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Enfants de la Creuse

L’affaire des Enfants de la Creuse ou des RĂ©unionnais de la Creuse est trĂšs connue Ă  La RĂ©union, dĂ©partement et rĂ©gion d'Outre-mer de la France.

De 1962 Ă  1984, au moins 2 150 enfants rĂ©unionnais relevant de l’aide sociale Ă  l'enfance ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s dans les dĂ©partements mĂ©tropolitains sujets Ă  l’exode rural dans le cadre de la politique de migration mise en place par le BUMIDOM .

Pour certains actes d’abandon parental ou d’autorisation de sortie du territoire pour les mineurs, la forme de leurs signatures laisse planer un doute sur la rĂ©elle volontĂ© des signataires[1].

Ce dĂ©placement d’enfants est organisĂ© par le BUMIDOM avec l'aide des DDASS sous l’autoritĂ© de Michel DebrĂ©, alors dĂ©putĂ© de La RĂ©union.

Les victimes de ces transferts les ressentent comme une déportation, leur histoire a fait l'objet d'une résolution parlementaire, et d'une commission d'information pour établir les faits, les responsabilités, et ainsi permettre la reconnaissance des préjudices par l'état.

L'affaire

En 1954, la population de la RĂ©union est en augmentation extrĂȘmement rapide due Ă  une natalitĂ© trĂšs Ă©levĂ©e et une mortalitĂ© en chute libre. Une situation vue comme une menace par les autoritĂ©s qui craignent une aggravation de la situation sociale et un terreau fertile pour les revendications autonomistes portĂ©es par le Parti Communiste RĂ©unionnais[1].

DĂšs les annĂ©es 1960, la migration vers la mĂ©tropole est organisĂ©e et est justifiĂ©e par la pression dĂ©mographique des jeunes en Ăąge de travailler. Elle va intĂ©grer des enfants sous tutelle de l’État[1].

Le programme, mis en place par Michel DebrĂ©, alors dĂ©putĂ© de La RĂ©union[2], pour contribuer au repeuplement de certains dĂ©partements français (dont la Creuse) par la dĂ©portation d'enfants rĂ©unionnais, a Ă©tĂ© portĂ© par le Bureau pour le dĂ©veloppement des migrations dans les dĂ©partements d'outre-mer (Bumidom) et le ComitĂ© national d'accueil et d'actions pour les RĂ©unionnais en mobilitĂ© (CNARM)[3]. Ce dossier[4]. Au moins 2 150 enfants rĂ©unionnais[5], « abandonnĂ©s ou non » et immatriculĂ©s de force par les autoritĂ©s françaises Ă  la Direction dĂ©partementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS), sont dĂ©placĂ©s par les autoritĂ©s dans le but de repeupler les dĂ©partements mĂ©tropolitains victimes de l’exode rural, comme la Creuse, le Tarn, le Gers, la LozĂšre, les PyrĂ©nĂ©es-Orientales.

Cette affaire est connue sous le nom des « enfants de la Creuse » car le département creusois a accueilli au moins 215 enfants. Ce département était trÚs peu peuplé et les autorités locales étaient favorables à l'accueil d'enfants en difficulté. Cela a permis aussi de créer un centre d'accueil dédié[6].

Le sort des enfants en métropole

AprĂšs leur arrivĂ©e Ă  Orly, des nourrissons sont cĂ©dĂ©s Ă  des familles adoptives, les plus grands, souvent noirs ou mĂ©tis, sont envoyĂ©s dans des centres d’accueil, Ă  GuĂ©ret (Creuse), Ă  QuĂ©zac (Cantal), Ă  Albi (Tarn) ou Ă  Lespignan (HĂ©rault), etc. Puis les enfants sont dispersĂ©s dans des familles, payĂ©es par la Ddass de La RĂ©union[7].

Les enfants rĂ©unionnais dĂ©placĂ©s en Creuse sont accueillis, lors de leur arrivĂ©e, dans un foyer de GuĂ©ret[8]. « Certains ont Ă©tĂ© adoptĂ©s, d'autres sont restĂ©s en foyer ou ont servi de main-d'Ɠuvre gratuite dans les fermes[9] », les paysans Ă  travers la Creuse les utilisant alors comme « bonne Ă  tout faire » ou « travailleur sans salaires ». L'historien Ivan Jablonka parle de cas de « mise en esclavage[10] ». La plupart de ces enfants « ont Ă©tĂ© marquĂ©s Ă  vie ». Le Monde rapporte, outre les cas d'exploitation Ă©conomique, des situations de maltraitance dans les familles adoptives[11].

