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Orchestre de l'Opéra national de Paris

L'orchestre de l'OpĂ©ra national de Paris est un orchestre symphonique français crĂ©Ă© en 1672. L'orchestre de l'OpĂ©ra national de Paris fait partie avec l'orchestre de l'OpĂ©ra national de Lyon des deux orchestres en France Ă  ĂȘtre rattachĂ©s Ă  un thĂ©Ăątre lyrique[1].

« C'est un orchestre français de tout premier ordre, avec toutes les qualitĂ©s de l'orchestre français : la prĂ©cision solfĂ©gique et le son français que j'adore (liĂ© Ă  la musique et Ă  l'impressionnisme français : les couleurs, la transparence, la clartĂ©, les finesses, la rondeur). Les orchestres français sont aussi reconnus pour l'harmonie (de l'accord ainsi que de la section des cuivres), mais notre orchestre a aussi des cordes d'une personnalitĂ© remarquable. C'est un orchestre lyrique avec toute la flexibilitĂ© requise pour accompagner le chant et le ballet (parfois jusqu'Ă  l'extrĂȘme), mais aussi ses qualitĂ©s symphoniques. C'est cette combinaison qui en fait l'un des tout meilleurs orchestres au monde.  »

Orchestre de l'Opéra
national de Paris
Image illustrative de l’article Orchestre de l'OpĂ©ra national de Paris
L'Orchestre de l'Opéra (1868-69), Edgar Degas, Musée d'Orsay, Paris.
Au premier plan : le bassoniste Désiré Dihau.

Pays de résidence Drapeau de la France France
Ville de résidence Paris
Lieux d'activité Palais Garnier, Opéra Bastille
Années d'activité 1672 à nos jours
Type de formation Orchestre symphonique
Genre Opéra, musique de ballet
Direction Depuis 2021 : Gustavo Dudamel
Fondateur Jean-Baptiste Lully
Structure de rattachement Opéra national de Paris
Effectif théorique 174 musiciens
Site web « orchestre de l'Opéra de Paris », sur operadeparis.fr

— Philippe Jordan, Interview[2], 2021

L'orchestre de l'Opéra de Paris fait partie des plus vieilles institutions musicales européennes avec la Staatskapelle de Dresde encore en activité.

Historique

En , l'opĂ©ra de Paris et son orchestre, dĂ©nommĂ© alors l'AcadĂ©mie royale de musique[alpha 1], sont fondĂ©s par Jean-Baptiste Lully[alpha 2] pour un opĂ©ra chantĂ© en français tournĂ© vers la tragĂ©die lyrique en rupture avec l'opĂ©ra italien. L'orchestre est alors constituĂ© de quatorze musiciens. Dans les annĂ©es 1670, l'orchestre sous sa direction joue une premiĂšre d'Ɠuvre et Ă©galement une Ă  deux reprises par saison. Au XVIIIe siĂšcle, l'orchestre jouait deux Ă  huit premiĂšres et une douzaine de productions diffĂ©rentes par saison. Dans le cas des reprises, les compositions Ă©taient souvent modifiĂ©es car les Ɠuvres n'Ă©taient pas protĂ©gĂ©es Ă  cette Ă©poque. En 1752 a lieu la premiĂšre reprĂ©sentation d'une compagnie Ă©trangĂšre qui donnera lieu Ă  la controverse dĂ©nommĂ©e la Querelle des Bouffons. En 1774, pour la premiĂšre fois, une Ɠuvre Ă©trangĂšre est prĂ©sentĂ©e dans une traduction française : OrphĂ©e et Eurydice de Gluck.

Autour de 1770, l'effectif de l'orchestre de l'Opéra de Paris est de l'ordre de 70 musiciens dont 28 violons, 6 altos appelés "parties", 4 meilleurs violoncelles au cÎté du clavecin, 8 violoncelles en fosse, 4 contrebasses en fosse et une petite harmonie composée de 6 flûtes et hautbois, 8 bassons et 2 clarinettes. L'orchestre recevra un nouveau rÚglement pour pérenniser son financement et est rattaché à Denis Pierre Jean Papillon de La Ferté, l'intendant des Menus-Plaisirs du roi Louis XVI[3].

