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Parc national de la vallée de la Mort

Le parc national de la vallĂ©e de la Mort (en anglais Death Valley National Park) est situĂ© Ă  l'est de la Sierra Nevada, en Californie, et s'Ă©tend en partie sur le Nevada. Avec plus de 13 600 km2, ce parc de zone aride, intĂ©gralement situĂ© dans le dĂ©sert des Mojaves, est l'un des plus grands parcs nationaux amĂ©ricains (le plus grand en dehors de l'Alaska).

Parc national de la vallée de la Mort
Death Valley National Park
GĂ©ographie
Pays
État
Californie et partiellement Nevada
Coordonnées
36° 14â€Č 31″ N, 116° 49â€Č 33″ O
Ville proche
Superficie
13 628 km2
Point culminant
Administration
Nom local
(en) Death Valley National Park
Type
Catégorie UICN
II
WDPA
Création
Patrimonialité
RĂ©serve mondiale de biosphĂšre (1984, DĂ©serts du Colorado et Mojave)
Visiteurs par an
1 296 283[1]
Administration
Site web
Carte
Le musée de la vallée de la Mort.

Topographiquement, il prĂ©sente le plus grand intervalle d'altitudes de la partie continentale des États-Unis : le fond de la vallĂ©e de la Mort, mesurĂ© Ă  Badwater, est Ă  85,5 mĂštres sous le niveau moyen de la mer[2], alors que le mont Whitney, situĂ© Ă  123 kilomĂštres Ă  peine, s'Ă©lĂšve Ă  plus de 4 400 mĂštres[3].

Le cƓur du parc, dĂ©nommĂ© « Death Valley National Monument », a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1933[4] et a Ă©tĂ© promu au rang de parc national en 1994, puis a Ă©tĂ© considĂ©rablement agrandi. En plus de la partie centrale du parc, une petite portion, nommĂ©e le « Trou du Diable » (Devil's Hole) est situĂ©e plus loin Ă  l'est dans le Nevada, prĂšs de la rĂ©serve naturelle d'Ash Meadows (Ash Meadows National Wildlife Preserve).

Le parc est constitué de deux vallées principales, Death Valley et Panamint Valley, toutes deux formées au cours des derniers millions d'années. Le parc est séparé de l'océan Pacifique par cinq chaßnes de montagnes qui assÚchent complÚtement les entrées d'air océanique, pourtant initialement chargées d'humidité. En partie de ce fait, la vallée de la Mort détient le record de chaleur absolu officiellement mesuré à la surface du globe avec 56,7 °C à Furnace Creek le , depuis l'invalidation, le 13 septembre 2012, par l'Organisation météorologique mondiale de ce qui était jusque-là considéré comme le record absolu à savoir les 57,7 °C enregistrés le à El Azizia en Libye[5].

Le sol de la vallĂ©e de la Mort est riche en minĂ©raux divers, dont le borax, exploitĂ© pendant longtemps par une sociĂ©tĂ© miniĂšre pour ĂȘtre utilisĂ© dans la production de savon et dans l'industrie verriĂšre[6] - [4]. Le produit fini raffinĂ© Ă©tait expĂ©diĂ© depuis la vallĂ©e dans des chariots tirĂ©s par un attelage de 18 mules et deux chevaux[7].

D'une superficie supĂ©rieure Ă  celle de l’Île-de-France, le parc abrite des Ă©cosystĂšmes trĂšs variĂ©s, allant des dĂ©pressions hyperarides aux sommets enneigĂ©s de la Panamint Range. De mĂȘme, la faune et la flore sont relativement riches et s'adaptent aux contraintes naturelles que reprĂ©sentent l'altitude et l'ariditĂ©.

GĂ©ographie

Situation

Carte du parc et de ses environs.

Le parc national de la vallĂ©e de la Mort appartient Ă  la rĂ©gion de l'Ouest amĂ©ricain, qui se caractĂ©rise par des densitĂ©s humaines faibles et des montagnes ou plateaux arides ou semi-arides. Sa majeure partie appartient Ă  l’État de Californie et au ComtĂ© d'Inyo ; son extrĂ©mitĂ© sud se trouve sur le comtĂ© de San Bernardino ; enfin un petit secteur nord-est dĂ©borde sur l’État du Nevada (comtĂ© de Nye). Le camp de Stovepipe Wells, qui se situe Ă  peu prĂšs au centre du parc, se trouve Ă  36° 60’ 63’’ N de latitude nord, soit la mĂȘme latitude que Cadix en Espagne ou que le sud de la Sicile.

La superficie du parc national de la vallĂ©e de la Mort est de 13 628 km2 : d’une taille supĂ©rieure Ă  la rĂ©gion Île-de-France, il constitue le plus grand parc aux États-Unis, hors Alaska[8]. Il s’étend entre les latitudes 37° 35’ N et 35° 63’ N, et entre les longitudes 117° 68’ W et 116° 29’ W. Il mesure 170 km de long sur 25 Ă  30 km de large.

Relief

Coupe simplifiée du relief du parc.

Le parc national de la vallĂ©e de la Mort appartient Ă  la rĂ©gion du Grand Bassin qui s'Ă©tend Ă  l'est de la Californie et sur la plus grande partie de l'État du Nevada. Le relief est constituĂ© d'une succession presque parallĂšle de chaĂźnes et de sillons linĂ©aires : dans le parc se succĂšdent en effet, d'ouest en est, le chaĂźnon Argus, la vallĂ©e Panamint, le chaĂźnon Panamint, la vallĂ©e de la Mort et le chaĂźnon Amargosa, toutes d'orientation nord-ouest/sud-est. Les secteurs du parc situĂ©s en dessous du niveau de la mer reprĂ©sentent une surface totale de 1 500 km2[9]. Le pic Telescope est le point culminant du parc (3 368 mĂštres). Il se trouve Ă  l'ouest dans la Panamint Range.

Avec une altitude de 86 mĂštres sous le niveau moyen des mers, le site de Badwater dans la vallĂ©e de la Mort est le point le plus bas des États-Unis[10]. Il occupe la huitiĂšme place des endroits les moins Ă©levĂ©s de la planĂšte[10].

GĂ©ologie

Histoire géologique

Schéma d'une faille normale.

Le parc a une histoire géologique trÚs riche et diversifiée. Depuis sa formation, la région a subi au moins quatre périodes de volcanisme extensif, trois ou quatre périodes de sédimentation, plusieurs périodes de déformation tectonique et au moins deux périodes de glaciation. La croûte continentale située en dessous de la vallée de la Mort n'est pas trÚs épaisse.

