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Histoire de La RĂ©union

Cette article relate les faits saillants de l'histoire de la Réunion, une île du Sud-Ouest de l'océan Indien qui, est un département et une région d'outre-mer français (DROM). Elle est située dans l'archipel des Mascareignes à environ 700 kilomètres à l'est de Madagascar et à 170 kilomètres au sud-ouest de l'île Maurice, terre la plus proche.

Histoire de la RĂ©union
Description de cette image, également commentée ci-après
Chronologie
1153 Le géographe arabe Al Idrissi cartographie l'île sous le nom de « Dina Morgabin ».
1513 Les Portugais y débarquent. Le navigateur Pedro de Mascarenhas donne son nom à l'archipel des Mascareignes, composé de la Réunion, de Maurice et de Rodrigues.
1642 Au nom du roi Louis XIII, les Français s'approprient le territoire, baptisé « île Bourbon ».
1663 Le colon Louis Payen s'y installe avec des esclaves malgaches.
1665 Création de la Compagnie française des Indes orientales par Jean-Baptiste Colbert, qui envoie 4 navires sur l'île. Etienne Regnault en devient le premier gouverneur.
1668 Anne Mousse, surnommée « grand-mère des Réunionais », est la première femme à naître sur l'île.
1715 Le gouverneur de Bourbon Antoine Desforges-Boucher y impose la culture du café. Utilisation d'esclaves africains et malgaches pour l'exploitation agricole.
1793 Lors de la Révolution française, le territoire est renommé « île de la Réunion » sans doute en hommage à la réunion des révolutionnaires parisiens et marseillais.
1796 Les colons refusent l'abolition de l'esclavage.
1806 Sous le Premier Empire, le territoire est rebaptisé « île Bonaparte ».
1807 Une série de catastrophes naturelles ravage les plantations de caféiers et girofliers. La France commence à y implanter de la canne à sucre.
1811 RĂ©volte d'esclaves de Saint-Leu.
1840 L'esclave Edmond Albius découvre le procédé de fécondation de la vanille.
20 décembre 1848 L'abolition de l'esclavage est proclamée. 62 000 esclaves sont libérés. Début de l'engagisme : les planteurs font désormais appel à la main d'œuvre indienne.
1865 Crise de la canne à sucre, concurrencée par la betterave à sucre.
début du XXe Immigration indo-musulmane et chinoise.
1914-1918 Première Guerre mondiale : ~10% de la population est mobilisée.
1918 Grippe espagnole : ~10% de la population est décimée.
1946 La Réunion devient un département d’outre-mer.
1997 L'île obtient le statut de région ultrapériphérique de l’Union européenne.

Chronologie

Avant le XVIe siècle, seuls les Arabes et les Austronésiens (habitant l'Indonésie et la Malaisie d'aujourd'hui) connaissent l'océan Indien. Le premier nom donné à La Réunion le fut par les Arabes bien avant 1450 : « Dina Morgabin », qui signifie l'île de l’Ouest.

En 1498, Vasco de Gama arrive dans cet océan, remonte le canal du Mozambique, explore Madagascar, l'île de Mozambique et va jusqu'à Calicut, en Inde. Au passage, il détruit la ville de Kingani au nord de Madagascar. La colonisation européenne de l'océan Indien commence avec cette première grande expédition.

1502-1664 : de la découverte au peuplement

Deux Hollandais assis sur une tortue aux premières heures de l'histoire de La Réunion.

Après les Portugais, les Anglais et les Hollandais, les Français s'engagent dans l'entreprise coloniale. Ils « découvrent » les îles et s'y installent, utilisant la main-d'œuvre esclave, achetée principalement en Afrique et à Madagascar…

