Enfants de la Creuse
Lâaffaire des Enfants de la Creuse ou des RĂ©unionnais de la Creuse est trĂšs connue Ă La RĂ©union, dĂ©partement et rĂ©gion d'Outre-mer de la France.
De 1962 Ă 1984, au moins 2 150 enfants rĂ©unionnais relevant de lâaide sociale Ă l'enfance ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s dans les dĂ©partements mĂ©tropolitains sujets Ă lâexode rural dans le cadre de la politique de migration mise en place par le BUMIDOM .
Pour certains actes dâabandon parental ou dâautorisation de sortie du territoire pour les mineurs, la forme de leurs signatures laisse planer un doute sur la rĂ©elle volontĂ© des signataires[1].
Ce dĂ©placement dâenfants est organisĂ© par le BUMIDOM avec l'aide des DDASS sous lâautoritĂ© de Michel DebrĂ©, alors dĂ©putĂ© de La RĂ©union.
Les victimes de ces transferts les ressentent comme une déportation, leur histoire a fait l'objet d'une résolution parlementaire, et d'une commission d'information pour établir les faits, les responsabilités, et ainsi permettre la reconnaissance des préjudices par l'état.
L'affaire
En 1954, la population de la RĂ©union est en augmentation extrĂȘmement rapide due Ă une natalitĂ© trĂšs Ă©levĂ©e et une mortalitĂ© en chute libre. Une situation vue comme une menace par les autoritĂ©s qui craignent une aggravation de la situation sociale et un terreau fertile pour les revendications autonomistes portĂ©es par le Parti Communiste RĂ©unionnais[1].
DĂšs les annĂ©es 1960, la migration vers la mĂ©tropole est organisĂ©e et est justifiĂ©e par la pression dĂ©mographique des jeunes en Ăąge de travailler. Elle va intĂ©grer des enfants sous tutelle de lâĂtat[1].
Le programme, mis en place par Michel DebrĂ©, alors dĂ©putĂ© de La RĂ©union[2], pour contribuer au repeuplement de certains dĂ©partements français (dont la Creuse) par la dĂ©portation d'enfants rĂ©unionnais, a Ă©tĂ© portĂ© par le Bureau pour le dĂ©veloppement des migrations dans les dĂ©partements d'outre-mer (Bumidom) et le ComitĂ© national d'accueil et d'actions pour les RĂ©unionnais en mobilitĂ© (CNARM)[3]. Ce dossier[4]. Au moins 2 150 enfants rĂ©unionnais[5], « abandonnĂ©s ou non » et immatriculĂ©s de force par les autoritĂ©s françaises Ă la Direction dĂ©partementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS), sont dĂ©placĂ©s par les autoritĂ©s dans le but de repeupler les dĂ©partements mĂ©tropolitains victimes de lâexode rural, comme la Creuse, le Tarn, le Gers, la LozĂšre, les PyrĂ©nĂ©es-Orientales.
Cette affaire est connue sous le nom des « enfants de la Creuse » car le département creusois a accueilli au moins 215 enfants. Ce département était trÚs peu peuplé et les autorités locales étaient favorables à l'accueil d'enfants en difficulté. Cela a permis aussi de créer un centre d'accueil dédié[6].
Le sort des enfants en métropole
AprĂšs leur arrivĂ©e Ă Orly, des nourrissons sont cĂ©dĂ©s Ă des familles adoptives, les plus grands, souvent noirs ou mĂ©tis, sont envoyĂ©s dans des centres dâaccueil, Ă GuĂ©ret (Creuse), Ă QuĂ©zac (Cantal), Ă Albi (Tarn) ou Ă Lespignan (HĂ©rault), etc. Puis les enfants sont dispersĂ©s dans des familles, payĂ©es par la Ddass de La RĂ©union[7].
Les enfants rĂ©unionnais dĂ©placĂ©s en Creuse sont accueillis, lors de leur arrivĂ©e, dans un foyer de GuĂ©ret[8]. « Certains ont Ă©tĂ© adoptĂ©s, d'autres sont restĂ©s en foyer ou ont servi de main-d'Ćuvre gratuite dans les fermes[9] », les paysans Ă travers la Creuse les utilisant alors comme « bonne Ă tout faire » ou « travailleur sans salaires ». L'historien Ivan Jablonka parle de cas de « mise en esclavage[10] ». La plupart de ces enfants « ont Ă©tĂ© marquĂ©s Ă vie ». Le Monde rapporte, outre les cas d'exploitation Ă©conomique, des situations de maltraitance dans les familles adoptives[11].
