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Affaire Roman Polanski

L'affaire Polanski est une affaire judiciaire impliquant le rĂ©alisateur franco-polonais Roman Polanski, arrĂȘtĂ© et inculpĂ© Ă  Los Angeles en mars 1977 dans une affaire d'abus sexuel sur mineur contre Samantha Gailey, une jeune fille alors ĂągĂ©e de treize ans. La justice retient six chefs d'accusation contre lui : viol sur mineur, sodomie[1], fourniture d'une substance prohibĂ©e Ă  une mineure, actes licencieux et dĂ©bauche, relations sexuelles illicites et perversion. En Ă©change de l'abandon des autres charges, Roman Polanski plaide coupable pour rapports sexuels illĂ©gaux avec une mineure. Il est condamnĂ© Ă  une peine de quatre-vingt-dix jours de prison puis est libĂ©rĂ© pour conduite exemplaire aprĂšs en avoir effectuĂ© quarante-deux. L'Ă©valuation psychiatrique est favorable mais le juge, sensible aux critiques de la presse et du public, revient sur sa dĂ©cision — dĂ©cision contestĂ©e aussi bien par la dĂ©fense que par l'accusation — et souhaite Ă  nouveau condamner Polanski. Ce dernier fuit les États-Unis et s'installe en France, pays refusant l'extradition de ses citoyens et dont il possĂšde la nationalitĂ©.

Affaire Roman Polanski
Photographie d'identité judiciaire de Roman Polanski.
Photographie d'identité judiciaire de Roman Polanski.

Fait reproché Abus sexuel sur mineur
Pays États-Unis
Ville Los Angeles
Nombre de victimes Une victime, Samantha Gailey
Jugement
Statut Affaire jugée : Roman Polanski a été reconnu coupable d'avoir eu des rapports sexuels illégaux avec une mineure.
Tribunal Los Angeles County Superior Court

Selon Roger Gunson, le procureur chargĂ© de l'affaire au moment des faits, le temps passĂ© par Roman Polanski en prison correspondait Ă  la totalitĂ© de la peine qu'il devait et a exĂ©cutĂ©. Sa victime, Samantha Gailey, lui a publiquement pardonnĂ© et a demandĂ© Ă  plusieurs reprises l'arrĂȘt des poursuites. La justice amĂ©ricaine a cependant toujours refusĂ© de clore l'affaire si le rĂ©alisateur ne revenait pas sur le sol amĂ©ricain.

En 2009, Roman Polanski est arrĂȘtĂ© Ă  Zurich, dans le cadre d'un traitĂ© d’entraide judiciaire pĂ©nale entre la Suisse et les États-Unis, et incarcĂ©rĂ© pendant deux mois avant d'ĂȘtre assignĂ© Ă  rĂ©sidence Ă  Gstaad. En 2010, la Suisse refuse l'extradition du rĂ©alisateur. En 2015, la Pologne refuse Ă  son tour une demande d'extradition des États-Unis. Le rĂ©alisateur est, en raison des poursuites engagĂ©es par la justice amĂ©ricaine contre lui depuis 1977, toujours considĂ©rĂ© par Interpol comme fugitif, et ne peut circuler librement que dans trois pays : la France, la Pologne et la Suisse.

L'affaire

Faits

Au dĂ©but de l'annĂ©e 1977, Roman Polanski, alors ĂągĂ© de quarante-quatre ans, est engagĂ© par l'Ă©dition française du magazine Vogue pour rĂ©aliser un reportage photographique sur les jeunes filles europĂ©ennes et amĂ©ricaines[L1 1] - [2]. Par l'intermĂ©diaire d'un ami commun, il rencontre Jane Gailey, une aspirante actrice, et sa fille Samantha, une adolescente de treize ans, Ă  qui il propose d'ĂȘtre l'un de ses modĂšles[L1 2] - [L3 1]. Cette derniĂšre donne son accord, avec l'approbation de sa mĂšre, voyant dans ce projet l'opportunitĂ© de rĂ©aliser son rĂȘve de devenir une « vedette de cinĂ©ma »[3]. Selon Gailey (qui a pris aprĂšs son mariage le nom de son mari, Geimer), Polanski lui avait promis qu'il pourrait faire de son rĂȘve d'adolescente de devenir mannequin et actrice une rĂ©alitĂ©[4].

Une premiĂšre sĂ©ance photo a lieu le prĂšs du domicile de l'adolescente Ă  Woodland Hills, sur les hauteurs de Los Angeles[2]. Au cours de cette sĂ©ance, Polanski photographie Samantha Gailey seins nus, ce qu’elle ne raconte pas Ă  sa mĂšre sans pouvoir expliquer pourquoi[3]. Satisfait par les clichĂ©s, Polanski propose une deuxiĂšme sĂ©ance, ce que Gailey, qui voit en lui son « passeport pour la cĂ©lĂ©britĂ© », et sa mĂšre acceptent[L3 2]. Le , le rĂ©alisateur la conduit jusqu'au domicile de Jack Nicholson afin de prendre de nouvelles photos[5].

La propriĂ©tĂ© de Nicholson, absent ce jour-lĂ , leur est ouverte par Helena Kallianiotes, actrice et voisine de l'acteur[L1 3] - [2]. À l'intĂ©rieur, Gailey rĂ©clame un rafraĂźchissement. Polanski propose alors du champagne, ce Ă  quoi Gailey rĂ©pond que ça lui est « Ă©gal », et sert trois verres, un pour Kallianiotes, un autre pour l'adolescente et un dernier pour lui[6]. AprĂšs le dĂ©part de Kallianiotes, la sĂ©ance photo se dĂ©roule dans la cuisine puis Ă  l'extĂ©rieur de la maison, sur le patio, prĂšs de la piscine et dans un jacuzzi[6].

Selon son tĂ©moignage, l’adolescente continue de boire du champagne tout au long de la sĂ©ance[6]. Lorsque, d'aprĂšs elle, Polanski lui propose de partager avec lui une pilule de quaalude, un sĂ©datif trĂšs utilisĂ© Ă  l'Ă©poque comme drogue rĂ©crĂ©ative, elle accepte, aprĂšs avoir refusĂ© une premiĂšre fois, parce qu'elle voit qu'il « veut qu'elle en prenne »[L3 3]. Lors de son audition, elle dĂ©clare : « Je pense que j'Ă©tais ivre, sinon je ne l'aurais pas fait »[6].

Avant de photographier Gailey dans le jacuzzi, Polanski lui demande d'appeler sa mĂšre, la sĂ©ance durant plus longtemps que prĂ©vu, afin de savoir s'il pouvait la ramener chez elle un peu plus tard[L1 4] - [6]. Jane Gailey accepte. Gailey se dĂ©shabille de sa propre initiative, Ă  l'exception de ses sous-vĂȘtements, qu'elle accepte finalement de retirer Ă  la demande de Polanski, avant de rentrer dans le jacuzzi[2]. Le rĂ©alisateur prend plusieurs photos de l'adolescente avant de se dĂ©shabiller Ă  son tour pour entrer dans l'eau[L1 5]. Le modĂšle prĂ©tend alors avoir de l'asthme afin de sortir du jacuzzi[L3 4]. Polanski lui propose ensuite d'aller dans la piscine[L1 5] - [6]. Elle hĂ©site puis accepte, traverse la piscine Ă  la nage, avant d'en sortir et de rejoindre la salle de bain afin de se sĂ©cher[6].

D'aprĂšs son tĂ©moignage, elle suit Polanski jusqu'Ă  une chambre oĂč il lui demande de s'allonger sur un divan[6]. L'adolescente demande alors Ă  rentrer chez elle[2]. Le rĂ©alisateur lui rĂ©pond qu'il la raccompagnera un peu plus tard[2]. Le rĂ©alisateur commence alors Ă  l'embrasser. L'adolescente atteste lui avoir dit « Non » Ă  plusieurs reprises et souhaite le repousser mais la peur l'en empĂȘche[L3 5]. Polanski lui ayant fourni un narcotique illĂ©gal ainsi que l'alcool, elle se sent « Ă©tourdie » et voit sa capacitĂ© de dire non limitĂ©e par les substances[2] - [3].

