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Antilope du Tibet

Pantholops hodgsonii

L'antilope du Tibet (Pantholops hodgsonii), tchirou ou chirou ou encore chiru, est une espÚce de capriné (famille des bovidés) qui se rencontre sur le plateau du Tibet en République populaire de Chine, en Inde, et, dans la premiÚre moitié du XIXe siÚcle, également trÚs rarement au Népal[1] - [2].

C'est la seule espÚce du genre Pantholops. Son nom scientifique, hodgsonii, est dédié à l'administrateur colonial, ethnologue et naturaliste britannique Brian Houghton Hodgson (1800-1894).

Cet animal fournit une laine trÚs prisée appelée Shahtoosh, transformée par les populations locales pour la fabrication de chùles[3].

Morphologie

Antilope du Tibet sur le plateau du Changtang
Caractéristiques
♀ ♂
Masse 25 Ă  3035 Ă  40 kg
Longueur 110 Ă  120120 Ă  140 cm
Hauteur 73 Ă  8479 Ă  94[4] cm
Queue 18 Ă  30 cm
Cornes ∅50-70 cm
Robe brune Ă  noir,
bas blancs
Saison des amours nov à déc
Gestation ~6 mois
Petit(s) 1 ou 2 / an


MaturitĂ© sexuelle 1Âœ Ă  2Âœ ans
Durée de vie 15 ? ans

Son pelage laineux lui procure une bonne isolation thermique pour affronter la rigueur de l'hiver tibétain. La robe est claire avec des reflets rosés. Contrairement à la norme chez les bovidés, seul le mùle porte des cornes.

  • Longueur du corps : 110 Ă  140 cm
  • Longueur des cornes : en S, annelĂ©es Ă  l'avant sur les 2/3 infĂ©rieurs.
  • Hauteur au garrot : 73 Ă  94 cm
  • Poids adulte : 25 Ă  40 kg[5]
  • Vitesse: 80 km/h d'aprĂšs un ouvrage du zoologue Tan Bangjie de 1996[6], 70 Ă  100 km/h d'aprĂšs le Quotidien du Peuple en 2005[7].

Position phylogénétique

N.B. les positions phylogénétiques d'Ammotragus, Arabitragus, Oreamnos ou Rupicapra restent incertaines.

Répartition géographique

On peut rencontrer l'animal Ă  des hauteurs de 3 700 Ă  5 500 m dans les steppes isolĂ©es du plateau tibĂ©tain : rĂ©gion autonome du Tibet, Ă  l'ouest (Ă©galement le sud) de la rĂ©gion autonome ouĂŻgour du Xinjiang et dans la province du Qinghai en Chine occidentale[8], et Ladakh, rĂ©gion de l'État du Jammu-et-Cachemire au nord-ouest de l’Inde[9] Bien que Lesson l'y ai observĂ© en 1827, elle est trĂšs rare au NĂ©pal[10].

Elle migre en juin, vers cette la réserve naturelle nationale de Qinghai-Hoh Xil, pour donner naissance à ses petits, et repart vers septembre[11].

Une espĂšce en danger

Chùle en Shahtoosh qui nécessite de tuer l'antilope pour en tirer la laine, menaçant la survie de l'espÚce.

Chasse, braconnage et commerce

D'aprÚs l'édition de 2005 de Endangered Species Handbook de l'ONG américaine Animal Welfare Institute, elle y est traditionnellement chassée et commercialisée pour sa laine, de façon limitée en Région autonome du Tibet (Chine), et au Kashmir (Inde)[12].

Bien que l'habitat de l'antilope soit difficilement accessible, le prix Ă©norme de Shahtoosh (jusqu'Ă  1 250 $/kg) et les petites amendes pour des infractions ont, d'aprĂšs un rapport de Kumar en 1993, alimentĂ© les Ă©changes illĂ©gaux. En , les douanes indiennes ont saisit 105 kg de shahtoosh en provenance de Katmandou au NĂ©pal. Une antilope tuĂ©e fournit 150 grammes de laine, il faut 2 antilopes pour produire une Ă©charpe (Schaller, 1996, 1998)[12].

Un marché important s'est développé en Inde, Népal, et différents pays occidentaux d'aprÚs une étude de George Schaller de 1998. En 2000, elle est totalement protégé par les gouvernements nationaux chinois et indien, cependant, l'état du Jammu-et-Cachemire en Inde, autorise le commerce du shahtoosh, défiant ainsi l'interdiction du national Indian Wildlife Protection Act (Currey 1996). Une chasse illégale est continuée par les braconniers et certains fonctionnaires du gouvernement Tibétain, tandis que la laine est traitée en Inde, d'aprÚs un rapport de Schaller[12] de 1998.

