AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Passé (grammaire)

En grammaire, le terme « passĂ© » dĂ©signe, dans un sens gĂ©nĂ©ral, une valeur temporelle de base, celle par laquelle le locuteur situe le procĂšs exprimĂ© par le verbe avant le moment oĂč il parle. Le passĂ© s’oppose Ă  deux autres valeurs temporelles de base, le prĂ©sent et le futur. Dans un sens restreint, un temps passĂ© est, dans certaines langues, une certaine forme verbale, un certain paradigme qui exprime une certaine nuance de cette valeur temporelle[1] - [2] - [3] - [4]. Dans ce sens il peut y avoir plusieurs formes de passĂ©.

Cette dĂ©finition se rĂ©fĂšre seulement Ă  l’emploi du passĂ© en tant que temps dit « absolu », c’est-Ă -dire seulement par rapport au moment de la parole, d’ordinaire dans des phrases simples ou des propositions principales. Le passĂ© peut aussi ĂȘtre un temps appelĂ© relatif ou de relation, c’est-Ă -dire utilisĂ© par rapport Ă  un autre verbe, qui est Ă  un autre temps de base ou Ă  une autre forme de passĂ©[2] - [3], surtout quand les deux verbes sont dans une mĂȘme phrase complexe.

En fonction de la langue considĂ©rĂ©e, il existe plus ou moins de formes de passĂ©. Elles diffĂšrent selon le mode verbal, la diathĂšse, l’aspect, le mode d’action, le rapport temporel exprimĂ©, le registre de langue et des facteurs pragmatiques. En fonction de ces notions Ă©galement, les formes de passĂ© peuvent ĂȘtre simples ou composĂ©es, les premiĂšres constituĂ©es Ă  l’aide d’affixes, les derniĂšres avec des verbes auxiliaires ou semi-auxiliaires. Les formes simples sont surtout caractĂ©ristiques pour les langues ayant un degrĂ© relativement grand de synthĂ©tisme, et les composĂ©es – pour celles Ă  un degrĂ© relativement grand d’analytisme.

Dans certaines langues, comme le français, l’anglais ou le roumain, l’aspect et le mode d’action n’ont pas de morphĂšmes spĂ©cifiques, Ă©tant exprimĂ©s surtout par le sens lexical des verbes et par certaines formes temporelles. Le passĂ© simple, par exemple, exprime en mĂȘme temps l’aspect perfectif, et l’imparfait – l’aspect imperfectif. Dans d’autres langues, comme les langues slaves, l’aspect et le mode d’action sont exprimĂ©s surtout par des affixes spĂ©cifiques, et seuls des verbes d’un certain aspect peuvent avoir certaines formes temporelles.

La valeur temporelle de passé est parfois exprimée non par des formes spécifiques, mais par une forme de présent (le présent historique). Par contre, une forme de passé peut parfois avoir une autre valeur temporelle de base.

En français

En français il y a des formes de passĂ© Ă  tous les modes. La plupart des formes analytiques sont construites avec deux verbes auxiliaires. La majoritĂ© des verbes actifs reçoivent l’auxiliaire avoir, les passifs et les pronominaux, ainsi que certains verbes actifs intransitifs – l’auxiliaire ĂȘtre, le verbe Ă  sens lexical Ă©tant au participe passĂ©. Dans le cas de l’auxiliaire ĂȘtre, le participe est toujours accordĂ© en genre et en nombre avec le sujet. Dans certains cas, il s’accorde Ă©galement lorsque l’auxiliaire est avoir, non pas avec le sujet, mais avec le complĂ©ment d’objet direct.

À chaque mode il y a au moins un temps passĂ© composĂ© avec les auxiliaires au prĂ©sent du mode en cause.

Au mode indicatif

En français il y a neuf formes de passé à ce mode.

L’imparfait est formĂ© de façon synthĂ©tique, avec des dĂ©sinences spĂ©cifiques. Il exprime principalement des procĂšs d’aspect imperfectif. Il peut ĂȘtre utilisĂ© de façon absolue, ayant un caractĂšre descriptif ou narratif, et exprimant le mode d’action duratif (Du haut de la colline, on apercevait un petit village dont les toits brillaient au soleil) ou itĂ©ratif (action rĂ©pĂ©tĂ©e) : Pendant les vacances, nous faisions toujours de longues balades Ă  vĂ©lo[5]. En tant que temps relatif il exprime le rapport temporel de simultanĂ©itĂ© d’un procĂšs avec le procĂšs d’un autre verbe, principalement dans la mĂȘme phrase, en vertu d’une rĂšgle de concordance des temps : Ma mĂšre me disait toujours que je devais faire des Ă©tudes pour ĂȘtre indĂ©pendant[6].

La forme d’imparfait a aussi une valeur non spĂ©cifique, qui est exprimĂ©e dans d’autres langues par le conditionnel prĂ©sent, dans certaines propositions subordonnĂ©es introduites par la conjonction si et des locutions conjonctives comprenant si (mĂȘme si, comme si) : S’il neigeait, nous pourrions faire du ski[7].

Le passĂ© composĂ© est une forme analytique, construite avec les verbes auxiliaires Ă  l’indicatif prĂ©sent. Il exprime implicitement l’aspect perfectif, le procĂšs Ă©tant vu comme ayant eu lieu dans une pĂ©riode dĂ©limitĂ©e, pouvant aussi ĂȘtre momentanĂ© comme mode d’action. Il a surtout un emploi absolu : À la fin du match, le journaliste est descendu sur le court de tennis, il a tendu le micro au jeune champion et il lui a posĂ© beaucoup de questions. En tant que temps relatif il peut exprimer l’antĂ©rioritĂ© par rapport Ă  un verbe au prĂ©sent, mais non par rapport Ă  un temps passĂ©, dans la plupart des cas : Quand on a perdu sa carte bancaire, il faut tout de suite le signaler Ă  la banque[8].