La vallĂ©e de la Mort et la chaĂźne de la Panamint Range possĂšdent approximativement la mĂȘme topographie : des failles (le plus souvent normales) parallĂšles qui limitent la vallĂ©e de la Mort. Le rĂ©sultat de ce dĂ©chirement est un lĂ©ger Ă©largissement de la partie centrale de la vallĂ©e.

De plus, les chaßnes montagneuses présentent plusieurs zones d'activité géologique. La montée des montagnes Noires a été si rapide, d'un point de vue géologique, que les dépÎts alluviaux restent relativement réduits et toujours en pente (comparés à ceux provenant de la Panamint Range). On peut trÚs bien voir ce phénomÚne sur certaines zones appelées les canyons en verre à vin (ou « wine glass canyons »). Ce type de canyon se forme lorsque la montée rapide des chaßnes de montagnes ne laisse pas assez de temps pour construire le profil classique en V. Cette découpe, formée plus rapidement, donne un profil qui ressemble un peu à un verre à vin (vu d'une certaine distance).

Pour compliquer encore les choses, la vallée de la Mort est également tordue entre les failles latérales et cela explique en grande partie la profondeur du bassin de Badwater.

Croquis géologique de la vallée de la Mort. Les lignes noires représentent les principales failles.

La topographie du parc est le résultat d'une tectogenÚse intense qui crée des failles délimitant des grabens. Les vallées étaient occupées par des lacs qui ont disparu et qui ont laissé la place à des playas. Ces vastes étendues planes reçoivent les débris de l'érosion au pied des chaßnes et de leur glacis.

Érosion et altĂ©ration

Le « rocher champignon », produit de l'érosion d'un basalte, vallée de la Mort.

L'érosion est celle d'un milieu aride : autrement dit, la corrasion éolienne (à ne pas confondre avec la corrosion) est sans doute la plus active, avec celle du gel en altitude. Le vent chaud, transportant des grains de sable ou de sel, façonne les rochers en forme de champignon (voir la photo). Le vent modÚle également les dunes du parc.

Les faibles précipitations participent finalement peu à l'érosion. La rosée, présente le matin, contribue à la formation d'un « vernis » à la surface des roches, couche d'altération encroûtée composée de particules d'argile riche en oxydes de fer et de manganÚse.

Lac Manly

Image satellite de la vallée de la Mort. Les dépÎts blancs correspondent à des dépÎts de sel de l'ancien lac Manly. Légende : 1 = Panamint Valley ; 2 = Panamint Range ; 3 = Death Valley ; 4 = Black Mountains (au sud) et Amargosa Range ; 5 et 6 = Amargosa Valley et désert d'Amargosa.

La plupart des dĂ©pressions du bassin ont Ă©tĂ© remplies par des sĂ©diments lacustres, mais les forces d'Ă©tirement, qui y sont constamment Ă  l'Ɠuvre, font en sorte que le fond du bassin reste relativement bas par rapport aux chaĂźnes montagneuses environnantes (l'effondrement des sols du fond du bassin est compensĂ© par les effets de dĂ©pĂŽt). La vallĂ©e de la Mort accueillait encore il y a un peu plus de dix mille ans un grand lac qui couvrait presque tout le fond de la vallĂ©e.

Le lac existait pendant une période dite pluviale par les géologues (plutÎt que glaciale parce que les glaciers ne descendaient pas jusqu'à ces latitudes). Mais les eaux de fonte des glaciers et les températures plus froides qu'aujourd'hui avaient alors fortement influencé la vallée.

Les gĂ©ologues appellent donc lac Manly toutes les manifestations de cette ancienne Ă©tendue d'eau aujourd'hui disparue. Son nom vient de William L. Manly, l'un des pionniers qui traversa la vallĂ©e de la Mort en 1849. Pendant le grand Ăąge glaciaire, il y a quinze mille ans, le lac a connu sa plus grande extension (150 Ă  200 m de profondeur, 6 Ă  km de large et environ 70 km de long) et Ă©tait alimentĂ© par trois riviĂšres et de nombreux ruisseaux. Le lac a disparu par Ă©vaporation Ă  cause du rĂ©chauffement gĂ©nĂ©ral de la planĂšte. L'autre raison est l'isolement du lac par rapport au bassin du Colorado. Cependant, il reste en profondeur des nappes d'eau souterraine. L'aquifĂšre Ă©tait alimentĂ© par les eaux de la riviĂšre Amargosa et de la Salt Creek. Il est visible Ă  Bad Water. Les inondations de 2005 ont permis au Lac Manly de rĂ©apparaĂźtre temporairement et sur une petite surface ; mais il s'est Ă©vaporĂ© trĂšs rapidement, laissant une boue salĂ©e qui sĂ©cha vite.

Cependant, les dépÎts salins que l'on peut facilement observer aujourd'hui sont le produit d'un lac plus ancien qui s'est asséché il y a seulement quelques milliers d'années.

Shoreline Butte possÚde un ancien littoral encore facile à interpréter et qui montre encore l'effet des vagues de l'ancien lac Manly. Ces formes ont été créées par les différents niveaux atteints par le lac dans le temps. En effet, un lac ancien et ne disposant d'aucune sortie naturelle d'évacuation voit son niveau évoluer avec le temps et les évolutions du climat.

Milieu naturel

Climat

Badwater, vallée de la Mort. Le parc reçoit l'essentiel de ses précipitations en hiver. La neige recouvre alors le sommet de la Panamint Range, à l'arriÚre-plan sur la photographie.

La vallĂ©e de la Mort est l’un des endroits les plus secs et les plus chauds de l'AmĂ©rique du Nord[2] - [11] - [12]. L’évaporation potentielle annuelle est trĂšs forte Ă  cause des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es de l’étĂ©.

Certains secteurs du parc reçoivent des prĂ©cipitations infĂ©rieures Ă  50 mm/an[11] et sont hyperarides[13]. Certaines annĂ©es, comme en 1929 ou en 1953, la rĂ©gion n’a pas reçu une seule goutte d’eau[11]. Les rares prĂ©cipitations tombent en hiver, de dĂ©cembre Ă  mars. Le mois le plus humide est fĂ©vrier (11,9 mm), le plus sec est juillet (1,27 mm). Les prĂ©cipitations varient selon les secteurs du parc : en altitude, elles atteignent 380 mm/an[14] ; Ă  Badwater, elles s’élĂšvent Ă  48 mm/an. Lors de fortes prĂ©cipitations se forment des cours d’eau temporaires, semblables aux oueds sahariens, et de nappes d’eau rendues Ă©phĂ©mĂšres par l’évaporation. Ces phĂ©nomĂšnes brusques s’accompagnent d’un fort ravinement.

Badwater est l'un des sites les plus chauds du parc.

