Enrique Mosconi
Enrique Carlos Alberto Mosconi (1877 â 1940) Ă©tait un militaire et ingĂ©nieur argentin, connu principalement pour avoir jouĂ© un rĂŽle de pionnier dans lâindustrie pĂ©troliĂšre en Argentine.
Nom de naissance | Enrique Carlos Alberto Mosconi |
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Alias |
Le « Général pétrolier » |
Naissance |
Buenos Aires |
DĂ©cĂšs |
Buenos Aires |
Nationalité | Argentin |
Profession |
Militaire (gĂ©nĂ©ral de division) ; ingĂ©nieur civil ; administrateur dâentreprise |
Activité principale |
Premier directeur de lâentreprise pĂ©troliĂšre publique YPF |
Autres activités |
Auteur (ouvrages sur le pétrole argentin) |
Formation | |
Famille |
AprĂšs une formation militaire classique, il entreprit des Ă©tudes dâingĂ©nieur quâil complĂ©ta par plusieurs voyages dâĂ©tude en Europe, oĂč il prit notamment du service pendant quatre ans dans un bataillon allemand. De retour en Argentine au dĂ©but du XXe siĂšcle, il fut versĂ© dans le gĂ©nie militaire, puis en 1920, avec le grade de colonel, nommĂ© directeur du Service aĂ©ronautique de lâarmĂ©e rĂ©cemment crĂ©Ă©, quâil dirigera jusquâen 1922. Ă partir de cette date et jusquâen 1930, il exerça comme premier prĂ©sident en date de lâentreprise pĂ©troliĂšre publique Yacimientos PetrolĂferos Fiscales (YPF), fondĂ©e cette mĂȘme annĂ©e sous lâimpulsion du prĂ©sident radical Alvear. Ă ce titre, il sut accroĂźtre lâexploration et la production de pĂ©trole, particuliĂšrement en Patagonie, dans la zone autour de Comodoro Rivadavia, fit construire des raffineries, et en commercialisa lui-mĂȘme les produits, tenant tĂȘte ainsi aux grandes compagnies pĂ©troliĂšres Ă©trangĂšres, plus spĂ©cifiquement la Shell et la Standard Oil. Sâappliquant Ă rĂ©aliser lâautosuffisance Ă©nergĂ©tique de lâArgentine, dans le cadre plus large dâun nationalisme visant lâindĂ©pendance Ă©conomique de lâArgentine, il dirigea la zone militarisĂ©e de Comodoro Rivadavia dâune main de fer, mettant notamment au pas les organisations ouvriĂšres. En accord avec beaucoup de ses collĂšgues officiers, et en opposition avec lâoligarchie civile plus conservatrice, Mosconi jugeait que cet objectif dâautonomie nationale ne pouvait ĂȘtre atteint que moyennant une tutelle complĂšte de lâĂtat sur le secteur des hydrocarbures. Au lendemain du putsch militaire de 1930, il remit sa dĂ©mission, et aprĂšs une brĂšve pĂ©riode dâincarcĂ©ration et dâexpatriation forcĂ©e, fut relĂ©guĂ© Ă des tĂąches subalternes. Ayant sollicitĂ© et obtenu sa retraite en 1933, il rĂ©digea plusieurs ouvrages, et parcourant lâAmĂ©rique latine, sut convaincre les autoritĂ©s de la Bolivie et du BrĂ©sil de mettre en Ćuvre une politique Ă©nergĂ©tique semblable Ă celle de lâArgentine (fondation respectivement de lâYPFB et de Petrobras). AprĂšs sa mort en 1940, sa figure et son action en faveur du patriotisme Ă©conomique seront revendiquĂ©es par la gauche socialiste dâabord, par le premier pĂ©ronisme ensuite, enfin par le kirchnĂ©risme, lorsque la renationalisation partielle dâYPF (auparavant privatisĂ©e par le prĂ©sident Menem en 1992) devint un thĂšme dâactualitĂ© en 2012.
Jeunes années et formation
Fils dâEnrico Mosconi, ingĂ©nieur italien employĂ© dans la construction du rĂ©seau ferroviaire en Argentine, et de MarĂa Juana Canavery, Argentine dâascendance irlandaise, Mosconi passa la plus grande partie de sa jeunesse Ă Buenos Aires, aux cĂŽtĂ©s de ses deux sĆurs aĂźnĂ©es et de ses deux frĂšres cadets. Son pĂšre souhaitait un fils mĂ©decin ; sa mĂšre un fils militaire, qui emboiterait le pas Ă son oncle, le lieutenant-colonel Ăngel Canavery, qui avait participĂ© Ă la campagne militaire contre les Indiens, dĂ©nommĂ©e conquĂȘte du DĂ©sert. Alors quâil Ă©tait ĂągĂ© de deux ans, la famille alla sâĂ©tablir en Italie, pour sâen revenir en Argentine une couple dâannĂ©es plus tard, aprĂšs la mort en couches, Ă Marseille, de la mĂšre. Enrico Mosconi convola en secondes noces avec la comtesse MarĂa Luisa Natti[1].
En mai 1891, Ă lâissue de sa formation primaire, le jeune Mosconi sâinscrivit au CollĂšge militaire de la nation, dâoĂč il sortit en novembre 1894, Ă lâĂąge de 17 ans, avec le grade de sous-lieutenant dâinfanterie. Il fut envoyĂ© se charger du 7e rĂ©giment dâinfanterie Ă RĂo Cuarto, dans la province de CĂłrdoba, et entreprit bientĂŽt de rĂ©diger un RĂšglement pour lâinfanterie en campagne, avec un exposĂ© sur le maniement des explosifs et des instructions pour la construction de ponts. En 1896, ayant eu de lâavancement, il fut mutĂ© Ă Buenos Aires, oĂč il commença des Ă©tudes dâingĂ©nieur Ă lâuniversitĂ© de la ville. Sa future carriĂšre sera fortement marquĂ©e par lâingĂ©nieur des mines Enrique MartĂn Hermitte, professeur Ă la facultĂ© des Sciences exactes physiques et naturelles et dĂ©couvreur en dĂ©cembre 1907 du premier puits de pĂ©trole en Argentine, prĂšs de la ville de Comodoro Rivadavia[1].
Il fut membre du CĂrculo Militar depuis le jour oĂč il eut achevĂ© ses Ă©tudes au CollĂšge militaire[2].
En 1899, il rĂ©alisa des Ă©tudes topographiques et statistiques dans les Andes, dans la province de Mendoza, puis lâannĂ©e suivante fit partie de lâĂ©quipe chargĂ©e dâeffectuer en Patagonie les relevĂ©s en vue de lâamĂ©nagement dâun rĂ©seau ferroviaire dâimportance stratĂ©gique dans la Province de NeuquĂ©n. En 1903, il obtint en trois ans et demi son diplĂŽme dâingĂ©nieur civil Ă la facultĂ© des Sciences exactes physiques et naturelles de lâuniversitĂ© de Buenos Aires ; sa thĂšse de doctorat portait sur le projet de construction dâun barrage sur le lac Nahuel Huapi et sur la mise en place de vannes et dâĂ©cluses pour rĂ©guler les eaux des fleuves Limay et Negro, dans la province de NeuquĂ©n, afin de les rendre navigables.
