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Lion des cavernes eurasiatique

Le lion des cavernes eurasiatique (Panthera spelaea) est une espĂšce disparue de grands fĂ©lins du genre Panthera, qui peuplait l’Eurasie durant la seconde moitiĂ© du PlĂ©istocĂšne. Il regroupe plusieurs sous-espĂšces connues sous le nom de « lion des cavernes ».

Il a Ă©tĂ© l'un des plus importants prĂ©dateurs du PlĂ©istocĂšne moyen et supĂ©rieur. Probablement originaire d'Afrique, ancĂȘtre du lion (Panthera leo, Linnaeus), il s'est installĂ© en Europe avant de s'Ă©tendre peu Ă  peu vers l'Asie, puis l'AmĂ©rique du Nord. Le lion des cavernes a disparu il y a environ 11 000 ans, en mĂȘme temps que ses proies adaptĂ©es au climat steppique qui a pris fin lors du rĂ©chauffement climatique relativement rapide marquant le dĂ©but de l'HolocĂšne.

Son extinction pourrait avoir Ă©tĂ© provoquĂ©e par le rĂ©chauffement rapide du climat lors de l'interstade du « Groenland 1 Â», intervenu il y a environ 14 700 ans avant J.C., entraĂźnant la disparition de ses proies[1]. Les datations carbone obtenues en spectromĂ©trie de masse par accĂ©lĂ©rateur datent cette extinction en Eurasie entre environ 14 500 et 14 000 ans avant J.C., et en AmĂ©rique du Nord (Alaska et Yukon), d'environ 1 000 ans plus tard[1].

Il a été décrit par le paléontologue allemand Georg August Goldfuss en 1810 sous le nom scientifique Felis spelaea[2].

L'analyse phylogénétique d'os fossiles montre qu'il était nettement distinct et génétiquement isolé du lion moderne[3].

Panthera spelaea

Panthera spelaea
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Lion des cavernes, peint par Mauricio Anton.

EspĂšce

† Panthera spelaea
(Goldfuss, 1810)

Synonymes

† Panthera leo spelaea
(Goldfuss, 1810
)

Répartition géographique

Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
La couleur orange indique la répartition géographique du Lion des cavernes.

Statut de conservation UICN

(EX)
EX : Éteint

Apparence et mensurations

Le squelette du lion des cavernes vu par W. Bölsche en 1896.
Lions des cavernes, selon une réplique des peintures de la grotte Chauvet, au musée Anthropos de Brno. On les décrit parfois comme « lionnes des cavernes », du fait de l'absence de criniÚre.
Panthera spelaea (Montmaurin) - Muséum de Toulouse.

Le lion des cavernes fut probablement l’un des plus gros fĂ©lins de tous les temps. Certaines sources pensaient, sur la base de l'examen de la forme du crĂąne, que cet animal Ă©tait plutĂŽt apparentĂ© au tigre, et que, mieux que Panthera leo spelaea, il conviendrait donc de l'appeler Panthera tigris spelaea[4]. Cependant, les analyses gĂ©nĂ©tiques rĂ©centes sur l'ADN fossile ont montrĂ© que de tous les fĂ©lidĂ©s actuels, c'est du lion moderne qu'il est en fait le plus proche[3], tout en Ă©tant une espĂšce diffĂ©rente ayant divergĂ© de ce dernier il y a environ 1,9 million d'annĂ©es[5] - [6].

Tous les indices montrant l’apparence des lions des cavernes sont gravĂ©s, peints ou sculptĂ©s par nos ancĂȘtres, les hommes prĂ©historiques.