Le passĂ© simple est une forme synthĂ©tique, ayant pour marque un suffixe constituĂ© d’une voyelle caractĂ©ristique pour la classe de conjugaison, qui est suivi de dĂ©sinences spĂ©cifiques. Il a la mĂȘme valeur aspectuelle que le passĂ© composĂ©, mais Ă  la diffĂ©rence de celui-ci, il ne peut pas avoir de contact avec le prĂ©sent. Son emploi est limitĂ© du point de vue sociolinguistique au registre de langue soutenu, surtout Ă  la langue de certaines Ɠuvres littĂ©raires et Ă  des ouvrages Ă  caractĂšre historique. Exemples : La porte s’ouvrit. Un groupe Ă©trange et violent apparut sur le seuil (Victor Hugo) ; Le peintre Matisse naquit en 1869 et mourut en 1954[9].

Le passĂ© antĂ©rieur est formĂ© avec le passĂ© simple de l’auxiliaire. Il exprime une action immĂ©diatement antĂ©rieure Ă  une autre au passĂ© simple : DĂšs qu’il eut prononcĂ© ces mots, un concert de protestations s’éleva dans la foule[9].

Le plus-que-parfait aussi est analytique, l’auxiliaire Ă©tant Ă  l’imparfait. C’est un temps relatif par dĂ©finition, exprimant l’antĂ©rioritĂ© d’un procĂšs passĂ© par rapport Ă  un autre procĂšs passĂ© : Les randonneurs avaient marchĂ© plusieurs heures et ils mouraient de soif[9].

De plus, le plus-que-parfait est employĂ© avec la valeur du condionnel passĂ© dans des subordonnĂ©es du type de celles oĂč on utilise l’imparfait au lieu du conditionnel prĂ©sent : Si nous avions eu plus de temps, nous nous serions arrĂȘtĂ©s pour visiter Dijon. De mĂȘme, utilisĂ© absolument, toujours au lieu du conditionnel passĂ© aprĂšs si, il a la valeur pragmatique d’exprimer le reproche ou le regret pour un fait passĂ© : Ah ! si tu avais suivi mes conseils ![9].

Il y a aussi un passĂ© surcomposĂ©, avec l’auxiliaire au passĂ© composĂ©. Il exprime l’antĂ©rioritĂ© immĂ©diate par rapport au passĂ© composĂ© : DĂšs qu’il a eu prononcĂ© ces mots, un concert de protestations s’est Ă©levĂ© dans la foule[9].

En dehors des formes ci-dessus il y en a d’autres, appelĂ©es « temps pĂ©riphrastiques », qui sont constituĂ©es avec des verbes dits semi-auxiliaires, le verbe Ă  sens lexical Ă©tant Ă  l’infinitif prĂ©sent.

Le passĂ© rĂ©cent est formĂ© avec le semi-auxiliaire venir au prĂ©sent. Il est utilisĂ© en rapport avec le moment de la parole : Il est 20 heures. Le magasin vient de fermer. Avec venir Ă  l’imparfait, il se rapporte au passĂ© composĂ©: Le magasin venait de fermer ses portes quand je suis arrivĂ© pour faire mes courses[9].

Le français a aussi des formes de futur dans le passĂ©, qui expriment des actions postĂ©rieures Ă  un moment du passĂ© et terminĂ©es ou non avant le moment de la parole. L’une n’est pas spĂ©cifique, ayant la forme du conditionnel prĂ©sent : Nous Ă©tions le . Ce serait bientĂŽt NoĂ«l ; On a annoncĂ© que les Ă©lections lĂ©gislatives auraient lieu le [10]. Il y a aussi un futur proche dans le passĂ©, avec le semi-auxiliaire aller : J’allais prendre ma douche quand le tĂ©lĂ©phone a sonnĂ©[11], Il a dit qu’il allait m’aider[10].

Il y a Ă  chacune de ces formes une variante Ă  la voix passive, construite avec l’auxiliaire ĂȘtre qui est conjuguĂ©, et le participe passĂ© du verbe Ă  sens lexical : La loi Ă©tait / a Ă©tĂ© / fut / eut Ă©tĂ© / avait Ă©tĂ© / vient d’ĂȘtre votĂ©e par les dĂ©putĂ©s[12].

Aux autres modes

À tous ces modes, les formes de passĂ© sont analytiques, construites avec les verbes auxiliaires au prĂ©sent de ces modes. Seul le subjonctif a en plus des formes dĂ©suĂštes dans la langue actuelle, constituĂ©es avec d’autres temps des auxiliaires.

Le subjonctif passĂ©, employĂ© relativement, exprime l’antĂ©rioritĂ© par rapport au verbe rĂ©gissant au prĂ©sent ou au passĂ© (Les Français regrettent/regrettaient que leur Ă©quipe ait perdu le match), ou bien au futur : Bien qu’elle ait dĂ©jĂ  jouĂ© hier, notre Ă©quipe rejouera demain. L’action exprimĂ©e par le subjonctif passĂ© peut aussi ĂȘtre postĂ©rieure Ă  celle du verbe rĂ©gissant si elle doit ĂȘtre accomplie avant un moment d’aprĂšs le moment de la parole : Il faut que nous ayons quittĂ© l’hĂŽtel avant 11 heures. Les subjonctifs imparfait et plus-que-parfait Ă©taient employĂ©s pour rapporter le procĂšs Ă  un verbe rĂ©gissant au passĂ©. Ils sont remplacĂ©s dans la langue actuelle par le subjonctif prĂ©sent et le subjonctif passĂ©, respectivement, ce dernier comme dans l’exemple ci-dessus : Les Français regrettaient que leur Ă©quipe ait perdu le match[13].