- Le pĂšre, lâingĂ©nieur Enrico Mosconi
- La mĂšre, MarĂa Juana Canavery
- Lâoncle, le lieutenant-colonel Ăngel Canavey
- Enrique Mosconi Ă lâĂąge de 7 ans
CarriĂšre militaire
En 1903, ĂągĂ© de 25 ans, il fut mutĂ© Ă la division du gĂ©nie de lâarmĂ©e en qualitĂ© dâingĂ©nieur militaire et fit partie en 1903, dotĂ© alors du grade de capitaine, de la commission chargĂ©e dâĂ©tudier le tracĂ© du chemin de fer Ferrocarril Central Norte et le rĂ©seau de lignes de Perico Ă Ledesma, dans la province de Jujuy. En 1904, il se vit dĂ©cerner un prix pour un projet de construction dâune caserne dâinfanterie et dâune autre de cavalerie (sur le lieu actuellement occupĂ© par le rĂ©giment de Grenadiers Ă cheval, Ă Palermo, Buenos Aires)[1]. Entre 1906 et 1908, il fut dĂ©signĂ© membre dâune commission composĂ©e de diplĂŽmĂ©s argentins et dĂ©pĂȘchĂ©e en Europe (Italie, Belgique et Allemagne) pour Ă©tudier et acquĂ©rir des usines dâĂ©nergie hydroĂ©lectrique et gaziĂšre. Il sâengagea dans les troupes du gĂ©nie de la Reichsheer, et passa quatre ans dans le 4e bataillon de Westphalie, en mĂȘme temps quâil suivait un cours de postgraduat Ă lâĂcole technique supĂ©rieure dâartillerie et dâingĂ©nierie de Charlottenbourg. En Allemagne encore, il sâinitia aux idĂ©es industrialistes de lâĂ©conomiste Friedrich List (1789-1846), qui avaient une grande rĂ©percussion en Europe et aux Ătats-Unis[3].
En 1909, Mosconi regagna lâArgentine et exerça comme chef du 2e bataillon du gĂ©nie, mais au bout de quelques mois retourna en Europe afin dây faire lâacquisition de matĂ©riel Ă lâintention de la division du gĂ©nie. En Allemagne, en France et en Autriche-Hongrie, il Ă©tudia et travailla aux cĂŽtĂ©s de spĂ©cialistes en tĂ©lĂ©graphie et en chemins de fer. Revenu en Argentine en dĂ©cembre 1914, il retrouva ses fonctions militaires et devint en 1915 directeur de lâarsenal Esteban de Luca Ă Buenos Aires.
En mars de 1920, montĂ© au grade de colonel, il fut dĂ©signĂ© directeur du Service aĂ©ronautique de lâarmĂ©e, quâil dirigera jusquâen 1922. Lâaviation militaire, appelĂ©e bientĂŽt la cinquiĂšme arme, Ă©tait un domaine alors novateur. Il fut nommĂ© membre de la direction de lâĂcole technique Otto Krause Ă Buenos Aires, oĂč il se lia dâamitiĂ© avec lâingĂ©nieur et pionnier de lâaviation Jorge Newbery. Travailleur infatigable, il stimula lâaviation civile, encouragea la fondation dâaĂ©ro-clubs et mit sur pied en janvier 1922 le Groupe no 1 dâAviation, composĂ© dâun Ă©tat-major, dâune escadrille de bombardement, dâune autre de chasseurs, dâune section dâentraĂźnement, dâun parc aĂ©ronautique et dâune section de photographie[3]. Ce fut dans ces circonstances que, se proposant de rĂ©aliser quelques vols dâentraĂźnement aux frontiĂšres, il fut amenĂ© Ă vouloir se procurer du carburant auprĂšs de la West Indian Oil Corporation, mais sâen vit refuser la fourniture au motif que le naphta nâĂ©tait livrĂ© quâaprĂšs acquittement prĂ©alable du montant correspondant ; cette dĂ©convenue fut un point de basculement et contribua Ă lui faire prendre conscience de la nĂ©cessitĂ© pour lâArgentine dâassurer son indĂ©pendance industrielle[3].
YPF et la nationalisation du pétrole
Le 16 octobre 1922, sous la prĂ©sidence de Marcelo T. de Alvear, Mosconi fut dĂ©signĂ© Directeur gĂ©nĂ©ral de lâentreprise pĂ©troliĂšre publique Yacimientos PetrolĂferos Fiscales (YPF), fonction quâil devait occuper pendant huit ans, sâefforçant dâaccroĂźtre lâexploration et lâextraction de pĂ©trole.
Ă ce titre, Mosconi allait bientĂŽt Ă©laborer une idĂ©ologie appuyĂ©e sur le nationalisme pĂ©trolier, qui insistait « sur la nĂ©cessitĂ© de lâindustrialisation, sur lâautosuffisance Ă©conomique, sur lâhostilitĂ© au capital Ă©tranger et, fondamentalement, sur la nĂ©cessitĂ© de donner Ă lâĂtat un rĂŽle actif comme promoteur de lâentreprise publique »[4]. Pour tous les objectifs citĂ©s, Mosconi bĂ©nĂ©ficiait de lâappui vigoureux du prĂ©sident Alvear, ce qui se traduisit par lâoctroi dâune autonomie administrative complĂšte Ă lâentreprise dâĂtat, autonomie qui facilita la mise en Ćuvre entre 1924 et 1927 du plan dâexpansion dâYPF. Ce plan comportait notamment la construction dâune raffinerie, qui devait Ă©viter Ă YPF de continuer Ă voir lui Ă©chapper les importants bĂ©nĂ©fices issus du raffinage et de la distribution, bĂ©nĂ©fices demeurĂ©s jusque-lĂ entre les mains des compagnies pĂ©troliĂšres privĂ©es[5].
Depuis au moins la dĂ©cennie 1920, le discours prĂ©valait en Argentine selon lequel lâĂ©loignement de la Patagonie par rapport au pouvoir central rendait nĂ©cessaire une tutelle militaire, en particulier sur la rĂ©gion du golfe San Jorge, qui renfermait dâimportantes rĂ©serves de pĂ©trole[6]. Ce type de raisonnement apportait une certaine lĂ©gitimitĂ© Ă la prĂ©sence militaire dans la rĂ©gion, en particulier dans la ville de Comodoro Rivadavia, ainsi quâaux reprĂ©sentants de lâarmĂ©e. Leur latitude dâaction dans lâadministration et dans la direction dâorganismes tels que les entreprises publiques, les Ă©quipements aĂ©riens et les installations portuaires donnait Ă lâinstitution militaire une image sous laquelle sâassociaient pouvoir et perspectives de dĂ©veloppement rĂ©gional. Enrique Mosconi, en qualitĂ© de membre des forces armĂ©es, et de lâun des plus notoires « militaires capitaines dâindustrie », avait pour objectif de renforcer et dâĂ©tendre lâindustrie pĂ©troliĂšre publique pour, dans le mĂȘme temps, rĂ©duire le pouvoir des compagnies pĂ©troliĂšres Ă©trangĂšres. En 1922, Ă la suite de la rĂ©organisation de lâentreprise pĂ©troliĂšre dâĂtat, qui prit alors nom de Yacimientos PetrolĂferos Fiscales (YPF), « une entreprise publique verticalement intĂ©grĂ©e vit le jour, qui non seulement produirait du pĂ©trole, mais encore qui le raffinerait et vendrait les produits du raffinage sur le marchĂ© Ă des prix compĂ©titifs »[7].