  • Une sculpture provenant de la grotte de Vogelherd (Allemagne) montre une tĂȘte de lion (d’environ cm) possĂ©dant des oreilles rondes et de profondes entailles interprĂ©tĂ©es comme une criniĂšre.
  • Des gravures de lions en pleine course provenant de la grotte de La Vache (AriĂšge) ne possĂšdent pas de criniĂšre (probablement des femelles) et montrent clairement une queue touffue et un museau moustachu.
  • Une gravure de la grotte des Combarelles (Dordogne) et une figurine sculptĂ©e dans de l’ivoire de mammouth montrant un homme portant une fourrure rayĂ©e d’un grand fĂ©lin (trouvĂ©e Ă  Mal’ta, en Russie), laissent penser que les lions des cavernes Ă©taient rayĂ©s — d’ailleurs, serait-ce un tigre ?
  • Les peintures de la grotte Chauvet (ArdĂšche) montrent des lions Ă  queues touffues, de pelage uni fauve et Ă  vibrisses. Aucun fauve n’est reprĂ©sentĂ© ornĂ© d’une criniĂšre, ce qui laisse dĂ©duire que soit ce sont toutes des lionnes, soit que les mĂąles ne possĂ©daient pas de criniĂšre ; pourtant, certaines reprĂ©sentations montrent probablement des mĂąles, la forme de leur cou est plus Ă©paisse, ce qui laisse penser que les criniĂšres sont simplement reprĂ©sentĂ©es par un cou plus Ă©pais.

Les scientifiques se font donc une assez bonne idĂ©e de l’apparence de ce gros fĂ©lin ; ces indices, et bien d’autres, montrent donc un gros fĂ©lin Ă  queue touffue, Ă  pelage faiblement rayĂ© et, pour les mĂąles, une courte criniĂšre.

Le squelette du lion des cavernes européen du Musée d'histoire naturelle de Vienne.
CrĂąne de Panthera spelaea.

Les mensurations des lions des cavernes sont uniquement basĂ©es sur les fossiles. La plupart devaient avoir une taille plus modeste, un crĂąne trouvĂ© prĂšs de Vence (Alpes-Maritimes) mesurant 36 cm (30 Ă  40 cm chez les lions actuels). Le plus grand crĂąne de lion des cavernes provient d’Angleterre et mesure 43 cm. Cependant, les lions des cavernes possĂ©daient un crĂąne plus court que ceux des lions actuels, ce qui laisse penser, par dĂ©duction, qu’ils Ă©taient plus grands. On note Ă©galement des diffĂ©rences au niveau des Ă©paules et du cou, des membres, de la colonne vertĂ©brale et de la boĂźte crĂąnienne. Les mĂąles pesaient entre 250 et 320 kg (chez les lions modernes, le poids varie entre 140 et 215 kg), et les femelles, plus petites, prĂšs de 175 kg (contre 110 Ă  170 kg pour une lionne moderne). Cependant, certains spĂ©cimens devaient atteindre une taille bien plus imposante. En effet, au musĂ©e prĂ©historique de la Roche de SolutrĂ© est conservĂ© le crĂąne d'un lion des cavernes retrouvĂ© non loin, dans la BrĂšche du ChĂąteau, et mesurant approximativement 1,42 mĂštre au garrot pour une masse de 500 kilogrammes environ.

Le lion des cavernes Ă©tait gĂ©nĂ©ralement de trĂšs grande taille, exceptĂ© dans quelques rĂ©gions nordiques oĂč une grande taille n'Ă©tait pas nĂ©cessaire[7]. Certains auteurs considĂšrent la taille comme un indicateur chronologique ; selon Ballesio[8], il existe deux formes : une grande, prĂ©sente notamment Ă  Gailenreuth, Lherm, ou Jaurens, et une petite, prĂ©sente Ă  la grotte du Bois de Cantet et dans d'autres sites magdalĂ©niens d'Europe septentrionale. Il semble plutĂŽt s'agir d'un dimorphisme sexuel[9], d'autant que les spĂ©cimens magdalĂ©niens, trĂšs fragmentaires, se rapprochent plus de Panthera leo que de Panthera spelaea.

