Affaire GĂ©rard Depardieu
L'affaire Gérard Depardieu est une affaire judiciaire à la suite d'une accusation, en août 2018, de viol et de harcèlement sexuel, par la comédienne Charlotte Arnould à l'encontre de Gérard Depardieu, alors qu’elle était âgée de 22 ans. En décembre 2020, l'acteur est mis en examen pour « viols » et « agressions sexuelles ».
Affaire GĂ©rard Depardieu | |
GĂ©rard Depardieu (2016) | |
Fait reproché | Viol Agressions sexuelles |
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Pays | France |
Ville | Paris |
Date | 2018 |
Nombre de victimes | 1 plainte pour viol, 13 témoignages pour harcèlement sexuel. |
Jugement | |
Statut | instructions en cours |
En avril 2023, la journaliste Marine Turchi publie dans Mediapart, le témoignage de 13 femmes qui accusent Gérard Depardieu de violences sexuelles lors de tournages de 11 films entre 2004 et 2022. Trois de ces femmes apportent leur témoignage à la justice en soutien à Charlotte Arnould. Gérard Depardieu conteste les accusations.
Historique
Précédents
Mediapart et Arrêt sur images relèvent que Gérard Depardieu tient depuis au moins 1978 des propos choquants, malaisants ou violents sur le viol, le sexe et les femmes, sans que les médias français ne lui en tiennent rigueur[1] - [2]. L'acteur a lui-même évoqué des viols dont il aurait été l'auteur dans une interview pour le magazine américain spécialisé Film Comment en 1977, en évoquant son adolescence à Châteauroux dans les années 1950[2]. Ces propos passent alors inaperçus en France et font peu de vagues aux États-Unis, puis sont exhumés en 1991 par le magazine américain Time dans une nouvelle interview : Gérard Depardieu confirme alors ses propos selon la transcription, ce qui suscite cette fois un scandale aux États-Unis, à la suite duquel l'intéressé plaide une erreur de traduction, indiquant avoir seulement « assisté » et non « participé » à des viols[2]. Les médias français s'indignent quant à eux du traitement réservé à Depardieu par leurs confrères américains, alors qu'approche la 63e cérémonie des Oscars pour lesquels l'acteur espère obtenir le trophée du meilleur acteur[3] - [2]. L’enregistrement intégral de l’époque reste introuvable[4].
Mise en examen pour viol
En août 2018, Gérard Depardieu est accusé de viol et de harcèlement sexuel par une comédienne qui rapporte que ce dernier a abusé d'elle quelques semaines auparavant au domicile parisien de l'acteur, alors qu’elle était âgée de 22 ans. L'enquête est finalement classée sans suite neuf mois plus tard[5] - [6] - [7]. En juin 2019, la plaignante dépose une plainte avec constitution de partie civile, ce qui entraîne généralement l'ouverture d'une information judiciaire, ce qui est fait en juillet 2020, avec la nomination d'un juge d'instruction[8]. Il est mis en examen le [9]. La plaignante révèle l’année suivante être l'actrice Charlotte Arnould[10]. En mars 2022, la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris rejette la requête en nullité de la mise en examen de Gérard Depardieu, considérant que les indices apportés par l’actrice sont « suffisamment graves ou concordant pour justifier la demeure de la mise en examen »[11].
Gérard Depardieu, défendu par Hervé Temime, conteste ces accusations : « Il n’y a aucune preuve, il n’y a rien contre moi et donc je suis très serein »[12].
TĂ©moignage de 13 femmes pour des violences sexuelles
En avril 2023, la journaliste Marine Turchi de Mediapart publie le témoignage de 13 femmes (comédiennes, maquilleuses ou techniciennes) qui accusent Gérard Depardieu de violences sexuelles lors de 11 tournages de film entre 2004 et 2022 ou dans des lieux extérieurs ainsi que l'observation de certains témoins des agressions[13] - [5]. À travers les témoignages, un même « mode opératoire » se fait jour. Les victimes alléguées indiquent avoir subi une « main dans leur culotte, à leur entrejambe, à leurs fesses ou bien sur leur poitrine ; des propos sexuels obscènes, aussi, parfois des grognements insistants »[14].
Trois de ces femmes ont décidé d'apporter leur témoignage à la justice, mais sans porter plainte essentiellement par peur des conséquences sur leur carrière dans le milieu du cinéma[14] - [15]. Mediapart mentionne « l’asymétrie entre, d’un côté, des femmes souvent jeunes, précaires, débutant leur carrière, et de l’autre, un acteur mondialement connu, dont la seule présence permet parfois de financer le film »[16].
Gérard Depardieu nie toute culpabilité pénale et se décrit comme un homme qui « aime courtiser » [17].
Omerta dans le milieu du cinéma français
La réalisatrice Andréa Bescond indique, en avril 2023, être informée de ces agressions sexuelles : « c’est une omerta qui dure depuis des décennies dans le milieu du cinéma français » [5]. Les agressions sexistes et sexuelles répétées de Gérard Depardieu sont « tolérées », voire accueillies par des rires. Quand sur un plateau, certaines osaient se plaindre, une réponse fusait « Oh ça va, c’est Gérard ! »[14] - [18] - [6].
