AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Tibet depuis 1950

L'histoire du Tibet depuis 1950 a Ă©tĂ© marquĂ©e par l'intervention militaire de l’armĂ©e populaire de libĂ©ration en 1950-51.

Le Tibet a proclamé son indépendance vis-à-vis de la république de Chine en 1913 aprÚs avoir expulsé les autorités chinoises l'année précédente. Le 13e dalaï-lama a continué à diriger cette nation indépendante de facto en assumant à la fois le pouvoir politique et le pouvoir spirituel. Une caractéristique particuliÚre du Tibet était l'interpénétration de la religion et de la politique dans l'histoire du pays depuis l'introduction de bouddhisme au VIIe siÚcle.

Avec un tel entrelacs de la politique et de la religion, un changement significatif de l'un influença nécessairement l'autre et en définitive, la culture dans son ensemble. Cette relation est évidente avec l'intervention de l'armée populaire de libération en 1950 et la domination du Tibet par la république populaire de Chine qui s'est ensuivi, avec aujourd'hui le contrÎle de toute la région par la Chine. Si l'on met de cÎté les revendications historiques de la Chine sur le Tibet et les réclamations historiques de la terre du Tibet, il est devenu évident que depuis 1950 des changements culturels majeurs ont lieu dans toute la région. Les Chinois ont apporté des écoles et des hÎpitaux modernes, le servage et l'esclavage ont été abolis, et la réforme agraire a été instaurée. Cependant, les efforts de modernisation ont aussi eu pour résultat la destruction virtuelle du riche patrimoine de la région, telle que la destruction de la majorité des monastÚres bouddhistes pendant la révolution culturelle, et la répression du bouddhisme en général par le gouvernement communiste.

Les sources chinoises mettent gĂ©nĂ©ralement en avant un progrĂšs vers une sociĂ©tĂ© prospĂšre et libre au Tibet, dont les piliers sont le dĂ©veloppement Ă©conomique, l'avancement des lois, et l'Ă©mancipation des paysans. Ces affirmations ont Ă©tĂ© cependant mises en question par les organisations de droits de l’homme indĂ©pendantes, le Gouvernement tibĂ©tain en exil et quelques TibĂ©tains du Tibet, qui accusent le gouvernement chinois du gĂ©nocide au Tibet, et font des comparaisons avec l’Allemagne nazie[1]. La doctrine officielle de la RPC classifie les TibĂ©tains comme un de ses 56 groupes ethniques reconnues appartenant au grand Zhonghua minzu ou nation chinoise multiethnique. Warren W. Smith Jr, historien du droit et animateur au service tibĂ©tain de Radio Free Asia[2] - [3] - [4] dont le travail s’est focalisĂ© sur l'histoire et sur la politique tibĂ©taines aprĂšs avoir passĂ© cinq mois au Tibet en 1982, dĂ©peint les Chinois comme chauvins qui se considĂšrent comme supĂ©rieurs aux TibĂ©tains, et affirme que les Chinois utilisent la torture, la coercition et la famine pour contrĂŽler les TibĂ©tains[5].

Le Tibet sous administration de la république populaire de Chine

Expulsion des Chinois (1949)

En 1949, voyant que les communistes gagnent le contrÎle de la Chine, le Kashag expulse entre 300 et 400 Han liés au gouvernement chinois, sous les protestations à la fois du Kuomingtang et des Communistes[6]. Il ne reste plus à Lhassa qu'une poignée de marchands chinois ainsi que quelques bouchers hui[7].

Intervention militaire chinoise (1950-1951)

Ni la rĂ©publique de Chine ni la rĂ©publique populaire de Chine n’ont jamais renoncĂ© Ă  la revendication de la souverainetĂ© de la Chine sur le Tibet. Le gouvernement communiste chinois, qui a pris le pouvoir au mois d', ne perd pas de temps pour rĂ©affirmer la prĂ©sence chinoise au Tibet. Au mois de , le gouvernement du Royaume-Uni dĂ©clare Ă  la Chambre des communes que le gouvernement de sa majestĂ© « a toujours Ă©tĂ© prĂȘt Ă  reconnaĂźtre la suzerainetĂ© chinoise sur la Tibet, mais seulement dans la mesure oĂč le Tibet est considĂ©rĂ© comme autonome »[8]. Le [9], l’armĂ©e populaire de libĂ©ration envahit le secteur tibĂ©tain de Chamdo. Le grand nombre d'unitĂ©s de l’APL entoure rapidement les forces tibĂ©taines moins nombreuses, et avant le , 5000 troupes tibĂ©taines se rendent[9].

Accord en 17 points (1951)

En 1951, les représentants des autorités tibétaines, avec l'autorisation du dalaï-lama[10], participent aux négociations avec le gouvernement chinois à Pékin. Ces pourparlers débouchent sur l'Accord en 17 points qui affirme la souveraineté de Chine sur le Tibet. L'accord est ratifié à Lhassa quelques mois plus tard[11]. En plus de reconnaßtre la souveraineté chinoise pour la premiÚre fois dans l'histoire tibétaine (point 1), les Tibétains sont tenus désormais d'aider les troupes et les cadres de l'APL à occuper pacifiquement le Tibet (point 2). Les Tibétains acceptent également de renoncer à s'occuper des affaires étrangÚres, de la défense des frontiÚres et du commerce du Tibet (point 14) et acceptent que l'armée tibétaine soit progressivement incorporée dans l'APL, quoique sans qu'une échéance précise soit fixée (point 8). Ils acceptent également le retour du panchen-lama au Tibet (points 5 et 6) et la création d'une nouvelle entité administrative, le Comité administratif militaire (point 15), distinct du gouvernement local tibétain et soumis au gouvernement populaire central. Le texte contient également une déclaration mettant fin officiellement à la monnaie tibétaine. Le texte de l'accord reconnait le droit à l'autonomie régionale et le maintien du systÚme politique et du statut du dalaï-lama (points 3 et 4), la liberté religieuse et le maintien des revenus du clergé bouddhiste (point 7)[12] - [13] - [14].

Incorporation du Tibet politique Ă  la Chine

DĂšs le dĂ©but, il Ă©tait Ă©vident que l’incorporation du Tibet politique Ă  la Chine communiste amĂšnerait deux systĂšmes sociaux opposĂ©s dans un face Ă  face[15]. Au Tibet occidental cependant les communistes chinois ont optĂ© pour ne pas donner Ă  la rĂ©forme sociale une prioritĂ© immĂ©diate. Au contraire, de 1951 Ă  1959, la sociĂ©tĂ© tibĂ©taine traditionnelle avec ses seigneurs et ses propriĂ©tĂ©s seigneuriales a continuĂ© Ă  fonctionner inchangĂ©e[15]. MalgrĂ© la prĂ©sence de vingt mille soldats de l’APL au Tibet central, le gouvernement du dalaĂŻ-lama a Ă©tĂ© autorisĂ© Ă  maintenir des symboles importants de sa pĂ©riode d’indĂ©pendance de facto[15] - [14].

Cependant, l'est du Kham et l’Amdo (Qinghai) ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s par les Chinois comme Ă©tant hors de l'administration du gouvernement du Tibet Ă  Lhassa, et ont Ă©tĂ© ainsi traitĂ©s comme les autres provinces chinoises avec la politique de redistribution de terre mise en pleine exĂ©cution. La plupart des terres ont Ă©tĂ© prises aux nobles et aux monastĂšres et redistribuĂ©es aux serfs. La rĂ©gion tibĂ©taine Ă  l’est du Kham, prĂ©cĂ©demment dĂ©nommĂ© province du Xikang, a Ă©tĂ© incorporĂ©e Ă  la province de Sichuan. L'ouest du Kham a Ă©tĂ© placĂ© sous le ComitĂ© militaire de Chamdo. Dans ces secteurs, la rĂ©forme agraire a Ă©tĂ© appliquĂ©e. Cela impliqua des agitateurs communistes qui dĂ©signaient des « propriĂ©taires » — quelquefois arbitrairement choisis — pour humiliation publique lors des soi-disant "sĂ©ances de lutte" [16] avec torture, mutilation, et mĂȘme la mort[17] - [18]. Ce ne fut qu'aprĂšs 1959 que la Chine a commencĂ© Ă  appliquer les mĂȘmes mĂ©thodes au Tibet central[19] - [20].

Les Chinois ont construit des routes qui ont atteint Lhassa, et les ont ensuite Ă©tendues jusqu’aux frontiĂšres avec l’Inde le NĂ©pal et le Pakistan. L'aristocratie et le gouvernement tibĂ©tains traditionnels sont restĂ©s en place et ont Ă©tĂ© subventionnĂ©s par le gouvernement chinois[15].

« Notification de police : Interdiction de répandre des pensées ou des objets malsains ». Inscription trilingue (tibétain - chinois - anglais) au-dessus d'un café dans la ville de Nyalam, Tibet, en 1993.

Rébellions dans les années 1950

En 1956, il y eut une agitation dans le Kham et l'est de l’Amdo, oĂč la rĂ©forme agraire avait Ă©tĂ© mise pleinement en application. Des rĂ©bellions ont Ă©clatĂ© et finalement ont diffusĂ© dans le Kham occidental et l’U-Tsang (Tibet central). Dans certaines parties du pays, les Communistes ont essayĂ© d'Ă©tablir des communes rurales, comme cela avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© dans toute la Chine.

Une rĂ©volte en Amdo en 1958 est mise au pas par l’armĂ©e chinoise. À la suite de l’instauration des communes dans le cadre du Grand Bond en avant, les habitants souffrent de la famine [21].

Une rĂ©bellion contre l'occupation chinoise a Ă©tĂ© menĂ©e par les nobles et les monastĂšres et a Ă©clatĂ© dans l’Amdo et l'est du Kham au mois de . L'insurrection, soutenue par la CIA amĂ©ricaine[22], s’est finalement Ă©tendue jusqu’à Lhassa.

Le mouvement de rĂ©sistance tibĂ©tain a commencĂ© par une rĂ©sistance isolĂ©e au contrĂŽle de la RPC Ă  la fin des annĂ©es 1950. Au dĂ©but, il connut un succĂšs considĂ©rable et avec le soutien et l’aide de la CIA, une bonne partie de Tibet du sud passa aux mains tibĂ©taines. Pendant cette campagne, des dizaines de milliers de TibĂ©tains ont Ă©tĂ© tuĂ©s[23].

En 1959, la sĂ©vĂšre rĂ©pression des militaires chinois sur les rebelles dans le Kham et l’Amdo a menĂ© au soulĂšvement tibĂ©tain de Lhassa. La rĂ©sistance de grande envergure diffusa Ă  travers le Tibet. Craignant l’arrestation du dalaĂŻ-lama, des TibĂ©tains non armĂ©s ont entourĂ© sa rĂ©sidence, moment auquel le dalaĂŻ-lama s’est enfui[24] avec, selon certains, l’aide de la CIA en Inde[25]. Les Chinois ont utilisĂ© le panchen-lama (qui Ă©tait pratiquement leur prisonnier[26]) comme personnalitĂ© de prestige Ă  Lhassa, affirmant qu'il dirigeait le gouvernement lĂ©gitime du Tibet en l'absence du dalaĂŻ-lama, le dirigeant traditionnel du Tibet[27].