En 1774, Christoph Willibald Gluck est invitĂ© par la reine Marie Antoinette Ă  diriger l’OpĂ©ra de Paris et il modernise les pratiques de l'institution : il impose une rĂ©forme et Ă©dicte un rĂšglement interdisant, entre autres, aux musiciens de ne pas quitter leur pupitre pendant la reprĂ©sentation pour aller au restaurant.

Pendant la Commune de Paris en 1870, les artistes et employĂ©s de l’OpĂ©ra sont exemptĂ©s du service de la Garde Nationale, nĂ©anmoins de nombreux musiciens quittent Paris et il apparaĂźt difficile de garantir les reprĂ©sentations[4].

Au XIXe siĂšcle, une grande partie de l'Ɠuvre des compositeurs Ă©trangers est jouĂ©e en langue francaise. L'État dĂ©termine le nombre de versions et exerce la censure. Il y avait de une Ă  sept premiĂšres et 30 productions par saison.

Fosse d'orchestre de l'Opéra Garnier.

En 1870, la compagnie s'installe dans le nouveau bùtiment de l'Opéra, l'actuel Palais Garnier. Une bibliothÚque y est installée.

A la fin du XIXe siĂšcle, la musique moderne renouvelle la musique classique et le langage musical qui profite du dĂ©veloppement de la virtuositĂ© de chaque pupitre de l’orchestre français prĂ©figurĂ©e par le PrĂ©lude Ă  l'AprĂšs-midi d'un faune. Les chorĂ©graphies des Ballets Russes crĂ©Ă©s en 1907 par Serge de Diaghilev inspirent de grands compositeurs dans un monde bousculĂ© par la rĂ©volution russe qui seront crĂ©Ă©es par l’OpĂ©ra de Paris : Debussy, Ravel, Stravinsky crĂ©ent des Ɠuvres de rĂ©fĂ©rence pour orchestres symphoniques, de ballet et lyriques comme L'Oiseau de feu (1910), Daphnis et ChloĂ© (1912), L'AprĂšs-midi d'un faune (1912), Le Sacre du Printemps (1913), BolĂ©ro (1928)...

Pendant la premiĂšre guerre mondiale, deux tiers des musiciens de l’orchestre partent sous les drapeaux[5] et les thĂ©Ăątres subventionnĂ©s sont fermĂ©s Ă  partir du . Les activitĂ©s de l'OpĂ©ra Garnier, en dĂ©pit de l'hostilitĂ© de la majoritĂ© des Parlementaires, des hommes de presse et des abonnĂ©s, reprendront fin 1915 avec un programme rĂ©duit Ă  un rĂ©pertoire patriotique sous la direction de Jacques RouchĂ©; les prĂ©cĂ©dents co-directeurs Leimistin Broussan et AndrĂ© Messager ont dĂ©missionnĂ© pour faillite le 10 juillet 1914[6]. Il sera fait recours Ă  des musiciens auxiliaires pour garantir la qualitĂ© de la premiĂšre scĂšne lyrique française pour complĂ©ter les pupitres particuliĂšrement sinistrĂ©s, tels ceux des cordes frottĂ©es ou des bois. Entre 1915 et 1919, Jacques RouchĂ© recrute Ă©galement de nombreux artistes du chant. Cette activitĂ© artistique rĂ©duite permet de faire travailler un millier de personnes en temps de guerre.

