Bernadette Soubirous
Marie-Bernarde Soubirous, connue aussi comme sainte Bernadette (en religion sĆur Marie-Bernard), nĂ©e le dans le dĂ©partement des Hautes-PyrĂ©nĂ©es Ă Lourdes (en Bigorre) et morte le dans le dĂ©partement de la NiĂšvre Ă Nevers, est une jeune fille française qui affirma avoir Ă©tĂ© tĂ©moin de dix-huit apparitions mariales Ă la grotte de Massabielle entre le 11 fĂ©vrier et le . Devenue religieuse, elle est canonisĂ©e en 1933.
Bernadette Soubirous Sainte catholique | |
Bernadette Soubirous en 1863, photo Billard-Perrin. | |
visionnaire mariale, religieuse | |
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Naissance | Lourdes, Hautes-Pyrénées, France |
DĂ©cĂšs | (35 ans) Nevers, NiĂšvre, France |
Nom de naissance | Marie-Bernarde Soubirous |
Nationalité | Française |
Ordre religieux | SĆurs de la CharitĂ© de Nevers |
Vénéré à | Nevers |
BĂ©atification | Saint-Pierre du Vatican par Pie XI |
Canonisation | Saint-Pierre du Vatican par Pie XI |
VĂ©nĂ©rĂ© par | Ăglise catholique romaine |
FĂȘte | 18 fĂ©vrier (3e apparition) - 16 avril[1] |
Bernadette restait prudente pour dĂ©signer l'objet de sa vision, employant surtout, dans sa langue qui Ă©tait le gascon de Bigorre, les pronoms dĂ©monstratifs « aquerĂČ Â» prononcĂ© [akeËrÉ] (c'est-Ă -dire « cela »)[2] ou « aquĂšra » prononcĂ© [aËkÉra] (c'est-Ă -dire « celle-ci »)[N 1]. Elle ne dira pas avoir vu la Vierge avant d'affirmer l'avoir entendue dire « Que sĂČi era Immaculada Concepcion », c'est-Ă -dire « Je suis l'ImmaculĂ©e Conception »[B 1]. Au cours dâune de ses apparitions, Bernadette a creusĂ© le sol pour y prendre de lâeau. Lâeau de cette source est rapidement rĂ©putĂ©e miraculeuse et il commence Ă ĂȘtre question de guĂ©risons. S'en tenant Ă ce qu'elle avait vu et entendu, Bernadette niera avoir Ă©tĂ© tĂ©moin de guĂ©risons ou y avoir contribuĂ© : « On m'a dit qu'il y avait eu des miracles, mais Ă ma connaissance, non »[B 2], dĂ©clare-t-elle en septembre 1858.
Dans un contexte post-rĂ©volutionnaire de vives polĂ©miques sur les questions religieuses, et quelques annĂ©es aprĂšs les apparitions mariales de la rue du Bac et de La Salette, celles de Lourdes suscitent un engouement populaire important et croissant. La presse nationale commence Ă s'y intĂ©resser, durant l'Ă©tĂ© 1858, notamment avec la publication, par Louis Veuillot, d'un article trĂšs remarquĂ© dans LâUnivers du samedi [3]. Le prĂ©fet des Hautes-PyrĂ©nĂ©es, suivant les consignes du ministĂšre des Cultes, maintient une interdiction d'accĂšs Ă la grotte jusqu'en octobre 1858, tandis qu'une commission dâenquĂȘte, mise en place par l'Ă©vĂȘque de Tarbes, en juillet 1858, se prononce en faveur de ces apparitions en 1862. LâamĂ©nagement de la grotte et la construction dâune basilique sur le rocher qui la surplombe commencent alors.
En l'espace de quelques mois, Bernadette Soubirous, alors ĂągĂ©e de 14 ans, est devenue une cĂ©lĂ©britĂ© internationale, tandis que la vie dans cette bourgade des PyrĂ©nĂ©es commence Ă ĂȘtre transformĂ©e par l'affluence de pĂšlerins, de curieux et de journalistes. Entre 1858 et 1866, Bernadette continue de vivre Ă Lourdes, oĂč sa situation devient, cependant, de moins en moins tenable. Sans cesse sollicitĂ©e, tout en refusant de percevoir quoi que ce soit en rapport avec les apparitions ou sa cĂ©lĂ©britĂ©, elle se pose la question dâune vie religieuse. En 1864, suivant la recommandation de l'Ă©vĂȘque de Nevers, elle se dĂ©cide Ă entrer chez les sĆurs de la CharitĂ©. Deux ans plus tard, alors que la construction de la basilique est en cours, Bernadette a 22 ans et quitte Lourdes pour entrer au couvent Saint-Gildard, Ă Nevers. Elle y mĂšne treize annĂ©es d'une vie de « religieuse ordinaire », ayant nĂ©anmoins la particularitĂ© de recevoir la visite de nombreux Ă©vĂȘques, parmi ceux qui souhaitent se faire une opinion sur elle et sur les apparitions. Souvent malade et de santĂ© fragile, elle est employĂ©e Ă l'infirmerie quand elle n'y est pas soignĂ©e. Elle fait ses vĆux perpĂ©tuels en 1878, puis meurt d'une pneumonie le , Ă l'Ăąge de 35 ans.
En 1868, paraĂźt le livre de Henri Lasserre, intitulĂ© Notre-Dame de Lourdes[4], qui connaĂźt un grand succĂšs et est traduit en 80 langues. En 1869, le pape Pie IX Ă©crit une lettre Ă l'auteur pour l'en fĂ©liciter, reconnaissant ainsi implicitement ces apparitions[5]. Ă la fin du XIXe siĂšcle, la foule qui afflue Ă Lourdes attire l'attention de plusieurs intellectuels[6]. Parmi eux, Ămile Zola (Lourdes), Joris-Karl Huysmans (Les Foules de Lourdes), François Mauriac (Les PĂšlerins de Lourdes) ou encore Paul Claudel[7]. L'ensemble des archives et des tĂ©moignages sur Bernadette Soubirous fait l'objet d'un travail de recensement et d'Ă©dition critique par le pĂšre RenĂ© Laurentin, dans les annĂ©es 1960-1970.
Bernadette Soubirous est bĂ©atifiĂ©e le , puis canonisĂ©e le par le pape Pie XI. Sa fĂȘte est commĂ©morĂ©e le 18 fĂ©vrier (jour de la 3e apparition, une semaine aprĂšs Notre-Dame de Lourdes)[8], et le 16 avril selon le Martyrologe romain[9].
Le sanctuaire de Lourdes accueille environ six millions de personnes chaque année.
Biographie
Contexte politique et religieux
Au milieu du XIXe siĂšcle, Tarbes, prĂ©fecture et Ă©vĂȘchĂ© des Hautes-PyrĂ©nĂ©es compte un peu plus de 14 300 habitants. Lourdes, bourgade de 4 300 habitants environ, est dotĂ©e d'un tribunal, d'un juge, d'avocats, d'un procureur impĂ©rial, d'un commissaire de police, de gendarmes, d'un curĂ©, de deux vicaires, etc. En raison de leurs fonctions, ils sont amenĂ©s Ă jouer un rĂŽle dans l'affaire des apparitions, pour devenir ensuite, avec les membres de la famille Soubirous, d'autres habitants de Lourdes, le prĂ©fet, l'Ă©vĂȘque, etc., les personnages clĂ©s des rĂ©cits sur Bernadette Soubirous et les apparitions de Lourdes. Ă une Ă©poque oĂč se dĂ©veloppent les « images d'Ăpinal », ces personnages sont dĂ©peints de façon plus ou moins rĂ©aliste ou caricaturale dans des « vies de sainte Bernadette » Ă©maillĂ©es de miracles et de merveilleux. Encore aujourd'hui, le seul nom de Bernadette Soubirous Ă©voque des clichĂ©s sur la grotte, l'eau, la Vierge et les miracles de Lourdes au service desquels ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es des considĂ©rations souvent lĂ©gendaires sur la petite bergĂšre des PyrĂ©nĂ©es[10].
Les lĂ©gendes et rumeurs sur Bernadette Soubirous et les apparitions ont commencĂ© Ă se dĂ©velopper de son vivant, au moment mĂȘme oĂč avaient lieu les apparitions. De ce fait, l'entreprise qui consiste Ă Ă©tablir aujourd'hui une biographie historique qui ferait la part de la lĂ©gende et des faits court toujours le risque de « mythologiser sur les mythes »[10]. NĂ©anmoins, grĂące au travail de recensement des archives d'Ă©poque et Ă leur publication en Ă©dition critique par RenĂ© Laurentin dans les annĂ©es 1960[11], un consensus a pu s'Ă©tablir sur la chronologie des faits, et les descriptions par des historiens de la vie et de la personnalitĂ© de Bernadette se sont considĂ©rablement renouvelĂ©es[10]. Cette vie de Bernadette n'est pas seulement l'histoire des apparitions, elle se prolonge par sa vie de religieuse Ă Nevers et elle peut ĂȘtre distinguĂ©e de l'histoire du pĂšlerinage de Lourdes qui, dĂšs la fin du temps des apparitions, s'est dĂ©veloppĂ© de façon de plus en plus indĂ©pendante du devenir de Bernadette.
Lourdes au milieu du XIXe siĂšcle
En 1844, date de la naissance de Bernadette Soubirous, Lourdes compte un peu plus de 4 000 habitants. Cette bourgade se trouve dans la rĂ©gion historique de Bigorre, au pied des PyrĂ©nĂ©es. Le site est en cuvette, dominĂ© par un piton rocheux sur lequel se trouve un ancien chĂąteau fort. Ce chĂąteau qui avait servi de prison d'Ătat jusqu'au dĂ©but du XIXe siĂšcle Ă©tait dĂ©sormais sans usage. Le gave de Pau coule Ă lâouest du chĂąteau tandis que la ville est blottie Ă lâest.
Lourdes est un point de passage pour accĂ©der aux vallĂ©es du Lavedan lorsque lâon vient de Tarbes ou de Pau. Au XIXe siĂšcle, cette route est appelĂ©e « la route des bains », des stations thermales sâĂ©tant dĂ©veloppĂ©es dans les villages en amont de Lourdes[12]. Ces stations sont rĂ©putĂ©es pour leurs eaux ferrugineuses ou sulfureuses. Elles attirent une clientĂšle aisĂ©e qui vient de toute la France pour s'y reposer ou sây soigner. Cependant, en 1858, Lourdes est encore « plus traversĂ©e que connue »[13] et n'est pas directement concernĂ©e par le dĂ©veloppement de ces stations thermales. Elle reste principalement un bourg agricole avec des carriĂšres de pierre et quelques moulins sur les cours dâeau, notamment sur le ruisseau du Lapacca.
La langue la plus parlĂ©e Ă Lourdes est le gascon, dans sa variante pyrĂ©nĂ©enne. Bernadette Soubirous comme dâautres Lourdais de son temps ne parle et ne comprend quâavec difficultĂ©s le français.
La mortalitĂ© infantile est extrĂȘmement Ă©levĂ©e. Louise CastĂ©rot-Soubirous, la mĂšre de Bernadette, met au monde neuf enfants, dont quatre meurent en bas Ăąge, un Ă lâĂąge de dix ans, quatre parviennent Ă lâĂąge adulte.
Anselme LacadĂ©, « un homme serviable et avisĂ© » selon RenĂ© Laurentin, a Ă©tĂ© maire de Lourdes de 1848 Ă 1866. Il ne s'est jamais prononcĂ© sur le fond de lâaffaire des apparitions mais il a progressivement pris la mesure des changements et des opportunitĂ©s que ces Ă©vĂ©nements ont apportĂ©s Ă Lourdes. Sous sa magistrature, la municipalitĂ© a lancĂ© des travaux de modernisation de la ville avant que ceux-ci nâaient Ă ĂȘtre rĂ©visĂ©s Ă cause de lâaffluence des pĂšlerins et de la crĂ©ation du sanctuaire. C'est aussi la municipalitĂ© LacadĂ© qui a mis en projet, dĂšs 1854, la construction dâune ligne de train reliant Lourdes Ă Pierrefitte. Elle est inaugurĂ©e, en 1865, avec des trains de pĂšlerinage.
Ă Lourdes, sur un plan religieux, la diversitĂ© est principalement de lâordre de la diffĂ©rence entre ceux qui, parmi les catholiques, sont pieux et fervents et ceux qui le sont moins. Il existe aussi un cercle de libres-penseurs, quelques-uns se disent athĂ©es et, comme partout dans la France post-rĂ©volutionnaire, il y a une tension entre rĂ©publicains et catholiques. Une feuille hebdomadaire dâinformations locales, Le Lavedan, est rĂ©digĂ©e et imprimĂ©e Ă Lourdes. Ce journal de tendance rĂ©publicaine fut le premier Ă mentionner les apparitions.
