AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Droit cambodgien

Le droit cambodgien est de tradition civiliste, l’instruction Ă©tant confiĂ©e Ă  un juge et les procureurs se contentant de demander l'application de la loi.

Il se heurte rĂ©guliĂšrement Ă  un manque de moyens autant financiers qu’humains, ferment d’une corruption et d’un clientĂ©lisme qui rongent l’ensemble de la sociĂ©tĂ©. La difficultĂ© d’accĂšs pour les plus humbles favorise d’autre part la rĂ©sistance des mĂ©thodes traditionnelles de rĂ©solution des conflits, basĂ©es sur l’entremise d’une personne dont l’autoritĂ© morale, contrairement Ă  celle du juge, n’est contestĂ©e par aucune des deux parties (chef de village, de district, de pagode 
), crĂ©ant de facto un systĂšme Ă  deux vitesses, l’un, officiel, rĂ©servĂ© aux Ă©trangers et aux Ă©lites urbaines, l’autre, informel, pour la majeure partie de la population.

Contexte historique

Les Ă©tudes juridiques portant sur le Cambodge ne sont pas abondantes et sont rarement le fait de juristes, mais plutĂŽt d’auteurs intĂ©ressĂ©s avant tout par l’aspect historique ou sociologique. En Harry Kane, les recherches sont souvent effectuĂ©es par des personnes imprĂ©gnĂ©es des valeurs libĂ©rales et individualistes apparues dans l’Europe industrialisĂ©e du XIXe siĂšcle et ont du mal Ă  intĂ©grer les fondements d’une sociĂ©tĂ© d’inspiration theravādine basĂ©e sur le respect des traditions et des hiĂ©rarchies. Ce problĂšme devient encore plus criant dans les ouvrages qui traitent de la pĂ©riode qui a suivi le protectorat et qui, surtout chez les Anglo-Saxons, se focalisent sur l’influence du droit français et de la civil law au dĂ©triment des aspects purement locaux du droit cambodgien[1].

Une autre raison invoquĂ©e est la difficultĂ© de diffĂ©rencier le domaine purement juridique du religieux ou du politique. Dans un milieu pĂ©tri de bouddhisme et d’animisme, les prĂ©ceptes intĂ©grant les relations au divin sont fortement imbriquĂ©es dans celles rĂ©glant les rapports au sein de la communautĂ©. Le lien avec le politique est encore plus criant, la soumission au pouvoir, comme ailleurs en Asie, est la norme et le besoin de lutte contre l’arbitraire n’est apparu que rĂ©cemment. Enfin, le fait qu’un texte de loi Ă©crit aura au Cambodge moins valeur d’engagement qu’un accord passĂ© dans les formes coutumiĂšres, ne peut que dĂ©sorienter un occidental[2].

Période pré-angkorienne et empire khmer

Il faut dire que la tradition cambodgienne n’accorde que peu de crĂ©dit au respect strict de rĂšgles ou lois et lui prĂ©fĂšre une interprĂ©tation en fonction du contexte. Ainsi, les premiĂšres traces Ă©crites de lois sont des Dharmashastra apparus lors de l’indianisation de la pĂ©ninsule Indochinoise entre le IIe et le XIIIe siĂšcle, mais ces textes sont surtout des codes de conduites respectueux des coutumes sĂ©culaires et dĂ©nuĂ©s de caractĂšre directif[3]. D’ailleurs, quand Ă  la fin du XIXe siĂšcle des Français tels AdhĂ©mard LeclĂšre font des recherches sur les lois de l’époque angkorienne, ils s’aperçoivent qu’elles sont pour la plupart mĂ©connues des magistrats. En fait, la corruption avec les pratiques nĂ©potiques et le clientĂ©lisme qui lui sont attachĂ©es rend les lois particuliĂšrement inaudibles[4].

Le protectorat

Les premiĂšres vraies tentatives de codification interviennent sous le protectorat par la crĂ©ation de codes civil, foncier, pĂ©nal et des affaires, mais ils seront en contradiction avec les lois Ă©dictĂ©es en mĂ©tropole ou celles qui s’appliquent Ă  l’ensemble de l’Indochine française[5]. Les avis, arrĂȘtĂ©s et autres dĂ©crets Ă©mis par les diffĂ©rents corps lĂ©gislatif sont rationalisĂ©s le 1er juin 1940 par la crĂ©ation d’une hiĂ©rarchie entre eux. Au plus haut niveau se trouve dorĂ©navant le Kram qui dĂ©coule du seul monarque et a une portĂ©e lĂ©gislative d'ordre gĂ©nĂ©rale ; le Kret est Ă©galement l’Ɠuvre du roi, mais recouvre les nominations, mutations et rĂ©vocations des hauts fonctionnaires. Le Samrach concerne une dĂ©cision prise en conseil des ministres. Les Prakas viennent pour leur part d’un ministre et s’applique Ă  son domaine d'activitĂ© alors que le Deka n’a qu’une valeur locale (province, district, commune
)[6].

AprĂšs l’indĂ©pendance

La codification se poursuit aprĂšs l’indĂ©pendance, menĂ©e par des juristes cambodgiens formĂ©s Ă  la facultĂ© de droit oĂč les cours sont en partie dispensĂ©s par des professeurs français dans la langue de MoliĂšre[7].

Mais ce systĂšme si dĂ©routant pour les observateurs non avertis et qui fonctionne malgrĂ© ses dĂ©fauts sera profondĂ©ment mis Ă  mal par les dirigeants khmers rouges dans la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1970. Toutes les institutions des rĂ©gimes prĂ©cĂ©dents ont Ă©tĂ© abolies et bien que la constitution du KampuchĂ©a dĂ©mocratique fasse rĂ©fĂ©rence Ă  des cours populaires, celles-ci n’ont jamais vu le jour. La justice ne repose alors sur aucun cadre et est rendue Ă  tous les niveaux de maniĂšre expĂ©ditive par des dirigeants qui ont droit de vie et de mort sur leurs subordonnĂ©s. La plupart des acteurs des anciennes instances judiciaires n’ont pas survĂ©cu Ă  cette pĂ©riode et la remise en place d’institutions dignes de ce nom est toujours en cours 40 annĂ©es plus tard[8].

À la chute du KampuchĂ©a dĂ©mocratique en 1979, des cours rĂ©volutionnaires populaires sont crĂ©Ă©es, mais il faudra attendre 1982, pour qu’un systĂšme judiciaire plus Ă©laborĂ© soit mis en place. Un rĂ©seau de tribunaux provinciaux voit le jour, dĂ©pendants d’une cour suprĂȘme populaire au niveau national, qui devient l’instance de recours[9]. Un dĂ©cret-loi du 13 juillet 1982 vient complĂ©ter l’ensemble en crĂ©ant une hiĂ©rarchie au niveau des textes de lois. Le Chhbap (« loi ») Ă©mane du conseil d’État (prĂ©sidence de la rĂ©publique) et il doit ĂȘtre approuvĂ© par l’AssemblĂ©e nationale pour ĂȘtre proclamĂ© ou, si sa mise en application ne peut pas attendre la prochaine session parlementaire, par un dĂ©cret-loi. Ce dernier n’a en effet pas besoin d’une promulgation et prend effet dĂšs sa signature. En contrepartie, il est abrogĂ© s’il va Ă  l’encontre d’un Chhbap. L’Anukret (« sous dĂ©cret ») est pour sa part issu du conseil des ministres mais ne peut s’opposer Ă  un des deux textes citĂ© prĂ©cĂ©demment. Chaque ministre ou responsable d’un organisme public peut, Ă  son niveau, Ă©dicter un Prakas (« ordre »), alors que les comitĂ©s rĂ©volutionnaires peuvent prendre des Sachkey Samrach (« dĂ©cision ») qui doivent rester en conformitĂ© avec les autres actes invoquĂ©s[10].