BientĂŽt, Mosconi sâappliqua Ă dĂ©ployer un ensemble de mesures destinĂ©es Ă surveiller lâorganisation du mouvement ouvrier pĂ©trolier alors en gestation. Lâobjectif de ces mesures Ă©tait de dĂ©finir un cadre normatif et de mettre en place un systĂšme d'organisation de la communautĂ© des travailleurs, eu Ă©gard surtout Ă la pĂ©riode entre les annĂ©es 1917 et 1922 oĂč les rapports entre ouvriers (fĂ©dĂ©rĂ©s au sein de la FederaciĂłn Obrera PetrolĂfera) et direction patronale avaient Ă©tĂ© marquĂ©s par de nombreux conflits. Parmi ces mesures se distinguent en particulier le contrĂŽle du temps et des lieux de travail, contrĂŽle visant Ă prĂ©venir la possible constitution de groupes revendicatifs. LâĂ©touffement des vellĂ©itĂ©s contestataires sâaccomplissait par la police, mais lorsque les conflits sâexacerbaient, les troupes de la marine de guerre venaient prĂȘter main-forte, imprimant Ă lâadministration du Yacimiento une forte empreinte militaire[5]. Peu Ă peu, un contrĂŽle strict fut mis en place sur la circulation de tracts ou de journaux, et lâon imagina d'infiltrer, au sein de la population des travailleurs, un certain nombre dâagents fĂ©dĂ©raux venus de Buenos Aires dans le but dâaffaiblir le mouvement ouvrier de lâintĂ©rieur. En outre, les avantages sociaux Ă©taient conçus en grande partie comme un moyen de contrĂŽler la population des travailleurs[8]. Un Ă©lĂ©ment qui tĂ©moigne de la sĂ©vĂšre discipline militaire de Mosconi fut sa dĂ©cision de dĂ©pĂȘcher des officiers sur les sites pĂ©troliers pour faire barrage Ă un groupe dâanarchistes de vingt nationalitĂ©s diffĂ©rentes engagĂ©s dans une lutte pour des conditions de travail plus humaines[9].
Une autre mesure en ce sens fut lâargentinisation de la main-dâĆuvre, consistant Ă favoriser le recrutement de migrants du nord de lâArgentine (des provinces de Catamarca et de La Rioja en prioritĂ©) afin dâĂ©viter de devoir embaucher des ouvriers Ă©trangers, dont on redoutait les accointances idĂ©ologiques[10]. De mĂȘme, la politique antisyndicale de Mosconi et la forte hostilitĂ© envers le mouvement ouvrier local se traduisit par la dĂ©cision de lâadministrateur local Alonso Baldrich dâ« employer des officiers de lâarmĂ©e comme auxiliaires principaux et leur habitude de travailler en uniforme militaire, [aspects qui] pour beaucoup de travailleurs symbolisaient la âmilitarisationâ de la force de travail »[11]. Sây ajoute sans doute lâinfluence de la tradition prussienne chez Mosconi, quand celui-ci postulait que le modĂšle idĂ©al du travailleur ypĂ©effien Ă©tait celui qui rĂ©unissait en lui tant le soldat que le patriote[12]. De lĂ aussi la perception des conflits sociaux : la grĂšve non seulement rĂ©vĂ©lait la cupiditĂ© et lâĂ©goĂŻsme du travailleur, mais aussi devenait une agression contre la nation. Outre par les dispositifs de contrĂŽle direct, le disciplinement sâobtenait aussi par le biais de primes ou de sanctions rĂ©percutĂ©es sur le montant du salaire[13].
LâarmĂ©e argentine avait dĂ©jĂ Ă©laborĂ© son modĂšle propre de dĂ©veloppement Ă©conomique, axĂ© principalement, en accord avec lâidĂ©ologie nationaliste, sur deux prĂ©occupations bien dĂ©terminĂ©es : lâexploitation des ressources naturelles nationales (en particulier les gisements de pĂ©trole) et lâimpulsion Ă donner Ă lâindustrialisation du pays. La conviction des officiers de lâarmĂ©e que lâintervention de lâĂtat Ă©tait nĂ©cessaire dans les secteurs considĂ©rĂ©s vitaux pour la sĂ©curitĂ© nationale explique la tension croissante entre les autoritĂ©s civiles et le groupe des officiers politiquement actifs[14].
Aussi la sociĂ©tĂ© YPF Ă©tait-elle perçue en 1922 comme le premier succĂšs des militaires dans le projet gĂ©nĂ©ral de rĂ©organisation politique du pays. Dans le mĂȘme sens, Mosconi voyait son rĂŽle non pas comme une tĂąche isolĂ©e, mais comme une mission sâinscrivant dans ce processus gĂ©nĂ©ral, et Ă©cartait tout type dâinterfĂ©rence politique dans lâaccomplissement de cette mission. Dâautre part, le remaniement de la sociĂ©tĂ© YPF mettait en Ă©vidence la distance qui existait entre les objectifs de lâĂ©lite civile, plus conservatrice, et les aspirations des chefs militaires. Enfin, ce processus impliquait aussi pour les forces armĂ©es de devoir commencer Ă songer Ă la nĂ©cessitĂ© de disposer dâune Ă©lite dirigeante propre, qui fĂ»t Ă la hauteur de la situation, câest-Ă -dire de pouvoir sâappuyer sur un groupe de dĂ©cideurs politico-militaires[14]. Lâattitude de Mosconi dĂ©montre que le secteur militaire agissait, vers le milieu des annĂ©es 1920, selon un plan politique propre, de plus en plus hors de la tutelle des autoritĂ©s constitutionnelles et de plus en plus en porte-Ă -faux avec la position doctrinale de lâĂ©lite libĂ©rale. Ainsi Mosconi allait-il dans lâexercice de ses pouvoirs trĂšs au-delĂ de ses attributions, en se passant de lâautorisation explicite du pouvoir exĂ©cutif, notamment lorsquâil suspendait lâactivitĂ© syndicale, mettait des travailleurs aux arrĂȘts sans garanties juridiques, et se montrait implacable envers les membres du personnel qui sâavisaient de sâengager dans quelque parti politique, les licenciant alors sans dĂ©lai. Vers la fin de 1928, le journal du soir Ăltima Hora de Buenos Aires rĂ©vĂ©la des dĂ©tails sur la dĂ©nommĂ©e « dictature mosconienne »[14]. La sĂ©questration de travailleurs sur le site pĂ©trolier (qui appartenait Ă lâĂtat fĂ©dĂ©ral et ne rapportait plus Ă lâautoritĂ© municipale depuis 1918), oĂč tout droit politique leur Ă©tait dĂ©niĂ©, fut sans doute lâun des aspects les plus dĂ©criĂ©s de son action Ă lâYPF.
La sociĂ©tĂ© YPF bĂ©nĂ©ficia dâune mise de fonds de 8 millions de pesos de la part du gouvernement fĂ©dĂ©ral, puis rĂ©ussit Ă se rendre autosuffisante, se finançant alors elle-mĂȘme avec les recettes de lâextraction de pĂ©trole, sans avoir jamais recours aux emprunts ni aux investissements Ă©trangers[15]. En 1925, Mosconi envisagea la possibilitĂ© dâune sociĂ©tĂ© mixte, publique et privĂ©e, mais se ravisa en 1928, dĂ©clarant :
« Il ne reste pas dâautre voie que le monopole de lâĂtat, mais de maniĂšre intĂ©grale, câest-Ă -dire pour toutes les activitĂ©s de cette industrie : la production, lâĂ©laboration, le transport et la commercialisation [...]. Sans monopole du pĂ©trole, il est difficile, voire impossible pour un organisme dâĂtat de vaincre dans la lutte commerciale les organisations du capital privĂ©. »
â E. Mosconi[16]
Il remarqua en outre que dĂ©fendre les gisements pĂ©trolifĂšres argentins contre les compagnies Ă©trangĂšres nĂ©cessitait de disposer dâ« une magnifique insensibilitĂ© Ă toutes les sollicitations des intĂ©rĂȘts privĂ©s, quâils concordent ou non avec les intĂ©rĂȘts collectifs, mais avant tout il faut un pouvoir politique capable de contenir toutes les forces opposĂ©es ».