RĂ©gime alimentaire et mode de vie

Le rĂ©gime du lion des cavernes Ă©tait, Ă  l'instar du lion actuel, carnivore, mais Ă©galement nĂ©crophage. Le statut de prĂ©dateur dominant lui Ă©tait allouĂ©, avec comme principales proies des bisons, des cerfs, des chevaux ou mĂȘme de jeunes mammouths. Une carcasse momifiĂ©e de bison (Bison priscus, Bojanus) a Ă©tĂ© retrouvĂ©e en 1979 en Alaska et a Ă©tĂ© datĂ©e d'environ 31 000 ans. Il semble que ce bison ait Ă©tĂ© tuĂ© par des lions ; sa peau porte de nombreuses traces de griffures, son museau porte des traces de morsures caractĂ©ristiques des grands fĂ©lins. Une carnassiĂšre a Ă©tĂ© retrouvĂ©e dans la peau de l'animal[10]. L'hypothĂšse de cette chasse n'est pas Ă  exclure car dans la grotte Chauvet ont Ă©tĂ© peints des panneaux associant ces deux espĂšces[11]. Il a souvent Ă©tĂ© admis que les lions des cavernes vivaient en petits groupes de quelques individus, Ă  la maniĂšre des lions actuels.

Le lion des cavernes vivait dans un environnement peuplĂ© de gros mammifĂšres : ours des cavernes (Ursus speleaus), mammouths (Mammuthus primigienus), bƓufs musquĂ©s (Ovibos moschatus), mĂ©gacĂ©ros (Megaloceros giganteus), antilopes saĂŻga (Saiga tatarica), bisons (Bison priscus) ou rennes (Rangifer tarandus). Ces derniers devaient ĂȘtre sa proie principale[12]. Il est Ă©galement contemporain des premiers humains modernes (Homo sapiens).

MalgrĂ© son nom, le lion des cavernes n’habitait probablement pas les abris souterrains, exceptĂ© l’hiver pour se protĂ©ger du froid.

Répartition géographique

ReprĂ©sentation d'un lion sur un rocher, ramassĂ© sur lui-mĂȘme en position couchĂ©e, prĂȘt Ă  bondir. Imagerie dans la caverne du Pont-d'Arc.
Reconstitution d'un lion des cavernes, Ă  la Caverne du Pont-d'Arc.

Le lion des cavernes a vĂ©cu entre −100 000 et environ −13 500 ans[1], succĂ©dant Ă  Panthera leo fossilis, plus grand et adaptĂ© Ă  un climat plus chaud.

Il Ă©tait le plus gros prĂ©dateur des deux derniĂšres pĂ©riodes glaciaires. Son aire de rĂ©partition s’étendait de la SibĂ©rie et de l'Alaska[1] (oĂč il cohabitait avec Panthera leo vereshchagini, un autre lion ainsi que certains fĂ©lins Ă  dents de sabre) jusqu’à l’Europe du Sud. MĂȘme si les lions des cavernes prĂ©fĂ©raient les climats plus clĂ©ments, ils frĂ©quentaient Ă©galement l’Eurasie lors des pĂ©riodes les plus froides.

Il existe plusieurs formes de lions des cavernes, dont la plus ancienne est Panthera spelaea fossilis (Reichenau, 1906), divergeant de la forme type de Gailenreuth par une plus grande taille ; elle a Ă©tĂ© trouvĂ©e dans les dĂ©pĂŽts du PlĂ©istocĂšne moyen dont les plus anciens, sur le site d'Isernia La Pineta (Italie), sont datĂ©s d'environ 700 000 ans ; on en trouve Ă©galement Ă  Mosbach II (syn. Panthera mosbachensis), Mauer (Allemagne), Atapuerca TD11-10 (Espagne) et Arago I-III (France). Également considĂ©rĂ© parfois comme sous-espĂšce de lion ou espĂšce distincte, cette forme serait venue d'Afrique et aurait laissĂ© place Ă  la forme type il y a environ 350 000 ans. De grands spĂ©cimens tel celui de Vence (Alpes-Maritimes) et de Cajare[13], marquent la transition entre Panthera spelaea fossilis et P. s. spelaea, ce dernier souvent distinguĂ© par une plus petite taille ; nĂ©anmoins, selon Argant[14] - [15] et d'autres auteurs, la taille n'est pas un caractĂšre suffisant pour diffĂ©rencier les deux sous-espĂšces du fait que certains spĂ©cimens du PlĂ©istocĂšne moyen terminal, tel celui de La Fage[16], sont de petites tailles ; Ă  l'inverse, certains spĂ©cimens du PlĂ©istocĂšne supĂ©rieur sont de grande taille, comme Ă  Siegsdorf[17], Arrikrutz[18] ou Gailenreuth[19].

