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Paul Andreu

Paul Andreu, nĂ© le Ă  CaudĂ©ran[Note 1] en Gironde et mort le Ă  Paris 15e[1], est un architecte français spĂ©cialiste des constructions aĂ©roportuaires. Il est l’architecte de 20 aĂ©roports[2] dans le monde, dont notamment celui de Roissy-Charles-de-Gaulle qu'il conçut Ă  l'âge de 29 ans et est Ă  l'origine de sa renommĂ©e. Il se diversifie ensuite vers des rĂ©alisations autres que des terminaux d'aĂ©roports. Il est aussi peintre et Ă©crivain.

Biographie

Formation

Après des études secondaires au lycée Michel-Montaigne de Bordeaux où son père enseignait les mathématiques, Paul Andreu suit la préparation aux grandes écoles au lycée Louis-le-Grand à Paris et il est reçu simultanément à l’École normale supérieure et à l’École polytechnique.

Après avoir été diplômé de l'École polytechnique (promotion 1958), il mène de front un cursus à l’École nationale des ponts et chaussées (il sortira ingénieur du Corps des Ponts et Chaussées en 1963) et des études à l’École nationale supérieure des beaux-arts, dans l’atelier d’architecture d'Otello Zavaroni puis de Paul Lamache (rue Visconti), école dont il sortira diplômé en .

Carrière

Paul Andreu en 1996.

« Je construisais des pistes à Orly tout en faisant les Beaux-Arts le soir[2]. »

Son double cursus Polytechnique et Beaux-Arts lui permet de concilier sa vocation artistique et un solide bagage technique.

Dès le dĂ©but de sa carrière, il rejoint la sociĂ©tĂ© AĂ©roports de Paris (ADP) qui lui confie le poste d'ingĂ©nieur en chef du dĂ©partement travaux puis du dĂ©partement architecture en 1968 ; il devient architecte en chef et directeur des projets en 1974, puis directeur de l’architecture et de l’ingĂ©nierie en 1979, Ă  la suite d'Henri Vicariot, polytechnicien architecte et professeur Ă  l'ENSBA. Ă€ l'âge de 29 ans, il conçoit le terminal 1 du futur aĂ©roport de Roissy-Charles-de-Gaulle d'une architecture totalement novatrice pour l'Ă©poque (une masse ronde de bĂ©ton avec des tubes de circulation imbriquĂ©s au centre) qui fait sa renommĂ©e et sa spĂ©cialisation dans les infrastructures aĂ©roportuaires. Il conçoit ensuite tous les autres terminaux de l'aĂ©roport de Roissy au grĂ© de ses extensions, ainsi que de son complexe central mĂŞlant gare ferroviaire (RER et TGV) et rĂ©sidence hĂ´telière.

« Chaque fois que je pense un projet, je ne crée pas une boîte pour y organiser du mouvement, mais je conçois les murs en fonction du mouvement que les gens effectueront à l'intérieur[2]. »

Fort de son expérience sur Roissy, il conçoit les aéroports d'Abou Dabi, de Jakarta, du Caire, de Dar Es Salaam, de Bruneï, de Kansaï dans la baie d’Osaka, de Nice, de Bordeaux, de Pointe-à-Pitre de Guadeloupe.

Déjà connu dans le monde des architectes pour ses réalisations aéroportuaires, il le devient auprès du grand public français à l'occasion de la construction de la Grande Arche de la Défense, inaugurée en 1989. Il est en effet choisi pour épauler Johan Otto von Spreckelsen, l'architecte lauréat du concours, puis pour en achever les travaux à la suite de la démission et au décès du concepteur initial de la Grande Arche[3]. Très discret jusqu'ici, il passe alors régulièrement à la télévision et dans la presse pour promouvoir la Grande Arche. Il conçoit ensuite le terminal français du tunnel sous la Manche[4].

Le , une section de l'aérogare 2E de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle s’effondre, une année après sa mise en service, faisant quatre morts et sept blessés[5]. Ayant conçu ce bâtiment, sa responsabilité d'architecte est alors engagée et cela le marque profondément au point qu'il ne fera par la suite quasiment plus de nouveaux projets en France, se consacrant quasi-exclusivement à l'étranger. « J’ai essayé d’être aussi honnête que possible, en pensant d’abord aux quatre personnes qui y ont perdu la vie. Bien sûr, je pleure mon ouvrage, mais je n’ai jamais inversé les choses. C’est une épreuve qu’il faut traverser sans s’en prendre aux autres et sans assumer des fautes que l’on n’a pas commises. Cet accident a bloqué tout mon travail en France[2]. »

En 1998, il remporte le concours du Grand Théâtre national de Pékin (aussi connu comme l'Opéra de Pékin)[6] Ce dernier sera inauguré le [7] dans la douleur et moulte péripéties.

« J’avais toujours rêvé de créer un grand bâtiment culturel, de rentrer enfin en ville. Ce fut cette capitale à laquelle je n’aurais jamais pensé, car la Chine restait une sorte de mirage pour moi, le grand pays jaune des cartes scolaires de Vidal Lablache. L’Opéra est devenu l’œuvre de ma vie, on ne repassera pas les plats[2]. »

Lorsqu’il quitte ADP en 2003[8], Paul Andreu fonde sa propre agence d’architecture à Paris.