Ă cette Ă©poque, lâĂ©cole nâest pas encore obligatoire. La loi Guizot de 1833 prĂ©conisait, sans obligation, que chaque commune de plus de 500 habitants ait une Ă©cole de garçons. En 1850, la loi Falloux complĂšte ce dispositif en prĂ©voyant une Ă©cole de filles pour les communes des plus de 800 habitants. La commune de Lourdes tente de suivre ces recommandations. Elle emploie depuis 1819, un instituteur qui fait la classe en divers lieux, notamment Ă la Mairie puis au tribunal. En 1849, en plus de la classe de primaire, une Ă©cole supĂ©rieure est mise en place pour les garçons, tandis qu'en 1854, le maire Anselme LacadĂ© appelle les FrĂšres de lâinstruction chrĂ©tienne pour s'en occuper. Dans le mĂȘme temps il fait financer par la commune l'ouverture d'une Ă©cole de filles dans lâhospice que les SĆurs de la CharitĂ© de Nevers tiennent Ă Lourdes sur la route de BartrĂšs. Elle comporte deux classes dont une pour les indigents. Bernadette y sera admise en 1858, ĂągĂ©e de 14 ans.
La famille et lâenfance de Bernadette
Bernadette est la fille aĂźnĂ©e de François Soubirous (-), et de Louise CastĂ©rot (-). Bernadette a eu une sĆur : Marie Antoinette, dite Toinette (1846-1892), et trois frĂšres : Jean-Marie (1851-1919), Justin qui a vĂ©cu dix ans (1855-1865) et Bernard-Pierre (1859-1931), son filleul. Quatre autres enfants sont morts[N 2] en bas Ăąge[14].
Ses parents
Justin et Claire CastĂ©rot, les grands-parents maternels de Bernadette, Ă©taient propriĂ©taires du moulin de Boly. Le , Justin CastĂ©rot se tue dans un accident[15]. Son Ă©pouse, Claire, se retrouve veuve avec un moulin Ă faire tourner et cherche Ă marier sa fille aĂźnĂ©e Bernade. Elle invite alors François Soubirous, qui est encore cĂ©libataire Ă lâĂąge de 34 ans, Ă frĂ©quenter le moulin de Boly. Il travaille alors dans la meunerie, Ă©tant employĂ© au moulin Dozous[16]. Contrairement Ă ce qui est « prĂ©vu », François tombe amoureux de la cadette, Louise, alors ĂągĂ©e de 17 ans[V 1]. Selon lâusage matriarcal du pays, il aurait dĂ» Ă©pouser Bernade CastĂ©rot, lâaĂźnĂ©e. Claire CastĂ©rot lui accorde dâĂ©pouser Louise, mais Bernade, en tant quâaĂźnĂ©e, a gardĂ© toute sa vie une place et une autoritĂ© importante sur le reste de la famille.
La date du mariage est fixĂ©e au . Le dĂ©cĂšs de la mĂšre de François le 21 octobre, oblige Ă reporter le mariage. Ă la date initialement prĂ©vue, seul est cĂ©lĂ©brĂ© le mariage civil sans festivitĂ©s, tandis que le mariage Ă lâĂ©glise a lieu le [17].
Au moulin de Boly (1844-1854)
Le , Louise donne naissance Ă une fille qui est baptisĂ©e dĂšs le 9 janvier Ă l'ancienne Ă©glise Saint-Pierre de Lourdes. Ătant donnĂ© sa position dans la famille, Bernade, la sĆur aĂźnĂ©e de Louise, devient la marraine tandis que lâenfant sâappellera Bernade-Marie. Ce nom enregistrĂ© Ă lâĂ©tat civil ne sera pas utilisĂ© par ses proches. Pour que les deux « Bernade » ne soient pas confondues lâusage des diminutifs prĂ©vaudra pour la petite : Bernat, Bernata, Bernatou ou Bernadette.
Louise Soubirous entame une seconde grossesse avant que Bernadette ne soit sevrĂ©e, ce qui oblige Ă la placer chez une nourrice. Marie LaguĂ«, qui vient de perdre son nouveau-nĂ©, habite le village de BartrĂšs juste Ă cĂŽtĂ© de Lourdes et prend Bernadette chez elle. AprĂšs le temps du sevrage, Marie LaguĂ« sâest attachĂ©e Ă lâenfant et propose de la garder sans frais. Bernadette restera chez sa « seconde mĂšre » jusquâĂ lâĂąge de deux ans. Elle retourne dans sa famille Ă Lourdes en avril 1846.
Le moulin de Boly dont François avait la charge depuis son mariage est peu rentable tandis que François se rĂ©vĂšle mauvais gestionnaire. En 1849, en repiquant les meules, il perd son Ćil gauche Ă cause dâun Ă©clat de pierre. Il continue dâexploiter le moulin jusqu'en 1854, date Ă laquelle l'entreprise familiale est ruinĂ©e[R 1]. La famille dĂ©mĂ©nage pour sâinstaller dans la maison Laborde, un ancien moulin, juste Ă cĂŽtĂ© de celui de Boly. François sâembauche alors au jour le jour comme « brassier », câest-Ă -dire quâil loue la force de ses bras pour des travaux manuels. Câest le travail le moins bien payĂ© qui soit. De son cĂŽtĂ©, Louise fait des mĂ©nages et des lessives.
Au XIXe siĂšcle la France est marquĂ©e par des Ă©pidĂ©mies de cholĂ©ra rĂ©currentes. Celle de 1854-1855 aurait fait 150 000 morts en France dont une trentaine Ă Lourdes. Tout le monde craint cette maladie et lorsquâĂ lâautomne 1855, Bernadette ĂągĂ©e de 11 ans tombe malade, ses parents sont persuadĂ©s quâelle a contractĂ© le cholĂ©ra. Cette maladie est extrĂȘmement contagieuse. Cependant, selon Anne Bernet, lâabsence dâautres cas dans lâentourage de Bernadette alors quâaucune mesure particuliĂšre nâa Ă©tĂ© prise, rend improbable le diagnostic des parents. Quoi quâil en soit, Bernadette est de santĂ© fragile depuis lâenfance, elle souffre en particulier de frĂ©quentes crises dâasthme.
Du moulin de Sarrabeyrouse au « cachot » (1855-1858)
En 1855, Ă la mort de Claire CastĂ©rot, les Soubirous perçoivent un petit hĂ©ritage de 900 francs, ce qui reprĂ©sente environ deux ans dâun salaire de manĆuvre. François cherche alors un moulin Ă louer. Il en trouve un Ă quatre kilomĂštres de Lourdes : le moulin de Sarrabeyrouse Ă Arcizac-ez-Angles. Le loyer est un peu Ă©levĂ©, tandis que les Soubirous sâachĂštent aussi un petit cheptel. Moins dâun an plus tard, non seulement lâhĂ©ritage est entiĂšrement dĂ©pensĂ©, mais le couple sâest endettĂ©. En novembre 1856, ils sont expulsĂ©s du moulin de Sarrabeyrouse[18] et retournent Ă Lourdes.
LâannĂ©e 1856 est une annĂ©e de sĂ©cheresse et de disette. Ă Lourdes, les Soubirous sâinstallent dans la maison Rives, 14 rue du Bourg. Le loyer nâest pas Ă©levĂ©, mais câest encore trop pour quâils puissent en plus subvenir correctement aux besoins alimentaires de la famille. En François ne trouve plus du tout de travail. Ă bout de ressources, les Soubirous ne parviennent pas Ă payer le loyer. Le propriĂ©taire les expulse en retenant lâarmoire, le dernier meuble de valeur de la famille. Un cousin de Claire met alors Ă leur disposition le rez-de-chaussĂ©e dâun immeuble dont il est propriĂ©taire Ă Lourdes. Cette piĂšce est appelĂ©e « le cachot », car elle a servi un moment pour la dĂ©tention de prisonniers en attente de jugement au tribunal situĂ© juste Ă cĂŽtĂ©. Assez sombre et insalubre, cette piĂšce nâest normalement pas louĂ©e Ă lâannĂ©e mais sert plutĂŽt lâĂ©tĂ© pour le logement de saisonniers espagnols. Les Soubirous logent Ă six dans ce « bouge infect et sombre[N 3] » de 3,72 Ă 4,40 m[V 2]. Louise demande alors Ă sa sĆur, Bernade, dâaccueillir Bernadette chez elle. Bernadette passera ainsi lâhiver chez sa marraine qui tient un cabaret. Elle y fait le service et le mĂ©nage et ne va toujours pas Ă lâĂ©cole ni au catĂ©chisme[L 1].
Le , deux sacs de farine sont volĂ©s au Moulin Dozou. Son propriĂ©taire, excĂ©dĂ© par ce vol qui vient complĂ©ter une sĂ©rie de larcins Ă rĂ©pĂ©tition, connaĂźt bien François Soubirous et ses difficultĂ©s actuelles pour avoir Ă©tĂ© son employeur autrefois. Il le soupçonne sachant la nĂ©cessitĂ© dans laquelle se trouve la famille Soubirous. Sur sa dĂ©nonciation, François est arrĂȘtĂ©. Il clame son innocence mais reste incarcĂ©rĂ© huit jours au terme desquels, faute de preuves, le procureur dĂ©cide de le libĂ©rer[V 3]. Le motif de la libĂ©ration est le mĂȘme que celui de son arrestation : la situation de misĂšre de François et de sa famille que cette incarcĂ©ration ne faisait quâaggraver. La famille Soubirous se trouve alors dans une pĂ©riode de « dĂ©tresse noire »[L 2].
Le séjour à BartrÚs (1857-1858)
En septembre 1857, Bernadette est envoyée chez son ancienne nourrice, Marie Laguë, à BartrÚs[19]. Elle y veille sur deux jeunes enfants, assure le ménage, les corvées d'eau et de bois, et garde les agneaux[20].
Elle se rend en pĂšlerinage Ă BĂ©tharram oĂč elle rencontre plusieurs fois l'abbĂ© Michel GaricoĂŻts, fondateur des PrĂȘtres du SacrĂ© CĆur de JĂ©sus de BĂ©tharram.
Ă BartrĂšs elle commence Ă prĂ©parer sa premiĂšre communion. Elle suit pour cela les cours de catĂ©chisme de l'abbĂ© Ader, le desservant. Mais, le , l'abbĂ© Ader se retire dans un monastĂšre. Le village de BartrĂšs se retrouve sans desservant, Bernadette nâa plus que son rĂŽle de bergĂšre Ă BartrĂšs et elle dĂ©clare alors sâennuyer. Le , Bernadette va Ă Lourdes, et demande ce quâelle doit faire pour recevoir la communion. Pour cela il lui faut suivre le catĂ©chisme Ă Lourdes. Elle prend donc la dĂ©cision de rentrer chez ses parents. Le , elle vient dire au revoir Ă Marie LaguĂ« puis retourne Ă Lourdes le 21 (ou le 28) janvier.
Fin janvier 1858, quelques jours avant les apparitions[21], elle est admise comme externe[22] dans la classe des indigents, tenue par les sĆurs de la CharitĂ© de Nevers. C'est lĂ qu'elle commence, mais de façon irrĂ©guliĂšre[V 4], Ă s'instruire, et Ă s'initier au mĂ©tier de couturiĂšre[21].
Apparitions
Le , Bernadette se rend Ă la grotte de Massabielle avec sa sĆur et une amie pour y chercher du bois. C'est lĂ qu'elle est tĂ©moin d'une premiĂšre apparition silencieuse[N 4]. Lors des apparitions du 15 et 16 fĂ©vrier, Bernadette commence Ă ĂȘtre accompagnĂ©e par des personnes proches, car l'information sur sa « vision » a Ă©tĂ© diffusĂ©e par ses camarades, contre sa volontĂ©[B 3] - [L 3].
Lors de la troisiĂšme apparition, le , la dame demande Ă Bernadette de venir Ă la grotte pendant quinze jours, et Bernadette promet[L 4]. Il s'en suivra ce qu'il est convenu d'appeler « la quinzaine des apparitions », du au , au cours desquelles Bernadette ira tous les jours Ă la grotte. L'apparition ne se produit cependant que douze fois au cours de cette quinzaine[L 5]. Ce temps devient celui du dĂ©but d'une affluence grandissante de pĂšlerins et de curieux vers la grotte, ce qui provoque quelques articles dans la presse locale, l'ouverture d'enquĂȘtes par le commissaire[L 6] puis par le procureur impĂ©rial de Lourdes[B 4], ainsi que l'embarras du conseil municipal et du curĂ©. Ă la suite de cette quinzaine, Bernadette reste un long temps sans revenir Ă la grotte[B 5]. Elle y retournera ponctuellement les [B 6], et [V 5] pour les trois derniĂšres apparitions. Pendant cette pĂ©riode, de mars Ă , la police, le procureur et le prĂ©fet tentent de mettre fin Ă l'affluence des pĂšlerins vers la grotte en y installant des barriĂšres, et en verbalisant les personnes qui s'y rendent[B 7], tandis que le conseil municipal se demande quelle attitude adopter et que le clergĂ© reste sur la rĂ©serve.
- Bernadette jetant de l'eau bénite sur l'apparition (2e apparition).
- Bernadette demande à « la dame » d'écrire son nom (3e apparition).
- Bernadette embrasse le sol et se lave à « la source ».
- 16e apparition Ă Bernadette.