Le rĂ©alisateur pratique ensuite sur l'adolescence un cunnilingus avant de la contraindre Ă  un rapport vaginal puis anal[2] - [6]. Gailey dĂ©cide de « le laisser faire » et dĂ©clare, lors de son audition, pouvoir « Ă  peine me souvenir de ce qui est arrivĂ© » en raison des effets de l'alcool et de la drogue — « J’étais en quelque sorte Ă©tourdie, vous savez, comme quand les choses sont parfois dans une sorte de brouillard »[L3 5] - [6]. Dans son autobiographie, elle Ă©crit : « Il me demande si j’éprouve du plaisir, c’est le cas. Et ça, c’est dĂ©jĂ  assez horrible en soi. Mon esprit se dĂ©bat mais mon corps me trahit » et ajoute : « Je rends les armes, je m'envole loin, trĂšs loin. Si affreux que ce soit, ce n'est que du sexe. Il ne veut pas me faire du mal. Il veut seulement me baiser. Et ce sera tout. Je ne suis pas vraiment une personne Ă  ses yeux, pas plus qu'il n'est rĂ©el pour moi. Nous jouons chacun un rĂŽle[L3 6]. »

Dans un tĂ©moignage ultĂ©rieur, Samantha Gailey dĂ©clare qu'au moment oĂč le crime Ă©tait commis, l'actrice Anjelica Huston, compagne de Nicholson, est rentrĂ©e dans la maison. Selon Gailey, Huston est devenue mĂ©fiante Ă  propos de ce qui se passait derriĂšre la porte fermĂ©e et avait commencĂ© Ă  frapper dessus, avant de repartir aprĂšs que Polanski lui ait dit qu'ils venaient de sortir du jacuzzi et qu'ils allaient bientĂŽt sortir. L'interruption de Huston provoque Ă  Gailey un « sentiment de soulagement »[L3 7]. NĂ©anmoins, Polanski la contraint Ă  poursuivre un rapport anal :

« Il pose ses mains sur mon Ă©paule et me rallonge sur le canapĂ©. Quoi, ce n'est pas terminĂ© ? Je ne sais plus quoi penser. Maintenant qu'il y a quelqu'un dans la maison, vais-je rĂ©sister et essayer de me rĂ©fugier auprĂšs de la femme qui a frappĂ© Ă  la porte ? HĂ©las je suis shootĂ©e, je ne pense qu'Ă  en finir et m'en aller. Roman n'est pas brutal et je n'ai mĂȘme plus peur. Je ne me soucie plus de ce qu'il fait car je ferme les yeux. Je veux seulement rentrer chez moi[L3 7] - [6]. »

Alors que Polanski s'apprĂȘte Ă  raccompagner Gailey chez elle, ils croisent Anjelica Huston. Selon cette derniĂšre, l'adolescente, avec qui elle parle briĂšvement, n'a l'air ni « apeurĂ©e », ni « bouleversĂ©e »[L3 8]. Cependant, Gailey tĂ©moigne : « J'Ă©tais heureuse de savoir que j'allais bientĂŽt rentrer chez moi. J'Ă©tais Ă©puisĂ©e, accablĂ©e et, mĂȘme si je n'en avais pas conscience, assez shootĂ©e. Je me mis Ă  pleurer, Ă  la fois de soulagement de colĂšre. J'Ă©tais consciente qu'il s'Ă©tait passĂ© quelque chose de grave, que je m'Ă©tais comportĂ© comme une idiote, mais j'allais m'en remettre, pensais-je[L3 7] - [7]. »

Une fois rentrĂ©e chez elle, Gailey se confie sur ce qui vient de lui arriver Ă  son petit ami[6]. Sa sƓur surprend la conversation et prĂ©vient leur mĂšre immĂ©diatement. Susan Gailey, furieuse, appelle la police et dĂ©pose plainte le soir mĂȘme contre Polanski[2]. L’adolescente est alors interrogĂ©e et amenĂ©e Ă  l'hĂŽpital pour ĂȘtre examinĂ©e[2] - [6].

Condamnation, prison et fuite

Le lendemain, le , Roman Polanski est arrĂȘtĂ©. InformĂ© qu'une accusation de viol pĂšse contre lui, le cinĂ©aste est pourtant incapable d'Ă©tablir « un lien quelconque entre le viol et ce qui s'Ă©tait passĂ© la veille »[L1 6]. Contre une caution de deux mille cinq cents dollars versĂ©e par son avocat, Polanski est libĂ©rĂ© et poursuit son travail sur l'adaptation d'un roman de Lawrence Sanders intitulĂ© The First Deadly Sin, produit par Columbia Pictures[L1 7] - [2].

Toujours le , Samantha Gailey tĂ©moigne devant le grand jury du comtĂ© de Los Angeles[2]. Polanski est inculpĂ© pour six motifs : avoir fourni une substance prohibĂ©e Ă  une mineure, s'ĂȘtre livrĂ© Ă  des actes licencieux et de dĂ©bauche, s'ĂȘtre rendu coupable de relations sexuelles illicites, de perversion, de sodomie (selon la terminologie lĂ©gislative amĂ©ricaine[1]) et de viol[2] - [5] - [8]. Il s'installe ensuite au ChĂąteau Marmont afin d'Ă©chapper aux paparazzis[L1 8]. La Columbia Pictures l'informe alors qu'ils abandonnent le projet The First Deadly Sin[L1 9] (l'adaptation sera finalement tournĂ©e en 1980 sous le titre De plein fouet avec une nouvelle Ă©quipe de production[9]).

Le , Polanski se voit signifier officiellement les six chefs d'inculpation par le juge chargĂ© de l'affaire, Laurence J. Rittenband[L1 9]. Il plaide non coupable et voit sa libĂ©ration sous caution reconduite. Le juge Rittenband accĂšde Ă  sa demande de quitter provisoirement les États-Unis afin de se rendre Ă  Londres puis Ă  Paris, oĂč il pense « ĂȘtre moins livrĂ© aux journalistes »[L1 9].

Polanski regagne ensuite Los Angeles oĂč il est informĂ© que la famille Gailey souhaite qu'elle ne comparaisse pas en public[L1 10] - [L3 9]. Un accord entre l'avocat de Polanski, Me Douglas Dalton, celui de la famille Gailey, Me Lawrence Silver, le procureur chargĂ© de l'accusation, Roger Gunson, et le juge Rittenband est engagĂ© en faveur d'une nĂ©gociation pour l'abandon des accusations les plus graves et une condamnation sans procĂšs[10] - [2]. Au mĂȘme moment, Polanski se voit proposer un contrat d'un million de dollars par le producteur Dino De Laurentiis pour la rĂ©alisation d'un remake du film The Hurricane de John Ford[L1 11] - [2].

Le , Polanski plaide coupable pour rapports sexuels illégaux avec un mineur, les autres charges étant abandonnées à la suite de la négociation entre les différentes parties pour éviter un procÚs public[2]. Selon deux experts psychiatriques commissionnés par la cour, les docteurs Alvin E. Davis et Ronald Markman, Polanski « ne présente pas un profil de délinquant sexuel mentalement dérangé », précisent qu'il est d'une « intelligence supérieure, a un bon jugement et de fortes valeurs morales et éthiques », estiment que « les circonstances étaient provocatrices, qu'il y avait une certaine permissivité de la part de la mÚre » et ajoutent que « la victime n'était pas seulement physiquement mature, mais désireuse »[11].

Le , le juge Rittenband condamne Polanski Ă  une peine de quatre-vingt-dix jours de prison pendant laquelle il doit subir une « Ă©valuation diagnostique »[10] - [2]. À sa sortie, Rittenband prĂ©voit de classer l'affaire avec une mise Ă  l'Ă©preuve[10] - [2]. Entre-temps, le juge accorde Ă  Polanski un sursis afin qu'il puisse terminer la prĂ©paration du film Hurricane[2]. Polanski se rend Ă  Munich, en Allemagne, puis Ă  Bora-Bora, oĂč il effectue des repĂ©rages[5].