Le conditionnel passĂ© exprime principalement, comme temps relatif, un fait du passĂ© non rĂ©alisĂ©, parce que la condition, exprimĂ©e par un autre fait du passĂ©, dont dĂ©pendait sa rĂ©alisation, n’a pas Ă©tĂ© remplie : Si j’avais eu ton adresse, je t’aurais envoyĂ© une carte postale de GrĂšce. D’autres de ses emplois sont pragmatiques : pour communiquer un fait passĂ© avec des rĂ©serves concernant sa vĂ©racitĂ© (L’incendie aurait Ă©tĂ© provoquĂ© par une cigarette jetĂ©e dans une poubelle) ; pour exprimer un regret (J’aurais bien voulu aller Ă  Londres ce week-end mais il n’y avait plus de places dans l’Eurostar), l’attĂ©nuation d’une demande par politesse (J’aurais voulu avoir quelques renseignements
), un reproche : Il aurait mieux valu dire la vĂ©ritĂ© tout de suite[14].

Avec une valeur relative non spĂ©cifique, le conditionnel passĂ© est utilisĂ© pour exprimer l’antĂ©rioritĂ© par rapport Ă  un futur dans le passĂ© qui Ă  son tour exprime la postĂ©rioritĂ© par rapport Ă  un temps passĂ© : Antoinette a dit qu’elle se marierait quand elle aurait terminĂ© ses Ă©tudes[15].

L’impĂ©ratif passĂ© exprime un ordre Ă  exĂ©cuter avant un moment du futur : Ayez fini tout votre travail avant samedi ![16].

L’infinitif passĂ© exprime l’antĂ©rioritĂ© par rapport Ă  un verbe rĂ©gissant ayant le mĂȘme sujet : Olivier est content d’avoir reçu des nouvelles de son amie[17].

Le participe passé a une valeur adjectivale et une valeur verbale. Avec cette derniÚre, sa fonction est surtout de participer à la formation des temps composés avec les auxiliaires, comme on peut le voir plus haut.

Le participe passĂ© composĂ© exprime l’antĂ©rioritĂ© par rapport Ă  un verbe ayant le mĂȘme sujet (Les Ă©lĂšves ayant obtenu la mention trĂšs bien au baccalaurĂ©at entrent sans examen dans cette Ă©cole) ou un sujet diffĂ©rent : L’usine de la ville ayant fermĂ©, plus de cent personnes sont maintenant au chĂŽmage[18].

Le gĂ©rondif passĂ©, plus rarement utilisĂ©, exprime l’antĂ©rioritĂ© seulement par rapport Ă  un verbe ayant le mĂȘme sujet : On est revenus par le mĂȘme chemin et on est rentrĂ©s Ă  sept heures en n’ayant rencontrĂ© absolument personne[19].

Des exemples de formes passives correspondant à certaines ci-dessus sont La loi aurait été votée, Il faut que la loi ait été votée[12].

En roumain

Langue romane comme le français, le roumain présente certaines ressemblances avec celui-ci quant aux formes de passé, mais aussi des différences, surtout pour le nombre de formes, moindre en roumain.

À l’indicatif

L’imparfait a les mĂȘmes valeurs principales qu’en français : Acolo locuiam Ăźn copilărie « C’est lĂ -bas que j’habitais dans mon enfance », Se certau mereu « Ils/Elles se disputaient toujours ». Il exprime aussi une action simultanĂ©e Ă  une autre action passĂ©e (În timp ce mĂąnca, a sunat telefonul « Le tĂ©lĂ©phone a sonnĂ© pendant qu’il/elle mangeait »), mais moins dans les subordonnĂ©es introduites par la conjonction că « que », la concordance des temps Ă©tant moins rigoureuse qu’en français dans ce type de propositions : N-am observat că venea (imparfait) / vine (prĂ©sent) după mine « Je n’ai pas remarquĂ© qu’il/elle me suivait »[20].

Cette forme est souvent synonyme du conditionnel passĂ©, aussi bien pour exprimer la condition non remplie que le procĂšs non rĂ©alisĂ© Ă  cause de cela : Dacă știam, veneam și eu « Si j’avais su, je serais venu moi aussi »[21].

Le passĂ© composĂ© est analogue quant Ă  sa formation et Ă  sa valeur principale avec son correspondant français, sauf que l’auxiliaire est seulement a avea « avoir » : Am studiat prezentul și imperfectul « Nous avons Ă©tudiĂ© le prĂ©sent et l’imparfait ». Dans le registre familier il apparaĂźt avec une valeur de futur proche : Acuma chiar am plecat « Maintenant je m’en vais vraiment » littĂ©ralement « 
 je suis vraiment parti(e) ». Dans le mĂȘme registre il peut aussi exprimer un futur antĂ©rieur : PĂąnă vine el, s-a zis cu tine « Jusqu’à ce qu’il vienne, c’en est fait de toi ». En vertu du manque de rigueur de la concordance des temps, il peut exprimer l’antĂ©rioritĂ© par rapport Ă  un fait passĂ©, au lieu du plus-que-parfait, dans le discours indirect : Le-a explicat de ce a venit (passĂ© composĂ©) / venise (plus-que-parfait) « Il/Elle leur a expliquĂ© pourquoi il/elle Ă©tait venu(e) »[22].

Le passĂ© simple aussi est Ă©quivalent Ă  celui du français, mais d’emploi encore plus limitĂ©, Ă  certaines Ɠuvres littĂ©raires seulement : – Unde ai fost? Ăźntrebă el. – M-am plimbat Ăźn parc, răspunse ea « – OĂč est-tu allĂ©e ? – demanda-t-il. – Je me suis promenĂ©e dans le parc, rĂ©pondit-elle »[23].