En juillet 1858 l'Ă©vĂȘque de Tarbes a Ă©tabli une commission d'enquĂȘte pour statuer sur les apparitions dont Bernadette Soubirous disait avoir Ă©tĂ© le tĂ©moin. Lorsqu'en 1862, cette commission rendra son verdict, elle reconnaĂźtra dix-huit apparitions de la Vierge Ă Bernadette entre le 11 fĂ©vrier et le dans la grotte de Massabielle[23] - [24].
Pensionnaire Ă l'hospice de Lourdes
Jusqu'en juin 1860, Bernadette vit dans sa famille. Les Soubirous ont quittĂ© le "cachot" vers septembre 1858 pour vivre dans une piĂšce plus grande de la maison Deluc. Peu aprĂšs, dĂ©but 1859, l'abbĂ© Peyramale s'Ă©tant portĂ© caution, François Soubirous peut louer le moulin Gras et reprendre son mĂ©tier de meunier. Durant cette pĂ©riode, Bernadette travaille comme garde d'enfants, elle tente de combler son retard scolaire avec l'aide d'Augustine Tardhivail qui l'instruit bĂ©nĂ©volement, et elle joue son rĂŽle d'aĂźnĂ©e Ă la maison dans les tĂąches mĂ©nagĂšres et vis-Ă -vis de ses frĂšres et de sa sĆur. Enfin, elle rĂ©pond aux innombrables questions sur les apparitions, rencontrant des visiteurs mĂȘme lorsqu'elle est malade et alitĂ©e.
Un an aprĂšs les apparitions, environ 30 000 personnes sont passĂ©es Ă Lourdes. Seules ou en groupe, la plupart ont voulu rencontrer ou du moins apercevoir Bernadette car ils viennent pour elle plus que pour la grotte[R 2]. Bernadette fait l'objet d'un culte populaire qui tourne Ă la « foire d'empoigne[V 6] ». Dans un premier temps, il n'existe aucune restriction pour rencontrer Bernadette. Si la plupart des rencontres se passent sans problĂšme, Bernadette doit souvent faire face Ă d'embarrassantes effusions affectives, Ă des pressions pour obtenir des reliques (mĂšche de cheveux, chapelet, fils de ses vĂȘtements, etc.), et parfois Ă de l'agressivitĂ© ou de la bizarrerie. L'abbĂ© Peyramale et le maire cherchent un moyen de mettre fin Ă ce tumulte[V 7].
L'idĂ©e selon laquelle Bernadette pourrait vivre Ă l'hospice tenu par les sĆurs est nĂ©e dĂšs l'automne 1858, mais Bernadette souhaitait rester chez ses parents. La proposition en reste donc lĂ , tandis que l'on indique avec plus ou moins de succĂšs aux pĂšlerins qu'ils doivent d'abord passer au presbytĂšre pour obtenir l'autorisation d'aller voir Bernadette. Au printemps 1860, avec l'augmentation saisonniĂšre du nombre de visiteurs, l'entrĂ©e de Bernadette en pension Ă l'hospice des sĆurs de la CharitĂ© se dĂ©cide[V 7]. C'est le maire Anselme LacadĂ©, qui trouve la solution administrative et financiĂšre. L'hospice est un lieu d'accueil des malades en mĂȘme temps qu'une Ă©cole. Le maire qui subventionne cette institution propose que Bernadette y soit admise gratuitement comme malade indigente en raison de sa santĂ© fragile tandis que tous les amĂ©nagements nĂ©cessaires Ă la poursuite de son Ă©ducation scolaire et mĂ©nagĂšre pourront ĂȘtre pris au sein de cette institution. DĂ©sormais, il n'est plus possible de voir Bernadette sans en faire prĂ©alablement la demande au presbytĂšre, et Bernadette ne peut plus sortir de l'hospice sans l'accord du curĂ©. Cette interdiction de sortie visant surtout Ă encadrer les demandes faites pour « voir la voyante », une exception permanente est prĂ©vue pour qu'elle puisse librement visiter ses parents, mais elle doit toujours ĂȘtre accompagnĂ©e d'une sĆur. Lorsque les visites de Bernadette dans sa famille poseront des difficultĂ©s aux sĆurs, Bernadette leur rappellera avec tĂ©nacitĂ© la promesse qu'elle pourrait y aller librement.
La dĂ©cision de placer Bernadette Ă l'hospice a Ă©tĂ© l'objet de longues nĂ©gociations et de dĂ©saccords entre ceux qui en furent partie prenante. Dominiquette Cavenaze, le maire et le curĂ© y ont poussĂ© ; les parents Soubirous y ont consenti malgrĂ© leurs rĂ©ticences, de mĂȘme que les sĆurs de Nevers ; le docteur Dozous, qui s'Ă©tait autoproclamĂ© mĂ©decin attitrĂ© et bĂ©nĂ©vole de Bernadette, s'est Ă©levĂ© contre cette dĂ©cision : « Quoi ! Confier Bernadette Ă cette supĂ©rieure, une incrĂ©dule ! [...] Bernadette est en de mauvaises mains. Ă tout prix, il faut qu'elle en sorte ! » NĂ©anmoins le docteur Dozous perdait peu Ă peu toute crĂ©dibilitĂ©, Ă mesure qu'il perdait son discernement de mĂ©decin lorsqu'il s'agissait de constater des guĂ©risons et des miracles. Anne Bernet, considĂšre que ce placement visait Ă soustraire Bernadette Ă son milieu familial, celui des Soubirous et des CastĂ©rot, qui reste trĂšs dĂ©favorablement considĂ©rĂ© pour sa moralitĂ© et ses mĆurs par les notables locaux. RenĂ© Laurentin insiste pour sa part sur la nĂ©cessitĂ© qu'il y avait de protĂ©ger Bernadette des visites incessantes, tout en permettant aux nombreux pĂšlerins de la rencontrer. Bernadette reste en effet, selon un avis largement partagĂ©, « la meilleure preuve des apparitions ». Le placement de Bernadette Ă l'hospice, loin de mettre fin aux visites, les pose dans un cadre rĂ©glĂ© par les horaires de l'Ă©cole et de l'hospice. On obtient facilement l'autorisation de la rencontrer au parloir tandis qu'il n'est plus question de venir voir Bernadette Ă n'importe quelle heure, ou encore de l'emmener Ă l'improviste pour la monter Ă Cauterets ou Ă BagnĂšres comme que cela s'Ă©tait fait.
Bernadette n'a pour sa part pas fait de difficultĂ©s pour entrer en pension : elle a obĂ©i. Elle le vĂ©cut cependant comme une forme de dĂ©racinement. Selon l'expression de RenĂ© Laurentin : « Bernadette, plante de pleine terre, est repiquĂ©e en serre. » Ce qu'elle perd notamment Ă ce moment-lĂ , c'est son rĂŽle d'aĂźnĂ©e. Un rĂŽle important dans son milieu social et familial qui lui donnait autoritĂ© et responsabilitĂ©s. Chez les Soubirous, la « grande sĆur » avait Ă s'occuper des plus jeunes au quotidien ; Ă l'hospice, elle devient celle dont on s'occupe.
Au sein de l'hospice, l'école fonctionne avec deux systÚmes. La classe gratuite pour les indigents est externe. Les élÚves y viennent irréguliÚrement et ils ne peuvent accéder aux autres parties de l'hospice. Les classes payantes sont quant à elles intégrées au reste de la maison. Vivant à l'hospice, Bernadette doit rejoindre l'une des deux classes payantes : celle des « demoiselles de la bourgeoisie » ou la « seconde classe », celle des filles de familles plus modestes. Bernadette qui aurait souhaité rester avec les indigents, rejoint la « seconde classe ». Peu aprÚs l'entrée de Bernadette à l'hospice, l'abbé Bernadou réalise les premiers clichés. Il le fait sans aucune intention commerciale, avec le souhait de fixer l'extase de Bernadette.
Bernadette a seize ans lorsqu'elle entre Ă l'hospice. Bien que son retard scolaire soit important, elle fait des progrĂšs rapides en lecture et en Ă©criture, apprenant ainsi le français. Elle est douĂ©e pour la couture et la broderie. Du point de vue des sĆurs, sa piĂ©tĂ© est irrĂ©prochable bien qu'elle ne fasse pas preuve d'un zĂšle particulier Ă cet Ă©gard. Tous les quinze jours, elle participe Ă la rĂ©union des Enfants de Marie, et, comme le veulent les instructions de ce mouvement, elle dit personnellement le chapelet deux ou trois fois par jour. Sur l'insistance des sĆurs, elle essaie de se mettre Ă l'oraison. Bernadette refuse de parler des apparitions quand ce n'est pas au parloir dans le cadre des frĂ©quentes sĂ©ances de tĂ©moignage prĂ©vues Ă cet effet. Selon les tĂ©moignages de ses amies, c'est une excellente camarade de classe. Elle fuit les conversations et les ambiances trop sĂ©rieuses, elle rit facilement et bruyamment. Petite pour son Ăąge, elle se plaĂźt Ă jouer avec les plus jeunes qu'elle. Ă dix-sept ans elle fait quelques coquetteries. En somme, c'est une Ă©lĂšve ordinaire, elle a l'air heureuse, les sĆurs en sont contentes et tout se passe bien. En 1863, Bernadette a passĂ© l'Ăąge d'ĂȘtre en classe. NĂ©anmoins, elle semble se trouver bien chez les sĆurs et, Ă Mgr Forcade qui l'interroge sur son avenir, elle rĂ©pond qu'elle n'envisage rien d'autre pour son avenir que de rester lĂ , Ă faire des travaux mĂ©nagers ou Ă soigner les malades de l'hospice, ce qui est impossible si elle ne devient pas elle-mĂȘme religieuse. En fait Bernadette cherche sa vocation religieuse, mais elle n'a encore rien dĂ©cidĂ©.
Vocation religieuse
Le , Bernadette ne peut assister Ă l'inauguration de la statue de la grotte. Cependant elle choisit ce jour de fĂȘte pour annoncer Ă sĆur Alexandrine Roques, supĂ©rieure de l'hospice de Lourdes, qu'elle veut devenir religieuse chez les SĆurs de la CharitĂ© de Nevers. Cette dĂ©cision de Bernadette a Ă©tĂ© longuement mĂ»rie. Le premier tĂ©moignage d'un questionnement sur sa vocation religieuse remonte Ă la pĂ©riode des apparitions. Dans une lettre datĂ©e du , AdĂ©laĂŻde Monlaur raconte une conversation dont elle a Ă©tĂ© tĂ©moin entre Bernadette et le maire, Anselme LacadĂ© :
« Monsieur le maire de Lourdes et plusieurs autres messieurs lui ont demandĂ© quel Ă©tat elle voudrait apprendre, si elle voulait apprendre l'Ă©tat de couturiĂšre qu'on voulait payer, si elle voulait ĂȘtre repasseuse qu'on voulait aussi payer. Elle a rĂ©pondu, aprĂšs avoir rĂ©flĂ©chi un instant qu'elle voulait ĂȘtre religieuse. Monsieur le maire lui a rĂ©pondu : « Mais tu peux changer ? En attendant, il faut apprendre un Ă©tat. » Elle dit : « Je ne changerai pas, cependant je veux faire ce que mon pĂšre et ma mĂšre voudront. »
Elle dira plus tard Ă propos de son choix pour les sĆurs de la CharitĂ© de Nevers : « Je vais Ă Nevers parce qu'on ne m'y a pas attirĂ©e. » Au sujet de ceux qui ont cherchĂ© Ă attirer Bernadette, SĆur Alexandrine dĂ©nonce « l'amour-propre et [âŠ] la convoitise de tous les ordres religieux qui, mĂȘme en notre prĂ©sence, viennent souvent la solliciter[V 8] ». Si les sollicitations ont fait fuir Bernadette, il reste qu'elle a largement consultĂ© son entourage : ses parents, ses tantes, l'abbĂ© Pomian, l'abbĂ© Peyramale, les sĆurs de l'hospice et surtout ses amies qui Ă©taient nombreuses Ă chercher en mĂȘme temps qu'elle la communautĂ© religieuse dans laquelle entrer. Les apparitions de Lourdes ont en effet suscitĂ© de nombreuses vocations de prĂȘtres et de religieuses dans la jeunesse de Lourdes et des environs.
Jeanne VĂ©dĂšre, la cousine de Bernadette, voulait elle aussi devenir religieuse, mais elle devait pour cela vaincre les rĂ©ticences de ses parents. Dans sa correspondance avec Bernadette, il apparaĂźt qu'elle Ă©tait prĂȘte Ă entrer dans n'importe quelle communautĂ©, envisageant d'en changer ensuite. Bernadette lui recommande de ne pas faire cela et de ne prendre qu'un engagement qu'elle serait fermement rĂ©solue de tenir. Les diffĂ©rentes communautĂ©s envisagĂ©es par Jeanne VĂ©dĂšre sont celles qui ont des maisons ou des couvents dans les environs. Ce sera naturellement aussi sur ces congrĂ©gations que Bernadette se posera des questions : le Carmel, les filles de la CharitĂ© et les cisterciennes notamment.