AprĂšs ceci, les forces de la rĂ©sistance ont opĂ©rĂ© au NĂ©pal. Les opĂ©rations ont continuĂ© depuis le royaume semi-indĂ©pendant du Mustang avec une force de 2000 rebelles, beaucoup d'entre eux ont Ă©tĂ© entraĂźnĂ©s Ă  Camp Hale prĂšs de Leadville, États-Unis[28]. La guĂ©rilla a continuĂ© dans d’autres parties du pays pendant plusieurs annĂ©es.

Le , Purshottam Trikamdas, avocat (Senior Advocate), de la Cour suprĂȘme de l'Inde, a prĂ©sentĂ© un rapport sur le Tibet Ă  la Commission internationale de juristes (une ONG), suggĂ©rant la survenu d’un gĂ©nocide[29].

En 1969, à la veille des ouvertures vers la Chine de Kissinger, le soutien américain a été retiré et le gouvernement népalais a démonté l'opération.

Les années 1960

Le Grand Bond en avant (1959–62) de Mao mena Ă  une famine au Tibet (1960-1962). "Dans de nombreuses rĂ©gions du Tibet, les habitants sont morts de faim. Des familles entiĂšres ont pĂ©ri et le taux de mortalitĂ© est extrĂȘmement Ă©levĂ©", selon un rapport confidentiel du panchen lama envoyĂ© au premier ministre chinois Zhou Enlai en 1962[30]. " Le Tibet vivait autrefois un Ăąge obscur de fĂ©odalisme barbare, mais il n'y a jamais eu de telles pĂ©nuries de nourriture, notamment aprĂšs l'essor du bouddhisme.... Au Tibet de 1959 Ă  1961, depuis deux ans presque tous les Ă©levages et les cultures sont arrĂȘtĂ©s. Les nomades n'ont pas de grain pour manger et les agriculteurs n'ont ni viande, ni beurre, ni sel" continuait le report[30].

Le Administration centrale tibĂ©taine a affirmĂ© que le nombre de TibĂ©tains morts, depuis 1950, de faim, de violence, ou d’autres causes indirectes est approximativement de 1.2 million[31]. Le Parti communiste chinois (CCP) dĂ©ment cela. Son nombre officiel de morts enregistrĂ© pour toute la Chine pour les annĂ©es du grand bond en avant est de 14 millions, mais des universitaires ont estimĂ© le nombre des victimes de la famine entre 20 et 43 millions[32].

À propos de l'enquĂȘte menĂ©e par le gouvernement de Dharamsala sur le nombre et la rĂ©partition des dĂ©cĂšs de TibĂ©tains, Patrick French dĂ©clare qu'elle « Ă©tait inutilisable d'un point de vue statistique et trĂšs loin de satisfaire aux exigences occidentales en la matiĂšre » [33]. Patrick French reprenant les Ă©tudes de Warren W. Smith Jr, considĂšre qu'environ « 500 000 TibĂ©tains sont directement morts Ă  cause de la politique appliquĂ©e au Tibet par la rĂ©publique populaire de Chine»[34].

MalgrĂ© les affirmations des Chinois selon lesquelles la plupart des dommages aux institutions du Tibet sont survenues pendant la rĂ©volution culturelle (1966–1976), il est Ă©tabli que la destruction de la plupart des 6000 monastĂšres du Tibet s’est dĂ©roulĂ©e entre 1959 et 1961[35]. Au milieu des annĂ©es 1960, les propriĂ©tĂ©s monastiques ont Ă©tĂ© brisĂ©es et une Ă©ducation laĂŻque a Ă©tĂ© introduite. Pendant la rĂ©volution culturelle, les gardes rouges, qui comprenaient aussi des membres tibĂ©tains[36], ont infligĂ© une campagne de vandalisme organisĂ©e contre les sites culturels dans l’ensemble de la RPC, y compris le patrimoine bouddhiste du Tibet[37]. Selon au moins une source chinoise, seulement une poignĂ©e des monastĂšres parmi les plus importants est restĂ©e sans dommage majeur[38], et des milliers de moines et de nonnes bouddhistes ont Ă©tĂ© tuĂ©s, torturĂ©s ou emprisonnĂ©s[39].

En 1965, le secteur qui avait été sous le contrÎle du gouvernement du dalaï-lama de 1910 à 1959 (U-Tsang et Kham occidental) a été renommé région autonome du Tibet ou RAT. L'autonomie prévoyait que le dirigeant du gouvernement soit un Tibétain ; toutefois, le véritable pouvoir dans la RAT est tenu par le premier secrétaire du comité du parti communiste chinois de la région autonome du Tibet, qui n'a jamais été un Tibétain[40]. Le rÎle des Tibétains dans les plus hauts niveaux du parti communiste chinois de la RAT reste trÚs limité[41].

La rĂ©volution culturelle lancĂ©e en 1966 fut une catastrophe pour le Tibet, comme cela fut le cas pour le reste de la RPC. En consĂ©quence, un grand nombre de TibĂ©tains sont morts de mort violente, et le nombre de monastĂšre intact a Ă©tĂ© rĂ©duit au Tibet d’un millier Ă  moins de dix. Le ressentiment tibĂ©tain envers les Chinois s’est creusĂ©[42]. Des TibĂ©tains ont participĂ© Ă  la destruction, mais on ignore combien d’entre eux l’ont fait par conviction idĂ©ologique communiste ou par crainte de devenir les eux-mĂȘmes les cibles de cette campagne[43]. Les rĂ©sistants contre la rĂ©volution culturelle comprenaient Thrinley Chodron, une nonne de Nyemo, ayant menĂ© une rĂ©bellion armĂ©e qui s’est Ă©tendu dans dix-huit xians (comtĂ©s) de la RAT, prenant pour cible les officiels du parti communiste chinois et les collaborateurs tibĂ©tains, et qui fut finalement Ă©liminĂ© par l’APL. Citant les symboles du bouddhisme tibĂ©tain que les rebelles invoquait, Shakya dĂ©nommait la rĂ©volte de 1969 « un soulĂšvement millĂ©nariste, une insurrection caractĂ©risĂ©e par un dĂ©sir passionnĂ© d’ĂȘtre dĂ©barrassĂ© de l'oppresseur »[44].

Les années 1970

À la suite du dĂ©cĂšs de Mao en 1976, Deng Xiaoping a lancĂ© des initiatives de rapprochement avec les dirigeants tibĂ©tains en exil, espĂ©rant les persuader de venir vivre en Chine. Ren Rong, qui Ă©tait le secrĂ©taire de parti communiste au Tibet, pensait que les TibĂ©tains Ă©taient heureux au Tibet sous l’administration communiste chinoise et qu'ils partageaient l’opinion des Communistes chinoises selon laquelle les dirigeants tibĂ©tains avant les communistes seraient des despotes oppressifs. Aussi, quand les dĂ©lĂ©gations du gouvernement tibĂ©tain en exil ont visitĂ© le Tibet en 1979-80, les officiels chinois comptaient impressionner les TibĂ©tains en exil par les progrĂšs rĂ©alisĂ©s depuis 1950 et le contentement du peuple tibĂ©tain. Ren a mĂȘme organisĂ© des rĂ©unions Ă  Lhassa pour exhorter les TibĂ©tains Ă  restreindre leur animositĂ© envers les reprĂ©sentants d'un rĂ©gime ancien et oppressif. Les Chinois ont Ă©tĂ© Ă©tonnĂ©s et gĂȘnĂ©s par l’expression massive et larmoyante de dĂ©vouement que les TibĂ©tains ont fait aux TibĂ©tains en exil en visite. Des milliers de TibĂ©tains ont pleurĂ©, se sont prosternĂ©s, ont offert des Ă©charpes (khata) aux visiteurs, et tentĂšrent de toucher le frĂšre du dalaĂŻ-lama. C’est ainsi que les TibĂ©tains en exil ont compris que les affirmations chinoises de progrĂšs au Tibet Ă©taient sans fondement[45].

Ces Ă©vĂ©nements ont aussi incitĂ© le secrĂ©taire du parti Hu Yaobang et le vice chef du gouvernement Wan Li Ă  effectuer une tournĂ©e d'inspection au Tibet, oĂč ils ont Ă©tĂ© dĂ©couragĂ©s par les conditions qu'ils y ont trouvĂ©. Hu a annoncĂ© un programme de rĂ©forme ayant pour but d’amĂ©liorer les conditions Ă©conomiques pour les TibĂ©tains et d’augmenter leurs libertĂ©s quant Ă  la pratique de leurs traditions ethniques et culturelles. À certains Ă©gards, ceci Ă©tait une rĂ©trogradation de l'autoritarisme de la ligne dure et des politiques d'assimilation des annĂ©es 1960 aux politiques de Mao plus ethniquement accommodantes des annĂ©es 1950, Ă  la diffĂ©rence majeure qu'il n'y aurait pas de gouvernement tibĂ©tain sĂ©parĂ© comme il y en eut dans les annĂ©es 1950[46]. De nouvelles rĂ©unions entre les officiels chinois et les dirigeants exilĂ©s sont intervenus en 1981-84, mais aucun accord ne put ĂȘtre obtenu[47].