Le plus-que-parfait roumain est synthĂ©tique, ayant la valeur principale de son correspondant français. Le procĂšs auquel il se rapporte peut ĂȘtre exprimĂ© dans la mĂȘme phrase [Terminasem de scris cĂąnd ai venit tu « J’avais fini d’écrire quand tu es venu(e) »] ou dans le contexte antĂ©rieur Ă  la phrase oĂč il est utilisĂ©, celle-ci pouvant ĂȘtre indĂ©pendante aussi : Spre seară terminasem de scris « Vers le soir j’avais fini d’écrire ». Il est moins utilisĂ© qu’en français en discours indirect, Ă©tant souvent remplacĂ© par le passĂ© composĂ© (voir plus haut)[24].

Ces formes ont toutes une variante Ă  la diathĂšse passive, formĂ©e de façon analogue avec le passif français, son auxiliaire Ă©tant a fi « ĂȘtre », ex. Data alegerilor a fost hotărĂątă « La date des Ă©lections a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e »[25].

À d’autres modes

Aux modes autres que l’indicatif, toutes les formes sont analytiques, constituĂ©es avec le seul auxiliaire a fi « ĂȘtre ».

Le conditionnel passĂ© a pour auxiliaire le verbe a fi « ĂȘtre » au conditionnel prĂ©sent, le verbe Ă  sens lexical Ă©tant Ă  la seule forme de participe roumain, correspondant au participe passĂ© français. En roumain, le participe est invariable Ă  cette forme, bien que conjuguĂ© avec cet auxiliaire. En phrase Ă  subordonnĂ©e conditionnelle introduite par dacă « si », aussi bien le verbe rĂ©gissant que le verbe de la subordonnĂ©e sont au conditionnel : Dacă aș fi asistat la ceartă, n-aș fi ținut partea nimănui « Si j’avais assistĂ© Ă  la dispute, je n’aurais pris parti pour personne ». En roumain aussi, le conditionnel passĂ© peut avoir des emplois pragmatiques : Am auzit că ar fi absolvit facultatea « J’ai entendu dire qu’il/elle aurait fini ses Ă©tudes Ă  la facultĂ© », Aș fi vrut să vă spun că... « J’aurais voulu vous dire que
 »[26].

Le subjonctif passĂ© a l’auxiliaire a fi « ĂȘtre », ayant la mĂȘme forme « fi » Ă  toutes les personnes et suivi du participe invariable. Il est exigĂ© par moins de verbes rĂ©gissants qu’en français, mais il est plus souvent utilisĂ© quand il a le mĂȘme sujet que son verbe rĂ©gissant : Nu-mi amintesc să fi spus așa « Je ne me rappelle pas avoir dit ça ». Il est parfois synonyme du conditionnel passĂ© en subordonnĂ©e conditionnelle, exprimant la simultanĂ©itĂ© (Să fi asistat la ceartă, i-aș fi despărțit « Si j’avais assistĂ© Ă  la dispute, je les aurais sĂ©parĂ©s ») ou la postĂ©rioritĂ© : PĂąnă să fi venit (subjonctif passĂ©) / ar fi venit (conditionnel passĂ©) un medic, l-aș fi Ăźngrijit eu « Jusqu’à ce qu’un mĂ©decin soit venu, je l’aurais soignĂ© moi-mĂȘme ». Il peut aussi remplacer le conditionnel passĂ© pour exprimer un reproche ou un regret : Să fi cumpărat (subj. passĂ©) / De-ai fi cumpărat (cond. passĂ©) niște fructe măcar! « Si tu avais achetĂ© des fruits au moins ! »[27]

Le prĂ©somptif passĂ©. Certaines grammaires considĂšrent que le roumain a un mode que les grammaires françaises ne prennent pas en compte, le prĂ©somptif. Il a une forme spĂ©cifique au prĂ©sent, mais au passĂ© il est l’homonyme du futur antĂ©rieur. Il est formĂ© de a fi Ă  l’indicatif futur + le participe invariable. Il peut ĂȘtre d’emploi absolu (O fi știut el ceva « Il devait bien savoir quelque chose ») ou relatif, exprimant d’ordinaire l’antĂ©rioritĂ© (Nu-și amintea dacă o fi dormit sau nu « Il/Elle ne se rappelait pas s’il/elle avait dormi ou non »), Ă©ventuellement la simultanĂ©itĂ© : L-a putut vedea cĂąnd o fi trecut pe acolo « Il/Elle a pu le voir quand il/elle aurait passĂ© par lĂ  »[28].

L’infinitif passĂ© est formĂ© avec l’infinitif prĂ©sent de a fi et le participe invariable. Il est moins utilisĂ© qu’en français, et surtout dans le registre soutenu, le roumain prĂ©fĂ©rant un mode personnel Ă  sa place : Faptul de a nu fi declarat adevărul l-a pus Ăźntr-o lumină proastă « Le fait de ne pas avoir dĂ©clarĂ© la vĂ©ritĂ© l’a mis dans une mauvaise lumiĂšre ». Par contre, il peut avoir son propre sujet, avec la prĂ©position pĂąnă « jusqu’à » ou la locution Ăźnainte de « avant de », pour exprimer une action passĂ©e postĂ©rieure : Înainte de a fi venit el, mă simțeam bine « Avant qu’il soit venu, je me sentais bien »[29].

Il y a des formes de passif Ă  ces modes aussi, ex. să fi fost iubit / iubită / iubiți / iubite (subjonctif passĂ©) « qu’il/elle ait Ă©tĂ© aimĂ©(e) / qu’ils/elles aient Ă©tĂ© aimĂ©(e)s »[30].

En anglais

L’anglais aussi a plusieurs formes de passĂ©, dont une seule est simple.

