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Siège d'Anvers (1814)

Le siège d'Anvers est un ensemble d'opération militaire qui se déroulent en 1814 en Belgique annexée par l'Empire français pendant la dernière phase des guerres napoléoniennes. La garnison française d'Anvers, important centre industriel et naval, sous les ordres de Lazare Carnot, résiste au siège des forces européennes de la Sixième Coalition jusqu'à l'armistice et à l'abdication de Napoléon Ier : la fin des hostilités est signée par Louis XVIII qui cède Anvers et la Belgique au Royaume uni des Pays-Bas.

Siège d'Anvers
Description de cette image, également commentée ci-après
Monnaie obsidionale émise lors du siège d’Anvers.
Informations générales
Date du 14 janvier au 4 mai 1814
Lieu Anvers
Issue Victoire de la coalition
Forces en présence
10 000 hommesVariable

Sixième Coalition

Batailles

Campagne de Russie (1812)


Campagne d'Allemagne (1813)


Campagne de France (1814)


Campagne des Six-Jours :



Front italien :

Front des Pays-Bas :
CoordonnĂ©es 51° 13′ 00″ nord, 4° 24′ 00″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Siège d'Anvers

Contexte

À la suite de la campagne d'Allemagne de 1813, les armées de l'Europe coalisée pénètrent sur le territoire de l'Empire français. Tandis que deux armées sous les ordres de Blücher et du prince de Schwarzenberg avancent vers Paris et affrontent Napoléon Ier lors de la campagne de France, Bernadotte entre en Belgique[1]. Devant ce mouvement, les troupes françaises s'enferment dans les places fortes d'Allemagne, des Pays-Bas et de Belgique.

Opérations navales

Anvers, « pistolet braqué au cœur de l'Angleterre », a contribué aux préparatifs du camp de Boulogne. Gravure anglaise de 1803.

Pour la marine impĂ©riale française, Anvers reste une base première importance : de 1804 Ă  1814, ses chantiers lancent 19 vaisseaux et frĂ©gates, et 14 sont en construction au dĂ©but du siège. Les fortifications qui verrouillent les embouchures de l'Escaut, de la Meuse et du Rhin ont Ă©tĂ© renforcĂ©es depuis le raid britannique sur Walcheren en 1809[2]. Cependant, l'escadre d'Anvers, commandĂ©e par l'amiral Missiessy n'est guère en Ă©tat de disputer Ă  la Royal Navy la sortie des bouches de l'Escaut. Ă€ la fin de 1813, 7 vaisseaux doivent ĂŞtre dĂ©sarmĂ©s par pĂ©nurie de marins, y compris ceux montĂ©s par des Ă©quipages danois. La Hollande, annexĂ©e par la France en 1810, commence Ă  se soulever et arborer le drapeau de la dynastie d'Orange. En novembre, une flottille française de 5 canonnières, commandĂ©e par le capitaine de vaisseau Halgan, est chargĂ©e de renforcer les dĂ©fenses de Walcheren : les habitants de Hellevoetsluis ont fait dĂ©fection et rendu les canons inutilisables en les enclouant. Halgan fait armer les remparts avec les pièces des canonnières et l'escadre ennemie, qui Ă©tait prĂŞte Ă  entrer dans l'estuaire, se retire Ă  la première salve. En dĂ©cembre, 2 555 marins ont Ă©tĂ© dĂ©barquĂ©s pour renforcer les garnisons d'Anvers, Berg-op-Zoom et Flessingue et il n'en reste plus que 945 pour l'escadre qui se trouve pratiquement immobilisĂ©e jusqu'Ă  la fin du siège[3].

Opérations terrestres

Préliminaires

Départements de l'Empire français en 1811 : Anvers est le chef-lieu des Deux-Nèthes.
Plan de la ville et de la citadelle d'Anvers par Ambroise Tardieu, 1805.