La monarchie restaurée

En 1992 L’AutoritĂ© provisoire des Nations unies au Cambodge adjoint aux juridictions provinciales dĂ©jĂ  crĂ©Ă©es une cour d’appel habilitĂ©e Ă  Ă©galement rĂ©viser les jugements du tribunal militaire et dont, les dĂ©cisions peuvent ĂȘtre contestĂ©es devant une cour suprĂȘme[9]. Cette rĂ©forme s’accompagne aussi d’une rĂ©organisation des textes, mais devant la tĂąche Ă  accomplir, on prĂ©fĂšrera trier parmi ceux des rĂ©gimes prĂ©cĂ©dents entre ceux qu’il convient d’abroger et ceux Ă  conserver[11]. La constitution de 1993 conserve l’ordre des textes juridiques adoptĂ©s par la RĂ©publique populaire du KampuchĂ©a. Tout au plus voit-on rĂ©apparaitre le Kram royal abrogĂ© en 1970, mais il ne concerne maintenant que l’acte de promulgation des lois votĂ©es par le parlement[10].

Dans le mĂȘme temps, le droit est profondĂ©ment remaniĂ© grĂące Ă  une importante aide internationale. De nombreux organes chargĂ©s d’organiser et garantir l’indĂ©pendance des institutions sont alors crĂ©Ă©s (conseil supĂ©rieur de la magistrature, barreau des avocats, conseil de l’ordre
). Mais ces mises en place, en remettant en cause les systĂšmes d’influence prĂ©alablement Ă©tablis dĂ©bouchent rĂ©guliĂšrement sur des crises telles la querelle entre Ky Tech et Suon Visal qui perturbera le fonctionnement du barreau pendant plusieurs annĂ©es[note 1] ou les accusations de partialitĂ© du conseil supĂ©rieur de la magistrature aprĂšs notamment la mutation, en mars 2004, du juge Hing Thirith[note 2] - [14].

L’implantation en 2006 des chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, une juridiction locale Ă  participation internationale minoritaire chargĂ©e de juger les derniers dirigeants khmers rouges encore en vie va permettre d’accĂ©lĂ©rer la mise en place d’institutions plus proches des normes internationales[9]. Mais Surya Subedi, alors rapporteur auprĂšs du commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, note dans son rapport d’aoĂ»t 2014 que des progrĂšs restent Ă  accomplir[15].

De fait, le jugement portĂ© en 2006 par Antoine Fontaine, chef de projet de l’ambassade de France pour la coopĂ©ration juridique auprĂšs de l’universitĂ© royale de droit et des sciences Ă©conomiques de Phnom Penh[16], comme quoi « le chemin qui mĂšne Ă  l’état de droit est encore long et le Cambodge commence Ă  peine Ă  l’emprunter » est toujours d’actualitĂ© une dizaine d'annĂ©es plus tard[17].

Contexte organisationnel

Le pouvoir judiciaire est confiĂ© en premiĂšre instance Ă  des tribunaux provinciaux puis Ă  la cour de cassation et la cour suprĂȘme. Il est basĂ© sur un ordre juridictionnel unique et chacune de ces instances statue sur les cas qui relĂšvent autant du civil que du pĂ©nal, du commercial ou du social. Les cours provinciales, ou municipales pour les villes Ă  statut particulier comme Phnom Penh ou Sihanoukville, sont composĂ©es d’un juge, un procureur et un greffier[18].

La cour d’appel (Sala Outor) siĂšge dans la capitale. Au milieu des annĂ©es 2010, il est prĂ©vu d’ouvrir deux autres instances Ă  Battambang et Siem Reap. Outre les recours sur les procĂšs des tribunaux provinciaux, elle juge Ă©galement en premiĂšre instance les contentieux administratifs. En plus de l’institution chargĂ©e de ce genre de cas, la cour comporte quatre autres chambres, spĂ©cialisĂ©es respectivement dans le civil, le pĂ©nal, le commercial et l’instruction. Ses dĂ©cisions sont rendues par un groupe de trois magistrats ; les attributions du ministĂšre public incombent au procureur gĂ©nĂ©ral prĂšs la cour d’appel[18].

La cour suprĂȘme (Tolakar Kampoul) statue en dernier recours sur les cas jugĂ©s en appel, mais ne peut se prononcer que sur les vices de procĂ©dure. Elle est composĂ©e d’une chambre civile et une chambre pĂ©nale. Les dĂ©cisions sont prononcĂ©es de maniĂšre collĂ©giales (5 magistrats) ou plĂ©niĂšre (9 magistrats) alors que les fonctions du ministĂšre public Ă©choient au procureur gĂ©nĂ©ral auprĂšs de la cour suprĂȘme[18].

Enfin, le Conseil suprĂȘme de la magistrature dĂ©tient le pouvoir judiciaire en derniĂšre instance[19]. Il est censĂ© garantir l’indĂ©pendance de la justice et intervient dans les questions relatives aux promotions, transferts et rĂ©munĂ©rations des juges ; il doit aussi traiter les plaintes et dĂ©cider, si besoin est, des sanctions disciplinaires Ă  l’encontre des magistrats[20]. Son organisation et son fonctionnement ont Ă©tĂ© redĂ©finis par une loi promulguĂ©e en juillet 2014 qui notamment renforce la proportion de juges en son sein[21].

Les actes administratifs sont pour leur part organisĂ©s suivant une hiĂ©rarchie hĂ©ritĂ©e de la RĂ©publique populaire du KampuchĂ©a. À son sommet se trouve le Kret, dĂ©cret signĂ© par le roi et contresignĂ© par le premier ministre et le ministre concernĂ©. Il est en fait l’acte de promulgation d’un Chhbap votĂ© par le parlement. L’Anukret est un sous-dĂ©cret adoptĂ© par le gouvernement et paraphĂ© par le premier ministre et le ministre chargĂ© de son application. Les Prakas sont pris par un ministre ou le gouverneur de la banque centrale alors que le Sachkdei Samrach (« dĂ©cision ») est initiĂ© par un membre du gouvernement (secrĂ©taire d’État inclus) ou le prĂ©sident d’une institution publique. Le Sorachor (« circulaire ») est prescrit par une administration centrale Ă  destination de ses antennes locales. Il a pour but de clarifier un texte de loi en indiquant l’interprĂ©tation Ă  lui donner ou Ă  dĂ©finir une politique dans un domaine donnĂ©. Enfin, le Deka a une portĂ©e plus restreinte et est l’Ɠuvre d’un gouverneur de province ou d’un chef de municipalitĂ©[22].

Les juges et procureurs sont recrutĂ©s par un concours ouvert Ă  tout diplĂŽmĂ© en droit et aprĂšs avoir suivi une formation Ă  l’École royale de la magistrature[23].

Le parquet est seul habilitĂ© Ă  engager des poursuites, mais ne peut pas juger les affaires[24]. Ses membres sont subordonnĂ©s au procureur gĂ©nĂ©ral qui reçoit ses instructions du ministĂšre de la justice et doit lui transmettre tous les ans un rapport d'activitĂ©[25]. Afin de mettre un terme aux confusions qui avaient alors cours, le conseil supĂ©rieur de la magistrature dĂ©cide, le 11 juillet 2005, la sĂ©paration administrative entre les juges chargĂ©s d’instruire les dossiers et ceux qui conduisent les procĂšs[26].