Il retourne ensuite aux États-Unis oĂč, le , il est incarcĂ©rĂ© dans la prison californienne de Chino. AprĂšs avoir passĂ© quarante-deux jours en prison, Polanski est libĂ©rĂ© pour conduite exemplaire le [2]. Le lendemain, le juge Rittenband convoque l'avocat du rĂ©alisateur Me Douglas Dalton et le procureur Roger Gunson et les informe qu'il souhaite condamner le rĂ©alisateur Ă  une nouvelle peine[2]. Sensible aux critiques du public et soucieux de soigner son image dans la presse, le juge prĂ©voit une condamnation Ă  « durĂ©e indĂ©terminĂ©e » mais dĂ©clare Ă  Dalton et Gunson que le rĂ©alisateur sera libĂ©rĂ© aprĂšs quarante-huit jours s'il accepte de quitter dĂ©finitivement les États-Unis[10] - [2] - [8].

Dalton informe alors Polanski de la situation. L'avocat ne peut cependant pas lui assurer qu'il sera bien libre aprÚs les quarante-huit jours, un emprisonnement d'une durée indéterminée permettant au juge de prolonger la peine jusqu'à cinquante ans s'il le désire[2]. Dans son autobiographie, Polanski écrit :

« Puisque le juge semblait bien dĂ©cidĂ© Ă  m'empĂȘcher de vivre et de retravailler aux États-Unis, et puisqu'il Ă©tait manifeste que j'avais passĂ© quarante-deux jours Ă  Chino pour rien, une question Ă©vidente se posait dĂ©sormais : qu'avais-je Ă  gagner en restant ? Et la rĂ©ponse semblait bien ĂȘtre : rien du tout[L1 12]. »

Le , sans en informer son avocat, Polanski se rend à l'aéroport de Los Angeles et prend un avion pour Londres puis pour Paris[L1 12] - [L1 13] - [10].

Le , les autoritĂ©s amĂ©ricaines ouvrent un dossier d’extradition Ă  l’encontre du cinĂ©aste. La France, comme d'autres États, refuse gĂ©nĂ©ralement l'extradition de ses citoyens et annonce que Polanski ne sera pas renvoyĂ© aux États-Unis[12]. L'accusation, le procureur et la dĂ©fense dĂ©noncent alors le comportement du juge, qui est dĂ©chargĂ© du dossier en pour « irrĂ©gularitĂ©s »[8]. L'affaire est confiĂ©e au juge Paul Breckinridge qui refuse de juger Polanski par « contumace »[L1 14] - [10].

Suites de l'affaire, procÚs au pénal et un documentaire

La justice amĂ©ricaine va alors tenter de mettre la main sur Polanski lors de ses dĂ©placements Ă  l'Ă©tranger. Des demandes d'extraditions sont adressĂ©es aux pays avec lesquels les États-Unis ont signĂ© une convention d'extradition : en au Royaume-Uni, en au Canada, en 1988 en Allemagne, au BrĂ©sil, au Danemark et en SuĂšde, en octobre 2005 en ThaĂŻlande et en 2007 en IsraĂ«l. Cependant, toutes ces tentatives restent vaines[13] - [14].

En 1993, Polanski s'engage Ă  verser une indemnitĂ© de cinq cent mille dollars Ă  Samantha Gailey, devenue Ă©pouse Geimer, Ă  la suite d'un procĂšs civil. Selon The New Yorker, le rĂ©alisateur ne tient pas cet engagement dans le dĂ©lai convenu et la somme qu'il a finalement versĂ©e demeure inconnue[2]. Selon le quotidien Le Monde, Polanski verse 225 000 dollars et lui envoie une lettre d'excuses, « ce qui met un terme au procĂšs civil[15] ». En 1997, Samantha Geimer dĂ©voile publiquement lui avoir pardonnĂ©[16].

La mĂȘme annĂ©e, l'avocat de Polanski, Me Douglas Dalton, et le procureur chargĂ© de l'accusation, Roger Gunson, tentent de rĂ©soudre le procĂšs pĂ©nal et apportent le dossier au juge Larry P. Fidler[17]. Ce dernier dĂ©clare que si Polanski accepte de revenir aux États-Unis, il ne sera pas arrĂȘtĂ© et n'aura pas Ă  purger une nouvelle peine. Selon Dalton et Gunson, le juge souhaite cependant que l'audition de Polanski soit tĂ©lĂ©visĂ©e mais le cinĂ©aste s'y oppose[17]. Des emails du juge Fidler dĂ©voilĂ©s en 2014 par The New York Times indiquent que si le rĂ©alisateur Ă©tait retournĂ© aux États-Unis lors de son procĂšs, le magistrat aurait pu ĂȘtre contraint de le libĂ©rer, en raison de la conduite du juge Rittenband. Les emails dĂ©voilent Ă©galement les craintes du juge Fidler : « Depuis que la loi Ă©tait de son cĂŽtĂ© avec le traitement de l'affaire par Rittenband, j'Ă©tais convaincu que j'Ă©tais grillĂ© si jamais il revenait et que ma carriĂšre serait terminĂ©e. Au cours de ces annĂ©es, j'ai dit Ă  plusieurs juges que j'avais de la peine pour eux, de la peine qu'ils aient Ă  juger ce cas[18]. »

En , alors que le rĂ©alisateur est nommĂ© Ă  l'Oscar du meilleur rĂ©alisateur pour son film Le Pianiste, Samantha Geimer, tout en rappelant les faits du viol, prend publiquement sa dĂ©fense et dĂ©clare que leur affaire ne doit pas entrer en considĂ©ration pour juger son travail[19] - [20]. Geimer dĂ©fend Ă©galement la dĂ©cision du rĂ©alisateur d'avoir fui les États-Unis et rĂ©itĂšre son souhait qu'un terme soit mis aux poursuites[21].

IntriguĂ©e par les dĂ©clarations de Geimer, la rĂ©alisatrice Marina Zenovich dĂ©cide de consacrer un documentaire sur le rĂ©alisateur auquel ce dernier refuse de participer[22]. DĂ©voilĂ© en 2008, Roman Polanski: Wanted and Desired dĂ©fend la thĂšse d'un acharnement judiciaire et mĂ©diatique[23]. L'avocat de Polanski, Me Douglas Dalton, et le procureur, Roger Gunson, confirment que les quarante-deux jours en prison de Polanski devaient ĂȘtre sa seule peine[10]. Dalton et Gunson dĂ©noncent les agissements du juge Rittenband qu'ils accusent d'avoir abusĂ© de son autoritĂ©[24]. Gunson dĂ©clare mĂȘme Ă  propos du rĂ©alisateur : « Je ne suis pas surpris qu’il ait fui dans ces circonstances[25]. » Également interrogĂ©e par Zenovich, Samantha Geimer dĂ©clare : « Le juge aimait la publicitĂ©. Il n'avait rien Ă  faire de ce qui pouvait m'arriver, ni Ă  moi, ni Ă  Polanski[16]. »

Le , Mes Chad Hummel et Bart Dalton, avocats de Polanski, demandent à la justice californienne d'abandonner les poursuites contre leur client. Ils affirment disposer de nouvelles preuves montrant que le réalisateur n'a pas bénéficié d'une procédure pénale équitable et mettent en avant le documentaire de Marina Zenovich pour dénoncer « un ensemble de mauvais comportements et de communications entre la Cour et le bureau du procureur, en violation de l'égalité devant la loi, et sans que l'accusé ni ses avocats en aient eu connaissance »[26].

Le , Samantha Geimer dĂ©pose une requĂȘte devant la justice de Los Angeles pour que les poursuites contre Polanski soient abandonnĂ©es. Elle explique que l'insistance avec laquelle le parquet de la ville exige le retour du cinĂ©aste aux États-Unis tient d'une « blague cruelle » dont elle fait les frais[27].

Le , le juge Peter Espinoza refuse d'abandonner les poursuites contre Polanski s'il ne se présente pas en personne devant la Cour mais suspend sa décision afin de lui donner la possibilité de se présenter à l'audience. Le juge estime également « qu'il y a eu, apparemment, une faute professionnelle substantielle » de la part du parquet en 1977[28].

Le , Polanski ne s'Ă©tant pas prĂ©sentĂ© devant lui, le juge Espinoza confirme son refus de clore l'affaire[29]. Les avocats du cinĂ©aste demandent alors Ă  la cour d'appel de l'État de Californie d'examiner les vices de procĂ©dure et atteintes aux droits constitutionnels de leur client.

