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Maladie débilitante chronique

La maladie dĂ©bilitante chronique (MDC) ou encĂ©phalopathie des cervidĂ©s (EC), appelĂ©e CWD ou chronic wasting disease en anglais, est une « encĂ©phalopathie spongiforme transmissible », Ă©mergente (voire rĂ©-Ă©mergente[1]), la seule connue au sein de la faune sauvage[2] qui s'est, en quelques dĂ©cennies, Ă©tendue Ă  trois continents, uniquement chez les cervidĂ©s. Fatale (sans remĂšde connu), elle est proche de la maladie de la vache folle (ou ESB) et de la maladie de Creutzfeldt-Jakob chez l'Homme, et plus encore de la tremblante du mouton[3], mais qui n'affecte que les cervidĂ©s (cerfs, wapitis et Ă©lans
)[3]. Le risque d'une transmission Ă  l'Homme ne peut ĂȘtre exclu (in vitro, sept expĂ©riences ont prouvĂ© que les prions « MDC » peuvent transformer le prion humain en une forme anormale, mal repliĂ©e)[4].

Cartographies des zones de zoonose déclarée en 2006
Cartographies des zones de zoonose déclarée en 2017, montrant une progression rapide de l'épidémie, malgré les abattages préventifs et curatifs de cervidés
Lésions caractéristiques (anatomopathologie)
(A) coupe histologique de lésions typiques de l'encéphalopathie des cervidés dans le noyau moteur dorsal du nerf vague, dans le bulbe (medulla oblongata) d'un cerf malade. Noter les modifications spongiformes, les vacuoles intraneuronales, et une gliose modérée (coloration à l'hématoxyline et éosine, grossissement 1.003 x).
(B) dépÎt amyloïde PrP coloré par immuno-histochimie (brun) et entourées de vacuoles (grossissement 1803 x).
(C) DĂ©pĂŽts PĂ©rineuronaux et extracellulaires de prions anormaux (PrPCWD, analogue Ă  la PrPSc) chez un cerf malade de la MDC (grossissement original de 1803x).
(D) DĂ©pĂŽts de prions dans les centres germinatifs des follicules lymphoĂŻdes dans les amygdales d'un cerf (immunohistochimie, grossissement 503x)
On sait que les fluides corporels (sang et salive en particulier) sont contaminants pour les cervidés. On ignore encore si certains prédateurs ou nécrophages (ici ratons laveurs mangeant le cadavre d'un cerf) peuvent ou non se contaminer ou véhiculer en tant que « porteurs sains » le prion pathogÚne[5]
Os de grand mammifÚre rongé par un écureuil roux, qui y trouve une source de calcium et minéraux.

La MDC se transmet d’un animal Ă  l’autre via les fĂšces, l'urine ou la salive, avec un prion trĂšs rĂ©sistant Ă  des facteurs environnementaux (froid, chaleur, sĂ©cheresse...) et physiologiques (biodĂ©gradation, digestion par les animaux infectĂ©s). Du fait de ces rĂ©sistances, un pĂąturage infectĂ© par un animal malade ou un cadavre pourrait rester infectieux durant de nombreuses annĂ©es. En AmĂ©rique du Nord, la maladie semble se propager par les mouvements naturels de cerfs sauvages (connus pour parcourir de grandes distances) mais aussi par le dĂ©placement de cervidĂ©s d’élevage ou de matĂ©riaux infectĂ©s.

  • En AmĂ©rique, en 2017 la maladie est prĂ©sente dans 24 Ă©tats amĂ©ricains et 2 provinces canadiennes.
  • En Europe de premiers cas ont Ă©tĂ© en 2016 identifiĂ©s en SuĂšde et NorvĂšge chez des rennes et caribous[6]. Ceci alarme les Ă©cologues et Ă©coĂ©pidĂ©miologistes car cette Ă©mergence en Europe offre Ă  la MDC le potentiel d’un immense nouveau territoire (l’Eurasie) et la possibilitĂ© de contaminer plusieurs nouvelles espĂšces d'ongulĂ©s (l’Eurasie offre dans le monde la plus grande diversitĂ© d'espĂšces de cervidĂ©s/ongulĂ©s, dont des espĂšces vulnĂ©rables comme les Barasingha en Inde). La maladie pourrait potentiellement fortement rĂ©duire les populations de cervidĂ©s et gĂ©nĂ©rer des impacts cynĂ©gĂ©tiques, socio-Ă©conomiques et Ă©cologiques majeurs. Bloquer sa propagation en Europe pourrait nĂ©cessiter un effort de bonne gestion durant des annĂ©es ou dĂ©cennies, et Ă  Ă©chelle internationale, car les cerfs sauvages ne connaissent pas les frontiĂšres des pays. Certains auteurs se demandent si la bataille pour Ă©pargner l’Europe n’est pas dĂ©jĂ  perdue[7]. En 2017 le 1er cas au monde ayant touchĂ© un cerf Ă©laphe survient dans l’ouest de la NorvĂšge[8].

Histoire

Cette maladie semble rĂ©cente et apparue en AmĂ©rique du Nord, aux États-Unis plus prĂ©cisĂ©ment, avant d'ĂȘtre introduite au Canada via des Ă©changes commerciaux ou par contacts directs, et par contagion entre des cervidĂ©s sauvages et d'Ă©levages. L'histoire de la MDC est encore mal cernĂ©e et incomplĂštement comprise.

Durant la décennie 1967-1979 des symptÎmes cliniques inhabituels et alors inexpliqués sont d'abord signalés (et étudiés) chez 53 cervidés (Odocoileus hemionus hemionus) captifs[9], dans le Colorado puis dans le Wyoming[9]. Les premiers cas repérés l'ont été dans 5 établissements de recherche (du Colorado et du Wyoming), chez deux espÚces de cervidés détenues par ces établissements[10] (situés prÚs des villes de Wheatland, Fort Collins, Kremmling et Meeker[10]).
Les symptÎmes étaient une altérations du comportement, avec perte de poids progressive et un état évoluant vers la mort en 2 semaines à 18 mois[9], les autopsies conduites révélant dans tous ces cas une encéphalopathie spongiforme (ES) proche de la scrapie du mouton. Les analyses de quelques-uns de ces premiers cas n'ont pas révélé d'infections bactériennes ni virales significatives[9], ni d'intoxication par le sélénium, plomb, cuivre, mercure ou molybdÚne[9].

En 1978, la maladie est formellement identifiée par le Dr. Beth Williams comme encéphalopathie spécifique.

En 1981 la maladie est observĂ©e dans la nature dans le Colorado chez 3 espĂšces diffĂ©rentes (dans les mĂȘmes rĂ©gions que celles oĂč les premiers cas ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s chez des animaux d'Ă©levage [10]). Elle l'est ensuite (en 1985) chez des cervidĂ©s du Wyoming. La MDC est classĂ©e parmi les maladies dites « Ă©mergentes »[1]. Elle semble alors diffĂ©rer Ă  la fois de la tremblante du mouton, et de l'encĂ©phalopathie spongiforme bovine (ESB), en ce qu'elle est initialement apparue chez des espĂšces non-domestiques et sauvages.
La MDC apparait cependant peu à peu plus proche de la tremblante du mouton[3] (dont par une distribution généralisée et précoce de protéines prion (PRPD) dans les tissus lymphoïdes (ce n'est pas le cas chez les bovins), et ensuite par la participation du systÚme nerveux central (SNC) et de tissus périphériques à la maladie (y compris des tissus excrétoires chez les cervidés[11]). « Cette distribution contribue probablement à l'apparente efficacité de la transmission horizontale. Et en cela, elle est similaire à la tremblante et diffÚre de l'ESB[12]. »

La maladie est aussi identifiée comme cause de mortalité de cervidés dans des fermes qui élÚvent des espÚces-gibier (« game farms »), et dans plusieurs zoos ou jardins zoologiques américains (Williams and Young 1992)[13].

Ce prion pathogĂšne s'est assez rapidement rĂ©pandu (au milieu des annĂ©es 1990) au nord (Canada) dans une population sauvage de cerfs de la Saskatchewan, alors que plus au sud la maladie s’étendait Ă  une dizaine d’États des États-Unis. La situation prĂ©occupe d'autant plus les Ă©pidĂ©miologues qu'il n’y a pas en AmĂ©rique du Nord, comme en Europe de barriĂšres naturelles montagneuses susceptibles de bloquer la diffusion vers le nord ou vers le sud de la MDC.

