Perruche à collier
La Perruche à collier (Psittacula krameri) est une espèce de grande perruche d'origine afro-asiatique aujourd'hui acclimatée à l'Europe de l'Ouest.
Elle est souvent élevée en captivité pour la beauté de son plumage, et on trouve désormais des populations férales (en liberté) au Royaume-Uni, en France, en Belgique, en Espagne, au Portugal, en Allemagne et en Italie.
Psittacula krameri
Dénominations
Cette espèce porte le nom normalisé de perruche à collier en référence à la bande colorée de plumes, noire dans le cou et rouge sur la nuque, que les mâles ont.
Son nom scientifique, Psittacula krameri, est composé du nom générique, Psittacula, et d'une épithète spécifique, krameri. Ce dernier fait référence au naturaliste allemand Wilhem Heinrich Kramer.
Caractéristiques
La Perruche à collier mesure une quarantaine de centimètres de long, pour une envergure de plus ou moins 50 cm et une masse entre 90 et 145 g. C'est une espèce de perruche très répandue dans le monde.
Elle possède un plumage à prédominance verte. La queue est longue et présente des nuances bleu azur à métallique. Le ventre et le dessous des ailes sont jaunâtres à verdâtres, parfois un peu jaune crème. Une ligne noire relie la cire (base du bec) aux yeux. La mandibule supérieure du bec est rouge, alors que l'inférieure est noire.
Il existe un dimorphisme sexuel :
- Le mâle se distingue par un collier noir qui s'étend du bec au cou ainsi que par une mince bande rouge sur la nuque[1] ;
- La femelle et les juvéniles des deux sexes (jusqu'à l'âge de 3 ans) sont souvent plus clairs et ont une queue plus courte ; ils ne présentent pas de collier ou alors un simple ombrage gris et des bandes claires sur la nuque (toujours de même couleur mais de teintes plus pâles que le plumage environnant).
Écologie et comportement
Alimentation
La perruche à collier se nourrit essentiellement de fruits et de graines. Elle est opportuniste. En Afrique, son alimentation est basée sur les fruits (comme ceux des Ficus et des baobabs, les figues, les mangues et les goyaves) et les graines.
En Europe, l'espèce préfère les milieux urbains où la température est plus élevée et où elle peut trouver sa pitance (fruits, graines, pousses) en particulier dans les mangeoires à oiseaux. On ne lui impute donc pas pour l'instant de préjudices important aux récoltes en Europe[2]. Elle est par contre considérée comme un fléau pour les récoltes de céréales et de fruits en Asie[3].
En captivité, la nourriture préférée de cet oiseau est constituée par des végétaux variés (amandes, arachides, baies, céréales, fleurs comestibles, fruits, germes de graines et/ou de légumineuses, légumes, légumineuses très cuites, noix, pâtes alimentaires al dente, quinoa, riz, verdure…).
Reproduction
La nidification est dite cavernicole, ce qui signifie que les pontes se font dans des anfractuosités, souvent dans des arbres creux. Les vieux platanes sont souvent utilisés. Les couvées sont de 2 à 6 œufs qui sont incubés 21 jours. Les jeunes, en général 2 à 3, sont nourris au nid pendant environ quarante jours[3].
Longévité
L'espérance de vie est de trente ans environ en captivité.
Comportement
Le vol est rapide et direct, associé avec des cris lors des vols en groupe.
Les perruches à collier sont grégaires lors de leurs périodes d'alimentation et de reproduction. Elles se rassemblent à la tombée du jour sur un arbre dortoir pour y passer la nuit. Au petit matin elles s'envolent pour se nourrir. Lors de la période de reproduction (mars-avril), le dortoir est en général abandonné au profit des sites de reproduction jusqu'à l'automne.
La gamme de cris émis est assez distinctive. Ils sont aigus, et ce sont surtout des sifflements[4] : kyii ; kiiik ; kiii-ah ; kiii-ak ; trriit. On dit qu'elle siffle ou jacasse.
Habitat et répartition
La perruche à collier habite naturellement les savanes arborées et les zones cultivées tropicales d'Afrique et d'Asie. Elle est sédentaire.