La journaliste Marine Turchi de Mediapart constate que les silences des équipes sur les plateaux de cinéma et de la production « interrogent la complaisance dont aurait bénéficié » Gérard Depardieu [19] - [1]. Parmi les réalisateurs contactés par Mediapart, un seul reconnait avoir été informé du comportement de celui-ci sur un tournage. Ainsi Fabien Onteniente affirme avoir réprimandé Gérard Depardieu pour une « main aux fesses » sur une actrice pendant le tournage de Turf, en 2013 [18].
Plusieurs personnalités du cinéma français comme Patrice Leconte, Jean-Louis Livi ayant travaillé avec l'acteur sur le film Maigret ou Josée Dayan apportent leurs soutiens à l'acteur[20].
RĂ©actions
La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, constate en avril 2023 que cette affaire est « dans la continuité du Mouvement #MeToo qui a commencé avec le cinéma », et appelle à « respecter cette parole qui se libère » tout en rappelant la présomption d’innocence de l'acteur[21]. Pour sa part la réalisatrice et comédienne Andréa Bescond demande, la disparition du nom et du visage de Gérard Depardieu sur les affiches[5].
La société des réalisatrices et réalisateurs de films mentionne le courage des femmes qui ont témoigné et demande aux cinéastes, producteurs et techniciens de « redoubler de vigilance », en effet ces derniers sont responsables de ce qui se passe sur les plateaux. En revanche, la société des réalisatrices et réalisateurs refuse d'indiquer : « Ne tournez plus avec Gérard Depardieu », et rappelle que c'est à la justice de donner une suite à cette affaire[22].
À la suite des révélations de Mediapart dans l'affaire Gérard Depardieu, les producteurs Zinc. et Oliver-Frost Films du film Umami décident de maintenir sa sortie en mai 2023, mais Gérard Depardieu, pourtant acteur principal, « n’est pas associé » à la promotion de celui-ci [23].
Références
- Marine Turchi, « Gérard Depardieu, une complaisance française », sur mediapart.fr, (consulté le ).
- Pauline Bock, « Violences sexuelles : Depardieu, "monstre sacré" des médias », sur arretsurimages.net, (consulté le ).
- « En 1991, Depardieu essuyait déjà une tempête en raison de ses propos sur le viol », Le Figaro, (consulté le ).
- « Plainte pour viols et casserolades… Tout comprendre à l’affaire Depardieu », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
- Albane Guichard et Louise Wessbecher, « Affaire Gérard Depardieu : pour Andréa Bescond, « c’est une omerta qui dure depuis des décennies » », HuffPost,‎ (lire en ligne).
- (en) « Gerard Depardieu: French actor faces new sexual assault allegations », BBC,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Accusations de viol visant Gérard Depardieu : le parquet demande l'ouverture d'une enquête », sur lejdd.fr (consulté en ).
- « Gérard Depardieu accusé de viol: l'enquête est relancée », sur rtl.be, (consulté le ).
- « Gérard Depardieu mis en examen en décembre pour « viols » et « agressions sexuelles » », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- « La comédienne Charlotte Arnould affirme avoir été violée par Gérard Depardieu », sur liberation.fr (consulté le ).
- « Gérard Depardieu reste mis en examen pour « viols » et « agressions sexuelles » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « « Je suis innocent » : mis en examen pour viol et agressions sexuelles, Gérard Depardieu se défend », L'Obs,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Marine Turchi, « Violences sexuelles : 13 femmes accusent Gérard Depardieu », Mediapart,‎ (lire en ligne).
- « Gérard Depardieu accusé par treize femmes de violences sexuelles dans une enquête de « Mediapart » », Le Monde,‎ (lire en ligne).
- « Violences sexuelles : Gérard Depardieu visé par de nouvelles accusations pour des faits commis sur des tournages », France Info,‎ (lire en ligne).
- Léna Coulon, « #Metoo Gérard Depardieu accusé de violences sexuelles par treize femmes », Libération,‎ (lire en ligne).
- (en) Nardine Saad, « Gérard Depardieu denies criminality after 13 women allege sexual assault, harassment », Los Angeles Times,‎ (lire en ligne).
- (es) Luisa Corradini, « Gérard Depardieu: por qué existe una « tolerancia social » en Francia ante las reiteradas denuncias de abuso sexual contra el actor », La Nación,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Violences sexuelles : ce que l'on sait des nouvelles accusations contre Gérard Depardieu », france Info,‎ (lire en ligne).
- Catherine Balle, « Gérard Depardieu accusé de violences sexuelles : l’acteur est-il grillé ou intouchable ? », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Gérard Depardieu accusé d’agressions sexuelles : « Il faut respecter la force de cette parole qui se libère », affirme Rima Abdul Malak », Public Sénat,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Cécile Marchand Ménard, « Dire ne tournez plus avec Gérard Depardieu, ce n’est pas notre rôle », Télérama,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Affaire Depardieu : Zinc fait le point sur la sortie d’Umami », sur BoxOffice, (consulté le ).