En 2001 la MDC est détectée au sein de troupeaux sauvages de cervidés du Dakota du Sud et dans un troupeau captif au Nebraska[14].
En 2004, un groupe d’experts canadiens estimait que cette maladie devait devenir une prioritĂ© pour les gestionnaires publics et privĂ©s des cervidĂ©s en libertĂ© en AmĂ©rique du Nord, qu’elle justifiait un gros effort de recherche et de suivi.

En 2008, une seule souche de prion de la MDC est scientifiquement décrite, mais au moins 3 études suggÚrent la possibilité qu'il existe d'autres variants du prion mis en cause[1], ce qui sera clairement confirmé en 2012 par Matthew R. Perrott & al.[15].

Dans la premiĂšre dĂ©cennie du XXIe siĂšcle la maladie s'Ă©tend rapidement au Minnesota, au Wisconsin, au Nouveau-Mexique, Ă  l'Utah, Ă  l'Illinois, au Kansas, Ă  la Virginie, au Dakota du Nord, Ă  l'Iowa, Ă  la Pennsylvanie et au Texas (en 2012) puis finalement Ă  l'Ohio en 2014[14]. En 2015, le Michigan confirme son premier cas de MDC chez le cerf sauvage[14]. 21 États amĂ©ricains et 2 provinces canadiennes sont touchĂ©s[14], et toutes les espĂšces de cervidĂ©s semblent pouvoir ĂȘtre victime de ce prion.
En 2016, un prion identique ou trÚs semblable est détecté pour la premiÚre fois en Europe ; chez des rennes et des élans d'Europe du Nord[6].

Dans les années 2000-2010, des outils et stratégies de détection, de contrÎle et de prévention ont été développés, dont dans les zoos et élevages, mais qui semblent encore insuffisants pour éradiquer la maladie[1].

Historique de la prévalence

La maladie semble apparaĂźtre aux États-Unis dans les annĂ©es 1980 (ou avant, mais sans avoir Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e), puis elle s'est Ă©tendue dans une grande partie de l'AmĂ©rique du Nord dont chez les animaux d'Ă©levage, devenant l'une des trois EST affectant les ruminants domestiquĂ©s d'AmĂ©rique du Nord[1].

Au Canada, la MDC a été identifiée dans l'ouest du pays en 1996, d'abord chez les cervidés d'élevage, puis en 2000 chez les cerfs en liberté en Saskatchewan.

Élevage

Un programme américain de surveillance épidémiologique des cervidés d'élevage a suivi les premiÚres preuves d'existence de la maladie. Il a permis d'identifier (de 2000 à 2004) 40 élevages touchés par la maladie en Saskatchewan et 3 en Alberta, mais la MDC pourrait avoir été présente dans les élevages dÚs la fin des années 1980 en Saskatchewan à la suite de l'importation d'élans infectés du Dakota du Sud.
Tous les animaux malades ont Ă©tĂ© tuĂ©s et Ă©liminĂ©s dans les Ă©levages, ce qui semble avoir bloquĂ© la contamination dans les Ă©levages, mais la maladie s'est Ă©tendue dans la faune sauvage (et si les autoritĂ©s nord-amĂ©ricaines insistent sur le fait qu’on n'a pas de preuves que ce prion puisse infecter l’Homme, un doute subsiste Ă©tant donnĂ© une relative proximitĂ© de ce prion avec celui de la vache folle.
De plus, des cerfs sauvages malades, ou peut-ĂȘtre des prions stockĂ©s dans le sol, pourraient peut-ĂȘtre recontaminer des Ă©levages et menacer leur viabilitĂ© Ă  long terme. La MDC ne semblerait pas (facilement ?) transmissible au bĂ©tail ou aux bisons (sous rĂ©serve de confirmation scientifique Ă  venir).

Faune sauvage

Au Canada, en 2004, la MDC chez les cervidés en liberté semblait limitée à 3 foyers géographiques distincts en Saskatchewan, mais la faiblesse des contrÎles ne permettait pas de garantir que le reste du pays était épargné.

Aux États-Unis, on a d'abord cru l'extension de la MDC concentrĂ©e gĂ©ographiquement au Colorado et du Wyoming, mais une surveillance accrue a dĂ©voilĂ© dans les annĂ©es 2000-2010 plusieurs poches supplĂ©mentaires d'encĂ©phalopathie des cervidĂ©s infectant des cerfs et wapitis, dans la nature et dans des Ă©levages commerciaux de « wapitis des Rocheuses » (Cervus elaphus nelsoni), puis dans de nombreuses forĂȘts ou Ă©levages des plaines et des montagnes Rocheuses dans l'ouest du piĂ©mont en AmĂ©rique du Nord[2] et enfin dans 12 Ă©tats supplĂ©mentaires (par rapport aux premiĂšres donnĂ©es), et dans 2 provinces canadiennes[1].

En Europe en quelques mois en 2016, trois premiers cas ont été identifiés (un renne et deux élans[16] - [17]).
Puis en 2019, un article a signale le 1er cas mondial de la maladie chez un cerf Ă©laphe[8]. Il s'agit d'une femelle adulte estimĂ©e ĂągĂ©e de 16 ans, abattue par un chasseur en octobre 2017 dans la municipalitĂ© de Gjemnes (dans l’ouest de la NorvĂšge, prĂšs de la mer)[8]. L’animal a Ă©tĂ© dĂ©pecĂ© sur le terrain et la tĂȘte et la carcasse ont Ă©tĂ© livrĂ©s Ă  un abattoir de gibier. Cet abattoir a envoyĂ© un Ă©chantillon de moelle Ă©piniĂšre pour analyse Ă  l'Institut vĂ©tĂ©rinaire norvĂ©gien d’Oslo (NorvĂšge) dans le cadre du programme norvĂ©gien de surveillance de la CWD. Un premier test (TeSeE Short Assay Protocol : SAP) a dĂ©tectĂ© le prion pathogĂšne de la WCD dans l'Ă©chantillon. La prĂ©sence du prion a Ă©tĂ© confirmĂ©e par un dosage immuno-enzymatique (ELISA)[8], des analyses molĂ©culaires devant ensuite prĂ©ciser s’il s’agit ou non du mĂȘme prion que celui dĂ©jĂ  trouvĂ© dans la population norvĂ©gienne d’élans[8] (chez lequel la souche de prion a Ă©tĂ© en 2018 qualifiĂ©e de CWD atypique et baptisĂ©e Nor16CWD[18].

Taxons touchés

En 2016, au moins cinq espÚces appartenant à trois genres différents étaient touchées[1], en 2019 7 espÚces avaient été détectées porteuses de la maladie :

Clinique

Les caractéristiques cliniques de la maladie et celles des lésions induites par cette « encéphalopathie des cervidés » sont qualitativement semblables à des EST touchant d'autres espÚces animales.
AprĂšs une pĂ©riode d'incubation variable, mais longue, le microscope rĂ©vĂšle des lĂ©sions « spongiformes » dans le systĂšme nerveux central (SNC). Durant l'incubation, le prion ((PrPd)) peuvent maintenant ĂȘtre identifiĂ©s dans les tissus par des tests de diagnostic pour les prions des animaux d'Ă©levage. Ces tests basĂ©s sur un dosage immunologique dĂ©pendant de la conformation des prions, mesurent simultanĂ©ment la liaison d'anticorps spĂ©cifique aux formes dĂ©naturĂ©es et native de la protĂ©ine prion (PrP)[20]. GrĂące Ă  ces tests, les cervidĂ©s d'Ă©levages trouvĂ©s porteurs de prions pathogĂšnes peuvent ĂȘtre abattus et Ă©liminĂ©s de la chaĂźne alimentaire (cette mĂ©thode a fait ses preuves dans le cas de la vache folle au Royaume-Uni).

Contagion

La contagion est « horizontale » (c'est-Ă -dire d'individus Ă  individus et non verticale ; des parents aux descendants). Elle se fait par un ou des mĂ©canisme(s) encore inconnu(s) ou incertains. Une diffusion rapide chez les animaux sauvage pose un vĂ©ritable « dĂ©fi[21] » Ă©coĂ©pidĂ©miologique aux chasseurs, aux vĂ©tĂ©rinaires et Ă  la conservation de la nature notamment car les signes cliniques sont discret durant une grande partie de l'Ă©volution de la maladie, et les outils de diagnostic ante-mortem (avant la mort) sont limitĂ©s, surtout pour le suivi d'animaux sauvages en libertĂ©. De plus, les Ă©coĂ©pidĂ©miologistes manquent souvent d'informations sur les antĂ©cĂ©dents des animaux et les facteurs de risque auxquels ils ont pu ĂȘtre exposĂ©s.