  • 1504 : le premier navigateur europĂ©en Ă  avoir croisĂ© au large de La RĂ©union est le Portugais Diogo Fernandes Pereira. Il lui donne le nom de Santa Apollonia.
  • 1513 : Pedro de Mascarenhas passant au large de l'archipel formĂ© par La RĂ©union, Maurice et Rodrigues lui donne son nom : Mascarenhas qui deviendra en français Mascareignes.
  • 1611 : le 27 dĂ©cembre, l'expĂ©dition de l'amiral hollandais Pieter Willemsz Verhoeff (Pierre-Guillaume Veruff), de retour de Java, passe Ă  vue de La RĂ©union, mais n'y dĂ©barque pas.
  • 1613 : le 23 mars, le navire Pearl, de retour de Ceylan, fait escale Ă  La RĂ©union et son capitaine, Samuel Castelton, baptise l'Ă®le encore inhabitĂ©e England's forest[1]. Il dĂ©crit une Ă®le paradisiaque vierge avec des cours d'eau, des animaux : tortues, tourterelles, perroquets, ibis de La RĂ©union (ou solitaire), anguilles, canards, oies, tous extrĂŞmement facile Ă  tuer.
  • 1638 : le 25 juin, première prise de possession de l'Ă®le Mascarin (future RĂ©union) par Salomon Gaubert, capitaine du Saint-Alexis, sur lequel Ă©tait embarquĂ© François Cauche, premier historien de Madagascar.
  • 1642 : le 29 juin, les Français prennent une seconde fois possession de Mascarin au nom du roi de France et la rebaptisent ĂŽle de Bourbon. Premier dĂ©barquement Ă  Saint-Paul de Jacques Pronis, commis de la compagnie des Indes et commandant Ă  Madagascar, prit Ă  son tour possession de la RĂ©union, en septembre 1642 (ou 1643 ?).
  • 1646 : Jean Leclerc dit des Roquettes et 11 autres mutins de Fort-Dauphin (petit comptoir vers la route des Indes dans le Sud de Madagascar) sont abandonnĂ©s Ă  La RĂ©union avec quelques chèvres et des semences. Ils s'installent Ă  l'endroit qui deviendra le Quartier français de Sainte-Suzanne / Saint AndrĂ©. Le 7 septembre 1649, on les ramène, contre leur grĂ©, Ă  Fort-Dauphin. Une première carte de l'Ă®le est dressĂ©e avec les informations de ces mutins[2].
  • 1649 : dĂ©cembre, Étienne de Flacourt est sĂ©duit par la description de l'Ă®le faite par les mutins. L'Ă®le prend alors de l'intĂ©rĂŞt. Sur le bateau Le Saint-Laurent, le capitaine Roger Le Bourg, envoyĂ© par de Flacourt, prend Ă  nouveau possession de l’île, en dĂ©barquant au lieu-dit la Possession. Il la baptise “Île Bourbon”. Quatre gĂ©nisses et un taureau sont dĂ©barquĂ©s, mais l'Ă®le reste vierge.
  • 1654 : le 2 octobre, Antoine Couillard dit le taureau ou Maravole, dĂ©barque de l'Ours en baie de Saint-Paul avec 5 vaches, un taureau, des cochons, de la volaille et des plants de tabac. Il est accompagnĂ© de 12 hommes dont 6 malgaches. Ils repartent en 1658 sur un navire anglais.:
  • 1663 : le 10 novembre, le Saint-Charles en provenance de Fort-Dauphin, mouille Ă  la grotte des Premiers Français Ă  Saint-Paul. L'Ă®le Bourbon est dès lors dĂ©finitivement occupĂ©e. Deux Français dont Louis Payen, dĂ©barquent avec dix serviteurs malgaches dont trois femmes. L'Ă®le devient colonie Ă  part entière et aussi la première base française de l'ocĂ©an Indien.

1665-1764 : la période de la Compagnie des Indes

Pendant un siècle, la Compagnie des Indes administre directement l'île Bourbon qui lui est concédée par le Roi de France. En 1665, l'île accueille son premier gouverneur, Étienne Regnault, agent de la Compagnie des Indes. L'administration crée les premiers quartiers, exploite les richesses (tortues, gibier…) et accorde les premières concessions. En 1667 naît le premier enfant connu de Bourbon : Estienne Cazan ; en avril 1668, ce sera le tour de la première fille Anne Mousse dont les parents, Marie Caze et Jean Mousse faisaient partie des malgaches débarqués avec Louis Payen. La colonisation définitive de l'île commence avec l'arrivée des premiers colons français accompagnés d'une main-d'œuvre malgache qui n'est pas encore officiellement asservie. Les « serviteurs » sont au service des colons de la Compagnie des Indes.