Pendant la seconde guerre mondiale, le 23 juin 1940, le lendemain de l’Armistice, Adolf Hitler visite l’OpĂ©ra de Paris. Les autoritĂ©s utilisent la musique classique Ă  des fins de propagande et certains musiciens entrent en rĂ©sistance en jouant des Ɠuvres censurĂ©es ou interdites : Ɠuvres composĂ©es par les musiciens juifs , Ɠuvres crĂ©Ă©es par des artistes en exil ou encore celles jugĂ©es ‘'dĂ©cadentes'’, comme le jazz ou la musique de Stravinsky[7]. En aoĂ»t 1942, le controversĂ© Serge Lifar chorĂ©graphie un ballet de Francis Poulenc, Les Animaux modĂšles, pour lequel Poulenc a glissĂ© par insoumission dans la partition quelques clins d’oeils patriotiques et notamment la mĂ©lodie d’un cĂ©lĂšbre chant français, L’Alsace et la Lorraine. Certains musiciens en rĂ©sistance jouent des fragments d’air patriotiques dans l’exĂ©cution d’Ɠuvres autorisĂ©es devant un public souvent rempli d’officiers allemands dans le palais Garnier et « dĂ©fendent par ailleurs le patrimoine musical français, se rĂ©approprient les Ɠuvres germaniques instrumentalisĂ©es par le Reich et dĂ©noncent la propagande culturelle nazie ou vichyste par le biais d’une revue clandestine[7]. »

Au XXe siÚcle, à partir des années 1950, une plus grande attention est accordée à la musique étrangÚre, de plus en plus souvent en langue maternelle, et les compagnies et musiciens étrangers sont plus souvent invités.

En 1970, Ă  la fermeture du thĂ©Ăątre de l’OpĂ©ra Comique, ses musiciens rejoignent l'orchestre de l'OpĂ©ra de Paris.

Le répertoire de la musique baroque a été redécouvert, mais adapté à l'orchestre moderne. En 1987, l'orchestre interprÚte pour la premiÚre fois le Giulio Cesare in Egitto de HÀndel sur des instruments authentiques, sous la direction de Jean-Claude Malgoire. En 1997, l'orchestre jouait une à deux premiÚres et 30 productions par saison, sous les auspices de l'Opéra de Paris.

De nombreux musiciens d'orchestre ont enseigné au Conservatoire de Paris qui a été localisé rue BergÚre à Paris de 1795 à 1911, puis rue de Madrid avant son déménagement avenue Jean-JaurÚs (Paris) en 1990, comme Pierre Thibaud (trompette), Pierre Pierlot (hautbois), Maurice Allard (basson), Guy Deplus (clarinette) et Pierre Doukan (violon) au XXe siÚcle.

L'orchestre se produit également à l'Opéra Bastille depuis son ouverture en 1989, le deuxiÚme site de l'Opéra de Paris.

La rencontre de l'orchestre avec certains chefs invités n'est pas toujours heureuse, par exemple avec la cheffe Emmanuelle Haïm, spécialiste du répertoire baroque et invitée par le directeur de l'opéra Nicolas Joel de l'époque ; l'orchestre conclut une réponse à un communiqué de presse par[8] :

« Avec Mme Haïm, la déception fut grande, devant un manque de précision tant des idées musicales que de la gestique. »

Alors qu'avec le jeune chef Fabien Gabel pour une série de représentations de Carmen de Bizet, la symbiose fonctionne:

« L'orchestre est une micro-sociĂ©tĂ©. (...) Il y a des musiciens nerveux, qui ont besoin d'aide, d'autres Ă  qui on peut parler ouvertement", souligne-t-il. Dans sa carriĂšre, il dit avoir vu "des chefs trĂšs durs envers les musiciens, avec des comportements qui n'avaient pas lieu d'ĂȘtre, mais cela a changĂ©". AprĂšs, nuance-t-il, "cela n'empĂȘche pas la rigueur et l'autoritĂ© car il faut bien que quelqu'un rĂ©gule les choses[9]. »

Au cours des saisons 2009-2013, le jeune chef d'orchestre et directeur musical de l'opĂ©ra Philippe Jordan a donnĂ© les quatre parties du Der Ring des Nibelungen de Richard Wagner pour lesquelles l'effectif de l'orchestre a Ă©tĂ© Ă©largi ; Ă  l'occasion du 200e anniversaire de Wagner, les quatre parties du Festival du Ring ont Ă©tĂ© redonnĂ©es sur huit jours du 18 au 26 juin 2013. À cette occasion, Linda Watson (en), qui interprĂ©tait le rĂŽle de BrĂŒnnhilde, a Ă©tĂ© nommĂ©e au tableau français de la LĂ©gion d'honneur le 23 juin 2013.

En 2011, l'orchestre comptait 174 musiciens ; en 2017 un effectif de 168 musiciens[10].