Expansion
La perruche à collier a été introduite en Europe et en Amérique à partir de son aire de répartition naturelle. Des populations férales existent dans toute l'Europe de l'Ouest et notamment en Angleterre[5], en Espagne, en Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas[6] et en France[2]. Elles sont récemment présentes à Casablanca au Maroc dans un jardin public dans le centre-ville (parc Murdoch).
À Bruxelles, à titre d'exemple, la population des perruches à collier est évaluée à plusieurs milliers d'individus et est en pleine expansion[7]. L'origine de la population bruxelloise remonte à 1973-1974. Une quarantaine de perruches à collier s’envole du zoo de Meli Park Heysel. Quarante ans plus tard, elles se sont reproduites et leur nombre est évalué à plus de 8 000 individus[8]. Elle est également présente en Île-de-France depuis plusieurs années, passant de 1 100 individus en 2008 à plus de 5 000 en 2016[9], notamment dans les parcs et jardins ; elles ont d'abord été signalées près des aéroports d'Orly et Charles-de-Gaulle, par lesquels elles sont probablement arrivées[10] - [11] - [12]. On les trouve aussi dans le midi de la France[13] - [14] ainsi que dans d'autres villes françaises comme dans la banlieue de Lille[15] ou à Nancy[16].
Au début des années 2000, certains spécialistes se sont inquiétés de la concurrence avec les espèces aviaires locales telles que le moineau domestique, la sittelle torchepot et l'étourneau sansonnet[17] dont les habitudes de nidification sont similaires, ou avec des espèces de chauve-souris telle la grande noctule[18]. Il a été reporté plusieurs cas en Île-de-France où les perruches pourraient avoir attaqué des écureuils roux[19] mais la confirmation scientifique de ces cas et de leur caractère répété n'a pu être démontré. En raison de ces inquiétudes et de son expansion cette perruche est parfois considérée comme une espèce invasive[20] - [21] - [22] et en France, elle est considérée comme une espèce exotique envahissante[23].
Face à ces inquétudes, une vaste étude scientifique publiée en 2019 a conclu, qu'en Europe, la concurrence de cette perruche sur les autres oiseaux est en réalité très relative[24] et le magazine Reporterre estime qu'il n'y a pas lieu de la qualifier d'espèce invasive[25]. Il n'en est toutefois pas de même en milieu tropical où devant le danger représenté par les perruches pour d'autres espèces locales, les Seychelles ont conduit avec succès un programme d’éradication par tir[26].
Classification
L'espèce Psittacula krameri est subdivisée en quatre sous-espèces très proches morphologiquement mais ayant des aires de répartition différentes
En Afrique
- P. k. krameri, communément appelée perruche à collier-africaine nominale (Scopoli, 1769) localisée du Sénégal à l'Ouest de l'Ouganda et au Sud du Soudan ;
- P. k. parvirostris, communément appelée perruche à collier-abyssinienne (Souance, 1856) localisée de l'Est du Soudan au Nord de l'Éthiopie et en Somalie.
En Asie
- P. k. borealis, communément appelée perruche à collier-boréale alias de Neumann (Neumann, 1915) localisée de l'Est du Pakistan jusqu'au Myanmar ;
- P. k. manillensis, communément appelée perruche à collier-indienne (Bechstein, 1800) localisée au Sud de l'Inde et au Sri Lanka.
Les différences morphologiques entre sous-espèces sont mineures et concernent la taille de l'oiseau, celle de son bec et la couleur de ce dernier.
Aviculture
Les perruches à collier sont très appréciées des éleveurs. Elles sont robustes et faciles à élever. Ces perruches sont essentiellement de la sous-espèce P. k. manillensis, plus rarement P.k. borealis et P. k. krameri. Les perruches à collier implantées en Europe sont très probablement des perruches d'élevage libérées ou échappées. De nombreuses mutations de la couleur du plumage ont été sélectionnées : lutino, bleu, bleu turquoise, albinos, crème-ino, cinnamon, lacewing, buttercup [27]…
Mutation bleue. Femelle vert-turquoise et mâle turquoise chrysope (mutations rares). Femelle lutino et mâle cinnamon turquoise (juvéniles). Mâle albinos. Mâle sauvage. Femelle sauvage.