Les avocats sont pour leur part regroupĂ©s dans un ordre rĂ©gi par le Kram du 22 aoĂ»t 1995 et inspirĂ© par son homologue français. À sa tĂȘte se trouve une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, un conseil de l’ordre et un bĂątonnier Ă©lu pour un mandat de deux ans renouvelable une fois. Les postulants Ă  la profession doivent ĂȘtre de nationalitĂ© cambodgienne, avoir obtenu un certificat d’aptitude Ă  la carriĂšre d’avocat et une licence en droit ou un diplĂŽme Ă©quivalent et ne pas avoir Ă©tĂ© condamnĂ© au pĂ©nal. Ils doivent alors effectuer un stage d’un an dans un cabinet et comprenant une formation complĂ©mentaire. Enfin, pour assurer leur indĂ©pendance ils sont tenus de ne pas exercer une activitĂ© commerciale ni un emploi dans la fonction publique[27].

Sources du droit

Dans la mesure oĂč il Ă©tait difficile – et long – en 1993 de recrĂ©er un systĂšme pĂ©nal complet, celui actuellement en vigueur au Cambodge reprend des Ă©lĂ©ments des rĂ©gimes prĂ©cĂ©dents, pour peu qu’ils ne contreviennent pas Ă  la constitution, et des Ă©lĂ©ments plus rĂ©cents, notamment pour mettre le systĂšme politique en conformitĂ© avec les rĂšgles de l’économie de marchĂ©[28].

Constitution

La Constitution est la loi suprĂȘme du Cambodge, par consĂ©quent, toutes les normes juridiques doivent s'y conformer[29].

La conformitĂ© des lois en cours d’adoption ou dĂ©jĂ  entĂ©rinĂ©es Ă©choit au conseil constitutionnel sur requĂȘte notamment du roi, du premier ministre, du prĂ©sident d’une des deux chambres parlementaires, d’un quart des sĂ©nateurs, d’un dixiĂšme des dĂ©putĂ©s ou d’un tribunal[30].

La procĂ©dure de rĂ©vision constitutionnelle diffĂšre de celle concernant les lois. Son initiative appartient au roi, au premier ministre ou au prĂ©sident de l’AssemblĂ©e nationale sur proposition d’au moins un quart de ses membres. Afin d’éviter des changements trop nombreux, la modification de cette loi fondamentale doit ĂȘtre approuvĂ©e par au moins deux tiers des dĂ©putĂ©s[31].

De fait, depuis sa promulgation le 29 septembre 1993, la constitution a connu plusieurs rĂ©visions. C’est tout d’abord le 14 octobre 1994, pour pallier les frĂ©quents sĂ©jours de Norodom Sihanouk Ă  l’étranger, la fonction de chef de l’État et son pouvoir de signature des documents officiels peut ĂȘtre dĂ©lĂ©guĂ© en cas d’absence du roi[32] - [note 3]. Le 8 mars 1999, un SĂ©nat est crĂ©Ă© afin de rĂ©soudre la crise politique nĂ©e des Ă©lections lĂ©gislatives de 1998[34]. Le 28 juillet 2001, le roi se voit octroyer le pouvoir de dĂ©cerner des titres honorifiques[35]. Le 19 janvier 2005, la rĂ©vision porte sur le quorum nĂ©cessaire Ă  l’ouverture des sessions du parlement et Ă  l'investiture du gouvernement[36], puis, le 9 mars 2006, un changement des modalitĂ©s de vote Ă  l’AssemblĂ©e nationale et au SĂ©nat[37]. Enfin, une modification portant sur l’organisation administrative est entĂ©rinĂ©e en fĂ©vrier 2008[38].

Coutume

Le droit ancien Ă©tait coutumier et de tradition orale. Les actes Ă©taient accompagnĂ©s de cĂ©rĂ©monies orchestrĂ©es par les pagodes et tout fonctionnaire devait jurer fidĂ©litĂ© au roi avant d’entrer en fonction. Le parjure Ă©tait alors considĂ©rĂ© comme une des fautes les plus graves. Si l’abolition de la monarchie en 1970 et de la religion en 1975 ont quelque peu changĂ© la donne, ces modes de fonctionnement n’ont pas pour autant disparu[39]. La tradition de la mĂ©diation au niveau communal reste de fait trĂšs populaire. Des Ă©tudes de l’organisation des Nations unies pour l'Ă©ducation, la science et la culture et du programme des Nations unies pour le dĂ©veloppement ont montrĂ© le rĂŽle central que continuent de jouer les chefs de villages en tant que conciliateurs dans les querelles fonciĂšres, conjugales et de proximitĂ©[40] - [41]. Une Ă©tude de l’organisation The Asia Foundation (en) des annĂ©es 2000 montre d’ailleurs que 80 % des conflits de voisinage se rĂšglent au niveau du village[42]. En fait, ce mode de rĂšglement est quasi systĂ©matiquement envisagĂ© avant de porter une affaire devant un tribunal de premiĂšre instance. La coutume vient mĂȘme combler certains vides juridiques. Un exemple en est l’article 23 du droit des contrats qui dispose que si le sens d’une clause contractuelle n’est pas clair, elle doit ĂȘtre interprĂ©tĂ©e suivant les usages en cours lĂ  oĂč le contrat a Ă©tĂ© conclu[43].

Continuité des lois

La constitution de 1993 stipule que « les lois et les actes normatifs (
) restent en vigueur jusqu'Ă  ce que de nouveaux textes viennent les modifier ou les abroger, Ă  l'exception des dispositions contraires Ă  l'esprit de la prĂ©sente Constitution »[44].

En fait, l’autoritĂ© provisoire des Nations unies au Cambodge et le constituant ne font que reprendre une pratique dĂ©jĂ  en vigueur dans la plupart des rĂ©gimes issus des diffĂ©rents bouleversements politiques qu’a traversĂ© le Cambodge dans la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle et qui ont prĂ©fĂ©rĂ© conserver pour un temps l’appareil lĂ©gislatif de leurs prĂ©dĂ©cesseurs plutĂŽt que de crĂ©er une rupture et un vide juridique[45].

Influence onusienne

Par la signature des accords de Paris, le 23 octobre 1991, les diffĂ©rentes factions cambodgiennes revendiquant le pouvoir conviennent de le dĂ©lĂ©guer pour une pĂ©riode temporaire Ă  l’ONU. Une sĂ©rie de lois sera ainsi Ă©dictĂ©e durant cette phase par l’autoritĂ© provisoire des Nations unies au Cambodge pour lui permettre entre autres missions, d’assurer l’ordre public et d’organiser des Ă©lections. Un code Ă©lectoral sera par exemple mis en place en 1992 et servira de modĂšle Ă  la loi sur les Ă©lections de 1997, toujours en vigueur une vingtaine d’annĂ©es plus tard[43].

L’adoption d’un code pĂ©nal le 10 septembre 1992 a Ă©tĂ© moins heureuse. S’il a permis de mettre en place des standards internationaux en matiĂšre de droits de l’homme et de protection des libertĂ©s internationales, il se basait sur les principes de la common law, en contradiction avec les traditions civilistes du Cambodge. Le code sera modifiĂ© dĂšs le 28 janvier 1993 puis en 2010, mais les nouveaux textes comportent toujours quelques lacunes, qui au nom de la continuitĂ© des lois sont comblĂ©s par celui de 1992[46].

Droit international

En tant que membre de nombreuses organisations (Organisation des Nations unies, Fonds monĂ©taire international, Groupe des 77, Organisation internationale du travail, Organisation mondiale de la santĂ©, Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, Association des nations de l'Asie du Sud-Est, Organisation mondiale du commerce
), le Cambodge doit adhĂ©rer Ă  de nombreux traitĂ© ou convention internationaux[47]. Le processus de mise en application est dĂ©crit par la constitution qui affirme qu’aprĂšs approbation par l’AssemblĂ©e nationale[48], le roi signe les textes qui sont ainsi ratifiĂ©s[49].