Arrestation Ă  Zurich

Le , alors qu'il se rend au festival du film de Zurich en Suisse afin d'y recevoir un prix pour l'ensemble de sa carriĂšre, Roman Polanski est arrĂȘtĂ© par la police Ă  Zurich dans le cadre d'un traitĂ© d’entraide judiciaire pĂ©nale que la Suisse a signĂ© avec les États-Unis, par lequel les deux parties s’engagent Ă  se livrer rĂ©ciproquement les personnes poursuivies pour des faits d’une certaine gravitĂ©[30] - [31]. La conseillĂšre fĂ©dĂ©rale suisse responsable du dĂ©partement de Justice et Police Eveline Widmer-Schlumpf dĂ©fend l'arrestation comme conforme au traitĂ© d'extradition helvĂ©tico-amĂ©ricain et comme manifestation de l'Ă©galitĂ© devant la loi[32] - [33].

L'article 22 du traitĂ© prĂ©voit qu'il « s'applique pour tous les faits commis avant ou aprĂšs son entrĂ©e en vigueur » sauf lorsque la procĂ©dure d'extradition a Ă©tĂ© lancĂ©e avant son entrĂ©e en vigueur, auquel cas un traitĂ© de 1900 doit ĂȘtre appliquĂ©[32]. Widmer-Schlumpf affirme par ailleurs que l'arrestation ne rĂ©sulte d'aucune pression politique amĂ©ricaine[34].

Le rĂ©alisateur s'oppose Ă  son extradition et engage l'avocat suisse Me Lorenz Erni pour assurer sa dĂ©fense[35]. Le , le Tribunal pĂ©nal fĂ©dĂ©ral accepte la libĂ©ration conditionnelle de Polanski contre une caution de 4,5 millions de francs suisses (environ trois millions d'euros) et une assignation Ă  rĂ©sidence avec port d'un bracelet Ă©lectronique Ă  son chalet de Gstaad en Suisse[36].

Le , le procureur chargé de l'affaire en 1977, Roger Gunson, déclare sous serment que le défunt juge Rittenband avait bien déclaré à toutes les parties le que la peine de prison au pénitencier de Chino correspondait à la totalité de la peine que Polanski devait et a exécutée[37].

Le , la cour d’appel du 2e district de Californie rejette la demande de Polanski de pouvoir ĂȘtre jugĂ© par contumace, ouvrant la voie Ă  son extradition vers les États-Unis. La demande d’abandon des poursuites prĂ©sentĂ©e par la victime est Ă©galement rejetĂ©e[38].

Le , Roman Polanski sort de son silence dans une lettre ouverte publiée sur le site de Bernard-Henri Lévy, La RÚgle du jeu, intitulée, « Je ne peux plus me taire[39]. »

Le , la ministre suisse de la Justice Eveline Widmer-Schlumpf annonce que le cinĂ©aste « ne sera pas extradĂ© vers les États-Unis et les mesures de restriction de sa libertĂ© sont levĂ©es » en raison d'un possible vice de procĂ©dure dans la demande d’extradition amĂ©ricaine[40]. Le refus des autoritĂ©s amĂ©ricaines Ă  faire parvenir aux autoritĂ©s suisses le procĂšs-verbal du procureur de l'Ă©poque, Roger Gunson, arguant du caractĂšre confidentiel de la piĂšce, amĂšne l'Office fĂ©dĂ©ral de la justice Ă  refuser l'extradition. Selon Widmer-Schlumpf, le procĂšs-verbal devait permettre d’apprĂ©cier si « les quarante-deux jours que Roman Polanski avait passĂ©s dans la division psychiatrique d’une prison californienne couvraient la totalitĂ© de la peine d’emprisonnement qu’il devait exĂ©cuter[41]. »

Le rĂ©alisateur retrouve la libertĂ© et peut dĂ©sormais circuler librement dans trois pays : la France, la Pologne et la Suisse. Interpol rappelle aux États membres de l'organisation qu'une notice rouge le concernant est toujours en vigueur, et qu'il est toujours considĂ©rĂ© comme fugitif[42].

Le procĂšs en Pologne et ses suites

Le , les autoritĂ©s amĂ©ricaines tentent de faire arrĂȘter Polanski en Pologne, oĂč il s'est rendu pour assister Ă  l'inauguration du musĂ©e Polin d'histoire des Juifs du pays[43]. Polanski est entendu par un procureur puis finalement remis en libertĂ©.

Le , ses avocats lancent une procédure afin de le réhabiliter, accusant les procureurs et les juges d'avoir commis une « grave faute professionnelle »[44].

Le , le tribunal de Los Angeles refuse de mettre un terme aux poursuites en raison du statut de fugitif de Polanski et de son refus de se plier aux ordres de la cour[45].

Le , les États-Unis dĂ©posent une demande d'extradition Ă  l'encontre du rĂ©alisateur aux autoritĂ©s polonaises[46]. Le , Polanski dĂ©clare : « Bien sĂ»r je vais me soumettre Ă  la procĂ©dure. On verra. Je fais confiance Ă  la justice polonaise. J'espĂšre que tout se passera bien[47]. »

Le , le cinĂ©aste se rend Ă  l'audience du tribunal de Cracovie pour l'ouverture de son procĂšs Ă  huis clos oĂč il tĂ©moigne pendant neuf heures. Il est ensuite libĂ©rĂ©, aucune mesure prĂ©ventive n'ayant Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e Ă  son encontre par le tribunal, et admet Ă  sa sortie : « C'Ă©tait fatigant et douloureux[48]. » Ses avocats polonais, Mes Jerzy Stachowicz et Jan Olszewski, expliquent Ă  la presse que leur ligne de dĂ©fense consiste Ă  « dĂ©montrer que la demande d'extradition n'est pas fondĂ©e. »

Le , Polanski se rend de nouveau au tribunal oĂč ses avocats prĂ©sentent de nouveaux documents, analyses d'experts et tĂ©moignages rĂ©unis lors de la prĂ©cĂ©dente demande d'extradition des États-Unis Ă  la Suisse. Le rĂ©alisateur dĂ©clare aux journalistes Ă  sa sortie : « Je voulais savoir quels documents seront prĂ©sentĂ©s et reconnus (valables) par le tribunal. Je suis content que presque tous aient Ă©tĂ© acceptĂ©s[49]. »

Le , le tribunal de Cracovie se prononce contre son extradition et confirme sa dĂ©cision le , le parquet de la ville reprĂ©sentant les États-Unis ayant renoncĂ© Ă  contester en appel[50].

Le , le ministre de la justice conservateur polonais Zbigniew Ziobro annonce son intention de rouvrir la procĂ©dure d’extradition, affirmant que Polanski ne doit pas ĂȘtre favorisĂ© en raison de sa carriĂšre artistique[51].

Le , la Cour suprĂȘme de Pologne rejette le pourvoi en cassation introduit par le ministre et met un terme dĂ©finitif Ă  la procĂ©dure d’extradition[52]. Le rĂ©alisateur dĂ©clare alors :

« Enfin je pourrai me sentir en sécurité dans mon propre pays, je pourrai aller tranquillement à Salwator (quartier résidentiel de Cracovie) sur la tombe de mon pÚre ou sur celle d'Andrzej Wajda, mon ami[53]. »

Le , la presse rapporte que le rĂ©alisateur souhaite retourner aux États-Unis pour clĂŽturer l'affaire, Ă  condition d’avoir la garantie qu’il ne sera pas incarcĂ©rĂ©[54].