Les années 1980

Mesures politiques au Tibet

Au milieu des annĂ©es 1980, sous l'impulsion de Deng Xiaoping, le Tibet s’ouvre au tourisme, les voyageurs peuvent entrer en Chine en franchissant la frontiĂšre nĂ©palaise en de nombreux points, il n’y a plus de contrĂŽle du gouvernement central ni d’obligation de passer par PĂ©kin. Cette ouverture est inĂ©galĂ©e presque partout dans les rĂ©gions himalayennes[48]. Profitant de la politique libĂ©rale en matiĂšre religieuse adoptĂ©e par Wu Jinghua, le nouveau premier secrĂ©taire du parti au Tibet, les TibĂ©tains se mettent pour la premiĂšre fois Ă  afficher publiquement des photos du dalaĂŻ-lama[49]. Ils n’ont plus Ă  quĂ©mander auprĂšs des Ă©trangers la photo du dalaĂŻ-lama : aprĂšs avoir Ă©tĂ© interdite, elle est dĂ©sormais vendue ouvertement Ă  des Ă©tals dressĂ©s devant le Temple du Jokhang Ă  Lhassa[50]

En 1986-1987, le gouvernement tibĂ©tain en exil Ă  Dharamsala a lancĂ© une nouvelle campagne pour gagner le soutien international Ă  sa cause sous l’angle des droits de l’homme. En rĂ©ponse, au mois de , la Chambre des reprĂ©sentants des États-Unis a passĂ© une rĂ©solution en soutien aux droits de l’homme des TibĂ©tains[51]. Entre et , des milliers de TibĂ©tains ont Ă©tĂ© impliquĂ©s dans des Ă©meutes contre le rĂ©gime chinois Ă  quatre reprises Ă  Lhassa, ce qui semblait soutenir les affirmations de Dharamsala selon lesquelles les TibĂ©tains souffraient et abhorraient le rĂ©gime chinois[52]. Le tibĂ©tologue amĂ©ricain Melvyn Goldstein considĂšre les Ă©meutes comme Ă©tant l’expression massive spontanĂ©e de ressentiment tibĂ©tain envers un rĂ©gime que les TibĂ©tains considĂ©raient comme oppressif et Ă©tranger, suscitĂ© en partie par l'espoir que les États-Unis fourniraient bientĂŽt un soutien ou une pression qui permettrait au Tibet de redevenir indĂ©pendant[53]. Les États-Unis ont votĂ© un Foreign Relations Authorization Act en 1988-89 qui a exprimĂ© le soutien pour les droits de l’homme des TibĂ©tains[51]. Ironiquement, les Ă©meutes ont discrĂ©ditĂ© la politique tibĂ©taine plus libĂ©rale de Hu et ont provoquĂ© un retour aux politiques intransigeantes ; PĂ©kin a mĂȘme imposĂ© la loi martiale au Tibet en 1989. L'accent sur le dĂ©veloppement Ă©conomique a amenĂ© une augmentation du nombre des non-TibĂ©tains Ă  Lhassa, et l'Ă©conomie du Tibet est devenue de plus en plus dominĂ©e par les Han. Lhassa est devenu une ville oĂč les non-TibĂ©tains ont Ă©galĂ© ou ont Ă©tĂ© plus nombreux que les TibĂ©tains[54].

Quand le 10e panchen lama s’est exprimĂ© Ă  la rĂ©union du ComitĂ© permanent de l'assemblĂ©e populaire de la rĂ©gion autonome du Tibet en 1987, il a dĂ©taillĂ© les emprisonnements et meurtres massifs des TibĂ©tains dans l’Amdo (Qinghai) : « Il y avait entre trois et quatre mille villages et villes, chacun ayant entre trois et quatre mille familles avec quatre Ă  cinq mille personnes. De chaque ville et village, environ 800 Ă  1 000 personnes ont Ă©tĂ© emprisonnĂ©es. De ceci, au moins 300 Ă  400 personnes sont mortes en prison. .. Dans le secteur de Golok, de nombreuses personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es et leurs cadavres ont Ă©tĂ© jetĂ©s de la colline dans une grande fosse. Les soldats ont dit aux membres des familles et parents des personnes dĂ©cĂ©dĂ©es qu'ils devraient tous cĂ©lĂ©brer l’évĂ©nement puisque les rebelles avaient Ă©tĂ© Ă©liminĂ©s. Ils ont mĂȘme Ă©tĂ© forcĂ©s de danser sur les cadavres. Peu aprĂšs, ils ont aussi Ă©tĂ© massacrĂ©s par des mitrailleuses. Ils ont tous Ă©tĂ© enterrĂ©s lĂ  »[55].

Hu Jintao est devenu SecrĂ©taire du Parti communiste de la rĂ©gion autonome du Tibet en 1988. En 1989, le 10e panchen-lama dĂ©cĂ©da. De nombreux TibĂ©tains croient que Hu serait impliquĂ© dans sa mort inattendue[56]. Quelques mois plus tard, selon Tang Daxian, un journaliste chinois dissident, la police de Lhassa a reçu l'ordre de son commandant Ă  PĂ©kin, Li Lianxiu, de provoquer un incident. Les forces de sĂ©curitĂ© ont tuĂ© plus de 450 TibĂ©tains lors d’une manifestation pacifique Ă  Lhassa[57].

Les années 1990

Gedhun Choekyi Nyima détenu, reconnu comme 11e panchen-lama par le dalaï-lama et la plupart des bouddhistes tibétains

En 1995, le dalaĂŻ-lama a nommĂ© Gedhun Choekyi Nyima, ĂągĂ© de 6 ans, comme le 11e panchen lama sans l'approbation du gouvernement chinois, et la RPC a nommĂ© un autre enfant, Gyancain Norbu en conflit avec le choix du dalaĂŻ-lama. Gyancain Norbu a Ă©tĂ© Ă©levĂ© Ă  PĂ©kin et apparaĂźt de temps en temps dans les mĂ©dias d'Ă©tat. Le panchen lama choisi par la RPC n’est pas reconnu par les TibĂ©tains en exil qui se rĂ©fĂšre ordinairement Ă  lui comme le « Panchen Zuma » (littĂ©ralement « le panchen lama truquĂ© »). Gedhun Choekyi Nyima et sa famille ont disparu. Amnesty International affirme qu'ils sont emprisonnĂ©s, alors que PĂ©kin soutient qu'ils vivent sous une identitĂ© secrĂšte pour leur protection et intimitĂ©[58].

Le dalaĂŻ-lama est maintenant ĂągĂ© de 75 ans, et bien que jouissant d’une santĂ© excellente, il envisage sa mort dans un dĂ©lai pouvant atteindre plusieurs dizaines d’annĂ©es[59], et, selon la tradition, quand il sera dĂ©cĂ©dĂ©, un enfant pouvant correspondre Ă  sa rĂ©incarnation sera recherchĂ©. DĂ©jĂ  en 1997, le 14e dalaĂŻ-lama indiquait que sa future rĂ©incarnation « ne se produira sans doute pas sous le contrĂŽle chinois ; mais Ă  l’extĂ©rieur de la RPC, dans le monde libre »[60]. En 2007, le dalaĂŻ-lama fit une dĂ©claration publique dans laquelle il indiquait que son successeur pourrait ĂȘtre dĂ©mocratiquement Ă©lu par le peuple tibĂ©tain[61]. Cependant, puisque traditionnellement un dalaĂŻ-lama a besoin de la reconnaissance du panchen lama pour ĂȘtre lĂ©gitime (et inversement), on ne sait pas si cette rĂ©forme serait acceptĂ©e par les TibĂ©tains[62].

Troubles au XXIe siĂšcle

Des manifestations Ă©tendues contre l’administration chinoise ont encore Ă©clatĂ© en 2008. Le gouvernement chinois a rĂ©agi fortement, imposant des couvre-feu et expulsant les journalistes des secteurs tibĂ©tains[63]. La rĂ©ponse internationale fut elle aussi immĂ©diate et robuste, nombre de dirigeants condamnant les mesures sĂ©vĂšres et nombre de manifestations (y compris quelques-unes soutenant les actions de la RPC) s’organisant dans de nombreuses villes importantes.

Le développement économique

Les projets que le gouvernement de la RPC affirme avoir Ă©tĂ© profitable au Tibet comme une partie du projet Ă©conomique dĂ©nommĂ© Programme de dĂ©veloppement de l'Ouest, dont la ligne ferroviaire Qing-Zang, a suscitĂ© des craintes qu’il facilite une mobilisation militaire et une migration Han[64]. Robert Barnett rapporte que l’émulation Ă©conomique a Ă©tĂ© utilisĂ©e par les partisans de la ligne dure pour stimuler la migration des Han au Tibet comme un moyen de contrĂŽle, et que 66 % de postes officiels sont dĂ©tenus par des Han au Tibet[65]. Il y a toujours un dĂ©sĂ©quilibre ethnique dans les nominations et les promotions dans le service public et juridique de la rĂ©gion autonome tibĂ©taine, avec d'une façon disproportionnĂ©e peu de TibĂ©tains ethniques nommĂ©s Ă  ces postes[66].

Le gouvernement de la RPC affirme que son administration du Tibet est une pure amĂ©lioration, et que le projet du Programme de dĂ©veloppement de l'Ouest est une entreprise massive, bienveillante et patriotique rĂ©alisĂ©e par la cĂŽte est plus riche pour aider les parties de l'ouest de la Chine, y compris le Tibet, pour rattraper la prospĂ©ritĂ© et les standards de qualitĂ© de vie. NĂ©anmoins, les organisations Ă©trangĂšres continuent Ă  organiser des manifestations occasionnelles concernant certains aspects de l’administration du PCC au Tibet Ă  cause des rapports frĂ©quents d’associations telles que Human Rights Watch concernant les violations de droits de l’homme au Tibet. Le gouvernement de la RPC maintient que le Gouvernement tibĂ©tain n’a presque rien fait pour amĂ©liorer les conditions matĂ©riels et politiques des TibĂ©tains, et leurs standards de qualitĂ© de vie, pendant son administration entre 1913–59, et qu'il s’est opposĂ© Ă  toute rĂ©forme proposĂ©e par le gouvernement chinois. Selon le gouvernement chinois, ceci est la raison des tensions qui se sont accrues entre certains fonctionnaires du gouvernement central et du gouvernement tibĂ©tain local en 1959[67].

Le gouvernement de la RPC rejette aussi des affirmations selon lesquelles la vie des TibĂ©tains sont dĂ©tĂ©riorĂ©s, et dĂ©clare que la vie des TibĂ©tains s’est considĂ©rablement amĂ©liorĂ©e en comparaison de l’autogestion gouvernementale d’avant 1950[68]. MalgrĂ© ces affirmations, environ 3000 TibĂ©tains s’aventurent dans un voyage dangereux et courageux pour fuir en exil chaque annĂ©e[69].

Ces affirmations sont cependant contestĂ©es par de nombreux TibĂ©tains. En 1989, le panchen lama, enfin autorisĂ© Ă  retourner Ă  ShigatsĂ©, s’adressa Ă  une foule de 30 000 personnes affirmant notamment : « le progrĂšs apportĂ© au Tibet par la Chine ne saurait compenser la somme de destructions et de souffrance infligĂ©e au peuple tibĂ©tain » rappelant les termes de la pĂ©tition en 70 000 caractĂšres qu'il avait prĂ©sentĂ© au chef du gouvernement chinois Zhou Enlai en 1962[70].

Évaluation par le gouvernement chinois

Le gouvernement de la RPC maintient que le Gouvernement tibĂ©tain n’a presque rien fait pour amĂ©liorer les conditions matĂ©riels et politiques des TibĂ©tains, et leurs standards de qualitĂ© de vie, pendant son administration entre 1913–59, et qu'il s’est opposĂ© Ă  toute rĂ©forme proposĂ©e par le gouvernement chinois. Selon le gouvernement chinois, ceci est la raison des tensions qui se sont accrues entre certains fonctionnaires du gouvernement central et du gouvernement tibĂ©tain local en 1959[67]. Le gouvernement de la RPC rejette aussi des affirmations selon lesquelles la vie des TibĂ©tains sont dĂ©tĂ©riorĂ©s, et dĂ©clare que la vie des TibĂ©tains s’est considĂ©rablement amĂ©liorĂ©e en comparaison de l’autogestion gouvernementale d’avant 1950[68].