  • 1665 : Étienne Regnault devient chef de la première vĂ©ritable colonie. L'Ă®le Bourbon compte 30 Ă  35 personnes. La colonie est basĂ©e au camp Jacques Ă  droite de l'embouchure de l'Ă©tang de Saint-Paul.
  • 1667 : naissance de Saint-Denis et de Sainte-Suzanne. Le Saint Jean appartenant Ă  la flotte du marquis de Montvergne, dĂ©barque 200 malades, 5 jeunes femmes et 1 prĂŞtre et la mĂŞme annĂ©e les 5 premiers mariages sont cĂ©lĂ©brĂ©s dans l’île.
  • 1671 : l'Ă®le Bourbon compte 76 personnes.
  • 1674 : l'Ă®le Bourbon accueille les rescapĂ©s du massacre de Fort-Dauphin, et devient alors la seule escale française sur la route des Indes. L'Ă®le compte alors 150 personnes. Pendant six ans, l'Ă®le va tomber dans l'oubli et la colonie va prospĂ©rer.
  • 1680 : le Père Bernardin essaye d'intĂ©resser Louis XIV Ă  l'Ă®le Bourbon.
  • 1686 : l'Ă®le Bourbon compte 216 personnes.
  • 1689 : M. Henri Habert de Vauboulon devient le premier administrateur et lĂ©gislateur de l'Ă®le.
  • 1700 : Versailles prend en considĂ©ration cette escale sur la route des Indes. L'Ă®le est de plus en plus frĂ©quentĂ©e.
  • 1704 : l'Ă®le compte 734 personnes.
  • 1708 : 1re expĂ©dition de Moka qui ramène 1 500 tonnes de cafĂ© du YĂ©men Ă  Saint-Malo.
  • 1712 : 2e expĂ©dition de Moka.
  • 1715 : la Compagnie des Indes orientales charge Guillaume Dufresne d'Arsel d’implanter Ă  La RĂ©union des plants de Moka, via la troisième des expĂ©ditions de Moka. Dès , six plants de Moka, offerts par le sultan du YĂ©men, sont ensemencĂ©s Ă  Saint-Paul de la RĂ©union, sous l'autoritĂ© du gouverneur de La RĂ©union Antoine Desforges-Boucher. La Compagnie des Indes orientales organise la production, l'achat de graines, construit des greniers et des routes. Elle offre des concessions gratuites Ă  tout colon de 15 Ă  60 acceptant d'entretenir 100 plants de cafĂ©.
  • 1718 : nouvelle richesse de l'Ă®le, le cafĂ© fait entrer Bourbon dans la grande aventure de la prospĂ©ritĂ© Ă©conomique. Le dĂ©veloppement de cette ressource s'accompagne d'un fort courant d'importation d'esclaves.
  • 1719 : jusqu'en 1735, l'exportation annuelle de cafĂ© atteint les 100 000 livres. L'Ă®le Bourbon « accueille » 1 500 esclaves supplĂ©mentaires par an. Ils proviennent d'Afrique, de l'Inde et de Madagascar.
  • 1728 : dans une lettre au ministre de la Marine du , le gouverneur de La RĂ©union Pierre-BenoĂ®t Dumas s'enthousiasme : « On ne peut rien voir de plus beau que les plantations de cafĂ© qui se multiplient Ă  l'infini. Cette Ă®le sera dans peu capable d'en fournir au-delĂ  de la consommation du royaume ».
  • 1735 : Bertrand-François MahĂ© de La Bourdonnais devient le premier gouverneur gĂ©nĂ©ral des Ă®les de Bourbon et de France. Il transfère le siège du gouvernement de Saint-Denis Ă  Port Louis et de ce fait privilĂ©gie l'Ă®le de France Ă  Bourbon, car elle bĂ©nĂ©ficie d'un port naturel, Port-Louis, base navale idĂ©ale pour la lutte maritime que se livrent l'Angleterre et la France pour la domination de l'Inde. L'Ă®le Bourbon est cantonnĂ©e au rĂ´le de pourvoyeuse de l'Ă®le de France et des flottes de guerre et de commerce en denrĂ©es alimentaires. Il mate les mouvements de rĂ©sistance en transfĂ©rant les hommes d'une Ă®le Ă  l'autre. Il met en place la chasse aux noirs Ă  La RĂ©union et organise des milices pour faire des battues et aller « dĂ©nicher les marrons ».
  • 1738 : Saint-Denis devient le chef-lieu de l'Ă®le au dĂ©triment de Saint-Paul.
  • 1741 : les jeunes de l'Ă®le Bourbon sont recrutĂ©s pour la guerre contre les Britanniques en Inde.
  • 1744 : la production de cafĂ© atteint 2 500 000 livres. L'Ă®le compte 2 500 habitants.
  • 1751 : publication de l'EncyclopĂ©die de Diderot et d'Alembert, qui dĂ©finit ainsi l'Ă®le Bourbon, encore appelĂ©e Mascareigne :