Selon les données disponibles :

  • cette encĂ©phalopathie est transmissible par inoculation intracĂ©rĂ©brale Ă  des bovins, des moutons et des chĂšvres, mais aucune Ă©tude n'a pu dĂ©montrer que les animaux domestiques y seraient vulnĂ©rables via l'exposition orale[12]. La voie orale est l'une des voies prĂ©sumĂ©es naturelles d'exposition aux EST, supposĂ©e la plus probable chez les cervidĂ©s[12] ;
  • les prions prĂ©sents dans les liquides corporels (sang, urine, salive, sperme, lymphe
) sont susceptibles de jouer un rĂŽle dans la contagion (notamment en situation d'Ă©levage favorisant la promiscuitĂ©[22] - [23] - [24]). Une expĂ©rience a consistĂ© Ă  exposer des cohortes de cervidĂ©s non contaminĂ©s (naĂŻfs) Ă  de la salive, du sang ou de l'urine et des fĂšces de cerfs atteint d'encĂ©phalopathie. Les auteurs ont montrĂ© que des prions infectieux pouvaient transmettre la MDC dans la salive (par voie orale) et dans le sang (par transfusion) ; donnĂ©es qui aident Ă  expliquer la transmission de la MDC chez les cervidĂ©s et qui invitent Ă  ĂȘtre prudent en matiĂšre de contacts avec les fluides corporels d'animaux victimes ou potentiellement victimes d'infections Ă  prions[19] - [24]. L'Ă©thologie pourrait aussi Ă©clairer l'Ă©tude des risques de contacts entre animaux ou d'animaux avec l'urine d'animaux malades ;
  • le polymorphisme gĂ©nĂ©tique des gĂšnes impliquĂ©s dans la production de prions pourrait influencer la susceptibilitĂ© des individus Ă  la MDC, en particulier au niveau du codon 225 (S/F) chez le cerf et le codon 132 (M/L) chez les wapitis[21]. En Europe, une prĂ©disposition gĂ©nĂ©tique semble Ă©galement dĂ©tectĂ©e chez les rennes sauvages[25]
  • La veille sanitaire concernant la MDC se poursuit chez les cervidĂ©s nord-amĂ©ricains, tant en captivitĂ© qu'en libertĂ©, de concert avec les suivis et Ă©tudes similaires sur la tremblante et l'ESB[12] pour notamment mieux en comprendre la contagion.

On a montrĂ© en 2020 (sur le Cerf de Virginie) que la recherche de prion par tests RT-QuIC (Real-time quaking-induced conversion, mis au point chez l'Homme pour dĂ©tecter la maladie Creutzfeldt-Jakob) sur des excrĂ©ments Ă©chantillonnĂ©s dans un paysage permettent d'Ă©valuer la prĂ©valence de la maladie, mĂȘme quand aucun cas n'a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©[26]

Origine de la MDC

Chez les cerfs et les Ă©lans, l'origine du prion reste inconnue.

La maladie prĂ©existait-elle discrĂštement chez les espĂšces nord-amĂ©ricaines indigĂšnes de cervidĂ©s ? S'agit-il d'une nouvelle manifestation d'un prion prĂ©sent chez une autre espĂšce (par exemple la tremblante du mouton) ? Les chercheurs ne peuvent apporter de rĂ©ponse certaine, mais la distribution localisĂ©e et en extension, et la prĂ©dominance connue de la MDC au Canada et aux États-Unis suggĂšrent que la maladie est rĂ©cente chez les cervidĂ©s sauvages et qu'elle ne prĂ©-existait pas dans les Ă©cosystĂšmes indigĂšnes. Elle semble ĂȘtre apparue au centre des États-Unis.

  • Divers auteurs et la presse ont montrĂ© que des « complĂ©ments alimentaires » fabriquĂ©s Ă  partir de dĂ©chets animaux (dont des dĂ©chets Ă  risque), ont Ă©tĂ© largement distribuĂ©s en forĂȘt ou dans des Ă©levages aux États-Unis, notamment pour produire de plus beaux trophĂ©es de chasse. La maladie semble ĂȘtre apparue Ă  proximitĂ© d'un centre d'Ă©tude travaillant justement sur l'alimentation des animaux sauvages.
  • Huit universitaires amĂ©ricains ont prĂ©sentĂ© en 2007 une autre hypothĂšse[27], appuyĂ©e sur des indices molĂ©culaires[28] et sĂ©rologiques[29] : ces prions (et d'autres) pourraient provenir de petites bactĂ©ries parasites encore assez mal connues (Spiroplasmes) pour les encĂ©phalopathies spongiformes transmissibles (EST). Des inclusions de ces bactĂ©ries avaient Ă©tĂ© notĂ©es dans les cerveaux malades dĂšs la fin des annĂ©es 1970[30], confirmĂ©es en 1981[31] et considĂ©rĂ©es en 2005 comme un agent causal possible[32]. Une expĂ©rience a conclu que Spiroplasma mirum isolĂ©e dans une tique de lapin a induit expĂ©rimentalement une encĂ©phalopathie spongiforme chez des rongeurs. Puis, inoculĂ©e par voie intracrĂąnienne (IC) chez des ruminants (cerf), la mĂȘme bactĂ©rie semble avoir induit le tableau clinique d'une MDC (aprĂšs 1,5 Ă  5,5 mois d'incubation). Des cerfs, mais aussi des moutons et des chĂšvres, inoculĂ©s avec S. mirum ont dĂ©veloppĂ© une encĂ©phalopathie spongiforme, et d'une maniĂšre dose-dĂ©pendante.
    Une seconde expĂ©rience a utilisĂ© des spiroplasmes Ă©troitement liĂ©s Ă  S. mirum, cette fois isolĂ©s dans des cerveaux d'animaux victimes d'une encĂ©phalopathie spongiforme (cultivĂ©s dans des Ɠufs embryonnĂ©s). Les espĂšces de spiroplasmes provenant de la scrapie du mouton ont induit chez les cervidĂ©s (Ă  la suite de leur inoculation dans le cerveau) une encĂ©phalopathie spongiforme ressemblant fortement Ă  celle qui est observĂ©e chez ces animaux. Les auteurs notent que des spiroplasmes ont Ă©tĂ© dans ces cas constamment associĂ©s Ă  la maladie et capables expĂ©rimentalement de provoquer chez des ruminants une MDC ou l'Ă©quivalent d'une MDC dans le modĂšle animal expĂ©rimental, ce qui remet en cause la validitĂ© des Ă©tudes qui avaient conclu que le prion Ă©tait l'unique agent causal de la maladie.

Pour le Canada

La modélisation éco-épidémio-géographique suggÚre au moins deux événements-sources de contamination des populations sauvages.

  • Un Ă©levage infectĂ© a presque certainement Ă©tĂ© la source pour le premier cas, et semble la source la plus probable pour l'autre.
  • Des Ă©tudes rĂ©trospectives et Ă©pidĂ©miologiques laissent penser que des cerfs infectĂ©s par un prion pathogĂšne ont probablement Ă©tĂ© importĂ©s au Canada Ă  partir des États-Unis, et au moins 2 fois depuis 30 ans.
  • D'autres introductions plus tardives sont Ă©galement plausibles (1re apparition dans un zoo de l'Ontario (annĂ©es 1970), 2e cas dans les annĂ©es 1980 (ou plus tĂŽt) dans au moins un Ă©levage de la Saskatchewan avec des Ă©lans infectĂ©s importĂ©s, par diffusion dans l'aire d'Ă©levage).
  • Des experts suspectent que les animaux sauvages de la Saskatchewan ont probablement Ă©tĂ© contaminĂ©s par des prions provenant des Ă©levages infectĂ©s (animaux Ă©chappĂ©s, contacts avec cerfs sauvages
 ?).