L’Oriental Art Center, un complexe culturel consacré à la musique inauguré à Shanghai en et le Grand Théâtre national de Pékin, sont des réalisations issues de la collaboration de Paul Andreu avec ADP Ingénierie[9] et des associés chinois locaux. Le New Technology and Science Enterprising Centre à Chengdu et les études menées pour le complexe Oceanus à Macao constituent des projets plus récents menés depuis leur origine par son agence.

En 2005, tandis qu’il entreprend des études d’urbanisme pour Bruxelles, Paul Andreu élargit son champ d’activités en réalisant le décor et les costumes de la pièce Oh les beaux jours ! de Samuel Beckett, produite par Frederick Wiseman au théâtre du Vieux-Colombier à la Comédie-Française[10]. En 2006, la maison Paco Rabanne lui confie l’agencement de ses nouvelles boutiques en Chine[11].

En 2008, il est engagé pour concevoir l'Édifice 2-22, un immeuble à vocation culturelle, à Montréal[4], mais sa proposition est abandonnée[12].

En 2009, il termine deuxième du concours pour le nouveau Stade Roland Garros en collaboration avec l'agence parisienne Richez Associés. Dès lors, il réalise avec l'agence le musée archéologique de Taiyuan, le Nouvel opéra de Jinan en Chine, inauguré en octobre 2013[13], et la Cité municipale de Bordeaux, sa ville natale, en 2014[14].

Honneurs et distinctions

Il est élu membre de l’Académie des beaux-arts le au fauteuil d’Henry Bernard[15].

Le , il reçoit pour l'ensemble de son œuvre le grand prix du Globe de Cristal des mains du ministre français de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres[16]. C'est la plus haute distinction triennale de l'Académie internationale d'architecture (il succède à Oscar Niemeyer).

À partir de , il fait partie de la commission présidée par Hugues Gall et chargée par Christine Albanel, ministre de la Culture, de pourvoir le poste de directeur de la villa Médicis à Rome.

RĂ©alisations

Première aérogare et ses satellites de l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle.
Station de métro à Paris (Porte de Charenton) aménagée selon le style conçu par Paul Andreu avec Joseph-André Motte.
Musée maritime d’Osaka (Japon).
Le Centre national des arts du spectacle Ă  PĂ©kin en 2007.


Publications

Expositions personnelles

  • L'architecte et le peintre, Galerie Éric Dupont, Paris (2021)[17]

Notes et références

Notes

  1. Caudéran est une ancienne commune qui fusionne en 1965 avec Bordeaux, et constitue depuis un des huit quartiers officiels du chef-lieu girondin.

Références

  1. Insee, « Acte de décès de Paul René Marcel Andreu », sur MatchID
  2. Benjamin Puech, « Décès de l'architecte Paul Andreu, le bâtisseur de Roissy et de la Grande Arche de la Défense », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. La Grande Arche, Laurence Cossé, éditions Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-014204-0).
  4. Anne Pélouas, « A Montréal, le "petit" projet de Paul Andreu », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Résultats de l'enquête administrative sur le Terminal 2E - L'Usine nouvelle, 15 février 2005.
  6. « L'Opéra de Pékin sur la place de tous les pouvoirs », sur Les Echos, (consulté le )
  7. « Pékin inaugure son opéra en attendant les Jeux olympiques », Frédéric Edelmann, Le Monde, 21 décembre 2007.
  8. Marie-Douce Albert, « L'architecture de Paul Andreu se déploie », Le Moniteur,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. ADP Ingénierie est la filiale dédiée à l'international pour l’ingénierie aéroportuaire du groupe Aéroports de Paris.
  10. Association C.R.I.S, « Oh les beaux jours - Samuel Beckett, - mise en scène Frederick Wiseman, - theatre-contemporain.net », sur www.theatre-contemporain.net (consulté le )
  11. (it) Paul Andreu| Giornale dell'Architettura | Periodico in edizione multimediale ha detto, « Paul Andreu (1938-2018), disparition d’un grand architecte français », sur Giornale dell'Architettura, (consulté le )
  12. Isabelle Paré, « Le 2-22 prend finalement vie dans le Quartier des spectacles », sur Le Devoir (consulté le )
  13. (en-US) « New Opera in Jinan / Paul Andreu Architecte », sur ArchDaily, (consulté le )
  14. « A Bordeaux, la Cité municipale a ouvert au public », Le Moniteur,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « Décret du 26 juillet 1996 portant approbation d'une élection à l'Académie des beaux-arts », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  16. « L’Académie internationale d’architecture décerne ses prix », Jacques-Franck Degioanni, Le Moniteur, 12 décembre 2006
  17. « Exposition: Paul Andreu : L'architecte et le peintre », sur Connaissance des Arts (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Serge Salat, Françoise LabbĂ© et Paul Andreu, Paul Andreu, Paris, Éditions Le Moniteur / Electa, , 175 p. (ISBN 978-2-86653-081-5)

Liens externes

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