À partir du , les employĂ©s et artistes de l'opĂ©ra de Paris entrent en grĂšve pour une durĂ©e de sept semaines afin de conserver leur rĂ©gime spĂ©cial de retraite[11] qui est l'un des plus anciens en France, crĂ©Ă© en 1698 par Louis XIV et qui est menacĂ© par la rĂ©forme de retraite. Une seule autre institution culturelle possĂšde son propre rĂ©gime spĂ©cial : la ComĂ©die-Française. Ce rĂ©gime permet Ă  un certain nombre de salariĂ©s de partir Ă  la retraite avant 62 ans, comme le dĂ©taille le site de leur caisse de retraite : 60 ans pour les "artistes de l'orchestre", 57 ans pour les "artistes des chƓurs", ainsi que pour certains techniciens "aux emplois comprenant des fatigues exceptionnelles", et 40 ans pour les "artistes du ballet"[12].

Comme tous les secteurs du spectacle vivant, l'OpĂ©ra de Paris a souffert de la pandĂ©mie de Covid-19. TrĂšs peu de spectacles ont pu ĂȘtre donnĂ©es durant les annĂ©es 2020 et 2021, et souvent avec des jauges de spectateurs, qui se sont accompagnĂ©es de pertes financiĂšres importantes pour l'institution.

Directeurs musicaux

Jusqu’à la fin du XIXe siĂšcle, la notion de chef d'orchestre au sens moderne n'existe pas vraiment et la charge de la responsabilitĂ© musicale incombait davantage au violon solo; le chef d'orchestre se contentait de battre la mesure avec un bĂąton dos Ă  l'orchestre[13]. Le nom du chef ne sera mentionnĂ© sur les programmes de l’OpĂ©ra qu’au dĂ©but du XXe siĂšcle. On notera que Rodolphe Kreutzer est nommĂ© premier chef en 1817 et que Raoul Madier de Montjau obtient le poste de directeur de l'orchestre crĂ©Ă© en .

À partir du XXe siĂšcle, la mission du directeur musical de l'orchestre de l'OpĂ©ra de Paris existe et permet de travailler en profondeur l'identitĂ© artistique de l'institution en s'appuyant sur la spĂ©cificitĂ© de ses musiciens (ayant essentiellement un cursus de formation dans les Conservatoires français comme le CNSMDP ...). Il est Ă©galement en charge des recrutements[14]. On peut considĂ©rer que certains chefs d'orchestre comme Philippe Gaubert (premier chef Ă  l'OpĂ©ra en 1920; Chef de la Musique en dĂ©cembre 1931; Directeur de la Musique le 1er juin 1939) font office de directeur musical au dĂ©but du XXe siĂšcle.

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  • 1774-1779 : Christoph Willibald Gluck, directeur de l'opĂ©ra, imposant un rĂšglement au musiciens et chef d'orchestre

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Rodolphe Kreutzer, dessiné par Riedel (1809).
Philippe Gaubert (vers 1920).
Philippe Jordan (2015).
Gustavo Dudamel (2011).

Chefs d'orchestre

L'institution travaille avec de nombreux chefs aussi bien français qu'étrangers : directeurs artistiques, chefs permanents et leurs assistants, chefs invités. Elle invite également de jeunes chefs à la diriger et leur permet d'acquérir une expérience professionnelle de renom.

Le site MémOpéra propose une liste des derniers chefs d'orchestre ayant dirigé l'orchestre depuis la saison 1972-1973 pour la programmation lyrique et chorégraphique de l'Opéra national de Paris, au Palais Garnier, dans la grande salle de l'Opéra Bastille, à la Salle Favart, hors les murs ou en tournée[16] :

RĂ©pertoire

L'orchestre de l'OpĂ©ra de Paris propose les rĂ©pertoires lyriques, de ballet et Ă©galement symphoniques. Tous les ans, il participe Ă  la crĂ©ation d'Ɠuvres de compositeurs contemporains.