Données écoépidémiologiques

En 2006, 14 Ă©tats et 2 provinces canadiennes Ă©taient reconnus touchĂ©s par la maladie en AmĂ©rique du Nord. À ce jour le prion pathogĂšne n'a pas fait disparaitre de populations entiĂšres de cervidĂ©s, mais dans les zones de forte prĂ©valence il en diminue significativement la dĂ©mographie. Ainsi selon l'État du Michigan, dans le « Wyoming’s South Converse Unit » (record de prĂ©valence au sein des animaux sauvages avec environ 50 % environ des animaux sont touchĂ©s) la maladie a divisĂ© par deux le nombre d'individus en une dĂ©cennie (19 % de la population totale mourant chaque annĂ©e Ă  la suite de l'encĂ©phalopathie induite)[33].
Le risque de mortalité par collision avec véhicule, prédation, action de chasse ou autre maladie est également exacerbé par la maladie, l'animal malade étant de moins en moins vigilant et capable de fuir ou de se défendre[33].

Aucun phénomÚne d'immunisation contre ce prion n'est apparu en 40 ans alors que la seconde menace sanitaire pour les cervidés (virus EHD) induit une immunisation des troupeaux en quelques années[33]. Aucun cas de guérison n'a jamais été découvert. Certains individus semblent plus résistants, mais ils survivent simplement plus longtemps avant de succomber, ce qui leur permet de disperser des prions plus longtemps que ceux qui meurent plus vite[33].

En 2016, cette maladie est devenue la seconde cause de mortalitĂ© du cerf dans le Wyoming, et d'autres sources de mortalitĂ©s (accident/prĂ©dation) pourraient en partie ĂȘtre exacerbĂ©es par la maladie qui y prĂ©dispose.

Contagion entre animaux

La transmission horizontale (de cerf à cerf) est avérée. Dans les années 2000 on a montré une participation précoce des tissus lymphoïdes du tube digestif durant l'incubation de la MDC ; et divers indices laissaient penser que les selles ou la salive pouvaient participer à la contagion[2]. En 2006, le Dr Edward A. Hoover[34] alerte sur le fait que des cerfs semblent pouvoir assez facilement s'infecter par contact avec du sang ou de la salive d'un cerf infecté, alors que le toilettage, léchage et contact avec le pelage jouent un rÎle majeur dans les interactions sociales entre les cerfs, entre les wapitis et chez de nombreuses autres espÚces de mammifÚres. Ces comportements sont accompagnés par des échanges salivaires ;

  • un cerf peut se contaminer par ingestion d'un aliment contaminĂ© par des prions pathogĂšnes ;
  • chez les animaux infectĂ©s, on a confirmĂ© (dĂšs 2006) que le prion pathogĂšne est bien prĂ©sent dans les excrĂ©ments et dans la salive[35] (bien avant que les symptĂŽmes apparaissent)[26] ;
    MĂȘme de faibles doses de prions dans la salive peuvent ĂȘtre contaminantes[36] ;
  • le prion est aussi prĂ©sent dans le sang du velours qui recouvre les corps des cervidĂ©s, ce qui pose la question d'une possible transmission par des insectes suceurs de sang (tiques, taons notamment) ou via les relations sociales entre animaux[35] (combats entre mĂąles notamment, ou lĂ©chage de blessures acquises par balles, ou lors de la fuite devant l'homme en saison de chasse) ;
  • les donnĂ©es disponibles en 2006 suggĂšrent que, contrairement Ă  ce qu'on a souvent affirmĂ© antĂ©rieurement, aucun tissu issu d'un animal infectĂ© ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme indemne de prions pathogĂšnes[35] ;
  • des tests ont Ă©tĂ© faits sur divers organes et le sang, la salive, les selles et l'urine de cerfs infectĂ©s pour mieux comprendre comment la maladie se transmet ; ils montrent que des prions infectieux sont prĂ©sents dans les amygdales des animaux dĂšs trois mois aprĂšs inoculation via la salive ou le sang d'un cerf infectĂ©[35] ;
  • une dentition en mauvais Ă©tat ou une abrasion (mĂȘme mineure[37]) des muqueuses nasales ou buccales sont aussi une source d'inoculation et de transmission de la maladie, chez le cerf, et peut-ĂȘtre chez d'autres espĂšces[37] ;
  • les donnĂ©es provenant du suivi des Ă©levages contaminĂ©s indiquent que des cerfs peuvent spontanĂ©ment s'infecter Ă  partir d'un environnement trĂšs contaminĂ© ;
  • ces donnĂ©es laissent penser que la promiscuitĂ© (Ă©levages, hardes denses autour des points d'eau ou de nourrissage
) renforcent le risque de transmission ;
  • l'agrainage et le nourrissage causent des concentrations artificielles d'animaux favorisant l'extension de la maladie (ainsi que d'autres maladies ou parasites) ;
  • en 2005, une publication confirme la prĂ©sence de protĂ©ines prions rĂ©sistantes aux protĂ©ases dans la muqueuse buccale, les papilles, l'Ă©pithĂ©lium lingual, l'organe vomĂ©ronasal, et la muqueuse olfactive de hamsters infectĂ©s par l'encĂ©phalopathie transmissible du vison[24], mais aussi chez des furets infectĂ©s par le prion de la MDC des cervidĂ©s[38] ;
  • Au dĂ©but des annĂ©es 2000, les Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques commencent Ă  permettre de proposer des modĂšles explicatifs de l'histoire de la MDC ou au moins de sa dispersion[2].

Dose infectieuse minimale

Selon Denkers & al. (2020) « une exposition orale à aussi peu que 300 nanogrammes (ng) de cerveau CWD-positif ou à la salive contenant une activité d'ensemencement équivalente à 300 ng de cerveau CWD-positif, était suffisante pour transmettre la maladie CWD. Ceci a été vrai que l'inoculum soit administré en un seul bolus, ou divisé en trois expositions hebdomadaires de 100 ng. Mais quand la dose totale de 300 ng a été répartie en 10 doses de 30 ng administrées sur 12 semaines, aucune infection ne s'est produite. Alors que les expositions à faible dose aux prions d'origine cérébrale ou salivaire ont prolongé le délai entre l'inoculation et la premiÚre détection de l'infection, une fois l'infection établie, nous n'avons observé aucune différence dans la pathogenÚse de la maladie »[39].

La dose infectieuse minimale pourrait ĂȘtre d'environ 100 Ă  300 ng de cerveau positif pour la MDC (ou Ă©quivalent salivaire). L'infection semble plutĂŽt dĂ©pendre d'un seuil que d'une dose cumulĂ©e[39].

Dispersion du prion

Comme d'autres nécrophages, le corvidé américain (Corvus brachyrhynchos) est un charognard qui contribue à assainir l'environnement en éliminant les cadavres, mais dans le cas du prion (résistant à la digestion[40]), il peut contribuer à le disperser via ses fientes[5]
Le prion résiste aussi aux sucs digestifs et au microbiote de nécrophages tels que le Coyote (Canis latrans), lequel pourrait donc également véhiculer des prions puis les disperser via ses excréments[41]
Il a été expérimentalement montré en 2014 que des prions présents dans l'eau ou le sol peuvent s'adsorber sur les racines de plantes (dont le blé) sans pénétrer la tige, mais des pulvérisation peuvent contaminer des feuilles (éventuellement mangées par des cervidés)[42] - [43]

Le prion Ă©tant trĂšs rĂ©sistant, il persiste dans les sols "infectĂ©s" par l'urine, les excrĂ©ments, la salive ou les cadavres de cervidĂ©s malades. On ignore dans quelle mesure des transferts de sol par l'homme ou via l'Ă©rosion des sols peuvent contribuer Ă  la dispersion de prions pathogĂšnes dans l'environnement, mais on a montrĂ© en 2014/2015 que les plantes pourraient jouer un rĂŽle en captant des prions pouvant ensuite ĂȘtre consommĂ©s par des cervidĂ©s :