Le lion des cavernes typique, P. s. spelaea, était présent de l'Espagne à la Russie, en passant par de nombreux pays tels la France, l'Italie, la Belgique, l'Allemagne, la Suisse, la Grande-Bretagne, l'Autriche et des Pays de l'Est jusqu'à la plaine russe et l'Oural.

Comme l'avait dĂ©jĂ  proposĂ© KurtĂ©n[20], les formes de plus petite taille, de SibĂ©rie orientale, d'Alaska et du Yukon (Canada), appartiennent Ă  une sous-espĂšce distincte, nommĂ©e P. spelaea vereshchagini[7] ; ces spĂ©cimens ont une taille plus petite et un crĂąne plus court que les formes europĂ©ennes de la mĂȘme Ă©poque.

À partir de 110 000 ans, au cours d'une pĂ©riode interglaciaire, les lions arrivent en Alberta et aux États-Unis. CaractĂ©risĂ©s par une Ă©norme taille, plus grande encore que celle de Panthera spelaea fossilis, ces lions des cavernes appartiennent Ă  la sous-espĂšce Panthera spelaea atrox, parfois considĂ©rĂ©e comme sous-espĂšce de lion, ou plus souvent comme espĂšce distincte. Une mĂąchoire de lion de taille importante fut trouvĂ©e en Alaska et fut rapportĂ©e Ă  P. spelaea atrox[21], ce qui contredit en partie la sous-espĂšce P. s. vereshchagini ; on peut donc en conclure que certains spĂ©cimens alaskiens Ă©voluĂšrent dĂ©jĂ  vers P. s. atrox. De trĂšs grands spĂ©cimens provenant du gisement de Rancho La Brea sont considĂ©rĂ©s comme les plus grands fĂ©lins de la planĂšte[22]. Une mĂąchoire provenant de Natchez (Mississippi) fut dĂ©crite par Leidy[23]. De nombreux fossiles proviennent des États-Unis, notamment de Californie, de Floride, du Kansas, du Nebraska, du Texas, du Dakota du Sud, plus rarement du Canada[24] et du Mexique[25].

Le lion des cavernes disparut avec le radoucissement climatique marquant la fin de la derniĂšre glaciation, il y a environ 11 000 ans. NĂ©anmoins, certains spĂ©cialistes tendent Ă  croire qu'il survĂ©cut quelque temps en SibĂ©rie, oĂč le climat lui Ă©tait encore favorable. Le lion actuel (Panthera leo) arriva en Europe il y a environ 12 000 ans et en disparut il y a entre 2300 et 1 900 ans, au Nord de la GrĂšce[26].

Taxinomie

La classification du lion des cavernes est toujours controversée, tantÎt classé comme une sous-espÚce de lion (Panthera leo spelaea), tantÎt comme une espÚce à part entiÚre (Panthera spelaea).

L'apparence des lions des cavernes a souvent été contestée durant ces deux derniers siÚcles, du fait que tantÎt il a été considéré comme une sous-espÚce de lion moderne[16], et tantÎt comme une sous-espÚce du tigre[27]. Les auteurs modernes tendent à croire qu'il s'agit d'une population de lions africains s'étant adaptés trÚs tÎt à un climat froid. Une étude basée sur quelques individus européens provenant d'Allemagne et d'Autriche montre que le phylum des lions des cavernes s'est détaché trÚs tÎt du phylum des lions modernes ; cette étude[28] inclut les lions des cavernes au sein du taxon Panthera leo mais l'éloignement génétique, en plus de l'adaptation flagrante au froid, porte à croire qu'il s'agit plutÎt d'une espÚce distincte[7] - [29].