Il propose également des cycles consacrés à un compositeur selon les choix du directeur musical en place. On notera le cycle des symphonies de Beethoven en 2014[17], le cycle de toutes les symphonies de Tchaikovsky entiÚrement filmé et dirigé par Philippe Jordan d'octobre 2017 à mai 2018 [18].

Opéra

Jusque dans les années 1950, les opéras étrangers sont traduits et chantés en langue française. L'orchestre et ses solistes accompagnent et imitent les chanteurs scandant et articulant selon les canons de l'école française.

« Dans la masse orchestrale, on retrouve ce son Ă  la française, caractĂ©risĂ© par une clartĂ© acidulĂ©e, par la finesse, ou Ă  l’inverse par un Ă©clat qui peut ĂȘtre clinquant et tonitruant, comme une sorte de mise en musique de la « furia franscese Â»[19]. »

Ballet

L'orchestre de l'Opéra de Paris accompagne les spectacles de ballet de danse à chaque saison.

« Le rĂ©pertoire chorĂ©graphique est, Ă  ses dĂ©buts, intĂ©grĂ© dans le rĂ©pertoire lyrique : OpĂ©ra Ballet au XVIIIĂšme, et Ă©lĂ©ment indispensable du Grand OpĂ©ra romantique français du XIXĂšme. À partir de la fin du XVIIIĂšme, le spectacle de Ballet seul prend son essor. Se constitue ainsi un rĂ©pertoire musical dont les compositeurs ne sont pas des grands gĂ©nies dont on joue encore leurs Ɠuvres en concert, tels Auber, Adam, Minkus, Leo Delibes. Cet art visuel, et ces musiques un peu insipides, ne sont pas motivantes pour l’orchestre et la routine n’est pas loin. Mais ces partitions ont la particularitĂ© de comporter de nombreux thĂšmes et variations Ă  l’intention du chorĂ©graphe, pour varier les figures et les combinaisons de rĂŽle. Ces variations sont souvent confiĂ©es Ă  un instrument soliste et le mettent en valeur. Ces solos, furent trĂšs apprĂ©ciĂ©s par le public au XIX Ăšme, ainsi que l’évoque Berlioz dans ses mĂ©moires : "furieux ne ne pas entendre le violoniste Bailllot jouer le grand solo de violon dans le ballet Nina, de Persuis, des spectateurs brisĂšrent des fauteuils et endommagĂšrent mĂȘme une contrebasse." Ils ont stimulĂ© les solistes de l’orchestre, et les stimulent encore aujourd’hui[20]. »

Les chefs-d'Ɠuvre de la musique moderne, notamment ceux commandĂ©s par les Ballets russes puis les Ɠuvres de musique contemporaine ont renouvelĂ©s la musique de ballet au XXe siĂšcle.

Autres

Le clarinettiste basse et photographe Jean-Noël Crocq a recueilli dans un ouvrage une sélection de dessins et de caricatures réalisés par les musiciens du passé de la fosse de l'Opéra dans la marge des partitions de musique qui leur sont fournies au gré des programmations et présents dans les archives de l'institution[21] - [22]. Ces dessins sont apparus avec l'invention du crayon noir à mine de graphite gommable par Conté (1794) en France qui a permis aux musiciens d'anoter leur partition.

Records

Le clarinette solo Henri Paradis qui a tenu le poste de janvier 1890 à décembre 1932 a joué Faust de Gounod comme soliste de 300 à 400 fois.

Place des femmes Ă  l'orchestre

Engagée à l'orchestre pour remplacer les harpistes envoyés au front pendant la PremiÚre Guerre mondiale, Lily Laskine n'a jamais été titulaire du poste. Elle a de fait été « remplaçante-titulaire » pendant trente ans. Elle a cependant « en principe » passé en 1909 le concours lui permettant d'accéder au statut envié de « supplémentaire » dont les lauréats sont appelés, dans l'attente qu'un poste se libÚre, à remplacer les titulaires autorisés à s'absenter[23] - [24] - [25].