Parce qu’elle se trouve en position d’abri, la vallĂ©e de la Mort est aride. SituĂ©e au nord du dĂ©sert des Mojaves dans un bassin intramontagnard, elle est sĂ©parĂ©e des influences tempĂ©rĂ©es par la Sierra Nevada. Les vents dominants soufflent du nord-ouest de la Californie vers le sud-est, oĂč se trouve la vallĂ©e de la Mort[11]. Les nuages qui se forment au-dessus de l’ocĂ©an Pacifique suivent cette direction et rencontrent la Sierra Nevada. Cette chaĂźne de montagne, qui dĂ©passe les 4 000 mĂštres d’altitude, contraint la masse d’air Ă  s’élever, ce qui a pour consĂ©quence de la refroidir et de provoquer de fortes prĂ©cipitations sur le versant ouest. En passant de l’autre cĂŽtĂ© de la Sierra, la masse d’air a perdu de son humiditĂ© et rencontre l’air sec du Grand Bassin : cet effet de fƓhn amplifie la chaleur et l’ariditĂ© dans la vallĂ©e de la Mort. Elle se heurte encore Ă  trois autres barriĂšres : le ChaĂźnon Argus et le chaĂźnon Panamint, qui dĂ©passent les 2 500 mĂštres d’altitude et qui isolent un peu plus la vallĂ©e de la Mort des influences ocĂ©aniques. La faiblesse des prĂ©cipitations et le pompage abusif de l'eau par les villes environnantes crĂ©ent des problĂšmes de disponibilitĂ© de l'eau dans le parc[15].

Le désert de la vallée de la Mort.

La vallĂ©e de la Mort dĂ©tient le record de chaleur absolu officiellement mesurĂ© Ă  la surface du globe avec 56,7 °C Ă  Furnace Creek le , depuis l'invalidation le 13 septembre 2012, par l'Organisation mĂ©tĂ©orologique mondiale de ce qui Ă©tait jusque-lĂ  considĂ©rĂ© comme le record absolu Ă  savoir les 57,7 °C enregistrĂ©s le Ă  El Azizia en Libye[5]. En moyenne annuelle, on compte 189 jours avec des tempĂ©ratures supĂ©rieures Ă  32,2 °C et 138 jours Ă  plus de 37,8 °C relevĂ©s sous abri. La plus haute tempĂ©rature enregistrĂ©e au sol, est de 93,9 °C Ă  Furnace Creek le [11]. La tempĂ©rature au sol dans la vallĂ©e de la Mort est environ 40 % plus Ă©levĂ©e que celle de l’air ambiant[11].

Les mois de juillet-aoĂ»t sont les plus chauds de l’annĂ©e : les tempĂ©ratures moyennes de juillet Ă©voluent entre 30,5 et 46,2 °C. Pendant l’étĂ© 1974, la tempĂ©rature n’est jamais descendue en dessous de 37,8 °C pendant 134 jours consĂ©cutifs[11], ce qui constitue le record pour la rĂ©gion. L’étĂ© 1996 a connu 40 jours Ă  plus de 48,9 °C et 103 jours Ă  plus 43,3 °C[11]. Au cours de l'Ă©tĂ© 1994, le mercure n'est pas descendu en dessous de 49 °C pendant 31 jours. Les vents dominants soufflent du sud et rĂ©chauffent l’air pendant la pĂ©riode estivale.

En hiver, le gel nocturne est relativement frĂ©quent, surtout dans les montagnes : sur une annĂ©e, on compte en moyenne 11 jours de gel. Les tempĂ©ratures les plus basses sont relevĂ©es en dĂ©cembre (entre 3,4 et 18,3 °C en moyenne). Le record de froid est de −9,4 °C enregistrĂ© le [11]. En janvier 1949, cinq centimĂštres de neige sont tombĂ©s Ă  Furnace Creek, mais la neige reste trĂšs rare dans la vallĂ©e de la Mort. En cette saison, les vents dominants soufflent du nord.

Relevés météorologiques de la vallée de la Mort[12]
MoisJanvFévMarsAvrMaiJuinJuilAoûtSeptOctNovDécAnnée
Record des températures maximales (°C) 31,6 36,1 38,9 43,9 50,0 53,3 56,7 54,4 50,5 45,0 36,1 31,1 56,6
Températures maximales moyennes (°C) 18,3 22,2 26,6 32,2 37,2 42,8 46,1 45,0 41,1 33,3 24,4 18,3 32,2
Températures minimales moyennes (°C) 3,9 7,8 11,6 16,6 21,6 26,6 31,1 29,4 23,9 16,6 8,9 3,9 16,6
Record de température minimale (°C) -9,5 -3,9 -1,1 1,6 5,5 9,4 11,1 17,8 5,0 0,0 -4,5 -7,2 -9,5
Moyennes mensuelles de précipitations (mm) 7 9 6 3 2 1 3 3 4 3 5 5 49

Faune

La faune est trĂšs variĂ©e, avec plus de 400 espĂšces diffĂ©rentes[16] : on a pu dĂ©nombrer 51 espĂšces autochtones de mammifĂšres, 307 espĂšces d'oiseaux, 36 espĂšces de reptiles, trois espĂšces d'amphibiens et cinq espĂšces et une sous-espĂšce autochtones de poissons[14]. Il est possible de rencontrer des coyotes, des renards nains, des lynx, des pumas et des cerfs hĂ©miones ; mais ils sont plus rares que les petits mammifĂšres[14]. Les serpents sortent surtout la nuit et les lĂ©zards, particuliĂšrement nombreux, vivent dans des terriers creusĂ©s par d’autres espĂšces.

Des mouflons canadiens vivent dans les zones montagneuses du parc et aux alentours. Il s'agit d'une espÚce rare de moutons de montagne que l'on rencontre en petits troupeaux isolés dans la Sierra Nevada et la vallée de la Mort. Ces animaux, qui s'adaptent facilement aux contraintes naturelles, peuvent consommer à peu prÚs n'importe quelle plante ; ils n'ont aucun prédateur connu, mais l'Homme, lorsqu'il empiÚte sur leur habitat, représente leur plus grand danger.

Le parc national de la vallĂ©e de la Mort est un lieu de passage et de pause pour de nombreux oiseaux migrateurs au printemps : grĂšbes Ă  cou noir, hirondelles, ibis et canards colverts peuvent ĂȘtre observĂ©s[16]. Les oiseaux rĂ©sidents sont le grand gĂ©ocoucou, le vautour, l'aigle et l'Ă©pervier.

Le poisson Cyprinodon salinus est une espÚce endémique de cette vallée, et plus précisément de la zone appelée Salt Creek[17].

Flore

On compte plus de 1 000 espĂšces de plantes[16] dont 23 endĂ©miques, c'est-Ă -dire qui ne poussent que dans le parc.

