Gombo
Abelmoschus esculentus
Le gombo (Abelmoschus esculentus), appelĂ© lalo Ă l'Ăźle de La RĂ©union et Ă l'Ăźle Maurice, calou en Guyane, calalou en HaĂŻti, quimbombĂł Ă Cuba, okra en Louisiane et dans l'ensemble des Ătats-Unis, quiabo au BrĂ©sil[1], lady finger dans certains pays anglophones, mloukhia au Maroc, gnawiya en Tunisie et en AlgĂ©rie est une espĂšce de plante tropicale Ă fleurs originaire d'Afrique ou d'Inde, proche de l'hibiscus, appartenant Ă la famille des Malvaceae[2].
Son fruit est une capsule de forme pyramidale récoltée verte et employée comme légume et comme condiment. Sa section transversale montre cinq carpelles qui forment un pentagone régulier. Sa peau est couverte de soies duveteuses.
Ătymologie
Le nom de genre Abelmoschus est empruntĂ© Ă l'arabe (ar) ۧۚ ۧÙÙ ŰłÙ ab almisk « pĂšre du musc » par allusion Ă lâodeur des graines dâambrette (Abelmoschus moschatus) qui sentent le musc. La latinisation du mot arabe a donnĂ© abelmoch, suivi du suffixe -us de formation des substantifs.
LâĂ©pithĂšte spĂ©cifique esculentus est un mot latin ÄscĆlentus, a, um, signifiant « mangeable, bon Ă manger, comestible » (Gaffiot[3]).
Noms vernaculaires
Noms vernaculaires : corne grecque, bamya (Turquie, GrĂšce), gnawia ou ganaouia (AlgĂ©rie, Tunisie)[4], son nom au Maroc est mloukhia[5], 'GĂ n, aussi gwĂĄn, gbĂĄn en Bambara au Mali[6], 'darraba en arabe local du Tchad[7], lalo ou bamya en Turquie et au Soudan, quiabo au BrĂ©sil, kalalou ou gombo, calalou pour le fruit et lalo pour les feuilles en HaĂŻti, lalo aussi Ă l'Ăle Maurice, dongĂł dongĂł en rĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, fĂ©tri en langue Ewe (Togo), poĂ»t barang (ááááá¶áá¶áá, « maĂŻs français ») au Cambodge[8].
Le nom de « gombo » est issu d'une langue bantoue en région angolaise, ki-ngombo[9].
Synonymes du nom scientifique : Hibiscus esculentus L. ou H. longifolius Willd[10].
Description
Le gombo est une grande herbe, vivace mais souvent cultivée comme annuelle, à la tige érigée pouvant atteindre 2,50 m de haut[11].
Les feuilles sont palmatilobĂ©es, de gabarit suborbiculaires, Ă 5-7 lobes irrĂ©guliĂšrement serretĂ©s. Elles sont portĂ©es par un long pĂ©tiole (jusquâĂ 35 cm)[11].
Les fleurs solitaires, axillaires, sont formĂ©es dâun calice spathacĂ©, Ă 5 dents, de 5 pĂ©tales de 3-4,5 cm[11], jaunes ou jaunĂątres, tachĂ©s de pourpre Ă la base, de 5 carpelles et dâĂ©tamines soudĂ©es.
Le fruit est une capsule de 8-25 cm de long, poilue, anguleuse, ovoïde-lancéolée, longuement pointue.
- Panier de gombos
- Section transversale du fruit
Distribution
Selon POWO[12], lâespĂšce est originaire du Bangladesh, de lâInde et du Myanmar.
Elle a Ă©tĂ© introduite dans de nombreux pays dâAfrique, dâAmĂ©rique et dâAsie orientale et du Sud-Est, Europe (Ukraine, Roumanie, Bulgarie, GrĂšce, Albanie).
Histoire
Cette plante Ă©tait cultivĂ©e dĂšs l'AntiquitĂ© en Ăgypte[13] et en Inde[2], puis a Ă©tĂ© importĂ©e en Europe par les Maures espagnols au XIIe siĂšcle. Elle fut introduite au XVIIe siĂšcle en AmĂ©rique par les esclaves, et utilisĂ©e notamment pour prĂ©venir du scorbut pendant la traversĂ©e de l'Atlantique[2]. Les esclaves et maĂźtres parlant le crĂ©ole utilisaient ce mot pour parler des plantes en gĂ©nĂ©ral[1].
Utilisation
Usage alimentaire
Le gombo est consommé dans la quasi-totalité de l'Afrique tout au long de l'année[14].
Le fruit contient une substance mucilagineuse (de texture gélatineuse) utile pour épaissir soupes et ragoûts[2]. Le gombo se mange cru ou cuit et il fait partie de nombreux plats antillais, africains, méditerranéens ou japonais. Il entre notamment dans la fabrication du calalou antillais. Il est par ailleurs l'élément-clé de la soupe qui accompagne le tonmtonm haïtien, plat prisé en particulier dans le Département du Sud du pays.