Bernadette a, semble-t-il, d'abord Ă©tĂ© attirĂ©e par l'idĂ©e d'une vie religieuse cachĂ©e. En ce sens la suggestion du Carmel lui est faite dĂšs le printemps 1858. On lâemmĂšne alors visiter le Carmel de BagnĂšres, mais plusieurs choses la rebutent. La premiĂšre est qu'on lui fait comprendre qu'il sera possible de la dispenser partiellement de la rĂšgle car sa santĂ© fragile ne lui permettrait pas de la vivre pleinement. Bernadette se fixe alors sur le sentiment qu'elle n'a pas Ă s'engager pour une rĂšgle qu'elle ne suivrait qu'Ă moitiĂ©. Les rĂ©ticences de Bernadette semblent aussi dues aux encouragements pressants de pĂšres carmes et de religieuses carmĂ©lites pour qu'elle rejoigne leur ordre.
L'Ă©tĂ© 1861, une amie de Bernadette, Germaine Raval, qui Ă©tait prĂ©sente lors des apparitions, est revenue Ă Lourdes pour une derniĂšre visite Ă sa famille avant son entrĂ©e dĂ©finitive au couvent des filles de la CharitĂ© de Tarbes. Elle avait consultĂ© Bernadette avant de prendre cette dĂ©cision et Bernadette l'y avait encouragĂ©e. La supĂ©rieure du couvent des filles de la CharitĂ©, informĂ©e par Germaine Raval des bonnes dispositions de la voyante de Lourdes Ă l'Ă©gard de leur congrĂ©gation, a accompagnĂ© Germaine Raval pour ses adieux Ă sa famille. Elle voulait profiter de l'occasion pour faire des avances Ă Bernadette. Ă l'hospice, les filles de la CharitĂ© lui font mĂȘme essayer leur costume. Bernadette fait bonne figure, mais ne veut pas aller chez elles.
Au sein de l'hospice, sĆur Maria GĂ©raud et Bernadette se sont profondĂ©ment liĂ©es d'amitiĂ©. En 1863, la sĆur s'inquiĂšte beaucoup des sollicitations qui sont faites Ă Bernadette pour aller dans d'autres communautĂ©s que celle des sĆurs de la CharitĂ© de Nevers. Elle en parle en pleurant et on lui fait remarquer qu'elle s'est trop attachĂ©e Ă Bernadette. La mĂȘme annĂ©e, elle est mutĂ©e Ă lâhĂŽpital de BagnĂšres. Bernadette n'est toujours pas fixĂ©e Ă ce moment-lĂ , mais elle fait, au sein mĂȘme de l'hospice, des expĂ©riences dĂ©cisives. Elle s'intĂ©resse aux vieux et aux malades, notamment à « une femme dĂ©guenillĂ©e qui s'adonne au vin. Elle Ă©tait tombĂ©e dans un brasier, la tĂȘte la premiĂšre, et s'Ă©tait brĂ»lĂ©e horriblement. Bernadette demande Ă la voir et Ă la soigner. On le lui permet. Elle s'acquitte de sa tĂąche comme une infirmiĂšre trĂšs experte. Quand la femme est sur le point de quitter l'hospice, Bernadette lui dit en riant : « Il ne faudra pas tant siffler dorĂ©navant. » Bernadette soigne ainsi diffĂ©rentes personnes parmi les anonymes de l'hospice de Lourdes. Elle y prend goĂ»t et dit Ă Jeanne VedrĂšne qu'elle aime les pauvres, qu'elle aime soigner les malades et qu'elle restera chez les sĆurs de Nevers. Ă ce moment, cela signifie simplement pour Bernadette qu'elle veut rester Ă l'hospice de Lourdes pour soigner les malades.
ThĂ©odore-Augustin Forcade est, en tant qu'Ă©vĂȘque de Nevers, responsable de la congrĂ©gation des sĆurs de la CharitĂ© de Nevers. Le , il vient Ă Lourdes pour visiter l'hospice avec l'intention d'y rencontrer Bernadette. Le premier contact est fortuit. Bernadette a Ă©tĂ© chargĂ©e de sonner la cloche annonçant son arrivĂ©e. Elle y met toute son Ă©nergie si bien que l'Ă©vĂȘque qui ne la connaĂźt pas lui dit en occitan « Pro, pro » (assez, assez). L'incident amuse beaucoup Bernadette qui rentre dans la communautĂ© en riant : « Monseigneur parle patois. » L'Ă©vĂȘque ignore que c'Ă©tait Bernadette, mais pour elle, l'impression est bonne, et l'Ă©vĂȘque n'aura ensuite aucune difficultĂ© Ă nouer un dialogue avec elle. Il vient d'abord la trouver dans la cuisine alors qu'elle Ă©pluche des lĂ©gumes, puis il la retrouve au parloir oĂč il la questionne sur les apparitions. Il lui demande ensuite ce qu'elle va devenir. « Mais rien ! » rĂ©pond Bernadette qui lui explique qu'elle se trouve bien lĂ , Ă l'hospice. Il lui dit que ce n'est pas possible de rester lĂ comme une domestique tandis que Bernadette lui pose le problĂšme de la dot si elle voulait rentrer chez les sĆurs. L'Ă©vĂȘque lui explique que lorsqu'une vocation est reconnue chez une fille pauvre, elle peut ĂȘtre reçue sans dot. Bernadette lui dit alors ce dont les sĆurs lui ont rebattu les oreilles pour entretenir son humilitĂ© et dont elle s'est convaincue : « Je ne sais rien ... Je ne suis bonne Ă rien. » L'Ă©vĂȘque plaisante en lui disant qu'il avait remarquĂ© qu'elle Ă©tait au moins bonne Ă Ă©plucher des lĂ©gumes. Elle rit, il l'invite Ă y rĂ©flĂ©chir, Ă prier et Ă consulter, et ils en restent lĂ .
Ă partir du , jour oĂč elle annonce pour la premiĂšre fois sa dĂ©cision, elle rĂ©pondra invariablement qu'elle veut entrer chez les sĆurs de Nevers. Le pĂšre SempĂ©, chapelain du nouveau sanctuaire, la trouble en lui faisant remarquer qu'elle aurait dĂ» choisir une congrĂ©gation vouĂ©e au culte de la Vierge Marie. L'abbĂ© Pomian la rassure en lui disant que l'on peut honorer la sainte Vierge dans toutes les congrĂ©gations religieuses. Ce mĂȘme mois, elle rĂ©dige sa demande pour entrer au noviciat, dans la maison mĂšre de la congrĂ©gation, Ă Nevers[V 9]. L'Ă©vĂȘque de Nevers lui rĂ©pond favorablement en novembre. Le dĂ©lai est dĂ» aux hĂ©sitations de la supĂ©rieure gĂ©nĂ©rale qui n'Ă©tait pas trĂšs favorable Ă cette entrĂ©e et hĂ©sita longtemps. Sa demande ayant Ă©tĂ© acceptĂ©e, Bernadette aurait pu commencer le noviciat peu aprĂšs novembre 1864, mais elle tombe malade Ă ce moment-lĂ et doit rester alitĂ©e jusque fin janvier. Elle reste Ă l'hospice de Lourdes quelque temps encore avec le statut de postulante. Pour l'Ă©tape suivante, il faut aller au noviciat, c'est-Ă -dire Ă Nevers.
Pour RenĂ© Laurentin, la vocation de Bernadette est le fruit « d'une humble dĂ©libĂ©ration au niveau des rĂ©alitĂ©s humaines oĂč elle se trouvait effectivement enracinĂ©e avant tout de son expĂ©rience d'infirmiĂšre au service des pauvres les plus dĂ©shĂ©ritĂ©s. » Lourdais et pĂšlerins exprimant une sorte de vĂ©nĂ©ration pour Bernadette, son dĂ©part de Lourdes a aussi Ă©tĂ© envisagĂ© comme une façon d'escamoter Bernadette. Zola n'Ă©tait pas catĂ©gorique sur ce point : « Je veux bien qu'il n'y ait pas eu une volontĂ© unique, persistante, qui l'ait escamotĂ©e, puis gardĂ©e, mĂȘme morte. » Il se dit nĂ©anmoins troublĂ© : « Il semble que quelqu'un a eu peur d'elle, n'a pas voulu partager, s'est inquiĂ©tĂ© du pouvoir, de la popularitĂ© immense qu'elle pouvait prendre. Il semble que, jalousement, quelqu'un l'ait escamotĂ©e »[25]. Ruth Harris estime qu'il est difficile de dĂ©terminer si sa vocation religieuse lui est venue spontanĂ©ment, ou si l'on a cherchĂ© Ă l'Ă©loigner de Lourdes. Si elle ne va pas jusqu'Ă penser qu'on ait « expĂ©diĂ© » Bernadette Ă Nevers « pour se dĂ©barrasser d'elle », elle suggĂšre nĂ©anmoins un patient travail de Dominique Peyramale pour Ă©viter une prĂ©tention Ă la saintetĂ©, pour renforcer Bernadette dans « son humilitĂ© naturelle » â le but Ă©tant de protĂ©ger le lieu saint de la faiblesse de Bernadette ou de son charisme[R 3]. Bernadette, qui a mal supportĂ© d'ĂȘtre regardĂ©e ou montrĂ©e comme une bĂȘte curieuse Ă Lourdes, exprimera assez clairement l'idĂ©e qu'elle se cache Ă Nevers.
Quotidien de Bernadette entre les apparitions et son départ pour Nevers
Bernadette est rĂ©guliĂšrement prise de violentes crises dâasthme. Lorsque ces crises se produisent, une sĆur est chargĂ©e de la veiller la nuit. Les parents de Bernadette sont plusieurs fois appelĂ©s en pleine nuit alors que l'on craint de la voir mourir. Ces crises qui s'arrĂȘtent aussi soudainement qu'elles commencent, justifient une grande rĂ©ticence des sĆurs Ă la laisser sortir. MĂȘme si visiblement ces crises la font souffrir, elle n'est pas plaintive, un jour elle dĂ©clare mĂȘme : « J'aime encore mieux cela que de recevoir des visites. » En avril 1862, Bernadette a une crise particuliĂšrement sĂ©vĂšre. Le docteur Balencie est Ă son chevet et se montre pessimiste. L'abbĂ© Pomian dĂ©cide alors de lui donner l'extrĂȘme onction. Les rites n'en sont pas achevĂ©s que la crise a cessĂ©.
Bernadette apprend progressivement Ă gĂ©rer les visiteurs et leurs comportements parfois embarrassants. Un pĂšre Carme vient la trouver dans la cuisine de l'hospice se met Ă genoux devant elle et lui demande de le bĂ©nir. Elle lui dit qu'elle ne sait pas bĂ©nir, et il lui demande de rĂ©pĂ©ter « Sainte Vierge qui m'est apparue, bĂ©nissez ce prĂȘtre. » L'abbĂ© Pomian lui fournit la rĂ©ponse Ă donner pour faire face Ă des demandes incongrues : « Cela m'est dĂ©fendu. » On lui interdit de donner ses cheveux ou des reliques, tandis que les gens viennent la voir avec quantitĂ© de chapelets et de mĂ©dailles pour qu'elle les distribue. C'est un moyen d'avoir un objet « touchĂ© par la voyante de Lourdes ». La plupart des visiteurs demandent Ă Bernadette de prier pour eux. Certains ont la dĂ©licatesse de se rendre compte qu'elle ne peut pas se souvenir de tout le monde. Elle dit qu'elle rĂ©cite le chapelet chaque jour pour tous ceux qui se recommandent Ă ses priĂšres. En 1863, les autoritĂ©s fixent la rĂšgle selon laquelle elle priera « deux fois par jour, matin et soir »[B 8] pour les bienfaiteurs de la chapelle. Bernadette prend l'habitude de demander Ă ceux qui lui demandent de prier pour eux, d'en faire autant pour elle. Sur les images d'elle qu'on lui demande de signer, elle Ă©crit systĂ©matiquement : « P. P. Bernadette Soubirous » (Priez pour Bernadette Soubirous). Elle n'est pas heureuse de ces visites qu'elle reçoit sans se plaindre, mais par obĂ©issance. Un jour, elle est surprise Ă la porte du parloir en train de sĂ©cher ses larmes pour essayer de faire bonne figure devant ceux qui l'attendent. Une autre fois, elle dĂ©couvre que parmi les images qu'on lui prĂ©sente pour les signer, un photographe a eu l'idĂ©e de mettre son portrait dans une rose. Elle signe en disant : « Quelle bĂȘtise. » Chaque jour, elle doit raconter les apparitions, elle rĂ©pĂšte machinalement toujours le mĂȘme tĂ©moignage.