Les enfants dĂ©placĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s pupilles de l'État, « c'est-Ă -dire que leurs parents n'avaient plus aucun droit sur eux[12] », une minoritĂ© de ces enfants Ă©taient orphelins. « Des centaines de parents illettrĂ©s signant des procĂšs-verbaux d'abandon qu'ils ne peuvent pas dĂ©chiffrer, ils ne reverront jamais leurs enfants[10] ».

« En , dans leur journal TĂ©moignages, les communistes rĂ©unionnais ont dĂ©noncĂ© un "trafic d'enfants" » ; cependant, ce scandale d'État n'a Ă©tĂ© mĂ©diatisĂ© que dans les annĂ©es 2000[13].

Les fonctionnaires de la DDASS laissaient croire aux parents rĂ©unionnais auxquels ils retiraient les enfants que ces derniers connaĂźtraient un sort enviable en mĂ©tropole comme de « grandes Ă©tudes ». DĂ©racinĂ©s, dĂ©culturĂ©s, les enfants se retrouvent le plus souvent en Ă©chec scolaire. Quelques-uns obtiennent le certificat d’études primaires, entrent en apprentissage, deviennent cuisinier, boulanger, ouvriers, menuisier. D'autres finissent garçon de ferme ou femme de mĂ©nage. Enfin, certains perçoivent le RMI ou le RSA, d'autres ont Ă©tĂ© internĂ©s dans des institutions psychiatriques[4] - [7].

Le rÎle de Michel Debré

D'aprĂšs l'historien Ivan Jablonka, « un homme joua un rĂŽle dĂ©cisif : Michel DebrĂ©. [
] Il imagina et mit en place le transfert, et le dĂ©fendit contre vents et marĂ©es[14] - [15]. En 1975, Ă  un mĂ©decin qui s'inquiĂ©tait de la santĂ© mentale des pupilles [les cas de dĂ©pression et de suicide ayant Ă©tĂ© nombreux], il justifiait sa politique qui a « donnĂ© les meilleurs rĂ©sultats », s'indignait de ce qu'on puisse critiquer l'opĂ©ration, et ajoutait ironiquement : « quel dommage que ne vive pas de nos jours un nouveau MoliĂšre pour nous dĂ©peindre ce groupe de psychiatrie infanto-juvĂ©nile »[16] !" ». En 2021, un groupe d'auteurs remet en cause le rĂŽle dĂ©terminant de l'ancien Premier ministre en considĂ©rant qu'il n'a fait qu'appliquer une politique migratoire qu’il n’avait pas dĂ©cidĂ©e lui-mĂȘme[17] - [18].

Jugements historiques : un cas de déportation ?

Des victimes de ce dĂ©placement considĂšrent qu'elles ont Ă©tĂ© victimes d'une dĂ©portation. Ainsi en 2005, l'association des RĂ©unionnais de la Creuse dĂ©cide d'assigner l'État français devant le tribunal administratif de la ville de Limoges, afin que la « dĂ©portation » dont ont Ă©tĂ© victimes les 1 630 enfants soit reconnue juridiquement[19].

Pour Ivan Jablonka, la migration rĂ©unionnaise a Ă©tĂ© accomplie par et pour l'État français ; la migration des pupilles « n'est donc pas un dĂ©rapage ; elle est une institution rĂ©publicaine »[16]. Selon I. Jablonka, toujours, « l'opĂ©ration s'est dĂ©roulĂ©e Ă  la limite de la lĂ©galitĂ© [
] DebrĂ© a traitĂ© l'Ăźle comme une colonie. [
] L'Ă©pisode rĂ©vĂšle une configuration postcoloniale dont nous ne sommes toujours pas sortis »[20].