La vĂ©gĂ©tation est variĂ©e et Ă©tagĂ©e : arbrisseaux (crĂ©osotier ...), mesquite dans la vallĂ©e ; arbres de JosuĂ©, pins flexibles, pins de Bristlecone en altitude[14]. La vĂ©gĂ©tation est dans l’ensemble assez rare voire absente sur les playas et les dĂ©pressions salĂ©es. Elle est adaptĂ©e Ă  l’ariditĂ© : le mesquite dĂ©veloppe ainsi un systĂšme racinaire de plusieurs mĂštres de long afin de puiser l’eau retenue en profondeur. Les feuilles du houx du dĂ©sert (Atriplex hymenelytra) se recroquevillent pour Ă©viter l'Ă©vaporation[16]. L'armoise (Artemisia tridentata), les graminĂ©es et les buissons en boule (Salsola tragus) sont courants dans le paysage de la vallĂ©e de la Mort[18]. Les pluies de printemps font fleurir certains secteurs du parc. Cependant, les prĂ©cipitations et la biomasse ne sont pas suffisantes pour que se forment des sols Ă©pais.

Histoire de la vallée de la Mort

Pétroglyphes amérindiens dans la vallée de la Mort.

La prĂ©sence amĂ©rindienne dans la vallĂ©e de la Mort remonte Ă  9 000 ans : les Nevares Springs People occupĂšrent la rĂ©gion au VIIe millĂ©naire av. J.-C., lorsque la vallĂ©e Ă©tait encore occupĂ©e par le lac Manly. Ces premiers habitants Ă©taient des chasseurs-cueilleurs et vivaient dans un milieu plus tempĂ©rĂ© qu’aujourd’hui.

Ils furent ensuite remplacĂ©s par les Mesquite Flat People (vers 3 000 av. J.-C.), puis par les Saratoga Spring People au dĂ©but de l'Ăšre chrĂ©tienne, alors que la rĂ©gion Ă©tait devenue aride. Ces derniers ont laissĂ© des tĂ©moignages de leur artisanat et de mystĂ©rieux signes gravĂ©s sur les pierres du dĂ©sert.

Les Indiens Shoshones (appelĂ©s aussi Timbisha, Panamint ou encore Koso) Ă©taient prĂ©sents avant l'arrivĂ©e des Blancs. Il semble que ces nomades migraient en fonction des saisons[19] : ils passaient l'hiver prĂšs des sources d’eau dans la vallĂ©e et remontaient en Ă©tĂ© dans les montagnes oĂč ils ramassaient des pignons et pratiquaient la chasse. Les AmĂ©rindiens appelaient la rĂ©gion « Tomesha » qui signifie « Terre de feu »[20]. De nos jours, plusieurs familles timbisha vivent encore dans le parc national Ă  Furnace Creek. En revanche, ils ont abandonnĂ© l’ancien village de Maahunu situĂ© prĂšs de Scotty's Castle.

Les premiers EuropĂ©ens qui la traversĂšrent furent des chercheurs d'or, en 1849[4], qui cherchaient un passage vers la Californie, attirĂ©s par la ruĂ©e vers l'or. PiĂ©gĂ©s pendant plusieurs mois dans une vallĂ©e sĂšche et presque dĂ©pourvue de toute vie animale ou vĂ©gĂ©tale, ils lui donnĂšrent le nom de « Death Valley » (vallĂ©e de la Mort). Ils survĂ©curent en brĂ»lant le bois des vĂ©hicules, en mangeant leurs bƓufs et en trouvant des sources d'eau. Le site qu’ils occupĂšrent a Ă©tĂ© identifiĂ© prĂšs des dunes de sable et appelĂ© « Burned Wagons Camp » (le camp des chariots brĂ»lĂ©s). Ils rĂ©ussirent Ă  quitter la vallĂ©e par le col de Wingate Pass. Une femme aurait dit avant de partir « Goodbye Death Valley ! » (« Au revoir vallĂ©e de la Mort ! »). En rĂ©alitĂ©, un seul membre de l'expĂ©dition, nommĂ© Culverwell, ĂągĂ© et malade, Ă©tait mort dans la vallĂ©e. William Lewis Manly faisait partie de l’expĂ©dition et Ă©crivit un rĂ©cit autobiographique intitulĂ© Death Valley in '49 et qui relatait son aventure et qui a fait connaĂźtre la rĂ©gion[19]. Les gĂ©ologues donnĂšrent par la suite son nom au lac Manly.

20-mule team (équipage de vingt mules) dans la vallée de la Mort.

Par la suite, des expĂ©ditions successives dĂ©couvrirent des minĂ©raux (talc, sels, borax) et des minerais (cuivre, argent, or, plomb) dans divers points de la vallĂ©e, dont l'exploitation ne dura en gĂ©nĂ©ral que quelques annĂ©es. En 1873, une premiĂšre ville miniĂšre appelĂ©e Panamint est fondĂ©e pour exploiter l'argent[19]. Si prĂšs de six millions de dollars d’or furent extraits des mines entre 1906 et 1917, la vĂ©ritable richesse de ces mines Ă©tait le borax[21], dĂ©couvert en 1875 par un Français, Isidore Daunet, qui exploita les minerais de borax dans la vallĂ©e en 1881 lorsqu'il dĂ©couvrit qu'un autre prospecteur, Aaron Winters, avait Ă©galement dĂ©couvert un gisement et rentabilisĂ© son exploitation[19]. Daunet fonda la Eagle Borax Works, qui devint rapidement la premiĂšre compagnie d’exploitation du minĂ©ral dans la vallĂ©e avant de vendre sa sociĂ©tĂ© Ă  William Tell Coleman (qui a donnĂ© son nom Ă  la ColĂ©manite[22]). Ce dernier fonda la Harmony Borax Works, une usine de transformation du borax qui fonctionna entre 1883 et 1888. Le borax Ă©tait ensuite exportĂ© par des chariots de 36 tonnes tirĂ©s par un Ă©quipage de 18 mules et deux chevaux (twenty mule team)[7]. Les mules Ă©taient indispensables car elles buvaient moins d'eau que les chevaux, deux chevaux Ă©taient nĂ©anmoins nĂ©cessaires pour diriger l'attelage, les mules Ă©tant trop tĂȘtues. Il fallait dix jours Ă  cet attelage pour parcourir 270 km dans ce dĂ©sert brĂ»lant. De nombreux ouvriers chinois ont Ă©tĂ© amenĂ©s pour travailler. Le borax servait notamment Ă  la fabrication du savon. La marque 20-Mule Team Borax (en) fut par la suite crĂ©Ă©e par Francis Marion Smith, le patron de la Pacific Coast Borax Company. Il utilisa l’image des wagons pour faire la promotion du savon Boraxo.

IntĂ©rieur d’une mine abandonnĂ©e Ă  Leadfield.