Le , Samantha Geimer, « fatiguée de cette affaire qui continue depuis quarante ans », témoigne en faveur du cinéaste devant le juge Scott Gordon au tribunal de Los Angeles. Le , elle avait adressé une lettre à la procureure du comté, Jackie Lacey, et à son adjointe, Michele Hanisee, dans laquelle elle écrivait :

« Les cas impliquant des cĂ©lĂ©britĂ©s ne devraient pas ĂȘtre utilisĂ©s Ă  mauvais escient par ceux comme vous qui cherchent la cĂ©lĂ©britĂ© et des promotions pour leur carriĂšre. Vous et ceux avant vous ne m’avez jamais protĂ©gĂ©e, vous m’avez traitĂ©e avec mĂ©pris, utilisant un crime commis contre moi pour faire avancer votre carriĂšre[55] - [56]. »

Le , le juge Gordon annonce son refus de mettre un terme aux poursuites contre Polanski[57]. L'avocat du cinéaste estime alors que « ce tribunal continue à étudier une affaire vieille de quarante ans avec un accusé de 84 ans qui a déjà purgé plus de trois fois en détention la peine que cette cour lui avait infligée »[58]. Samantha Geimer, se déclarant « profondément déçue » par la décision du juge Gordon, s'interroge « Qui s'en soucie, je suis juste la victime, je suis insignifiante », et s'adresse à ceux qui lui reprochent son désir de voir mettre un terme à cette affaire :

« Votre impitoyable indiffĂ©rence Ă  mon Ă©gard montre qui vous ĂȘtes[59]. »

Acteurs de l'affaire

Roman Polanski

Lors de son arrestation en 1977, Roman Polanski est stupĂ©fait d'apprendre qu'il est accusĂ© de viol. Pour lui, son rapport sexuel avec Samantha Gailey Ă©tait consentant[60]. Dans son autobiographie Roman par Polanski publiĂ©e en 1984, il explique avoir senti « une certaine tension Ă©rotique s'installer » entre lui et l'adolescente, puis ajoute : « L'expĂ©rience de Samantha, son absence d'inhibitions ne faisaient aucun doute. Elle s'Ă©tendit, offerte, et je la pĂ©nĂ©trai. Elle ne demeura pas sans rĂ©action. Toutefois, quand je lui demandai doucement si cela lui plaisait, elle recourut Ă  son expression favorite, « Ça peut aller » ».

Dans une interview controversée avec le romancier Martin Amis datant de 1979, Roman Polanski parle de sa condamnation en ces termes : « Si j'avais tué quelqu'un, ça n'aurait pas suscité un tel attrait auprÚs de la presse, vous voyez ? Mais... putain, tu vois, les jeunes filles. Les juges veulent baiser les jeunes filles. Les jurys veulent baiser les jeunes filles. Tout le monde veut baiser les jeunes filles ! [61] - [62] »

En 1979, interrogĂ© par Jean-Pierre Elkhabach Ă  la tĂ©lĂ©vision française[63], Roman Polanski ne nie pas ses penchants pour les « jeunes filles » lorsque le journaliste lui rappelle les faits pour lesquels il est poursuivi par la justice amĂ©ricaine. Polanski y critique ensuite la loi amĂ©ricaine qui considĂšre les relations sexuelles avec personne de moins de 18 ans comme un crime, sous-entendant que ce serait injuste car selon lui la majoritĂ© de la population serait aussi, dans ce cas, criminelle. Il affirme par la mĂȘme occasion qu'il reviendra assurĂ©ment sous peu devant la justice amĂ©ricaine, ce qu'il ne fera jamais par la suite.

À la journaliste Diane Sawyer, Roman Polanski explique dans un entretien effectuĂ© en 1994 : « À cette Ă©poque, il m'a Ă©tĂ© trĂšs difficile de me persuader que c'Ă©tait mal. Je pensais que personne n'en avait souffert. Plus tard j'ai rĂ©alisĂ© que ce n'Ă©tait pas bien de faire ça mais il n'y avait aucune prĂ©mĂ©ditation, c'est juste arrivĂ© comme ça... »[64].

Cependant, en 2009, Roman Polanski envoie une lettre Ă  Geimer dans laquelle il assume l'entiĂšre responsabilitĂ© de l'affaire et Ă©crit : « J'aimerais que vous sachiez Ă  quel point je suis dĂ©solĂ© d'avoir tant bouleversĂ© votre existence »[65]. Il rĂ©itĂšre ses excuses dans le documentaire Roman Polanski: A Film Memoir tournĂ© en 2011 oĂč il parle de Samantha Geimer comme d'une « double victime : ma victime, et une victime de la presse »[66].

Samantha Geimer

En 2013, Samantha Geimer revient ainsi sur les circonstances de son viol : « C'était inapproprié, déplacé, effrayant. Je ne me suis pas beaucoup amusée. J'étais sous l'emprise de l'alcool. C'était confus[67]. » Elle estime cependant que Roman Polanski n'avait pas de mauvaise intention à son égard : « Il ne voulait pas me faire du mal. C'est le sentiment que j'avais. Mais il ne comprenait pas que c'était complÚtement déplacé, que j'étais trop jeune[67]. »

Samantha Geimer vit mal la médiatisation de l'affaire, subissant une pression incessante de la part des médias, de la police et de la justice californienne. Sa sincérité et celle de sa famille sont également mises en cause : « J'étais présentée comme la petite salope qui voulait profiter du réalisateur célÚbre, et ma mÚre comme la maquerelle n'hésitant pas à monnayer sa fille pour faire carriÚre »[68].

En 1997, Samantha Geimer dĂ©voile publiquement avoir pardonnĂ© Ă  Polanski et, dans un entretien accordĂ© Ă  l'Ă©mission Inside Edition, elle estime qu'il « ne s'agissait pas d'un viol »[60]. Cependant, en 2009, elle dĂ©clare : « À l'Ă©poque, je croyais qu'un viol, c'Ă©tait liĂ© Ă  de la violence, de la brutalitĂ©. Lui, il ne m'a pas agressĂ©e, il ne voulait pas me faire mal. Mais j'ai dit non. Et j'avais 13 ans. Donc il n'y a aucun doute, c'Ă©tait un viol »[68].

En 2013, Samantha Geimer publie son autobiographie, La Fille : Ma vie dans l'ombre de Roman Polanski. Elle y revient sur la traque dont elle a fait l'objet, affirme que « ma mĂ©saventure avec Polanski ne m’a pas traumatisĂ©e, ni mentalement, ni physiquement » et ajoute « Si je devais choisir entre le viol et revivre ce qui s'est passĂ© aprĂšs, je choisirais le viol »[L3 10] - [68].

Elle confie correspondre ponctuellement par mail avec le cinĂ©aste depuis 2009 et s'exprime sur le pardon qu'on lui a « souvent reprochĂ© » : « Je ne souffre pas du syndrome de Stockholm. Je lui ai pardonnĂ© pour moi, pas pour lui. Tout le monde veut me voir traumatisĂ©e, brisĂ©e, mais c'Ă©tait il y a trente-six ans, maintenant, ça va, merci. Et tant pis si je ne suis pas la victime idĂ©ale, celles que veulent voir les mĂ©dias ou le procureur »[68]. Elle rĂ©vĂšle cependant qu'elle a poursuivi Polanski en 1988 aprĂšs la sortie de l'autobiographie du cinĂ©aste Roman par Polanski oĂč il revenait sur les Ă©vĂšnements en attĂ©nuant les faits et en omettant qu'il l'avait droguĂ©e. « Le procĂšs, c'Ă©tait une maniĂšre de lui dire : “Tais-toi” » affirme Samantha Geimer. En 1993, elle obtient 500 000 dollars de dommages et intĂ©rĂȘts. Polanski a interdiction d'Ă©voquer les Ă©vĂ©nements de 1977. Geimer, elle, s'engage Ă  « l'aider dans la mesure du possible Ă  rĂ©soudre ses problĂšmes lĂ©gaux avec les États-Unis », Ă  « ne pas exploiter commercialement cette histoire[69]. »

MĂ©diatisation de l'affaire

Soutiens et oppositions

En 2009, Ă  la suite de son arrestation Ă  Zurich, Roman Polanski reçoit trĂšs rapidement le soutien personnel d'une centaine de reprĂ©sentants du monde politique et artistique, notamment en France et en Pologne, les deux pays dont il a la nationalitĂ©, puis aux États-Unis[70]. La plupart des grands journaux amĂ©ricains approuvent cette arrestation, s'Ă©tonnant du soutien manifestĂ© au rĂ©alisateur, Ă©tonnement partagĂ© par une partie de la population amĂ©ricaine[71]. Ces soutiens soulĂšvent Ă©galement des oppositions et indignations dans l'opinion publique et la presse française[72] - [73]. FrĂ©dĂ©ric Mitterrand, alors ministre de la Culture, dĂ©nonce ce qu'il juge ĂȘtre une arrestation « Ă©pouvantable et complĂštement injuste » avant d'expliquer avoir rĂ©agi « sous le coup de l’émotion » Ă  la suite des rĂ©actions indignĂ©es provoquĂ©es par ses dĂ©clarations[74]. Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, dĂ©clare alors que Roman Polanski n'est « pas au dessus des lois »[75].