« île d’Afrique dans l’Océan éthiopique à l’orient de l’île de Madagascar. Elle peut avoir 15 lieues de long, 10 de large & 40 de tour. Elle fut découverte par un Portugais de la maison de Mascarenhas. Les François s’y établirent en 1672 ; c’est l’entrepôt des vaisseaux de la compagnie des Indes. Elle est fertile, l’air y est sain, les rivieres poissonneuses, & les montagnes pleines de gibier. On recueille sur le rivage de l’ambre gris, du corail, des coquillages ; mais la fréquence & la violence des ouragans y désolent tous les biens qui sont sur terre[3]. »

  • 1754 :il y a 3 376 blancs et 13 517 esclaves. (recensement effectuĂ© par le Conseil supĂ©rieur de l'Ă®le).
  • 1756 : jusqu'en 1763, l'Ă®le Bourbon participe au conflit opposant la France Ă  la Grande-Bretagne en Inde.
  • 1763 : l'Ă®le compte 22 000 personnes dont 18 000 esclaves.
  • 1764 :le roi rachète les Mascareignes Ă  la Compagnie des Indes après la faillite de cette dernière. L'Ă®le entre pendant 30 ans dans une pĂ©riode Ă©conomique très faste avec l'exportation des Ă©pices et du cafĂ©.

1764-1789 : la période royale

Dans cette période, l'île connaît de nombreux changements administratifs et judiciaires. Sur le plan économique, c'est la période des épices. Le gouverneur Pierre Poivre introduit notamment des épices (girofle, muscade) qui apportent un modeste complément à la culture du café. L'action de Pierre Poivre a considérablement enrichi et diversifié la flore de l'île.

  • 1767 : le 14 juillet, la France rĂ©cupère officiellement les Mascareignes.
  • 1768 :l'Ă®le Bourbon compte 45 000 esclaves et 26 284 habitants libres (Blancs et libres de couleur).
  • 1772 : plantation des premiers girofliers dans l'Ă®le.
  • 1788 : l'Ă®le compte 47 195 habitants.

1789-1819 : la période révolutionnaire et impériale

La culture du café à l'île Bourbon (aquarelle attribuée à J. J. Patu de Rosemont, début du XIXe siècle).

C'est une période trouble pour l'île, qui subit les contrecoups des guerres de la Révolution et l'Empire. Les tensions naissent surtout quand l'assemblée coloniale créée par la Révolution refuse d'abolir l'esclavage.

L'île Bourbon devient en 1793 l'île de la Réunion. Cependant, Napoléon transforme à nouveau le statut de la colonie en la plaçant sous l'autorité d'un capitaine général résidant sur l’île de France. L'assemblée coloniale est supprimée et l'esclavage rétabli en 1802.

L'île prend le nom d'« île Bonaparte » en 1806. Elle reprendra le nom de Bourbon en 1814.