L’exploitation miniĂšre se poursuivit mĂȘme aprĂšs la faillite de Coleman et la rĂ©gion occupait la premiĂšre place mondiale pour la production de borax dans les annĂ©es 1920. Il reste de cette Ă©poque quelques villes miniĂšres fantĂŽmes. De l'or est dĂ©couvert en 1904 Ă  Bullfrog[19], ce qui attire des centaines d'aventuriers dans la rĂ©gion. Aujourd’hui, la formation gĂ©ologique de Furnace Creek, vieille de 4 Ă  6 millions d’annĂ©es, contient encore d’importantes quantitĂ©s du minĂ©ral.

Le tourisme commença dans les annĂ©es 1920 avec un premier campement sur le site actuel de Stovepipe Wells. Les visiteurs venaient profiter des prĂ©tendus bienfaits des sources. En 1927, les locaux du personnel travaillant dans le borax furent reconvertis en hĂŽtel (Furnace Creek Inn). La vallĂ©e devint une destination en vogue pendant l’hiver.

Construction du Scotty's Castle.

Le Scotty's Castle devint un hÎtel à la fin des années 1930. Un programme de travaux (aménagement de routes, de conduites d'eau et de lignes de téléphone) mit en valeur la région pendant la Grande Dépression. Des chemins menant à la Panamint Range furent également aménagés et des locaux en adobe furent construits pour les Indiens Shoshones.

Le prĂ©sident des États-Unis Herbert Hoover dĂ©clara la rĂ©gion (7 800 km2) monument national le . La prospection miniĂšre se modernisa dĂšs l’entre-deux-guerres mais face au risque de saccage du monument national, elle fut sĂ©vĂšrement limitĂ©e et encadrĂ©e Ă  partir des annĂ©es 1970, Ă  la suite du Mining in the Parks Act. Aujourd’hui, il ne reste plus que deux sites d’exploitation du borax : la mine Billie et une mine souterraine situĂ©e le long de la route montant Ă  Dante's View. La vallĂ©e de la Mort fut classĂ©e rĂ©serve de biosphĂšre en 1984 par l'Unesco sous le nom de DĂ©serts du Colorado et Mojave[23]. Le , le monument national s’agrandit de quelque 5 300 km2 et fut classĂ© parc national Ă  la suite du Desert Protection Act. Cet agrandissement en a fait le plus grand parc national des États-Unis contigus devant le parc de Yellowstone avec plus de 13 000 kmÂČ de superficie. Le 12 mars 2019, le John D. Dingell, Jr. Conservation, Management, and Recreation Act a encore ajoutĂ© 143 kmÂČ au parc[24].

Aujourd'hui, la vallĂ©e est surtout un site touristique. Elle est aussi exploitĂ©e pour ses mĂ©taux et minerais. Il s'agit du plus vaste parc national des États-Unis en dehors de l'Alaska. La population est d'environ 200 habitants, en majoritĂ© des employĂ©s du parc et des hĂŽtels[25].

En 2015, l'explorateur Louis-Philippe Loncke devient la premiĂšre personne Ă  traverser le parc Ă  pied du nord au sud sans assistance[26] - [27].

Sites d'intĂ©rĂȘt dans le parc

Artist's Palette

Artist's Palette.

Artist's Palette (« la palette de l'artiste »), sur la face des Montagnes Noires tournée vers la vallée, est remarquable du fait de la diversité des couleurs de ses roches.

Elles proviennent de l'oxydation des métaux qui y sont inclus :

  • le rouge, le rose et le jaune proviennent de sels de fer,
  • le vert est une dĂ©composition du mica,
  • et le violet provient du manganĂšse.

Badwater

Badwater.

Ci-contre, une photo des formations de sels et de boue sĂ©chĂ©e en forme de sauciĂšres sur la plaine de Badwater (mauvaises eaux). Ces croĂ»tes salines blanchĂątres peuvent ĂȘtre assimilĂ©es aux playas que l'on trouve dans l'ouest aride des États-Unis.

Les sauciĂšres approximativement hexagonales ont environ 2 mĂštres de diamĂštre et dessinent des formes plus grandes, mais Ă©galement hexagonales que l'on peut voir depuis Dante's View (« la perspective de Dante »), 2 000 mĂštres plus haut. Ces sauciĂšres se forment lors de la dessiccation du dĂ©pĂŽt salĂ© et de l'extension des cristaux de sel.

Dans la partie la plus lisse du dĂ©pĂŽt se trouve une station mĂ©tĂ©orologique, oĂč a Ă©tĂ© enregistrĂ©e la tempĂ©rature la plus Ă©levĂ©e jamais connue aux États-Unis, avec 56,7 °C (134 °F).

C'est aussi le point le plus bas du continent nord-amĂ©ricain et il se situe Ă  86 mĂštres au-dessous du niveau de la mer. Ce dĂ©pĂŽt s'est crĂ©Ă© il y a trois mille ans avec le retrait du Recent Lake.

Wildrose Charcoal Kilns

Charcoal Kilns.

À Wildrose, des fours Ă  charbon de bois (charcoal kilns en anglais) furent construits en 1877 pour rĂ©duire en charbon de bois, par une combustion lente en atmosphĂšre rarĂ©fiĂ©e en oxygĂšne, les pins pignons et les genĂ©vriers qui dominent le paysage avec les buissons de thĂ© des mormons.

Ce combustible était ensuite transporté jusqu'aux mines de la vallée de la Mort pour alimenter en combustible le travail de fonte et d'extraction du minerai. Les fours furent en fait abandonnés à peine trois ans aprÚs leur construction mais furent restaurés en 1971 par des Indiens Navajos de l'Arizona.

Dante's View

Dante's view.

La chaßne de montagne sur laquelle se trouve Dante's View (« la perspective de Dante ») fait partie des Black Mountains. Ce site offre un panorama sur la partie centrale de la vallée de la Mort[4].

De ce point culminant Ă  1 676 mĂštres d'altitude[28], on peut voir le bassin de Badwater, qui contient le point le plus bas des États-Unis, et le pic Telescope qui se dresse Ă  3 353 mĂštres d'altitude[29].

La route pour y arriver est trÚs escarpée.

Devil's Golf Course

Devil's Golf Course, le soir.

Le Devil's Golf Course (le terrain de golf du diable) est une zone de boue salĂ©e qui a formĂ© des coupelles aux arĂȘtes vives ; ce qui donne Ă  penser qu'il s'agit de la seule surface suffisamment et diaboliquement inĂ©gale oĂč l'on pourrait imaginer voir le Diable jouer au golf.