« Il apparaĂźt inexplicable quâexistent des citoyens qui souhaitent aliĂ©ner nos dĂ©pĂŽts de pĂ©trole en accordant des concessions dâexploration et dâexploitation au capital Ă©tranger, pour favoriser celui-ci par les gains accrus sâobtenant dâune telle activitĂ©, au lieu de rĂ©server absolument de tels bĂ©nĂ©fices Ă amĂ©liorer le bien-ĂȘtre moral et matĂ©riel du peuple argentin. Car remettre notre pĂ©trole, câest comme remettre notre drapeau. »
â E. Mosconi
Mosconi, tandis quâil bĂątissait ainsi une grande entreprise pĂ©troliĂšre, eut Ă affronter la pression politique des deux gĂ©ants de lâexploitation des hydrocarbures quâĂ©taient lâanglo-hollandaise Royal Dutch Shell et la Standard Oil de lâamĂ©ricain John D. Rockefeller. En 1922, la sociĂ©tĂ© YPF produisit 320 863 m3 et les compagnies privĂ©es 97 972 ; en 1923, la production de la sociĂ©tĂ© dâĂtat sâĂ©levait Ă 381 868 m3 et celle des firmes privĂ©es Ă 114 932, et en 1924 respectivement Ă 506 919 et 168 200 m3. Pour lâannĂ©e 1925, ces mĂȘmes chiffres Ă©taient de 589 922 m3 pour lâYPF et de 333 691 pour le privĂ©, et lâannĂ©e suivante de 680 870 m3 contre 477 674 respectivement. La consommation intĂ©rieure enregistrait Ă©galement des hausses au cours de cette mĂȘme pĂ©riode[17].
Le 10 janvier 1924, sur les instances de Mosconi, le pouvoir exĂ©cutif Ă©dicta un dĂ©cret par lequel la rĂ©serve pĂ©troliĂšre dâĂtat Ă©tait autorisĂ©e Ă sâĂ©tendre dans le sud et que pouvaient se crĂ©er de nouveaux sites publics dâexploitation dans les territoires nationaux (câest-Ă -dire des territoires nâappartenant Ă aucune province et relevant directement de lâautoritĂ© fĂ©dĂ©rale) de La Pampa, RĂo Negro, NeuquĂ©n, Chubut, Santa Cruz et Terre de feu. En vertu dâun nouveau dĂ©cret du 30 octobre, YPF Ă©tait autorisĂ©e Ă procĂ©der Ă de nouveaux forages et Ă sâĂ©tendre Ă de nouvelles zones autour de Comodoro Rivadavia sans nĂ©cessitĂ© de permis dâexploitation miniĂšre[16].
Entre 1927 et 1928, Mosconi parcourut lâAmĂ©rique latine pour informer les autoritĂ©s des diffĂ©rents pays sur lâexpĂ©rience argentine en matiĂšre dâhydrocarbures, et plaider pour une intĂ©gration des efforts dans ce domaine. Mosconi fut le meilleur promoteur dâune politique nationale tendant Ă mettre les ressources naturelles au service du dĂ©veloppement Ă©conomique, industriel et social de la Nation argentine. Il prĂŽna la nationalisation desdites ressources, lâinstauration dâun monopole public absolu sur lâexploration et lâexploitation, et affirmait la nĂ©cessitĂ© pour les pays latinoamĂ©ricains de prendre des mesures coördonnĂ©es sur ce plan et de promulguer des lois relatives aux ressources naturelles qui servent les intĂ©rĂȘts des Ătats nationaux. Cette doctrine eut un certain impact au Mexique, au BrĂ©sil, en Uruguay, en Bolivie et en Colombie[16].
En 1929, il reçut Edmundo Castillo, ministre urugayen de lâIndustrie, et sut le convaincre dâimplanter une raffinerie nationale et une entreprise dâĂtat pour vendre les produits de celle-ci ; il en rĂ©sulta la crĂ©ation de lâAdministration nationale des combustibles, de lâalcool et du ciment (en espagnol AdministraciĂłn Nacional de Combustibles, Alcoholes y Portland, sigle ANCAP), la compagnie publique de lâĂ©nergie fondĂ©e en 1931 par le gouvernement uruguayen.
LâactivitĂ© de Mosconi comme directeur de la sociĂ©tĂ© YPF connut une fin abrupte avec le coup dâĂtat de 1930, qui fut exĂ©cutĂ© par un groupe de militaires emmenĂ©s par le gĂ©nĂ©ral JosĂ© FĂ©lix Uriburu et renversa le gouvernement constitutionnel dâHipĂłlito Yrigoyen.
Le coup dâĂtat de 1930 et la DĂ©cennie infĂąme
Le 9 septembre 1930, le gĂ©nĂ©ral Mosconi, loyal Ă ses idĂ©es radicales, sâestima obligĂ© de prĂ©senter sa dĂ©mission indĂ©clinable Ă la direction de lâentreprise YPF, dĂ©mission aussitĂŽt acceptĂ©e par le ministre de lâAgriculture, le Dr Horacio Beccar Varela[18]. DorĂ©navant, et souffrant dĂ©jĂ de la maladie qui devait lâemporter dix ans plus tard, il sera totalement oubliĂ© par ses pairs des forces armĂ©es[19].
Beaucoup parmi les collaborateurs dâUriburu se trouvaient sous lâinfluence dâintĂ©rĂȘts pĂ©troliers privĂ©s, comme ce fut le cas du vice-prĂ©sident de la Nation, Enrique Santamarina, actionnaire entre autres de la firme Sindicato PetrolĂfero Astra Argentina. Cependant, le pĂ©trole nâavait pas Ă©tĂ© un facteur dĂ©cisif dans le coup dâĂtat ; ainsi que lâa signalĂ© lâhistorien George Philip, spĂ©cialisĂ© en histoire du pĂ©trole, le nouveau gouvernement, sâil mit certes fin Ă la nationalisation du pĂ©trole, nâapporta aucune modification drastique par rapport Ă la politique des prĂ©cĂ©dents gouvernements[20].
Le 9 septembre 1930, le gĂ©nĂ©ral Mosconi fut dĂ©tenu en mĂȘme temps que son ami le gĂ©nĂ©ral Baldrich et que le prĂ©sident de lâAlianza AtlĂĄntica, lâintellectuel Arturo OrzĂĄbal Quintana ; tous furent relĂąchĂ©s une semaine plus tard, mais dĂ©placĂ©s loin de leur domicile en rĂ©sidence surveillĂ©e. Mosconi sâobstina Ă ne pas vouloir collaborer avec le rĂ©gime de la DĂ©cennie infĂąme lorsque les militaires au pouvoir lui en firent la demande[21]. Le 6 dĂ©cembre, il fut Ă nouveau incarcĂ©rĂ©, accusĂ© dâĂȘtre communiste et de prĂ©parer un contre-coup dâĂtat.
Plusieurs jours plus tard, aprĂšs quâil eut Ă©tĂ© placĂ© en isolement et interrogĂ©, il adressa une lettre au prĂ©sident provisoire, le gĂ©nĂ©ral Uriburu, dans laquelle il se dĂ©fendit une nouvelle fois dâĂȘtre « putschiste ». Peu aprĂšs, une procĂ©dure judiciaire fut ouverte contre lui sous lâincrimination dâavoir puisĂ© indĂ»ment dans le budget dâYPF, procĂ©dure Ă lâissue de laquelle ordre lui fut donnĂ© de sâexpatrier en Europe. Ă la suite de son refus, Mosconi jugeant en effet de son devoir de se dĂ©fendre devant la justice argentine, il lui fut assignĂ© une « mission personnelle » en Europe consistant Ă Ă©tudier plus avant lâĂ©volution de lâaviation dans les pays europĂ©ens, avec consigne de ne retourner sur le territoire argentin quâaprĂšs en avoir reçu lâinstruction de sa hiĂ©rarchie. LâannĂ©e suivante, de retour en Argentine, Mosconi se prĂ©senta au ministĂšre de la Guerre, conformĂ©ment aux ordres reçus. Entretemps, le gĂ©nĂ©ral AgustĂn P. Justo, ancien condisciple de Mosconi, avait accĂ©dĂ© Ă la prĂ©sidence, mais ce fut en vain que Mosconi sâefforça dâobtenir une entrevue avec lui. Enfin, il apprit quâon lui avait attribuĂ© la direction du dĂ©partement Gymnase et Tir, soit la relĂ©gation Ă une voie de garage caractĂ©risĂ©e[22] - [23].