L’histoire commence en 1810 quand G. A. Goldfuss dĂ©crivit cette espĂšce comme Felis spelaea, en le rapprochant du lion (Ă  l’époque Felis leo), puis, lorsque le lĂ©opard, le tigre, le lion et le jaguar furent classĂ©s dans le genre Panthera, le lion des cavernes y fut aussi (Panthera spelaea). En 1996, Groiss le classa parmi les tigres (Panthera tigris spelaea). Les derniĂšres Ă©tudes d’ADN prĂ©levĂ© sur quatre ossements provenant du Sud de l’Allemagne et un autre provenant d’Autriche montrent qu’il s’agissait en fait d’une sous-espĂšce de lion (Panthera leo spelaea) ; toutefois, il semble plus qu'il s'agisse d'une espĂšce distincte.

Phylogénie

Cladogramme basĂ© sur l'analyse phylogĂ©nĂ©tique des espĂšces vivantes et Ă©teintes (†) du genre Panthera rĂ©alisĂ©e par P. Piras et ses collĂšgues en 2018[30]. P. spelaea y est placĂ©e en groupe frĂšre du Lion d'AmĂ©rique (Panthera atrox) :

Liste des sous-espĂšces et leurs principaux gisements

Isernia La Pineta, Mauer (Heidelberg), Mosbach, Atapuerca, Azé, Arago


Gailenreuth, Grotte de Goyet, Arrikrutz, Siegsodrf, Artenac, Vence, La Fage, Jaurens, Lherm


Kolyma, Fairbanks Creek, Last Chance Creek, grottes de Bluefish, Kaolak


Synonymie et nomen dubium de Panthera spelaea

  • P. s. fossilis (Reichenau, 1906) : P. fossilis, P. leo fossilis, P. mosbachensis (Mosbach).
  • P. s. spelaea (type, Goldfuss, 1810) : Felis spelaea, F. leo spelaea, P. leo spelaea, P. tigris spelaea, P. spelaea, Felis youngi (Chou Kou Tien), F. leo « Edwardsi » (Vence), P. (leo) spelaea « Clouet »' (Bois de Cantet), F. spelaea « Bayoli » (La BalauziĂšre).
  • P. s. vereshchagini (Baryshnikov & Boeskorov, 2001) : P. leo vereshchagini.
  • P. s. atrox (Leidy, 1853) : Felis atrox, P. atrox, Felis imperialis (Livermore Valley), Felis atrox var. bebbi (Rancho La Brea), Felis atrox « Alaskensis » (Fairbanks Creek), P. tigris atrox.

Art préhistorique

Dent de lion percée - Grotte Duruthy - Muséum de Toulouse
Diverticule des félins dans la grotte de Lascaux.

Les fĂ©lins sont assez peu reprĂ©sentĂ©s dans l'art pariĂ©tal palĂ©olithique. Chaque grotte ornĂ©e ne compte qu'une ou deux figurations de fĂ©lin. La grotte des Trois-FrĂšres en possĂšde six, la grotte de Lascaux en Dordogne prĂ©sente onze fĂ©lins peints ou gravĂ©s et la grotte Chauvet en ArdĂšche en prĂ©sente 75. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, ils sont prĂ©sents dans des parties de la grotte reculĂ©es et difficile d'accĂšs et sont de plus d'une qualitĂ© graphique bien infĂ©rieure Ă  celle observĂ©e sur les chevaux ou les bisons par exemple. La grotte Chauvet-Pont-d’Arc fait office d'exception[31]. Les fĂ©lins peuvent ĂȘtre peints, gravĂ©s sur la roche ou sur l'os ou modelĂ©s dans l'argile. Quant Ă  l'espĂšce de fĂ©lin reprĂ©sentĂ©e, la grotte des Trois-FrĂšres permet de clairement identifier le lion des cavernes plutĂŽt que le tigre en raison de la prĂ©sence d'un toupet de poil au bout de la queue[Note 1] - [32].

Le lion des cavernes est Ă©galement sculptĂ© dans la paroi du Roc-aux-Sorciers, Ă  Angles-sur-l'Anglin, sur une frise datant d'il y a 15 000 ans

Dans la grotte Chauvet — et les autres —, les figures attribuĂ©es Ă  des lions des cavernes sont semblables ; on retrouve toujours de grands fĂ©lins Ă  pelage Ă©pais et unis, Ă  « pinceau » (bout de la queue) noir, Ă  oreilles rondes, Ă  trois ou quatre rangĂ©es de vibrisses, Ă  truffe arrondie et Ă  museau allongĂ© ; curieusement, les figures reprĂ©sentant des mĂąles (comme l'atteste la figuration des testicules) ne possĂšdent pas de criniĂšres, mais simplement une boursouflure au niveau du cou[11], ce qui permet de conclure que les lions des cavernes mĂąles n'avaient pas de criniĂšres contrairement aux lions d'Afrique actuels.