Entre 2000 av. J.-C. et le dĂ©but de notre Ăšre[30], ce secteur Ă©tait occupĂ© par un lac : le climat Ă©tait en effet plus humide qu'aujourd'hui et l'eau s'accumulait au fond de la vallĂ©e. À mesure que le climat changea et devint plus sec et plus chaud, le niveau du lac diminua. Au bout d'un certain temps, le lac laissa la place Ă  une vaste Ă©tendue de boue dans laquelle le sel cristallisa.

Father Crowley Vista Point

Father Crowley Vista Point est un point de vue panoramique offrant une vue sur le canyon Rainbow et la Panamint Valley. Il se trouve Ă  une altitude de 1 281 mĂštres.

Furnace Creek

Furnace Creek (le Ruisseau de la Fournaise) est un ensemble de bùtiments situés au milieu de la vallée, prÚs de Zabriskie Point. Il s'agit d'un centre d'information pour touristes, d'un poste à essence et de deux hÎtels situés dans une oasis artificielle. On y trouve aussi un terrain de golf et un bureau de poste.

Golden Canyon

Golden Canyon.

Le Golden Canyon (le canyon d'or) dévoile d'intéressantes formations géologiques. Au fond du canyon se trouvent les falaises rouges de Red Cathedral (« la cathédrale rouge ») érodées par le vent et la pluie.

Mesquite Sand Dunes

Mesquite Sand Dunes.

Les Mesquite Sand Dunes (« les dunes à prosopis) » sont situées au nord de la vallée. Du fait de l'accÚs facile depuis la route proche, elles ont été souvent utilisées par le cinéma dans de nombreux films pour des scÚnes de dunes, comme dans la série Star Wars[31].

La plus grande dune porte le nom de Star Dune et reste relativement stable et stationnaire Ă  cause de la convergence locale des vents qui justement forment ces dunes.

La plus grande profondeur de sable y est de 40-43 mĂštres mais cela reste peu en regard d'autres dunes proches oĂč l'on peut trouver jusqu'Ă  183-213 mĂštres de sable. La Star Dune a la forme d'une astĂ©rie, un Ă©chinoderme, c'est de lĂ  que vient son nom (astĂ©rie = starfish en anglais).

Entre les dunes, on trouve des buissons de créosotier et de prosopis (Prosopis juliflora) qui poussent sur le sable et la boue séchée qui constituent le sol de cette partie de la vallée (sous les dunes les plus récentes). La prosopis est la plante dominante locale, mais le créosotier tire mieux parti du sol sablonneux des dunes.

Mesquite Springs

Le site de Mesquite Springs se trouve dans la partie nord de la vallĂ©e de la Mort oĂč l'on trouve beaucoup de cactus Ă  tĂȘte de coton (Echinocactus polycephalus), de colĂ©optĂšres de la famille des Meloidae et de chollas. Dans les dĂ©pĂŽts alluvionnaires au-dessus des sources (springs en anglais) on rencontre des pĂ©troglyphes ĂągĂ©s de 2 000 Ă  3 000 ans, appartenant Ă  la culture des Mesquite Springs.

Le travail des pĂ©troglyphes y est rendu possible par « le vernis du dĂ©sert » qui s'est dĂ©posĂ© sur les roches. Ce type un peu particulier de patine se dĂ©pose lentement (10 000 ans pour produire un dĂ©pĂŽt de 0,25 mm d'Ă©paisseur) sous l'action de certaines bactĂ©ries qui consomment le fer, le manganĂšse et la craie.

Le taux de production du vernis étant chose connue, il a donc été possible de dater précisément les pétroglyphes en se basant sur l'épaisseur de vernis déposée par-dessus.

Pas trÚs loin de certains des pétroglyphes on trouve aussi une faille qui permet de voir un type de roche sédimentaire qui ressemble à du béton dans lequel seraient pris de gros rochers. En fait, il s'agit d'alluvions lithifiées (transformées en pierre par le temps).

Mosaic Canyon

Mosaic Canyon.

Le site de Mosaic Canyon (« le canyon des mosaïques ») est un petit canyon creusé dans le flanc nord-ouest de la vallée. Il tire son nom des sédiments remplis de roche dolomite qui en forment les bords. Ce canyon a été formé par un processus alternatif de creusement et de remplissage avec des périodes d'érosion rapide et de longues périodes de dépÎt et d'épaississement. Chaque creusement se produisant sur un dépÎt fragile, le fond du canyon est en forme d'escaliers.

Le type de roche qui domine est la dolomite ; il s'agit d'un type de roche carbonatée qui se forme naturellement dans une mer chaude et peu profonde comme celle qui recouvrait la région il y a 750 millions d'années.

Racetrack Playa

Rochers sur Racetrack Playa.

Plusieurs dizaines[16] de roches de la Racetrack Playa (« la plage du circuit de course ») se déplacent de maniÚre mystérieuse sur le sable en laissant des traces derriÚre elles. Leur point de départ est un flanc de colline à l'extrémité de la playa. Elles roulent vers son fond puis commencent leur mystérieuse promenade.

On ne les a jamais filmées[7], ni surprises dans leur mouvement. Toutefois, une hypothÚse plausible reste que certaines nuits pluvieuses rendent le sable glissant et les vents violents déplacent alors les rochers.

L'hypothĂšse Ă©mise par des physiciens lors d'une Ă©tude sur site en 1995 serait que ces rochers sont poussĂ©s par le vent (des pointes Ă  145 km/h ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es en hiver) associĂ© Ă  la quasi absence de couches limites (infĂ©rieures Ă  cm) du fait de l'absence de vĂ©gĂ©tation et de relief. Une autre hypothĂšse serait que ces pierres glissent en fait grĂące Ă  des algues microscopiques situĂ©es en dessous. À chaque pluie, le vent les pousserait tandis que les algues « lubrifiraient » la zone de contact, les pierres glissant mieux.

Finalement, une expĂ©rience menĂ©e de 2011 Ă  2014 montre l’existence en hiver d'un lac gelĂ© recouvrant environ un tiers du site. Les couches de glace ont alors glissĂ© vers les morceaux de roche, se cassant le plus souvent mais les dĂ©plaçant aussi progressivement[32].

Rhyolite

Rhyolite.

À l'entrĂ©e Est de la vallĂ©e de la Mort, sur la route 374 en provenance de Beatty, se trouve la ville fantĂŽme de Rhyolite[33].

Cette ville, crĂ©Ă©e en 1904 dans le cadre de la ruĂ©e vers l'or, connut son apogĂ©e en 1907-1908 grĂące Ă  l'exploitation de mines situĂ©es dans et en bordure de la vallĂ©e. Elle comptait alors plusieurs milliers d'habitants[34], avant d'ĂȘtre subitement abandonnĂ©e Ă  la suite de la Panique bancaire amĂ©ricaine de 1907 ou « panique des banquiers ».