La RPC affirme que : de 1951 Ă  2007, la population tibĂ©taine dans le Tibet administrĂ© par Lhassa a augmentĂ© de 1,2 million Ă  presque 3 millions. Le PIB de la rĂ©gion autonome du Tibet (RAT) aujourd'hui est trente fois celui d'avant 1950. Les travailleurs du Tibet viennent en deuxiĂšme position du classement des plus hauts salaires de la Chine[71]. La RAT a 22,500 km de routes, alors qu’il n’y en avait aucun en 1950. La totalitĂ© de l'Ă©ducation laĂŻque de la RAT a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e aprĂšs la rĂ©volution. La RAT a maintenant 25 instituts de recherche scientifique alors qu’il n’y en avait aucun en 1950. La mortalitĂ© infantile est passĂ©e de 43 % en 1950 Ă  6,61 â€° en 2000[72]. (Les Nations unies rapportent un taux de mortalitĂ© infantile de 35,3 â€° en 2000, et de 43 % en 1951[73] Dans une analyse du profil nutritionnel de la Chine au milieu des annĂ©es 1990 publiĂ©e le , l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, plus connue sous le sigle FAO, signalait que la mortalitĂ© infantile moyenne en Chine Ă©tait de 20,6 â€°, et variait de 8.2 Ă  49,5 â€° dans les diffĂ©rentes provinces, le Qinghai, province comportant des zones de peuplement tibĂ©tain, Ă©tant l’une des plus affectĂ©es. En 1996, le taux de mortalitĂ© des enfants de moins de 5 ans Ă©tait de 47 â€° et le Tibet Ă©tait une des rĂ©gions les plus affectĂ©es[74]). La durĂ©e de vie s'est Ă©levĂ©e de 35,5 ans en 1950 Ă  67 ans en 2000. La RPC indique aussi la collection et publication de la traditionnelle ÉpopĂ©e du roi Gesar, le plus long poĂšme Ă©pique du monde et qui Ă©tait uniquement transmis oralement avant sa retranscription. (Cependant, les textes tibĂ©tains correspondants du XVIIIe siĂšcle existent, et Ă  la fin du XIXe, dĂ©but du XXe siĂšcle une Ă©dition d'impression sur bois de l'histoire a Ă©tĂ© compilĂ© par un moine Ă©rudit de Lingtsang (un petit royaume au nord-est de sDe-dge) avec l'inspiration du philosophe tibĂ©tain prolifique Jamgon Ju Mipham Gyatso.) Il souligne aussi l'allocation de 300 millions de Renminbi depuis les annĂ©es 1980 pour l'entretien et la protection des monastĂšres tibĂ©tains[72]. La rĂ©volution culturelle et les dommages culturels qu’elle a apportĂ©es dans l’ensemble de la RPC sont gĂ©nĂ©ralement condamnĂ©s comme une catastrophe nationale, dont les instigateurs principaux, selon la RPC, la Bande des quatre, ont Ă©tĂ© traduits en justice. Le projet du Programme de dĂ©veloppement de l'Ouest est vu par la RPC comme une entreprise massive, bienveillante et patriotique rĂ©alisĂ©e par la cĂŽte est plus riche pour aider les parties de l'ouest de la Chine, y compris le Tibet, pour rattraper la prospĂ©ritĂ© et les standards de qualitĂ© de vie.

En 2008 le gouvernement chinois « a lancé un projet de 570 million de yuan (81,43 millions de dollars américains) pour la conservation de 22 sites du patrimoine historique et culturel au Tibet, y compris la lamaserie du Zhaxi Lhunbo, le Jokhang, Ramogia, les monastÚres de Sanyai et Samgya-Goutog »[75].

Les droits de l'homme

En 2008-2009 le Parti communiste a renforcé les politiques et mesures qui ont frustré les Tibétains avant que la série de manifestations tibétaines qui ont débuté en . Ceci a inclus : le refus d'engager des discussions substantielles avec le dalaï-lama ; amplification de l'étendue et de l'hostilité de la campagne d'anti-dalaï ; augmentation de la répression et du contrÎle des libertés religieuses pour les Tibétains ; mauvaise application de la Loi sur l'autonomie régionale des minorités ethniques de la RPC ; et renforcement des initiatives de développement économique qui augmenteront de façon plus ample l'afflux de non-Tibétains dans les secteurs autonomes tibétains de la Chine.

AprĂšs les troubles de 2008, les secteurs peuplĂ©s de TibĂ©tains de la Chine ont Ă©tĂ© Ă©troitement fermĂ©s Ă  un examen extĂ©rieur, selon Amnesty International. Alors que les autoritĂ©s chinoises ont annoncĂ© aprĂšs les manifestations que plus de 1 000 individus retenus avaient Ă©tĂ© relĂąchĂ©s, les organisations tibĂ©taines Ă©trangĂšres ont affirmĂ© qu'au moins plusieurs centaines Ă©taient encore en dĂ©tention au dĂ©but de 2009. À la suite de ces dĂ©tentions, ont Ă©tĂ© publiĂ©s des rapports sur les tortures et autres mauvais traitements en dĂ©tention, qui entraĂźnĂšrent dans certains cas la mort[76].

La rĂ©pression religieuse a inclus la fermeture des monastĂšres et couvents majeurs, et une campagne de propagande oĂč les autoritĂ©s locales ont renouvelĂ© « l'Éducation Patriotique, » exigeant des TibĂ©tains qu’ils participent Ă  des sĂ©ances de critique du dalaĂŻ-lama et signe des dĂ©nonciations Ă©crites, selon le rapport de 2009 d'Amnisty sur la Chine. Les membres tibĂ©tains du Parti communiste chinois ont aussi Ă©tĂ© ciblĂ©s, notamment en Ă©tant contraint d’enlever leurs enfants des Ă©coles des TibĂ©tains en exil oĂč ils pourraient recevoir une Ă©ducation religieuse[76].

Les affaires Ă©trangĂšres

Relations avec les Tibétains en exil

Le dalaï-lama a déclaré sa volonté de négocier une autonomie authentique avec le gouvernement de la RPC, mais certaines associations, comme le congrÚs de la jeunesse tibétaine, appellent toujours à l'indépendance tibétaine[77]. Le gouvernement tibétain en exil voit les millions d'immigrants Han venus en raison de la politique gouvernementale et les politiques socio-économiques préférentielles comme présentant une menace immédiate pour la nation et la culture tibétaine[78]. Les associations de tibétains en exil affirment que malgré les tentatives récentes pour restaurer l'apparence originale de la culture tibétaine pour attirer le tourisme, le mode de vie tibétain traditionnel est maintenant irrévocablement changé. Tashi Wangdi, Le représentant du dalaï-lama, a affirmé dans un entretien que le Programme de développement de l'Ouest de la Chine « donne des facilités pour l'émigration des Han au Tibet »[79].

Relations avec la république de Chine

La république de Chine considÚre le Tibet comme une partie de la Chine, et continue à affirmer que la Chine continentale fait partie du territoire de la république de Chine dans sa constitution[80] - [81].

Menace sur la culture tibétaine

Mais la menace principale qui pÚse sur la culture tibétaine est sa dilution face à la montée incessante de la population chinoise Han, dans la région autonome du Tibet comme d'ailleurs dans les anciens Amdo et Kham. Ce développement de la population chinoise Han est lié directement aux grands projets économiques de la république populaire de Chine, en particulier dans le domaine de l'exploitation des réserves du sous-sol du plateau tibétain (cuivre, or, zinc, hydrocarbures, charbon...), ou encore dans le domaine du tourisme (multiplication par 10 du nombre de touristes visée entre 2005 et 2020).

Espace culturel tibétain

La zone d'influence de la culture tibétaine excÚde de trÚs loin la région autonome du Tibet :

En effet, le Tibet historique et culturel se compose de trois régions :

Hors des frontiĂšres de la rĂ©publique populaire de Chine, la culture tibĂ©taine a marquĂ© celles de pays comme le NĂ©pal, le Sikkim, le Bhoutan, ou encore l'État de Jammu-et-Cachemire en Inde. À la suite de l'invasion du Tibet par l'ArmĂ©e populaire de libĂ©ration en 1951, une communautĂ© exilĂ©e s'est Ă©galement constituĂ©e en Inde, dans la rĂ©gion de Dharamsala.

Manifestations culturelle tibétaines dans la Chine contemporaine

Les TibĂ©tains seraient bien reprĂ©sentĂ©s dans la culture chinoise contemporaine. Les chanteurs tibĂ©tains sont connus notamment pour leurs talents vocaux, que certains attribuent aux hautes altitudes du plateau tibĂ©tain. Tseten Dolma a acquis une bonne renommĂ©e dans les annĂ©es 1960 pour sa suite de musique et de danse L'Orient est rouge[82]. Kelsang Metok (æ ŒæĄ‘æą…æœ”) est un chanteur populaire qui mĂȘle des chansons tibĂ©taines traditionnelles Ă  des Ă©lĂ©ments empruntĂ©s aux musiques pop chinoise et occidentale. Phurbu Namgyal (Pubajia ou è’Čć·Žç”Č) fut le laurĂ©at en 2006 de Haonaner, la version chinoise d’American Idol. En 2006, il a jouĂ© le rĂŽle principal dans Prince of the Himalayas de Sherwood Hu, une adaptation de Hamlet de Shakespeare, qui se dĂ©roule dans l’ancien Tibet et prĂ©sente une distribution complĂštement tibĂ©taine.

Pourtant, lorsque l'ethnomusicologue Ngawang Chophel est rentrĂ© au Tibet en 1995, aprĂšs l'exil de sa famille en Inde en 1968, afin de rĂ©aliser un film sur la musique tibĂ©taine et la danse traditionnelle, il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et condamnĂ© Ă  18 ans en prison pour espionnage par les autoritĂ©s chinoises. Gravement malade, il ne fut libĂ©rĂ© qu'en 2002 pour raisons mĂ©dicales.

La chanteuse tibĂ©taine Jamyang Kyi a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e en . Les raisons de son arrestation n'ont pas Ă©tĂ© communiquĂ©es, mais Jamyang Kyi Ă©voquait des sujets controversĂ©s comme les mariages forcĂ©s et les unions inter ethniques[83]. Elle a Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e sous caution le , mais attend un procĂšs[84].

De mĂȘme, Drolmakyi, une cĂ©lĂšbre chanteuse tibĂ©taine populaire au Tibet, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e le par les autoritĂ©s chinoises durant les troubles au Tibet en 2008[85].

Fin mai, selon le Los Angeles Times, elle a été libérée aprÚs presque deux mois de détention, à condition de garder le silence sur son arrestation et de ne plus faire de représentations pendant quelque temps[86].