« le dernier orchestre masculin de France avait ouvert son pupitre de harpistes titulaires aux femmes en 1965. En 1974, les concours de recrutement sont ouverts aux femmes Ă  tous les pupitres. Sylvie Gazeau est la premiĂšre violoniste Ă  intĂ©grer l’orchestre et Catherine Cantin est nommĂ©e FlĂ»te Solo Ă  18 ans! Cela double Ă©videmment les possibilitĂ©s de trouver des artistes talentueux[26]. »

Musiciens

Fosse d'orchestre (vue de droite) de l'Opéra Garnier (2017).

Le présent

L'essentiel des musiciens de l'orchestre a reçu un cursus de formation dans les Conservatoires français comme le CNSMDP et est recruté sur concours ...

« [À propos des musiciens de l'orchestre de l'OpĂ©ra de Paris] Je peux tout leur demander sur le plan technique, ils le font. »

— Gustav Kuhn (en)[27].

Un grand nombre de poste est tenu par des solistes de premier plan ayant fait le choix de l'orchestre et de ne pas embrasser une carriĂšre de concertiste comme Pierre Devos, Hubert Varron (violoncelle, deuxiĂšme prix au concours international de Prague Ă  l'Ăąge de 17 ans derriĂšre Mstislav Rostropovitch)[28]...

L'orchestre de l'Opéra de Paris est précÚdé par sa réputation auprÚs des chefs : « Longtemps, l'orchestre français réputé le le plus difficile fut celui de l'Opéra de Paris. La liste des chefs dont nos musiciens ont eu la peau est longue[29]. »

Les instrumentistes de l'orchestre de l'OpĂ©ra de Paris sont rĂ©partis en deux formations, les bleus et les verts. Ces deux formations se partagent les productions de l’OpĂ©ra donnĂ©es au Palais Garnier et Ă  l’OpĂ©ra Bastille, sans que l’une ou l’autre soit attachĂ©e Ă  l’une des deux salles[30].

Les musiciens sont salariĂ©s en CDI par l’OpĂ©ra National de Paris qui est un Ă©tablissement public autonome Ă  caractĂšre industriel et commercial par le dĂ©cret n° 78-129 du 7 fĂ©vrier 1978[31].

Face à la concurrence internationale des grands orchestres, l'opéra Bastille offre désormais un plateau technique aux musiciens avec des salles de répétitions et d'enregistrement qui permet à l'orchestre de travailler avec des moyens adaptés depuis 1990. Jusqu'alors, les musiciens pratiquaient le remplacement sans répétition avec une grande compétence mais cette pratique était en décalage avec la qualité des enregistrements et des prestations des meilleures orchestres mondiaux.

Martine Bailly, violoncelle supersoliste, sur le toit de l'Opéra Bastille (2007).

Au cÎté des tuttistes et des solistes dans les différents pupitres de l'orchestre de l'Opéra de Paris répartis en quatre catégories (A, B, C, D), il existe également des postes de supersoliste avec un contrat spécial, hors catégorie.

Conditions de vie passées

A la crĂ©ation de l'AcadĂ©mie royale de musique par Lully en 1672, il s'agit « de recruter le meilleur orchestre d’OpĂ©ra d’Europe, digne de la splendeur du Roi Soleil, et pour cela attirer les meilleurs instrumentistes du Royaume et au delĂ . Ces musiciens Ă©taient sollicitĂ©s par toutes les demeures princiĂšres, Ă  commencer par la Cour du Roi. Leur imposer l’exclusivitĂ© eut Ă©tĂ© impensable, et l’AcadĂ©mie Royale prĂ©fĂ©ra leur proposer un salaire somme toute moyen, compensĂ© par un contrat garantissant leur emploi, en crĂ©ant une des premiĂšres pensions de retraite de l’Histoire, et en leur permettant non seulement de jouer ailleurs en dehors de leurs services Ă  l’OpĂ©ra, mais Ă©galement de prendre des congĂ©s sans solde[32]. »

Portrait du flûtiste Michel de La Barre, les deux frÚres Hotteterre avec Antoine Forqueray à la viole - Attribué à André Bouys.