Sand Dunes

Dunes dans la vallée de la Mort.

À proximitĂ© de Stovepipe Wells (« les puits en tuyau de poĂȘle »), sur la route 190, se trouvent les cĂ©lĂšbres dunes de mesquite qui attirent de nombreux photographes, surtout au coucher de soleil. Il existe d'autres dunes dans le parc[35], mais ces derniĂšres sont les plus frĂ©quentĂ©es[36]. Elles sont le rĂ©sultat de l'accumulation de particules rocheuses arrachĂ©es aux chaĂźnes de montagne environnantes, par les agents d'Ă©rosion. Le sable est transportĂ© par le vent, et les massifs dunaires sont mobiles. Des chercheurs viennent y Ă©tudier le « chant des dunes », c'est-Ă -dire le bruit provoquĂ© par le dĂ©placement des grains de sable sous l'effet du vent[37].

Salt Creek

La plus grande partie de Salt Creek (« le ruisseau salé »)[38] est généralement sÚche et couverte par une couche de sel brillant (salt signifie sel en anglais) qui provient de nombreuses inondations suivies de périodes d'évaporation lente de l'eau ainsi déposée.

Le processus dure depuis suffisamment longtemps pour que la faible quantité de sels dissous par l'eau finisse par s'accumuler à la surface du sol. Une partie du sel disparaßt continuellement avec les écoulements d'eau boueuse. C'est là que se trouve le dernier animal survivant du lac Manly, le Death Valley pupfish, dont on dénombre aujourd'hui cinq espÚces[39]. Il arrive à survivre dans un milieu saturé de sel.

Scotty's Castle

Scotty's Castle.

Scotty's Castle[40] se trouve Ă  l'extrĂȘme nord de la vallĂ©e de la Mort, dans une oasis de Grapevine Canyon. Cette demeure fut construite dans les annĂ©es 1920 sur le modĂšle d'une hacienda du XVIIIe siĂšcle par le financier Albert Mussey Johnson, convaincu par un aventurier, Walter Scott, qu'il y avait de l'or dans la rĂ©gion. Celui-ci lui extorqua des sommes importantes. Mais Johnson ne regretta pas d'avoir construit sa villa dans la vallĂ©e de la Mort et la baptisa mĂȘme en l'honneur de Scott. Ce lieu de villĂ©giature isolĂ© coĂ»ta entre 1,5 et 2,5 millions de dollars de l'Ă©poque. Vingt piĂšces furent amĂ©nagĂ©es et meublĂ©es sur 3 658 m2, mais la crise de 1929 interrompit les travaux. Aujourd'hui, la maison se visite mais la route y conduisant Ă  partir de la vallĂ©e est fermĂ©e pour travaux depuis 2015, Ă  la suite d'inondations. La rĂ©ouverture de cette voie d'accĂšs n'est pas prĂ©vue avant fin 2022[41].

Shoreline Butte

Shoreline Butte.

Le site de Shoreline Butte (« la butte de la ligne de cÎte », dans sa traduction libre) était une petite ßle du lac qui avait rempli la vallée de la Mort à une époque lointaine (plusieurs fois durant les derniÚres glaciations et sans doute plusieurs fois auparavant). On peut remarquer les traces linéaires horizontales que les géologues identifient comme les restes du bord du lac Manly sur le flanc de l'ßle.

Titus Canyon

Le site de Titus Canyon est constituĂ© d'un canyon dĂ©coupĂ© dans un dĂ©pĂŽt sĂ©dimentaire prĂ©cambrien composĂ© essentiellement de roches carbonĂ©es (principalement de calcaire). Ces sĂ©diments ont Ă©tĂ© relevĂ©s, dĂ©formĂ©s (pour former des charniĂšres anticlinales et des charniĂšres synclinales) puis Ă  nouveau repliĂ©s sur eux-mĂȘmes.

On a retrouvĂ© des pĂ©troglyphes dessinĂ©s sur la surface de certaines roches par les Indiens – en particulier auprĂšs des sources et de quelques autres lieux remarquables. Dans un des virages du canyon on trouve diffĂ©rents types de fleurs dont la sacred datura.

Leadfield est une ville fantĂŽme proche du Titus Canyon oĂč les prospecteurs des annĂ©es 1920 avaient creusĂ© aprĂšs s'ĂȘtre laissĂ©s dire que le minerai y serait facile Ă  extraire et que les conditions de vie y seraient agrĂ©ables (deux affirmations qui se sont rĂ©vĂ©lĂ©es pour le moins exagĂ©rĂ©es).

CratĂšre Ubehebe

Le bord du cratĂšre Ubehebe fait apparaĂźtre une sĂ©rie de couches gĂ©ologiques plus grises alors que le fond du cratĂšre laisse voir des sĂ©diments plus clairs. Les couches grises proviennent d'autres Ă©ruptions phrĂ©atiques plus rĂ©centes dans la rĂ©gion et les roches plus claires proviennent de sĂ©diments ocĂ©aniques (on en trouve de deux couleurs – jaune et orange – selon leur origine exacte).

Le cratĂšre Ubehebe est un cratĂšre volcanique de 237 mĂštres de profondeur et de 800 mĂštres de diamĂštre. D'aprĂšs les artefacts indiens qui s'y trouvent, il serait vieux de 6 000 ou de 7 000 ans. « Ubehebe » est un mot indien qui veut dire « le panier dans la roche ».

Le cratÚre s'est formé lorsque du magma remontant vers la surface a brutalement vaporisé une masse d'eau (nappe phréatique) contenue dans le sol. L'énorme explosion de vapeur qui en a résulté est appelée par les géologues une éruption phréatique et n'a été qu'une des explosions de ce type dans l'environnement immédiat de ce cratÚre.

Les vents au sommet du cratĂšre soufflent souvent trĂšs fort et peuvent facilement atteindre les 90 km/h.

Ventifact Ridge

Ventifact Ă  Ventifact Ridge.

Ventifact Ridge est une crĂȘte (ridge, en anglais) qui surgit de la vallĂ©e de la Mort. Il s'agit d'un Ă©coulement de lave basaltique et les roches de sa surface sont rĂ©putĂ©es pour leur forme qui provient de l'Ă©rosion par le vent (d'oĂč le nom de « ventifact », littĂ©ralement « fait par le vent »).

Les vents sur cette crĂȘte se concentrent au sommet de la colline et en acquiĂšrent une vitesse Ă©levĂ©e. Ils soulĂšvent de la poussiĂšre et du sable et usent la surface ainsi abrasĂ©e.