Washu Rangjong est un autre exemple de chanteur tibĂ©tain arrĂȘtĂ© lors des troubles au Tibet en 2008.

Kekexili, la patrouille sauvage, est un film réalisé par le National Geographic au sujet d'un journaliste qui se rend au Tibet pour réaliser un rapport sur les risques de disparition de l'Antilope tibétaine. Il a obtenu de nombreux prix en Asie et en Occident[87] - [88].

Langue tibétaine

AprĂšs la mort prĂ©maturĂ©e du 10e Panchen Lama, l'officialisation de la langue tibĂ©taine que ce dernier avait voulu faire appliquer, ne s'est pas produite. Dans les bureaux de l'administration, les magasins d'État de la rĂ©gion autonome du Tibet, le chinois est la langue officielle et la seule Ă  ĂȘtre utilisĂ©e. À l'AcadĂ©mie des sciences sociales du Tibet, Ă  l'UniversitĂ© du Tibet, dans les Ă©coles et les mairies, la grande majoritĂ© des rĂ©unions sont menĂ©es en chinois. Selon Nicolas Tournadre, le tibĂ©tain est considĂ©rĂ© comme un patois nĂ©gligeable. Les responsables tibĂ©tains n'ont pas mĂȘme le droit de signer leur nom en tibĂ©tain, et doivent le transcrire en idĂ©ogrammes chinois[89]

L'accusation qu'il existe un effort délibéré de la part des Chinois pour faire disparaßtre la langue tibétaine a été discutée par plusieurs éminents spécialistes. Barry Sautman a déclaré que

« De 92 % Ă  94 % des TibĂ©tains ethniques parlent le tibĂ©tain. Les seules exceptions sont certains lieux du Qinghai et de l'Amdo oĂč la population tibĂ©taine est trĂšs faible comparĂ©e Ă  la population totale. L'instruction donnĂ©e Ă  l'Ă©cole primaire est presque toujours en tibĂ©tain. Le chinois devient obligatoire en parallĂšle avec le tibĂ©tain Ă  partir de des Ă©tablissements de l'enseignement secondaire. Toutes les petites classes de la rĂ©gion autonome du Tibet enseignent Ă©galement le tibĂ©tain. À Lhassa, le mĂȘme temps, Ă  peu de chose prĂšs, est consacrĂ© Ă  l'enseignement du chinois, du tibĂ©tain, et de l'anglais. »

Ceci, dit Barry Sautman, contraste avec le fait que

« les leaders tibĂ©tains en exil en Inde ont utilisĂ© l'anglais comme langue unique jusqu'en 1994, et ne sont devenus bilingues qu'Ă  partir de 1994. Les Ă©coles au Tibet font plus pour le tibĂ©tain que les Ă©coles indiennes ne le font dans les zones ethniquement tibĂ©taines — au Ladakh [N 1], l'instruction est donnĂ© en ourdou, ce qui entraĂźne un important Ă©chec scolaire chez les enfants de langue tibĂ©taine, sans que l'Inde soit jamais accusĂ©e de gĂ©nocide culturel contre les TibĂ©tains[90]. »

Selon Jamyang Norbu, un écrivain tibétain en exil et partisan de l'indépendance du Tibet[91], Barry Sautman présente souvent les faits de façon partiale[92].

« Ce que Sautman oublie habilement de rappeler est que le Ladakh — Ă  la diffĂ©rence du Tibet — a toujours eu une population mixte, mĂȘlant Bouddhistes et Musulmans, et que l'Ă©ducation en ourdou est un legs de l'empire moghol, poursuivi par les Britanniques, et maintenu depuis l'indĂ©pendance de l'Inde par la majoritĂ© musulmane du Cachemire, dont le Ladakh fait partie. Dans les faits, la langue tibĂ©taine a en rĂ©alitĂ© connu rĂ©cemment une rĂ©surgence au Ladakh, en particulier Ă  partir de 1955, avec la formation du Ladakh Autonomous Hill Development Council (le Conseil du dĂ©veloppement autonome du Ladakh), par lequel une grande partie de l'administration effective de la rĂ©gion, y compris les questions de langue et d'Ă©ducation, a Ă©tĂ© placĂ©e sous l'autoritĂ© effective de responsables locaux Ă©lus. »

De plus, en Inde, les Tibétains en exil sont libres d'envoyer leurs enfants dans les écoles des Tibetan Children's Villages. Andrew Martin Fischer, Professeur de l'Institute of Social Studies (en) réfute les arguments de Barry Sautman en se basant sur une analyse plus complÚte des statistiques de la Chine publiée dans un livre en 2005[92] - [93].

Le tibĂ©tologue Elliot Sperling a aussi dĂ©clarĂ© « Dans certaines limites, la rĂ©publique populaire de Chine fait quelques efforts pour laisser s'exprimer une expression culturelle tibĂ©taine » et « l'activitĂ© culturelle qui a lieu sur l'ensemble du plateau tibĂ©tain ne peut ĂȘtre ignorĂ©e »[94].

Cependant, étant donné que le chinois est la langue gouvernementale ainsi que celle de nombreuses entreprises, les Tibétains qui ne parlent pas le mandarin, la langue officielle de la Chine, éprouvent de plus en plus en difficulté lorsqu'il doivent affronter la concurrence sur le marché du travail.

Les TibĂ©tains envoient leurs enfants clandestinement en Inde pour qu'ils reçoivent une Ă©ducation tibĂ©taine dispensĂ©e notamment dans le Tibetan Children's Villages de Dharamsala, espĂ©rant que de retour au Tibet, ils partageront la culture tibĂ©taine. Le gouvernement chinois a encouragĂ© les TibĂ©tains Ă  revenir au Tibet en leur octroyant des avantages. À la suite des troubles au Tibet en 2008, les guides tibĂ©tains qui se sont rendus en Inde, parlant mieux l'anglais ont Ă©tĂ© supprimĂ©s de la liste de guides officiels et ne peuvent travailler ni dans le tourisme, ni dans l'enseignement.

Un article anonyme, paru dans le Nouvel Observateur du , affirme que, selon certains rapports, 78 % de la population du Tibet serait analphabÚte alors qu'en exil, 94 % des Tibétains sont éduqués[95].

Population

Statistiques officielles chinoises (recensement de 2000-2001)

Principaux groupes ethniques par région, à l'intérieur des secteurs tibétains (recensement de 2000).
Total Tibétains Hans autres
RĂ©gion autonome du Tibet: 2 616 329 2 427 168 92,8 % 158 570 6,1 % 30 591 1,2 %
- Lhassa PLC 474 499 387 124 81,6 % 80 584 17,0 % 6 791 1,4 %
- PrĂ©fecture de Qamdo 586 152 563 831 96,2 % 19 673 3,4 % 2 648 0,5 %
- PrĂ©fecture de Shannan 318 106 305 709 96,1 % 10 968 3,4 % 1 429 0,4 %
- PrĂ©fecture de XigazĂȘ 634 962 618 270 97,4 % 12 500 2,0 % 4 192 0,7 %
- PrĂ©fecture de Nagchu 366 710 357 673 97,5 % 7 510 2,0 % 1 527 0,4 %
- PrĂ©fecture de Ngari 77 253 73 111 94,6 % 3 543 4,6 % 599 0,8 %
- PrĂ©fecture de Nyingchi 158 647 121 450 76,6 % 23 792 15,0 % 13 405 8,4 %
Province du Qinghai : 4 822 963 1 086 592 22,5 % 2 606 050 54,0 % 1 130 321 23,4 %
- Xining PLC 1 849 713 96 091 5,2 % 1 375 013 74,3 % 378 609 20,5 %
- PrĂ©fecture de Haidong 1 391 565 128 025 9,2 % 783 893 56,3 % 479 647 34,5 %
- PAT de Haibei 258 922 62 520 24,1 % 94 841 36,6 % 101 561 39,2 %
- PAT de Huangnan 214 642 142 360 66,3 % 16 194 7,5 % 56 088 26,1 %
- PAT de Hainan 375 426 235 663 62,8 % 105 337 28,1 % 34 426 9,2 %
- PAT de Golog 137 940 126 395 91,6 % 9 096 6,6 % 2 449 1,8 %
- PAT de GyĂȘgu 262 661 255 167 97,1 % 5 970 2,3 % 1 524 0,6 %
- PAMT de Haixi 332 094 40 371 12,2 % 215 706 65,0 % 76 017 22,9 %
Zones tibétaines de la province du Sichuan
- PATQ de Ngawa 847 468 455 238 53,7 % 209 270 24,7 % 182 960 21,6 %
- PAT de GarzĂȘ 897 239 703 168 78,4 % 163 648 18,2 % 30 423 3,4 %
- CAT de Muli 124 462 60 679 48,8 % 27 199 21,9 % 36 584 29,4 %
Zones tibétaines dans la province du Yunnan
- PAT de DĂȘqĂȘn 353 518 117 099 33,1 % 57 928 16,4 % 178 491 50,5 %
Zones tibétaines dans la province du Gansu
- PAT de Gannan 640 106 329 278 51,4 % 267 260 41,8 % 43 568 6,8 %
- Tianzhu AC 221 347 66 125 29,9 % 139 190 62,9 % 16 032 7,2 %
Total pour le « grand Tibet » au sens le plus large :
En comptant Xining et Haidong 10 523 432 5 245 347 49,8 % 3 629 115 34,5 % 1 648 970 15,7 %
Sans compter Xining et Haidong 7 282 154 5 021 231 69,0 % 1 470 209 20,2 % 790 714 10,9 %

Ce tableau[96] inclut toutes les entités autonomes (régions autonomes et provinces) de la république populaire de Chine, plus Xining PLC et Haidong P. La raison d'inclure ces deux derniers est de compléter les chiffres pour la province du Qinghai, et aussi parce qu'ils sont revendiqués comme faisant partie du « grand Tibet », par le gouvernement tibétain en exil.

P = Préfecture ; AP = Préfecture autonome ; PLC = Ville de niveau équivalent à une Préfecture ; AC = Comté autonome.

Ces statistiques ne comprennent pas les membres de l'armée populaire de libération en service actif.

Le nombre des colons Han s'est rĂ©guliĂšrement accru depuis lors. Mais une Ă©tude prĂ©liminaire du mini-recensement de 2005 montre seulement une modeste croissance de la population Han dans la rĂ©gion autonome du Tibet entre 2000 et 2005 et peu de changement dans le Tibet oriental. Barry Sautman accuse les forces favorables Ă  l'indĂ©pendance de souhaiter que les rĂ©gions tibĂ©taines soient purgĂ©es de leurs colons Han, et que le dalaĂŻ-lama prĂ©sente systĂ©matiquement une image fausse de la situation actuelle comme Ă©tant dominĂ©e par une majoritĂ© Han. Les campagnes tibĂ©taines, oĂč vivent les trois-quarts de la population, comprennent trĂšs peu de non-TibĂ©tains[97].