  • Les plantes et leurs champignons symbiotes des vĂ©gĂ©taux pouvant absorber de grandes particules organiques, dont des protĂ©ines entiĂšres. Des universitaires ont cherchĂ© si certaines plantes pouvaient absorber le prion de la MDC, et Ă©ventuellement le mĂ©taboliser. Une Ă©tude publiĂ©e en 2014 a conclu que des prions pathogĂšnes de la MDC pouvaient se lier au systĂšme racinaire d'une graminĂ©e (aprĂšs 24 h d'exposition), mais le prion n'a pas dans ce cas Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© dans les feuilles ni d'autres tissus aĂ©riens, suggĂ©rant « que le blĂ© Ă©tait incapable de transporter suffisamment de protĂ©ine prion des racines Ă  la tige pour ĂȘtre dĂ©tectable par les mĂ©thodes employĂ©es (western blot, IDEXX ou kit diagnostic Bio-Rad) ». La plante utilisĂ©s pour l'expĂ©rience Ă©tait le blĂ© (Triticum aestivum L.)[42].
  • Une autre Ă©tude a portĂ© sur de possibles liaison ou phĂ©nomĂšnes de rĂ©tention de la protĂ©ine prion infectieuse (PrP (Sc)) avec des plantes. Elle a montrĂ© que de petites quantitĂ©s de prions prĂ©sents dans un homogĂ©nat de cerveau diluĂ© ou prĂ©sents dans des excrĂ©tats (urines et excrĂ©ments) peuvent se lier aux racines mais aussi aux feuilles de blĂ©, et que ces prions sont infectieux : Des hamsters de type sauvage ont Ă©tĂ© expĂ©rimentalement efficacement infectĂ©s par l'ingestion de plantes ainsi contaminĂ©es par des prions[43].
  • L'Ă©pandage des fumiers et lisiers issus d'Ă©levage sur les champs et prairies ou comme engrais forestier est courant en AmĂ©rique du Nord. Des chercheurs ont montrĂ© que des feuilles de blĂ© sur lesquelles on a pulvĂ©risĂ© une prĂ©paration contenant des prions ont ensuite prĂ©sentĂ© durant plusieurs semaines des prions Ă  l'intĂ©rieur de leurs feuilles vivantes[43]. Les auteurs concluent que leurs rĂ©sultats « dĂ©montrent que les plantes peuvent lier efficacement Ă  des prions infectieux et agir comme relai infectieux, ce qui suggĂšre un rĂŽle possible dans la contamination environnementale par le prion et dans la transmission horizontale de la maladie »[43].

Les mammifÚres ou oiseaux nécrophages (et insectes ?) qui se nourrissent de cadavres d'animaux porteurs de prions pathogÚnes peuvent également contribuer à disperser des prions sur des distances significatives (ou importantes dans le cas des d'oiseaux nécrophages (vautours, corvidés[5]).
Il a été montré en 2013 que le corbeau américain (Corvus brachyrhynchos) est un agent possible de translocation des prions infectieux vers des zones non contaminées, via la dispersion par ses fientes[5]. On suspecte que ceci soit vrai aussi pour certains mammifÚres nécrophages[5].

Risque de contagion ou transmission vers l'Homme

En 2006, le risque de passage de la barriĂšre de l'espĂšce, et en particulier de transmission Ă  l'Homme a Ă©tĂ© jugĂ© « extrĂȘmement faible ». À cette date, aucun cas de transmission du cerf Ă  l'Humain n'avait jamais Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©[35].

De maniÚre générale, l'infectivité des prions humains, bovins ou ovins est encore mal comprise, mais on sait qu'elle dépend de plusieurs facteurs, dont le type de prion, la souche, la voie d'infection et d'autres facteurs spécifiques à l'hÎte[44].

Néanmoins, l'OMS (organisation mondiale de la santé) et d'autres agences gouvernementales de santé ont d'abord recommandé que tous les animaux infectés par un prion pathogÚne ne soient pas consommés par des humains, et il est maintenant recommandé d'éviter tout contact avec des fluides corporels contenant des prions pathogÚnes (y compris d'autres infections à prions). De plus, selon le Dr Hoover, les données publiées en 2006[35] devraient « faire reconsidérer le rÎle potentiel des insectes se nourrissant de sang comme les moustiques et les tiques dans la transmission de l'encéphalopathie des cervidés ou d'autres infections à prions »[35].

Dix ans plus tard, et alors que les aspects molĂ©culaires de la transmission des prions commencent Ă  ĂȘtre mieux compris[45] ; pour mieux Ă©valuer le risque de transmission Ă  l'Homme, une mĂ©ta-Ă©tude publiĂ©e en 2017[46] s'est basĂ©e sur 23 Ă©tudes retenues (parmi 78 sĂ©lectionnĂ©es Ă  partir de 800 citations scientifiques) pour leur qualitĂ© scientifique. Ces Ă©tudes ont examinĂ© une possible transmission des prions de la MDC Ă  l'Homme humains en utilisant des bases Ă©pidĂ©miologique, des expĂ©riences in vitro et/ou in vivo.
Cinq Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques, deux Ă©tudes sur les macaques (gĂ©nĂ©tiquement plus proche de l'homme que le singe Ă©cureuil qui est le singe de laboratoire le plus utilisĂ©) et sept Ă©tudes sur des souris humanisĂ©es transgĂ©niques n'ont fourni aucune preuve de possibilitĂ© de transmission des prions de la maladie animale Ă  l'homme[47] - [48] - [49] (mais le suivi n'a pas durĂ© plus de 10ans, et le dĂ©lai d'incubation pourrait ĂȘtre plus long). La surveillance Ă©pidĂ©miologique, telle qu'effectuĂ©e depuis plus de 10 ans aux États-Unis et au Canada n'a pas non plus documentĂ© une telle transmission (mais la maladie peut chez l'homme facilement ĂȘtre confondue avec la maladie de Creutzfeldt-Jakob).
Deux études en laboratoire, utilisant le singe écureuil (Saïmiri commun) comme modÚle animal (infecté par voie orale ou par voie intracérébrale) ont dans les deux cas fourni des preuves de transmission du prion de la MDC au singe. Les auteurs ont noté que l'incubation a été chez le singe-écureuil plus longue avec ce prion MDC que lors d'infections expérimentale par des prions venant du vison, du mouton, de la vache ou de l'humain). Et sept expériences in vitro ont aussi fourni des preuves que les prions « MDC » peuvent convertir la protéine prion humaine en une forme anormale, mal repliée.

Une autre étude (modÚle in vitro d'exposition orale) s'est intéressée aux bases moléculaires de l'infection par le prion de la MDC ; en créant un modÚle in vitro à partir de lignées de cellules entérocytes de cinq espÚces (dont l'humain[50]). On sait que les récepteurs LRP/LR de la laminine sont aussi des récepteurs de protéines prions ; cette étude a montré que la surface cellulaire des entérocytes humains présente des niveaux élevés de récepteurs LRP/LR et il a été montré que expérimentalement les prions MDC s'associent effectivement aux récepteurs LRP/LR sur la surface de la cellule[51]. Ces données laissent penser qu'une transmission orale des prions MDC à l'homme est possible, sauf s'il existe des barriÚres intestinales non encore découverte.
La transmission de la MDC aux humains ne peut donc pas ĂȘtre entiĂšrement exclue sur la base des Ă©tudes disponibles, en particulier Ă  la lumiĂšre des pĂ©riodes d'incubation possibles (dĂ©cennies pour les prions de la vache folle chez l'homme). Les auteurs de cette Ă©tude recommande de poursuivre la recherche et la surveillance Ă©pidĂ©miologique de la MDC, et de faire preuve de prudence en manipulant tout matĂ©riel biologique potentiellement contaminĂ© (gibier notamment) et de continuer Ă  explore une gestion de cette maladie chez la faune sauvage et d'Ă©levage (cervidĂ©s dont Ă©lan et renne).

En 2018 une revue d'Ă©tudes a fait le bilan de l'Ă©tat des connaissances sur la base de 14 Ă©tudes prĂ©sentant des critĂšres Ă©levĂ©s de sĂ©rieux (critĂšres de la Collaboration Cochrane). Les auteurs ont conclu que depuis l'apparition de la zoonose, cinq Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques, deux Ă©tudes sur les macaques et sept ayant utilisĂ© des souris transgĂ©niques humanisĂ©es n'ont pas apportĂ© de preuve d'une transmission Ă  l'homme du prion de la MDC, pas plus que la surveillance mĂ©dicale aux États-Unis et au Canada, cependant « deux Ă©tudes (sur des singes Ă©cureuils) ont prouvĂ© que la transmission des prions de la MDC entraĂźnant une maladie Ă  prion Ă©tait possible chez ces singes dans des conditions expĂ©rimentales et sept expĂ©riences in vitro ont montrĂ© que les prions de la MDC peuvent convertir la protĂ©ine prion humaine en un Ă©tat mal repliĂ©. Par consĂ©quent, la dĂ©couverte future de la transmission de la MDC Ă  l'homme ne peut pas ĂȘtre entiĂšrement exclue sur la base des Ă©tudes en cours, en particulier Ă  la lumiĂšre d'Ă©ventuelles pĂ©riodes d'incubation longue de prions de la MDC chez l'homme. Il serait prudent de poursuivre la recherche sur la MDC et la surveillance Ă©pidĂ©miologique, et de faire preuve de prudence lors de la manipulation de matĂ©riel potentiellement contaminĂ©, et d'explorer les possibilitĂ©s de gestion de la MDC »[4].