Au début, lorsqu'un visiteur lui fait un cadeau, Bernadette le jette par terre. Elle trouvera des façons plus aimables de refuser ces dons, en disant par exemple : « Reprenez-le, ça me brûle. » à l'hospice de Lourdes, elle prend l'habitude d'orienter les donateurs vers l'institution en leur disant : « Il y a un tronc. ». Plus tard à Nevers elle confirme cette attitude en disant : « Je ne puis ni recevoir ni transmettre votre offrande. »
En 1862, les photographes commencent Ă se disputer le privilĂšge de pouvoir prendre des photos de Bernadette pour les vendre. Sur ces ventes, la moitiĂ© leur revient, l'autre est destinĂ©e Ă la construction de la chapelle. Le premier Ă ĂȘtre autorisĂ© par l'Ă©vĂȘque Ă rĂ©aliser des photos est Dufour qui prend « Bernadette en extase » et « Bernadette devant la grotte accompagnĂ©e de ses sĆurs ». Dufour perd immĂ©diatement l'exclusivitĂ©, l'Ă©vĂȘque ayant aussi donnĂ© l'autorisation Ă Billard-Perrin. Ce dernier rĂ©alise une suite de clichĂ©s assez sobres, pour la plupart desquels il a demandĂ© Ă Bernadette d'avoir les yeux levĂ©s, comme si elle voyait la Vierge.
En 1863, Dufour, qui s'est plaint de la concurrence de Billard-Perrin en mettant en cause sa moralitĂ© auprĂšs de l'Ă©vĂȘque, obtient l'autorisation de faire venir Bernadette dans son studio de Tarbes pour rĂ©aliser une nouvelle sĂ©rie de clichĂ©s. Ayant fait savoir Ă Bernadette qu'elle devait « se faire belle », il suscite quelques propos irritĂ©s : « Si monsieur Dufour ne me trouve pas assez belle, dites-lui qu'il me laisse ici. Je serai plus contente. Qu'il se contente de mon costume, je ne mettrai pas une Ă©pingle de plus. » Il en alla autrement. Pour la quatriĂšme et la plus longue sĂ©ance photographique de la vie de Bernadette, avec un rĂ©sultat mitigĂ©, Dufour rĂ©alise quinze clichĂ©s dans des dĂ©cors diffĂ©rents, obtenant que Bernadette mette des jupes Ă carreaux qui prennent mieux la lumiĂšre que sa robe noire habituelle.
Le , jour de l'inauguration de la crypte, l'adulation de la foule prend des proportions choquantes pour Bernadette. Ă Massabielle, mĂȘme entourĂ©e par les sĆurs pour la protĂ©ger de ceux qui veulent la toucher ou l'Ă©treindre, il faut appeler en renfort un cordon de gendarmes qui se trouve lĂ et qui doit les raccompagner jusqu'Ă l'hospice. Un gendarme profite de la situation pour saisir la main de Bernadette et l'embrasser tandis qu'elle est encore obligĂ©e de se montrer Ă deux reprises pour calmer la foule qui cherche Ă pĂ©nĂ©trer dans l'hospice[V 10]. Pour Ruth Harris : « Il Ă©tait clair que Bernadette constituerait un « problĂšme » aussi longtemps qu'elle resterait Ă Lourdes : le comportement des foules en mai 1866 montra bien que sa prĂ©sence dĂ©tournait l'attention du sanctuaire, de la grotte et de la Vierge[R 4]. »
L'entrée au couvent Saint-Gildard
Le , Bernadette quitte les PyrĂ©nĂ©es, qu'elle ne reverra jamais. Elle arrive le 7 Ă la maison mĂšre, le couvent Saint-Gildard de Nevers[26]. Il fait dĂ©jĂ nuit, la prĂ©sentation Ă la communautĂ© a lieu le lendemain. Cette arrivĂ©e est un Ă©vĂšnement. MĂšre Marie-ThĂ©rĂšse Vauzou (en), la maĂźtresse des novices, a prĂ©parĂ© les sĆurs en leur lisant une lettre de Bernadette et leur a dĂ©clarĂ© avec Ă©motion que c'est une grĂące « de recevoir l'enfant privilĂ©giĂ©e de Marie. »
Le lendemain l'ensemble des sĆurs sont rĂ©unies pour entendre « une fois pour toutes » le rĂ©cit des apparitions. Les novices et les postulantes de deux autres couvents voisins ont Ă©tĂ© conviĂ©es. Environ 300 religieuses sont ainsi rassemblĂ©es pour Ă©couter la voyante de Lourdes. Celle-ci n'a pas encore revĂȘtu l'habit de postulante, mais a gardĂ© son capulet pour la « couleur locale ». Ă la fin de la sĂ©ance, JosĂ©phine Imbert, la mĂšre gĂ©nĂ©rale, prend la parole pour interdire aux sĆurs de parler davantage des apparitions, ni entre elles, ni Ă Bernadette. Ă Nevers, la nouvelle de l'arrivĂ©e de Bernadette est connue. De nombreuses demandes sont faites pour rencontrer la voyante, mais elles sont toutes refusĂ©es.
Comme pour toutes les nouvelles arrivĂ©es, deux novices sont dĂ©signĂ©es pour aider Bernadette pendant quelques jours Ă dĂ©couvrir la maison et ses usages. Elles tĂ©moigneront, comme le rappellera elle-mĂȘme Bernadette onze ans plus tard, que ses premiers jours ne furent pas faciles. Bernadette pense Ă Lourdes, Ă la grotte, Ă ceux qu'elle ne reverra plus. Elle pleure et elle s'ennuie. Ces Ă©mois, trĂšs classiques chez celles qui entraient ainsi dans un couvent Ă©loignĂ© du pays qu'elles n'avaient jamais quittĂ©, sont vite dĂ©passĂ©s par Bernadette. Le , soit un peu plus d'une semaine aprĂšs son arrivĂ©e, elle en parle comme d'un souvenir dans une lettre aux religieuses de Lourdes.
« Il faut que je vous dise que LĂ©ontine et moi, nous arrosĂąmes bien la journĂ©e du dimanche par nos larmes. Les bonnes sĆurs nous encourageaient en nous disant que c'Ă©tait la marque d'une bonne vocation. [âŠ] Je vous assure que le sacrifice serait bien plus amer Ă prĂ©sent s'il fallait quitter notre cher noviciat ; on sent que c'est la maison du bon Dieu, il faut l'aimer malgrĂ© soi. Tout nous y porte, et surtout les instructions de notre chĂšre maĂźtresse [mĂšre Vauzou]. Chaque parole qui sort de sa bouche va droit au cĆur[B 9]. »
Dans ces premiers jours Ă Saint-Gildard, Bernadette dĂ©couvre la statue de Notre-Dame des Eaux, une statue de Marie est installĂ©e dans « une espĂšce de grotte », et c'est lĂ que selon son expression Bernadette vient « dĂ©gonfler son cĆur », la mĂšre Vauzou l'ayant autorisĂ©e Ă s'y rendre tous les jours.
Le , elle prend l'habit de novice et reçoit le nom de sĆur Marie Bernard. La mĂšre Vauzou explique ainsi ce choix : « Il Ă©tait de toute justice que je lui donne le nom de la sainte Vierge dont elle est l'enfant ; d'un autre cĂŽtĂ©, j'ai voulu lui conserver le nom de son patron, dont Bernadette est un diminutif. » Les novices sont alors dispersĂ©es dans toute la France, sauf Bernadette qui est maintenue Ă la maison mĂšre[V 11]. Elle va y rester treize ans.
Le noviciat
Le 15 aoĂ»t 1866, Bernadette semble fatiguĂ©e, elle entre comme aide-infirmiĂšre Ă l'infirmerie, puis son asthme sâaggrave et elle doit s'aliter Ă partir du . Au mois d'octobre sa santĂ© se dĂ©grade encore. La mĂšre Vauzou vient la voir tous les jours, elle mobilise les priĂšres du Noviciat pour Bernadette et quantitĂ© de cierges brĂ»lent Ă son intention devant la statue de la Vierge. Le 25 octobre, Bernadette est dĂ©clarĂ©e mourante par le mĂ©decin. Tandis qu'elle reçoit une nouvelle fois l'extrĂȘme onction, le conseil se rĂ©unit pour dĂ©cider si elle peut prononcer ses vĆux religieux. L'Ă©vĂȘque de Nevers est alors appelĂ© d'urgence pour entendre de Bernadette sa profession in articulo mortis. Il se retire ensuite, Ă©mu et persuadĂ© qu'il ne la reverra pas vivante. Mais Bernadette ne meurt pas et se rĂ©tablit peu de temps aprĂšs. Dans un tel cas, le droit canonique prĂ©voit que les vĆux prononcĂ©s ainsi perdent leur valeur : la professe redevient une novice lorsqu'elle se rĂ©tablit, mais la dĂ©cision prise par le conseil reste valable : Ă la fin du noviciat, le conseil n'examine pas de nouveau la question de savoir si la novice peut prononcer ses vĆux, il rappelle simplement la dĂ©cision qui a dĂ©jĂ Ă©tĂ© prise Ă ce sujet. Bernadette garde donc les insignes de professe tant qu'elle est malade, puis elle les rend pour rentrer dans les rangs des novices. Cet Ă©pisode dissipe cependant une crainte de Bernadette. Elle aurait pu ĂȘtre renvoyĂ©e en raison de sa santĂ© fragile comme le furent d'autres novices, mais en l'autorisant Ă prononcer ses vĆux, le conseil s'est engagĂ© Ă son Ă©gard. Pendant le temps de son rĂ©tablissement, elle plaisante souvent de cette situation avec celles qui viennent la visiter. Ses compagnes lui dĂ©signent en souriant les insignes de professe restĂ©s lĂ : « â Ă voleuse ! » « â Voleuse soit, » rĂ©pond Bernadette. « Mais en attendant, ils sont Ă moi ; je les garde, j'appartiens Ă la congrĂ©gation et on ne pourra pas me renvoyer[B 10]. »
Sa mÚre meurt le . La nouvelle surprend Bernadette. Deux mois plus tard, elle écrit à l'abbé Pomian : « Je ne pourrais vous dire la peine que j'ai éprouvée en apprenant subitement la mort de ma mÚre ; j'ai appris plutÎt sa mort que sa maladie »[27].
Le , Bernadette quitte l'infirmerie pour revenir parmi les novices. La mĂšre Vauzou, estimant qu'il faut maintenant rattraper le temps perdu, lui dit : « Eh bien, sĆur Marie-Bernard, nous allons entrer dans la pĂ©riode des Ă©preuves. » Les rapports qu'entretiennent mĂšre Vauzou et Bernadette sont complexes[28], la maĂźtresse des novices Ă©tant soucieuse de ne pas lui donner d'orgueil. Cette maĂźtresse de novices s'est ainsi montrĂ©e d'une extrĂȘme prĂ©venance Ă l'Ă©gard de Bernadette, notamment dans les premiers temps et lorsqu'elle est malade, tandis qu'au noviciat elle la reprend plus souvent et plus sĂ©vĂšrement qu'une autre, lui imposant de nombreuses humiliations, notamment, comme cela se faisait Ă l'Ă©poque, l'exercice qui consiste Ă embrasser le sol. Plus tard Bernadette dira : « Je cherche le carreau que je n'ai pas encore embrassĂ©. » Ces « Ă©preuves » sont le lot normal de la vie de novice. Bernadette se trouve cependant dans la situation particuliĂšre d'ĂȘtre la cĂ©lĂšbre voyante de Lourdes. Les regards convergent sur elle tandis que la supĂ©rieure est attentive Ă ne pas la laisser paraĂźtre privilĂ©giĂ©e. Ă l'une de ses sĆurs qui remarque la plus grande sĂ©vĂ©ritĂ© de la supĂ©rieure Ă son Ă©gard et qui lui demande si cela lui fait de la peine, Bernadette rĂ©pond : « Oh ! non, la maĂźtresse des novices a bien raison ; car j'ai beaucoup d'orgueil ; mais maintenant que je suis ici, je travaillerai Ă me corriger, ce n'est pas comme Ă Lourdes oĂč j'Ă©tais entourĂ©e de trop de monde[29]. » Ruth Harris estime que Bernadette a Ă©tĂ© « persĂ©cutĂ©e » par mĂšre Marie-ThĂ©rĂšse Vauzou, la maĂźtresse des novices[R 5]. Soulignant que de nombreux tĂ©moins en ont fait part lors des deux procĂšs de bĂ©atification, RenĂ© Laurentin reconnaĂźt la sĂ©vĂ©ritĂ© des supĂ©rieures Ă l'Ă©gard de Bernadette, mais il estime que cette Ă©preuve a Ă©tĂ© « exploitĂ©e Ă outrance et romancĂ©e Ă plaisir » par la littĂ©rature et le cinĂ©ma[V 12]. Selon RenĂ© Laurentin, « si les duretĂ©s de mĂšre Vauzou blessaient tant, c'est en partie Ă cause de la vive affection dont elle Ă©tait l'objet. » En effet, Bernadette n'a laissĂ© que des propos extrĂȘmement affectueux envers la mĂšre Vauzou, qui lui a au contraire parfois vertement reprochĂ© certaines dĂ©monstrations trop sentimentales. Cependant, la mĂšre Vauzou a aussi, dans les faits, tĂ©moignĂ© de son estime pour Bernadette, en lui attribuant des charges de confiance. C'est notamment Bernadette qui, pour sa voix forte et claire mais aussi son rayonnement, avait charge de « bĂ©nir l'heure », et l'accueil des nouvelles lui a souvent Ă©tĂ© confiĂ©.