Sautman soutient Ă©galement que

« les colons ne sont pas subventionnĂ©s Ă  titre personnel par le gouvernement ; bien que, comme les citadins TibĂ©tains, ils sont indirectement subventionnĂ©s par le dĂ©veloppement de l'infrastructure, qui favorise les villes. quelque 85 % des Han qui Ă©migrent au Tibet, dans le but d'y Ă©tablir un nĂ©goce, Ă©chouent ; ils quittent gĂ©nĂ©ralement le pays au bout de trois ou quatre ans. Ceux qui survivent Ă©conomiquement entrent en concurrence avec les entrepreneurs tibĂ©tains locaux, mais une Ă©tude de grande envergure Ă  Lhassa a montrĂ© que les non-TibĂ©tains ont Ă©tĂ© les pionniers de quelques secteurs faisant appel Ă  des PME, sur lesquels certains TibĂ©tains sont arrivĂ©s tardivement et oĂč ils ont fait appel Ă  leur connaissance du terrain pour prospĂ©rer. Les TibĂ©tains ne sont pas simplement une sous-classe ; il existe une classe moyenne tibĂ©taine significative, fondĂ©e sur les services publics, le tourisme, le commerce, ainsi que la production et le transport Ă  petite Ă©chelle. Il y a Ă©galement beaucoup de chĂŽmage, partiel ou Ă  plein temps, chez les TibĂ©tains, alors qu'il n'y en a pratiquement aucun chez les Han, car ceux qui ne trouvent pas de travail s'en vont. »

Portée et limites de ces statistiques officielles

Une hĂŽtesse des rails de service entre Xining et Lhassa

Ces statistiques sont importantes Ă  plusieurs Ă©gards :

  • Elles font apparaĂźtre que l'entitĂ© culturelle tibĂ©taine dĂ©passe de trĂšs loin la seule rĂ©gion autonome du Tibet (RAT), qui reprĂ©sente moins de 50 % de la population tibĂ©taine[N 2]. Ceci reflĂšte le dĂ©membrement du Tibet effectuĂ© par la Chine en 1959[98], oĂč les rĂ©gions tibĂ©taines du Kham[99] et de l'Amdo[N 3] ont Ă©tĂ© supprimĂ©es pour ĂȘtre intĂ©grĂ©es aux provinces chinoises du Sichuan, du Yunnan[99], du Gansu et du Qinghai.
  • Elles correspondent Ă  la vision officielle de la situation par le gouvernement chinois. Elles sont ainsi utilisĂ©es pour souligner que, mĂȘme dans la rĂ©gion de Lhassa, la culture tibĂ©taine n'est pas menacĂ©e puisque la population Han ne reprĂ©senterait « que » 17 % du total.

Elles présentent cependant d'importantes faiblesses :

  • Elles sont parfois soupçonnĂ©es d'ĂȘtre falsifiĂ©es pour s'adapter aux besoins de la politique chinoise[100].
  • En tout Ă©tat de cause, elles ne reflĂštent pas le caractĂšre explosif des changements dĂ©mographiques actuels, en particulier dans la rĂ©gion de Lhassa :
    • le chiffre de 17 % de Chinois Han Ă  Lhassa n'est plus qu'un lointain souvenir, puisqu'on s'accorde gĂ©nĂ©ralement Ă  considĂ©rer que les Chinois d'origine Han reprĂ©sentent aujourd'hui (en 2009) entre 60 % et 70 % de la population de Lhassa[101] - [102] - [103] ;
    • en effet, la nouvelle ville, la « ville chinoise », constitue maintenant l'essentiel de l'agglomĂ©ration, dont la vieille ville tibĂ©taine n'est plus qu'un quartier pittoresque[104] ;
    • enfin, la nouvelle ligne de chemin de fer « en altitude »[N 4] entre Lhassa et la ville de garnison de Golmud[105], au Qinghai, inaugurĂ©e le [106], accĂ©lĂšre encore les mouvements de population et l'intĂ©gration de l'Ă©conomie tibĂ©taine Ă  l'Ă©conomie chinoise. Cette ligne de chemin de fer, longue de 1 140 km, a coĂ»tĂ© 4,2 milliards de dollars US[107].

Perspectives

La pression dĂ©mographique chinoise croissante sur le Tibet est largement une consĂ©quence des attentes Ă©conomiques de la Chine vis-Ă -vis de la rĂ©gion. La rĂ©publique populaire de Chine voit en effet dans le Tibet un nouvel « Eldorado », oĂč seraient situĂ©s 40 % des ressources naturelles de la Chine[105]. Tant les TibĂ©tains en exil que des activistes internationaux ont soulignĂ© les risques que la vague d'investissements attendue ferait courir Ă  la culture et Ă  l'autonomie tibĂ©taine[105].

Comme l'a dĂ©clarĂ© en effet Youdon Aukatsang, un Ă©lu du gouvernement tibĂ©tain en exil, « les TibĂ©tains ne sont pas opposĂ©s au dĂ©veloppement — mais la question qu'il faut poser est : dĂ©veloppement, oui, mais pour qui[107]? »

En consĂ©quence de l'expansion Ă©conomique envisagĂ©e, le chiffre d'une population de 15 millions de Chinois en 2020 dans la rĂ©gion autonome du Tibet — soit l'immense majoritĂ© de la population — a pu ĂȘtre avancĂ©[108].

Liées à l'exploitation du sous-sol

Le réseau d'infrastructures permettra d'accélérer l'exploitation des réserves du plateau tibétain : cuivre, or, zinc, charbon, hydrocarbures... Le cuivre en particulier, par son importance dans l'acheminement de l'énergie électrique, est considéré comme essentiel par les Chinois. Ceux-ci ont par ailleurs fait appel à des géants pétroliers tels que BP et Shell pour les aider à exploiter les richesses du sous-sol[105].

Matt Whitticase, porte-parole de la Free Tibet Campaign (« Campagne pour la libération du Tibet ») à Londres, a souligné que les Tibétains étaient exclus des décisions liées à ces développements[105]. Selon lui, d'ailleurs, les travaux touchant à l'infrastructure (et en particulier le chemin de fer)

« constituent un projet politique, et le chemin de fer [Golmud-Lhassa] marque le point culminant du rĂȘve de Mao Zedong de faire disparaĂźtre le Tibet Ă  l'intĂ©rieur de la Chine, et cela de façon irrĂ©versible. Cela facilitera l'immigration des colons Chinois Hans au Tibet, rendant ainsi certaine la rĂ©duction accrue de la culture et de l'identitĂ© tibĂ©taine Ă  l'intĂ©rieur mĂȘme du Tibet[105]. »

Liées au tourisme

Les statistiques chinoises ne prennent pas en compte les populations « temporaires » stationnĂ©es au Tibet, telles qu'armĂ©e et police militaire, ou touristes. Dans ce dernier domaine, la rĂ©publique populaire de Chine a lancĂ© un plan Ă  15 ans de dĂ©veloppement du tourisme, pour passer de 1 million de touristes — essentiellement Chinois — en 2005, Ă  10,2 millions de visiteurs en 2020. Le tourisme reprĂ©senterait alors 18 % du PIB de la rĂ©gion[109]. Les 10,2 millions de visiteurs attendus se comparent Ă  la population tibĂ©taine de la RAT lors du dernier recensement officiel, soit 2,4 millions.

Dans la mesure oĂč les Chinois Hans contrĂŽlent en grande partie le tourisme, un fort afflux de population chinoise est attendue en consĂ©quence de ce dĂ©veloppement touristique[107].

Liées aux autres projets économiques majeurs

  • Centre logistique de Nagqu : Le plus grand centre logistique du Tibet a Ă©tĂ© ouvert en aoĂ»t 2009 dans le district de Nagqu, Ă  300 km de Lhassa. Permettant en particulier le dĂ©veloppement de l'exploitation des ressources miniĂšres, il permettra de traiter 2,2 millions de tonnes de cargaison dĂšs 2015, et 3,1 millions en 2020[110].
  • Routes et autoroutes : En 2006, il Ă©tait prĂ©vu de construire trente nouvelles autoroutes ou routes majeures au Tibet[105].
  • Exploitation des ressources hydro-Ă©lectriques du plateau tibĂ©tain : Le Tibet est le berceau de la plupart des grands fleuves d'Asie, comme le Brahmapoutre (Tsangpo) ou le MĂ©kong, le Fleuve Jaune et le Fleuve bleu. Pour la Chine, le contrĂŽle de cet approvisionnement en eau est d'une importance stratĂ©gique. En 2020, la Chine prĂ©voit de rĂ©aliser 15 % de sa consommation d’énergie grĂące aux Ă©nergies renouvelables dont l’hydroĂ©lectricitĂ©[111]. Il existe un projet chinois visant Ă  rĂ©soudre l'approvisionnement en eau dans le nord de la Chine en dĂ©tournant le cours du Brahmapoutre vers le Fleuve jaune[112]. Un tel projet, s'il voyait le jour, bouleverserait la vie de centaines de millions de personnes, et pourrait amener des dĂ©placements de population tibĂ©taine si importants qu'ils menaceraient le peuple tibĂ©tain de disparition[111].

DĂ©clin au Tibet et diffusion en Occident

Sous l’administration chinoise du Tibet, un grand nombre de lamas ont fui le pays avec d’autres rĂ©fugiĂ©s. Le dĂ©part de ces Lamas ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© d'une excellente formation rĂ©duit la qualitĂ© et l'influence du bouddhisme au Tibet. Alors que la plupart des TibĂ©tains au Tibet sont toujours des pratiquants fervents, ce dĂ©ficit en ressource humaine conduit Ă  une dĂ©rive superficielle des enseignements du bouddhisme tibĂ©tain au Tibet. Ces lamas ont apportĂ© le bouddhisme tibĂ©tain dans d’autres secteurs du monde, avec des retombĂ©es positives. Cependant, ces nouveaux pratiquants, viennent de nombreux pays modernes qui sont sceptiques au sujet du fondement culturel des pratiques tantriques dans leurs enseignements. Ceci mĂšne Ă  l’augmentation de la commercialisation de symboles tibĂ©tains sans la connaissance profonde de leur sens[113] - [114].