En 2020, aprĂšs la dĂ©couverte de phĂ©notypes pathologiques diffĂ©rents de prions, selon l'EFSA : les donnĂ©es disponibles ne permettent pas encore de conclure « sur les implications de la diversitĂ© des souches sur la transmissibilitĂ©, la pathogenĂšse ou la prĂ©valence. Les donnĂ©es disponibles ne permettent pas de conclure sur le potentiel zoonotique des isolats NA ou europĂ©ens de CWD. Le risque d'encĂ©phalopathie des cervidĂ©s pour l'homme liĂ© Ă  la consommation de viande ne peut pas ĂȘtre directement Ă©valuĂ© »[52].

Actions de lutte contre la maladie et de gestion

Recherche

Beaucoup d'inconnues persistent malgrĂ© un effort important de recherche entamĂ© dans les annĂ©es 1990. (le , le moteur de recherche de donnait 21 125 articles pour l'item "Chronic Wasting Disease"). Les tests diagnostiques ont Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©s, permettant un diagnostic prĂ©coce avant l'apparition des symptĂŽmes cliniques. Des protocoles de suivi ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s et mis en place par les agences amĂ©ricaines de gestion de la faune sauvage (pour les cerfs et les wapitis) et par des agences Ă©tatiques et fĂ©dĂ©rales pour l'Ă©levage privĂ© de wapitis. Dans les annĂ©es 1990, la perception des EST a radicalement Ă©voluĂ©, avec comme consĂ©quence un objectif d'Ă©radication mondiale de toutes les maladies Ă  prions en cours de discussion[2].
On n'a néanmoins pas encore répondu à la question Pourquoi et comment cette maladie est apparue et s'est répandue si vite.

Lutte contre la maladie

L'Ă©radication de la maladie en AmĂ©rique du Nord est l'objectif de l'État central et de plusieurs États amĂ©ricains, de certains reprĂ©sentants des groupes de chasseurs ou de l'industrie.
Mais selon des experts tels que E. S. Williams (Département des sciences vétérinaires de l'Université du Wyoming) ; « l'éradication de l'encéphalopathie des cervidés en liberté à partir des populations de cervidés est peu probable avec les modes actuels de gestion »[12] notamment parce que le prion est trÚs résistant et qu'il se conserve dans les sols durant des années (voire décennies) faisant que la maladie peut ensuite réapparaitre.
De plus, les densitĂ©s en deçà desquelles le risque de diffusion du prion serait faible et la largeur des zones tampons nĂ©cessaires sont encore largement inconnues. Et, dans des forĂȘts de plus en plus fragmentĂ©es, diminuer le « pool gĂ©nĂ©tique » des cervidĂ©s en les tuant par dizaines de milliers peut aussi prĂ©senter d'autres inconvĂ©nients sanitaires et aboutir Ă  un goulot d'Ă©tranglement gĂ©nĂ©tique et Ă  la consanguinitĂ©.

Certains États ont nĂ©anmoins fait le pari qu'en Ă©radiquant les cervidĂ©s des zones touchĂ©es, le risque de futures Ă©pidĂ©mies diminuera fortement. Ainsi en 2017 l'État de New York et celui du Minnesota semblent avoir « apparemment supprimĂ© tous les animaux vivants avec MDC, empĂȘchant ainsi toute accumulation supplĂ©mentaire de prions dans l'environnement (...) Ces deux États ont eu la chance de dĂ©tecter la maladie au dĂ©but et ont apparemment Ă©liminĂ© tous les animaux porteurs du prion du paysage sans dĂ©tecter aucun cas positif supplĂ©mentaire aprĂšs leurs dĂ©tections initiales. »[33]. Des experts ont recommandĂ© une chasse intensive et ciblant les cervidĂ©s durant 10 ans au moins pour diminuer les densitĂ©s de cerfs Ă  moins d'1 animal/kmÂČ et bloquer l'extension du prion. Certains de ces mĂȘmes experts voulaient Ă©liminer 100 % des cervidĂ©s dans les zones contaminĂ©es, mais les expĂ©riences faites n’ont pas Ă©tĂ© concluantes (notamment parce que pour des raisons psychologiques, les chasseurs se montrent moins enclins Ă  tuer une grande quantitĂ© de cerfs s'ils savent qu'ils sont malades.

Une autre option est de diminuer la promiscuité des cervidés, afin de réduire le risque de transmission de la MDC, notamment et par exemple autour des sites d'agrainage, des tas de foin, des blocs de sel, et sources artificielles d'eau. Dans des secteurs jugés à haut risque c'est l'un des axes de la lutte contre la maladie.

Mobilisation de tireurs d'Ă©lite

Dans certaines zones (autour de rĂ©gions connues pour ĂȘtre infectĂ©es) des tireurs d'Ă©lite (sharpshooters) ont pour mission de tuer tous les cerfs.
Ce moyen est controversĂ©, notamment car les cervidĂ©s sont territoriaux et que chaque territoire libĂ©rĂ© par mais jugĂ© nĂ©cessaire par certains Ă©tats (Illinois, puis Michigan) et semble avoir pu ralentir la propagation de la maladie (En 2014-2015, 7 902 cervidĂ©s avaient Ă©tĂ© testĂ©s pour MDC, dont seuls 1 393 provenaient de l'effort de dĂ©pistage (soit 18 %) alors que 35 % du total des animaux tuĂ©s Ă©taient positif au test[33]. Dans le Michigan, en , les cerfs tuĂ©s dans le cadre de l'effort de gestion/dĂ©pistage dans la zone de gestion de la MDC ne reprĂ©sentaient qu'environ 17 % de l'Ă©chantillon total (769 sur 4 558 animaux) mais ont contribuĂ© Ă  66 % des tests positifs totaux depuis la dĂ©couverte initiale de la maladie dans cette zone Ă  2015[33]. Ils n'agissent pas sur l'ensemble de la zone de gestion de MDC mais uniquement dans les propriĂ©tĂ©s situĂ©es dans un rayon de 2 milles autour d'un point oĂč un animal a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©couvert atteint de la maladie et avec autorisation signĂ©e des propriĂ©taires fonciers, et sans tuer plus de cervidĂ©s que le nombre autorisĂ© par le propriĂ©taire[33].

Surveillance, veille et inspections des installations d'Ă©levage

Dans le Wyomming (État parmi les plus touchĂ©s), l'Agence environnementale chargĂ©e du dossier[53] a construit un dispositif de surveillance de la maladie[54] et note que la propagation de la MDC vers de nouvelles aires se faisait gĂ©nĂ©ralement Ă  partir d'aires contaminĂ©es proches. En 2015-2016, la propagation semble avoir Ă©tĂ© un peu plus rapide et touche dans un cas une nouvelle zone Ă©loignĂ©e de zones dĂ©jĂ  touchĂ©es (riviĂšre Shoshone)[55].
Dans le Michigan le DNR avait testĂ© en quelques annĂ©es plus de 34 000 cerfs, 1,600 Ă©lans et 70 orignaux sans aucun cas dĂ©tectĂ©. AprĂšs la dĂ©couverte des premiers cas, selon le Gouvernement de l'État, chaque Ă©levage privĂ© de cervidĂ©s a Ă©tĂ© inspectĂ© s'il Ă©tait situĂ© dans un rayon de 15 milles autour d'un des cas positifs identifiĂ©s dans la faune sauvage « pour s'assurer que toutes les restrictions et rĂšglements ont Ă©tĂ© respectĂ©s »[33].

Actions réglementaires

La rĂ©glementation des États touchĂ©s s'est durcie concernant le transport de cervidĂ©s vivant ou de cadavres de cervidĂ©s[33].

Le Wisconsin interdit aux chasseurs de cervidés de pratiquer la chasse à l'agrainage et à quiconque, d'utiliser les distributeurs automatiques de nourriture pour alimenter les cervidés sauvages. (Interdiction dans le sud du pays, et restrictions/réglementation dans le nord, dans le cadre des lois et mesures d'urgences de lutte contre la propagation de la MDC chez les animaux sauvages.

