn, Denné Reed, Denis Geraads, René Bobe et Hamdallah A. Béarat, « Evidence for stone-tool-assisted consumption of animal tissues before 3.39 million years ago at Dikika, Ethiopia », Nature, vol. 466,‎ , p. 857–860 (DOI 10.1038/nature09248, lire en ligne).
  8. [Bordes 1961] François Bordes (préf. Raymond Vaufrey), Typologie du Paléolithique ancien et moyen, vol. 1 (85 p., texte) et vol. 2 (216 p., planches), Paris, CNRS éditions, , 5e éd. (1re éd. 1961, impr. Delmas, Institut de Préhistoire de l'université de Bordeaux, Mémoire no 1), 111 p., sur gallica (lire en ligne).
  9. [Thieme 1997] Hartmut Thieme, « Lower Palaeolithic hunting spears from Germany », Nature, vol. 385, no 6619,‎ , p. 807-810 (résumé).
  10. [Patou-Mathis et al. 2002] Marylène Patou-Mathis (dir.), Patrick Auguste, Aline Averbouh, Pierre Bodu, Éva David, Giacomo Giacobini, Christiane Leroy-Prost, Giancarla Malerba, Catherine Schwab et Patricia Valensi, « Retouchoirs, compresseurs, percuteurs... Os à impressions et éraillures », Fiches de la Commission de nomenclature sur l'industrie de l'os préhistorique, Cahier X, 137 p. [PDF], sur prehistoire.org, éditions Société Préhistorique Française, (consulté en ).
  11. [Mallye et al. 2012] Jean-Baptiste Mallye, Céline Thiébaut, Vincent Mourre, Sandrine Costamagno, É. Claud et P. Weisbecker, « The Mousterian bone retouchers of Noisetier Cave: experimentation and identification of marks », Journal of Archaeological Science, no 39,‎ , p. 1131-1142 (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté en ).
  12. [Demars & Laurent 1989] P.-Yves Demars et Pierre Laurent, Types d'outils lithiques du Paléolithique supérieur en Europe, Éditions du CNRS, coll. « Cahiers du Quaternaire » (no 14), , 178 p., sur gallica (lire en ligne).
  13. [Baffier & Julien 1990] Dominique Baffier et Michèle Julien, « L'outillage en os des niveaux châtelperroniens d'Arcy-sur-Cure (Yonne) » (Colloque international de Nemours (9-11 mai 1988)), Mémoires du Musée de Préhistoire d'Île-de-France, no 3 « Paléolithique moyen récent et Paléolithique supérieur ancien en Europe »,‎ , p. 329-334.
  14. [Ghesquière & Marchand 2010] Emmanuel Ghesquière et Grégor Marchand, Le Mésolithique en France - Archéologie des derniers chasseurs-cueilleurs, Paris, Inrap, coll. « Archéologies de la France », , 177 p. (présentation en ligne).
  15. [Simone 1980] Suzanne Simone, Choppers et bifaces de l'Acheuléen méditerranéen, essentiellement d'après les matériaux de Terra Amata (Alpes maritimes, France) et de Venosa (Basilicate, Italie) (thèse de doctorat, université de Provence), Musée d'Anthropologie Préhistorique de Monaco, , 248 p. (présentation en ligne), p. 13-14.
  16. [Tixier 1956] Jacques Tixier, « Le hachereau dans l'Acheuléen nord-africain - Notes typologiques », Actes du Congrès préhistorique de France - Compte-rendu de la XVe session - Poitiers-Angoulême - 15-22 juillet 1956,‎ , p. 914-923.
  17. M. de Araujo Igreja, J.-P. Bracco et F. Le Brun-Ricalens, Burins préhistoriques : formes, fonctionnements, fonctions, vol. 2, Luxembourg, Musée National d'Histoire et d'Art, coll. « ArchéoLogiques », , 376 p..
  18. P. Pétrequin (dir.) et Ch. Jeunesse, La hache de pierre : Carrières vosgiennes et échanges de lames polies pendant le Néolithique (5400-2100 av. J.-C.), Errance, , 131 p..
  19. N. Valdeyron, « Derniers chasseurs et premiers bûcherons ? La question des haches et des herminettes dans le Mésolithique européen », dans Haches de pierre. Au Néolithique, les premiers paysans du Tarn, Ch. Servelle (Comité départemental d'archéologie du Tarn), , p. 419-434.