Selon le biographe RaĂșl Larra, lâingratitude, lâoccultation de son Ćuvre et son dĂ©part obligĂ© pour lâEurope faisaient partie du chĂątiment rĂ©servĂ© Ă Mosconi pour sâĂȘtre refusĂ© Ă adhĂ©rer au coup dâĂtat de JosĂ© FĂ©lix Uriburu en 1930[24]. Mosconi se sentait dĂ©jĂ mort, avant mĂȘme sa disparition physique, ressentant lâoubli comme forme extrĂȘme de la mort ; Larra note : « Non seulement, lâon veut ignorer son existence, le donner pour mort, mais encore lâon cherche Ă effacer la trace de son passĂ©, comme si rĂ©ellement il nâavait jamais existĂ©. On lui a dĂ©crĂ©tĂ© la mort civile »[25].
FrappĂ© dâune attaque dâapoplexie en 1933, dont il gardera une hĂ©miplĂ©gie, il prit sa retraite et entama une longue rĂ©habilitation personnelle, quâil accomplit dans un petit gymnase installĂ© Ă son propre domicile. BientĂŽt, il mit Ă profit ses expĂ©riences professionnelles pour rĂ©diger plusieurs livres, dont le premier, paru sous le titre El PetrĂłleo Argentino 1922 â 1930, connut un franc succĂšs, Ă telle enseigne quâil lui valut dâĂȘtre dĂ©corĂ© par lâAcadĂ©mie brĂ©silienne des arts et des sciences[21]. Plus tard, aidĂ© de sa sĆur, il rĂ©unit ses discours dans un volume intitulĂ© Dichos y Hechos (littĂ©r. Dits et Faits), auquel succĂ©dera lâouvrage CreaciĂłn de la Quinta Arma (littĂ©r. CrĂ©ation de la cinquiĂšme arme)[26].
En 1936, au lendemain de la guerre du Chaco, lâĂtat bolivien crĂ©a la sociĂ©tĂ© publique Yacimientos PetrolĂferos Fiscales Bolivianos (YPFB) suivant le modĂšle de lâentreprise argentine, et bientĂŽt aprĂšs dĂ©crĂ©ta lâexpropriation et nationalisation de la filiale bolivienne de la Standard Oil. En 1938, au BrĂ©sil, les mĂȘmes principes conduiront Ă fonder le Conselho Nacional do PetrĂłleo (CNP). Cette mĂȘme annĂ©e, Mosconi fut honorĂ© dâune mĂ©daille dâor par lâAcadĂ©mie des sciences et des arts de Rio de Janeiro en reconnaissance de son Ćuvre, en particulier de son ouvrage El petrĂłleo argentino[27]. LâannĂ©e suivante, le gĂ©nĂ©ral JĂșlio Caetano Horta Barbosa, premier prĂ©sident du Conseil national (brĂ©silien) du pĂ©trole (CNP), sâentretint avec Mosconi, celui-ci soulignant derechef que les raffineries Ă©tatiques Ă©taient dâimportance essentielle si le CNP voulait pouvoir fixer les prix sur le marchĂ© brĂ©silien. Lors dâun dĂ©bat au Clube Militar de Rio, en 1947, Horta Barbosa soutint que les expĂ©riences argentine et mexicaine avaient permis dâĂ©tablir que les monopoles pĂ©troliers dâĂtat bĂ©nĂ©ficiaient Ă lâensemble de lâĂ©conomie nationale, pendant quâau contraire les monopoles privĂ©s mettaient les pays Ă la merci de lâimpĂ©rialisme. La sociĂ©tĂ© Petrobras nâapparut cependant quâen 1953, sous le deuxiĂšme gouvernement de GetĂșlio Vargas[16].
Dans les derniers mois de sa vie, Mosconi recevait la constante visite de dĂ©lĂ©gations de la FĂ©dĂ©ration universitaire de Buenos Aires (FUBA), du mouvement FORJA (Force dâorientation radicale de la Jeune Argentine, mouvance dissidente au sein de lâUCR) et du Parti communiste. Ce seront toutefois les jeunesses socialistes, plus soucieuses de lâindĂ©pendance nationale, qui se montreront les plus fervents Ă se rĂ©clamer de la trajectoire de Mosconi et de sa dĂ©fense dâune exploitation souveraine du pĂ©trole[27].
Mort
Mosconi sâĂ©teignit le 4 juin 1940, dans la maison quâil partageait avec ses deux sĆurs, et quâil avait acquise grĂące Ă un prĂȘt hypothĂ©caire, dont de nombreuses traites restaient encore Ă acquitter. Lâhomme qui avait Ă©tĂ© Ă la tĂȘte de lâentreprise au capital le plus Ă©levĂ© dâAmĂ©rique hispanique prĂ©sentait au moment de son dĂ©cĂšs un solde de neuf pesos et 90 centavos[28].
Il reçut les honneurs militaires de rigueur, et sa dĂ©pouille fut inhumĂ©e au cimetiĂšre de Recoleta Ă Buenos Aires. Selon la presse portĂšgne, la cĂ©rĂ©monie se dĂ©roula en prĂ©sence dâune foule nombreuse, dont plusieurs hautes personnalitĂ©s de lâarmĂ©e, les dĂ©lĂ©gations dâinstitutions civiles et militaires, et des amis en grand nombre[29].
Postérité
AprĂšs la mort de Mosconi, sa figure acquit une valeur symbolique et fut rĂ©interprĂ©tĂ©e, par un processus que lâon pourrait qualifier dâ« hĂ©roĂŻsation ». Il y a Ă cela plusieurs raisons : dâabord, parce que divers secteurs de diffĂ©rentes allĂ©geances idĂ©ologiques se la sont appropriĂ©e, son personnage se rĂ©vĂ©lant propice Ă divers usages propagandistes (ainsi, le kirchnĂ©risme, dans sa querelle contre les transnationales, a revendiquĂ© Mosconi comme symbole de lutte, de mĂȘme les fractions nationalistes, de gauche comme de droite, lâont revendiquĂ© tout au long de lâhistoire rĂ©cente comme combattant contre le capital Ă©tranger, et lâUCR invoque volontiers son action comme partie intĂ©grante du projet politique de lâyrigoyĂ©nisme de la dĂ©cennie 1920) ; ensuite, parce que lâon a constamment voulu voir en Mosconi lâincarnation de certaines vertus morales et Ă partir de lĂ un modĂšle apte Ă moraliser la vie politique en Argentine ; parce que sa figure et son action, censĂ©es dĂ©montrer lâefficacitĂ© des valeurs de lâidentitĂ© nationale, ont Ă©tĂ© Ă nouveau invoquĂ©es dans le cadre de la renationalisation partielle de la sociĂ©tĂ© YPF en 2012 ; et enfin, parce que son image a Ă©tĂ© idĂ©alisĂ©e, et que chacun en Argentine peut sâidentifier Ă la personne de Mosconi, puisquâelle rĂ©alise lâunitĂ© symbolique de tous les Argentins autour du nationalisme pĂ©trolier[30].