Les enfants dĂ©placĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s pupilles de l'Ătat, « c'est-Ă -dire que leurs parents n'avaient plus aucun droit sur eux[12] », une minoritĂ© de ces enfants Ă©taient orphelins. « Des centaines de parents illettrĂ©s signant des procĂšs-verbaux d'abandon qu'ils ne peuvent pas dĂ©chiffrer, ils ne reverront jamais leurs enfants[10] ».
« En , dans leur journal TĂ©moignages, les communistes rĂ©unionnais ont dĂ©noncĂ© un "trafic d'enfants" » ; cependant, ce scandale d'Ătat n'a Ă©tĂ© mĂ©diatisĂ© que dans les annĂ©es 2000[13].
Les fonctionnaires de la DDASS laissaient croire aux parents rĂ©unionnais auxquels ils retiraient les enfants que ces derniers connaĂźtraient un sort enviable en mĂ©tropole comme de « grandes Ă©tudes ». DĂ©racinĂ©s, dĂ©culturĂ©s, les enfants se retrouvent le plus souvent en Ă©chec scolaire. Quelques-uns obtiennent le certificat dâĂ©tudes primaires, entrent en apprentissage, deviennent cuisinier, boulanger, ouvriers, menuisier. D'autres finissent garçon de ferme ou femme de mĂ©nage. Enfin, certains perçoivent le RMI ou le RSA, d'autres ont Ă©tĂ© internĂ©s dans des institutions psychiatriques[4] - [7].
Le rÎle de Michel Debré
D'aprĂšs l'historien Ivan Jablonka, « un homme joua un rĂŽle dĂ©cisif : Michel DebrĂ©. [âŠ] Il imagina et mit en place le transfert, et le dĂ©fendit contre vents et marĂ©es[14] - [15]. En 1975, Ă un mĂ©decin qui s'inquiĂ©tait de la santĂ© mentale des pupilles [les cas de dĂ©pression et de suicide ayant Ă©tĂ© nombreux], il justifiait sa politique qui a « donnĂ© les meilleurs rĂ©sultats », s'indignait de ce qu'on puisse critiquer l'opĂ©ration, et ajoutait ironiquement : « quel dommage que ne vive pas de nos jours un nouveau MoliĂšre pour nous dĂ©peindre ce groupe de psychiatrie infanto-juvĂ©nile »[16] !" ». En 2021, un groupe d'auteurs remet en cause le rĂŽle dĂ©terminant de l'ancien Premier ministre en considĂ©rant qu'il n'a fait qu'appliquer une politique migratoire quâil nâavait pas dĂ©cidĂ©e lui-mĂȘme[17] - [18].
Jugements historiques : un cas de déportation ?
Des victimes de ce dĂ©placement considĂšrent qu'elles ont Ă©tĂ© victimes d'une dĂ©portation. Ainsi en 2005, l'association des RĂ©unionnais de la Creuse dĂ©cide d'assigner l'Ătat français devant le tribunal administratif de la ville de Limoges, afin que la « dĂ©portation » dont ont Ă©tĂ© victimes les 1 630 enfants soit reconnue juridiquement[19].
Pour Ivan Jablonka, la migration rĂ©unionnaise a Ă©tĂ© accomplie par et pour l'Ătat français ; la migration des pupilles « n'est donc pas un dĂ©rapage ; elle est une institution rĂ©publicaine »[16]. Selon I. Jablonka, toujours, « l'opĂ©ration s'est dĂ©roulĂ©e Ă la limite de la lĂ©galitĂ© [âŠ] DebrĂ© a traitĂ© l'Ăźle comme une colonie. [âŠ] L'Ă©pisode rĂ©vĂšle une configuration postcoloniale dont nous ne sommes toujours pas sortis »[20].