Le past simple, littĂ©ralement « passĂ© simple », se construit Ă  la forme affirmative, pour les verbes rĂ©guliers, avec le suffixe -ed ajoutĂ© au radical du verbe, et n’a aucune dĂ©sinence. Comme temps absolu il exprime un procĂšs terminĂ© dans le passĂ©, sans liaison avec le prĂ©sent, le moment ou la pĂ©riode oĂč il a lieu Ă©tant souvent prĂ©cisĂ©. Il peut correspondre Ă  trois formes de passĂ© du français : au passĂ© composĂ© (The shop opened last week. Then it closed again two days later « Le magasin a ouvert la semaine derniĂšre, mais il a fermĂ© deux jours plus tard ») ; au passĂ© simple, dans des narrations littĂ©raires (Once upon a time a Princess went into a wood and sat down by a stream « Une fois, une princesse alla dans une forĂȘt et s’assit au bord d’un ruisseau ») ou Ă  l’imparfait, pour exprimer une action rĂ©pĂ©tĂ©e (The children always played in the garden « Les enfants jouaient toujours dans le jardin ») ou un Ă©tat : I was younger then « J’étais plus jeune Ă  l’époque »[31].

À l’imparfait itĂ©ratif il correspond aussi en anglais une forme telle would, le past simple du verbe will « vouloir » + le present simple « prĂ©sent simple » (The children would always play in the garden « Les enfants jouaient toujours dans le jardin ») ou une pĂ©riphrase avec le verbe use « avoir l’habitude » au past simple + l’infinitif avec la particule to: We used to go to Austria « Nous allions en Autriche »[31].

La forme de past simple correspond Ă  l’imparfait français Ă©galement pour exprimer la condition dont dĂ©pend la rĂ©alisation d’une action hypothĂ©tique au prĂ©sent (If you lived on the planet Mercury, you would have four birthdays in a single Earth year « Si tu vivais sur la planĂšte Mercure, tu aurais quatre anniversaires par une annĂ©e sur Terre »[32]), et aussi en discours indirect pour exprimer un procĂšs simultanĂ© avec le procĂšs passĂ© du verbe rĂ©gissant : He said what time it was « Il a dit quelle heure il Ă©tait »[33].

Le present perfect, litt. « prĂ©sent parfait » est formĂ© avec l’auxiliaire have « avoir » au present simple et le past participle « participe passĂ© » du verbe Ă  sens lexical. Il exprime des procĂšs passĂ©s en contact avec le prĂ©sent, Ă©tant souvent accompagnĂ© de certains complĂ©ments. Il correspond au passĂ© composĂ© : It has been windy today « Il a fait du vent aujourd’hui » (et la journĂ©e n’est pas finie), Gayle has acted in more than fifty films « Gayle a jouĂ© dans plus de cinquante films » (et elle joue encore Ă  prĂ©sent), I've always known about you and Diana « J’ai toujours su pour toi et Diana »[31].

Le past continuous litt. « passĂ© continu » est formĂ© avec l’auxiliaire be « ĂȘtre » au past simple et le active participle « participe actif ». Il correspond Ă  l’imparfait, exprimant des actions duratives, comme temps absolu (The UFO was travelling east to west « L’OVNI allait de l’est vers l’ouest ») ou relatif : I was walking home when I saw the UFO « Je rentrais chez moi quand j’ai vu l’OVNI »[31].

Le present perfect continuous, litt. « prĂ©sent parfait continu » est formĂ© du present perfect de be et du active participle. Il exprime un procĂšs en contact avec le prĂ©sent, qui se dĂ©roule dans une certaine pĂ©riode de temps dont on sait qu’elle a commencĂ© Ă  un certain moment, ou combien de temps elle a durĂ©, ce qui est souvent prĂ©cisĂ© par un complĂ©ment. Il correspond au passĂ© composĂ© si l’action n’a plus lieu au moment de la parole : – You look hot. – Yes, I’ve been running « – Tu as l’air d’avoir chaud. – Oui, j’ai couru ». Si l’action a encore lieu au moment de la parole, il peut correspondre au prĂ©sent, surtout quand la pĂ©riode est prĂ©cisĂ©e Ă  l’aide de la prĂ©position for « depuis » ou le moment de son dĂ©but avec la prĂ©position/conjonction since « depuis, depuis que » : I’ve been waiting for three years « J’attends depuis trois ans », We’ve been living here since April « Nous vivons ici depuis avril »[31].

Le past perfect, litt. « passĂ© parfait » est constituĂ© du past simple de have et du past participle. Il correspond au plus-que-parfait, exprimant un procĂšs antĂ©rieur Ă  un moment du passĂ© exprimĂ© par un complĂ©ment (She had met Max six months before « Elle avait rencontrĂ© Max six mois auparavant ») ou par un verbe Ă  un temps passĂ© : I knew I had forgotten something « Je savais que j’avais oubliĂ© quelque chose »[31].

Il est également utilisé comme le plus-que-parfait français en subordonnée conditionnelle introduite par la conjonction if « si » : If the company had failed, we would have lost our money « Si la compagnie avait fait faillite, nous aurions perdu notre argent »[32].

Le past perfect continuous, litt. « passĂ© parfait continu », formĂ© du past perfect de be et du past participle, correspond lui aussi au plus-que-parfait, en exprimant une action durative dans une pĂ©riode de temps dĂ©terminĂ©e antĂ©rieure Ă  un moment du passĂ© : Everything had been going so well up to then « Tout Ă©tait allĂ© si bien jusqu’alors », The volunteers brought in their collecting boxes at lunch time yesterday. They had been collecting money all morning « Les volontaires ont apportĂ© leurs boĂźtes hier Ă  l’heure du dĂ©jeuner. Ils avaient collectĂ© de l’argent toute la matinĂ©e »[31].