La grotte Chauvet (Aurignacien) montre surtout la chasse ou le comportement des lions dans une fresque oĂč sont reprĂ©sentĂ©es plusieurs espĂšces telles que le bison (Bison priscus), le rhinocĂ©ros laineux (Coelodonta antiquitatis), un jeune mammouth (Mammuthus primigienus) et des chevaux (Equus ferus) accompagnĂ©s d’une quinzaine de lionnes. Dans la grotte de Lascaux (MagdalĂ©nien ou SolutrĂ©en), les lions figurĂ©s semblent Ă©voquer la chasse : une paroi montre des lions couverts de traits Ă©voquant des lances, saignant et crachant. Comme l’ours des cavernes, le bison et le rhinocĂ©ros, le lion des cavernes a pu jouer un rĂŽle important dans les croyances des hommes prĂ©historiques.

Le lion est représenté la face tournée vers l'observateur et non de profil dans l'art préhistorique africain. En effet, des légendes lui attribuent des pouvoirs magiques liés à son regard. De telles représentations du Paléolithique supérieur se retrouvent à In Habeter dans le Fezzan, à Jacou dans l'Atlas saharien, mais également dans la grotte des Trois-FrÚres, en France[33].

L’homme lion, sculpture d'ivoire de mammouth du PalĂ©olithique supĂ©rieur (Aurignacien) de prĂšs de trente centimĂštres de haut, qui reprĂ©sente le corps d'un homme surmontĂ© d'une tĂȘte de lion des cavernes et est l'une des plus anciennes Ɠuvres d'art connues. Elle incarnait peut-ĂȘtre une divinitĂ©[34].

Grotte de Vogelherd

Plusieurs campagnes de fouilles menĂ©es dans la grotte de Vogelherd en Allemagne ont mis au jour de nombreuses figurines reprĂ©sentant des fĂ©lins. Les sculptures en ivoire de la grotte de Vogelherd sont parmi les Ɠuvres les plus connues de l'art du PalĂ©olithique supĂ©rieur. Une importante proportion recueillies correspondent aux niveaux stratigraphiques de l'Ă©poque aurignacienne. Ces horizons stratigraphiques comportent de nombreuses figurines zoomorphiques (fĂ©lidĂ©s, bisons, chevaux et mammouths) et d'une statuette anthropomorphique « schĂ©matisĂ©e Â» et sculptĂ©e en ronde-bosse[36].

Les objets dĂ©couverts dans la grotte prĂ©sentent la mĂȘme thĂ©matique que les reprĂ©sentations pariĂ©tales mises en Ă©vidence dans les grottes d'AldĂšne et de Chauvet. Comme les figurines de la grotte de Vogelherd, une forte proportion des peintures et gravures des grottes de l'ArdĂšche et de l'HĂ©rault reprĂ©sentent des animaux carnivores[37] - [38], et en particulier des Ɠuvres figurant des lions des cavernes[39]. Deux figurines de fĂ©lidĂ©s, dont les cous sont Ă©tendus vers l'avant, prĂ©sentent la mĂȘme particularitĂ© que les reprĂ©sentations pariĂ©tales de lions des cavernes dĂ©couverts dans la grotte Chauvet[37] - [38]. En outre, ils sont reprĂ©sentĂ©s dans des postures agressives[36]. Deux statuettes prĂ©sentent des marques en pointillĂ© comparables Ă  celles observĂ©es sur les figurines mises en Ă©vidence dans l'abri Morin, en Gironde[40].