Au XVIIe et XVIIIe siĂšcles[3], les musiciens de l’AcadĂ©mie Royale de musique apparaissent connaĂźtre une pĂ©riode fastueuse et sont recherchĂ©s par l’aristocratie. Ils crĂ©ent un rĂ©pertoire d’Ɠuvres de Lully, de Rameau ou de Gluck. Un certain nombre de musiciens Ă©taient Ă©galement facteurs d'instruments comme la famille Hotteterre dont certains membres jouaient Ă©galement dans la musique de la Grande Écurie et ont proposĂ© des innovations comme l'invention du hautbois baroque, l'amĂ©lioration de la justesse de la flĂ»te traversiĂšre...

Portrait du corniste Frédéric Nicolas Duvernoy (1765-1838).

Au XIXe siĂšcle, les conditions de vie des musiciens sont marquĂ©s par une dĂ©gradation du niveau de vie. Le budget allouĂ© Ă  l’orchestre diminue. Ils ne disposent pas de salle de rĂ©pĂ©tition. La pĂ©riode romantique a fait Ă©merger des virtuoses (Chopin, Lizst, Paganini...) et quelques solistes de l’OpĂ©ra ont Ă©galement eu une activitĂ© de concertiste en parallĂšle de l'OpĂ©ra comme Rodolphe Kreutzer (violon), FrĂ©dĂ©ric Duvernoy (cor naturel), Jean-Louis Tulou (surnommĂ© le Paganini de la flĂ»te)... Le Conservatoire de Paris, grand pourvoyeur de musiciens de l'institution, cultivera cette virtuositĂ© au dĂ©triment du travail collectif.

Au XXe siĂšcle, les conditions de vie des musiciens s’amĂ©liorent avec les progrĂšs sociaux comme le reste de la population française (congĂ©s payĂ©s, sĂ©curitĂ© sociale...).

Recrutement

Pour chaque instrument, un concours de recrutement est organisĂ© avec des Ă©preuves incluant des concertos, des solos et/ou des traits d’orchestre. Selon le cas, le concours peut se dĂ©rouler derriĂšre un paravent.

« Le jury est composĂ© d’une dizaine de personnes, directeur musical et solistes de l’orchestre. Le directeur musical bĂ©nĂ©ïŹcie d’une voix double en cas d’égalitĂ© des votes. Ce jury garantit l’excellence du recrutement et l’homogĂ©nĂ©itĂ© esthĂ©tique de chaque pupitre[30]. »

Critiques

La longue carriÚre de l'orchestre de l'Opéra de Paris est semée de critiques souvent élogieuses mais également féroces envers les "lions de la fosse", "tueurs de chefs":

« La premiĂšre fois que vous irez Ă  l’OpĂ©ra de Paris, lorsque que ce nombreux orchestre commencera Ă  jouer, appliquez vous Ă  cette harmonie, Ă©galement pleine, douce, Ă©clatante: vous conclurez en y songeant bien, qu’il y a toute apparence que rien en Europe ne vaut l’orchestre de l’OpĂ©ra de Paris. »

— Critique anonyme d' Armide de Jean-Baptiste Lully, [33]

« A propos de cet orchestre, il est curieux de constater qu’avec les Ă©lĂ©ments qui le composent ( presque tous ces messieurs sont d’illustres professeurs ) on obtienne des exĂ©cutions flottantes oĂč l’incertain s’unit au laisser aller le plus troublant. »

— Claude Debussy, Revue Gil Blas (dĂ©but du XXĂšme siĂšcle)

Discographie sélective

L'orchestre de l'Opéra national de Paris a enregistré plusieurs centaines d'enregistrements depuis la création de l'enregistrement sonore sur divers supports.

Bibliographie

Notes et références

Notes

  1. L'Opéra de Paris changera 27 fois de nom et 15 fois de théùtre au cours de son histoire.
  2. EscroquĂ© et emprisonnĂ© pour dettes, Pierre Perrin est contraint de cĂ©der en 1672 Ă  Lully son privilĂšge acquis par lettre patente du roi Louis XIV en 1669 d'organiser la « reprĂ©sentation des opĂ©ras en musique et en vers français Â» Ă  Paris et dans tout le royaume pour une durĂ©e d'exclusivitĂ© de douze ans.
  3. chef d'orchestre adjoint puis principal, aprÚs avoir été premier violon solo.