Une pĂ©tition rĂ©clamant sa libĂ©ration immĂ©diate est signĂ©e par de nombreux personnalitĂ©s du monde du cinĂ©ma, parmi lesquels Isabelle Adjani, Woody Allen, Martin Scorsese, Darren Aronofsky, David Lynch, Wes Anderson, Tilda Swinton, Pedro AlmodĂłvar, Guillermo del Toro, Harmony Korine, Michael Mann, Alfonso CuarĂłn, Jonathan Demme, Alexandre Desplat, Terry Gilliam, Stephen Frears, Thierry FrĂ©maux, Wim Wenders, Alejandro GonzĂĄlez Iñårritu, Julian Schnabel ou encore Wong Kar-wai[76] - [77] - [78]. L'acteur Michael Douglas et le rĂ©alisateur Luc Besson refusent quant Ă  eux de signer la pĂ©tition, ce dernier estimant que « la justice doit ĂȘtre la mĂȘme pour tout le monde »[79] - [80].

En 2018, dans le sillage de l'affaire Harvey Weinstein, Natalie Portman et Asia Argento expriment leurs regrets et leurs excuses pour la signature de cette pĂ©tition[81] - [82] Xavier Dolan fait de mĂȘme au moment de la sortie de son film Matthias et Maxime, parlant d'un « grand regret » et d'une « grande trahison dans [sa] vie »[83]. Le rĂ©alisateur continue cependant d'avoir de nombreux soutiens, Ă  l'instar de l'actrice Sigourney Weaver, que Polanski a dirigĂ©e dans La jeune fille et la mort, et qui estime que : « Le mouvement #MeToo demande que nous Ă©coutions ceux qui ont Ă©tĂ© victimes de harcĂšlement sexuel ou d’agression sexuelle – et de rĂ©ellement les Ă©couter. Alors, quand la victime de Roman nous demande Ă  tous d’aller de l’avant avec comprĂ©hension et compassion, je choisis de l’écouter »[84]. De son cĂŽtĂ©, l'actrice Catherine Deneuve a apportĂ© son soutien au rĂ©alisateur Ă  plusieurs reprises, estimant notamment que « la façon dont il a Ă©tĂ© traitĂ© est inadmissible. Il a plus que payĂ©. Je pense que dans cette histoire beaucoup de femmes sont aveuglĂ©es par leur fĂ©minisme et ne connaissent mĂȘme pas en dĂ©tail les faits juridiquement parlant »[85].

AprĂšs la publication du nouveau tĂ©moignage de Valentine Monnier en 2019, la journaliste Marine Turchi et l'universitaire Iris Brey, dans Mediapart, estiment que l'avis de Roman Polanski et de ses dĂ©fenseurs sur le tĂ©moignage de Samantha Geimer « a complĂštement effacĂ© le rĂ©cit de cette femme, jusqu’à ce que seules leurs voix Ă  eux rĂ©sonnent dans l’espace public », en vĂ©hiculant « de fausses dĂ©clarations » et en participant « Ă  une culture du viol »[20].

Conséquences et polémiques

Collage féministe à Paris en 2020 : « Polanski est un bon réalisateur. Au demeurant, c'est un pédocriminel fuyant la justice. »

L'affaire Polanski a suscité plusieurs polémiques.

Festival de Locarno

Le , Roman Polanski est invitĂ© Ă  recevoir un prix spĂ©cial lors de la 67e Ă©dition du Festival de Locarno oĂč il doit Ă©galement donner une leçon de cinĂ©ma[86]. Le , le cinĂ©aste renonce finalement Ă  sa participation par peur des « tensions et des controverses » Ă  la suite d'une campagne hostile lancĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux[87].

Académie des Césars

Le , l'Académie française des arts et techniques du cinéma désigne Roman Polanski comme président de la prochaine cérémonie des César[88]. Il décide cependant de décliner cet honneur le , des associations féministes ayant vivement protesté contre sa désignation, en raison de sa situation judiciaire. Une pétition a circulé, en faveur de sa destitution ainsi qu'un appel au boycott de l'évÚnement[89].

Samantha Geimer prend une nouvelle fois publiquement la dĂ©fense du rĂ©alisateur, s'insurgeant contre les associations fĂ©ministes qu'elle accuse d'utiliser son nom et son histoire sans son consentement afin, selon elle, de servir leurs propres intĂ©rĂȘts[90]. Elle dĂ©nonce Ă©galement l'acharnement dont ferait l'objet Polanski et accuse la justice amĂ©ricaine de chercher « Ă  couvrir ses propres erreurs »[91].

Rétrospective de la CinémathÚque française

Le , des associations fĂ©ministes s'insurgent contre la rĂ©trospective intĂ©grale des films de Roman Polanski, prĂ©vue du au par la CinĂ©mathĂšque française, et demandent son annulation[92]. Le , l'organisme culturel, prĂ©sidĂ© par le rĂ©alisateur Costa-Gavras, dĂ©nonce dans un communiquĂ© une demande de « censure pure et simple » et confirme le maintien de la rĂ©trospective, affirmant que l'Ɠuvre de Polanski est « plus que jamais indispensable »[93].

Le , jour de l'ouverture de la rĂ©trospective en prĂ©sence de Roman Polanski, quelques dizaines de personnes manifestent leur dĂ©sapprobation devant la CinĂ©mathĂšque[94] - [95]. Alors qu'il prĂ©sente Ă  l'intĂ©rieur son film D'aprĂšs une histoire vraie, le rĂ©alisateur dĂ©nonce les « zinzins » qui veulent dĂ©truire son Ɠuvre et Ă©voque un parallĂšle entre sa situation actuelle et les autodafĂ©s de 1933 en Allemagne[96].

Académie des Oscars

Le , dans le sillage de l'affaire Harvey Weinstein, Roman Polanski est exclu de l'AcadĂ©mie des Oscars en accord avec les nouvelles « normes de bonne conduite » de l’organisation.

Jan Olszewski, l'avocat polonais du rĂ©alisateur, qualifie cette dĂ©cision de « harcĂšlement », estime qu'elle « s'apparente Ă  de la maltraitance psychique Ă  l'encontre de notre client, une personne ĂągĂ©e », et ajoute que « Polanski n'a eu qu'un seul incident (de ce genre) dans sa vie, pour lequel il a Ă©tĂ© reconnu coupable, en a assumĂ© la responsabilitĂ©, et sa victime lui a pardonnĂ© »[97]. Roman Polanski a parallĂšlement qualifiĂ© le mouvement #MeToo d'« hystĂ©rie collective » et d'« hypocrisie »[98]. Le , le rĂ©alisateur dĂ©pose plainte contre l'AcadĂ©mie des Oscars qui, selon lui, n'aurait pas respectĂ© la procĂ©dure avant son exclusion, et fait part de son souhait d'y ĂȘtre rĂ©intĂ©grĂ©[99]. L'organisation estime cependant que la procĂ©dure d'exclusion a Ă©tĂ© faite dans les rĂšgles et maintient que sa dĂ©cision Ă©tait « appropriĂ©e »[100].

Mostra de Venise

En 2019, l'annonce de la sĂ©lection de son film J'accuse en compĂ©tition officielle Ă  la Mostra de Venise suscite Ă  nouveau la polĂ©mique. Le directeur artistique du festival, Alberto Barbera, dĂ©fend son choix, estimant qu'il est selon lui nĂ©cessaire de « sĂ©parer l’homme de l’artiste » et ajoute « les problĂšmes de Polanski avec la justice californienne et sa conscience sont ses problĂšmes personnels, mis Ă  part le fait que je pense qu’aprĂšs quarante ans de tribulations, il a payĂ© pour ce qu’il a fait. Mais pour moi, en tant que directeur de festival, ce qui compte, c’est qu’il a fait un grand film »[101]. De son cĂŽtĂ©, la prĂ©sidente du jury, la rĂ©alisatrice Lucrecia Martel reconnaĂźt sa gĂȘne et annonce qu'elle ne se rendra pas Ă  la soirĂ©e de projection officielle du film, soulignant cependant avoir fait des recherches sur l'affaire et avoir vu que « Polanski s'est conformĂ© aux demandes du tribunal, je ne peux donc pas le juger une fois que le tribunal a rendu son jugement »[102]. Elle affirme Ă©galement ne pas ĂȘtre opposĂ©e Ă  la sĂ©lection du film en compĂ©tition :