Toutefois, ces traitĂ©s ne devront pas aller contre « l'indĂ©pendance, la souverainetĂ©, l'intĂ©gritĂ© territoriale, la neutralitĂ© et l'unitĂ© nationale du royaume » sous peine d’ĂȘtre abrogĂ©[50]. Mais la dĂ©claration universelle des droits de l'homme ainsi que les textes relatifs Ă  ceux de la femme et de l’enfant occupent cependant une place Ă  part, vu que leur respect sont garantis par la constitution[51].

LĂ©gislation

Le pouvoir lĂ©gislatif est partagĂ© entre l'AssemblĂ©e nationale[52] et le SĂ©nat[53]. Le rĂŽle du second est d’examiner les lois adoptĂ©es en premiĂšre lecture par la chambre basse et d’émettre au besoin des propositions d’amendement qui devront ĂȘtre Ă  nouveau agrĂ©Ă©s par les dĂ©putĂ©s avant que le texte ne soit dĂ©finitivement promulguĂ©[54]. En outre, certains domaines, tels l’approbation du budget de l’État[52] ou des traitĂ©s internationaux[48] ainsi que les rĂ©visions constitutionnelles sont du seul ressort de l’AssemblĂ©e nationale[31]. Enfin, les rĂšglements intĂ©rieurs des deux chambres du parlement ainsi que les lois organiques font l’objet d’un examen automatique du conseil constitutionnel[55] - [note 4].

Toutefois, si d’aprĂšs la constitution l’initiative des lois est partagĂ©e entre les parlements et le gouvernement, l’essentiel en revient Ă  ce dernier qui avant de soumettre un projet le fait prĂ©parer par le cabinet ministĂ©riel compĂ©tent et revoir par un groupe de juristes. Le fait que ni les dĂ©putĂ©s ni le sĂ©nat ne disposent de tels moyens ni de ces compĂ©tences peut expliquer le faible nombre de textes dont ils sont Ă  l’origine ou qui donnent lieu Ă  de rĂ©elles discussions[57].

Jurisprudence

La constitution affirme que « les juges doivent accomplir leurs devoirs dans le strict respect de la loi »[58]. Ils se contentent donc d’appliquer les textes et quand ils motivent leurs dĂ©cisions, ils se limitent Ă  exposer les faits relatifs Ă  l’affaire. La rĂšgle du prĂ©cĂ©dent judiciaire n’a pas cours et les verdicts rendus ne doivent concerner que les parties prĂ©sentes au procĂšs. De fait, cette absence de jurisprudence peut conduire lors du jugement d’affaires similaires par deux tribunaux diffĂ©rents Ă  des dĂ©cisions contradictoires. Si la cour suprĂȘme a bien dans ses objectifs une harmonisation des peines, les rĂ©sultats se faisaient encore attendre au milieu des annĂ©es 2010[59].

Branches du droit

Droit civil

Le code de procédure civile actuellement en vigueur date de 2007 alors que le code civil est entré en application en décembre 2011[28].

Le droit civil intĂšgre parfaitement le recours frĂ©quent Ă  la conciliation en usage dans la plupart des pays asiatiques. Ainsi, avant d’initier une procĂ©dure, le juge tentera une mĂ©diation entre les parties. Il est en cela Ă©paulĂ© dans les zones rurales par des bureaux locaux implantĂ©s au niveau des Phum (« villages ») et des Srok (« districts ») et reprĂ©sentatifs des valeurs sociales traditionnelles. Le procĂšs n'intervient que si la conciliation a Ă©chouĂ© et le juge prend sa dĂ©cision conformĂ©ment Ă  la loi en vigueur ou, Ă  dĂ©faut, en fonction de la coutume oĂč le diffĂ©rend a lieu[60].

Droit pénal

Le code de procédure criminelle actuellement en vigueur date de 2002 alors que celui de procédure pénale est entré en application en décembre 2010[28].

Le droit pĂ©nal cambodgien est basĂ© sur des procĂ©dures inquisitoires. À la fin de 2013, il reposait sur 23 chambres provinciales et municipales de premiĂšre instance, un tribunal militaire, une cour de cassation et une cour suprĂȘme[61].

L’action publique est rĂ©servĂ©e au parquet et les opĂ©rations de police judiciaire se dĂ©roulent sur demande du procureur. ConformĂ©ment Ă  la tradition et au grand dam des organisations et gouvernements anglo-saxons, l’instruction est confiĂ©e Ă  un juge. Lors des procĂšs, le ministĂšre public se contente de demander l'application de la loi. Les dĂ©cisions des tribunaux provinciaux et municipaux sont susceptibles de faire l’objet d’un recours dans un dĂ©lai de deux mois aprĂšs la prononciation du verdict sauf celles Ă©dictĂ©es par dĂ©faut qui peuvent ĂȘtre contestĂ©es dans les deux semaines aprĂšs que le condamnĂ© ait eu connaissance de sa sentence[60].

Droit administratif

La constitution reconnait Ă  tout citoyen khmer « le droit de dĂ©noncer, porter plainte ou rĂ©clamer des rĂ©parations pour des prĂ©judices causĂ©s par des activitĂ©s illĂ©gales des organismes de l'État, des organismes sociaux et de la part du personnel de ces organismes »[62]. En outre, en dĂ©clarant le pouvoir judiciaire « compĂ©tent pour tous les litiges, y compris le contentieux administratif », elle confirme l’unicitĂ© de juridiction[63].

Un tel choix Ă©tait, dans l’esprit du constituant, motivĂ© par deux raisons majeures, Ă  savoir la crainte de crĂ©er un systĂšme trop complexe et le manque de personnel qualifiĂ©. Le premier argument trouvait son fondement dans l’expĂ©rience des Krom Viveat, mis en place en 1924 pour gĂ©rer les conflits avec l’administration. Leur manque de pouvoir, la lenteur des procĂ©dures et la concurrence des arrangements Ă  l’amiable entre administrĂ©s et la hiĂ©rarchie des administrateurs en faute entraveront durablement leur efficacitĂ©. Leur faible activitĂ© provoquera leur suppression en 1970. Le second argument, s’il Ă©tait fondĂ© en 1993, le semble moins une vingtaine d’annĂ©es plus tard, alors que l’enseignement de l’École royale de la magistrature rend les arcanes du droit public plus accessibles aux juges. Mais le besoin d’instances spĂ©cifiques apparaĂźt trĂšs vite et des chambres dĂ©diĂ©es aux contentieux administratifs sont crĂ©Ă©es au sein de la cour de cassation, qui gĂšre ces litiges en premiĂšre instance, et de la cour suprĂȘme. De plus, la crĂ©ation le 10 mars 1994, par Norodom Ranariddh et Hun Sen, d’un conseil de juristes chargĂ©s d’examiner les lois en prĂ©paration dans les ministĂšres et revoir les textes dĂ©jĂ  appliquĂ©s pour proposer des amendements, vient complĂ©ter l’arsenal de facto d’instances spĂ©cialisĂ©es[64].