Il se marie bien avec la tomate, l'oignon, l'igname, le poivron ainsi qu'avec le curry, la coriandre, l'origan, le citron, le vinaigre et d'autres épices comme le ras el hanout. Il est fréquemment utilisé dans la cuisine méditerranéenne, et notamment les cuisines turque, grecque, chypriote et libanaise.
Il est Ă©galement la base du gombo, soupe cadienne typique de Louisiane[1], dans laquelle le fond est constituĂ© de mĂ©lange de cĂ©leri, poivron vert et oignon que l'on fait revenir avec les gombos coupĂ©s en rondelles. D'autres prĂ©parations typiques du Sud des Ătats-Unis sont les gombos braisĂ©s Ă la tomate et les rondelles de gombo frites.
Il est également utilisé dans des sauces avec de la viande blanche ou du poulet.
Fragile, le gombo se conserve deux à trois jours au réfrigérateur dans un sac de papier. Séché, il peut se conserver pendant plusieurs mois. Séché, il est également transformé sous forme de poudre[15].
Les graines mĂ»res, grillĂ©es, peuvent ĂȘtre utilisĂ©es en guise de cafĂ©[16].
Le gombo est aussi une spĂ©cialitĂ© de la CĂŽte d'Ivoire[17] oĂč il est souvent utilisĂ© en sauce sur du riz blanc.
Au Sénégal, le gombo est l'ingrédient de base de la soupe kandia.
Les jeunes feuilles peuvent ĂȘtre consommĂ©es comme des Ă©pinards[2]; elles sont parfois donnĂ©es au bĂ©tail comme fourrage[16].
- Une soupe miso avec des gombos
- Tranches de gombos frites
- Sauce gombo du Togo.
Usage médical/médicinal
Le mucilage du gombo a été utilisé pour accroßtre le volume sanguin. Les feuilles servent parfois de cataplasmes et sont utilisées pour leur propriétés émollientes et sudorifiques, et dans le traitement de la dysurie[16].
Le gombo a Ă©galement Ă©tĂ© utilisĂ© Ă lâĂle de La RĂ©union. Câest ainsi que dans son journal, en date du 22 mai 1829, De Lescouble[18] dĂ©crit les oreillons et propose le remĂšde universel et souverain de lâĂ©poque. « CĂ©leste a le mal du mouton depuis hier. Elle a la joue et le cou extrĂȘmement enflĂ©s et souffre beaucoup. Je lui ai mis des cataplasmes de feuilles de gombo ».
Le gombo est un ingrédient naturel prometteur mais pas encore confirmé pour diminuer l'inflammation systémique chez les patients atteints de maladies prédisposées à l'inflammation[19].
Usage industriel et artisanal
Le mĂȘme mucilage est utilisĂ© dans la fabrication de papier glacĂ©, comme agent de collage, ainsi que pour la fabrication de confiseries[16].
Les fibres de lâĂ©corce peuvent ĂȘtre utilisĂ©es localement pour la confection de cordelette, de papier et de carton[16].
Production
Bien que cultivé partout sous les tropiques, sa production mondiale, de 10 millions de tonnes en 2018, est assurée à plus de 80 % par l'Inde et le Nigeria[2].
2003 | 2004 | |||
---|---|---|---|---|
Inde | 3 530 000 | 72âŻ% | 3 550 000 | 72âŻ% |
NigĂ©ria | 730 000 | 15âŻ% | 730 000 | 15âŻ% |
Pakistan | 110 000 | 2âŻ% | 110 000 | 2âŻ% |
Ghana | 100 000 | 2âŻ% | 100 000 | 2âŻ% |
BĂ©nin | 85 333 | 2âŻ% | 86 000 | 2âŻ% |
Ăgypte | 85 000 | 2âŻ% | 85 000 | 2âŻ% |
Autres pays | 251 721 | 5âŻ% | 251 835 | 5âŻ% |
Totaux | 4 892 054 | 100âŻ% | 4 912 835 | 100âŻ% |
Voir aussi
- Petits blancs au manioc et à la sauce gombos, un film sénégalais de Moussa Bathily (1987)
Notes et références
Références
- Zachary Richard, Sylvain Godin et Maurice Basque, Histoire des Acadiennes et des Acadiens de la Louisiane, Lafayette, Université de Louisiane à Lafayette Press, , 130 p. (ISBN 978-1-935754-18-3), p. 80
- Ăric Birlouez, Petite et grande histoire des lĂ©gumes, QuĂŠ, coll. « Carnets de sciences », , 175 p. (ISBN 978-2-7592-3196-6, prĂ©sentation en ligne), LĂ©gumes d'antan et d'ailleurs, « Le gombo : des fruits verts Ă tout faire », p. 170-171.