Le sociologue Philippe Vitale de l'universitĂ© d'Aix-Marseille â prĂ©sident de la commission nationale de recherche historique des Enfants de la Creuse, crĂ©Ă©e par la ministre des Outre-mer[21] â dĂ©clare :
« [...] Ă mes yeux, il y a trois victimes dans cette affaire. D'abord les ex-mineurs, bien sĂ»r, qu'on a traitĂ©s comme du bĂ©tail. Les familles rĂ©unionnaises, ensuite. Mais enfin, aussi, les familles d'accueil qui n'ont pas toutes brutalisĂ©, violĂ© ni exploitĂ© ces mineurs et qui, en ce cas, ne comprennent pas le procĂšs qui leur est fait. Traiter les Creusois en ThĂ©nardier, en nĂ©griers, c'est faire Ă beaucoup d'entre eux un faux procĂšs mĂȘme si, en effet, des atrocitĂ©s ont Ă©tĂ© commises. »
La résolution de l'Assemblée nationale du 18 février 2014
Le , l'AssemblĂ©e nationale adopte â Ă 125 voix contre 14[22] â la rĂ©solution proposĂ©e par Ericka Bareigts (dĂ©putĂ©e socialiste de La RĂ©union), qui reconnaĂźt la « responsabilitĂ© morale » de l'Ătat français[23] - [24] :
- « LâAssemblĂ©e nationale,
- [âŠ]
- considĂ©rant que lâĂtat se doit dâassurer Ă chacun, dans le respect de la vie privĂ©e des individus, lâaccĂšs Ă la mĂ©moire ;
- considĂ©rant que les enfants, tout particuliĂšrement, doivent se voir garantir ce droit pour pouvoir se constituer en tant quâadultes ;
- considérant que dans le cas du placement des enfants réunionnais en métropole entre 1963 et 1982 ce droit a été insuffisamment protégé ;
- demande que la connaissance historique de cette affaire soit approfondie et diffusée ;
- considĂšre que lâĂtat a manquĂ© Ă sa responsabilitĂ© morale envers ces pupilles ;
- demande que tout soit mis en Ćuvre pour permettre aux ex-pupilles de reconstituer leur histoire personnelle[23]. »
Deux semaines aprÚs ce vote, Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, s'est déplacé à La Réunion pour rencontrer des enfants de la Creuse et remettre aux deux députées de la région le texte de la déclaration[25].
Deux ans plus tard, en , une commission d'experts est mise en place par le ministĂšre des Outre-mer.
La question des réparations financiÚres
En , les dĂ©putĂ©s français reconnaissent la « responsabilitĂ© morale de l'Ătat envers ces pupilles. » Une commission nationale de recherche historique des Enfants de la Creuse est crĂ©Ă©e par George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer ; elle est prĂ©sidĂ©e par Philippe Vitale. Cependant, cette commission exclut la possibilitĂ© de rĂ©parations financiĂšres au titre de la responsabilitĂ© de l'Ătat français.
Plusieurs associations demandent une rĂ©paration autre que purement mĂ©morielle et symbolique, comme la Commission pour les enfants volĂ©s d'outre-mer (Cevou) et le Conseil reprĂ©sentatif des associations noires (CRAN)[11]. Un ancien pupille, Jean-Jacques Martial, ayant portĂ© plainte contre l'Ătat en 2002, et ayant vu sa plainte rejetĂ©e car prescrite, le CRAN a envisagĂ© la possibilitĂ© de porter plainte pour crime contre l'humanitĂ©, crime imprescriptible[26].
Commission d'information et de recherche sur les enfants de la Creuse
Présidée par le sociologue Philippe Vitale, co-auteur de Tristes tropiques de la Creuse (2004), cette commission a pour mission de répondre aux trois éléments de la résolution de loi et de faire des propositions. Le mandat de la commission est de deux années[27]. Les travaux débutent le .
Pour Philippe Vitale, « il est important d'effectuer un travail scientifique neutre et irréprochable, et de partir de la base : combien et qui étaient ces enfants ? ». Le premier objectif est donc de « dénombrer et de localiser précisément les anciens pupilles, le dernier recensement datant de 2002. Ensuite, nous allons consulter le plus de monde possible afin de faire des préconisations au ministÚre concernant de potentielles réparations[28] ». Une page dédiée, sur le site du ministÚre de l'Outremer, doit permettre à ceux qui voudront se faire connaßtre de se signaler. La ministre, George Pau-Langevin, s'est engagée à donner « tous les moyens nécessaires »[29].