Le sociologue Philippe Vitale de l'universitĂ© d'Aix-Marseille — prĂ©sident de la commission nationale de recherche historique des Enfants de la Creuse, crĂ©Ă©e par la ministre des Outre-mer[21] — dĂ©clare :

« [...] À mes yeux, il y a trois victimes dans cette affaire. D'abord les ex-mineurs, bien sĂ»r, qu'on a traitĂ©s comme du bĂ©tail. Les familles rĂ©unionnaises, ensuite. Mais enfin, aussi, les familles d'accueil qui n'ont pas toutes brutalisĂ©, violĂ© ni exploitĂ© ces mineurs et qui, en ce cas, ne comprennent pas le procĂšs qui leur est fait. Traiter les Creusois en ThĂ©nardier, en nĂ©griers, c'est faire Ă  beaucoup d'entre eux un faux procĂšs mĂȘme si, en effet, des atrocitĂ©s ont Ă©tĂ© commises. »

La résolution de l'Assemblée nationale du 18 février 2014

Le , l'AssemblĂ©e nationale adopte — Ă  125 voix contre 14[22] — la rĂ©solution proposĂ©e par Ericka Bareigts (dĂ©putĂ©e socialiste de La RĂ©union), qui reconnaĂźt la « responsabilitĂ© morale » de l'État français[23] - [24] :

« L’AssemblĂ©e nationale,
[
]
considĂ©rant que l’État se doit d’assurer Ă  chacun, dans le respect de la vie privĂ©e des individus, l’accĂšs Ă  la mĂ©moire ;
considĂ©rant que les enfants, tout particuliĂšrement, doivent se voir garantir ce droit pour pouvoir se constituer en tant qu’adultes ;
considérant que dans le cas du placement des enfants réunionnais en métropole entre 1963 et 1982 ce droit a été insuffisamment protégé ;
  1. demande que la connaissance historique de cette affaire soit approfondie et diffusée ;
  2. considĂšre que l’État a manquĂ© Ă  sa responsabilitĂ© morale envers ces pupilles ;
  3. demande que tout soit mis en Ɠuvre pour permettre aux ex-pupilles de reconstituer leur histoire personnelle[23]. »

Deux semaines aprÚs ce vote, Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, s'est déplacé à La Réunion pour rencontrer des enfants de la Creuse et remettre aux deux députées de la région le texte de la déclaration[25].

Deux ans plus tard, en , une commission d'experts est mise en place par le ministĂšre des Outre-mer.

La question des réparations financiÚres

En , les dĂ©putĂ©s français reconnaissent la « responsabilitĂ© morale de l'État envers ces pupilles. » Une commission nationale de recherche historique des Enfants de la Creuse est crĂ©Ă©e par George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer ; elle est prĂ©sidĂ©e par Philippe Vitale. Cependant, cette commission exclut la possibilitĂ© de rĂ©parations financiĂšres au titre de la responsabilitĂ© de l'État français.

Plusieurs associations demandent une rĂ©paration autre que purement mĂ©morielle et symbolique, comme la Commission pour les enfants volĂ©s d'outre-mer (Cevou) et le Conseil reprĂ©sentatif des associations noires (CRAN)[11]. Un ancien pupille, Jean-Jacques Martial, ayant portĂ© plainte contre l'État en 2002, et ayant vu sa plainte rejetĂ©e car prescrite, le CRAN a envisagĂ© la possibilitĂ© de porter plainte pour crime contre l'humanitĂ©, crime imprescriptible[26].

Commission d'information et de recherche sur les enfants de la Creuse

Présidée par le sociologue Philippe Vitale, co-auteur de Tristes tropiques de la Creuse (2004), cette commission a pour mission de répondre aux trois éléments de la résolution de loi et de faire des propositions. Le mandat de la commission est de deux années[27]. Les travaux débutent le .

Pour Philippe Vitale, « il est important d'effectuer un travail scientifique neutre et irréprochable, et de partir de la base : combien et qui étaient ces enfants ? ». Le premier objectif est donc de « dénombrer et de localiser précisément les anciens pupilles, le dernier recensement datant de 2002. Ensuite, nous allons consulter le plus de monde possible afin de faire des préconisations au ministÚre concernant de potentielles réparations[28] ». Une page dédiée, sur le site du ministÚre de l'Outremer, doit permettre à ceux qui voudront se faire connaßtre de se signaler. La ministre, George Pau-Langevin, s'est engagée à donner « tous les moyens nécessaires »[29].