Le dissident chinois Hu Jia a commencĂ© Ă  s’engager publiquement au dĂ©but des annĂ©es 1990[13]. DiplĂŽmĂ© en Ă©conomie, il devient membre de la Brigade du yak sauvage, une ONG qui dĂ©fend les antilopes tibĂ©taines en danger de disparition du fait d’un braconnage tolĂ©rĂ© par les autoritĂ©s chinoises et de l’organisation de chasses fort lucratives au Tibet[14].

Mesures de protection

L'antilope tibĂ©taine est inscrite dans la liste des espĂšces en danger par l'Union internationale pour la conservation de la nature et d'autres organismes locaux comme le United States Fish and Wildlife Service amĂ©ricain, en raison du braconnage commercial pour la laine de sa « sous-toison », de la compĂ©tition avec des troupeaux locaux domestiquĂ©s et le dĂ©veloppement de leur pĂąturage et Ă  cause l'extraction de l'or dans l'habitat du Chiru. La laine du Chiru, connue sous le nom de shahtoosh, est chaude, douce et trĂšs lĂ©gĂšre. Elle est considĂ©rĂ©e comme la plus chaude du monde. La laine ne peut seulement ĂȘtre obtenue qu'en tuant l'animal[15].

Depuis 1979 le commerce international du shahtoosh est interdit par la Convention sur le commerce international des espÚces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES)[16].

En 1993, est établie l'aire protégée nationale du Changthang[17].

RĂ©serve naturelle nationale de Qinghai-Hoh Xil en marron et zone tampon en bleu, sur la carte de la province du Qinghai

Depuis 1998, l'antilope est strictement protégée dans la réserve naturelle nationale de Qinghai-Hoh Xil intégrant une grande partie du massif du Kunlun et le Nord du Changtang[18].

L'aire protégée nationale du Changthang est élevée au niveau d'aire protégée en 2000[17].

Le braconnage dans les rĂ©serves nationales en Chine, pratiquĂ© principalement pour la consommation de viande ou la confection de produits artisanaux, est difficile Ă  contrĂŽler car si la possession d'armes Ă  feu est officiellement interdite en Chine depuis 1995, un certain nombre de minoritĂ©s ethniques disposent d’armes Ă  feu artisanales pour la chasse[19].

Des groupes de volontaires tibĂ©tains se forment pour arrĂȘter la chasse illĂ©gale. Elle est dĂ©peinte en 2004 dans le film chinois, Kekexili, la patrouille sauvage (ćŻćŻè„żé‡Œ).

En , le gouverneur de l'État du Jammu-et-Cachemire a demandĂ© au gouvernement fĂ©dĂ©ral d'Inde d'interdire, suivant la rĂ©glementation du CITES, le braconnage de l'antilope du Tibet[16].

Lors de la construction de la ligne ferroviaire Qing-Zang, inaugurée le , des passages ont été aménagés pour permettre la migration des troupeaux[20].

Évolution de la population

À la moitiĂ© des annĂ©es 1990, la population Ă©tait estimĂ©e Ă  200 en Inde et environ 75 000 en Chine, contre une population totale Ă©stimĂ©e Ă  environ 1 million d'animaux un siĂšcle auparavant. De grands troupeaux Ă©taient observĂ©s au XIXe siĂšcle d'aprĂšs un article de Schaller de 1998. Elle Ă©tait classĂ©e comme vulnĂ©rable en 1996 par la liste rouge de l'UICN, puis en danger en 2000 avec environ 20 000 animaux tuĂ©s chaque annĂ©e[12].

Un rapport publiĂ© par Xinhua en , faisait dĂ©jĂ  Ă©tat de 120 000 spĂ©cimens dans la prĂ©fecture de Nagqu, soit un doublement de la population par rapport Ă  2000[8].

Un article de du Quotidien du peuple fait Ă©tat de 200 000 tĂȘtes dans le seul Changtang, dont la superficie est de 298 000 km2 et une altitude moyenne de 5 000 mĂštres[21]. En avril 2021, le mĂȘme quotidien rapporte les mots de Zhang Zhizhong, responsable du dĂ©partement de la protection de la vie sauvage du institut national des forĂȘts et prairies faisant Ă©tat d'une population dĂ©passant les 300 000 individus et de la quasi-Ă©radication du braconnage, qui Ă©tait trĂšs actif dans les annĂ©es 1990[22].

Dans la culture populaire

La lutte d'un groupe de volontaires tibĂ©tains pour arrĂȘter la chasse illĂ©gale d'antilopes a Ă©tĂ© dĂ©peinte en 2004 dans le film chinois Kekexili, la patrouille sauvage.