En fait la loi interdisait dĂ©jĂ  d'offrir des aliments dans des rĂ©cipients de plastique, de mĂ©tal, de verre ou de bois, mais avant la dĂ©couverte de la MDC dans le Wisconsin, qui a justifiĂ© la Loi 240 du Wisconsin (Wisconsin Act 240) en , il n'y avait pas de loi interdisant l'agrainage pour la vision rĂ©crĂ©ationnelle ou des activitĂ©s non liĂ©es Ă  la chasse. L'agrainage et l'alimentation sont maintenant interdit dans 26 comtĂ©s du Wisconsin (presque tout le sud du pays). Dans les autres comtĂ©s oĂč cela reste autorisĂ©, on peut au maximum dĂ©poser 2 gallons (7,6 litres) de maĂŻs ou aliments par emplacement pour chaque parcelle de 40 acres (16 ha) au moins si l'appĂąt est au moins Ă  100 yards (91 mĂštres) d'autres emplacements d'amorce de chasse ou d'une chaussĂ©e oĂč l'on roule Ă  45 mi/h (72 km/h) ou plus.

L'alimentation des cerfs communs n'est permise que lors de la pĂ©riode de chasse et un jour avant l'ouverture. Les spectateurs de la faune et les propriĂ©taires de maisons occupĂ©es peuvent placer jusqu'Ă  2 gallons d'aliments pour attirer des cerfs communs pour le visionnement rĂ©crĂ©ationnel Ă  tout moment de l'annĂ©e, mais Ă  moins de 50 yards (46 m) d'un logement occupĂ© et Ă  plus de 100 yards (91 m) de n'importe quelle route Ă  plus de 45 mi/h (72 km/h).

Les supplĂ©ments alimentaires sont interdits ou rĂ©glementĂ©s. Des rĂšgles gĂ©nĂ©rales additionnelles qui s'appliquent Ă  l'utilisation d'amorce (ou aliments pour la chasse) ou non peuvent ĂȘtre trouvĂ©es sur le site Web de DNR. (avec un diaporama)

En 2016, en incluant les donnĂ©es rĂ©centes concernant les Ă©levages de gibier des comtĂ©s de Oneida et Oconto, 43 des 72 comtĂ©s de l'État sont considĂ©rĂ©s comme « MDC-affectĂ©s » et tous les efforts faits pour dĂ©velopper un vaccin sont restĂ©s vains. Mais la maladie semble un peu mieux comprise, ce qui aidĂ© l'agence Ă  dĂ©velopper un nouveau plan de lutte contre la MDC (signĂ© en )[56], prenant mieux en compte le risque de contamination via les sites d'alimentation du nord-ouest du Wyoming (publiĂ© 2016 pour ĂȘtre mis en consultation publique puis adoptĂ©). En 2016, la lĂ©gislation continue Ă  imposer notamment un traitement particulier des cadavres et carcasses d'animaux tuĂ©s Ă  la chasse (et de leur transport, interdit ou assujetti Ă  certaines conditions)[57]. Ce plan vise Ă  rĂ©duire le nombre d'aires d'alimentation oĂč les animaux peuvent se transmettre la maladie en partageant la nourriture ou par contact physique[55].

Recherche & prospective

La MDC est considérée comme émergente et en pleine expansion.

Des besoins importants de recherche persistent notamment concernant le domaine de la génétique des cervidés (la maladie semble se développer moins vite chez certains individus[58] et de la biologie moléculaire[59] - [60] ou sur les maniÚres dont la maladie est perçue par divers parties prenantes (agriculteurs, chasseurs...)[61]. La recherche porte aussi sur le temps de survie de ce prion dans le sol ou dans les milieux aquatiques : il reste infectieux des mois ou années dans l'eau, y compris aprÚs un long traitement en station d'épuration[62]. Des travaux récents (thÚse 2016) ont porté sur un nouveau test[63] (efficace et rapide, applicable aux excréments de cervidés plus facile à collecter et envoyer aux laboratoires que des échantillons de cerveaux, de sang ou d'urine)[63] et sur les risques de transmission aux caribous[63].

La recherche porte notamment sur la maladie, sa modĂ©lisation (Ă  partir d'infections expĂ©rimentales de certains cervidĂ©s ; Odocoileus spp.) dans l'organisme, en particulier concernant le passage de l'infection initiale au stade de l'excrĂ©tion via le sang, l'urine, la salive et les fĂšces[64]. Chez ces espĂšces les tissus nerveux sont saturĂ©s en prion environ 20 mois aprĂšs l'infection initiale, les fluides excrĂ©tĂ©s en contiennent de faibles niveaux durant toute l'infection, avec une quantitĂ© plus Ă©levĂ©e dans la salive et les matiĂšres fĂ©cales (jusqu'Ă  10 fois la dose lĂ©tale, soit 1,34 × 1029 prions) dans les 11 Ă  15 mois suivant l'infection, ce qui laisse penser que des tests permettraient de dĂ©tecter ces prions dans les fluides corporels et sĂ©crĂ©tions bien avant la mort de l'animal (diagnostic ante mortem)[64].

De mĂȘme cherche-t-on Ă  mieux comprendre la maniĂšre dont les prions restent ou non infectieux dans les Ă©copaysages et si et alors comment des transmissions inter-espĂšces sont possibles (dont Ă  des primates non humains et Ă  la souris) en Ă©tudiant quels sont les dĂ©terminants d'une transmission de la MDC Ă  d'autres espĂšces (un modĂšle ayant proposĂ© en 2016 l'existence d'une barriĂšre structurelle pour la transmission de la MDC Ă  l'homme[65]).

L'excrétion fécale de prions infectieux commence des mois avant l'apparition des symptÎmes cliniques et se poursuit tout au long de l'évolution de la maladie. Quelques cycles de gel-dégel répétés diminuent peu à peu et significativement le caractÚre infectieux de ces prions, mais pas la dessiccation[26].

En 2004, les experts du panel canadien citant en exemple l’efficacitĂ© du programme fĂ©dĂ©ral contre la MDC dans les Ă©levages demandaient un investissement au moins comparable pour la faune sauvage, avec la participation des gouvernements fĂ©dĂ©raux et provinciaux, des chasseurs et des propriĂ©taires fonciers car les tentatives de rĂ©duire des densitĂ©s de cerfs en les chassant ont laissĂ© une densitĂ© de cerfs suffisante aux États-Unis et dans l'ouest du Canada pour permettre Ă  la MDC de continuer Ă  se dĂ©velopper (en surface et en nombre d'animaux porteurs du prion pathogĂšne).

De plus on ne sait pas encore si d’autres espĂšces peuvent ou ne peuvent pas jouer un rĂŽle de rĂ©servoir et/ou de relais dans la contagion : l'infection des orignaux Ă©tait confirmĂ©e expĂ©rimentalement en 2004, et le caribou pourrait y ĂȘtre sensible.

En 2019, une revue d'Ă©tudes scientifiques (review) conclut que « mĂȘme si la MDC n'est pas connue pour affecter les humains, des incertitudes sur le comportement biologique des prions demeurent. Le risque pour les humains de contracter la MDC est classĂ© comme trĂšs faible (trĂšs rare, mais ne pouvant ĂȘtre exclu) (
) des mesures pour Ă©viter ou diminuer l'exposition des humains (par exemple, en Ă©vitant la consommation de viande provenant d'animaux infectĂ©s par la MDC) sont recommandĂ©es (VKM 2016). Une meilleure comprĂ©hension de l'occurrence et de la propagation de l'encĂ©phalopathie des cervidĂ©s en Europe est nĂ©cessaire pour concevoir des stratĂ©gies de contrĂŽle et de gestion. Par consĂ©quent, la premiĂšre Ă©tape et la plus urgente est une surveillance intensive avec des tests spĂ©cifiques pour la MDC »[66].

En Europe (3 premiers cas en avril-juin 2016 chez le renne et l'Ă©lan)

À l'apparition de la maladie de la vache folle, l’Europe a encouragĂ© et mis en place un programme de surveillance des maladies Ă  prion dans la faune sauvage (ex : suivi en place en Allemagne depuis 2005 au moins pour les cervidĂ©s)[67].

