Futur proche
Le futur proche, également dénommé futur immédiat, futur périphrastique ou futur 2, est un temps périphrastique du français faisant appel à un semi-auxiliaire. Il permet d'exprimer un événement dont on perçoit les signes avant-coureurs au moment présent (ex : Il va pleuvoir.), et qui va donc souvent se réaliser dans un court délai (d'où l'adjectif proche), mais pas toujours cependant (ex : Pour l'instant les cours sont faciles, mais tu vas en baver dans deux ans, quand tu seras en licence.) ; il peut aussi être utilisé en avertissement et non en prédiction, pour signaler l'existence des signes avant-coureurs et éviter ainsi que l'événement ne se produise (ex : Tu vas tomber !). Il a l'aspect inchoatif. On forme un futur proche à partir du semi-auxiliaire aller et de l'infinitif du verbe :
- « Je mangerai » (futur simple)
- « Je vais manger » (futur proche)
Formation du futur périphrastique en français
Le futur simple français est issu du futur périphrastique latin (habeo cantare, inversé en cantare habeo, a donné cantare ai, puis par fusion chanterai), ceci pour toutes les personnes sauf les première et deuxième personnes du pluriel (voir futur simple), qui ont reçu un traitement différent.
Tendance constante à la périphrase pour le futur
En latin
Le futur latin des verbes des première et deuxième conjugaisons est lui-même issu d'une périphrase qui a cessé d'être sentie avant le latin archaïque : par exemple, dā (thème imperfectif de dō, dās, dăre, « donner ») associé à bō (subjonctif d'un verbe, peut-être *bʰuH-, signifiant « être ») donne par univerbation dabo qui signifie à peu près, étymologiquement, « j'ai l'intention d'être faisant l'action de donner », puis donc « je donnerai »[1] - [2]. Cette périphrase correspond à peu près à celles que l'on trouve en français avec l'auxiliaire être, tels « je serai mort, je serai pourvu », etc.
C'est une autre tournure périphrastique qui fut léguée aux langues latines modernes, à partir de l'infinitif associé dans les Balkans à l'auxiliaire vŏlō, vīs, vult, vŏlŭī, velle, « vouloir, désirer, souhaiter » et en Italie et en Gaule à l'auxiliaire hăbĕō, ŭī, ĭtum, ēre, « avoir » : Dare habes ! qui signifie littéralement « tu as à donner ! » et donc « tu donneras ! » devient en latin vulgaire Daras !, univerbation qu'atteste la Chronique de Frédégaire[3]. Cette tournure périphrastique, qui n'est plus sentie comme telle, est toujours employée en français : tu as à donner = tu donneras.
Dans d'autres langues
En anglais, au lieu de dire
- « I will eat »,
on peut dire
- « I am going to eat »,
l'équivalent de « je vais manger »
Valeurs du futur périphrastique
L'utilisation d'un semi-auxiliaire n'est pas juste une astuce morphologique pour contourner les diverses difficultés du futur simple; elle est aussi une façon différente d'envisager le futur à travers un aspect.
Autres aspects possibles
Dans l'est de la France, on entend encore « je veux faire » pour « je vais faire », avec influence du « Ich will » allemand, lui-même à l'origine de la forme en « will » du futur anglais.
Notes et références
- Simone Deléani, Initiation à la langue latine et à son système, p.121.
- De l’indo-européen commun *bʰuH-, « être » (Julius Pokorny, Indogermanisches etymologisches Wörterbuch, 1959) qui donne φύω, phýo (« croitre ») et φύσις, phýsis en grec ancien, be en anglais, být en tchèque, etc., et auquel Pokorny rattache les formes latines fu-turum, fu-turus, super-bus, du-bius, pro-bus, mori-bundus (et, par extension, tous les dérivés en -bundus exprimant le devenir - cf. budu « je serai » en tchèque, budoucí, « futur »). Comparez la construction latine du futur en -bo dans amabo, placebo, nocebo et la construction, dans les langues slaves, avec antéposition ; par exemple, toujours pour le tchèque : budu milovat « j’aimerai ».
- Bonnard, Régnier, Petite grammaire de l'ancien français