L’anglais aussi a des formes de futur dans le passĂ©. Il y en a deux qui correspondent Ă  celui du français exprimĂ© par la forme du conditionnel prĂ©sent. L’une est formĂ©e avec l’auxiliaire would + le prĂ©sent simple, l’autre avec le past simple de be + l’infinitif avec to: George Washington was the first President of a nation that would become / was to become the richest and most powerful on earth « George Washington fut le premier prĂ©sident d’une nation qui deviendrait la plus riche et la plus puissante sur Terre »[34].

Il y a d’autres formes qui correspondent au futur proche dans le passĂ© français[34] :

  • avec le past continuous du verbe go « aller » + l’infinitif avec to : Mr Dudley was going to retire, but then he found another job « M. Dudley allait prendre sa retraite mais il a trouvĂ© un autre emploi » ;
  • avec le past simple de be + about + l’infinitif avec to : We had to hurry. The coach was about to leave « Nous devions nous dĂ©pĂȘcher. Le car allait partir ».

Le conditionnel passĂ© français en phrase simple et en proposition principale a pour correspondant une forme avec l’auxiliaire would + le past perfect : If the company had failed, we would have lost our money « Si la compagnie avait fait faillite, nous aurions perdu notre argent »[32].

Le passif est formĂ© principalement de façon analogue avec le français, avec be a diverses formes temporelles et le participe passĂ© du verbe Ă  sens lexical : The drugs were found by the police. Cocaine has been seized by the FBI. The drugs had been loaded onto the ship in Ecuador « Les drogues ont Ă©tĂ© trouvĂ©es par la police. La cocaĂŻne a Ă©tĂ© saisie par le FBI. Les drogues avaient Ă©tĂ© chargĂ©es sur le bateau en Équateur »[35].

En BCMS

En BCMS (bosnien, croate, montĂ©nĂ©grin et serbe), les aspects perfectif et imperfectif sont exprimĂ©s de façon systĂ©matique surtout par des affixes spĂ©cifiques. Il y a relativement peu de formes de passĂ©, dont certaines, comme l’imparfait, le plus-que-parfait et le conditionnel passĂ© sont devenues archaĂŻques.

À l’indicatif on emploie couramment une forme appelĂ©e perfekt « parfait », composĂ©e du verbe auxiliaire biti « ĂȘtre » Ă  l’indicatif prĂ©sent et une forme appelĂ©e « adjectif verbal actif », correspondant au participe passĂ© français. Celui-ci s’accorde en genre et en nombre avec le sujet. Cette forme temporelle correspond au passĂ© composĂ© si le verbe est perfectif, et Ă  l’imparfait si le verbe est imperfectif : (cnr) Kad smo uĆĄli u dvoranu, svi su ƛeđeli mirno i čekali početak predstave « Quand nous sommes entrĂ©s dans la salle, tous Ă©taient assis tranquillement et attendaient que le spectacle commence »[36]. Il correspond aussi au plus-que-parfait : (sr) Rekla mi je da je imala mnogo novca « Elle m’a dit qu’elle avait eu beaucoup d’argent ». L’auxiliaire est parfois omis a la troisiĂšme personne, pour exprimer l’actualitĂ© d’un Ă©vĂ©nement passĂ© : (sr) Jesi li čuo? Pukla cev na trećem spratu! « Tu as entendu ? Un tuyau a Ă©clatĂ© au troisiĂšme Ă©tage ! »[37].

Cette forme a aussi une autre valeur que de passĂ©, celle d’impĂ©ratif, pour exprimer un ordre ou une interdiction plus catĂ©goriques qu’avec l’impĂ©ratif proprement dit. Il est toujours employĂ© avec la conjonction da « que » : (sr) Smesta da si doĆĄao! (sujet masculin) « Viens ici tout de suite ! », Da se nisi makao! « Ne bouge surtout pas ! »[37].

La forme appelĂ©e « aorist » est formĂ©e du thĂšme de l’infinitif avec des dĂ©sinences spĂ©cifiques. Seuls les verbes perfectifs, sauf quelques exceptions, peuvent avoir cette forme, puisqu’il correspond exactement au passĂ© simple : (sr) – Dobar dan – reče nepoznati, skide ĆĄeĆĄir et predstavi se « – Bonjour, dit l’inconnu, il enleva son chapeau et se prĂ©senta »[37].

Il y a bien un conditionnel passĂ©, mais il est dĂ©suet. La seule forme de conditionnel couramment employĂ©e est constituĂ©e de l’auxiliaire biti Ă  l’aoriste et de l’adjectif verbal actif. Il a une valeur aussi bien de conditionnel prĂ©sent que de conditionnel passĂ©, en fonction du contexte : (sr) Ko bi pomislio da će nas tako prevariti! « Qui aurait pensĂ© qu’il(s)/elle(s) nous tromperai(en)t de la sorte ! »[38].

Cette forme a aussi des emplois non spĂ©cifiques. L’une est d’exprimer une action rĂ©pĂ©tĂ©e dans le passĂ© : (bs) Otac bi me petkom vodio u dĆŸamiju « Les vendredis, mon pĂšre m’emmenait Ă  la mosquĂ©e »[39]. Une autre, comme temps relatif, sert au prĂ©dicat de certaines propositions circonstancielles de but : (sr) Da bi situacija bila jasnija, posluĆŸićemo se crteĆŸom « Pour que la situation soit plus claire, nous nous servirons d’un dessin »[40].

L’adjectif verbal actif a une valeur de passĂ© et presque toujours un sens verbal. Son emploi presque exclusif est de porter le sens lexical dans les formes composĂ©es.

L’adjectif verbal passif aussi correspond au participe passĂ©, Ă©tant marquĂ© par le suffixe -n ou -t, en fonction de la classe de conjugaison, et il s’accorde en genre et en nombre. Il s’associe Ă  biti Ă  l’indicatif prĂ©sent pour former la diathĂšse passive, tant avec la valeur de prĂ©sent, qu’avec celle de passĂ©. Cette derniĂšre se distingue seulement par son emploi avec des verbes d’action et par le contexte : (sr) Ć kola je otvorena 1932. godine « L’école a Ă©tĂ© ouverte en 1932 »[41].