« Je n'ai pas l'intention d'honorer l'homme, mais je pense qu'il est juste que son film soit ici à ce festival. C'est difficile pour moi de juger un homme qui commet un crime de cette ampleur et qui est ensuite condamné et la victime qui se considÚre satisfaite de l'indemnisation. C'est difficile de définir la bonne approche à adopter avec les personnes qui ont commis certains actes et qui ont été jugées pour cela. Je pense que ces questions font partie du débat de notre époque[103]. »

Tribune de 114 avocates - 8 mars 2020

Le 8 mars 2020, journĂ©e internationale des droits de la femme, 114 avocates signent une tribune dans Le Monde oĂč elles rappellent que

« Roman Polanski a fait l’objet de plusieurs accusations publiques, parmi lesquelles une seule plainte judiciaire qui n’a donnĂ© lieu Ă  aucune poursuite : il n’est donc pas coupable. »

Ces avocates se proposent ainsi de dĂ©noncer ce qu'elles qualifient de « tribunal de l’opinion publique » Ă  l'encontre du cinĂ©aste. Elles rappellent que la prescription et le respect de la prĂ©somption d’innocence sont « les seuls remparts efficaces contre un arbitraire dont chacun peut, en ces temps dĂ©lĂ©tĂšres, ĂȘtre Ă  tout moment la victime[104] - [105]. » Cette tribune fait l'objet d'une polĂ©mique sur les rĂ©seaux sociaux et auprĂšs de personnalitĂ©s fĂ©ministes, comme Caroline De Haas, ou auprĂšs d'autres avocats, comme Me AriĂ© Alimi[106].

Autres accusations

Charlotte Lewis

Le , alors que Roman Polanski est assignĂ© Ă  rĂ©sidence Ă  la suite de son arrestation Ă  Zurich, l'actrice britannique Charlotte Lewis, l'accuse d'avoir abusĂ© d'elle « de la pire façon qui soit » en la forçant Ă  avoir une relation sexuelle avec lui lorsqu'elle avait 16 ans, en 1983[107] - [20]. Elle se serait confiĂ©e peu aprĂšs Ă  un ami, qui le confirme en 2010 dans une attestation remise Ă  la police[20]. Trois ans aprĂšs les faits allĂ©guĂ©s, Charlotte Lewis a tournĂ© dans le film de Polanski Pirates.

Me Georges Kiejman, l'un des avocats de Polanski, menace alors de poursuivre Lewis en justice pour ses accusations[108]. Trois jours plus tard, le quotidien Libération publie un entretien accordé par Charlotte Lewis au journal britannique News of the World en août 1999, dans lequel elle déclare :

« Je savais que Roman avait fait quelque chose de mal aux États-Unis, mais je voulais ĂȘtre sa maĂźtresse. [
] Je le dĂ©sirais probablement plus que lui ne me voulait. »

Dans cet entretien, il est prĂ©cisĂ© que Charlotte Lewis avait 17 ans lorsqu'elle a couchĂ© pour la premiĂšre fois avec Roman Polanski et que leur relation aurait durĂ© plus de six mois. Elle explique comment elle a commencĂ© dĂšs l'Ăąge de 14 ans Ă  avoir des relations sexuelles tarifĂ©es avec des hommes plus ĂągĂ©s et relate des voyages au Moyen-Orient en dĂ©crivant prĂ©cisĂ©ment son rĂŽle de prostituĂ©e et mentionne les noms d'autres cĂ©lĂ©britĂ©s avec lesquelles elle aurait eu une liaison[109]. Charlotte Lewis dĂ©ment avoir tenu ces propos et indique qu'elle en reste aux dĂ©clarations faites Ă  la police et qu'elle « [serait] heureuse d'ĂȘtre confrontĂ©e Ă  Roman Polanski, en face Ă  face, n'importe quand, n'importe oĂč dans le monde[20]. »

QuestionnĂ© par Paris Match fin 2019, le rĂ©alisateur rĂ©pond que l'accusation de Lewis est un « mensonge odieux » et que l'actrice a donnĂ© plusieurs entretiens Ă  la presse aprĂšs le tournage de Pirates dans lesquels elle lui rend hommage[110]. Il s'agit notamment d'un article paru dans France-Soir le Ă  l'occasion de la sortie du film dans lequel elle dĂ©clare : « Je dois tout Ă  Roman Polanski, Ă  Dieu et Ă  ma mĂšre qui m'a mise au monde. » À propos de sa rencontre avec Polanski, elle explique Ă©galement : « Une amie Ă  lui nous a prĂ©sentĂ©s. Il cherchait sa Dolores [nom du personnage incarnĂ© par Lewis dans le film]. Il me fit faire des essais. Et hop je fus engagĂ©e[111]. » Charlotte Lewis dĂ©pose plainte en diffamation contre Roman Polanski en pour les propos tenus Ă  son Ă©gard dans Paris Match[112].

Robin M.

Le , alors que Roman Polanski souhaite Ă  nouveau faire mettre un terme Ă  ses poursuites judiciaires, une femme identifiĂ©e sous le nom de « Robin M. » l'accuse de l'avoir agressĂ©e sexuellement en 1973, alors qu'elle avait 16 ans. « Robin » indique alors qu'elle sort de son silence parce que Samantha Geimer a demandĂ© de clore son dossier deux mois plus tĂŽt, pour « que le monde et Samantha sache qu’elle n’est pas la seule victime de Polanski et [qu'elle n'est] pas passĂ©e Ă  autre chose »[20]. L'avocat du cinĂ©aste, Me Harland Braun, dĂ©clare avoir rapportĂ© les accusations Ă  son client, qui lui a rĂ©pondu qu’il ne savait pas « de quoi il s’agissait », et dĂ©nonce « une tentative d’influencer le juge Gordon », chargĂ© du dossier de 1977 que Roman Polanski tente une nouvelle fois de clĂŽturer[113]. Robin M. et Charlotte Lewis, qui ont la mĂȘme avocate, ne dĂ©posent pas plainte contre Polanski.

Renate Langer

Le , poussĂ©e par le tĂ©moignage de « Robin M. » quelques semaines plus tĂŽt, une ancienne actrice allemande, Renate Langer (de), dĂ©pose une plainte en Suisse et affirme avoir Ă©tĂ© violĂ©e par le rĂ©alisateur dans sa maison de Gstaad alors qu'elle avait 15 ans ; un mois plus tard, il l'aurait appelĂ©e pour s'excuser, lui offrant Ă©galement un rĂŽle, qu'elle accepte, dans son film Quoi ?[114] - [20]. La police suisse annonce alors ouvrir une enquĂȘte[115] avant de dĂ©clarer prescrites les accusations[116]. Renate Langer explique avoir dĂ©cidĂ© de parler en grande partie parce que ses parents n’étaient dĂ©sormais plus en vie, aprĂšs s'ĂȘtre confiĂ©e Ă  son petit ami plusieurs annĂ©es aprĂšs les faits[20]. Polanski dĂ©clare : « C'est vraiment n'importe quoi [
] Je n'ai aucun souvenir de sa prĂ©sence sur le tournage[110]. »

Marianne Barnard

Le 20 octobre 2017, Marianne Barnard, une artiste de Santa Barbara, affirme dans un entretien avec le tabloĂŻd britannique The Sun avoir Ă©tĂ© abusĂ©e par Roman Polanski en 1975 alors qu'elle avait dix ans, lors d'une sĂ©ance photo. Les faits qu'elle mentionne se seraient produits sur une plage de Malibu oĂč elle avait Ă©tĂ© amenĂ©e par sa mĂšre, qu'elle soupçonne d'avoir arrangĂ© la rencontre[117]. Dans une sĂ©rie de messages postĂ©s sur son compte Twitter, Barnard dĂ©crit Polanski comme Ă©tant un « disciple de Satan »[118]. Dans l'interview donnĂ© Ă  Paris Match, Polanski qualifie cette accusation de « tragi-comique » et d' « absurde ». Il s'Ă©tonne que personne n'ait « demandĂ© des comptes » Ă  la mĂšre de Barnard pour avoir prĂ©tendument « vendu sa fille Ă  un pervers » et indique que le frĂšre de cette femme « a dĂ©clarĂ© sur des documents officiels qu'elle avait dĂ©jĂ  accusĂ© son pĂšre de l'avoir violĂ©e et qu'elle a fait deux sĂ©jours en hĂŽpital psychiatrique[110]. »