Les objectifs sont précisés dans le communiqué de presse d'installation de la commission[30] : «

  • approfondir la connaissance historique sur les Enfants de la Creuse et contribuer Ă  sa diffusion ;
  • Ă©tablir un tableau prĂ©cis des populations concernĂ©es et de leur situation dĂ©mographique aujourd’hui ;
  • proposer une relation prĂ©cise des dĂ©cisions et des actes ayant permis le transfert de 1 615 enfants et adolescents rĂ©unionnais vers l’hexagone ;
  • entendre les associations et permettre aux ex-pupilles de reconstituer leur histoire personnelle ;
  • proposer des actions et mesures permettant de favoriser le travail de mĂ©moire individuel et collectif autour de cette question. »

Le , Philippe Vitale rend compte des premiers rĂ©sultats obtenus par la commission, composĂ©e d'universitaires et d'officiels rĂ©unionnais. Depuis longtemps, les victimes demandent que leur souffrance soit reconnue et les dommages rĂ©parĂ©s. Ericka Bareigts annonce un dĂ©but d'indemnisation, avec la mise en place d'un accompagnement psychologique, doublĂ© d'une assistance administrative pour que les dĂ©placĂ©s puissent faire valoir leurs droits. Une bourse Ă  la mobilitĂ© est crĂ©Ă©e afin de financer des billets d'avion pour ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion de retourner sur l'Ăźle. Le rapport dĂ©finitif doit ĂȘtre remis en , Ferdinand MĂ©lin-Soucramanien (professeur de droit public, et dĂ©ontologue de l'AssemblĂ©e nationale) participera aux travaux « afin de "sĂ©curiser" la liste de victimes »[31].

Selon les conclusions du rapport de la commission[32], rendu le 10 avril 2018, « il semble aujourd’hui Ă©vident de dĂ©noncer comme une hĂ©rĂ©sie l’implantation d’enfants de La RĂ©union Ă  plus de 9 000 kilomĂštres de chez eux, dans des campagnes de l’Hexagone frappĂ©es par l’exode rural ». « A l’époque, le contexte fait que la trĂšs grande majoritĂ© des esprits n’est choquĂ©e ni Ă  La RĂ©union ni dans l’Hexagone. La dĂ©nonciation de la transplantation n’a finalement pris corps qu’avec la prise en compte des apports de la pĂ©dopsychiatrie »[6].

La commission a rĂ©pondu au besoin d'un travail de mĂ©moire sur l'exil forcĂ© de ces enfants dont le traumatisme perdure. Le rapport reconnaĂźt la responsabilitĂ© morale de l'État français et la dĂ©faillance de l'aide sociale Ă  l'enfance. La question de la responsabilitĂ© juridique et l'indemnisation du prĂ©judice reste ouverte[6].

Une recherche-action a Ă©tĂ© mise en Ɠuvre, depuis, afin d'explorer les multiples problĂ©matiques affĂ©rentes au traumatisme de vie que constitue, pour les enfants de la Creuse, la dĂ©portation dont ils ont fait l'objet. Le Pr Malika Mansouri, et le Pr Marion Feldman, psychologues cliniciennes spĂ©cialisĂ©es dans les thĂ©matiques du colonialisme, de la migration, et des ruptures de filiation, participent de mettre en Ɠuvre cette recherche-action, et de proposer des pistes thĂ©oriques et opĂ©rationnelles, afin de penser la problĂ©matique des enfants de la creuse.

Commémorations

À l'occasion du cinquantenaire du dĂ©but des dĂ©placements des enfants en 1963, une stĂšle commĂ©morative du sculpteur Nelson Boyer a Ă©tĂ© Ă©levĂ©e Ă  l'aĂ©roport de La RĂ©union Roland-Garros, Ă  l’initiative du conseil gĂ©nĂ©ral de La RĂ©union. Son inauguration par la prĂ©sidente du Conseil gĂ©nĂ©ral, Nassimah Dindar, s'est tenue le [33].

Une plaque commĂ©morative rappelle cette affaire Ă  l’AĂ©roport d'Orly, elle a Ă©tĂ© apposĂ©e le 17 fĂ©vrier 2022 et inaugurĂ©e par le ministre des Outre-mer SĂ©bastien Lecornu , en la prĂ©sence du secrĂ©taire d'Ă©tat en charge de l'Enfance et des Familles, Adrien Taquet. Cette plaque est dĂ©diĂ©e aux enfants dits "de la Creuse" et reconnait la responsabilitĂ© morale des pouvoirs publics de l'Ă©poque. Certains des enfants d'alors Ă©taient prĂ©sents[34].