La profession religieuse
Le , Bernadette a fait sa profession religieuse. Pour les quarante-quatre novices qui prononçaient leurs vĆux ce jour-lĂ , c'Ă©tait aussi le moment de l'annonce de leur affectation, et donc le dernier moment vĂ©cu ensemble avant d'ĂȘtre dispersĂ©es dans toute la France. Normalement aucune sĆur ne recevait la maison mĂšre pour premiĂšre affectation, ces emplois Ă©tant considĂ©rĂ©s comme les premiers ou les plus mĂ©ritoires de la congrĂ©gation. Cependant il paraissait impossible de nommer Bernadette dans une petite maison ouverte Ă tous vents, car elle y serait fatalement redevenue la voyante de Lourdes auprĂšs de laquelle chacun vient demander tĂ©moignage, priĂšre, reliques ou guĂ©rison. Monseigneur Forcade et la supĂ©rieure ont donc convenu de donner les dehors d'une humiliation Ă sa nomination dans la maison mĂšre.
La cĂ©rĂ©monie a eu lieu dans la salle du noviciat. Une fois que les quarante-trois compagnes de Bernadette ont Ă©tĂ© appelĂ©es et ont reçu leur affectation, l'Ă©vĂȘque demande : « Et sĆur Marie-Bernard ? » La supĂ©rieure gĂ©nĂ©rale rĂ©pond en souriant et Ă mi-voix : « Monseigneur, elle n'est bonne Ă rien. » Puis l'Ă©vĂȘque annonce Ă haute voix : « SĆur Marie-Bernard, nulle part. » Bernadette s'avance, et se met Ă genoux devant l'Ă©vĂȘque selon le rituel. S'ensuit une brĂšve conversation :
« - Est-ce vrai, sĆur Marie-Bernard que vous n'ĂȘtes bonne Ă rien ?
- C'est vrai.
- Mais alors, ma pauvre enfant, qu'allons-nous faire de vous ?
- Je vous l'avais bien dit à Lourdes quand vous avez voulu me faire entrer dans la communauté ; et vous m'avez répondu que cela ne ferait rien. »
L'Ă©vĂȘque ne s'attendait pas Ă ce que Bernadette lui rappelle leur conversation de 1864 Ă l'hospice de Lourdes. La supĂ©rieure gĂ©nĂ©rale intervient alors selon ce qui avait Ă©tĂ© prĂ©vu en disant : « Si vous le voulez, Monseigneur, nous pouvons la garder par charitĂ© Ă la maison mĂšre et l'employer de quelque maniĂšre Ă l'infirmerie, ne serait-ce que pour le nettoyage ou les tisanes. Comme elle est presque toujours malade, ce sera prĂ©cisĂ©ment son affaire. » L'Ă©vĂȘque acquiesce et Bernadette lui rĂ©pond qu'elle essayera. Bernadette reçoit ensuite les insignes de professe, puis l'Ă©vĂȘque la bĂ©nit et donne enfin un peu de la dignitĂ© qui manquait jusque-lĂ Ă sa façon de prĂ©sider cet office en lui disant : « Je vous donne l'emploi de la priĂšre. »
Si dans l'ensemble les sĆurs n'Ă©taient pas dupes de la comĂ©die Ă laquelle elles venaient d'assister, elles n'en Ă©taient cependant pas moins stupĂ©faites et guettaient les rĂ©actions de Bernadette. Ă la rĂ©crĂ©ation suivante, Bernadette reste d'humeur aimable. Elle reconnaĂźt avec regret mais sans amertume l'incapacitĂ© qu'on lui attribue, tandis qu'elle tĂ©moigne de son affection et encourage celles qui ont reçu leur nouvelle affectation. Quelques propos ultĂ©rieurs de Bernadette laissent nĂ©anmoins penser qu'elle en a ressenti une blessure, la comprenant comme une souffrance qu'il faut savoir endurer pour le bon Dieu. Pour l'Ă©vĂȘque et la mĂšre supĂ©rieure, cette mise en scĂšne visait Ă protĂ©ger Bernadette. Ă cette Ă©poque, l'attitude de MĂ©lanie Calvat, une des voyantes de la Salette qui, elle aussi, Ă©tait entrĂ©e en religion mais qui en dĂ©cevait beaucoup par sa dĂ©sobĂ©issance et sa prĂ©tention Ă en imposer au nom de son statut de voyante, Ă©tait dans tous les esprits. Ainsi, selon RenĂ© Laurentin, les excĂšs de l'Ă©vĂȘque de Nevers et des supĂ©rieures de Bernadette pour l'inciter Ă l'humilitĂ© sont, dans une certaine mesure, le revers de l'attitude de MĂ©lanie.
InfirmiĂšre
D'octobre 1867 à juin 1873, elle est aide-infirmiÚre, puis responsable de l'infirmerie[V 13]. Son pÚre meurt le . Elle ne se rend pas aux funérailles[30]. En 1873, elle redevient aide-infirmiÚre. L'année suivante, elle se partage entre les fonctions d'aide-infirmiÚre et d'aide-sacristine[V 14].
Bernadette et ses biographes
En 1862, au moment oĂč la commission d'enquĂȘte avait rendu son avis sur les apparitions, l'un des membres de cette commission, le chanoine Fourcade, a publiĂ© Les apparitions de Notre-Dame. Ce livre comprend une prĂ©sentation sobre du dĂ©roulement des apparitions Ă©tablie Ă partir du tĂ©moignage de Bernadette devant la commission d'enquĂȘte, publiĂ©e entre deux textes de l'Ă©vĂȘque de Tarbes : le mandement de 1858 par lequel il instituait la commission d'enquĂȘte et l'avis de 1862 par lequel il reconnaĂźt Ă la fois les apparitions et sept guĂ©risons miraculeuses. En 1864, Henri Lasserre a Ă©tĂ© chargĂ© par l'Ă©vĂȘque de Tarbes d'Ă©crire un livre sur les apparitions. Lasserre Ă©tait attachĂ© Ă ce projet car il estimait avoir Ă©tĂ© guĂ©ri par l'eau de la grotte d'une infection Ă l'Ćil en 1862. Cependant, occupĂ© par d'autres tĂąches, il tarde Ă rendre son manuscrit et une certaine impatience commence Ă se faire sentir Ă Lourdes. Les chapelains du nouveau sanctuaire de Lourdes, les abbĂ©s SempĂ© et Dubois commencent Ă travailler sur leur propre projet de publication en rassemblant des archives et surtout des tĂ©moignages qu'ils rĂ©coltent auprĂšs des habitants de Lourdes et des familiers de Bernadette. En 1867, Henri Lasserre publie enfin les premiers chapitres de son livre dans la Revue du monde catholique, puis il demande Ă l'Ă©vĂȘque l'exclusivitĂ© sur ce rĂ©cit, ce que l'Ă©vĂȘque refuse. En aoĂ»t 1868, les pĂšres SempĂ© et Dubois commencent la publication de leur rĂ©cit des apparitions dans les Annales de Notre-Dame de Lourdes. Un an plus tard, en juillet 1869, Henri Lasserre termine enfin son livre, Notre-Dame de Lourdes. L'Ă©vĂȘque de Tarbes refuse lâimprimatur parce que l'auteur y attaque vigoureusement certains notables de Lourdes. Le livre connaĂźt nĂ©anmoins un succĂšs foudroyant, tandis que l'auteur, qui avait des relations Ă Rome, obtient le 4 septembre un bref Ă©logieux du pape Pie IX. Cette caution double l'absence dâimprimatur. La lettre du pape est alors insĂ©rĂ©e en tĂȘte des Ă©ditions successives et des traductions du livre, ce qui en accroĂźt encore le succĂšs. Ce livre devient, avec un million d'exemplaires vendus, le best-seller du XIXe siĂšcle dans le domaine religieux. Fort de son succĂšs, Henri Lasserre est en position d'intimider ceux qui lui refusaient l'exclusivitĂ© qu'il exige sur le rĂ©cit des apparitions. Pour ce faire, il a l'idĂ©e d'obtenir de Bernadette qu'elle signe une protestation contre le rĂ©cit Ă©tabli par les chapelains de Lourdes.
Protestation de Lasserre
Le seul Ă©crit que Bernadette avait lu sur les apparitions Ă©tait celui de Fourcade dans lequel elle trouvait la mise au clair de son propre tĂ©moignage. Elle avait par ailleurs rencontrĂ© une fois Henri Lasserre Ă Lourdes, mais ce dernier ne semble pas avoir pris de notes lors de cette entrevue, et s'est presque uniquement basĂ© sur des documents officiels pour Ă©tablir son rĂ©cit. Henri Lasserre obtient de pouvoir rencontrer Bernadette. Il arrive Ă Saint-Gildard le avec les textes des abbĂ©s SempĂ© et Dubois dont il entreprend la lecture Ă Bernadette. Ce rĂ©cit commence par quelques impressions sur la vie familiale des Soubirous, les disputes entre frĂšres et sĆurs, la façon dont ils priaient en famille, puis enchaĂźne sur le dĂ©roulement des apparitions dont les chapelains de Lourdes ont construit un rĂ©cit trĂšs dĂ©taillĂ© Ă partir de tĂ©moignages inĂ©dits. Bernadette rĂ©agit contre certaines façons de prĂ©senter les choses, elle exprime des divergences dans sa perception du dĂ©roulement des choses, proteste parfois en disant : « Ce n'est pas vrai », et rĂ©pond aussi souvent Ă Lasserre : « Je ne me rappelle pas cela ». Au terme d'un entretien qui s'est dĂ©roulĂ© de façon cordiale et dĂ©tendue, Henri Lasserre rĂ©dige la « protestation » de Bernadette en donnant Ă ses propos une forme accablante pour les chapelains de Lourdes :
« Je soussignĂ©e, Bernadette Soubirous, en religion sĆur Marie-Bernard, ayant reçu connaissance par M. Henri Lasserre de la Petite histoire de Notre-Dame de Lourdes, contenue dans les Annales publiĂ©es par les missionnaires de Lourdes, je dois Ă la vĂ©ritĂ© de protester contre ce rĂ©cit dont un grand nombre de dĂ©tails sont controuvĂ©s et imaginaires, tant en ce qui me concerne, qu'en ce qui concerne le fait mĂȘme des apparitions. Je dĂ©clare notamment contraires Ă la vĂ©ritĂ©, les passages contenus aux pages 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 86, 88, 89, 90, 93, 103, 114, 132, 148. De divers autres dĂ©tails, je n'ai aucun souvenir, mais toutes ces choses suffisent pour que je proteste contre l'ensemble et la physionomie du rĂ©cit. »
Les sĆurs sont dĂšs lors embarrassĂ©es que l'Ă©crivain veuille engager Bernadette dans son conflit avec les chapelains de Lourdes. Certaines qu'il la refusera, elles dĂ©clarent qu'il lui est impossible de signer cette dĂ©claration sans l'autorisation de l'Ă©vĂȘque. Mais l'Ă©crivain Ă©tait invitĂ© le soir mĂȘme Ă l'Ă©vĂȘchĂ© pour une rĂ©ception en son honneur. Il attend la fin du repas pour prĂ©senter sa demande Ă l'Ă©vĂȘque. L'Ă©vĂȘque la lui refuse d'abord, puis estime que cela peut attendre le lendemain. Enfin, Lasserre lui fait valoir que sa femme Ă©tait en train dâaccoucher et qu'il lui fallait rentrer au plus vite. L'Ă©vĂȘque consent alors Ă autoriser Bernadette Ă signer, sans mĂȘme avoir pris le temps de lire la dĂ©claration. Il impose toutefois deux conditions Ă Lasserre : celle de communiquer le document Ă l'Ă©vĂȘque de Tarbes et de ne jamais le publier. Devant les sĆurs, l'autorisation de l'Ă©vĂȘque devient une approbation puis un ordre. Bernadette signe et, le soir mĂȘme, Lasserre quitte Nevers pour retrouver sa femme qui accouchera plus de deux semaines plus tard.