Le , le général Nicolas-Joseph Maison est nommé à la tête du 1er corps d'armée avec la mission de défendre les passages du Rhin, de la Meuse et les abords d'Anvers. Les divisions Lefebvre-Desnouettes et Molitor doivent le rejoindre pour faire barrage à l'avance des forces britanniques (en) du général Graham et prussiennes de Bülow auxquelles vont bientôt se joindre les forces russes de Wintzingerode et hollandaises du prince d'Orange. Au nord d'Anvers, les Français tiennent encore les îles de Texel et Walcheren, Nimègue, Bois-le-Duc, Gorkum, Flessingue et Berg-op-Zoom : les Britanniques acceptent d'assiéger toutes ces places sauf Gorkum. Au début de , Bülow rassemble ses forces pour entrer en Belgique mais, le , apprend que les glaces ont endommagé les ponts jetés sur le Rhin et la Meuse : il craint d'être attaqué de flanc par le maréchal Macdonald qui opère vers Grave en Brabant-Septentrional alors que le corps de Wintzingerode n'est pas en mesure de le rejoindre. Bülow décide de prendre l'offensive contre le corps de Maison : après un combat le près de Hoogstraten, Maison, menacé d'encerclement par les Prussiens et Britanniques, se replie vers le sud en croyant, à tort, que les forces adverses se dirigent vers Louvain. Le , Bülow attaque vers Wijnegem, dans la banlieue d'Anvers, sans succès. Cependant, le passage du Rhin par l'armée russe de Tchernychev vient séparer les corps de Maison et de Macdonald[4].

Le siège

La Légion russo-allemande, unité de volontaires allemands financée par les Britanniques, participe au siège d'Anvers. Gravure de Richard Knötel, 1890.

Le , tandis que le corps de Maison manĹ“uvre vers Louvain et celui de Tchernychev vers Liège, les Prussiens, aidĂ©s par un soulèvement des habitants, s'emparent de Bois-le-Duc avant de revenir vers Anvers[5]. La garnison est composĂ©e de 10 000 hommes, issus du Ier corps de la Grande ArmĂ©e, de la Jeune Garde, et de divers autres corps[6] et des marins de l'escadre de Missiessy[7]. En , le gouverneur d'Anvers est le gĂ©nĂ©ral Anne-Charles Lebrun, duc de Plaisance ; il est remplacĂ© Ă  la fin du mois par Lazare Carnot, vieux rĂ©publicain qui s'est longtemps tenu Ă  l'Ă©cart du rĂ©gime impĂ©rial mais qui veut reprendre du service pour dĂ©fendre la patrie envahie. Du cĂ´tĂ© des coalisĂ©s, BĂĽlow reçoit l'ordre de rejoindre l'armĂ©e de SilĂ©sie, commandĂ©e par BlĂĽcher, dans l'est de la France ; il laisse le commandement des opĂ©rations en Belgique au duc de Saxe-Weimar qui arrive d'Allemagne avec des renforts. Du cĂ´tĂ© britannique, le duc de Clarence, amiral de la flotte (futur roi Guillaume IV) insiste pour que l'armĂ©e coalisĂ©e attaque Anvers afin d'incendier le port et l'escadre. Une attaque est menĂ©e vers Merksem Ă  partir du . Dans la nuit du 2 au , les Britanniques bombardent le port ; la canonnade se poursuit pendant 3 jours en ne faisant que peu de dĂ©gâts. Finalement, les assaillants se replient le , ayant perdu 1 500 hommes contre 500 Français[8].

En mars, le gĂ©nĂ©ral Maison opère dans le sud de la Flandre pour soutenir Lille et soutenir la place assiĂ©gĂ© de Maubeuge contre les forces du duc de Saxe-Weimar et du gĂ©nĂ©ral saxon Johann von Thielmann. Le , comme Anvers ne semble plus directement menacĂ©e, Maison fait demander au gĂ©nĂ©ral Roguet de quitter la place d'Anvers pour le rejoindre entre Gand et Alost avec sa division, forte de 4 000 fantassins, 200 cavaliers et 14 canons, ce qui est fait. Le duc de Saxe-Weimar fait regrouper ses forces par crainte d'une attaque des Français sur Bruxelles ; il demande au gĂ©nĂ©ral Wallmoden d'envoyer une des deux brigades de la LĂ©gion russo-allemande pour renforcer l'encerclement d'Anvers. Au dĂ©but d'avril, cette brigade est relevĂ©e par une unitĂ© suĂ©doise de Bernadotte et peut rejoindre l'armĂ©e principale vers Tournai[9] - [10].

À cause d’un manque de petit numéraire dans la ville le gouverneur Lazare Carnot décide de faire frapper des monnaies obsidionales de 10 et 5 centimes en bronze, d’abord à l’atelier privé de l'anversois Joseph Frans Wolschot le , puis pour accélérer, à l’arsenal de la marine le . Il demande au colonel Pierre Lair, le chef des ouvriers militaires, d’entreprendre la frappe avec les balanciers disponibles en utilisant les métaux de la marine. Celui-ci fait graver les poinçons pour ces monnaies par le sergent Jean Louis Gagnepain (19 novembre 1782 Évillers, Doubs – 19 mars 1837 Évillers, Doubs).