Les objectifs sont précisés dans le communiqué de presse d'installation de la commission[30] : «
- approfondir la connaissance historique sur les Enfants de la Creuse et contribuer Ă sa diffusion ;
- Ă©tablir un tableau prĂ©cis des populations concernĂ©es et de leur situation dĂ©mographique aujourdâhui ;
- proposer une relation prĂ©cise des dĂ©cisions et des actes ayant permis le transfert de 1 615 enfants et adolescents rĂ©unionnais vers lâhexagone ;
- entendre les associations et permettre aux ex-pupilles de reconstituer leur histoire personnelle ;
- proposer des actions et mesures permettant de favoriser le travail de mémoire individuel et collectif autour de cette question. »
Le , Philippe Vitale rend compte des premiers rĂ©sultats obtenus par la commission, composĂ©e d'universitaires et d'officiels rĂ©unionnais. Depuis longtemps, les victimes demandent que leur souffrance soit reconnue et les dommages rĂ©parĂ©s. Ericka Bareigts annonce un dĂ©but d'indemnisation, avec la mise en place d'un accompagnement psychologique, doublĂ© d'une assistance administrative pour que les dĂ©placĂ©s puissent faire valoir leurs droits. Une bourse Ă la mobilitĂ© est crĂ©Ă©e afin de financer des billets d'avion pour ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion de retourner sur l'Ăźle. Le rapport dĂ©finitif doit ĂȘtre remis en , Ferdinand MĂ©lin-Soucramanien (professeur de droit public, et dĂ©ontologue de l'AssemblĂ©e nationale) participera aux travaux « afin de "sĂ©curiser" la liste de victimes »[31].
Selon les conclusions du rapport de la commission[32], rendu le 10 avril 2018, « il semble aujourdâhui Ă©vident de dĂ©noncer comme une hĂ©rĂ©sie lâimplantation dâenfants de La RĂ©union Ă plus de 9 000 kilomĂštres de chez eux, dans des campagnes de lâHexagone frappĂ©es par lâexode rural ». « A lâĂ©poque, le contexte fait que la trĂšs grande majoritĂ© des esprits nâest choquĂ©e ni Ă La RĂ©union ni dans lâHexagone. La dĂ©nonciation de la transplantation nâa finalement pris corps quâavec la prise en compte des apports de la pĂ©dopsychiatrie »[6].
La commission a rĂ©pondu au besoin d'un travail de mĂ©moire sur l'exil forcĂ© de ces enfants dont le traumatisme perdure. Le rapport reconnaĂźt la responsabilitĂ© morale de l'Ătat français et la dĂ©faillance de l'aide sociale Ă l'enfance. La question de la responsabilitĂ© juridique et l'indemnisation du prĂ©judice reste ouverte[6].
Une recherche-action a Ă©tĂ© mise en Ćuvre, depuis, afin d'explorer les multiples problĂ©matiques affĂ©rentes au traumatisme de vie que constitue, pour les enfants de la Creuse, la dĂ©portation dont ils ont fait l'objet. Le Pr Malika Mansouri, et le Pr Marion Feldman, psychologues cliniciennes spĂ©cialisĂ©es dans les thĂ©matiques du colonialisme, de la migration, et des ruptures de filiation, participent de mettre en Ćuvre cette recherche-action, et de proposer des pistes thĂ©oriques et opĂ©rationnelles, afin de penser la problĂ©matique des enfants de la creuse.
Commémorations
Ă l'occasion du cinquantenaire du dĂ©but des dĂ©placements des enfants en 1963, une stĂšle commĂ©morative du sculpteur Nelson Boyer a Ă©tĂ© Ă©levĂ©e Ă l'aĂ©roport de La RĂ©union Roland-Garros, Ă lâinitiative du conseil gĂ©nĂ©ral de La RĂ©union. Son inauguration par la prĂ©sidente du Conseil gĂ©nĂ©ral, Nassimah Dindar, s'est tenue le [33].