Zabriskie Point

Le film Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni[42] offre un point de vue sur les formations géologiques multicolores de la vallée et leurs formes d'érosion. L'endroit a été exploité autrefois pour le borax. Souvent assimilé à des badlands à cause de son absence de végétation, le site est formé de sédiments (graviers, cendres) qui se sont déposés dans le Furnace Creek Lake, asséché il y a 5 millions d'années. L'endroit a été baptisé en mémoire de Christian Brevoort Zabriskie, vice-président de la Pacific Coast Borax Company.

Culture

Panorama à 360° la nuit dans le parc. L'arc visible au centre est la voie lactée.
  • La ville fictive de Death City (« Ville de la Mort »), oĂč vivent la majoritĂ© des personnages principaux du manga Soul Eater, est situĂ©e dans le dĂ©sert du Nevada au chapitre 23 du manga, y Ă©tant reprĂ©sentĂ©e au milieu d'une vallĂ©e dĂ©sertique[44]. ConsidĂ©rant les multiples allusions Ă  la mort contenues dans l'Ɠuvre, il n'est pas Ă  exclure que Death City se situe dans les environs de la VallĂ©e de la Mort.

Notes et références

  1. (en) « Statistiques des parcs », National Park Service, (consulté le )
  2. Bernard Henry, Christian Heeb, USA : les États de l'Ouest, Ă©ditions Artis-Historia, 1996, Bruxelles (ISBN 2873911166), p. 96.
  3. (en) Encyclopédie Britannica.
  4. Maximilien Bruggmann, Harold Haefner, La Californie, éditions Artis-Historia, 1988, Bruxelles (dépÎt légal:D/1988/0832/7), p. 106-109-110-112.
  5. «  L'Organisation mĂ©tĂ©orologique mondiale invalide le record libyen de chaleur absolu  », Organisation mĂ©tĂ©orologique mondiale, (consultĂ© le ).
  6. Lentilles d'instruments d'astronomie.
  7. Guide bleu Hachette États-Unis, Ouest amĂ©ricain.
  8. « National Park Service List of acreage »,
  9. Patricia Raffin et Christine Grall (trad. Nicole Brissaud), États-Unis, Paris, Nathan, (ISBN 978-2-09-284888-3, OCLC 493273221), p. 41.
  10. (en) « Lowest Places on Earth », NPS (consulté le )
  11. (en) « Death Valley's Incredible Weather », USGS (consulté le )
  12. (en) « Weather and Climate Death Valley National Park », National Park Service (consulté le )
  13. Pierre Pech, Hervé Regnauld, Géographie physique, Paris, PUF, 1re édition, 1992, (ISBN 213044735X), p.324
  14. (en) « Animals », National Park Service (consulté le )
  15. (en) ProblĂšmes de manque d'eau dans le parc
  16. Pierre Gouyou Beauchamps, « Au cƓur des parcs amĂ©ricains », dans Terre sauvage (ISSN 0981-4140), no 223, (dĂ©cembre 2006-janvier 2007), p.30
  17. Peter B. Moyle, Ronald M. Yoshiyama, Jack E. Williams, et Eric D. Wikramanayake, « Fish species of special concern in California », sur https://dfgsecure.dfg.ca.gov, Department of Fish and Game, (consulté le ), p. 220
  18. Pierre Pech, Hervé Regnauld, Géographie physique, Paris, PUF, 1re édition, 1992, (ISBN 213044735X), p.328
  19. (en) Robert P. Palazzo, Death Valley, Arcadia Publishing, , 127 p. (ISBN 978-0-7385-5824-0, lire en ligne).
  20. Patrizia Raffin, op. cit., p. 29.
  21. California's Wilderness Areas. The deserts, Westcliffe Publishers, , p. 80.
  22. Jacques Galvier, Éric Asselborn, Pierre-Jacques Chiappero et HervĂ© Chaumeton (dir.), Les minĂ©raux, Paris, France Loisirs, coll. « Guide vert » (no 13), , 383 p. (ISBN 978-2-7242-3533-3, OCLC 491624514), p. 129.
  23. (en) « Biosphere Reserve Information - MOJAVE AND COLORADO DESERTS », sur Unesco.
  24. « John D. Dingell, Jr. Conservation, Management, and Recreation Act (S.47) », Congress.gov (consulté le ).
  25. Patrizia Raffin, op. cit., p. 30.
  26. Un Mouscronnois a réussi à traverser la Vallée de la Mort en autonomie, L'avenir, 16 novembre 2015.
  27. Nouvel exploit pour Louis-Philippe Loncke, L'avenir, 28 novembre 2015.
  28. Informations sur america-dreamz.com
  29. (en) Informations sur le site officiel du service national des parcs (NPS)
  30. « Devil’s Golf Course », site de l'USGS, page consultĂ©e le 12/03/2007
  31. « Death Valley in Movies and Television », sur nps.gov (consultĂ© le ) : « Although most of the original Star Wars movie was filmed overseas, some scenes were shot here. »
  32. « Le mystÚre des pierres qui se déplacent "toutes seules" dans la Vallée de la mort enfin éclairci », sur Atlantico, (consulté le ).
  33. (en) Carte officielle du parc
  34. Thomas Jeier, Gerhard Eisenschink, USA. Le Sud-Ouest, Vilo, 1993, (ISBN 2719103004), p.29.
  35. Eureka Dunes, Panamint Dunes, Saline Valley Dunes et Ibex Dunes
  36. « Sand Dunes », site officiel du parc, page consultée le 10/03/2007.
  37. (en) Informations sur Sand Dunes.
  38. Note : creek en AmĂ©rique du Nord et dans quelques autres pays signifie non pas « crique » (qui n’aurait aucun sens ici) mais petit cours d’eau, ruisseau.
  39. Terre Sauvage
  40. « Le chùteau de Scotty », appelé aussi the Death Valley Ranch (« le ranch de la vallée de la Mort »).
  41. (en) Informations sur les conditions météo et événements sur le site officiel du parc, page consultée le 30/11/2021.
  42. Sylvio Acatos, Maximilien Bruggmann, Parcs nationaux des États-Unis, Ă©ditions Artis-Historia, 1977, p. 28, Bruxelles, dĂ©pĂŽt lĂ©gal : D1977-0835-1.
  43. (en) Informations sur le film sur la base de données du cinéma (IMDB)
  44. Atsushi ƌkubo, Soul Eater tome 7, Éditions Kurokawa, 2010, chapitre 23.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Robert Sharp et Allen F. Glazner, Geology underfoot in Death Valley and Owens Valley, Missoula, Mont, Mountain Press Pub, , 319 p. (ISBN 978-0-87842-362-0, OCLC 37588495, lire en ligne)
  • (en) David Muench, « Death Valley National Park » dans National Parks, mai-juin 2000, no 74, 5-6
  • (en) Robert P. Palazzo, Death Valley, Arcadia Publishing, , 127 p. (ISBN 978-0-7385-5824-0, lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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