La nouvelle de la prise de Paris et de l'abdication de Napoléon, signée le , amène Maison à conclure, le , un armistice avec le duc de Saxe-Weimar, ce qui met fin aux opérations en Belgique. Les troupes françaises conservent les places qu'elles occupent à cette date[11].

Rue Lazare Carnot (Carnotstraat) Ă  Anvers en 2013.

La garnison d'Anvers reste dans la ville jusqu'au [6]. Le général Graham prend possession d'Anvers au nom des coalisés, ainsi que de l'escadre, forte de 38 vaisseaux de ligne et 10 frégates. Un tiers de cette flotte sera restitué à la France par la suite[12].

Conséquences

Au Congrès de Vienne, en juin 1815, Anvers et toute la Belgique sont rattachés aux anciennes Provinces-Unies dans le Royaume uni des Pays-Bas, gouverné par la dynastie d'Orange et qui durera jusqu'à la révolution belge de 1830.

Notes et références

  1. Tulard 1999, p. 415
  2. Antoine Reverchon, « Trafalgar n'est pas la fin ! » in Napoléon et sa marine, une stratégie à redécouvrir, Guerres & Histoire, no 51, octobre 2019.
  3. O. Troude, Batailles navales de la France, Volume 4, Paris, 1868, p. 166-168.
  4. Frédéric Guillaume de Vaudoncourt, Histoire des campagnes de 1814-1815 en France, Volume 1, Paris, 1826, p. 201-209.
  5. Frédéric Guillaume de Vaudoncourt, Histoire des campagnes de 1814-1815 en France, Volume 1, Paris, 1826, p. 210-211.
  6. Smith 1998, p. 525
  7. Gillet 2010, p. 333
  8. Frédéric Guillaume de Vaudoncourt, Histoire des campagnes de 1814-1815 en France, Volume 1, Paris, 1826, p. 425-428.
  9. Frédéric Guillaume de Vaudoncourt, Histoire des campagnes de 1814-1815 en France - Campagne de 1814, Volume 3, Paris, 1826, p. 70-76.
  10. Versuch einer militärisch-historischen Darstellung des grossen Befreiungs-Krieges, Volume 2, Weimar, 1815, p. 46-51.
  11. Frédéric Guillaume de Vaudoncourt, Histoire des campagnes de 1814-1815 en France - Campagne de 1814, Volume 3, Paris, 1826, p. 76-77.
  12. Versuch einer militärisch-historischen Darstellung des grossen Befreiungs-Krieges, Volume 2, Weimar, 1815, p. 57.

Bibliographie

  • Jean-Claude Gillet, La Marine impĂ©riale : Le grand rĂŞve de NapolĂ©on, Paris, Bernard Giovanangeli Éditeur, , 350 p. (ISBN 978-2-7587-0062-3)
  • (en) Digby Smith, The Greenhill Napoleonic Wars Data Book : Actions and Losses in Personnel, Colours, Standards and Artillery, 1792-1815, Londres, Greenhill Books, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9)
  • Jean Tulard, NapolĂ©on, Fayard, , 512 p. (ISBN 2-213-01813-8)
  • Jean Tulard (dir.), Dictionnaire NapolĂ©on, vol. A-H, Paris, Fayard, , 1000 p. (ISBN 2-213-60485-1)
  • O. Troude, Batailles navales de la France, Volume 4, Paris, 1868, p. 166-168
  • Antoine Reverchon, « Trafalgar n'est pas la fin ! » in NapolĂ©on et sa marine, une stratĂ©gie Ă  redĂ©couvrir, Guerres & Histoire, no 51, .
  • FrĂ©dĂ©ric François Guillaume de Vaudoncourt, Histoire des campagnes de 1814-1815 en France, Volume 1, Paris, 1826
  • FrĂ©dĂ©ric François Guillaume de Vaudoncourt, Histoire des campagnes de 1814-1815 en France, Volume 3, Paris, 1826
  • Versuch einer militärisch-historischen Darstellung des grossen Befreiungs-Krieges, Volume 2, Weimar, 1815

Voir aussi

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