Une plaque commĂ©morative rappelle cette affaire Ă lâAĂ©roport d'Orly, elle a Ă©tĂ© apposĂ©e le 17 fĂ©vrier 2022 et inaugurĂ©e par le ministre des Outre-mer SĂ©bastien Lecornu , en la prĂ©sence du secrĂ©taire d'Ă©tat en charge de l'Enfance et des Familles, Adrien Taquet. Cette plaque est dĂ©diĂ©e aux enfants dits "de la Creuse" et reconnait la responsabilitĂ© morale des pouvoirs publics de l'Ă©poque. Certains des enfants d'alors Ă©taient prĂ©sents[34].
Bibliographie
Ouvrages historiques
- Gilles Ascaride, Corine Spagnoli, Philippe Vitale, Tristes tropiques de la Creuse, Ăditions K'A, 2004
- Gilles Ascaride, Corine Spagnoli, Philippe Vitale, Les RĂ©unionnais de la Creuse : une affaire d'Ătat, Annuaires des Pays de lâOcĂ©an Indien, 2006
- Ivan Jablonka, Enfants en exil, transfert de pupilles rĂ©unionnais en mĂ©tropole (1963-1982), Ăditions du Seuil, Paris, 2007
- Gilles Ascaride, Philippe Vitale, MĂ©moire et migration de l'ombre, le cas des RĂ©unionnais de la Creuse, Editions Solal, 2008
- Wilfrid Bertile, Prosper Ăve, Gilles Gauvin, Philippe Vitale, Les Enfants de la Creuse : idĂ©es reçues sur la transplantation de mineurs de La RĂ©union en France, Ăd. Le Cavalier bleu, coll. « IdĂ©es reçues », Paris, 2021 (ISBN 979-10-318-0442-2).
- Gilles Gauvin, Philippe Vitale, "Enseigner l'histoire des enfants de la Creuse", Paris, Canopé, 2021
RĂ©cits autobiographiques
- Jean-Jacques Martial, Une enfance volée, Les quatre chemins, 2003 (ISBN 9782847842104), réédition Le Livre de Poche 2021 (ISBN 978-2-253-10141-3)
- Jean-Pierre Gosse, La BĂȘte que jâai Ă©tĂ©. Le tĂ©moignage dâun RĂ©unionnais dĂ©portĂ© dans la Creuse en 1966, Ăd. Alter Ego, 2005
- Elise Lemai, La dĂ©portation des RĂ©unionnais de la Creuse : tĂ©moignages, Ăditions L'Harmattan, 2004.
Autres Ćuvres
Cette déportation était systématiquement dénoncée à compter du milieu des années 1970 dans la littérature et la musique réunionnaises.
Arts
En septembre 2020 la bande-dessinée Piments Zoizos (les enfants oubliés de la Réunion) du dessinateur Tehem revient sur ces événements.
On trouve ainsi une critique du Bumidom dans l'ouvrage Zistoire Kristian, roman collectif paru en 1977[35].
On en trouve d'autres dans les chansons de DanyĂšl Waro, un chantre du maloya sur l'Ăźle, qui fut lui-mĂȘme emprisonnĂ© en mĂ©tropole Ă la suite de son refus de faire son service militaire (albums Garfourn et BatarsitĂ©).
On consultera également les chansons de Ziskakan. L'une d'entre elles sortie en 1980 s'intitule justement Bumidom (l'organisme qui fut chargé d'accompagner l'émigration des Réunionnais vers la métropole)[36]. Elle se termine en affirmant :
Bimidom, bimidom ou vol nout bann frer.
Bimidom, bimidom ramas pa manter.
Bimidom, bimidom ou fé mal nout ker.
Bimidom, bimidom na kas ton bann fer.
Traduit du créole réunionnais au français, ce texte signifie :
Bumidom, Bumidom, tu nous voles nos frĂšres.
Bumidom, Bumidom, ne mens pas.
Bumidom, Bumidom, tu fais mal Ă nos cĆurs.
Bumidom, Bumidom, nous casserons tes fers.