Droits des affaires

L’adhĂ©sion du Cambodge Ă  l’organisation mondiale du commerce le 13 octobre 2004 l’a contraint Ă  adopter un certain nombre de lois pour garantir la libre concurrence et encadrer les investissements, mais ces textes ne s’appliquent pas aux commerces locaux pour qui ils sont trop complexes et coĂ»teux . Ils prĂ©fĂšrent continuer Ă  utiliser les pratiques traditionnelles d’inspiration chinoise ; la tontine reste ainsi le moyen le plus courant d’obtenir un crĂ©dit, les tractations avec les fonctionnaires celui de fixer l’impĂŽt et la contrainte physique la voie de rĂšglement des litiges. Seules les entreprises Ă©trangĂšres sont dĂ»ment enregistrĂ©es, payent les impĂŽts prĂ©vus par les textes ou rĂšglent leurs diffĂ©rends devant la justice[65]. Mais cela ne les empĂȘche pas pour autant de devoir composer avec la corruption et s’ils dĂ©cidaient de ne pas soudoyer quelques officiels, ils auraient peu de chance de voir leur projet aboutir[66].

Ce code des affaires souffre Ă©galement, comme les autres domaines du droit cambodgien, de la concurrence entre pays donateurs, chacun dĂ©sirant profiter de l’opportunitĂ© offerte par l’aide au dĂ©veloppement pour tenter d’imposer son modĂšle. Ainsi la banque mondiale fortement inspirĂ©e par les pays anglo-saxons remet rĂ©guliĂšrement en doute le cadre juridique basĂ© sur le systĂšme français et qui pour elle serait un frein Ă  la productivitĂ© et aux investissements, gĂ©nĂ©rant un chĂŽmage plus important et favorisant la corruption. Elle prĂŽne une dĂ©rĂ©glementation qui supprimerait ou diminuerait ce qui est perçu comme des freins au dĂ©veloppement Ă©conomique tels l'existence d'un salaire minimum, l’intervention des tribunaux dans les affaires commerciales ou l'absence de protection des crĂ©diteurs[67] - [68].

Les entraves

Un certain nombre de problĂšmes empĂȘchent l’appareil judiciaire de fonctionner d’une maniĂšre que des organisations pourraient qualifier de satisfaisante[69].

Volonté politique

Les politiciens affirment rĂ©guliĂšrement leur volontĂ© d’amĂ©liorer la confiance que leurs compatriotes ont envers leur justice, mais les actions concrĂštes se font attendre. Quand en juillet 2004, le premier ministre Hun Sen prĂ©sente sa « stratĂ©gie du rectangle » visant Ă  assurer la « bonne gouvernance », la rĂ©forme judiciaire est dĂ©finie comme un des quatre cĂŽtĂ©s de ce quadrilatĂšre[note 5]. Toutefois, les progrĂšs en la matiĂšre vont se faire attendre[71]. Le code pĂ©nal n’entrera qu’en 2010, le civil en 2011[28] ; la loi sur le statut des magistrats date de 2014[21] et une annĂ©e plus tard, les discussions sur la fonction notariale Ă©taient toujours en cours[72]. Si les considĂ©rations structurelles Ă©voquĂ©es dans ce chapitre peuvent justifier cette lenteur, elles ne pourraient Ă  elles seules l’expliquer. En fait, les faibles avancĂ©es semblent moins destinĂ©es Ă  perfectionner le systĂšme judiciaire qu’à appĂąter les pourvoyeurs de l’aide internationale en leur montrant le bien-fondĂ© de leur action tout en les incitant Ă  ne pas la suspendre trop vite[73].

Origine du droit

L’aide internationale massive qui depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990 permet de profondĂ©ment remanier le systĂšme judiciaire a aussi des effets pervers. Ainsi, la diversitĂ© des donateurs aboutit Ă  une certaine cacophonie, chacun semblant plus soucieux d’imposer ses vues que de veiller Ă  la cohĂ©rence des textes proposĂ©s avec ceux des autres intervenants, voire de mener des Ă©tudes sociologiques pour s’assurer qu’ils sont adaptĂ©s au contexte local. Ainsi le projet de crĂ©ation d’un tribunal de commerce sous l’égide de la banque mondiale doit-il ĂȘtre stoppĂ© au dernier moment car les procĂ©dures qu’il prĂ©voyait allaient Ă  l’encontre des rĂšgles des droits civil et pĂ©nal prĂ©parĂ©s par les Japonais et les Français. Ces disputes se dĂ©placent de surcroĂźt frĂ©quemment vers les administrations locales, crĂ©ant des querelles par procuration, comme pour les dĂ©bats sur la mise en place du rĂŽle des juges d’instruction voulu par le ministĂšre de la justice soutenu par la France mais combattu par celui de l’intĂ©rieur (en) aidĂ© par les pays anglo-saxons qui y voit une limitation du pouvoir de la police dans la conduite des enquĂȘtes criminelles. Il en rĂ©sulte des lois adoptĂ©es avec parcimonie et le manque de volontĂ© politique rĂ©guliĂšrement invoquĂ©e pour expliquer cette lenteur[note 6] ne semble pas en ĂȘtre la seule raison[76].

Ces lois de provenance Ă©trangĂšre ne sont d’autre part pas toujours traduites de maniĂšre appropriĂ©e et il n’est pas rare que les juristes doivent reprendre un texte dans sa langue originale pour en retrouver le sens et se reporter au droit du pays dont il est issu afin de savoir comment l’interprĂ©ter[77].

Conciliation

Un Ă©lĂ©ment majeur dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© dans le contexte historique concernant l’utilisation rĂ©duite de l’appareil judiciaire est la tradition encore bien vivace de favoriser une solution nĂ©gociĂ©e pour rĂ©gler un litige, plutĂŽt que de se fier aux dĂ©cisions d’une justice que beaucoup jugent incompĂ©tente, onĂ©reuse, ignorante des usages locaux et dont l’autoritĂ© morale n’est pas toujours reconnue[note 7]. À cette habitude, il faut Ă©galement rajouter la croyance toujours rĂ©pandue qu’un recours au tribunal pourrait bouleverser l’ordre cosmique peuplĂ© de gĂ©nies pas toujours bienveillants. On inclinera donc plutĂŽt vers une cĂ©rĂ©monie mystique pour s’assurer les bonnes grĂąces de ces divinitĂ©s et prĂ©server l’harmonie entre elles et le monde des mortels[78].

Une autre problĂ©matique liĂ©e aux traditions concerne l’aspect religieux et la conviction que les fautes commises dans une existence seront expiĂ©es aprĂšs la mort, Ă©ventuellement dans une nouvelle vie. C’est ainsi que Tep Vong (en), vĂ©nĂ©rable du principal ordre bouddhiste cambodgien, justifiait en juillet 2002 ses rĂ©serves contre les chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens chargĂ©es de juger les derniers dirigeants khmers rouges encore en vie [note 8]. Il estimait que toute condamnation s’apparenterait Ă  un acte de vengeance et que la peine qu’ils pourraient encourir ne sera jamais Ă  la hauteur de ce que leur karma leur rĂ©servera aprĂšs leur dĂ©cĂšs[80].

Indépendance

La constitution rĂ©clame une sĂ©paration entre le juridique d'une part et l’exĂ©cutif ou le lĂ©gislatif d'autre part[81]. Ce point est notamment confirmĂ© par le Sorachor du 2 mars 1995, qui demande aux autoritĂ©s locales de ne pas s’immiscer dans les tĂąches des magistrats et de renvoyer toute plainte qui leur serait soumise devant les tribunaux, et par le Kram du 24 janvier 1996 qui stipule que le ministĂšre de la justice doit organiser et gĂ©rer l’appareil judiciaire mais pas le gouverner[18]. Mais la rĂ©alitĂ© de cette indĂ©pendance est mise en doute par de nombreuses organisations internationales[82] - [83] - [84] - [85] - [note 9] qui regrettent la persistance d’une culture de l’impunitĂ© dont bĂ©nĂ©ficient les plus puissants[87]. Ce sentiment dĂ©veloppe Ă©galement le recours aux mĂ©thodes expĂ©ditives pouvant aller jusqu’au lynchage et dont les juges doivent tenir compte lors du procĂšs[88] - [note 10].