  20. J.-M. Geneste, B. David, H. Plisson, C. Clarkson, J.-J. Delannoy, F. Petchey et R. Whear, « Earliest Evidence for Ground-Edge Axes: 35,400±410 cal BP from Jawoyn Country, Arnhem Land », Australian Archaeology, no 71,‎ , p. 66-69.
  21. Stordeur, D. (1979) - Les aiguilles à chas du Paléolithique, Supplément à Gallia Préhistoire no 13, 232 p.
  22. « Les plus anciens outils spécialisés d'Europe attribués à Néandertal », sur maxisciences.com (consulté le ).
  23. [Movius 1950] Hallam L. Movius, Jr., « A wooden spear of Third Interglacial Age from Lower Saxony », Southwestern Journal of Anthropology, vol. 6, no 2,‎ , p. 139-142 (présentation en ligne).
  24. Oakley, K., Andrews, P., Keeley, L.H. et Clark, J.D. (1977) - « A reappraisal of the Clacton spearpoint », Proceedings of the Prehistoric Society, 43, p. 13-30.
  25. [Shea 2006] John J. Shea, « The origins of lithic projectile point technology: evidence from Africa, the Levant, and Europe », Journal of Archaeological Science, vol. 33, no 6,‎ , p. 823-846 (lire en ligne [PDF] sur academia.edu, consulté en ).
  26. [Villa & Lenoir 2006] Paola Villa et Michel Lenoir, « Hunting weapons of the Middle Stone Age and the Middle Palaeolithic: spear points from Sibudu, Rose Cottage and Bouheben », Southern African Humanities, vol. 18, no 1,‎ , p. 89-122 (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté en ).
  27. [Cattelain 1989] Pierre Cattelain, « Un crochet de propulseur solutréen de la grotte de Combe-Saunière 1 (Dordogne) », Bulletin de la Société préhistorique française, t. 86, no 7,‎ , p. 213-216 (lire en ligne [sur persee]).
  28. [Cattelain 2006] Pierre Cattelain, « Apparition et évolution de l'arc et des pointes de flèches dans la Préhistoire européenne (Paléo-, Méso-, Néolithique) », dans Paolo Bellintani et Fabio Cavulli (éds.), Catene operative dell'arco preistorico (incontro di archeologia sperimentale : San Lorenzo in Banale e Fiavè (Trento, Italy), 30 août - 2 septembre 2002), Trento, Soprintendenza per i Beni Archeologici, , sur researchgate.net (lire en ligne), p. 45-66.
  29. [Bocquet 1974] Aimé Bocquet, « Les poignards néolithiques de Charavines (Isère) dans le cadre de la civilisation Saône-Rhône », Études préhistoriques - Revue trimestrielle d'Archéologie préhistorique, no 9,‎ , p. 7-17.
  30. Stafford, M. (2003) - « The parallel-flaked flint daggers of late Neolithic Denmark: an experimental perspective », Journal of Archaeological Science, 30, p. 1537-1550.
  31. [Borrello, Mottes & Schlichtherle 2009] Maria Angelica Borrello, Elisabetta Mottes et Helmut Schlichtherle, « Traverser les Alpes au Néolithique », Le Globe. Revue genevoise de géographie, t. 149 « Alpes et préhistoire »,‎ , p. 29-60 (lire en ligne [sur persee]), p. 45, fig. 7a ; et p. 46.

Voir aussi

Bibliographie

  • [Bellier & Cattelain 1998] Claire Bellier et Pierre Cattelain, Les grandes inventions de la PrĂ©histoire, Cedarc, coll. « Guides archĂ©ologiques du MalgrĂ©-Tout », , 96 p..
  • [Piel-Desruisseaux 2002] Jean-Luc Piel-Desruisseaux, Outils prĂ©historiques, du galet taillĂ© au bistouri en obsidienne, Dunod, , 4e Ă©d., 312 p..
  • [Desruisseaux 2011] Jean-Luc Piel-Desruisseaux, EncyclopĂ©die pratique des Outils prĂ©historiques : 150 outils et gestes techniques, Paris, Ă©ditions Dunod, , 200 p., sur books.google.fr (ISBN 978-2-10-056270-1, lire en ligne).

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.