Romans
- Christian, Zistoir Kristian Mes-aventures : Histoire vraie dâun ouvrier rĂ©unionnais en France, Maspero, 1977, rĂ©Ă©ditĂ© aux Ăditions KâA, 2009
- Jean Louis Robert, Creuse, ta tombe, Ăditions KâA, 2006 (le titre est un jeu de mots sur le dĂ©partement de la Creuse et le verbe "creuser")
- Mariella Righini, Bonbon piment, Grasset, 2004
- Brigitte Peskine, LâĂźle de mon pĂšre, Casterman, 2005, rĂ©cit pour la jeunesse
- Christophe Léon, Les mangues resteront vertes, Talents hauts, coll. «Les héroïques », 2016, roman jeunesse
- Ahmed Kalouaz, Enfants de l'exil : de l'Ăźle de la RĂ©union Ă la Creuse, Oskar Ă©diteur, 2016, roman jeunesse
- Ariane Bois, L'ßle aux enfants, Belfond, coll. « Pointillés », 2019
- Jean-François Sam-Long, Un soleil en exil, Gallimard, coll. « Continents noirs », 2019
- Corine Valade, L'arbre des oublis, Ăditions de BorĂ©e, 2019
- Jean-François Samlong, Un soleil en exil, Gallimard, coll. « Continents noirs », 2019 (ISBN 978-2-07-285314-2)
- Françoise Le Gloahec, Sucre amer, Ramsay, 2020
- Murielle Guerrero-Gillet, Sur le chemin des flamboyants, Ăditions Taraxacum, 2022 (ISBN 978-2-9534564-4-8)
- Alexia Stresi, "Batailles", Editions Stock, 2020
Bande dessinée
- Olivier Trotignon, Ella.2, Dada Tom, Orphie, 2008
- Téhem, Piments Zoizos - Les enfants oubliés de la Réunion, Steinkis, 2020 (ISBN 978-2368463260)[37], avec l'appui scientifique de Gilles Gauvin.
- La Brigade des Souvenirs, Tome 2 : Mon ßle adorée, Carbone, Cee Cee Mia, Marko (illustrations) 2021 (ISBN 978-2800173993)
Audiovisuel
Un documentaire tĂ©lĂ©visuel de 53 minutes a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par William Cally pour l'Ă©vĂ©nement, avec la collaboration de l'historien Sudel Fuma. Ce documentaire, intitulĂ© Une enfance en exil : Justice pour les 1615[38], est considĂ©rĂ© comme le documentaire le plus Ă©mouvant et le plus instructif jamais rĂ©alisĂ© sur cette triste histoire. Le film a eu un Ă©cho exceptionnel auprĂšs de la population rĂ©unionnaise et mĂ©tropolitaine (diffusion sur RĂ©union PremiĂšre, France 3, France Ă). Il a, entre autres, permis aux tĂ©lĂ©spectateurs de prendre pleinement conscience de la vĂ©ritĂ© sur cette histoire et du traumatisme des victimes exilĂ©es. Plusieurs manifestations et un grand dĂ©bat tĂ©lĂ©visĂ© sur RĂ©union PremiĂšre, orchestrĂ© par Jean-Marc Collienne, avaient Ă©tĂ© organisĂ©s lors de la diffusion du documentaire. La dĂ©putĂ©e Huguette Bello fera allusion au documentaire lors de son discours Ă l'AssemblĂ©e nationale pour la rĂ©solution mĂ©morielle sur le placement des enfants rĂ©unionnais en mĂ©tropole.
Un autre documentaire, Arrachée à son ßle (2002), est centré sur le vol d'enfants réunionnais. Il retrace le parcours de Marie-ThérÚse Gasp, soustraite à sa mÚre à l'ùge de six semaines, arrivée dans la Creuse à l'ùge de trois ans, en , en compagnie de plusieurs dizaines d'enfants de La Réunion. BientÎt, ils seront prÚs de 1 000 déracinés, arrachés à leur ßle, perdus, abandonnés de l'institution qui avait la charge de veiller sur eux, la DDASS. Trente-cinq ans aprÚs, Marie-ThérÚse est à la recherche de son passé. Le documentaire la suit dans ses démarches[39].
