Opéra-ballet
L’opéra-ballet (ou ballet à entrées) est un genre lyrique pratiqué en France au XVIIIe siècle, issu du ballet de cour.
Présentation
Plus encore que la tragédie lyrique dont beaucoup de ses principes proviennent, l’opéra-ballet est une pièce de pur divertissement. Il peut se composer d’un prologue, facultatif, et de plusieurs actes (ou entrées) dont les intrigues, généralement simplifiées à l’extrême et basées sur les sentiments amoureux, sont indépendantes les unes des autres mais reliées par un thème commun que résume un titre. Une place prépondérante est laissée aux intermèdes dansés dont le prétexte est fourni par l'action.
Dans l’opéra-ballet, non seulement la danse conquiert un statut égal à celui du chant, ce qui permettra aux danseurs d’éblouir le siècle des Lumières, mais elle favorise, dans une institution qui l’avait exclue, l’apparition de la comédie. Comédie, c’est-à -dire sujets familiers, lieux et circonstances véridiques – tel le carnaval de Venise, célèbre dans toute l’Europe pour la licence qui y règne –, et enfin personnages réalistes et typés, susceptibles de danser, contrairement aux dieux et aux héros pour lesquels l’expression chorégraphique est inappropriée - ce qui n'empêche nullement certaines divinités secondaires (nymphes, naïades, Grâces, Muses ...) d'y sacrifier.
C’est Jean-Georges Noverre qui, un demi-siècle plus tard, parviendra à concilier l’art chorégraphique avec le registre tragique (ballet d'action).
Héritier du ballet de cour, l'opéra-ballet se distingue de la tragédie lyrique en réduisant au maximum l'action chantée au profit de la danse.
Le premier exemple du genre est dû à Pascal Colasse avec Les Saisons en , sur un livret de l'abbé Jean Pic ; mais c'est André Campra qui impose le genre avec L'Europe galante en [1] puis il triomphe le avec Les Fêtes vénitiennes[2] (joué en 2015 à l'Opéra-Comique à Paris), qu’il s’est plu à parsemer d’emprunts, en forme de clins d’œil au public, à Lully, Marais, Destouches, Desmarest.
Le succès de la formule suscite de nombreux émules dont le plus fameux est Jean-Philippe Rameau avec Les Indes galantes qui content des aventures amoureuses dans plusieurs pays « exotiques » (Turquie, Perse, empire Inca, Amérique du Nord) sont à la fois un de ses chefs-d'œuvre et la composition la plus accomplie dans ce genre. Mais Rameau en compose plusieurs autres : Les Fêtes d'Hébé, Les Fêtes de Polymnie, Le Temple de la Gloire, Les Fêtes de l'Hymen et de l'Amour, Les Surprises de l'amour[3].
Louis de Cahusac, le plus fidèle des librettistes de Rameau, est l'un des principaux poètes des opéras-ballets du XVIIIe siècle, mettant en scène des personnages contemporains, plutôt que les héros de la mythologie chers à la tragédie en musique. Mélangeant comédie et fantaisie, diversité des décors et des costumes (qui changent à chaque « entrée »), l'opéra-ballet n'en est pas moins narratif et l'action dramatique peut, à l'occasion, revêtir la forme de véritables ballets pantomimes.
Liste chronologique des opéras-ballets représentés à l'Académie royale de musique
Dix-huit opéras-ballets conformes à la définition du XVIIIe siècle furent représentés à l'Académie royale de musique de Paris entre 1697 (L'Europe galante) et 1735 (Les Indes galantes). Le tableau ci-dessous en dresse la liste chronologique[4] :
Pour une liste exhaustive incluant tous les opéras français des XVIIe et XVIIIe siècles, se reporter à l'article connexe ci-dessus.
Notes et références
- James Raymond Anthony, La musique en France à l'époque baroque, Flammarion, collection Harmoniques, 2010 (traduction française), chapitre X, p. 186
- Le magazine de l'opéra baroque : Les fêtes vénitiennes
- Sylvie Bouissou, Pascal Denécheau et Denis Herlin, Jean-Philippe Rameau : catalogue thématique des œuvres musicales, CNRS éditions-BNF, 2012
- James Raymond Anthony, La musique en France à l'époque baroque, Flammarion, collection Harmoniques, 2010 (traduction française), chapitre X, p. 185-186
Voir aussi
Bibliographie
- James Raymond Anthony, La musique en France à l'époque baroque, Flammarion, collection Harmoniques, 2010 (traduction française), chapitre X, p. 181 à 198
- Marie-Christine Vila, Le Guide de l'Opéra, Larousse, 2012
- collectif (dir. Marcelle Benoît), Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIII siècles, Paris, Fayard, , 811 p. (ISBN 978-2213028248), p. 507-509