Le , la presse rapporte que Roman Polanski a dĂ©posĂ© plainte pour diffamation contre Matan Uziel, responsable de la mise en ligne d'une plateforme intitulĂ©e « I Met Polanski » (« J'ai rencontrĂ© Polanski ») et chargĂ©e de recueillir de façon anonyme et chiffrĂ©e des tĂ©moignages d'autres victimes potentielles du rĂ©alisateur[119] - [120]. Uziel a Ă©tĂ© la premiĂšre personne Ă  entrer en contact avec Marianne Barnard. Celle-ci affirme que Matan Uziel serait un « intimidateur abusif » et l'accuse de l'avoir harcelĂ©e aprĂšs avoir refusĂ© de tĂ©moigner en sa faveur lors de son procĂšs contre Polanski[121] - [122]. Elle estime Ă©galement que la demande d'Uziel Ă©tait un piĂšge pour la faire venir en IsraĂ«l et faire d'elle un « donneur d'organes involontaire »[123]. Le , le tabloĂŻd The Sun rapporte que cinq femmes (ĂągĂ©es de 9 Ă  15 ans selon les tĂ©moignages), sous couvert d'anonymat, et Mallory Millett (29 ans Ă  l'Ă©poque des faits prĂ©sumĂ©s), ancienne actrice, auraient affirmĂ© sur la plateforme de Matan Uziel avoir Ă©tĂ© agressĂ©es sexuellement par le rĂ©alisateur[124] contre la promesse d'une rĂ©compense de vingt mille dollars. Uziel dĂ©clare ĂȘtre Ă  la recherche « des informations et des preuves pour aider Ă  prouver ces accusations » et promet la rĂ©compense, qu'il avoue pourtant ne pas pouvoir payer, Ă  quiconque puisse lui fournir un « tuyau » suffisamment solide pour incriminer Polanski[119]. L'avocat de ce dernier, HervĂ© TĂ©mime, parle d'une « dĂ©rive gravissime » Ă  propos des allĂ©gations relayĂ©es par le site : « Un site qui lĂšve des fonds, pour inciter Ă  la dĂ©lation, on dĂ©passe toutes les limites de l'acceptable ! La fin ne saurait justifier tous les moyens. Je suis trĂšs gĂȘnĂ© par cette atmosphĂšre de chasse Ă  l'homme[119]. » Alors que Roman Polanski rĂ©clamait Ă  Uziel 1,5 million de shekels, somme qu'il comptait reverser dans son intĂ©gralitĂ© Ă  des associations israĂ©liennes de victimes de la Shoah[120], il abandonne finalement les poursuites en , aprĂšs que la justice israĂ©lienne lui a demandĂ© de venir tĂ©moigner sur place, pour ne pas risquer d'ĂȘtre arrĂȘtĂ© et extradĂ© vers les États-Unis[125]. Polanski se voit alors condamnĂ© par la justice israĂ©lienne Ă  payer Ă  Uziel vingt mille shekels (soit environ cinq mille quatre-cents dollars), somme destinĂ©e Ă  couvrir ses frais de justice[126].

Dans un droit de réponse publié sur Vanity Fair le , Roman Polanski conteste, à l'exception de celle concernant Samantha Geimer, toutes les accusations « sans fondement » dont il fait l'objet[127].

Valentine Monnier

Le , Valentine Monnier, photographe française, accuse Roman Polanski de l'avoir violĂ©e brutalement dans son chalet de Gstaad en 1975, alors qu'elle Ă©tait ĂągĂ©e de 18 ans[128]. Selon la journaliste Catherine Balle qui dit avoir menĂ© une longue enquĂȘte avant de publier le tĂ©moignage de Valentine Monnier dans Le Parisien[129], les accusations de cette derniĂšre sont corroborĂ©es par plusieurs personnes, dont une connaissance de Polanski qui Ă©tait Ă  Gstaad Ă  cette pĂ©riode. L'homme, qui tĂ©moigne sous anonymat dans le journal affirme : « J’ai rencontrĂ© Valentine Monnier en compagnie de Polanski entre fin janvier et dĂ©but mars 1975. AprĂšs avoir dĂźnĂ© et skiĂ© ensemble avec un groupe pendant un ou deux jours, elle m’a appelĂ© et demandĂ© si elle pouvait venir chez moi. Elle avait l’air bouleversĂ©e. Quand elle est arrivĂ©e dans mon chalet, je crois me souvenir qu’elle avait un bleu sur la joue. Puis, elle m’a dit qu’elle venait d’ĂȘtre brutalement violĂ©e par Polanski. [
] J’ai demandĂ© Ă  Valentine si elle voulait aller voir la police. Sous le choc, elle ne savait pas quoi faire[130]. »

Polanski réagit :

« Je n'ai Ă©videmment aucun souvenir de ce qu'elle raconte, puisque c'est faux. Je le nie absolument. Son visage sur les photos publiĂ©es me dit quelque chose, pas plus. Elle raconte qu’une amie l’avait invitĂ©e Ă  passer quelques jours chez moi, mais elle ne se souvient plus qui c’était! C’est facile d’accuser quand tout est prescrit depuis des dizaines d’annĂ©es, et lorsqu’on est certain qu’il ne peut y avoir de procĂ©dure judiciaire pour me disculper[131]. »

Le cinĂ©aste s'Ă©tonne par ailleurs que Valentine Monnier puisse affirmer qu'il s'est adressĂ© Ă  elle en anglais, alors qu'ils sont tous deux francophones. Il relĂšve que les tĂ©moins citĂ©s ne sont qu'indirects — dont un bizarrement anonyme (« Que craint-il ? ») — ou dĂ©cĂ©dĂ©s (« C'est commode, ils ne peuvent plus confirmer ni rĂ©futer les propos qu'elle leur prĂȘte ») ou introuvables (Elizabeth Brach)[110].

À la suite de la rĂ©action de Polanski dans Paris Match, la journaliste Catherine Balle rappelle qu'elle s'est entretenue avec cinq personnes qui confirment que Valentine Monnier leur a racontĂ©, avec un rĂ©cit inchangĂ© depuis des annĂ©es, avoir Ă©tĂ© violĂ©e par Roman Polanski. Deux d'entre elles ont reçu les confidences de la jeune femme au cours des mois qui ont suivi sa venue Ă  Gstaad en 1975. Par ailleurs, selon la rĂ©daction, tous les tĂ©moins ont signĂ© au Parisien une attestation et se sont engagĂ©s Ă  tĂ©moigner si l'accusation de Valentine Monnier prenait une tournure judiciaire[132].

Néanmoins, Paris Match révÚle aussi une incohérence dans la chronologie du récit de Valentine Monnier, celle-ci ayant été aperçue, quelques mois aprÚs son agression à Gstaad, dans un restaurant à Los Angeles en compagnie de Roman Polanski :

"Los Angeles, fin aoĂ»t 1975. Roman Polanski dĂ©jeune avec Warren Beatty au restaurant de l’hĂŽtel Beverly Wilshire. Ce luxueux Ă©crin est un refuge pour les deux hommes: Beatty y loue un penthouse Ă  l’annĂ©e et Polanski y dort chaque fois qu’il passe dans cette ville maudite. « Valentine Monnier est entrĂ©e pour saluer Roman, raconte aujourd’hui Catherine Paganessi. Elle l’a embrassĂ©, ils ont discutĂ© pendant trois minutes en souriant. Ils se connaissaient. » Cette ancienne amie de Valentine, comme de Roman, dĂ©voile la scĂšne en ouvrant grand les yeux, sa maniĂšre de signifier son incomprĂ©hension face aux accusations portĂ©es par Valentine Monnier quarante quatre ans plus tard. « Je n’étais pas dans le chalet de Gstaad, certes, mais des retrouvailles si chaleureuses m’étonnent, peu de mois aprĂšs avoir subi un viol tellement violent. » Elle ajoute: « Valentine avait Ă©voquĂ© Gstaad sans sous-entendre quoi que ce soit de suspect. »[133]

Notes et références

Roman par Polanski

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The Girl : A Life in the Shadow of Roman Polanski

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Autres

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Articles connexes

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