La forme appelĂ©e adverbe verbal passĂ© correspond au gĂ©rondif passĂ© français. Il est formĂ© Ă  partir du thĂšme de l’adjectif verbal actif des verbes perfectifs seulement, avec le suffixe -vĆĄi : (sr) Zauzeli su prvo mesto na tabeli pobedivĆĄi sve protivnike « Ils ont occupĂ© la premiĂšre place au classement en ayant vaincu tous leurs adversaires »[42].

En hongrois

En hongrois actuel standard il y a des formes de passé à trois modes, une à chacun.

Dans les grammaires on utilise le terme « indicatif passĂ© », parce qu’il y a une seule forme de passĂ© Ă  ce mode, marquĂ©e par le suffixe -t-, avec la variante -tt-, auquel on ajoute des dĂ©sinences qui se ressemblent, avec de petites diffĂ©rences, Ă  tous les modes personnels. Les valeurs exprimĂ©es par les formes de passĂ© d’autres langues ressortent plutĂŽt du contexte. Les aspects et les modes d’action sont exprimĂ©s, bien que non systĂ©matiquement, par certains prĂ©fixes et suffixes. La phrase EstĂ©nkĂ©nt nĂ©zte a televiziĂłt, par exemple, se traduit avec l’imparfait, le verbe n’ayant pas de prĂ©fixe (« Le soir il/elle regardait la tĂ©lĂ©vision »), mais dans Ma este megnĂ©zte a hĂ­radĂłt, le verbe est perfectif, grĂące au prĂ©fixe meg-, par consĂ©quent il correspond au passĂ© composĂ© : « Ce soir il/elle a regardĂ© le journal »[43].

Le conditionnel passĂ© est analytique. On emploie la forme d’indicatif passĂ© du verbe Ă  sens lexical, suivie en tant qu’auxiliaire invariable par la forme de conditionnel prĂ©sent, 3e personne du singulier du verbe van « ĂȘtre ». En phrase Ă  subordonnĂ©e conditionnelle introduite par ha « si », aussi bien le verbe rĂ©gissant, que le verbe de la subordonnĂ©e sont au conditionnel : Ha gazdag lettem volna, hĂĄzat vettem volna « Si j’avais Ă©tĂ© riche, j’aurais achetĂ© une maison ». La mĂȘme forme est utilisĂ©e comme temps relatif et avec la valeur de l’infinitif passĂ© ou du subjonctif passĂ© français, dans certaines propositions subordonnĂ©es, mĂȘme si elle a le mĂȘme sujet que le verbe rĂ©gissant : TĂĄvozott anĂ©lkĂŒl, hogy elköszönt volna « Il/Elle est parti(e) sans avoir pris congĂ© »[44].

Le participe passĂ© a la mĂȘme forme que le thĂšme de l’indicatif passĂ©, et il est invariable. Il n’a pas d’emploi verbal mais seulement adjectival : a mĂșlt szĂĄzadban Ă©pĂ­tett templom « l’église construite au siĂšcle dernier »[45].

Le passif est relativement rare en hongrois. Il y a une forme synthĂ©tique, avec le suffixe -at-/ -et-/ -tat-/ -tet-[46] (Megadatott neki, hogy mĂ©g egyszer lĂĄssa a tengert « Il lui a Ă©tĂ© donnĂ© de revoir une derniĂšre fois la mer »[47]) et une forme analytique, avec le verbe auxiliaire lesz « devenir » Ă  l’indicatif passĂ© + le gĂ©rondif du verbe Ă  sens lexical qui, dans ce cas, a la valeur du participe passĂ© français : A munka nem lett befejezve « Le travail n’a pas Ă©tĂ© terminĂ© »[48].

Le présent exprimant le passé

La forme de prĂ©sent peut aussi exprimer des procĂšs passĂ©s par rapport au moment de la parole, dans le registre courant ou soutenu, ce dernier dans certaines Ɠuvres littĂ©raires ou dans des ouvrages d’histoire. Dans les exemples ci-dessous elle est d’emploi absolu (prĂ©sent historique) :

  • (fr) Soudain tous les regards se tournent vers la porte [...] (Michel Butor)[49] ;
  • (en) Last week I’m walking down this street... « La semaine derniĂšre, je descends cette rue... »[50] ;
  • (ro) Ștefan cel Mare devine domn Ăźn 1457 și moare Ăźn 1504 « Étienne le Grand devient prince rĂ©gnant en 1457 et meurt en 1504 »[51] ;
  • (cnr) Jutros uđem u pogreĆĄan autobus i zakasnim u ĆĄkolu « Hier je prends le mauvais bus et je me mets en retard Ă  l’école »[52].

En BCMS et en hongrois, le prĂ©dicat d’une proposition subordonnĂ©e est au prĂ©sent pour exprimer la simultanĂ©itĂ© avec son verbe rĂ©gissant au passĂ©:

  • (sr) Pitao sam ga ĆĄta traĆŸi u mojoj sobi « Je lui ai demandĂ© ce qu’il cherchait dans ma chambre »[53] ;
  • (hu) Azt hittem, hogy alszik « Je croyais qu’il/elle dormait »[54]

En roumain aussi c’est frĂ©quent, mais l’imparfait est Ă©galement employĂ© dans cette situation : N-am observat că vine (prĂ©sent) / venea (imparfait) după mine « Je n’ai pas remarquĂ© qu’il/elle me suivait »[20].