Bibliographie

Ouvrages historiques

  • Gilles Ascaride, Corine Spagnoli, Philippe Vitale, Tristes tropiques de la Creuse, Éditions K'A, 2004
  • Gilles Ascaride, Corine Spagnoli, Philippe Vitale, Les RĂ©unionnais de la Creuse : une affaire d'État, Annuaires des Pays de l’OcĂ©an Indien, 2006
  • Ivan Jablonka, Enfants en exil, transfert de pupilles rĂ©unionnais en mĂ©tropole (1963-1982), Éditions du Seuil, Paris, 2007
  • Gilles Ascaride, Philippe Vitale, MĂ©moire et migration de l'ombre, le cas des RĂ©unionnais de la Creuse, Editions Solal, 2008
  • Wilfrid Bertile, Prosper Ève, Gilles Gauvin, Philippe Vitale, Les Enfants de la Creuse : idĂ©es reçues sur la transplantation de mineurs de La RĂ©union en France, Éd. Le Cavalier bleu, coll. « IdĂ©es reçues », Paris, 2021 (ISBN 979-10-318-0442-2).
  • Gilles Gauvin, Philippe Vitale, "Enseigner l'histoire des enfants de la Creuse", Paris, CanopĂ©, 2021

RĂ©cits autobiographiques

  • Jean-Jacques Martial, Une enfance volĂ©e, Les quatre chemins, 2003 (ISBN 9782847842104), rĂ©Ă©dition Le Livre de Poche 2021 (ISBN 978-2-253-10141-3)
  • Jean-Pierre Gosse, La BĂȘte que j’ai Ă©tĂ©. Le tĂ©moignage d’un RĂ©unionnais dĂ©portĂ© dans la Creuse en 1966, Éd. Alter Ego, 2005
  • Elise Lemai, La dĂ©portation des RĂ©unionnais de la Creuse : tĂ©moignages, Éditions L'Harmattan, 2004.

Autres ƒuvres

Cette déportation était systématiquement dénoncée à compter du milieu des années 1970 dans la littérature et la musique réunionnaises.

Arts

En septembre 2020 la bande-dessinée Piments Zoizos (les enfants oubliés de la Réunion) du dessinateur Tehem revient sur ces événements.

On trouve ainsi une critique du Bumidom dans l'ouvrage Zistoire Kristian, roman collectif paru en 1977[35].

On en trouve d'autres dans les chansons de DanyĂšl Waro, un chantre du maloya sur l'Ăźle, qui fut lui-mĂȘme emprisonnĂ© en mĂ©tropole Ă  la suite de son refus de faire son service militaire (albums Garfourn et BatarsitĂ©).

On consultera également les chansons de Ziskakan. L'une d'entre elles sortie en 1980 s'intitule justement Bumidom (l'organisme qui fut chargé d'accompagner l'émigration des Réunionnais vers la métropole)[36]. Elle se termine en affirmant :

Bimidom, bimidom ou vol nout bann frer.
Bimidom, bimidom ramas pa manter.
Bimidom, bimidom ou fé mal nout ker.
Bimidom, bimidom na kas ton bann fer.

Traduit du créole réunionnais au français, ce texte signifie :

Bumidom, Bumidom, tu nous voles nos frĂšres.
Bumidom, Bumidom, ne mens pas.
Bumidom, Bumidom, tu fais mal à nos cƓurs.
Bumidom, Bumidom, nous casserons tes fers.

Romans

  • Christian, Zistoir Kristian Mes-aventures : Histoire vraie d’un ouvrier rĂ©unionnais en France, Maspero, 1977, rĂ©Ă©ditĂ© aux Éditions K’A, 2009
  • Jean Louis Robert, Creuse, ta tombe, Éditions K’A, 2006 (le titre est un jeu de mots sur le dĂ©partement de la Creuse et le verbe "creuser")
  • Mariella Righini, Bonbon piment, Grasset, 2004
  • Brigitte Peskine, L’üle de mon pĂšre, Casterman, 2005, rĂ©cit pour la jeunesse
  • Christophe LĂ©on, Les mangues resteront vertes, Talents hauts, coll. «Les hĂ©roĂŻques », 2016, roman jeunesse
  • Ahmed Kalouaz, Enfants de l'exil : de l'Ăźle de la RĂ©union Ă  la Creuse, Oskar Ă©diteur, 2016, roman jeunesse
  • Ariane Bois, L'Ăźle aux enfants, Belfond, coll. « PointillĂ©s », 2019
  • Jean-François Sam-Long, Un soleil en exil, Gallimard, coll. « Continents noirs », 2019
  • Corine Valade, L'arbre des oublis, Éditions de BorĂ©e, 2019
  • Jean-François Samlong, Un soleil en exil, Gallimard, coll. « Continents noirs », 2019 (ISBN 978-2-07-285314-2)
  • Françoise Le Gloahec, Sucre amer, Ramsay, 2020
  • Murielle Guerrero-Gillet, Sur le chemin des flamboyants, Éditions Taraxacum, 2022 (ISBN 978-2-9534564-4-8)
  • Alexia Stresi, "Batailles", Editions Stock, 2020