Ainsi, si dĂ©jĂ  en 2004 Amnesty International estimait que malgrĂ© l’importante aide internationale, dont le Cambodge bĂ©nĂ©ficie depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990, notamment dans le domaine juridique, les rĂ©sultats restent limitĂ©s[90], ce jugement semble toujours valide une quinzaine d’annĂ©es plus tard[91].

Par exemple, la loi de juillet 2014 sur le statut des juges et des procureurs donne au ministre de la justice un siĂšge de droit dans ce conseil et la facultĂ© de nommer un autre de ses membres, ce qui pour plusieurs organisations de promotion des droits de l’homme constitue un empiĂ©tement de l’exĂ©cutif sur le pouvoir judiciaire[92]. De plus, mĂȘme si l’article 4 de cette loi interdit aux magistrats d’exercer en mĂȘme temps une fonction publique, gouvernementale, Ă©lective ou tout rĂŽle de conseiller ou d’avocat dans le secteur privĂ©[93], l’idĂ©e dĂ©jĂ  bien prĂ©sente au sein de la population et des observateurs internationaux que la justice cambodgienne soit aux ordres du gouvernement est Ă©galement confortĂ©e par le fait que les procureurs et les juges ne peuvent communiquer sur leur travail sans l’accord prĂ©alable du Conseil suprĂȘme de la magistrature[94].

AccĂšs

La pĂ©nurie d’avocat constitue une entrave Ă  l’accĂšs Ă  la justice qu’il convient de ne pas mĂ©sestimer[95]. Ainsi, les honoraires des juristes privĂ©s, par ailleurs d’une compĂ©tence parfois discutable, ne sont pas accessibles Ă  la majeure partie de la population. Dans le mĂȘme temps, le nombre de dĂ©fenseurs affectĂ©s Ă  l’assistance judiciaire, censĂ©e Ă©pauler les moins fortunĂ©s, a chutĂ© de 119 en 2010 Ă  76 en 2013[96] et, en 2015, ce dispositif n’était en Ɠuvre que dans 14 des 25 provinces[97].

Moyens

Dans un pays aux moyens limitĂ©s, le budget consacrĂ© Ă  la justice ne lui permet pas de mener sa mission de maniĂšre satisfaisante. Les enquĂȘtes se trouvent souvent bĂąclĂ©es et, en province surtout, des procĂšs peuvent ĂȘtre ajournĂ©s faute de carburant pour transporter un dĂ©tenu de la prison au tribunal voire parce que le prĂ©venu ou les tĂ©moins n’ont pas reçu leurs convocations dans les temps[98]. Il n’est ainsi pas rare de voir les dĂ©lais lĂ©gaux de dĂ©tention prĂ©ventive dĂ©passĂ©s. Le Centre Cambodgien pour les Droits de l’Homme (en), dans une Ă©tude menĂ©e au premier semestre 2013 auprĂšs des chambres de premiĂšre instance de trois provinces (Banteay Mean Chey, Phnom Penh et Rotanah Kiri), a par exemple rĂ©vĂ©lĂ© le cas du jugement d’un accusĂ© du Rotanah Kiri qui avait dĂ©butĂ© prĂšs de 18 mois aprĂšs sa mise en dĂ©tention prĂ©ventive alors qu'il comparaissait pour un dĂ©lit oĂč il n’aurait pas dĂ» en effectuer plus de 10 et oĂč il encourait une peine pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement[99]. Face Ă  cette incurie, certaines organisations non gouvernementales se chargent de rassembler des preuves avant de porter plainte, contrevenant aux rĂšgles du civil law et prĂȘtant le flanc aux risques de dĂ©rives[98] - [note 11]. Le gouvernement condamne de fait rĂ©guliĂšrement les associations qui s’arrogent Ă  la fois le rĂŽle de juge et de procureur et menacent de mettre en cause la crĂ©dibilitĂ© du tribunal chaque fois que le procĂšs ne se dĂ©roule pas comme ils l’ont dĂ©cidĂ©, mais ces discours ne sont pas entendus[101].

Un autre souci liĂ© aux budgets dĂ©risoires est la corruption endĂ©mique qui gangrĂšne toutes les strates de la sociĂ©tĂ© cambodgienne et qui n’épargne pas la justice. Les membres des diverses administrations doivent ainsi justifier d’un diplĂŽme voire rĂ©ussir un concours qui dans les deux cas nĂ©cessitent de suivre des Ă©tudes longues et coĂ»teuses inaccessibles aux revenus de la majoritĂ© de la population. Comme dans beaucoup d’autres pays en voie de dĂ©veloppement, les admissions doivent de fait moins aux capacitĂ©s intellectuelles des candidats qu’aux revenus et aux soutiens sur lesquels ils pourront compter[102]. Une fois Ă  leur poste, les heureux Ă©lus qui voudraient se voir rĂ©compenser les efforts consentis se verront contraints de s’adonner Ă  des pratiques moralement discutables pour supplĂ©er leurs faibles revenus. L’État, incapable de rĂ©munĂ©rer de maniĂšre dĂ©cente ses fonctionnaires ne peut que fermer les yeux face Ă  ces dĂ©rives, tout au plus tenter de sensibiliser les agents aux dangers les plus flagrants tels les trafics de drogue dans les prisons oĂč le personnel pĂ©nitentiaire est impliquĂ©[98].

Outre ces difficultĂ©s purement financiĂšre se pose Ă©galement le problĂšme des compĂ©tences des fonctionnaires toujours en activitĂ© et nommĂ©s soit aprĂšs la chute du KampuchĂ©a dĂ©mocratique, alors que les personnes instruites ont Ă©tĂ© les premiĂšres victimes des crimes du rĂ©gime khmer rouge, soit ceux mis en place quand le pays Ă©tait sous la tutelle des nations unies lorsque la fidĂ©litĂ© Ă  un parti politique primait sur toute autre considĂ©ration pour pourvoir les postes[note 12]. Mais ce phĂ©nomĂšne est appelĂ© Ă  s’estomper avec le temps, les nouveaux postulants devant maintenant justifier d’un minimum de formation[71].