Le film documentaire, Rassine Monmon, Papa. Tome 1 : Ce passé qui ne passe pas!, réalisé par Michael Gence et produit par le Kollectif Nawak (2015), est un documentaire qui traite, d'un point de vue personnel, de cette période « Bumidom ». Cette premiÚre partie pose le contexte de cette époque de migration généralisée à La Réunion (fonction publique, études, jeunes travailleurs et pupilles), par l'agencement de témoignages et archives[40].
Un documentaire diffusé durant les travaux de la commission permet à Noémie Lenoir de découvrir que sa mÚre a fait partie des enfants de la Creuse : cette derniÚre, partie de La Réunion à l'ùge de seize ans, est passée par le foyer de Guéret[41].
Documentaires radiophoniques
- « Les pupilles réunionnais, un aller sans retour pour la métropole», de Jean-Louis Rioual, réalisation : Renaud Dalmar. Un documentaire diffusé le (rediff. le ) dans l'émission La Fabrique de l'histoire sur France Culture, (53 min).
- « Saint-Denis de la Réunion - Guéret : le voyage sans retour des orphelins malgré eux », de Philippe Bardonnaud, Pascal Dervieux, Vanessa Descouraux. Un documentaire diffusé le dans l'émission Interception sur France Inter, (39 min 20 s).
- « Les enfants volĂ©s de la Creuse », de Christophe Hondelatte, histoire et tĂ©moignage de Jean-Jacques Martial, Europe 1, Ămission « Hondelatte raconte », diffusĂ© le , puis le
Documentaires télévisuels
- Une enfance en exil : Justice pour les 1615, de William Cally, réalisation : W. Cally. Kapali Studios Création (53 min, 2013). Un documentaire diffusé sur France Télévision (France 3 et Réunion La PremiÚre).
- Arrachée à son ßle, de Patrice du Tertre. Production mano à mano. 2002. Film documentaire 52 min, diffusion sur France 5.
- Objectif lune, de Jimmy Grassiant[42].
- Les Enfants de la RĂ©union : un scandale dâĂtat oubliĂ©, documentaire de ClĂ©mence de la Robertie, rĂ©alisĂ© par GuĂ©nola Gazeau et Pierre Lascar, 2016, 52 min, diffusĂ© le dimanche sur France Ă, dans le magazine "Histoire dâoutre-mer", prĂ©sentĂ© par Fabrice d'Almeida.
- France's Stolen Children, diffusion sur BBC Newsnight.
- The Insight team take an in-depth look at Stolen Children in France, diffusion sur TRT World.
- Rassine Monmon, Papa. Tome 1 : Ce Passé Qui Ne Passe Pas!, Film documentaire réalisé par Michael Gence et produit par le Kollectif Nawak (2015 - 82 min - 16:9)
Fictions télévisuelles
- Le Pays des enfants perdus, téléfilm réalisé par Francis Girod, 2004.
- Un mensonge oubliĂ©, tĂ©lĂ©film français (policier) rĂ©alisĂ© par Ăric Duret pour France 3 en 2017 et diffusĂ© en 2018[43]
- Meurtres à Albi, téléfilm français (policier) de la série Meurtres à ... de France 3 diffusé en 2021[44].
Notes et références
- Pascal Coussy, « Un livre pour rétablir les faits sur l'histoire des enfants réunionnais de la Creuse », sur francetvinfo, France 3, (consulté le ).
- Ăcoles diffĂ©rentes
- Gilles Gauvin Michel Debré et La Réunion : la force des convictions jacobines Revue française d'histoire d'outremer, tome 86, no 324-325, 2e semestre 1999
- Marion Cocquet, « RĂ©unionnais de la Creuse : les dessous d'un scandale d'Ătat - Page 4 », sur lepoint.fr, (consultĂ© le ).
- « Lâaffaire des RĂ©unionnais de la Creuse sâĂ©claire », La Croix,â (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consultĂ© le )
- Chloé Leprince, « "Enfants de la Creuse" : une mémoire défaillante sur un crime impuni », sur Radio France, France Culture, (consulté le )
- Benoßt Hopquin, « Il était une fois⊠Les enfances dérobées de La Réunion », sur LeMonde.fr, (consulté le )
- Aujourd'hui, c'est l'Espace Créole qui se trouve dans les bùtiments du foyer, Bruno Arbesu, « Réunionnais de la Creuse », sur le site picturetank.com
- D. Perrin, "Les enfants volés de la Réunion", M Le Magazine du Monde, 27 août 2016, p. 34.
