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Combe-Capelle

Combe-Capelle est un ensemble de gisements prĂ©historiques situĂ© dans la vallĂ©e de la Couze sur la commune de Saint-Avit-SĂ©nieur dans le dĂ©partement de la Dordogne (France). DĂ©couvert en 1885, il est connu pour la mise au jour en 1909 d'un squelette humain dĂ©nommĂ© l'« Homme de Combe-Capelle Â». Ce site palĂ©olithique et mĂ©solithique fait toujours objet de fouilles et, en 2011, la dĂ©couverte d'un lissoir nĂ©andertalien a renouvelĂ© l'intĂ©rĂŞt pour le site.

Combe-Capelle
Image illustrative de l’article Combe-Capelle
« Homme de Combe-Capelle » et son collier (~7 600 BC)
Neues Museum, Berlin
Localisation
Pays Drapeau de la France France
DĂ©partement Dordogne
Commune Saint-Avit-SĂ©nieur
Vallée Couze
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1946, 1947)
CoordonnĂ©es 44° 45′ 15″ nord, 0° 50′ 58″ est
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Combe-Capelle
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Combe-Capelle
Combe-Capelle
Histoire
Époque Acheuléen (plateau de Ruffet)
Moustérien (plateau de Ruffet, abri Peyrony)
MĂ©solithique (abri du Roc)

Le squelette est à l'origine des conférences d'été de la vallée de la Couze qui se tiennent annuellement à Montferrand-du-Périgord.

Situation

Le site de Combe-Capelle se trouve Ă  environ 3,4 km (Ă  vol d'oiseau) au sud-est du bourg de Saint-Avit-SĂ©nieur, en rive droite (cĂ´tĂ© nord) de la Couze (affluent de la Dordogne), Ă  la limite des communes de Saint-Avit-SĂ©nieur et de Montferrand-du-PĂ©rigord. Il est longĂ© au sud par la route dĂ©partementale D26 qui suit la vallĂ©e de la Couze[1].

Historique des fouilles

En août 1885, le site de Combe-Capelle est découvert par Michel-Antoine Landesque, curé de Lavalade en Dordogne. Il y amène les membres de la Société géologique de France en septembre 1887 pour leur montrer les résultats in situ de ses fouilles[2].

Otto Hauser photographié avec les restes humains mis au jour à Combe-Capelle.

Le , un ouvrier du négociant en art et archéologue Otto Hauser, entreprenant des fouilles à l'abri sous roche du Roc de Combe-Capelle, découvre un squelette humain : l'Homme de Combe-Capelle[3].

En 1910, Denis Peyrony loue le terrain du site et commence des fouilles scientifiques, notamment en 1925 au Haut de Combe-Capelle, dĂ©signĂ© Ă©galement sous le nom d'abri Peyrony. Ă€ sa demande, le palĂ©ontologue et prĂ©historien Henri-Marc Ami (en) effectue des fouilles importantes entre 1926 et 1931 Ă  Combe-Capelle Bas. Il y creuse une tranchĂ©e Ă  flanc de colline de 35 Ă  40 mètres de long et de 2,5 Ă  10 mètres de large. Denis Peyrony reprend l'Ă©tude du gisement après la mort de Henri-Marc Ami en 1931[4].

Le plateau du Ruffet fait l'objet de fouilles en 1969[5].

À la fin des années 1980 et début 1990, des fouilles sont menées par Harold L. Dibble (en) et Michel Lenoir sur les gisements du Haut de Combe-Capelle et de Combe-Capelle Bas[6] - [7].

En 2009 et 2010, des fouilles à l'abri Peyrony et au Roc de Combe-Capelle sont reprises par une équipe menée par Shannon McPherron et Michel Lenoir[8].

En 2012 la mĂŞme Ă©quipe, utilisant les meilleures technologies de relevĂ©s informatisĂ©s et de microscopie Ă©lectronique, trouve et identifie les plus vieux outils spĂ©cialisĂ©s connus Ă  ce jour en Europe : des lissoirs en os, servant au travail du cuir, sont mis au jour Ă  l'abri Peyrony et au Pech-de-l'AzĂ© (sur Carsac-Aillac), autre site nĂ©andertalien de Dordogne Ă  environ 35 km au nord-est de Combe-Capelle[9] - [10] - [1].

Description

Photographie du site de Combe-Capelle prise en 1909 par Otto Hauser.