Dans lâentre-deux-guerres, les socialistes argentins Ă©taient les plus ardents Ă prĂŽner le dĂ©veloppement du secteur Ă©nergĂ©tique, jugĂ© nĂ©cessaire pour rĂ©aliser, Ă coĂ»t rĂ©duit pour les entreprises argentines, lâauto-approvisionnement en combustible, pour affranchir le pays de la nĂ©cessitĂ© de lâimporter, et pour Ă©liminer la concurrence des compagnies Ă©trangĂšres ; le moyen dâarriver Ă cette fin Ă©tait la crĂ©ation dâentreprises publiques dâexploitation et de distribution (telles quâYPF), seules Ă mĂȘme de garantir lâindĂ©pendance Ă©conomique du pays. DĂšs lors, les socialistes ne cesseront dâinvoquer la figure de Mosconi en rĂ©fĂ©rence Ă la confrontation qu'il avait menĂ©e avec le « trust Ă©tranger », mais en occultant sa politique antisyndicale. En 1943, le philosophe hispano-argentin Francisco Romero affirma p.ex. que le gĂ©nĂ©ral Mosconi devait ĂȘtre considĂ©rĂ© comme « le nouveau paradigme du hĂ©ros national, du bĂątisseur de la Nation, pour avoir assumĂ© le rĂŽle dâentrepreneur national promouvant le dĂ©veloppement pĂ©trolier du pays et son Ă©mancipation Ă©conomique au travers de la lutte quâil engagea contre le capital impĂ©rialiste reprĂ©sentĂ© par les compagnies pĂ©troliĂšres Ă©trangĂšres »[31]. Quant Ă lâavocat socialiste Julio V. GonzĂĄlez, il dĂ©nonça dans son ouvrage La nacionalizaciĂłn del petrĂłleo les accords conclus en 1936 et en 1937 entre lâĂtat argentin (reprĂ©sentĂ© notamment par YPF) et les filiales de la Royal Dutch Shell et de la Standard Oil en vue de lâexploitation du pĂ©trole argentin, ces filiales agissant aussi bien en tant quâunitĂ©s de production et dâindustrialisation que de distribution ; selon GonzĂĄlez, les pactes avaient Ă©tĂ© signĂ©s en secret par le pouvoir exĂ©cutif, en raison de quoi il en rĂ©clamait lâimmĂ©diate rĂ©siliation, prĂ©conisant dâautre part une prompte renationalisation du pĂ©trole, au nom de lâhĂ©ritage mosconien[32].
Dans un premier temps, la mĂ©moire de Mosconi nâĂ©tait honorĂ©e officiellement que par le conseil dâadministration dâYPF. En 1945, la presse rendit compte dâun petit hommage rendu par la direction dâYPF Ă Buenos Aires Ă lâoccasion du cinquiĂšme anniversaire de sa mort. Ce nâest toutefois quâĂ partir de 1947 que ce culte de Mosconi tel quâinstaurĂ© par les socialistes sera rĂ©cupĂ©rĂ© et prolongĂ© par les autoritĂ©s militaires dans la zone militarisĂ©e du gouvernorat de Comodoro Rivadavia[33]. Le statut de zone militarisĂ©e impliquait que, sous le prĂ©texte de surveiller les gisements pĂ©troliers dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, la ville de Comodoro Rivadavia et ses alentours Ă©taient depuis 1944 passĂ©s sous la tutelle directe de lâarmĂ©e. Ătant donnĂ© donc lâabsence de droits politiques et le strict contrĂŽle de la population locale, les autoritĂ©s militaires sâingĂ©niĂšrent Ă obtenir son adhĂ©sion en renforçant lâidentitĂ© locale par la mise en Ćuvre de politiques culturelles[34]. La pratique culturelle sans doute la plus importante imaginĂ©e sous le pĂ©ronisme fut la dĂ©nommĂ©e Fiesta Nacional del PetrĂłleo, cĂ©lĂ©bration qui en 1947 se dĂ©roula sur les lieux mĂȘmes auxquels avait Ă©tĂ© attribuĂ©, dans un statut renouvelĂ© et dans le cadre des nouvelles politiques industrielles du pĂ©ronisme, le privilĂšge de la gestion pĂ©troliĂšre, câest-Ă -dire Ă Comodoro Rivadavia. En fait, cette journĂ©e du 13 dĂ©cembre (commĂ©morant la date de la premiĂšre dĂ©couverte de pĂ©trole en Argentine en 1907) avait Ă©tĂ© proclamĂ©e jour fĂ©riĂ© national dĂšs 1943, mais Ă©tait jusque-lĂ passĂ©e Ă peu prĂšs inaperçue dans le reste du pays[35].
Dans le cadre de ce 40e anniversaire de la dĂ©couverte du pĂ©trole, la figure de Mosconi fut abondamment Ă©voquĂ©e et son hĂ©ritage de lutte contre le « trust Ă©tranger » rĂ©actualisĂ© dans la perspective de la nationalisation du pĂ©trole promue par le pĂ©ronisme, tout cela sâarticulant par ailleurs sur la considĂ©ration due aux forces armĂ©es en tant que facteur de progrĂšs dans la rĂ©gion. En outre, lâĆuvre du gĂ©nĂ©ral pĂ©trolier Mosconi Ă©tait dĂ©sormais prĂ©sentĂ©e comme sâĂ©tendant bien au-delĂ du seul YPF, et lâon mettait en relief Ă prĂ©sent son activitĂ© en matiĂšre de construction dâĂ©coles et dâhĂŽpitaux p.ex., faisant bĂ©nĂ©ficier du dĂ©veloppement Ă©conomique la localitĂ© tout entiĂšre[36].
Dans les annĂ©es 1940, le Syndicat des ouvriers et employĂ©s dâYPF, dont le premier comitĂ© de direction Ă©tait composĂ© entre autres de sympathisants socialistes et sâefforçait de prĂ©server son autonomie vis-Ă -vis du pĂ©ronisme, se rĂ©clama du Mosconi qui dĂ©fendit YPF contre les actions des compagnies « impĂ©rialistes », faisant valoir que grĂące Ă ses dons de militaire, les rĂ©serves pĂ©troliĂšres de la patrie purent ĂȘtre prĂ©servĂ©es de lâexploitation par le « capital Ă©tranger », par quoi la libertĂ© Ă©conomique fut garantie, libertĂ© « quâil sâagit maintenant de consolider, Ă prĂ©sent quâune des plus grandes aspirations de sa vie est devenue rĂ©alitĂ©, la nationalisation du pĂ©trole argentin ». Il nâĂ©tait jusquâĂ la militarisation dâYPF qui ne fĂ»t justifiĂ©e par les socialistes : lâentreprise Ă©tant une sociĂ©tĂ© publique considĂ©rĂ©e comme stratĂ©gique car au service de la « dĂ©fense nationale », câĂ©tait Ă juste titre que Mosconi avait fait tĂŽt appel au sens des responsabilitĂ©s des travailleurs Ă lâaide dâune rhĂ©torique nationaliste et Ă©tatiste ; cette appropriation de la cause nationale par les travailleurs dâYPF avait Ă©tĂ© dĂ©terminante pour faire admettre le dĂ©veloppement de lâentreprise comme objectif commun, les ouvriers passant Ă sâidentifier avec le lieu auquel les avait affectĂ©s Mosconi, câest-Ă -dire Ă faire figure de soldats de la patrie[36]. Aux yeux de ce syndicat, qui prĂŽnait pourtant un syndicalisme pĂ©trolier autonome (non infĂ©odĂ© au pĂ©ronisme), PerĂłn Ă©tait un continuateur de lâĆuvre de Mosconi (mais sans la dĂ©passer), moyennant certes quâil continuĂąt de garantir la non introduction de capital Ă©tranger dans lâindustrie pĂ©troliĂšre argentine. Cependant, si dans un premier temps ils se revendiquaient de Mosconi en mĂȘme temps que de PerĂłn, les syndicalistes autonomistes ne consentiront plus, aprĂšs les conflits survenus avec des travailleurs identifiĂ©s au peronisme, Ă commĂ©morer dorĂ©navant que le seul ancien directeur dâYPF lors des anniversaires du 13 dĂ©cembre[37]. Quant aux travailleurs pĂ©ronistes, ils dĂ©cidĂšrent Ă la suite dâune grĂšve menĂ©e en juillet 1947 par la fraction autonomiste qui contrĂŽlait le SOYEYPF, de se rassembler en fĂ©vrier de 1948 dans une nouvelle structure syndicale appelĂ©e Sindicato del Personal de YPF (SPYPF), et nâinvoqueront Mosconi quâen sa qualitĂ© de premier directeur de lâentreprise publique, estimant en effet que PerĂłn, Ă la diffĂ©rence de Mosconi, non seulement fut lâartisan de lâindĂ©pendance Ă©conomique de lâArgentine et favorisa la justice sociale, mais encore appuyait la syndicalisation des travailleurs[37].