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Notes et références

Notes

  1. Lorsque Ky Tech devient bĂątonnier le 16 octobre 2002, son Ă©lection est contestĂ©e par un groupe d’avocats menĂ© par Suon Visal qui remettent en cause le mode de scrutin. Le 16 octobre 2004, Suon Visal est Ă©lu Ă  son tour bĂątonnier au dĂ©triment de Ky Tech Ă  qui on reproche des liens trop Ă©troit avec le gouvernement et notamment l’admission de plusieurs de ses membres (Hun Sen, Sar Kheng (en), Sok An et Prum Sokha) au sein du barreau. Ky Tech conteste cette Ă©lection et obtient gain de cause auprĂšs de la cour d’appel le 19 novembre 2004 et conserve son poste de bĂątonnier jusqu'aux prochaines Ă©lections. L’affaire n’en restera pas lĂ  et le 13 juin 2005 le conseil de l’ordre dĂ©cide de choisir Suon Visal comme nouveau membre ; le choix est Ă  nouveau contestĂ© par Ky Tech au motif qu’une telle procĂ©dure n’est pas conforme au statut du conseil. Suon Visal s’étant nĂ©anmoins fait faire des tampons avec ce nouveau titre, Ky Tech le poursuit devant les tribunaux pour usage de faux. La crise ne connaĂźtra une issue qu’en 2006 avec le renouvellement du conseil de l’ordre en mars et l'Ă©lection, en octobre, de Ky Tech comme bĂątonnier associĂ© au refus de Suon Visal de contester le scrutin[12].
  2. Le juge Hing Thirith a Ă©tĂ© mutĂ© une semaine aprĂšs avoir prononcĂ© un non-lieu dans le cadre du procĂšs contre les assassins prĂ©sumĂ©s de l’opposant et syndicaliste Chea Vichea ; il affirmera avoir reçu des pressions pour poursuivre les accusĂ©s malgrĂ© la faiblesse des preuves[13].
  3. Le dĂ©cret du 19 octobre 2004 portant crĂ©ation des chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens chargĂ© de juger les derniers dirigeants khmers rouges encore en vie a par exemple Ă©tĂ© signĂ© par Chea Sim, chef de l’État par intĂ©rim en l’absence de Norodom Sihanouk[33].
  4. Les lois organiques sont destinĂ©es Ă  complĂ©ter la constitution ou Ă  mettre en Ɠuvre les principes qu’elle Ă©nonce. Elles sont adoptĂ©es par l’AssemblĂ©e nationale en suivant le mĂȘme processus que les lois ordinaires. Le contrĂŽle systĂ©matique par le conseil constitutionnel a pour but de s’assurer qu’elles ne soient pas des rĂ©visions dĂ©guisĂ©es[56].
  5. Les trois autres cĂŽtĂ©s de ce rectangle sont l’établissement d’une loi contre la corruption, la rĂ©forme de l’administration publique et celle des forces armĂ©es[70].
  6. La premiĂšre mouture du code civil, prĂ©sentĂ©e en 1993[74] ne sera adoptĂ©e qu’en 2008[75].
  7. Selon une Ă©tude de l’organisation Star Kampuchea de 1999, 57 % des Cambodgiens n’avaient pas confiance en la justice[42].
  8. Les accointances notoires de Tep Vong avec le pouvoir en place, lui-mĂȘme rĂ©tif Ă  la poursuite des activitĂ©s des chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, peuvent toutefois laisser penser que son opposition n’est pas uniquement motivĂ©e par des considĂ©rations religieuses[79].
  9. L’arrestation d’un manifestant et de sept parlementaires du PSNC le 15 juillet 2014 en marge d’échauffourĂ©es avec la police puis leur dĂ©tention sans rĂ©elles preuves de leur implication dans les Ă©vĂ©nements, suivi de leur libĂ©ration le 22 juillet quelques heures aprĂšs la signature d’un accord entre le gouvernement et les dirigeants de l’opposition alors que dans le mĂȘme temps aucune enquĂȘte n’a portĂ© sur les violences des forces de l’ordre ne milite pas en faveur d’un pouvoir judiciaire indĂ©pendant de l’exĂ©cutif[86].
  10. Cambodge Soir avait relatĂ© le cas d’une altercation entre un mototaxi et des clients sur le prix d’une course, oĂč l’un d’entre eux avait pris la fuite en dĂ©robant une bicyclette, mais lorsqu’il comparait devant un tribunal pour ce vol, il est relaxĂ© aprĂšs avoir convaincu le juge qu’il n’avait agi ainsi que pour Ă©chapper Ă  une foule de plus en plus nombreuse et menaçante Ă  son Ă©gard[89].
  11. En mars 2004, la Far Eastern Economic Review dĂ©nonce les pratiques de l’organisation Cambodian Women’s Crisis Center qui a proposĂ© de l’argent Ă  des parents de mineurs pour les convaincre de tĂ©moigner Ă  charge devant la cour provinciale de Siem Reap contre Graham Cleghorn, un NĂ©ozĂ©landais accusĂ© de pĂ©dophilie[100].
  12. Lors de la crĂ©ation de l’École royale de la magistrature, en 2002, une Ă©tude a montrĂ© que seuls 13 % des magistrats alors en poste peuvent justifier d’une formation juridique complĂšte[103].