La mascotte jaune Yingying (èżŽèżŽ), un des cinq fuwa des Jeux olympiques d'Ă©tĂ© de 2008 Ă  PĂ©kin, symbolise une antilope du Tibet.

Notes et références

  1. (Lesson 1827)
  2. (Leslie et 2003 Schaller, p. 8), appelées les habitans du Népaul [ = Népal].
  3. @NatGeoFrance, « L'antilope du Tibet est massacrée pour la confection d'écharpes », sur National Geographic, (consulté le )
  4. Walker's Mammals of the World Ronald M.Nowak
  5. (Leslie et Schaller 2008)
  6. (Tan 1996)
  7. « L'antilope tibétaine, candidate favorite des mascottes pour les Jeux Olympiques de Beijing », sur Le Quotidien du Peuple,
  8. (en) Xinhua, « Tibetan antelope population doubles », sur China Daily, .
  9. (Leslie et Schaller 2008, p. 1) « It presently occurs, almost exclusively, in about 800,000 km2 of the Chinese provinces of Tibet (Xizang), Xinjiang, and Qinghai and in very small numbers in the Ladakh district of northwestern India »
  10. (Leslie et Schaller 2008, p. 3) « Despite Lesson’s (1827) type locality,P. hodgsoniirarely occurred in Nepal (Groves 2003; Heinen and Yonzon1994; Schaller 1977, 1998). »
  11. « Un centre de protection sauve plus de 300 antilopes tibétaines », sur Xinhua,
  12. « 10. Trade », dans Endangered Species Handbook, Animal Welfare Institute (lire en ligne), Tibetan Antelope, p 31
  13. Brice Pedroletti et Bruno Philip Elisa Haberer, « Hu Jia et Zeng Jinyan : les enfants de Tiananmen », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  14. « Tashi delek », sur Aide à l'enfance tibétaine,
  15. Dina Fine Maron, « L'antilope du Tibet est massacrĂ©e pour la confection d'Ă©charpes Le commerce de la luxueuse « shahtoosh » menace l'antilope du Tibet, une espĂšce menacĂ©e. », National geographie nationalgeographic.com,‎ (lire en ligne AccĂšs libre [doc])
  16. (en) « Kashmir rethinks shahtoosh ban », Washington Times,
  17. (en) « Changthang National Protected Area », sur Centre international pour le dĂ©veloppement intĂ©grĂ© de la montagne (en)
  18. Louis-Marie, Élise et Thomas Blanchard, Explorateurs du Toit du Monde, Carnets de route en Haute-Asie (1850-1950), Édition de La Martiniùre, 2010, Page 69 (ISBN 978-2-7324-4216-7).
  19. (Giroir 2007, p. 17).
  20. « Il faudrait tourner vers le chemin de fer Qinghai-Tibet un regard plus international », sur french.xinhuanet.com,
  21. Guangqi CUI, Wei SHAN, « Le nombre d'antilopes du Tibet a atteint plus de 200 000 à Changtang », sur Le Quotidien du peuple, .
  22. (en) « Tibetan antelope population reaches 300,000 to 400,000 in China »,

Bibliographie

  • (en) David M. Leslie et George B. Schaller, « Pantholops Hodgsonii (Artiodactyla: Bovidae) », Mammalian Species, vol. 817, no 1,‎ (ISSN 0076-3519 et 1545-1410, DOI 10.1644/817.1, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (zh) 谭邊杰, äž­ć›œçš„ççŠœćŒ‚ć…œ, 挗äșŹ, äž­ć›œé’ćčŽć‡ș版瀟,‎ , 225 p. (2e Ă©dition, 1996 (OCLC 298171168)
    • Traduction (en) Tan Bangjie, Into the wild : the rare and endangered species of China, New World Press, , 107 p. (ISBN 978-7-80005-298-9 et 9787800052989, OCLC 37704387)
  • (en) Hoshino Buhoa, Z.Jiang, C.Liu, T.Yoshida, Halik Mahamut, M.Kaneko, M.Asakawa, M.Motokawa, K.Kaji, X.Wu, N.Otaishi, Sumiya Ganzorig, R.Masudah & co, « Preliminary study on migration pattern of the Tibetan antelope (Pantholops hodgsonii) based on satellite tracking », Advances in Space Research, vol. 48, no 1,‎ , p. 43-48 (DOI 10.1016/j.asr.2011.02.015, prĂ©sentation en ligne)
  • RĂ©nĂ©-Primeverre Lesson, Manuel de mammalogie, ou histoire naturelle des mammifĂšres, Paris, France, Roret Libraire,

Liens externes

Genre Pantholops

EspĂšce Pantholops hodgsonii

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