Références

  1. Merlin 2012, p. 85.
  2. Charles Arden, « Philippe Jordan : l'interview des adieux à l'Opéra de Paris », sur olyrix.com, (consulté le ).
  3. Youri Carbonnier, « Le personnel musical de l'OpĂ©ra de Paris sous le rĂšgne de Louis XVI », Histoire, Ă©conomie & sociĂ©tĂ©, nos 22-2,‎ , p. 177-206 (lire en ligne).
  4. DĂ©borah Cohen, « Une institution musicale entre repli et implication politique : le quotidien de l'OpĂ©ra de Paris pendant la guerre de 1870 et sous la Commune », Le Mouvement Social, no 208,‎ , p. 7-28 (lire en ligne).
  5. Terrier 2003, p. 218.
  6. Claire Paolacci, « L’OpĂ©ra de Paris pendant la Grande Guerre », Actes du colloque Les institutions musicales Ă  Paris et Ă  Manchester pendant la PremiĂšre Guerre mondiale. 5-6 mars 2018, Conservatoire de Paris (CNSMDP), OpĂ©ra-Comique, Royal Northern College of Music (RNCM), Les Ă‰ditions du Conservatoire,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  7. Nathalie Moller, « RĂ©sistance et contrebande musicale : les musiciens pendant l’Occupation », sur radiofrance.fr, .
  8. Merlin 2012, p. 559.
  9. « Fabien Gabel, des débuts émouvants à la direction d'orchestre de l'Opéra Bastille pour ce fils et petit-fils de musiciens », sur francetvinfo.fr, .
  10. « Opéra national de Paris - l'Orchestre » (consulté le ).
  11. « Conditions de départ en retraite », sur cropera.fr, (consulté le ).
  12. « Réforme des retraites : pourquoi les danseurs et musiciens de l'Opéra de Paris sont-ils en grÚve ? », (consulté le ).
  13. [vidéo] Modo Antiquo, Giovanni Battista Lulli, Marche pour la Cérémonie des Turcs sur YouTube, (consulté le ).
  14. Merlin 2012, p. 497-504.
  15. Louis-Julien Nicolaou, « Le chef d’orchestre Gustavo Dudamel, bonne pioche pour l’OpĂ©ra de Paris », sur telerama.fr, (consultĂ© le ).
  16. « Les chefs d'orchestre », sur memopera.fr, (consulté le ).
  17. Christian Merlin, « L'Orchestre de l'OpĂ©ra de Paris dans la plus stricte intimitĂ© », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  18. (en) Tchaikovsky, Tchaikovsky complete symphonies. Orchestra, Chorus: Paris Opera Orchestra. Conductor: Philippe Jordan., Arthaus Musik, , DVD, Blue-ray (lire en ligne).
  19. Crocq 2022, p. 8.
  20. Crocq 2022, p. 9.
  21. Jean-Noël Crocq, Fosse notes. Une autre histoire de l'Opéra, PremiÚres Loges, , 250 p. (ISBN 978-2843853708).
  22. Charlotte Saulneron, « Jean-NoĂ«l Crocq, Ă  la recherche des souvenirs de l’Orchestre de l’OpĂ©ra de Paris », sur resmusica.com, (consultĂ© le ).
  23. AgnĂšs Terrier, L'orchestre de l'OpĂ©ra de Paris : de 1669 Ă  nos jours, Paris, Éditions de La MartiniĂšre, , 327 p. (ISBN 2-7324-3059-5, BNF 39106942), p.221 « Les femmes Ă  l'orchestre » et 233 « Les remplaçants ».
  24. Jean-Philippe Saint-Geours,Christophe Tardieu et Michel Sarazin, L'Opéra de Paris : coulisses et secrets du Palais Garnier, Paris, Plon, , 439 p. (ISBN 978-2-259-23019-3, BNF 44467660), p.332-333 « Orchestre ».
  25. Aliette de Laleu, « Femmes et musique classique : les 5 questions qui fùchent », sur France Musique, .
  26. Crocq 2022, p. 32.
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  28. Merlin 2012, p. 29.
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  32. Crocq 2022, p. 17.
  33. Crocq 2022, p. 2.

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