  • 1789 : rĂ©volution : l'assemblĂ©e coloniale prend le pouvoir aux mains de l'administration royale.
  • 1793 : jusqu'en 1795, l'Ă®le connaĂ®t une grave pĂ©nurie de denrĂ©es alimentaires, mais grâce aux corsaires, elle parvient Ă  subsister.
  • 1794 : le 8 avril, l'Ă®le rompt avec le passĂ© et adopte le nom d'Ă®le de La RĂ©union Ă  la suite de La RĂ©union des rĂ©volutionnaires qui ont chassĂ© le roi Bourbon du trĂ´ne. Le gouverneur royaliste est arrĂŞtĂ©.
  • 1795 : l'Ă®le refuse l'abolition de l'esclavage mais adopte un système plus souple. La RĂ©union est soumise au rĂ©gime rĂ©volutionnaire montagnard.
  • 1796 : refus officiel de l'abolition de l'esclavage.
  • 1798 : la RĂ©union devient hors-la-loi vis-Ă -vis de la mĂ©tropole et s'enferme dans une autonomie.
  • 1799 : l'assemblĂ©e coloniale impose Ă  l'Ă®le une vĂ©ritable dictature.
  • 1801 : la RĂ©union revient sous le contrĂ´le de la France après la prise de pouvoir de Bonaparte.
  • 1802 : la loi du 20 mai 1802 maintient l'esclavage.
  • 1806 : aoĂ»t : La RĂ©union prend le nom d'Ă®le Bonaparte.
  • 1807 : des catastrophes naturelles exceptionnelles ravagent toutes les cultures de cafĂ© et de giroflier. Ces Ă©vĂ©nements prĂ©cipitent l'abandon du cafĂ©, dont l'intĂ©rĂŞt Ă©conomique dĂ©cline. Les exploitants se tournent vers la canne Ă  sucre, dont les dĂ©bouchĂ©s en mĂ©tropole s'accroissent considĂ©rablement depuis la perte, par la France, de Saint-Domingue (HaĂŻti) et avec le passage de l'Ă®le de France (Ă®le Maurice) sous domination anglaise.
  • 1808 : l'Ă®le, sans dĂ©fense, subit le blocus de la flotte britannique.
  • 1809 :
  • 1810 :
    • le 7 juillet, les Britanniques dĂ©barquent Ă  la Grande Chaloupe et font route vers Saint-Denis.
    • le 8 juillet a lieu la bataille de la Redoute. La RĂ©union capitule. Le 9 juillet, l'Ă®le reprend le nom d'Ă®le Bourbon. Jusqu'en 1815, l'occupation britannique s'effectue sans Ă©vènement notable.
    • le premier Ă©tablissement d'enseignement supĂ©rieur ouvre Ă  Saint-Denis : c'est le collège royal.
  • 1815 : par le traitĂ© de Paris de 1814, les Britanniques rĂ©trocèdent l'Ă®le Ă  la France le 6 avril : c'est la seule Ă®le de l'ocĂ©an Indien rendue Ă  la France. L'Ă®le compte alors 68 309 habitants. La culture de la canne Ă  sucre se dĂ©veloppe, mais l'Ă®le ne peut plus subvenir Ă  ses besoins alimentaires.

1820-1848 : de la Restauration Ă  l'abolition de l'esclavage

Plus de 45 000 esclaves sont introduits Ă  Bourbon entre 1817 et 1831. La traite clandestine est tolĂ©rĂ©e par les autoritĂ©s de Bourbon malgrĂ© l'interdiction officielle de 1815 (congrès de Vienne). En 1830, après les Trois Glorieuses, la monarchie de Juillet gouverne en mĂ©tropole. La traite est Ă©nergiquement combattue. Les lois Mackau (1845) adoucissent le rĂ©gime des esclaves.

1849-1946 : de l'abolition de l'esclavage à la départementalisation

L'esclavage est aboli mais l'Ă®le reste une colonie française jusqu'en 1946. Un nouveau système d'asservissement des hommes — « l'engagisme » ou concept plus adaptĂ© le « servilisme » — est Ă  la base de la nouvelle organisation Ă©conomique et sociale de l'Ă®le. Au , la population esclave s'Ă©lève Ă  62 151 individus soit 60 % de la population totale. LibĂ©rĂ©s le , les affranchis auront chacun un nom (attribuĂ© par l'administration coloniale) rajoutĂ© Ă  leur ancienne appellation d'esclave. Une minoritĂ© d'entre eux acceptent de rester auprès de leurs anciens maĂ®tres, les autres vagabondent dans l'Ă®le ou se rĂ©fugient dans les hauteurs de l'Ă®le Ă  la recherche de terres libres Ă  dĂ©fricher.

Les esclaves n'avaient pas de nom de famille et étaient désignés par leur nom de baptême ou par un surnom plus ou moins fantaisiste. Lors de leur affranchissement en 1848, les textes précisent que « le nom donné à l’affranchi doit être différent de ceux déjà utilisés dans la colonie » pour éviter toute confusion avec les familles blanches. Les officiers d'état civil leur attribuent un nom souvent moqueur tiré d'une particularité ou d'un jeu de mots, ou faisant référence à l'Antiquité classique. Certains affranchis ont cherché à se défaire de ces noms mais la plupart sont encore en usage[4].

Plus de 100 000 Â« engagĂ©s » malgaches et africains (nommĂ©s "Cafres"), indiens (nommĂ©s "Zarabes" pour les musulmans du Nord, et "Malbars" pour les tamouls du Sud de l'Inde) et chinois seront introduits dans la colonie par les propriĂ©taires d'anciens esclaves pour remplacer ceux-ci sur les plantations[5].

La colonie reprend le nom d'île de la Réunion par arrêté gouvernemental du [6], promulgué sur place le .

Timbre de La RĂ©union datant de 1907.