Pendant les cĂ©lĂ©brations du 13 dĂ©cembre 1947 tenues Ă Buenos Aires, une corrĂ©lation fut Ă©tablie entre les avantages sociaux accordĂ©s par Mosconi durant sa prĂ©sidence de lâYPF (qui eussent Ă©tĂ© plus importants encore si la rĂ©volution de 1930 ne lâavait pas conduit Ă dĂ©missionner) et les politiques sociales du pĂ©ronisme, et lâon sâattacha Ă situer Mosconi sur une mĂȘme ligne de continuitĂ© avec PerĂłn, en prĂ©sentant Mosconi comme un proto-pĂ©roniste, comme un pĂ©roniste sans le savoir[38].
Ă la commĂ©moration du 13 dĂ©cembre 1952, on Ă©voqua la figure de lâingĂ©nieur Luis A. Huergo, premier directeur de lâentreprise pĂ©troliĂšre crĂ©Ă©e en 1910 par le prĂ©sident Roque SĂĄenz Peña et nommĂ©e DirecciĂłn General de ExplotaciĂłn del PetrĂłleo de Comodoro Rivadavia, qui fut contraint de « dĂ©poser les armes, de dĂ©missionner et de ceder le pas, impuissant, Ă lâinvasion de lâimpĂ©rialisme capitaliste pĂ©trolier »[39]. Du reste, le mĂȘme sort fut rĂ©servĂ© Ă lâancien directeur dâYPF, victime lui aussi de la vĂ©nalitĂ© des gouvernants et des lĂ©gislateurs du rĂ©gime oligarchique destituĂ© en 1943. Ă prĂ©sent toutefois (depuis lâarrivĂ©e au pouvoir de PerĂłn), la dĂ©fense des richesses naturelles du pays nâest plus de la responsabilitĂ© exclusive dâun fonctionnaire dâĂtat comme Mosconi, mais incombe dĂ©sormais Ă un chef dâĂtat comme PerĂłn. Lors de la rĂ©Ă©valuation du panthĂ©on des hĂ©ros libĂ©raux Ă laquelle se livra le premier pĂ©ronisme, lâon se plut, en mĂȘme temps que lâon acclamait telle personnalitĂ© de lâhistoire argentine, Ă souligner lâincomplĂ©tude de son Ćuvre ; de la comparaison entre PerĂłn et les autres grandes figures, câest PerĂłn qui sortait vainqueur, car lui achevait et donnait sa forme finale au rĂȘve de ses prĂ©dĂ©cesseurs, en effet : « pour la premiĂšre fois, les grands hĂ©ros sont perfectibles, pour la premiĂšre fois surgissent des figures nationales plus grandes que San MartĂn et Sarmiento »[40].
YPF demeura lâentreprise pĂ©troliĂšre publique argentine jusquâen 1992, annĂ©e oĂč elle fut privatisĂ©e par le gouvernement de Carlos Menem. Le 16 avril 2012, il fut procĂ©dĂ©, Ă lâinstigation de la prĂ©sidente Cristina FernĂĄndez de Kirchner, Ă la renationalisation de lâentreprise, Ă raison de 51 %.
Hommages
Trois localités argentines portent le nom de Mosconi ; ce sont :
- dans la province de Chubut : General Mosconi, non loin de la ville de Comodoro Rivadavia. La localité est également connue sous le nom de Kilómetro 3
- General Mosconi, dans la province de Formosa
- General Mosconi dans la province de Salta.
En outre, deux aĂ©roports situĂ©s aux abords de zones dâexploitation pĂ©troliĂšre ont Ă©tĂ© baptisĂ©s Ă son nom :
- Ă Tartagal, dans la province de Salta : lâaĂ©roport Gral. Enrique Mosconi Tartagal
- Ă Comodoro Rivadavia, dans la province de Chubut : lâaĂ©roport international GĂ©nĂ©ral Enrique Mosconi
Le nom de Mosconi a Ă©tĂ© donnĂ© Ă plusieurs Ă©tablissements scolaires : lâĂ©cole secondaire de Plaza Huincul E.P.E.T no 10 (spĂ©cialisation technique en pĂ©trole, Ă©tablissement unique en Argentine) ; une Ă©cole technique Ă Maria Grande (Escuela TĂ©cnica no 34 Gral. E. Mosconi) ; depuis 1992 une Ă©cole primaire, la no 1339 situĂ©e dans le quartier Barrio Fonavi SUPE de la ville de San Lorenzo (province de Santa Fe). Le centre Ă©tudiant de lâUTN Regional Mendoza porte son nom (le CETEM : Centro de Estudiantes TecnolĂłgicos Enrique Mosconi).
En 1983 fut fondĂ© lâInstitut argentin de lâĂ©nergie General Mosconi, association sans but lucratif vouĂ©e à « promouvoir une exploitation rationnelle des ressources Ă©nergĂ©tiques et un dĂ©veloppement cohĂ©rent de ses activitĂ©s connexes qui satisfassent aux intĂ©rĂȘts de la population »[41].
Nombre dâodonymes en Argentine rappellent le souvenir de Mosconi, notamment une avenue Ă Buenos Aires[42], une avenue de la localitĂ© de Barranqueras, dans la province du Chaco (câest du reste Ă lâintersection de ladite avenue avec lâavenue Juan JosĂ© Castelli que se trouve le pĂŽle de distribution dâYPF pour la rĂ©gion Nordeste), et le pont qui franchit le RĂo Grande dans la ville homonyme de la province de Terre de feu.
En 2017 parut une bande dessinĂ©e basĂ©e sur lâhistoire du gĂ©nĂ©ral-ingĂ©nieur Enrique Mosconi, destinĂ©e aux Ă©lĂšves des Ă©coles primaires et secondaires, et aux jeunes en gĂ©nĂ©ral. Le livre, intitulĂ© General Ingeniero Enrique Mosconi. Una historia de novela, est de la main de lâartiste Alejandro Aguado, et a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e par les Ă©ditions universitaires EDUPA (Editorial Universitaria PatagĂłnica) de la UNPSJB (Universidad Nacional de la Patagonia San Juan Bosco). Le recteur dĂ©clara que lâobjectif Ă©tait dâarriver Ă ce que « les secteurs les plus jeunes sachent apprĂ©cier les dĂ©buts de cette histoire, et de cette façon lâincorporent comme symbole dâamour de la patrie et de dĂ©vouement aux idĂ©aux, ce qui doit permettre ensuite des activitĂ©s servant Ă faire prendre conscience de son histoire et Ă faire rĂ©flĂ©chir sur celle-ci »[43].