Figurines de félidés

L’instrumentum artisanal issu de la Vogelherd comprend plusieurs figurines de fĂ©lidĂ©s. L'une d'entre elles reprĂ©sente un lion des cavernes mesurant 72 mm de long pour 11 mm de large et 53 mm de haut[41]. Les oreilles de l'animal sont couchĂ©es et correctement sculptĂ©es[41]. À contrario, les yeux et la gueule du lion des cavernes ont Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©s avec plus de nĂ©gligence[41]. Le corps de l'animal est en grande partie recouvert de rangĂ©es de points tracĂ©es parallĂšlement[41]. L'abdomen prĂ©sente des motifs en forme de losange[41]. Les pattes de l'animal sont rĂ©duites Ă  des moignons[41].

Une seconde figurine de lion des cavernes mesure 2,95 Ă— 2,15 cm pour une Ă©paisseur de mm. La piĂšce a subi une cassure en coupe horizontale au niveau de ses pattes. Des incisions et marques poinçonnĂ©es ont Ă©tĂ© pratiquĂ©es sur son corps[42]. En outre, la statuette est dĂ©pourvue de criniĂšre[43]. Une troisiĂšme statuette de fĂ©lin, reprĂ©sentant une panthĂšre (ou une lionne), a Ă©tĂ© mise au jour[42] - [44]. La piĂšce mesure 6,85 cm de long pour 1,5 cm de large et 2,45 cm de haut[44]. Sur la surface du corps de l'animal, des motifs en forme de fossettes ont Ă©tĂ© incisĂ©s[44]. La nuque du fĂ©lin porte 6 sillons parallĂšles[44]. G. Freund remarque que la conception stylistique de la piĂšce, et en particulier sa gueule, confĂšre Ă  la figurine « un caractĂšre dangereux »[44]. Pour AndrĂ© Leroi-Gourhan, la rĂ©plĂ©tion de marques incisĂ©es en forme de ponctuation identifiĂ©es sur les parties dorsale, abdominale et les cuisses des deux figurines, associĂ©e, pour l'une d'entre elles, Ă  des marques en croisillons pratiquĂ©es sur le flanc, suggĂšrent que ces statuettes reprĂ©sentent des « panthĂšres tachetĂ©es »[40].

Une figurine, mesure 58 mm de long pour 14 mm de large et 24 mm de haut[45], fabriquĂ©e en ivoire de mammouth est d'abord retrouvĂ©e incomplĂšte (sans tĂȘte) dans les annĂ©es 1930[45] - [46]. La tĂȘte de l'animal est mise en Ă©vidence durant la campagne de fouilles de 2005-2012, en 2013[46] - [45]. Le remontage des deux fragments (corps et tĂȘte) a permis de mettre en Ă©vidence que l'ensemble de la statuette reprĂ©sente un ours ou un lion[46] - [45].

D'autres petites sculptures attribuĂ©es Ă  l'Aurignacien et confectionnĂ©es dans de l'ivoire de mammouth ont Ă©tĂ© mises en Ă©vidence[47] : des statuettes reprĂ©sentant des grands fĂ©lins[47], dont un torse de lion des cavernes de 5,6 cm de long, datĂ© d'environ 35 000 AP[48] - [49] - [50], une tĂȘte de lion de 1,8 Ă— 2,5 Ă— 0,6 cm et datĂ©e d'environ 35 000 AP[51], ainsi que deux autres figurines animales, l'une reprĂ©sentant un poisson et l'autre un hĂ©risson[52] - [53].

  • Photographie en couleurs sur fond noir d'une statuette en ivoire posĂ©e sur un socle noir et reprĂ©sentant un lion des cavernes aux pattes amputĂ©es.
    Lion des cavernes[41].
  • Photographie en couleurs et de profil d'une statuette en ivoire reprĂ©sentant un lĂ©opard des neiges, le corps fixĂ© sur un axe en verre, l'Ă©chine marquĂ©e d'incise, la gueule entrouverte et au flanc postĂ©rieur gauche disparu.
    Figurine représentant une panthÚre ou une lionne[44] - [41] - [42].
  • Photographie en couleurs sur fond noir et vue du dessus d'une statuette en ivoire reprĂ©sentant un ours des cavernes, ses pattes amputĂ©es reposant sur un socle de verre.
    Figurine d'ours ou de lion[46] - [45].

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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Notes et références

Sources

Notes

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