Notes et références

  1. Dubois 2002, p. 351.
  2. Bussmann 1998, p. 1183.
  3. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 382.
  4. Constantinescu-Dobridor 1998, article timp.
  5. Delatour 2004, p. 123.
  6. Delatour 2004, p. 134.
  7. Delatour 2004, p. 282.
  8. Delatour 2004, p. 124.
  9. Delatour 2004, p. 126-129.
  10. Delatour 2004, p. 132–133.
  11. Delatour 2004, p. 99.
  12. Delatour 2004, p. 105.
  13. Delatour 2004, p. 139.
  14. Delatour 2004, p. 142-143.
  15. Delatour 2004, p. 224.
  16. Delatour 2004, p. 147.
  17. Delatour 2004, p. 149.
  18. Delatour 2004, p. 156.
  19. Kalmbach 2017, p. 488.
  20. Avram 1997, p. 218.
  21. Avram 1997, p. 223.
  22. Avram 1997, p. 225.
  23. Avram 1997, p. 226.
  24. Avram 1997, p. 229.
  25. Avram 1997, p. 204.
  26. Avram 1997, p. 237.
  27. Avram 1997, p. 236.
  28. Avram 1997, p. 238.
  29. Avram 1997, p. 239.
  30. Avram 1997, p. 249.
  31. Eastwood 1994, p. 87-93.
  32. Eastwood 1994, p. 334-335.
  33. Eastwood 1994, p. 349.
  34. Eastwood 1994, p. 102.
  35. Eastwood 1994, p. 135.
  36. Čirgić 2010, p. 175.
  37. Klajn 2005, p. 121-123.
  38. Klajn 2005, p. 113.
  39. Jahić et al. 2001, p. 282.
  40. Klajn 2005, p. 249.
  41. Klajn 2005, p. 136.
  42. Klajn 2005, p. 131.
  43. Szende et Kassai 2007, p. 262.
  44. Szende et Kassai 2007, p. 242.
  45. Szende et Kassai 2007, p. 322.
  46. Les variantes du suffixe sont appliquĂ©es en fonction des rĂšgles de l’harmonie vocalique et du phone final du morphĂšme qui le prĂ©cĂšde.
  47. Szende et Kassai 2007, p. 195.
  48. Rounds 2001, p. 281.
  49. Grevisse et Goosse 2007, p. 1089.
  50. Crystal 2008, p. 480.
  51. Avram 1997, p. 217.
  52. Čirgić 2010, p. 173.
  53. Klajn 2005, p. 120.
  54. Szende et Kassai 2007, p. 257.

Sources bibliographique

  • (ro) Avram, Mioara, Gramatica pentru toți [« Grammaire pour tous »], Bucarest, Humanitas, 1997 (ISBN 973-28-0769-5)
  • (ro) Bidu-Vrănceanu, Angela et al., Dicționar general de științe. Științe ale limbii [« Dictionnaire gĂ©nĂ©ral des sciences. Sciences de la langue »], Bucarest, Editura științifică, 1997 (ISBN 973-440229-3) (consultĂ© le )
  • (en) Bussmann, Hadumod (dir.), Dictionary of Language and Linguistics [« Dictionnaire de la langue et de la linguistique »], Londres – New York, Routledge, 1998 (ISBN 0-203-98005-0) (consultĂ© le )
  • (cnr) Čirgić, Adnan ; Pranjković, Ivo ; Silić, Josip, Gramatika crnogorskoga jezika [« Grammaire du montĂ©nĂ©grin »], Podgorica, MinistĂšre de l’Enseignement et des Sciences du MontĂ©nĂ©gro, 2010 (ISBN 978-9940-9052-6-2) (consultĂ© le )
  • (ro) Constantinescu-Dobridor, Gheorghe, Dicționar de termeni lingvistici [« Dictionnaire de termes linguistiques »], Bucarest, Teora, 1998 ; en ligne : Dexonline (DTL) (consultĂ© le )
  • (en) Crystal, David, A Dictionary of Linguistics and Phonetics [« Dictionnaire de linguistique et de phonĂ©tique »], 4e Ă©dition, Blackwell Publishing, 2008 (ISBN 978-1-4051-5296-9) (consultĂ© le )
  • Delatour, Yvonne et al., Nouvelle grammaire du français, Paris, Hachette, 2004 (ISBN 2-01-155271-0) (consultĂ© le )
  • Dubois, Jean et al., Dictionnaire de linguistique, Paris, Larousse-Bordas/VUEF, 2002 (consultĂ© le )
  • (en) Eastwood, John, Oxford Guide to English Grammar [« Guide Oxford de la grammaire anglaise »], Oxford, Oxford University Press, 1994 (ISBN 0-19-431351-4) (consultĂ© le )
  • Grevisse, Maurice et Goosse, AndrĂ©, Le Bon Usage. Grammaire française, Bruxelles, De Boeck UniversitĂ©, 2007, 14e Ă©dition, (ISBN 978-2-8011-1404-9) (consultĂ© le )
  • (bs) Jahić, DĆŸevad ; Halilović, Senahid ; Palić, Ismail, Gramatika bosanskoga jezika [« Grammaire de la langue bosniaque »], Zenica, Dom ĆĄtampe, 2000 (consultĂ© le )
  • (sr) Klajn, Ivan, Gramatika srpskog jezika [« Grammaire de la langue serbe »], Belgrade, Zavod za udĆŸbenike i nastavna sredstva, 2005 (ISBN 86-17-13188-8) (consultĂ© le )
  • (en) Rounds, Carol, Hungarian: an Essential Grammar [« Grammaire fondamentale du hongrois »], Londres / New York, Routledge, 2001 (ISBN 0-203-46519-9) (consultĂ© le )
  • Szende, Thomas et Kassai, Georges, Grammaire fondamentale du hongrois, Paris, Langues et mondes – l’AsiathĂšque, 2007 (ISBN 978-2-91-525555-3) (consultĂ© le )

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.