Bande dessinée

  • Olivier Trotignon, Ella.2, Dada Tom, Orphie, 2008
  • TĂ©hem, Piments Zoizos - Les enfants oubliĂ©s de la RĂ©union, Steinkis, 2020 (ISBN 978-2368463260)[37], avec l'appui scientifique de Gilles Gauvin.
  • La Brigade des Souvenirs, Tome 2 : Mon Ăźle adorĂ©e, Carbone, Cee Cee Mia, Marko (illustrations) 2021 (ISBN 978-2800173993)

Audiovisuel

Un documentaire tĂ©lĂ©visuel de 53 minutes a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par William Cally pour l'Ă©vĂ©nement, avec la collaboration de l'historien Sudel Fuma. Ce documentaire, intitulĂ© Une enfance en exil : Justice pour les 1615[38], est considĂ©rĂ© comme le documentaire le plus Ă©mouvant et le plus instructif jamais rĂ©alisĂ© sur cette triste histoire. Le film a eu un Ă©cho exceptionnel auprĂšs de la population rĂ©unionnaise et mĂ©tropolitaine (diffusion sur RĂ©union PremiĂšre, France 3, France Ô). Il a, entre autres, permis aux tĂ©lĂ©spectateurs de prendre pleinement conscience de la vĂ©ritĂ© sur cette histoire et du traumatisme des victimes exilĂ©es. Plusieurs manifestations et un grand dĂ©bat tĂ©lĂ©visĂ© sur RĂ©union PremiĂšre, orchestrĂ© par Jean-Marc Collienne, avaient Ă©tĂ© organisĂ©s lors de la diffusion du documentaire. La dĂ©putĂ©e Huguette Bello fera allusion au documentaire lors de son discours Ă  l'AssemblĂ©e nationale pour la rĂ©solution mĂ©morielle sur le placement des enfants rĂ©unionnais en mĂ©tropole.

Un autre documentaire, ArrachĂ©e Ă  son Ăźle (2002), est centrĂ© sur le vol d'enfants rĂ©unionnais. Il retrace le parcours de Marie-ThĂ©rĂšse Gasp, soustraite Ă  sa mĂšre Ă  l'Ăąge de six semaines, arrivĂ©e dans la Creuse Ă  l'Ăąge de trois ans, en , en compagnie de plusieurs dizaines d'enfants de La RĂ©union. BientĂŽt, ils seront prĂšs de 1 000 dĂ©racinĂ©s, arrachĂ©s Ă  leur Ăźle, perdus, abandonnĂ©s de l'institution qui avait la charge de veiller sur eux, la DDASS. Trente-cinq ans aprĂšs, Marie-ThĂ©rĂšse est Ă  la recherche de son passĂ©. Le documentaire la suit dans ses dĂ©marches[39].

Le film documentaire, Rassine Monmon, Papa. Tome 1 : Ce passé qui ne passe pas!, réalisé par Michael Gence et produit par le Kollectif Nawak (2015), est un documentaire qui traite, d'un point de vue personnel, de cette période « Bumidom ». Cette premiÚre partie pose le contexte de cette époque de migration généralisée à La Réunion (fonction publique, études, jeunes travailleurs et pupilles), par l'agencement de témoignages et archives[40].

Un documentaire diffusé durant les travaux de la commission permet à Noémie Lenoir de découvrir que sa mÚre a fait partie des enfants de la Creuse : cette derniÚre, partie de La Réunion à l'ùge de seize ans, est passée par le foyer de Guéret[41].