Le site de Combe-Capelle descend sur un dĂ©nivelĂ© d'environ 40 mètres depuis le plateau de Ruffet jusqu'Ă  la route dĂ©partementale D26.

Il est dominé au nord-ouest par une carrière exploitée depuis de nombreuses années. Orienté vers le sud-est, il comprend quatre lieux, fouillés à différentes époques (voir plus haut l'historique des fouilles).


Plateau de Ruffet

Le Plateau de Ruffet, nommé d'après le hameau au nord du site[1], est le gisement le plus élevé du site. Il a livré une industrie moustérienne de tradition acheuléenne (MTA), acheuléenne et aurignacienne[5] - [12].

Roc de Combe-Capelle

Le Roc de Combe-Capelle est un abri sous roche s'ouvrant au pied d'une petite falaise sur la partie haute du versant. Il est connu pour la dĂ©couverte en 1909 par Otto Hauser d'un squelette humain dĂ©nommĂ© « l'Homme de Combe-Capelle Â»[13] (voir section plus bas).

Haut de Combe-Capelle ou abri Peyrony

Cet abri sous roche date uniquement du MoustĂ©rien[14]. Il est situĂ© Ă  environ 60 mètres du Roc de Combe-Capelle, au mĂŞme niveau de la falaise. Il est fouillĂ© par Denis Peyrony en 1925, par une Ă©quipe menĂ©e par Michel Lenoir et Harold Dibble en 1990, et par une Ă©quipe conjointe de l'universitĂ© de Bordeaux I et du Max Planck Institute en 2009-2012. L'abri a livrĂ© une industrie lithique moustĂ©rienne de tradition acheulĂ©enne, indiquant que le site Ă©tait occupĂ© par des NĂ©andertaliens. Les objets recueillis sont des petits bifaces cordiformes, des racloirs, des encoches et denticulĂ©s[12] - [15]. Des lissoirs en os recueillis lĂ  en 2011 sont publiĂ©s en 2011. Ces objets, fabriquĂ©s Ă  partir d'os de cerf, sont les outils spĂ©cialisĂ©s les plus âgĂ©s d'Europe. DatĂ©s de 50 000 ans, ils ont Ă©tĂ© attribuĂ©s Ă  NĂ©andertal car celui-ci n'a Ă©tĂ© remplacĂ© par Homo sapiens dans cette rĂ©gion qu'il y a 40 000 ans[16] - [17].

Stratigraphie

  • Terrasse basse (L-) : elle contient l'essentiel du matĂ©riel archĂ©ologique[18] ; dont :
    • couche L-3B, la plus basse, repose sur la riche sous-jacente. Elle est riche en artefacts et en matĂ©riel brĂ»lĂ©. Elle a Ă©tĂ© sĂ©parĂ©e de la couche L-3A sus-jacente par une chute de pierres[18].
    • couche L-3A, entièrement scellĂ©e par du carbonate de calcium, ce qui a prĂ©servĂ© ce dĂ©pĂ´t des perturbations potentielles ; elle a livrĂ© un foyer de combustion intact[18].
    • couche L-2, qui est très probablement composĂ©e de perturbations du haut de la couche L-3A. Cette couche a une surface limitĂ©e[18].
    • couche 01, qui recouvre le site entier et contient des dĂ©bris de fouilles prĂ©cĂ©dentes[18].
  • Terrasse haute (U-), dont :
    • couche U-3, riche en matĂ©riel archĂ©ologique, dont des vestiges de combustion[18].
    • couche U-2, contenant des sĂ©diments provenant vraisemblablement du plateau au-dessus de l'abri[18].

Combe-Capelle Bas

Combe-Capelle Bas s'étend de la partie basse de la colline jusqu'à la vallée. Le gisement a livré des industries rattachées au Moustérien, comprenant notamment des racloirs et des encoches/denticulés[19] - [20].

L'Homme de Combe-Capelle

Histoire

Crâne de l'homme de Combe-Capelle.

Ce squelette humain complet est découvert en 1909 lors de fouilles dirigées par Otto Hauser. Celui-ci vend le squelette en 1910, en même temps que celui d'un adolescent néandertalien retrouvé par lui-même en 1908 sur le site du Moustier en Dordogne, au Musée d'ethnologie de Berlin (de) (Museum für Völkerkunde). Ces restes humains font ensuite partie des collections du musée de Préhistoire et de Protohistoire de Berlin (Museum für Vor- und Frühgeschichte). À la fin de la Seconde Guerre mondiale, à la suite des bombardements sur Berlin et en particulier sur le Martin-Gropius-Bau accueillant alors le musée, les squelettes sont considérés comme perdus - sauf les crânes qui sont entreposés dans un endroit plus sûr[21]. En 1945, l'Armée rouge transfère de nombreux objets des collections du musée en Union soviétique. En 1958, les Soviétiques retournent à l'Allemagne de l'Est une partie des collections du musée. En 2001, le crâne de l'homme de Combe-Capelle est de nouveau identifié dans ces collections du musée[21]. Ce crâne est exposé au musée de Préhistoire et de Protohistoire, transféré en 2009 au Musée Nouveau de Berlin (Neues Museum).

Datation

L'homme de Combe-Capelle a longtemps a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme vivant au PalĂ©olithique, il y a environ 30 000 ans. En 2011, une analyse du collagène extrait de l'une des dents du crâne conservĂ© Ă  Berlin a montrĂ© un âge de seulement 8550 ans avant le prĂ©sent, soit un âge calibrĂ© d'environ 7600 Ă  7700 ans avant notre ère, correspondant au MĂ©solithique[21] - [22].


  • « L'homme de Combe-Capelle » — abri sous roche du Roc de Combe-Capelle
  • Le squelette(Smithsonian Report, 1909. MacCurdy. Planche 17)
    Le squelette
    (Smithsonian Report, 1909. MacCurdy. Planche 17)
  • …et le collier de coquillages associĂ©.
    …et le collier de coquillages associé.

Protection

Le site de Combe-Capelle est classé monument historique les et [23].

Notes et références

  1. « Saint-Avit-Sénieur, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques » et « Hydrographie » activées. Les distances à vol d'oiseau se mesurent avec l'outil « Mesurer une distance » dans l'onglet « Outils cartographiques » à droite (symbole de petite clé plate).
  2. [Landesque 1887] Michel-Antoine Landesque, « Excursion à la station préhistorique de Combe-Capelle », Bulletin de la Société Géologique de France, vol. 15, no 3,‎ , p. 866-869 (lire en ligne [sur biodiversitylibrary.org]).
  3. Hoffmann et al. 2011, p. 211.
  4. Peyrony 1943, p. 244.
  5. [Heinzelin & Fitte 1969] J. de Heinzelin et Paul Fitte, « Deux sites paléolithiques de plein air dans la vallée de la Couze (Dordogne) », Bulletin de la Société préhistorique française. Étude et travaux, vol. 68, no 1,‎ , p. 335-340 (DOI 10.3406/bspf.1969.4188, lire en ligne [sur persee]).
  6. Dibble & Lenoir 1995.
  7. Dibble & Lenoir 1997.
  8. Michel Lenoir et Shannon McPherron, « Haut de Combe-Capelle »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur pacea.u-bordeaux1.fr (consulté le ).
  9. Soressi et al. 2013, p. 1.
  10. « Néandertal a fabriqué les premiers outils spécialisés en os d'Europe », sur inrap.fr, (consulté le ).
  11. Peyrony 1943, p. 243.
  12. Dibble & Lenoir 1997, p. 34.
  13. Dibble & Lenoir 1997, p. 33.
  14. Martisius et al. 2015, section « Research Objectives »
  15. « New Excavations… », Max Planck Institute.
  16. [Soressi et al. 2013] (en) Marie Soressi, Shannon P. McPherron, Michel Lenoir, Tamara Dogandžić, Paul Goldberg, Zenobia Jacobs, Yolaine Maigrot, Naomi Martisius, Christopher E. Miller, William Rendu, Michael P. Richards, Matthew M. Skinner, Teresa E. Steele, Sahra Talamo et Jean-Pierre Texier, « Neandertals Made the First Specialized Bone Tools in Europe », PNAS, vol. 110, no 35,‎ , p. 14186–14190 (DOI 10.1073/pnas.1302730110, lire en ligne [sur researchgate.net]).
  17. « Les plus anciens outils spécialisés d'Europe attribués à Néandertal », sur maxisciences.com (consulté le ).
  18. Martisius et al. 2015, section « Abri Peyrony »
  19. Dibble & Lenoir 1997, p. 35.
  20. Valladas et al. 2003.
  21. Hoffmann & Wegner 2002, résumé.
  22. (de) Christoph Seidler, « Alter Schädel neu datiert: Forscher entzaubern Steinzeitmann », sur spiegel.de, Der Spiegel, (consulté le ).
  23. « Gisement préhistorique (Combe Capelle) », notice no PA00082810, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Bibliographie

  • [Dibble & Lenoir 1995] (en) Harold Lewis Dibble et Michel Lenoir, The Middle Paleolithic Site of Combe-Capelle Bas (France) [« Le site du PalĂ©olithique moyen de Combe-Capelle Bas (France) »] (monographie n° 91), Philadelphie, University of Pennsylvania Museum of Archaeology, , 363 p., sur books.google.fr (ISBN 978-0-924171-38-3, lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Dibble & Lenoir 1997] Harold L. Dibble et Michel Lenoir, « DonnĂ©es nouvelles sur le gisement de Combe-Capelle Ă  Saint-Avit-SĂ©nieur (Dordogne) », Gallia PrĂ©histoire, vol. 39,‎ , p. 31-83 (DOI 10.3406/galip.1997.2149, lire en ligne [sur persee]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Martisius et al. 2015] Naomi L Martisius, Tamara Dogandzic, Michel Lenoir, Shannon P. Mcpherron et Teresa E. Steele, « Neandertal subsistence at the Late Mousterian site of Abri Peyrony, France », Conference: Society for American Archaeology 80th Annual Meeting, San Francisco,‎ (lire en ligne [sur researchgate.net], consultĂ© en ). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Heinzelin & Fitte 1969] Jean de Heinzelin et Paul Fitte, « Deux sites palĂ©olithiques de plein air dans la vallĂ©e de la Couze (Dordogne) », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 66, no 1 « Études & Travaux »,‎ , p. 335-340 (lire en ligne [sur persee], consultĂ© en ).
  • [Hoffmann & Wegner 2002] (en) Almut Hoffmann et Dietrich Wegner, « The rediscovery of the Combe Capelle skull », Journal of Human Evolution, vol. 43, no 4,‎ , p. 577-581 (DOI 10.1006/jhev.2002.0588, rĂ©sumĂ©). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Hoffmann et al. 2011] (en) Almut Hoffmann, Jean-Jacques Hublin, Matthias HĂĽls et Thomas Terberger, « The Homo aurignaciensis hauseri from Combe-Capelle - A Mesolithic burial », Journal of Human Evolution, vol. 61, no 2,‎ , p. 211-214 (PMID 21486678, DOI 10.1016/j.jhevol.2011.03.001, lire en ligne [sur persee]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Lenoir & McPerron 2009] Michel Lenoir et Shannon Mc Pherron, « Saint-Avit-SĂ©nieur – Haut de Combe-Capelle et Roc de Combe-Capelle », AdlFi Nouvelle-Aquitaine,‎ (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
  • [Lenoir et al. 2012] Michel Lenoir, Shannon Mc Pherron, Tamara Dogandzic, Christopher E. Miller et Teresa E. Steele, « Saint-Avit-SĂ©nieur – Haut de Combe-Capelle, Abri Peyrony », AdlFi Nouvelle-Aquitaine,‎ (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
  • [Peyrony-1 1943] Denis Peyrony, « Combe-Capelle », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique de France, vol. 40, nos 10-12,‎ , p. 243-257 (DOI 10.3406/bspf.1943.5021, lire en ligne [sur persee]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Peyrony-2 1943] Denis Peyrony, « Le gisement du Roc de Combe-Capelle (commune de Saint-Avit-SĂ©nieur) (Dordogne) », Bulletin de la SociĂ©tĂ© historique et archĂ©ologique du PĂ©rigord, t. 70, no 4,‎ , p. 158-173 (lire en ligne)
  • [Rigaud 2008] Jean-Philippe Rigaud, « Les industries lithiques du Gravettien du nord de l'Aquitaine dans leur cadre chronologique » (SpĂ©cial table ronde (2e partie), juillet 2004), PalĂ©o, Les Eyzies, no 20 « Le Gravettien : entitĂ©s rĂ©gionales d’une palĂ©oculture europĂ©enne »,‎ , p. 381-398 (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consultĂ© le ).
  • [Valladas et al. 2003] (en) HĂ©lène Valladas, Norbert Mercier, Jean-Louis Joron, Shannon P. McPherron, Harold L. Dibble et Michel Lenoir, « TL dates for the Middle Paleolithic site of Combe-Capelle Bas, France », Journal of Archaeological Science, no 30,‎ , p. 1443-1450 (rĂ©sumĂ©). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

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