Références

  1. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), p. 133
  2. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), pp. 133-134
  3. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 447
  4. Grégory Mikaelian, Le Kram sruk de Chey Chettha III : édition critique d'un code institutionnel khmer du 17e siÚcle, Université Paris-Sorbonne, , 309 p., p. 43-47
  5. Roper Pinto, Aspects de l'Ă©volution gouvernementale de l'Indochine francaise, Ams Pr Inc, , 201 p. (ISBN 978-0-404-54861-2)
  6. Claude Gour, Hiérarchie des textes et respect de la légalité en droit public cambodgien, vol. IV, annales de la faculté de droit et des sciences économiques de Phnom Penh, , p. 6
  7. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 452
  8. (en) Jennifer Holligan et Tarik Abdulhak, « Overview of the Cambodian History, Governance and Legal Sources », sur GlobaLex, (consultĂ© le ), chap. 2.1, (« Cambodia’s Legal and Governmental System. Overview »)
  9. (en) Jennifer Holligan et Tarik Abdulhak, « Overview of the Cambodian History, Governance and Legal Sources », sur GlobaLex, (consultĂ© le ), chap. 2.5, (« Cambodia’s Legal and Governmental System. Judicial Branch »)
  10. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 1 (« La reconstruction de l'ordre juridique »), p. 136
  11. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 1 (« La reconstruction de l'ordre juridique »), p. 135
  12. (en) Cheang Sokha, « Bar Association presidency dispute resolved at last », Phnom Penh Post,‎ (lire en ligne)
  13. (en) Phann Ana et Porter Barron, « Judge Says His Removal Was Political », The Cambodia Daily,‎ (lire en ligne)
  14. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), pp. 457-458
  15. (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 78
  16. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 445
  17. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 474
  18. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), pp. 143-144
  19. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XI (« Du pouvoir judiciaire »), article 134
  20. (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 37
  21. (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 39
  22. (en) Samnang Thorng, « 9 things you can know about the Legal System of Cambodia », sur trycambodia, (consulté le )
  23. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), p. 144
  24. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XI (« Du pouvoir judiciaire »), article 131
  25. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), pp. 144-145
  26. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 466
  27. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), pp. 145-146
  28. (en) Jennifer Holligan et Tarik Abdulhak, « Overview of the Cambodian History, Governance and Legal Sources », sur GlobaLex, (consultĂ© le ), chap. 2.2, (« Cambodia’s Legal and Governmental System. Constitutional and administrative set-up »)
  29. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XV (« De la portée, de la révision et de l'amendement de la Constitution »), article 150
  30. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XII (« Du Conseil constitutionnel »), articles 140 & 141
  31. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XV (« De la portée, de la révision et de l'amendement de la Constitution »), article 151
  32. HélÚne Tourard, L'internationalisation des constitutions nationales, t. 96, Librairie générale de droit et de jurisprudence, coll. « BibliothÚque constitutionnelle et de science politique », , 744 p. (ISBN 978-2-275-01905-5, présentation en ligne), p. 429
  33. (en) Timothy L.H. McCormack (dir.), Michael J. Tilbury, Gillian Doreen Triggs et al., A Century of War and Peace : : Asia-Pacific Perspectives on the Centenary of the 1899 Hague Peace Conference, Brill, coll. « Melbourne Studies in Comparative & International Law », , 312 p. (ISBN 978-90-411-1532-4, lire en ligne), p. 256
  34. Jean-Marie CambacérÚs, Sihanouk : le roi insubmersible, Le Cherche midi, coll. « Documents », , 459 p. (ISBN 9782749131443, présentation en ligne), « Le retour de Sihanouk : renouveau et reconstruction du pays », p. 384-385
  35. (en) Margaret Slocomb, An Economic History of Cambodia in the Twentieth Century, Singapour, Université nationale de Singapour, , 368 p. (ISBN 978-9971-69-499-9, présentation en ligne), p. 253
  36. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie II (« Un régime politique ambigu »), chap. 3 (« Un parlementarisme déséquilibré »), p. 111
  37. Christel Thibault, Christian Huetz de Lemps (dir.), Olivier Sevin (dir.) et al., L’Asie-Pacifique des crises et des violences, Paris, Presses de l'universitĂ© Paris-Sorbonne, coll. « Sciences humaines », , 412 p. (ISBN 978-2-84050-571-6, prĂ©sentation en ligne), « La rĂ©sistance anti-vietnamienne aprĂšs Pol Pot. Organisation et compĂ©tition interne », p. 74-75
  38. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 1 (« La reconstruction de l'ordre juridique »), p. 137
  39. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, Toulouse, Presses de l'Université Toulouse 1 Capitole, , 182 p. (ISBN 9782361701048, présentation en ligne), partie III, chap. 1 (« La restauration du droit. La reconstruction de l'ordre juridique »), p. 140
  40. Fabienne Luco, Entre le tigre et le crocodile : Approche anthropologique sur les pratiques traditionnelles et nouvelles de traitement des conflits au Cambodge, Phnom Penh, Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, , 206 p. (lire en ligne), partie II, chap. 2.2 (« Le traitement des conflits. Les conciliateurs »), p. 118-119
  41. (en) Access to justice in Cambodia, Programme des Nations unies pour le développement,
  42. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 449
  43. (en) Jennifer Holligan et Tarik Abdulhak, « Overview of the Cambodian History, Governance and Legal Sources », sur GlobaLex, (consulté le ), chap. 5, (« Sources of Law »)
  44. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XVI (« Des dispositions transitoires »), article 158
  45. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 1 (« La reconstruction de l'ordre juridique »), pp. 141-142
  46. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), pp. 146-147
  47. (en) Jennifer Holligan et Tarik Abdulhak, « Overview of the Cambodian History, Governance and Legal Sources », sur GlobaLex, (consulté le ), chap. 3, (« ASEAN and International Relations »)
  48. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VII (« De l'Assemblée nationale »), article 90 paragraphe 4
  49. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. II (« Du roi »), article 26
  50. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. IV (« Du régime politique »), article 55
  51. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. III (« Des droits et des devoirs des citoyens khmers »), article 31
  52. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VII (« De l'Assemblée nationale »), article 90 paragraphe 1
  53. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VII (« De l'Assemblée nationale »), article 99 paragraphe 1
  54. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VIII (« Du Sénat »), article 113
  55. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XII (« Du Conseil constitutionnel »), article 140
  56. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 1 (« La reconstruction de l'ordre juridique »), pp. 138-139
  57. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie II (« Un régime politique ambigu »), chap. 3 (« Un parlementarisme déséquilibré »), p. 118
  58. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XI (« Du pouvoir judiciaire »), article 129
  59. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 1 (« La reconstruction de l'ordre juridique »), pp. 140-141
  60. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), p. 147
  61. (en) Centre Cambodgien pour les Droits de l’Homme (en), « Sixth Bi-annual Report “Fair Trial Rights in Cambodia” », (consultĂ© le ), p. 7
  62. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. III (« Des droits et des devoirs des citoyens khmers »), article 39
  63. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XI (« Du pouvoir judiciaire »), article 128
  64. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), pp. 150-155
  65. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 456
  66. Antoine de Blauwe, « La corruption est un véritable frein au développement au Cambodge », Asie du Sud-Est, Université de Montréal, (consulté le )
  67. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 457
  68. (en) Banque mondiale, Doing Business 2004 : Cambodia, Washington (district de Columbia),
  69. Barbara Delbrouck, « Justice transitionnelle, oĂč en est le Cambodge ? », sur L'aprĂšs gĂ©nocide au Cambodge, Bruxelles, Institut des hautes Ă©tudes des communications sociales (consultĂ© le )
  70. (en) Yun Samean, « Gov’t Concludes 2004 Development Strategy », The Cambodia Daily,‎ (lire en ligne)
  71. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 460
  72. Marine Graille, « Les futurs notaires cambodgiens formĂ©s en France », L'Essor de la Loire,‎ (ISSN 2103-2580, lire en ligne)
  73. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), pp. 459-460
  74. « La lente gestation du code civil », Cambodge Soir, no 822,‎
  75. (en) « The Civil Code of Cambodia », sur Sithi.org, (consulté le )
  76. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), pp. 453-454
  77. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), pp. 460-461
  78. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), p. 146
  79. (en) Ian Harris, « Sangha Groupings in Cambodia », Buddhist Studies Review, vol. 18,‎ , p. 91-95 (lire en ligne)
  80. « Les massacres perpĂ©trĂ©s sous le rĂ©gime de Pol Pot sont-ils le rĂ©sultat du karma de nos vie passĂ©es ? », Cambodge Soir, no 1567,‎
  81. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XI (« Du pouvoir judiciaire »), article 130
  82. Julie Mailhe, « La justice internationale au Cambodge », Séminaire de Justice Internationale, Université Toulouse-I-Capitole, (consulté le )
  83. Agence France-Presse, « Cambodge: appels Ă  la justice pour un critique du rĂ©gime assassinĂ© », Le Point, Takeo,‎ (lire en ligne)
  84. Human Rights Watch, « Cambodge : premiers pas du tribunal dans la recherche de la justice », (consulté le )
  85. ÉloĂŻse Ouellet-DĂ©coste, « L’état de la justice au Cambodge : Quand l’appareil judiciaire devient une arme politique », sur McGill Human Rights Interns, (consultĂ© le )
  86. (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 40
  87. (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 19
  88. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), pp. 466-467
  89. « Je ne sais pas. Il faut que je demande Ă  ma femme », Cambodge Soir, no 2028,‎
  90. « Royaume du Cambodge : L’assassinat du syndicaliste Chea Vichea », Amnesty International, (consultĂ© le ), p. 14
  91. « Cambodge. Les tribunaux de l'injustice », Amnesty International, (consulté le )
  92. (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 36
  93. (en) Comments received from the Government of Cambodia on the Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia, Surya P. Subedi, Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (lire en ligne), chap. I (« Legal and Judicial Reform »), Article 2
  94. (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 38
  95. Office contre la drogue et le crime, « AccÚs à la justice : Défense et assistance judiciaire », Vienne, Organisation des Nations unies, (consulté le ), p. 11
  96. (en) MinistÚre cambodgien de la justice et Bar Association of the Kingdom of Cambodia, « National Conference on Legal Aid Co-organised with support from UNICEF and OHCHRCambodia : Welcome remarks by Ms. Wan-Hea Lee, Representative, OHCHR-Cambodia, on behalf of UNICEF and OHCHR-Cambodia », sur cambodia.ohchr.org, (consulté le )
  97. (en) International bridges to justice, « Cambodia : Country Background », Where we work, GenÚve (consulté le )
  98. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), p. 148
  99. (en) Centre Cambodgien pour les Droits de l’Homme (en), « Sixth Bi-annual Report “Fair Trial Rights in Cambodia” », sur sithi.org, (consultĂ© le ), p. 18-21, « Right to liberty and to be tried without undue delay »
  100. (en) Chris Mueller et Ouch Sony, « Rapist Sent Home After Serving Half of 20-Year Term », The Cambodia Daily,‎ (lire en ligne)
  101. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 463
  102. Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), pp. 449-450
  103. « Dans les coulisses d'une justice en attente de rĂ©forme », Cambodge Soir, no 1488,‎
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.