- Gaffiot, dictionnaire latin-français, « ÄscĆlentus »
- « Sauté de veau tunisien aux gombos ou Markat gnawia »
- Mariem Bennani, « Le gombo, coupe faim et effet Viagra », sur www.lereporter.ma, (consulté le )
- « Bamadaba bamanankan daÉČÉgafe / dictionnaire du Corpus bambara de rĂ©fĂ©rence â gĂĄn » (consultĂ© le )
- (de) « Die KĂŒche des Tschad »
- Pauline Dy Phon, áá áá¶áá»áááááá»ááááá¶áá·ááááŸáááá¶áááááá»áááááááááááá»áá¶, Dictionnaire des Plantes utilisĂ©es au Cambodge, Dictionary of Plants used in Cambodia, ááááááá Phnom Penh, ááááá»áááááŸáááž áĄ, ááááá»ááá á áážá áąáŒáĄá¶ááá·á (ááááá¶áá·áááá·á áąááááááጠááž áá»á) á.á. áąá á á , ááááá áŁá€áŁ-áŁá€á€, 1st edition: 2000, Imprimerie Olympic Hor Thim (© Pauline Dy Phon), 1er tirage : 2000, Imprimerie Olympic Hor Thim, p. 1.
- CNRTL
- « Abelmoschus esculentus (L.) Moench â The Plant List », sur www.theplantlist.org (consultĂ© le )
- (en) Référence Flora of Pakistan : Abelmoschus esculentus (consulté le )
- (en) Référence Plants of the World online (POWO) : Abelmoschus esculentus (L.) Moench
- (en) « Abelmoschus esculentus (L.) »
- (de) « Okraschote »
- Camerdish, « Poudre de gombo », sur camerdish.com (consulté le )
- (fr) J.S. Siemonsma et C. KouamĂ©, « Abelmoschus esculentus (L.) Moench », sur prota.org, PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources vĂ©gĂ©tales de lâAfrique tropicale), (consultĂ© le )
- « Sauce Gombo s frais ( kopé) » : « Servez avec du riz »
- Renoval de Lescouble J-B. Journal dâun colon de lâĂźle de Bourbon (1811-1838). LâHarmattan. Editions du Tramail, Saint-Denis.
- Aida Malek Mahdavi, Zeinab Javadivala et Elham Ahmadian, « Effects of okra (Abelmoschus esculentus L) on inflammatory mediators: a systematic review of preclinical studies », Food & Function, vol. 13, no 6,â , p. 3159â3169 (ISSN 2042-650X, PMID 35244638, DOI 10.1039/d1fo03915f, lire en ligne, consultĂ© le )
Bibliographie
- Jacques Fournet, Flore illustrée des phanérogames de Guadeloupe et de Martinique, Gondwana éditions, Cirad,
Annexes
Références taxinomiques
- (en) Référence JSTOR Plants : Abelmoschus esculentus (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Abelmoschus esculentus (L.) Moench (consulté le )
- (en) Référence Flora of China : Abelmoschus esculentus (consulté le )
- (en) Référence Madagascar Catalogue : Abelmoschus esculentus (consulté le )
- (en) Référence Flora of Pakistan : Abelmoschus esculentus (consulté le )
- (en) Référence GRIN : espÚce Abelmoschus esculentus (L.) Moench (consulté le )
- (fr) Référence INPN : Abelmoschus esculentus (L.) Moench, 1794 (TAXREF) (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Abelmoschus esculentus (L.) Moench (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Abelmoschus esculentus (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence The Plant List : Abelmoschus esculentus (L.) Moench (source : KewGarden WCSP) (consulté le )
- (en) Référence Tropicos : Abelmoschus esculentus (L.) Moench (Syn. Hibiscus esculentus L.) (+ liste sous-taxons) (consulté le )
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023
- (fr) Référence Tela Botanica (Antilles) : Abelmoschus esculentus (L.) Moench
Liens externes
- Ressources relatives au vivant :
- Alabama Plant Atlas
- Base de données des plantes d'Afrique
- Global Biodiversity Information Facility
- TAXREF (INPN)
- (en) ARKive
- (en) Atlas of Florida Plants
- (cs + en) BioLib
- (zh-Hant + en) Catalogue of Life in Taiwan
- (en) Ecocrop
- (en) EPPO Global Database
- (en) European Nature Information System
- (ca) Flora Catalana
- (en) Flora of China
- (en) Flora of North America
- (en) Germplasm Resources Information Network
- (mul + en) iNaturalist
- (en) Interim Register of Marine and Nonmarine Genera
- (en) International Plant Names Index
- (en) Jardin botanique du Missouri
- (en) Michigan Flora
- (en + en) New Zealand Organisms Register
- (en) The Plant List
- (en) PLANTS Database
- (en) Plants For A Future
- (en) Plants of the World Online
- (en) SystÚme d'information taxonomique intégré
- (en) Tropicos
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Origines du gombo
- Recettes tunisiennes