- Claire Rodineau, « Les RĂ©unionnais de la Creuse, en quĂȘte de leur enfance volĂ©e », Le Figaro,â (lire en ligne , consultĂ© le ).
- D. Perrin, "Les enfants volés de la Réunion", M Le Magazine du Monde, 27 août 2016, p. 34
- D. Perrin, "Les enfants volés de la Réunion", M Le Magazine du Monde, 27 août 2016, p. 36
- D. Perrin, "Les enfants volés de la Réunion", M Le Magazine du Monde, 27 août 2016, p. 37
- Chloé Leprince, « "Enfants de la Creuse" : une mémoire défaillante sur un crime impuni », sur France Culture, (consulté le )
- Elsa Sabado, « Quand Debré envoyait des enfants réunionnais dans la Creuse repeupler la France: le cinquantenaire oublié », sur Slate.fr, (consulté le )
- « Récit d'un exil forcé - Nonfiction.fr le portail des livres et des idées », sur www.nonfiction.fr, .
- Wilfrid Bertille, Prosper Ăve, Gilles Gauvin, Philippe Vitale. Les Enfants de la Creuse : idĂ©es reçues sur la transplantation de mineurs de La RĂ©union en France. Ăd. Le Cavalier bleu, Paris, 2021. (ISBN 9791031804422).
- Michelle Bertil. Un livre pour défaire les idées reçues sur les Enfants de la Creuse. Réunion La 1re, 16 avril 2021. Lire en ligne
- Georges Chùtain, « Les Réunionnais de la Creuse veulent faire reconnaßtre leur « déportation » en métropole », Le Monde, 18 août 2005.
- D. Perrin, Les enfants volés de la Réunion, M Le Magazine du Monde, 27 août 2016, p. 37.
- « RĂ©unionnais de la Creuse : les dessous d'un scandale d'Ătat » Le point, 18 fĂ©vrier 2014.
- « La responsabilitĂ© de lâEtat dans l'exil forcĂ© d'enfants rĂ©unionnais reconnue », sur lemonde.fr,
- « Résolution relative aux enfants réunionnais placés en métropole dans les années 1960 et 1970 », sur assemblee-nationale.fr, .
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- D. Perrin, "Les enfants volés de la Réunion", M Le Magazine du Monde, 27 août 2016, p. 36.
- Bande annonce du film Rassine Monmon, Papa. Tome 1 : Ce Passé Qui Ne Passe Pas! https://rassinemonmonpapa.jimdo.com/voir-le-film/.
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- Silvana Grasso Objectif Lune se souvient des Enfants de la Creuse La DĂ©pĂȘche, 25 aoĂ»t 2016
- « "Un mensonge oublié" : la terrible histoire vraie qui a inspiré le téléfilm de France 3 », sur FemmeActuelle.fr, (consulté le )
- « Les enfants de la Creuse au cĆur de « Meurtres Ă Albi » sur France 3 », sur OuestFrance.fr,
Voir aussi
Relatifs au sujet
- Boris Gamaleya, un RĂ©unionnais dĂ©placĂ© Ă la mĂȘme Ă©poque dans le cadre de l'Ordonnance DebrĂ© du .
- Avortements forcés à La Réunion
Situations comparables
- Empire ottoman: Devchirmé
- Suisse : Enfants placés
- YĂ©niches : Les Enfants de la grand-route (Pro Juventute)
- AborigÚnes d'Australie : Générations volées, National Sorry Day, Guerres de l'histoire
- Amérindiens : Pensionnat autochtone au Canada
Notions
- Adoption et Kafala (procédure d'adoption spécifique au droit musulman)
- Assimilation culturelle
- Ethnocide
- GĂ©nocide culturel
- Droits de l'enfant
Liens externes
- « Enfants de la Creuse : Quâon leur rende justice ! », TĂ©moignages du vendredi .
- « Les enfants réunionnais déportés en métropole attendent des excuses », Courrier international du .
- « Les enfants volés de La Réunion enfin reconnus », L'Humanité du .
- « Réunionnais/Creuse : demandes rejetées », Le Figaro du .