Documentaires radiophoniques

Documentaires télévisuels

Fictions télévisuelles

Notes et références

  1. Pascal Coussy, « Un livre pour rétablir les faits sur l'histoire des enfants réunionnais de la Creuse », sur francetvinfo, France 3, (consulté le ).
  2. Écoles diffĂ©rentes
  3. Gilles Gauvin Michel Debré et La Réunion : la force des convictions jacobines Revue française d'histoire d'outremer, tome 86, no 324-325, 2e semestre 1999
  4. Marion Cocquet, « RĂ©unionnais de la Creuse : les dessous d'un scandale d'État - Page 4 », sur lepoint.fr, (consultĂ© le ).
  5. « L’affaire des RĂ©unionnais de la Creuse s’éclaire », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consultĂ© le )
  6. Chloé Leprince, « "Enfants de la Creuse" : une mémoire défaillante sur un crime impuni », sur Radio France, France Culture, (consulté le )
  7. BenoĂźt Hopquin, « Il Ă©tait une fois
 Les enfances dĂ©robĂ©es de La RĂ©union », sur LeMonde.fr, (consultĂ© le )
  8. Aujourd'hui, c'est l'Espace Créole qui se trouve dans les bùtiments du foyer, Bruno Arbesu, « Réunionnais de la Creuse », sur le site picturetank.com
  9. D. Perrin, "Les enfants volés de la Réunion", M Le Magazine du Monde, 27 août 2016, p. 34.
  10. Claire Rodineau, « Les RĂ©unionnais de la Creuse, en quĂȘte de leur enfance volĂ©e », Le Figaro,‎ (lire en ligne AccĂšs libre, consultĂ© le ).
  11. D. Perrin, "Les enfants volés de la Réunion", M Le Magazine du Monde, 27 août 2016, p. 34
  12. D. Perrin, "Les enfants volés de la Réunion", M Le Magazine du Monde, 27 août 2016, p. 36
  13. D. Perrin, "Les enfants volés de la Réunion", M Le Magazine du Monde, 27 août 2016, p. 37
  14. Chloé Leprince, « "Enfants de la Creuse" : une mémoire défaillante sur un crime impuni », sur France Culture, (consulté le )
  15. Elsa Sabado, « Quand Debré envoyait des enfants réunionnais dans la Creuse repeupler la France: le cinquantenaire oublié », sur Slate.fr, (consulté le )
  16. « Récit d'un exil forcé - Nonfiction.fr le portail des livres et des idées », sur www.nonfiction.fr, .
  17. Wilfrid Bertille, Prosper Ève, Gilles Gauvin, Philippe Vitale. Les Enfants de la Creuse : idĂ©es reçues sur la transplantation de mineurs de La RĂ©union en France. Éd. Le Cavalier bleu, Paris, 2021. (ISBN 9791031804422).
  18. Michelle Bertil. Un livre pour défaire les idées reçues sur les Enfants de la Creuse. Réunion La 1re, 16 avril 2021. Lire en ligne
  19. Georges Chùtain, « Les Réunionnais de la Creuse veulent faire reconnaßtre leur « déportation » en métropole », Le Monde, 18 août 2005.
  20. D. Perrin, Les enfants volés de la Réunion, M Le Magazine du Monde, 27 août 2016, p. 37.
  21. « RĂ©unionnais de la Creuse : les dessous d'un scandale d'État » Le point, 18 fĂ©vrier 2014.
  22. « La responsabilitĂ© de l’Etat dans l'exil forcĂ© d'enfants rĂ©unionnais reconnue », sur lemonde.fr,
  23. « Résolution relative aux enfants réunionnais placés en métropole dans les années 1960 et 1970 », sur assemblee-nationale.fr, .
  24. « RĂ©unionnais de la Creuse : les dessous d'un scandale d'État », sur lepoint.fr, .
  25. Claude Bartolone rencontre les enfants de la Creuse Ă  La RĂ©union. France 3 Limousin, 2 mars 2014.
  26. « Loi n° 64-1326 du 26 décembre 1964 tendant à constater l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité (1). - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  27. Trois question à Philippe Vitale, président de la commission des Enfants de la Creuse France Tv Info, 18 février 2016
  28. « Les RĂ©unionnais de la Creuse, en quĂȘte de leur enfance volĂ©e », sur lefigaro.fr,
  29. Les « enfants de la Creuse » : « Des convois entiers de petits créoles déracinés » Le Parisien, 20 février 2016
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  31. « Les «Réunionnais de la Creuse» veulent obtenir réparation », sur mediapart.fr, (consulté le )
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