La succession du dalaĂŻ-lama

Un autre changement radical dans la culture tibĂ©taine peut survenir Ă  la mort du 14e dalaĂŻ-lama. Au Tibet, les religieux sont systĂ©matiquement obligĂ©s par les autoritĂ©s de dĂ©noncer le dalaĂŻ-lama[115]. Le dalaĂŻ-lama est connu comme le plus haut lama de l'Ă©cole Gelugpa et le Panchen-lama comme le suivant dans la hiĂ©rarchie. AprĂšs la mort du 10e Panchen Lama, les moines du monastĂšre du Panchen Lama et le dalaĂŻ-lama ont nommĂ© un successeur, Gendhun Choekyi Nyima, qui n'a pas Ă©tĂ© reconnu par le gouvernement chinois. Au contraire, aprĂšs avoir organisĂ© un tirage au sort dans une Urne d'or qui n'a pas inclus le nom de GendĂŒn Chökyi Nyima, le gouvernement chinois a dĂ©signĂ© un autre garçon, Gyancain Norbu, comme 11e Panchen Lama[116]. Le Panchen Lama a souvent donnĂ© des avis dĂ©terminants qui ont concouru Ă  la "dĂ©couverte" de la rĂ©incarnation du dalaĂŻ-lama. Comprenant que le gouvernement chinois cherchera probablement Ă  s’impliquer dans la recherche de son successeur si cette recherche est faite au Tibet, le 14e dalaĂŻ-lama a dit qu'il pourrait plutĂŽt « choisir de se rĂ©incarner » dans la communautĂ© tibĂ©taine en exil en Inde.

Cuisine et développement du végétarisme

Récemment, les Tibétains modifient profondément leurs habitudes alimentaires et deviennent de plus en plus végétariens. Ils suivent les conseils du 14e Dalaï-Lama et du 17e Karmapa, qui ont donné en 2007 et 2008 des instructions sur les bienfaits de ne pas manger de viande afin de ne pas faire souffrir les animaux[117] - [118]. Dans la région autonome du Tibet, ainsi que dans le Kham, et l'Amdo, des restaurants végétariens s'ouvrent[95].

Sauvegarde de la culture tibétaine en exil

En Inde, les TibĂ©tains s’organisent pour la sauvegarde de la culture tibĂ©taine, ils ont mis en place une Ă©cole laĂŻque (Tibetan Children's Villages) permettant la scolarisation de prĂšs de 100 % des enfants tibĂ©tains.

En 2009, le Tibetan Children's Villages a fondé la premiÚre université tibétaine en exil à Bangalore (Inde) qui a été nommé « Institut d'études supérieures du dalaï-lama ». Les objectifs de cette université sont d'enseigner la langue tibétaine et la culture tibétaine, mais aussi la science, les arts, le conseil et la technologie d'informations aux étudiants tibétains en exil[119] - [120].

Notes et références

Notes

  1. Le Ladakh fait partie de l'État de Jammu-et-Cachemire, à trùs forte population musulmane.
  2. Selon le tableau ci-dessus, la population tibétaine de la RAT ne représente que 46,3 % de la population tibétaine comprise à l'intérieur des frontiÚres de la RPC.
  3. Note : L'Amdo, est constituĂ©, en plus de la majeure partie de la province du Qinghai, de la prĂ©fecture autonome tibĂ©taine de Gannan dans la province de Gansu, de la PrĂ©fecture autonome tibĂ©taine de GarzĂȘ dans la province de Sichuan et de la PrĂ©fecture autonome tibĂ©taine et qiang d'Aba, toujours dans la province de Sichuan.
  4. 70 % de la ligne se trouve Ă  plus de 4 500 mĂštres d'altitude.