Aspects culturels
Tout comme la proche perruche Alexandre, la perruche à collier est une espèce présente dans les cultures du monde indien, où elle est notamment le vâhana du dieu de l'amour, du désir Kâma, ainsi que de sa parèdre Rati[28] - [29]. Dans le sud-est de l'Inde, l'oiseau accompagne les représentations des déesses Minakshi et Kamakshi, tutélaires des villes de Madurai et de Kanchipuram, et ceux de la sainte et poétesse vishnouïte du VIIe siècle ou VIIIe siècle Andal[28] - [30].
Le Temple de Minakshi abrite dans son enceinte un mandapa appelé கிளிக்கூண்டு மண்டபம் (Kil̤ikkūṇḍu maṇḍapam) ou « Pavillon de la cage à perruche », réputé pour avoir abrité des colonies de perruches répétant le nom de la déesse[28]. Les dévots avaient coutume d'offrir des perruches au sanctuaire jusque en 2005, lorsque ce dernier, sous la pression des organismes de défense des droits des animaux, libère les oiseaux captifs et s'engage à mettre fin à cette pratique[31]. Le Temple de Sri Ranganathaswamy à Srirangam a également dans son enceinte un mandapa du nom de கிளி மண்டபம் (Kil̤i maṇḍapam) ou « Pavillon de la perruche ». Ce dernier tient son nom d'un mythe sur l'histoire du sanctuaire, qui aurait été un moment perdu, enseveli sous les sables du Cauvery, jusqu'au jour où un roi chola, intrigué par les cris d'une perruche psalmodiant le nom de Ranganatha et la grandeur de sa demeure, fut attiré en ces lieux et fini par identifier et reconsacrer le temple[32] - [33].
Dans cette même région (Tamil Nadu et Andhra Pradesh), la perruche à collier est une des espèces plébiscitées par des astrologues et diseurs de bonnes aventures pratiquant le கிளி ஜோசியம் (Kil̤i josiyam) ou చిలక జ్యోతిష్యం (Cilaka jyotiṣyaṃ) ou « Astrologie de la perruche », qui consiste en une sorte de tarot divinatoire tiré par l'oiseau[34] - [35]. Cette pratique connue en anglais comme Parrot astrology, a été répandue par les communautés émigrées sud-indiennes dans le monde malais[36] - [37], où une perruche nommée Mani the parakeet est particulièrement célèbre pour ses prédictions lors de la coupe du monde de football de 2010[38].
La perruche à collier a été identifiée par Friedmann dans le tableau La Vierge au chanoine Van der Paele du peintre primitif flamand Jan van Eyck[29]. L'habilité des perroquets à parler et leur provenance exotique, ont eu une résonance dans la symbologie artistique chrétienne de l'Occident, où ils sont devenus représentatifs de l'Immaculée Conception. Celle-ci s'étant faite à travers l'Annonciation, par les paroles de l'ange Gabriel, dans un Orient mythique, la Terre sainte[39].
Références
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- Bertrand Bollenbach, AFP, « Année après année les perruches à collier conquièrent l'Europe », sur lepoint.fr, (consulté le )
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Voir aussi
Liens externes
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- (en) Référence Catalogue of Life : Psittacula krameri (Scopoli, 1769) (consulté le )
- (fr+en) Référence Avibase : Psittacula krameri (Scopoli, 1769) (+ répartition) (consulté le )
- (fr) Référence CITES : taxon Psittacula krameri (sur le site du ministère français de l'Écologie) (consulté le )
- (en) Référence Fauna Europaea : Psittacula krameri (Scopoli, 1769) (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Psittacula krameri (Scopoli, 1769)
- (en) Référence Animal Diversity Web : Psittacula krameri
- (en) Référence NCBI : Psittacula krameri (taxons inclus)
- (en) Référence UICN : espèce Psittacula krameri (consulté le )
- (fr+en) Référence CITES : espèce Psittacula krameri (Scopoli, 1769) (+ répartition) (sur le site de l’UNEP-WCMC)
- Site spécifique sur la perruche à collier
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- Avibase
- Global Biodiversity Information Facility
- New Zealand Birds Online
- Oiseaux.net
- TAXREF (INPN)
- (en) Animal Diversity Web
- (cs + en) BioLib
- (en) BirdFacts
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