Depuis 1947 : de la départementalisation à aujourd'hui : l'époque des grandes mutations…

De 1947 Ă  nos jours, l'Ă®le de La RĂ©union connaĂ®t une accĂ©lĂ©ration de son histoire. En un demi-siècle, les bouleversements sociaux, Ă©conomiques, politiques sont considĂ©rables. La sociĂ©tĂ© de plantation de l'Ă©poque coloniale laisse la place Ă  la sociĂ©tĂ© de consommation, mais l'Ă©conomie rĂ©unionnaise reste fragile, artificielle, dĂ©sĂ©quilibrĂ©e avec un secteur tertiaire hypertrophiĂ© et des transferts sociaux abondants qui entretiennent un assistanat aux consĂ©quences catastrophiques. En l'espace d'un demi-siècle, la population (227 000 habitants en 1946) a triplĂ© (740 000 habitants en 2004), rĂ©sultat de progrès mĂ©dicaux considĂ©rables entraĂ®nant une baisse spectaculaire de la mortalitĂ© tandis que la natalitĂ© reste forte, et, plus rĂ©cemment d'un pouvoir attractif de l'Ile qui attire de plus en plus d'immigrants de la mĂ©tropole, d'Europe et de l'ocĂ©an Indien. La croissance Ă©conomique, bien que forte, ne suffit pas Ă  donner de l'activitĂ© Ă  toute cette population, d'oĂą l'importance du taux de chĂ´mage.

Esclavage et marronnage

  • Les esclaves ou noirs marrons, le peuplement des hauts.
    • Les producteurs de canne avaient recours Ă  l'esclavage pour exploiter leurs plantations. La main d'Ĺ“uvre venait surtout d'Afrique de l'Est (les « cafres »), de Madagascar, de GuinĂ©e et d'Inde. Un petit nombre d'esclaves parvenaient Ă  s'enfuir des propriĂ©tĂ©s, et cherchaient refuge dans les zones montagneuses. On appelle ces fugitifs: les Marrons. Ces fuyards Ă©taient pourchassĂ©s par des chasseurs professionnels de Marrons et par la gendarmerie.
    • L'accroissement considĂ©rable des effectifs d'esclaves, l'existence de Marrons qui se livraient Ă  des rapines nocturnes, crĂ©aient pour les grands propriĂ©taires un climat d'insĂ©curitĂ© croissant, d'oĂą rĂ©sultaient un antagonisme croissant entre esclavagistes et esclaves, une sĂ©vĂ©ritĂ© toujours accrue des maĂ®tres, des rĂ©voltes d'esclaves durement rĂ©primĂ©es…
    • Le dĂ©veloppement des exploitations cafĂ©ières a enrichi certains exploitants, mais d'autres, ne pouvant acquĂ©rir autant d'esclaves que nĂ©cessaire, se voyaient acculĂ©s Ă  cĂ©der leurs propriĂ©tĂ©s, ruinĂ©s par la baisse des cours du cafĂ©. Ils se rĂ©fugiaient sur les hauteurs de l'Ă®le, vivant pauvrement de cultures vivrières : on les a nommĂ©s les « petits blancs des hauts ». La population des Hauts augmentait avec ces nouveaux arrivants et les zones centrales de l'Ă®le se peuplèrent : les cirques de Salazie et de Cilaos, le plateau de la plaine des Palmistes et de la plaine des Cafres.

Notes et références

  1. Purchas his Pilgrimes (1625), vol.I p.331-332
  2. première carte
  3. L’Encyclopédie, 1re édition, 1751 (Tome 10, p. 171). lire en ligne.
  4. Payet Geneviève, « Nom et filiation à La Réunion : de l'histoire à la clinique », Cliniques méditerranéennes, 2001/1 (no 63), p. 179-192.
  5. Article et documents sur les engagés de la Réunion
  6. « L’Ile Bourbon reprend son nom républicain d’île de la Réunion »
  7. Jean-Marc Régnault, « La France à la recherche de sites nucléaires (1957-1963) », Cahier du Centre d'études d'histoire de la défense, no 12 « Science, technologie et Défense. Stratégies autour de l’atome et de l’espace (1945-1998) »,‎ , p. 24-47 (ISBN 2-9515024-0-0, lire en ligne)
  8. David Caviglioli, « Quand la France interdisait l'avortement... sauf aux femmes noires », Le Nouvel Observateur, 4 mars 2017. Voir aussi Françoise Vergès, Le Ventre des femmes, Albin Michel, 2017.

Voir aussi

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