Bibliographie
Publications dâEnrique Mosconi
- (es) El PetrĂłleo argentino 1922-1930 (Obras, Tomo I), Buenos Aires, AGEPE,
- (es) Dichos y hechos 1908 - 1938, Buenos Aires, El Ateneo,
- (es) La creación de la Quinta Arma y las rutas aéreas argentinas
Ouvrages et articles sur Enrique Mosconi
- (es) Carl Solberg, Petróleo y Nacionalismo en la Argentina, Buenos Aires, Hyspamérica,
- (es) RaĂșl Larra, Mosconi, General del petrĂłleo, Buenos Aires, Ediciones Ănfora,
- (es) Jorge Victoriano Alonso et José Luis Speroni, Mosconi, petróleo para los argentinos. Una historia novelada, Buenos Aires, Editorial Taeda,
- (es) Daniel Cabral Marques, Las empresas estatales extractivas y la configuraciĂłn de identidades sociales ligadas al mundo del trabajo en la Patagonia Austral (1907-1955), Universidad Nacional de Mar del Plata-Universidad Nacional de la Patagonia Austral (thĂšse de maĂźtrise),
- (es) Enrique MasĂ©s, « Mosconi y los trabajadores de YPF. Su gestiĂłn administrativa: 1922-1930 », Todo es Historia, Buenos Aires, no 484,â , p. 16-20
- (es) Gabriel Carrizo, PetrĂłleo, peronismo y sindicalismo. La historia de los trabajadores de YPF en la Patagonia, 1944-1955, Buenos Aires, Editorial Prometeo,
- (es) Marcela Garrido, Mosconi, 1877-1940. BiografĂa visual, Buenos Aires, Museo Roca-Instituto de Investigaciones HistĂłricas,
Liens externes
- (es)Historia de los Yacimientos PetrolĂferos Fiscales, biographie succincte de Mosconi.
- (es)biographie succincte sur le site Todo Argentina.
- (es) CĂ©sar Abatigada, « General Enrique Carlos Alberto Mosconi », Revista Militar, Buenos Aires, CĂrculo Militar, no 761,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (es) Gabriel Carrizo, « Un âhĂ©roeâ para la industria petrolera. El general Enrique Mosconi: de la reivindicaciĂłn socialista a la exaltaciĂłn peronista », H-industri@, Buenos Aires, UniversitĂ© de Buenos Aires,â 2e semestre 2016 (ISSN 1851-703X, lire en ligne, consultĂ© le )
- (es) Federico Bernal, « El general Mosconi, YPF y AmĂ©rica latina », Encrucijadas, Buenos Aires, universitĂ© de Buenos Aires, no 25,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (es) MarĂa Mercedes Tenti de LaitĂĄn, « El general Mosconi y la polĂtica petrolera nacional », El Liberal,â , p. 4 etss (lire en ligne, consultĂ© le )
Articles connexes
- Yacimientos PetrolĂferos Fiscales
- Histoire du pétrole en Argentine
- Alonso Baldrich
Notes et références
- C. Abatigada (2005), p. 1.
- C. Abatigada (2005), p. 3.
- C. Abatigada (2005), p. 2.
- (es) Orietta Favaro, « Estado y empresas pĂșblicas. El caso YPF, 1922-1955 », Estudios Sociales, Santa Fe, no 16 (annĂ©e IX, premier semestre),â , p. 57-75. CitĂ© par CitĂ© par G. Carrizo (2016), p. 4.
- G. Carrizo (2016), p. 4.
- G. Carrizo (2016), p. 3.
- C. Solberg (1982), p. 139. Cité par G. Carrizo (2016), p. 4.
- E. Masés (2008) ; D. Cabral Marques (2008). Cité par G. Carrizo (2016), p. 4-5.
- (es) Daniel Alonso, « No habrĂĄ ninguna igual, no habrĂĄ ninguna », El PatagĂłnico, Buenos Aires,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (es) Lorena Capogrossi, « Disciplinamiento y nacionalizaciĂłn de la fuerza de trabajo en los campamentos petroleros argentinos », Nuevo Mundo Mundos Nuevos,â (lire en ligne, consultĂ© le ), cf. §9 etss.
- C. Solberg (1982), p. 151. Cité par G. Carrizo (2016), p. 5.
- E. Mosconi (1958), El Petróleo argentino 1922-1930. Cité par G. Carrizo (2016), p. 5.
- G. Carrizo (2016), p. 5.
- G. Carrizo (2016), p. 6.
- (es) « General Enrique Mosconi (1877 â 1940) », Buenos Aires, La Baldrich (consultĂ© le )
- F. Bernal (2004), El general Mosconi, YPF y América latina.
- Enrique Mosconi, El petróleo argentino, p. 435. Cité par F. Bernal (2004).
- C. Abatigada (2005), p. 4.
- G. Carrizo (2016), p. 7.
- R. Larra (1957), Mosconi, gĂ©nĂ©ral del petrĂłleo, p. 166 ; G. George (1989), PetrĂłleo y PolĂtica en AmĂ©rica Latina, Movimientos Nacionalistas y CompañĂas Estatales, p. 200 etss. CitĂ© par C. Abatigada (2005), p. 4.
- C. Abatigada (2005), p. 5.
- R. Larra (1957), Mosconi, général del petróleo, p. 166. Cité par C. Abatigada (2005), p. 5.
- G. Carrizo (2016), p. 7-8.
- Robert Potash, El ejĂ©rcito y la polĂtica en la Argentina, 1928-1945. De Yrigoyen a PerĂłn, Buenos Aires, Editorial Sudamericana, , p. 86. CitĂ© par G. Carrizo (2016), p. 7-8.
- R. Larra (1976), p. 152. Cité par G. Carrizo (2016), p. 8.
- C. Abatigada (2005), p. 5-6.
- G. Carrizo (2016), p. 8.
- C. Abatigada (2005), p. 6.
- G. Carrizo (2016), p. 9.
- G. Carrizo (2016), p. 2.
- (es) Osvaldo Graciano, « Intelectuales, ciencia y polĂtica en la Argentina neoconservadora. La experiencia de los universitarios socialistas », Estudios Interdisciplinarios de AmĂ©rique Latina y el Caribe, Tel Aviv, universitĂ© de Tel Aviv, vol. 14, no 2,â , p. 6. CitĂ© par G. Carrizo (2016), p. 8.
- G. Carrizo (2016), p. 8-9.
- G. Carrizo (2016), p. 12.
- (es) Edda LĂa Crespo, Cuando las mujeres reinaban. Belleza, virtud y poder en la Argentina del siglo XX (Ă©d. Mirta Lobato), Buenos Aires, Editorial Biblos, , « Madres, esposas, reinas⊠PetrĂłleo, mujeres y nacionalismo en Comodoro Rivadavia durante los años del primer peronismo », p. 143-174. CitĂ© par G. Carrizo (2016), p. 13.
- G. Carrizo (2016), p. 13.
- G. Carrizo (2016), p. 14.
- G. Carrizo (2016), p. 15.
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- Journal El Rivadavia du 13 décembre 1952, p. 2. Cité par G. Carrizo (2016), p. 17.
- (es) Viviana Postay et Natalia Uanini, Un pasado heroico para la patria peronista. La construcciĂłnpolĂtica de las versiones de la historia, 1946-1955, Cordoue, Ferreyra Editor, , p. 55-56. CitĂ© par G. Carrizo (2016), p. 17-18.
- (es) « Objetivos y actividades », Instituto Argentino de la EnergĂa âGeneral Mosconiâ (consultĂ© le )
- (es) Vicente Osvaldo Cutolo, Buenos Aires : Historia de las calles y sus nombres, vol. I & II, Buenos Aires, Editorial Elche, , 1333 p. (ISBN 950-99212-0-3)
- (es) « Se presentó en la universidad la novela gråfica de Mosconi », université nationale de Patagonie, (consulté le )