Conséquences de la protestation
Lorsque la protestation parvient Ă Tarbes, c'est le choc. L'Ă©vĂȘque de Tarbes fait part de son mĂ©contentement aux sĆurs de Nevers, leur demandant de recevoir l'abbĂ© SempĂ©. Le problĂšme est que si, comme l'affirme la protestation que Lasserre a fait signer Ă Bernadette, l'ensemble de la physionomie du rĂ©cit des pĂšres SempĂ© et Dubois est en cause, alors plus personne ne sait ce qui est vrai, Lasserre s'Ă©tant en fait laissĂ© aller jusqu'Ă faire contester Ă Bernadette des dĂ©tails qui se trouvaient aussi dans son propre rĂ©cit. Le pĂšre SempĂ© arrive Ă Nevers le 16 novembre. Bernadette, contrainte par l'obĂ©issance de le rencontrer se prĂ©sente devant lui en larmes, ayant compris que ses propos avaient Ă©tĂ© utilisĂ©s par Lasserre pour faire du tort Ă ceux dont il s'Ă©tait fait les adversaires. SempĂ©, soucieux de comprendre la nature des problĂšmes soulevĂ©s par Lasserre, mais aussi de rassurer Bernadette, se contente de lui poser des questions sur les faits et ne lui demande aucun engagement ni signature. MĂšre JosĂ©phine Imbert, qui a assistĂ© aux deux entretiens, Ă©crira ensuite Ă Lasserre : « SĆur Marie-Bernard n'a pas eu l'intention de protester contre l'ensemble et la physionomie du rĂ©cit gĂ©nĂ©ral de lâHistoire de Notre-Dame de Lourdes [...] mais seulement contre l'ensemble des faits que vous lui avez citĂ©s. Elle n'a point lu les Annales de Lourdes, pas plus que votre livre, vous le savez Monsieur ! Elle ne peut donc pas protester contre ce qu'elle ne connaĂźt pas. »
Pour RenĂ© Laurentin, les tĂ©moignages de Bernadette devant Lasserre et devant le pĂšre SempĂ© sont concordants. Ce sur quoi Lasserre s'est obstinĂ© Ă obtenir un dĂ©menti de Bernadette sont des faits qu'elle-mĂȘme n'a pas perçus et dont elle dĂ©clare n'avoir aucun souvenir. Les divergences entre les rĂ©cits tiennent surtout Ă ce que les chapelains de Lourdes ont travaillĂ© sur la base des tĂ©moignages « populaires » de ceux qui avaient assistĂ© aux Ă©vĂšnements tandis que Lasserre a travaillĂ© avec les rapports plus sobres qu'avait faits la commission d'enquĂȘte Ă partir du tĂ©moignage de Bernadette elle-mĂȘme. Or il est clair que Bernadette n'a pas eu la mĂȘme perception des choses que ceux qui avaient assistĂ© Ă ses extases. De plus, le conflit porte sur des dĂ©tails comme la tempĂ©rature de l'eau du Gave lorsque les enfants voulaient le traverser, le fait de savoir si l'un ou l'autre avait des chaussettes ou non, si Jean-Marie avait un jour donnĂ© ou non un soufflet Ă sa grande sĆur qui ne s'en souvient pas, ou si Bernadette avait vu de la lumiĂšre avant ou en mĂȘme temps qu'elle perçut AquĂ©ro. Ătant donnĂ© ce sur quoi porte la controverse, RenĂ© Laurentin estime que ce conflit est une tempĂȘte dans un verre d'eau. Mais cette polĂ©mique, dont les tenants et aboutissants restent alors inconnus du public, aura un impact important sur les publications ultĂ©rieures. Lasserre ne dĂ©mord pas. MalgrĂ© la promesse qu'il avait faite de ne pas publier cette protestation, il l'insĂšre dans l'Ă©dition de 1870 en retranchant nĂ©anmoins l'affirmation nettement exagĂ©rĂ©e selon laquelle Bernadette proteste contre l'ensemble de la physionomie du rĂ©cit des chapelains de Lourdes. Ces derniers poursuivront la publication de leur Petite histoire mais en veillant Ă prĂ©venir toute possibilitĂ© de contestation en regard du livre de Lasserre. Les dĂ©bats, la critique et le renouvellement des Ă©crits sur Lourdes sont ainsi stoppĂ©s, le livre de Lasserre Ă©tant le seul Ă paraĂźtre crĂ©dible. Celui-ci a cependant remportĂ© une victoire Ă la Pyrrhus : s'il reste aux yeux du public l'historiographe le plus autorisĂ© des apparitions de Lourdes, son attitude lui a fait perdre la confiance des sĆurs de la charitĂ©, des Ă©vĂȘques de Nevers et de Tarbes ainsi que celle de prĂ©lats romains. Le Saint-Office le lui signifiera clairement en mettant Ă l'Index deux des livres qu'il publiera par la suite.
Les derniÚres années et la mort
Ă partir de 1875, elle est constamment malade. Elle est atteinte de tuberculose et souffre de son asthme chronique[V 15]. Elle prononce ses vĆux perpĂ©tuels le [V 16]. AprĂšs avoir fait ĂŽter toutes les images pieuses de sa chambre pour ne conserver qu'un crucifix, elle meurt Ă l'infirmerie Sainte-Croix le , Ă 15 h 30, Ă l'Ăąge de 35 ans[V 17].
Personnalité de Bernadette
Selon un témoignage unique de sa mÚre, Bernadette a depuis l'enfance « une tendance prononcée à la piété »[B 11]. Toutefois, parmi ses amis d'enfance, nul ne se souvient l'avoir vue faire preuve d'un zÚle spécial pour la priÚre. Justine Laguës, la fille de son ancienne nourrice, déclare : « Pieuse ? Eh ! comme une autre. Pour moi, j'étais alors enfant comme elle, et je ne remarquais pas tout cela[B 11]. » Bernadette ignore à peu prÚs tout du catéchisme[L 7] et la mÚre de Justine, qui lui fait répéter les questions-réponses du livre, s'exaspÚre de son manque de mémoire : « Va, tu ne seras jamais qu'une sotte et une ignorante ! »[31]. Plus tard, Bernadette dira : « C'est parce que j'étais la plus pauvre et la plus ignorante que la Sainte Vierge m'a choisie »[32].
à l'époque de l'hospice de Lourdes (de 16 à 22 ans), sa piété est « ordinaire, mais irréprochable »[V 18].
L'abbĂ© Bertrand-Marie Pomian (1822-1893), vicaire Ă Lourdes, chapelain de l'hospice, est le catĂ©chiste et le confesseur de Bernadette Ă son retour de BartrĂšs. C'est Ă lui qu'elle fournit en confession le rĂ©cit de la premiĂšre apparition, deux jours aprĂšs celle-ci[V 19]. InterrogĂ© plus tard par Zola, il donne Bernadette « comme une simple d'esprit, apprenant difficilement, quoique ayant de l'esprit naturel [âŠ] TrĂšs ordinaire »[33].
Bernadette se montre gaie, enjouée[V 20], espiÚgle et plutÎt autoritaire avec ses compagnes, qui l'apprécient néanmoins beaucoup.
Pour Ruth Harris, « Bernadette donne une image de force tranquille rare chez les saintes qui l'ont prĂ©cĂ©dĂ©e[R 6]. » En dĂ©pit « des nombreuses contraintes et de la charge Ă©motionnelle et spirituelle » que ses visiteurs projettent sur elle, Bernadette sait rester elle-mĂȘme. Elle rĂ©siste avec calme et fermetĂ©, « rĂ©vĂ©lant un charisme tranquille, un regard sĂ»r, une conviction de la vĂ©ritĂ© de son histoire, un refus digne et rĂ©solu des cadeaux et une gĂ©nĂ©rositĂ© simple qui ahurissaient ceux qui connaissaient sa pauvretĂ©[R 7] ». Bernadette a beaucoup de charisme, de la simplicitĂ©, de l'assurance[R 8]. Elle parle peu mais a un don de la repartie : elle sĂ©duit bien souvent ceux qui l'approchent.
La sincĂ©ritĂ© de Bernadette semble « incontestable » Ă l'Ă©vĂȘque de Tarbes : « Qui n'admire, en l'approchant, la simplicitĂ©, la candeur, la modestie de cette enfant ? Elle ne parle que quand on l'interroge ; alors elle raconte tout sans affectation, avec une ingĂ©nuitĂ© touchante, et, aux nombreuses questions qu'on lui adresse, elle fait, sans hĂ©siter, des rĂ©ponses nettes, prĂ©cises, pleines d'Ă -propos, empreintes d'une forte conviction. »
L'écrivain et journaliste catholique Henri Lasserre rencontre Bernadette à l'hospice de Lourdes quand elle a 19 ans. Il la revoit à Nevers, le [V 21]. Selon Zola, il l'aime beaucoup, il lui trouve un charme divin : « Pas jolie, mais vous prenant. » Lasserre la donne encore comme « souffreteuse, sérieuse, peu communicative, trÚs droite, trÚs raisonnable, et charmante »[34].
Canonisation
Pour les besoins de l'instruction du procĂšs de bĂ©atification, son corps doit ĂȘtre exhumĂ© : le cercueil est ouvert trois fois, le 22 septembre 1909, le 3 avril 1919 et 18 avril 1925. Les docteurs sont surpris que le cadavre ne rĂ©pande aucune odeur vu la tuberculose osseuse et le chancre du genou de Bernadette Soubirous[35]. L'odeur de saintetĂ© Ă©tant un critĂšre retenu pour la bĂ©atification, les autoritĂ©s religieuses n'hĂ©sitent pas Ă faire appel Ă des mĂ©decins attestant avoir retrouvĂ© le corps de la future sainte dans un Ă©tat de « conservation extraordinaire », « intact » voire « in-corrompu »[36] - [37]. Tel est le cas lors de la premiĂšre exhumation de Bernadette Soubirous, les docteurs faisant Ă©tat d'une « conservation extraordinaire »[N 5].
Le docteur ThĂ©rĂšse Valot, tenant compte de la prĂ©sence de charbon et de sels[N 6], estime pour sa part que « le corps de Bernadette a Ă©tĂ© embaumĂ© »[N 7]. Ă chaque exhumation, l'Ă©piderme est lavĂ© Ă deux reprises avec des dĂ©tergents. On souhaite exposer le corps, mais « la face noirĂątre avec les yeux et le nez excavĂ©s auraient produit sans doute sur le public une impression pĂ©nible[38]. » Aussi charge-t-on un artiste d'exĂ©cuter un masque de cire colorĂ©e qui, depuis, recouvre le visage de Bernadette. Pour une mĂȘme raison, les mains subissent un traitement analogue[38].
Le cardinal Vico signe le dĂ©cret d'hĂ©roĂŻcitĂ© des vertus de Bernadette Soubirous en dĂ©cembre 1923. Elle est bĂ©atifiĂ©e par Pie XI le [V 22]. Le 3 aoĂ»t, son corps, placĂ© dans une chĂąsse de verre et de bronze, est transfĂ©rĂ© dans la chapelle Saint-Gildard de son couvent[37], oĂč les pĂšlerins affluent aussitĂŽt pour le voir[39].
Elle est canonisée le par le pape Pie XI[40], non en raison des apparitions dont elle dit avoir été le témoin, mais eu égard à sa foi et à l'exemplarité de sa vie religieuse[41].
Dans les arts
Bernadette et les Ă©crivains
- Ămile Zola n'a jamais rencontrĂ© Bernadette. Il envisageait de lui consacrer un livre â non une Ćuvre de fiction, mais une biographie. Il dit Ă un journaliste, en 1894 : « Cette jeune fille est vraiment trĂšs intĂ©ressante. Je dirai plus : elle est passionnante[42]. » Dans son roman Lourdes, il dĂ©crit ainsi Bernadette enfant : « Ce qui ravissait, chez cette Bernadette chĂ©tive et pauvre, c'Ă©taient les yeux d'extase, les beaux yeux de visionnaire, oĂč, comme des oiseaux dans un ciel pur, passait le vol des rĂȘves[43]. » Ămile Zola ne croit ni aux apparitions ni aux miracles : « Je ne suis pas croyant, je ne crois pas aux miracles, mais je crois au besoin du miracle pour l'homme[44] ». Il est bouleversĂ©, Ă Lourdes, par la souffrance des malades : « Les malades de Lourdes, c'est l'humanitĂ©, la pauvre, la souffrante humanitĂ©. » Cependant il ne veut pas voir dans leur terrible alignement une dĂ©nonciation de l'Ă©chec d'une science arrogante : « La science, dit-on, a fait faillite, elle a promis aux hommes le bonheur et ne l'a pas donnĂ©. C'est faux, la science n'a pas promis le bonheur, mais la vĂ©ritĂ© [âŠ] Le mysticisme est une rĂ©action oĂč se jettent les esprits indĂ©cis, assoiffĂ©s d'au-delĂ , Ă qui ne suffit pas la vĂ©ritĂ©[45]. » Pour Zola, « ce n'Ă©tait pas une imposteuse, mais une hallucinĂ©e, chez qui la vision avait Ă©tĂ© suggĂ©rĂ©e », l'auteur fait ici allusion Ă sa propre hypothĂšse d'une influence de l'abbĂ© Ader, Ă BartrĂšs[46] â et les guĂ©risons miraculeuses seraient une illusion. Le livre de Zola (ainsi d'ailleurs que toute son Ćuvre) sera mis Ă l'Index par le pape LĂ©on XIII en 1894.
- Pendant la Seconde Guerre mondiale, Bernadette et les apparitions fascinent l'Ă©crivain juif autrichien, Franz Werfel, rĂ©fugiĂ© Ă Lourdes, au point de faire le vĆu d'Ă©crire sur elle, s'il rĂ©ussit Ă gagner les Ătats-Unis. Il tient parole et The Song of Bernadette[47] (Le Chant de Bernadette), la biographie romancĂ©e qu'il Ă©crit, parue en 1942), est un immense succĂšs.
- Il suffit d'aimer Ă©crit par Gilbert Cesbron[48].
Littérature, romans
- Ămile Zola, Lourdes, 1894. Bernadette y apparaĂźt dans le chapitre V de chacune des cinq parties (« journĂ©es ») du livre.
- Joris-Karl Huysmans, Les foules de Lourdes, Paris, Stock, , 314 p. (lire en ligne).
- François Mauriac, PÚlerins de Lourdes, Paris, Plon, .