Depuis les annĂ©es 2010, quelques cas de MDC ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e en Europe chez trois espĂšces de cervidĂ©s, avec des souches norvĂ©giennes de MDC distinctes de celles qui ont causĂ© l'Ă©pidĂ©mie qui s'est rapidement Ă©tendue en AmĂ©rique du Nord. Les rennes et les orignaux norvĂ©giens prĂ©sentent en outre diffĂ©rentes souches de MDC, « rĂ©vĂ©lant une variation sans prĂ©cĂ©dent des souches de prions dans les populations de cervidĂ©s sauvages norvĂ©giens. Ces rĂ©sultats indiquent que les prions nord-amĂ©ricains de la MDC ne sont pas la cause immĂ©diate des nouveaux cas norvĂ©giens de MDC et ont des implications pour les stratĂ©gies de contrĂŽle de la MDC en Europe, ainsi que pour la sĂ©curitĂ© des humains »[68]. Pour l'EFSA, « les donnĂ©es disponibles n'Ă©tayent ni ne rĂ©futent la conclusion selon laquelle la maladie dĂ©bilitante chronique n'est pas rĂ©pandue dans l'UE et n'excluent pas la possibilitĂ© que la maladie ait Ă©tĂ© prĂ©sente en Europe avant la rĂ©alisation de l'enquĂȘte. Il semble plausible que la maladie dĂ©bilitante chronique ait pu s'Ă©tablir en NorvĂšge il y a plus de dix ans »[69]. Selon Nono & al. (2020) il est devenu « nĂ©cessaire d'Ă©valuer le potentiel zoonotique des nouvelles souches de MDC dĂ©tectĂ©es en Europe »[68].

Histoire de la CWD en Europe

La NorvĂšge a Ă©galement un programme de suivi depuis 2005. Il n'avait rien mis en Ă©vidence jusqu'en 2015[70], peut-ĂȘtre en partie Ă  cause du faible nombre d'Ă©chantillons analysĂ©s (ex : 19 mammifĂšres sauvages pour l'annĂ©e 2015)[70]. En 2015, une ESB atypique est notĂ©e dans un Ă©levage de rennes (sur un total de 6780 Ă©chantillons analysĂ©s, prĂ©levĂ©s dans 4323 troupeaux d'Ă©levage[71] - [72].
En , un premier cas est signalé chez un renne sauvage (premier cas pour toute l'Europe chez les cervidés sauvages, et premier cas au monde pour un renne[73].
Un communiquĂ© de l’Institut vĂ©tĂ©rinaire norvĂ©gien (Norwegian Veterinary Institute ou NVI) a confirmĂ© le [74] la prĂ©sence d’un cas de maladie Ă  prion chez une femelle de renne sauvage (Rangifer tarandus tarandus) trouvĂ© dans le sud du pays Ă  LĂŠrdal[17] lors d’une opĂ©ration de capture de rennes que l’on voulait Ă©quiper de balises pour les suivre par satellite[74]. L'animal capturĂ© Ă©tait en mauvaise santĂ© et est mort peu aprĂšs. Ce cas a intĂ©ressĂ© les responsables du programme norvĂ©gien de surveillance des maladies Ă  prion chez les ongulĂ©s sauvages qui l'ont confirmĂ© mi- Ă  la fois par des tests biochimiques (test Elisa, Western Blot) et par des tests immuno-histochimiques rĂ©alisĂ© au « Norwegian Veterinary Institute » d’Oslo. C’est le premier cas dĂ©tectĂ© pour toute l’Europe, mais peut ĂȘtre que le « faible nombre d'animaux dĂ©pistĂ©s » ne permet pas l'identification de cas rares et sporadiques (en Ă©levages de bovins). Jusqu’ici on pensait que seuls le Wapiti (Cervus canadensis) et l'Ă©lan (Alces alces) y Ă©taient sensibles (avec de nombreux cas en AmĂ©rique du Nord) et quelques-uns en CorĂ©e du Sud chez animaux en captivitĂ© dans une population de wapitis importĂ© vivants fin des annĂ©es 1990 pour ĂȘtre Ă©levĂ©s en CorĂ©e. Avec le Renne en NorvĂšge, c'est une 3e espĂšce qui s’y montre potentiellement vulnĂ©rable.
En 2016, on ne sait pas encore d’oĂč vient ce prion « norvĂ©gien » (saut d’espĂšce Ă  partir de la scrapie du mouton, mutation, ou bien ingestion de prions de vache folle
) mais selon le communiquĂ© norvĂ©gien il est similaire Ă  ceux trouvĂ©s au Canada et aux États-Unis [75]. Deux nouveaux cas (portant le total Ă  5) ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s en octobre, chez des rennes sauvages tuĂ©s Ă  la chasse d'automne dans la zone Nordfjella (pour 300 rennes sauvages et 1000 cerfs testĂ©s) automnale. L'un de ces deux rennes ne prĂ©sentait pas de symptĂŽmes, ce qui invite Ă  aussi tester les animaux apparemment sains, souligne la Direction norvĂ©gienne de l'environnement[76].

Peu aprĂšs, deux autres cas ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s Ă  Elbu, plus au nord, prĂšs de la frontiĂšre suĂ©doise, respectivement le et le [16], cette fois chez des Ă©lans (Alces alces) femelles (toutes deux en situation de grossesse). « Des Ă©chantillons ont Ă©tĂ© envoyĂ©s au laboratoire de rĂ©fĂ©rence de l’OIE pour le MDC au Canada. La NorvĂšge a bloquĂ© l’exportation de cervidĂ©s. La surveillance clinique passive sera Ă©tendue ; la surveillance active commencera en automne comme initialement prĂ©vu ». Trois pays (NorvĂšge, SuĂšde et Finlande) vont coordonner leur surveillance. Ces trois premiers cas ont tous Ă©tĂ© trouvĂ©s en NorvĂšge, mais au sein de trois populations qui n'ont pas de contact direct entre elles[17]. En 2018, un premier cas est identifiĂ© pour la Finlande : un Ă©lan de quinze ans mort naturellement dans le centre du pays Ă  50 kilomĂštres de la frontiĂšre russe. Selon le ministĂšre finlandais de l'agriculture il s'agit de la forme norvĂ©gienne de la MDC et non de la forme amĂ©ricaine. Par prĂ©caution, le pays stoppe toute exportation de cervidĂ©s[77] - [78] - [79].

En France, en 1996, un guĂ©pard importĂ© par et pour un zoo s'avĂšre porteur d'un prion pathogĂšne[80]. Ce phĂ©nomĂšne attire l'attention d'Ă©coĂ©pidĂ©miologistes. Mi-2021, il ne semble toujours pas y avoir eu de programme de recherche systĂ©matique de prions sur le terrain au sein la faune sauvage (malgrĂ© la dispersion accidentelle de farines animales Ă  risque dans l'environnement (Ă  partir d'entrepĂŽts de stockage en mauvais Ă©tat). La connaissance thĂ©orique des maladies Ă  prion chez l'animal a cependant avancĂ© : elle a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e en laboratoire par l'Inra, qui a rĂ©pondu a une sĂ©rie d’appels d’offres (INRA en interne, interministĂ©riels, GIS Prions, Union EuropĂ©enne) ; six dĂ©partements de recherche de l'INRA[81] ont Ă  partir de 2004 initiĂ© des projets de recherche relatifs aux maladies Ă  prions, mais sans crĂ©ation de poste (« cet intense effort de mobilisation s’est accompli essentiellement par mobilitĂ© thĂ©matique (et non pas Ă  la faveur de recrutements nouveaux), ce qui a reprĂ©sentĂ© pour chacun des chercheurs engagĂ©s un effort personnel de remise en cause l’obligeant Ă  repartir de zĂ©ro dans un domaine totalement nouveau, en abandonnant des recherches oĂč chacun avait acquis un positionnement national et international »[82]. Ces Ă©tudes ont portĂ© sur l'ESB bovine et la tremblante du mouton, avec des sĂ©minaires INRA organisĂ©s en 1998, 2000 et 2003, des publications, des applications zootechniques (tests de diagnostic rapide, amĂ©lioration des protocoles de biosĂ©curitĂ© du retraitement des farines animales ; brevet dĂ©posĂ© en mars 2004). Les rĂ©sultats de ces huit ans de recherches ont Ă©tĂ© publiĂ©s dans un numĂ©ro spĂ©cial de la revue Productions animales en 2004[82]. En forĂȘt domaniale, l'ONF a - dans le cadre de certains baux de « lots de chasse », pour d'autres raisons (limiter les surpopulation de cervidĂ©s et/ou sangliers) - Ă  partir de 2004, commencĂ© Ă  interdire l'agrainage intensif et/ou Ă  le rĂ©glementer (clauses imposĂ©es aux chasseurs dans ces baux).

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Voir aussi

Articles connexes

Généralités sur les prions et ES

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Articles spécialisés

Liens externes

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