Références

  1. Powers 2004, p. 11–12
  2. (en) Warren Smith's profile on Guardian.
  3. (en) « Source Material for the Study of Tibet »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) (consultĂ© le )
  4. (en) « The Tibet Journal – Winter 2003, v. XXVIII no. 4 » (consultĂ© le )
  5. Powers 2004, p. 23–24
  6. Shakya 1999, p. 7-8.
  7. (en) Barry Sautman, 'All that Glitters is Not Gold': Tibet as a Pseudo-State, Maryland Series in Contemporary Asian Studies, No 3-2009, 86 p., p. 11 : « In 1949, 300-400 Han officials and “spies” were expelled. Goldstein, A History:613-614. Richardson however states there were very few other Han in Lhasa in 1949, merely a handful of traders, as well as a few Muslim Chinese butchers. H. Richardson, "My Direct Experience of Independent Tibet 1936 - 1949," in All Party Parliamentary Group on Tibet, Tibet - The Truth about Independence (London:, APPGT, 1991). »
  8. TIBET (AUTONOMY) HC Deb 21 June 1950 vol 476 c1267
  9. Laird 2006, p. 301
  10. (en) Melvyn C. Goldstein, A history of modern Tibet, vol. 2 : The Calm Before the Storm, 1951-1955, Berkeley, University of California Press, 2007, p. 96.
  11. Goldstein 1989, p. 812-813
  12. (en) Melvyn C. Goldstein, A history of modern Tibet, vol. 2 : The Calm Before the Storm, 1951-1955, Berkeley, University of California Press, 2007, p. 104-105.
  13. Richard Poulin, La politique des nationalités de la RPC de Mao Zedong à Hua Guofeng, chap. V, La révolte tibétaine de 1959.
  14. (en) Melvyn C. Goldstein, A history of modern Tibet, vol. 2 : the Calm Before the Storm, 1951-1955, Berkeley, University of California Press, , 674 p. (ISBN 978-0-520-93332-3, lire en ligne), p. 105.
  15. Goldstein 2007, p. 541
  16. thamzing, (bo)
  17. Craig (1992), p. 76-78, 120-123.
  18. Shakya (1999), p. 245-249, 296, 322-323.
  19. Laird 2006, p. 318
  20. (zh) Guangming Daily, « Unforgettable History - Old Tibet Serfdom System » (consulté le ).
  21. Françoise Robin La rĂ©volte en Amdo en 1958 Compte rendu de la journĂ©e de confĂ©rences au SĂ©nat le 3 mars 2012, Rapport de groupe interparlementaire d’amitiĂ© n° 104, 18 juin 2012, Site du SĂ©nat
  22. (en) Peter Wonacott, « Revolt of the Monks: How a Secret CIA Campaign Against China 50 Years Ago Continues to Fester; A Role for Dalai Lama's Brother », Wall Street Journal,‎ (lire en ligne [archive du ])
  23. Laird 2006, p. 320–328.
  24. (en) Peter Jackson, "Witness: Reporting on the Dalai Lama's escape to India", Reuters, 27 février 2009.
  25. (en) Paul Salopek, The CIA's secret war in Tibet, Seattle Times, January 26, 1997.
  26. Shakya (1999), p. 193.
  27. Shakya (1999), p. 128.
  28. (en) Tim Robbins, Air America, Corgi Books, 1988.
  29. M. Trikamdas a tenu plusieurs confĂ©rences de presse en vue d'expliquer certains des faits constatĂ©s et de communiquer les premiĂšres conclusions de la Commission. "À la lumiĂšre des renseignements recueillis par M. Trikamdas, et son Ă©quipe, la Commission internationale de Juristes a dĂ©cidĂ© de prendre les mesures suivantes : 
 (e) examiner toutes les piĂšces obtenues par le comitĂ© ou provenant d'autres sources, prendre sur cette base les mesures appropriĂ©es ; dĂ©cider en particulier si est Ă©tabli le crime de gĂ©nocide (dont il existe dĂ©jĂ  une forte prĂ©somption), et entamer dans ce cas la procĂ©dure envisagĂ©e par la Convention de 1948 sur le GĂ©nocide, ainsi que par la Charte des Nations unies pour rĂ©primer ses actes et obtenir rĂ©paration adĂ©quate." (en) « Tibet — Summary of a Report on Tibet »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) (consultĂ© le ) : Submitted to the Commission internationale de juristes par Shri Purshottam Trikamdas, Senior Advocate, Cour suprĂȘme de l'Inde; (fr) La question du Tibet et la primautĂ© du droit, Commission internationale de juristes, GenĂšve, 1959
  30. "Secret Report by the Panchen Lama Criticises China"
  31. 'Tibet: Proving Truth from Facts', The Department of Information and International Relations: Central Tibetan Administration, 1996. p. 53
  32. Peng Xizhe (ćœ­ćžŒć“Č), "Demographic Consequences of the Great Leap Forward in China's Provinces", Population and Development Review 13, no 4 (1987), p. 639–370.
    Pour un rĂ©sumĂ© d’autres estimations, voir : link
  33. Patrick French, Tibet, Tibet, une histoire personnelle d'un pays perdu, Albin Michel, 2005.
  34. Patrick French, opus cité, « L'historien Warren Smith, travaillant sur les déficits dans la croissance des populations, a écrit que les statistiques du gouvernement chinois « confirment les thÚses tibétaine d'un nombre massif de morts et réfutent les dénégations chinoises ». D'aprÚs ses estimations, ce sont plus de 200 000 Tibétains qui « manqueraient » à la population de la région autonome du Tibet. Avec les taux élevés et vérifiables de mortalité dans le Ganzou, le Sichuan et le Qinghai, au début des années soixante, il semble que le nombre de morts tibétains ait été aussi élevé dans ces régions que dans le Tibet central. Si cela est vrai, on peut avancer avec un certain degré de probabilité qu'environ un demi-million de Tibétains est directement mort à cause de la politique appliquée au Tibet par la république populaire de Chine. Chiffre de toute façon terrifiant, en conséquence, et qui ne diminue en rien l'horreur de ce qui a été fait au Tibet. »
  35. Craig (1992), p. 125.
  36. Shakya (1999), p. 320.
  37. Shakya (1999), p. 314-347.
  38. Wang 2001, p. 212-214
  39. « See International Commission of Jurists' reports at »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) (consultĂ© le )
  40. Dodin (2008), p. 205.
  41. Dodin (2008), p. 195-196.
  42. Powers 2004, p. 141–142
  43. Powers 2004, pg. 185
  44. (en) « Blood in the Snows(Reply to Wang Lixiong) » (consulté le )
  45. Goldstein 1997, p. 61-63
  46. Goldstein 1997, p. 63-66
  47. Goldstein 1997, p. 67-74
  48. Jack D. Ives, Bruno Messerli, The Himalayan dilemma. Recalling development and conservation, Routledge, 1989, 295 p., en part. p. 236 : « The rapid opening of Tibet to tourism, especially in recent years when it became possible for travellers to cross directly from Nepal into Chinese territory at many points, without central government control and enforced entry via Beijing, is startling. The 1987 October riots in Lhasa brought a temporary halt to this openness (unmatched almost anywhere in the Himalayan region, except for parts of Nepal. »
  49. (en) Subhuti Dharmananda, FROM TIBET TO INDIA: History of the Attempted Destruction of Tibetan Culture in Tibet and the Efforts at Preservation of Tibetan Culture in Exile : « The Tibetans took full advantage of Wu Jinghua’s [newly elected First Party Secretary in Tibet] liberal policy towards religion. For the first time they began publicly to display photos of the Dalai Lama » (il s’agit d’une citation du livre de Tsering Shakya, The Dragon in the Land of Snows, p. 402–404).
  50. David Holley, Tibet’s Hunger to be Free Symbolized by Dalai Lama, Los Angeles Times, January 21, 1989 : « these days Tibetans no longer need to beg foreigners for the picture. The once-banned photographs of their exiled leader are being openly sold at stands in front of central Lhasa’s Jokhang Temple. »
  51. Goldstein 1997, p. 75-78
  52. Goldstein 1997, p. 79-83
  53. Goldstein 1997, p. 83-87
  54. Goldstein 1997, p. 87-99
  55. (en) « Acme of Obscenity » (consulté le )
  56. (en) BBC NEWS | Asia-Pacific | Profile: Hu Jintao
  57. (en) Chinese Said to Kill 450 Tibetans in 1989.
  58. (en) « Tibet: 6-year old boy missing and over 50 detained in Panchen Lama dispute »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) (consultĂ© le ), Amnesty International, 18 janvier 1996
  59. (en) Dalai Lama hints he may cross 100 years, Phayul.com, 7 juillet 2010
  60. (en) Tibet Information Network : Dalai Lama: "Rebirth Outside Tibet", 30 mai 1997
  61. (en) Shobhan Saxena, Chinese checker: Dalai's new succession plan, The Times of India, 25 novembre 2007
  62. Goldstein 1997
  63. (en) « China's Forbidden Zones » (consultĂ© le ), p. 32–33
  64. (en) Train heads for Tibet, carrying fears of change
  65. Robert Barnett's passages extracted from Steve Lehman, The Tibetans: Struggle to Survive, Umbrage Editions, New York, 1998.,
  66. (en) Personnel Changes in Lhasa Reveal Preference for Chinese Over Tibetans, Says TIN Report
  67. (en) Jiawei, Wang, The Historical Status of China's Tibet, 2000, p. 194–197.
  68. Peter Hessler, « 'Tibet Through Chinese Eyes' »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) (consultĂ© le ), The Atlantic Monthly, fĂ©vrier 1999
  69. Powers 2004, p. 143
  70. Mort du Panchen-lama ?
  71. (en) 'High wages in Tibet benefit the privileged', Asian Labour News, 21 February 2005,
  72. (en) 'Tibet's March Toward Modernization, section II The Rapid Social Development in Tibet', Information Office of the State Council of the PRC, November 2001
  73. (en) « Tibet: Basic Data », United Nations Economic and Social Commission for Asia and the Pacific (consulté le )
  74. « tĂ©lĂ©charger : Aperçu complet »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), FAO « The infant mortality rate averaged 20.6‰ in the country, and varied from 8.2 to 49.5‰ in the different provinces, with Qinghai, Ningxia, Yunnan, Xinjiang and Guizhou being the most affected. In 1996, the under five mortality rate was on average 47‰ and the most affected provinces were Tibet, Jiangxi, Xinjiang and Yunnan. »
  75. (en) Xinhua on-line news on Tibet
  76. (en) Amnesty International, « State of the World's Human Rights: China »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) (consultĂ© le ), 2009, accessed 16 March 2010
  77. (en) « Tibetan Youth Congress: About Us » (consulté le )
  78. (en) « Chinese population – Threat to Tibetan identity » (consultĂ© le )
  79. (en) Interview with Tashi Wangid, David Shankbone, Wikinews, 14 November 2007.
  80. « Constitution of the Republic of China »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) (consultĂ© le )
  81. Xu Ouguang. Caidanzhuoma. Encyclopedia of China (Music·Dance edition). 1re éd.
  82. Le Nouvel Observateur
  83. Leading Tibetan Freed, Awaiting Trial
  84. Barbara Demick, « China silences Tibet folk singer Drolmakyi », Los Angeles Times,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  85. China silences Tibet folk singer Drolmakyi, Los Angeles Times, 8 juin 2008
  86. Kekexili, la patrouille sauvage
  87. (en) Tenzing Sonam Mountain Patrol: Kekexili, A Tibetan Perspective
  88. Nicolas Tournadre, La langue tibétaine : Un assassinat larvé in : Tibet, l'envers du décor / O. Moulin (ed.), Paris : Olizane, 1993, p. 167-175
  89. How Repressive Is the Chinese Government in Tibet ?
  90. (en) Topden Tsering, 'Hands off' isn't enough for Tibet. Dalai Lama stops short of autonomy, site SFgate.com, July 24, 2005 : « (...) Jamyang Norbu, a 51-year-old Tibetan novelist, playwright and activist who is widely seen as the enduring voice of Tibetan independence ».
  91. Running-Dog Propagandists, 13 juillet 2008, Jamyang Norbu
  92. Andrew Martin Fischer, 2005, State Growth and Social Exclusion in Tibet: Challenges of Recent Growth. Copenhague, Nordic Institute of Asian Studies Press.
  93. Elliot Sperling, Exile and Dissent: The Historical and Cultural Context, dans Tibet since 1950 : Silence, prison, or exile, p. 31-36 (Melissa Harris & Sydney Jones eds., 2000), voir The Historical and Cultural Context par Elliot Sperling
  94. « RĂ©cit du pĂ©riple d'un Français Ă  travers le Tibet »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), Nouvel Obs, Carlo Blanco, 13 dĂ©cembre 2008.
  95. Department of Population, Social, Science and Technology Statistics of the National Bureau of Statistics of China (ć›œćź¶ç»ŸèźĄć±€äșșćŁć’Œç€ŸäŒšç§‘æŠ€ç»ŸèźĄćž) and Department of Economic Development of the State Ethnic Affairs Commission of China (ć›œćź¶æ°‘æ—äș‹ćŠĄć§”ć‘˜äŒšç»æ”Žć‘ć±•ćž), eds. Tabulation on Nationalities of 2000 Population Census of China (《2000ćčŽäșșćŁæ™źæŸ„äž­ć›œæ°‘æ—äșșćŁè”„æ–™ă€‹). 2 vols. Beijing: Nationalities Publishing House (民族ć‡ș版瀟), 2003 (ISBN 7-105-05425-5).
  96. Protests in Tibet and Separatism: the Olympics and Beyond sur blackandwhitecat.org
  97. « DĂ©membrement du Tibet par PĂ©kin »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) (consultĂ© le ) sur web.radicalparty.org (consultĂ© le 29 septembre 2009)
  98. Dokham, the eastern part of tibetan plateau (extrait de The Cultural Monuments of Tibet’s Outer Provinces: Kham, Andreas Gruschke, cf bibliographie)
  99. Guide du Routard — NĂ©pal, Tibet, 2008-2009, page 242
  100. Guide du Routard — NĂ©pal, Tibet, 2008-2009, page 244
  101. « Aujourd'hui Lhassa compte 100 000 Chinois pour 70 000 TibĂ©tains qui continuent Ă  opposer une rĂ©sistance passive Ă  la dĂ©sintĂ©gration de leur patrie »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) (consultĂ© le ) sur quid.fr (consultĂ© le 29 septembre 2009)
  102. PrĂšs des deux tiers de la population de Lhassa sont des Chinois, qui peuplent dĂ©sormais 40 % de l’ensemble de la rĂ©gion autonome du Tibet sur Grands reporters.com (consultĂ© le 29 septembre 2009)
  103. Ailleurs, c’est-Ă -dire dans la quasi-totalitĂ© de la capitale, se dresse l’orgueil moderne de la Chine installĂ© Ă  grand renfort de bulldozers sur Grands reporters.com (consultĂ© le 29 septembre 2009)
  104. Tibet : le petit trésor de la Chine sur atimes.com (consulté le 30 septembre 2009)
  105. Guide du Routard — NĂ©pal, Tibet, 2008-2009, page 246
  106. Integration of resource-rich Tibet stepped up sur asiawaterwire.net (consulté le 30 septembre 2009)
  107. Guide du Routard — NĂ©pal, Tibet, 2008-2009, page 232
  108. China to Develop Tibetan Tourism sur www1.cei.gov.cn (consulté le 30 septembre 2009)
  109. « http://fr1.chinabroadcast.cn/720/2009/08/26/341s199431.htm »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) (consultĂ© le ) sur fr1.chinabroadcast.cn (consultĂ© le 30 septembre 2009)
  110. L'Or bleu tibétain sur infos-eau.blogspot.com
  111. Controversial Plan to Tap Tibetan Waters sur www1.china.org.cn (consulté le 30 septembre 2009)
  112. Jacques Brosse, Les grands maĂźtres de la spiritualitĂ©, Éditeur France Loisirs, 1998, (ISBN 274412317X) « II fut suivi par plus de 80 000 TibĂ©tains, parmi lesquels se trouvaient les chefs des ordres religieux et les plus grands maĂźtres. Une des consĂ©quences, et non des moindres, de cet exil massif fut la diffusion du bouddhisme ... cessĂ© de rĂ©pandre le Dharma du Bouddha. Surtout, des maĂźtres tibĂ©tains ont crĂ©Ă© dans tout l'Occident des centres d'Ă©tude et de mĂ©ditation »
  113. Bhaskar Vyas, Rajni Vyas, Experiments with truth and non-violence: the Dalai Lama in exile from Tibet, Concept Publishing Company, 2007, (ISBN 8180693597) : « The teachings about Buddhism have suffered a decline in Tibet. Lamas still trickle down to Dharmashala in search of genuine initiation. »
  114. Chinese authorities in revenge attacks on Tibetan monks, ABC news
  115. The Snow Lion and the Dragon, par Melvyn C. Goldstein
  116. Dalaï-Lama et Végétarisme - Vidéo
  117. Instructions données par Sa Sainteté le XVIIe Karmapa sur « ne pas manger de viande »
  118. Dalai Lama inaugurates first Tibetan college in India Phayul
  119. « Faire un don pour l’universitĂ© de Bangalore (Inde du sud) »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) (consultĂ© le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • FrĂ©dĂ©ric Lenoir Tibet Le moment de vĂ©ritĂ© Édition Plon 2008.
  • Craig, Mary. Tears of Blood : A Cry for Tibet (1992) INDUS an imprint of HarperCollins Publishers. Calcutta. Second impression, 1993. (ISBN 0-00-627500-1)
  • Goldstein, Melvyn C. A History of Modern Tibet, 1913-1951: The Demise of the Lamaist State (1989) University of California Press. (ISBN 978-0520061408)
  • Goldstein, Melvyn C. The Snow Lion and the Dragon: China, Tibet, and the Dalai Lama (1997) University of California Press. (ISBN 0-520-21951-1) [lire en ligne]
  • Goldstein, Melvyn C. A History of Modern Tibet, Volume 2: The Calm Before the Storm: 1951-1955 (2007) University of California Press. (ISBN 9780520249417)
  • Laird, Thomas. The Story of Tibet: Conversations with the Dalai Lama (2006) Grove Press. (ISBN 0802118275)
  • Powers, John. History as Propaganda: Tibetan Exiles versus the People's Republic of China (2004) Oxford University Press. (ISBN 978-0195174267)
  • Shakya, Tsering. The Dragon In The Land Of Snows (1999) Columbia University Press. (ISBN 0-231-11814-7)
  • Smith, Warren W., Jr. Tibetan Nation : A History Of Tibetan Nationalism And Sino-tibetan Relations (1997) Westview press. (ISBN 978-0813332802)

Liens internes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.