- (de) Franz Werfel, Das Lied von Bernadette (de), . Traduit en : Franz Werfel, Le Chant de Bernadette, Albin Michel, (ASIN B0000DP6GE).
- Bernadette Pecassou-Camebrac, La Belle ChocolatiĂšre, Flammarion, , 438 p. (ISBN 978-2081217881).
- Monique Garcia et Olivier Fodor, Secrets de Lautréamont : une chronique pyrénéenne autour d'Isidore Ducasse, Paris, , 200 p. (ISBN 978-2322186600). Un chapitre met en scÚne la grotte de Massabielle avec Bernadette Soubirous et les pÚlerins.
Au cinéma et à la télévision
De nombreux films ont été réalisés directement sur Bernadette, les apparitions, ou simplement en s'inspirant librement des événements. Voici une liste non exhaustive :
- Bernadette Soubirous et les Apparitions de Lourdes, (1909) de Honoré Le Sablais[49] - [50].
- Le Miracle de Lourdes, (1926) de Bernard Simon avec Pierrette Lugand pour jouer Bernadette[C 1].
- La Vie merveilleuse de Bernadette (1929) de Georges Pallu[C 2].
- La Vierge du rocher ((en) The Virgin of the Rock)(1935) avec Micheline Masson[C 3].
- Le Chant de Bernadette ((en) The Song of Bernadette, 1943), film américain de Henry King, avec Jennifer Jones, d'aprÚs le roman de Franz Werfel. Récompensé par trois Golden Globes et quatre Oscars en 1944. Vision spectaculaire mais trÚs hollywoodienne de la vie de Bernadette Soubirous[C 4].
- Il suffit d'aimer, film de Robert Darenne (1960) avec DaniĂšle Ajoret, film avant tout mystique, mais dont la derniĂšre partie parle de la vie au couvent de Saint-Gildard, alors que le film amĂ©ricain s'arrĂȘte au dĂ©part vers Nevers[51] - [49].
- Bernadette Soubirous, (1961) de Hans Quest avec Kornelia Boje[C 5].
- (es) Aquella joven de blanco (Bernadette de Lourdes, 1965) de LeĂłn Klimovsky, avec Cristina GalbĂł[52].
- L'Affaire Lourdes, (1967) téléfilm français de Marcel Bluwal, avec Marie-HélÚne Breillat[C 6].
- (es) Bernadette, (1981) de NicolĂĄs Del Boca (Argentine) avec Andrea del Boca[C 7].
- Dans le dernier épisode de la saison 8 de la série La Petite Maison dans la prairie (1982), Charles Ingalls (interprété par Michael Landon) s'inspire de l'histoire de Bernadette Soubirous pour sauver son 2e fils adoptif tombé dans le coma[C 8].
- Bernadette (1988), et La Passion de Bernadette (1989), films de Jean Delannoy, avec Sydney Penny, racontant la vie de Bernadette de Lourdes à Nevers (le deuxiÚme racontant en détail la vie de Bernadette à Saint-Gildard), en utilisant les techniques du téléfilm : simplicité des dialogues, pas d'effets artistiques ou religieux. Des scÚnes simples et rien d'autre. FidÚle aux événements, d'une grande intériorité[C 9] - [C 10].
- (en) Bernadette â The Princess of Lourdes (1991), de John Williams, Jorge GonzĂĄlez, Fernando Uribe et Steven Hahn[53].
- Lourdes (2000), téléfilm de Lodovico Gasparini (it) avec AngÚle Osinski[C 11].
- (en) Our Lady of Lourdes, (2007) de V.R. Gopinath avec Ajna Noiseux[C 12].
- Lourdes, (2009) de Jessica Hausner avec Sylvie Testud, Bruno Todeschini, Elina Löwensohn[C 13].
- Grotta profunda, les humeurs du gouffre (2011) de Pauline Curnier-Jardin avec Simon Fravega[C 14].
- Je m'appelle Bernadette, film de Jean Sagols (2011) avec Katia Miran, Michel Aumont, Francis Huster, Francis Perrin[C 15].
Au théùtre, comédies musicales
Dans l'art contemporain
L'Ćuvre du plasticien Claude LĂ©vĂȘque, Je suis venu ici pour me cacher exposĂ©e Ă la Nuit Blanche 2013, institution fondĂ©e par Christophe Girard[56], fait rĂ©fĂ©rence Ă Bernadette Soubirous, venue se rĂ©fugier Ă Nevers oĂč l'artiste est nĂ©, et qui fut harcelĂ©e aprĂšs une apparition de la vierge Marie[57].
Notes et références
Notes
- Ruth Harris 2001, p. 22. Dans les entretiens en occitan gascon, Bernadette ne dĂ©signe ce qu'elle a vu que par ces dĂ©monstratifs neutre (aquerĂČ) ou fĂ©minin (aquĂšra), et ce, jusqu'au 25 mars, c'est-Ă -dire jusqu'au jour oĂč l'apparition dĂ©cline son identitĂ©. Mgr Laurentin assure qu'il ne faut rien voir de dĂ©sobligeant dans ces expressions. Le dĂ©monstratif qu'emploie Bernadette « traduit son respect de l'ineffable ». RenĂ© Laurentin 2007, p. 78.
- Les enfants Soubirous morts en bas ùge ont eu des prénoms qui furent redonnés aux enfants nés ensuite : Jean (13 février 1845 - ) ; Jean-Marie (10 décembre 1848 - ) ; Jean (4 février 1864 - ) et une petite fille mort-née en janvier 1866.
- Rapport du procureur, . Cité par René Laurentin 2007, p. 115.
- Bernadette parlait d'une fillette d'environ douze ans, d'une petite damisÚle (demoiselle), d'une « jeune fille » ne mesurant pas plus que sa propre taille, (1,40 mÚtre). Elle subit une forte pression pour consentir à abandonner l'expression « jeune fille » et à fournir une description correspondant mieux à l'iconographie mariale traditionnelle. Elle jugea la statue érigée dans la grotte trop grande et trop vieille. Toute sa vie elle fut irritée par les représentations que l'on donnait de sa vision. VoirRuth Harris 2001, p. 108-121.
- Les docteurs Jourdan et David, chargés des exhumations, parlent de « la conservation extraordinaire du corps de la religieuse ». Le rapport du docteur Comte dit : « Le corps ne paraßt pas avoir subi de putréfaction, ni la décomposition cadavérique habituelle et normale aprÚs un aussi long séjour dans un caveau creusé sous la terre. » Dans son rapport concernant la deuxiÚme exhumation, celle du , le docteur Comte précise : « La peau reste sur la plus grande partie du corps⊠les ongles des mains sont à peu prÚs tous conservés mais sont trÚs mobiles, le crùne est recouvert de quelques cheveux courts⊠les parties molles du nez sont en partie détruites. » Citations extraites du Bulletin de l'Association Médicale de N.-D. de Lourdes, t. 2, Lourdes, . Cité par ThérÚse Valot, in ThérÚse Valot et Guy Valot 1956, p. 23-24.
- Ce sont les docteurs ayant pratiqué l'examen qui indiquent cette présence de sel et de charbon, mais sans la quantifier. Le docteur Valot interprÚte le rapport de ces docteurs dans un sens diamétralement opposé aux leur, évoquant une thÚse d'embaumement volontaire du corps, que n'évoquent pas les auteurs de l'analyse du corps.
- ThĂ©rĂšse Valot se base sur le certificat des docteurs Jourdan et David, qui parlent de « charbon que l'on a retrouvĂ© en assez grande quantitĂ© dans le cercueil ». Dans son rapport, le docteur Comte parle en outre d'un corps recouvert « d'une couche assez notable de sels » (sans la quantifier, idem pour le charbon). Bulletin de l'Association MĂ©dicale de N.-D. de Lourdes, t. 2, Lourdes, . « Quel charbon, demande le docteur Valot, sinon un charbon antiseptique ! Pourquoi cette couche « notable » de sels recouvrant le corps ? [âŠ] La momification du corps de Bernadette a Ă©tĂ© aidĂ©e par des agents chimiques (charbon et sels). » ThĂ©rĂšse Valot, in ThĂ©rĂšse Valot et Guy Valot 1956, p. 23-24, 98-99. A noter que les docteurs ayant pratiquĂ© l'examen n'Ă©voquent pas cette hypothĂšse basĂ©e sur une interprĂ©tation de leur rapport et du terme « notable ».
Références
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- René Laurentin et alli, Lourdes : documents authentiques, Paris, Lethielleux, 1957-1966 en 7 vol. Les tomes I et II sont de Laurentin, les tomes III à VII ont été réalisés avec Bernard Billet et Paul Galland pour le tome V.
- Voir par exemple J. B. F***, Guide du voyageur aux bains de BagnĂšres, BarĂšges, Saint-Sauveur et Cauteretz, Lerouge, , 324 p. (lire en ligne).
- Louis Veuillot, « La grotte de Lourdes », Lâunivers, no 234,â , p. 1 (lire en ligne, consultĂ© le ).
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Annexes
Bibliographie
( : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.)
- Biographies
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- René Laurentin et alli, Lourdes : documents authentiques, 7 vol., Paris, Lethielleux, 1957-1966. Les tomes I et II sont de Laurentin, les tomes III à VII ont été réalisés avec Bernard Billet et Paul Galland pour le tome V.
- René Laurentin, Lourdes : histoire authentique des apparitions, Lethielleux, 1961-1964 (réimpr. 2005), 188 p. (ISBN 9782283602010). Témoignages et documents d'archives précédemment publiés dans les sept volumes de Lourdes : documents authentiques, ici présentés dans l'ordre chronologique avec mise en évidence et commentaires des problÚmes de critique historique posés par les variantes entre les sources. En 6 volumes.
- Marie-ThĂ©rĂšse Bourgeade et RenĂ© Laurentin, Logia de Bernadette : Vie active, t. 1, Lethielleux, (rĂ©impr. 2010) (ISBN 978-2-249-62120-8), tome 2 (emploie de malade) (ISBN 978-2-249-62121-5), tome 3 (le secret de Bernadette) (ISBN 978-2-249-62122-2). Ătude critique des paroles de Bernadette, de 1866 Ă 1879.
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Publications d'intĂ©rĂȘt historiographique
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- Henri Lasserre, Notre-Dame de Lourdes, Paris, Palmé, . PremiÚre biographie de Bernadette, traduite en 80 langues.
- R. Sempé et J.-M. Duboe, Notre-Dame de Lourdes, Paris, Annales de Notre-Dame de Lourdes, 1868-1869 (réimpr. 1931, Letouzey). Publication des chapelains du sanctuaire de Lourdes, sur la base de témoignage et de document d'époque, et qui a suscité la « protestation de Lassere ».
- Augustin Fourcade, Notice sur la vie de sĆur Marie-Bernard dans l'Institut des sĆurs de la charitĂ© et de l'instruction chrĂ©tienne de Nevers, Paris, Lecoffre, , 63 p.. TĂ©moignage de l'Ă©vĂȘque de Nevers sur son rĂŽle dans l'entrĂ©e de Bernadette au couvent de Nevers et son attitude dans l'affaire de la « protestation de Lassere ».
- Henri Lasserre, Bernadette, sĆur Marie-Bernard, Paris, Sanard et Derangeon, , 488 p..
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- Zoé Reumont de Poligny, L'Histoire complÚte de Notre-Dame de Lourdes et de la petite Bernadette suivie de piÚces justificatives notes te récits de miracles, Paris, A. Teillon, .
- Léonard Cros, Histoire de Notre-Dame de Lourdes d'aprÚs les documents et les témoins, Toulouse, Douladoure, 1925-1927 (Ed. Beauchesne à Paris).
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Essais - spiritualité
- Francis Deniau, Bernadette et nous, Lethielleux, Desclée De Brouwer, , 291 p. (ISBN 978-2-283-61036-7).
- Pascal Frey, Bernadette Soubirous : une pensée par jour, Médiapaul, , 111 p. (ISBN 978-2-7122-1227-8).
- AndrĂ© Ravier, Bernadette dâaprĂšs ses lettres, Lethielleux, , 160 p. (ISBN 978-2283602089).
- Jean-Pierre Harris, Sainte Bernadette, l'Ăąme sĆur : rĂ©flexions sur la simplicitĂ©, Paris, L'Harmattan, coll. « Cheminements Spirituels », , 250 p. (ISBN 978-2747556590).
- Jacques Perrier, Bernadette. Pourquoi je l'aime, Lourdes, NDL Ă©ditions, , 411 p. (ISBN 978-2916218557).
- RĂ©gis-Marie de la TeyssonniĂšre, Lourdes. Les mots de Marie, Tours, CLD Ă©ditions, , 247 p. (ISBN 978-2854435337).
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- (en) Union List of Artist Names
- Ressource relative Ă la religion :
- (en) GCatholic.org
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Site officiel du Sanctuaire de Lourdes.
- Site officiel du Sanctuaire de Lourdes, pages sur Bernadette Soubirous.
- Site officiel sur Sainte Bernadette par les religieuses de Never.
- Bernadette de Lourdes - Le spectacle musical : Sur le Site officiel - Sur le site du Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes.