Droit cambodgien
Le droit cambodgien est de tradition civiliste, lâinstruction Ă©tant confiĂ©e Ă un juge et les procureurs se contentant de demander l'application de la loi.
Il se heurte rĂ©guliĂšrement Ă un manque de moyens autant financiers quâhumains, ferment dâune corruption et dâun clientĂ©lisme qui rongent lâensemble de la sociĂ©tĂ©. La difficultĂ© dâaccĂšs pour les plus humbles favorise dâautre part la rĂ©sistance des mĂ©thodes traditionnelles de rĂ©solution des conflits, basĂ©es sur lâentremise dâune personne dont lâautoritĂ© morale, contrairement Ă celle du juge, nâest contestĂ©e par aucune des deux parties (chef de village, de district, de pagode âŠ), crĂ©ant de facto un systĂšme Ă deux vitesses, lâun, officiel, rĂ©servĂ© aux Ă©trangers et aux Ă©lites urbaines, lâautre, informel, pour la majeure partie de la population.
Contexte historique
Les Ă©tudes juridiques portant sur le Cambodge ne sont pas abondantes et sont rarement le fait de juristes, mais plutĂŽt dâauteurs intĂ©ressĂ©s avant tout par lâaspect historique ou sociologique. En Harry Kane, les recherches sont souvent effectuĂ©es par des personnes imprĂ©gnĂ©es des valeurs libĂ©rales et individualistes apparues dans lâEurope industrialisĂ©e du XIXe siĂšcle et ont du mal Ă intĂ©grer les fondements dâune sociĂ©tĂ© dâinspiration theravÄdine basĂ©e sur le respect des traditions et des hiĂ©rarchies. Ce problĂšme devient encore plus criant dans les ouvrages qui traitent de la pĂ©riode qui a suivi le protectorat et qui, surtout chez les Anglo-Saxons, se focalisent sur lâinfluence du droit français et de la civil law au dĂ©triment des aspects purement locaux du droit cambodgien[1].
Une autre raison invoquĂ©e est la difficultĂ© de diffĂ©rencier le domaine purement juridique du religieux ou du politique. Dans un milieu pĂ©tri de bouddhisme et dâanimisme, les prĂ©ceptes intĂ©grant les relations au divin sont fortement imbriquĂ©es dans celles rĂ©glant les rapports au sein de la communautĂ©. Le lien avec le politique est encore plus criant, la soumission au pouvoir, comme ailleurs en Asie, est la norme et le besoin de lutte contre lâarbitraire nâest apparu que rĂ©cemment. Enfin, le fait quâun texte de loi Ă©crit aura au Cambodge moins valeur dâengagement quâun accord passĂ© dans les formes coutumiĂšres, ne peut que dĂ©sorienter un occidental[2].
Période pré-angkorienne et empire khmer
Il faut dire que la tradition cambodgienne nâaccorde que peu de crĂ©dit au respect strict de rĂšgles ou lois et lui prĂ©fĂšre une interprĂ©tation en fonction du contexte. Ainsi, les premiĂšres traces Ă©crites de lois sont des Dharmashastra apparus lors de lâindianisation de la pĂ©ninsule Indochinoise entre le IIe et le XIIIe siĂšcle, mais ces textes sont surtout des codes de conduites respectueux des coutumes sĂ©culaires et dĂ©nuĂ©s de caractĂšre directif[3]. Dâailleurs, quand Ă la fin du XIXe siĂšcle des Français tels AdhĂ©mard LeclĂšre font des recherches sur les lois de lâĂ©poque angkorienne, ils sâaperçoivent quâelles sont pour la plupart mĂ©connues des magistrats. En fait, la corruption avec les pratiques nĂ©potiques et le clientĂ©lisme qui lui sont attachĂ©es rend les lois particuliĂšrement inaudibles[4].
Le protectorat
Les premiĂšres vraies tentatives de codification interviennent sous le protectorat par la crĂ©ation de codes civil, foncier, pĂ©nal et des affaires, mais ils seront en contradiction avec les lois Ă©dictĂ©es en mĂ©tropole ou celles qui sâappliquent Ă lâensemble de lâIndochine française[5]. Les avis, arrĂȘtĂ©s et autres dĂ©crets Ă©mis par les diffĂ©rents corps lĂ©gislatif sont rationalisĂ©s le 1er juin 1940 par la crĂ©ation dâune hiĂ©rarchie entre eux. Au plus haut niveau se trouve dorĂ©navant le Kram qui dĂ©coule du seul monarque et a une portĂ©e lĂ©gislative d'ordre gĂ©nĂ©rale ; le Kret est Ă©galement lâĆuvre du roi, mais recouvre les nominations, mutations et rĂ©vocations des hauts fonctionnaires. Le Samrach concerne une dĂ©cision prise en conseil des ministres. Les Prakas viennent pour leur part dâun ministre et sâapplique Ă son domaine d'activitĂ© alors que le Deka nâa quâune valeur locale (province, district, communeâŠ)[6].
AprĂšs lâindĂ©pendance
La codification se poursuit aprĂšs lâindĂ©pendance, menĂ©e par des juristes cambodgiens formĂ©s Ă la facultĂ© de droit oĂč les cours sont en partie dispensĂ©s par des professeurs français dans la langue de MoliĂšre[7].
Mais ce systĂšme si dĂ©routant pour les observateurs non avertis et qui fonctionne malgrĂ© ses dĂ©fauts sera profondĂ©ment mis Ă mal par les dirigeants khmers rouges dans la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1970. Toutes les institutions des rĂ©gimes prĂ©cĂ©dents ont Ă©tĂ© abolies et bien que la constitution du KampuchĂ©a dĂ©mocratique fasse rĂ©fĂ©rence Ă des cours populaires, celles-ci nâont jamais vu le jour. La justice ne repose alors sur aucun cadre et est rendue Ă tous les niveaux de maniĂšre expĂ©ditive par des dirigeants qui ont droit de vie et de mort sur leurs subordonnĂ©s. La plupart des acteurs des anciennes instances judiciaires nâont pas survĂ©cu Ă cette pĂ©riode et la remise en place dâinstitutions dignes de ce nom est toujours en cours 40 annĂ©es plus tard[8].
Ă la chute du KampuchĂ©a dĂ©mocratique en 1979, des cours rĂ©volutionnaires populaires sont crĂ©Ă©es, mais il faudra attendre 1982, pour quâun systĂšme judiciaire plus Ă©laborĂ© soit mis en place. Un rĂ©seau de tribunaux provinciaux voit le jour, dĂ©pendants dâune cour suprĂȘme populaire au niveau national, qui devient lâinstance de recours[9]. Un dĂ©cret-loi du 13 juillet 1982 vient complĂ©ter lâensemble en crĂ©ant une hiĂ©rarchie au niveau des textes de lois. Le Chhbap (« loi ») Ă©mane du conseil dâĂtat (prĂ©sidence de la rĂ©publique) et il doit ĂȘtre approuvĂ© par lâAssemblĂ©e nationale pour ĂȘtre proclamĂ© ou, si sa mise en application ne peut pas attendre la prochaine session parlementaire, par un dĂ©cret-loi. Ce dernier nâa en effet pas besoin dâune promulgation et prend effet dĂšs sa signature. En contrepartie, il est abrogĂ© sâil va Ă lâencontre dâun Chhbap. LâAnukret (« sous dĂ©cret ») est pour sa part issu du conseil des ministres mais ne peut sâopposer Ă un des deux textes citĂ© prĂ©cĂ©demment. Chaque ministre ou responsable dâun organisme public peut, Ă son niveau, Ă©dicter un Prakas (« ordre »), alors que les comitĂ©s rĂ©volutionnaires peuvent prendre des Sachkey Samrach (« dĂ©cision ») qui doivent rester en conformitĂ© avec les autres actes invoquĂ©s[10].
La monarchie restaurée
En 1992 LâAutoritĂ© provisoire des Nations unies au Cambodge adjoint aux juridictions provinciales dĂ©jĂ crĂ©Ă©es une cour dâappel habilitĂ©e Ă Ă©galement rĂ©viser les jugements du tribunal militaire et dont, les dĂ©cisions peuvent ĂȘtre contestĂ©es devant une cour suprĂȘme[9]. Cette rĂ©forme sâaccompagne aussi dâune rĂ©organisation des textes, mais devant la tĂąche Ă accomplir, on prĂ©fĂšrera trier parmi ceux des rĂ©gimes prĂ©cĂ©dents entre ceux quâil convient dâabroger et ceux Ă conserver[11]. La constitution de 1993 conserve lâordre des textes juridiques adoptĂ©s par la RĂ©publique populaire du KampuchĂ©a. Tout au plus voit-on rĂ©apparaitre le Kram royal abrogĂ© en 1970, mais il ne concerne maintenant que lâacte de promulgation des lois votĂ©es par le parlement[10].
Dans le mĂȘme temps, le droit est profondĂ©ment remaniĂ© grĂące Ă une importante aide internationale. De nombreux organes chargĂ©s dâorganiser et garantir lâindĂ©pendance des institutions sont alors crĂ©Ă©s (conseil supĂ©rieur de la magistrature, barreau des avocats, conseil de lâordreâŠ). Mais ces mises en place, en remettant en cause les systĂšmes dâinfluence prĂ©alablement Ă©tablis dĂ©bouchent rĂ©guliĂšrement sur des crises telles la querelle entre Ky Tech et Suon Visal qui perturbera le fonctionnement du barreau pendant plusieurs annĂ©es[note 1] ou les accusations de partialitĂ© du conseil supĂ©rieur de la magistrature aprĂšs notamment la mutation, en mars 2004, du juge Hing Thirith[note 2] - [14].
Lâimplantation en 2006 des chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, une juridiction locale Ă participation internationale minoritaire chargĂ©e de juger les derniers dirigeants khmers rouges encore en vie va permettre dâaccĂ©lĂ©rer la mise en place dâinstitutions plus proches des normes internationales[9]. Mais Surya Subedi, alors rapporteur auprĂšs du commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, note dans son rapport dâaoĂ»t 2014 que des progrĂšs restent Ă accomplir[15].
De fait, le jugement portĂ© en 2006 par Antoine Fontaine, chef de projet de lâambassade de France pour la coopĂ©ration juridique auprĂšs de lâuniversitĂ© royale de droit et des sciences Ă©conomiques de Phnom Penh[16], comme quoi « le chemin qui mĂšne Ă lâĂ©tat de droit est encore long et le Cambodge commence Ă peine Ă lâemprunter » est toujours dâactualitĂ© une dizaine d'annĂ©es plus tard[17].
Contexte organisationnel
Le pouvoir judiciaire est confiĂ© en premiĂšre instance Ă des tribunaux provinciaux puis Ă la cour de cassation et la cour suprĂȘme. Il est basĂ© sur un ordre juridictionnel unique et chacune de ces instances statue sur les cas qui relĂšvent autant du civil que du pĂ©nal, du commercial ou du social. Les cours provinciales, ou municipales pour les villes Ă statut particulier comme Phnom Penh ou Sihanoukville, sont composĂ©es dâun juge, un procureur et un greffier[18].
La cour dâappel (Sala Outor) siĂšge dans la capitale. Au milieu des annĂ©es 2010, il est prĂ©vu dâouvrir deux autres instances Ă Battambang et Siem Reap. Outre les recours sur les procĂšs des tribunaux provinciaux, elle juge Ă©galement en premiĂšre instance les contentieux administratifs. En plus de lâinstitution chargĂ©e de ce genre de cas, la cour comporte quatre autres chambres, spĂ©cialisĂ©es respectivement dans le civil, le pĂ©nal, le commercial et lâinstruction. Ses dĂ©cisions sont rendues par un groupe de trois magistrats ; les attributions du ministĂšre public incombent au procureur gĂ©nĂ©ral prĂšs la cour dâappel[18].
La cour suprĂȘme (Tolakar Kampoul) statue en dernier recours sur les cas jugĂ©s en appel, mais ne peut se prononcer que sur les vices de procĂ©dure. Elle est composĂ©e dâune chambre civile et une chambre pĂ©nale. Les dĂ©cisions sont prononcĂ©es de maniĂšre collĂ©giales (5 magistrats) ou plĂ©niĂšre (9 magistrats) alors que les fonctions du ministĂšre public Ă©choient au procureur gĂ©nĂ©ral auprĂšs de la cour suprĂȘme[18].
Enfin, le Conseil suprĂȘme de la magistrature dĂ©tient le pouvoir judiciaire en derniĂšre instance[19]. Il est censĂ© garantir lâindĂ©pendance de la justice et intervient dans les questions relatives aux promotions, transferts et rĂ©munĂ©rations des juges ; il doit aussi traiter les plaintes et dĂ©cider, si besoin est, des sanctions disciplinaires Ă lâencontre des magistrats[20]. Son organisation et son fonctionnement ont Ă©tĂ© redĂ©finis par une loi promulguĂ©e en juillet 2014 qui notamment renforce la proportion de juges en son sein[21].
Les actes administratifs sont pour leur part organisĂ©s suivant une hiĂ©rarchie hĂ©ritĂ©e de la RĂ©publique populaire du KampuchĂ©a. Ă son sommet se trouve le Kret, dĂ©cret signĂ© par le roi et contresignĂ© par le premier ministre et le ministre concernĂ©. Il est en fait lâacte de promulgation dâun Chhbap votĂ© par le parlement. LâAnukret est un sous-dĂ©cret adoptĂ© par le gouvernement et paraphĂ© par le premier ministre et le ministre chargĂ© de son application. Les Prakas sont pris par un ministre ou le gouverneur de la banque centrale alors que le Sachkdei Samrach (« dĂ©cision ») est initiĂ© par un membre du gouvernement (secrĂ©taire dâĂtat inclus) ou le prĂ©sident dâune institution publique. Le Sorachor (« circulaire ») est prescrit par une administration centrale Ă destination de ses antennes locales. Il a pour but de clarifier un texte de loi en indiquant lâinterprĂ©tation Ă lui donner ou Ă dĂ©finir une politique dans un domaine donnĂ©. Enfin, le Deka a une portĂ©e plus restreinte et est lâĆuvre dâun gouverneur de province ou dâun chef de municipalitĂ©[22].
Les juges et procureurs sont recrutĂ©s par un concours ouvert Ă tout diplĂŽmĂ© en droit et aprĂšs avoir suivi une formation Ă lâĂcole royale de la magistrature[23].
Le parquet est seul habilitĂ© Ă engager des poursuites, mais ne peut pas juger les affaires[24]. Ses membres sont subordonnĂ©s au procureur gĂ©nĂ©ral qui reçoit ses instructions du ministĂšre de la justice et doit lui transmettre tous les ans un rapport d'activitĂ©[25]. Afin de mettre un terme aux confusions qui avaient alors cours, le conseil supĂ©rieur de la magistrature dĂ©cide, le 11 juillet 2005, la sĂ©paration administrative entre les juges chargĂ©s dâinstruire les dossiers et ceux qui conduisent les procĂšs[26].
Les avocats sont pour leur part regroupĂ©s dans un ordre rĂ©gi par le Kram du 22 aoĂ»t 1995 et inspirĂ© par son homologue français. Ă sa tĂȘte se trouve une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, un conseil de lâordre et un bĂątonnier Ă©lu pour un mandat de deux ans renouvelable une fois. Les postulants Ă la profession doivent ĂȘtre de nationalitĂ© cambodgienne, avoir obtenu un certificat dâaptitude Ă la carriĂšre dâavocat et une licence en droit ou un diplĂŽme Ă©quivalent et ne pas avoir Ă©tĂ© condamnĂ© au pĂ©nal. Ils doivent alors effectuer un stage dâun an dans un cabinet et comprenant une formation complĂ©mentaire. Enfin, pour assurer leur indĂ©pendance ils sont tenus de ne pas exercer une activitĂ© commerciale ni un emploi dans la fonction publique[27].
Sources du droit
Dans la mesure oĂč il Ă©tait difficile â et long â en 1993 de recrĂ©er un systĂšme pĂ©nal complet, celui actuellement en vigueur au Cambodge reprend des Ă©lĂ©ments des rĂ©gimes prĂ©cĂ©dents, pour peu quâils ne contreviennent pas Ă la constitution, et des Ă©lĂ©ments plus rĂ©cents, notamment pour mettre le systĂšme politique en conformitĂ© avec les rĂšgles de lâĂ©conomie de marchĂ©[28].
Constitution
La Constitution est la loi suprĂȘme du Cambodge, par consĂ©quent, toutes les normes juridiques doivent s'y conformer[29].
La conformitĂ© des lois en cours dâadoption ou dĂ©jĂ entĂ©rinĂ©es Ă©choit au conseil constitutionnel sur requĂȘte notamment du roi, du premier ministre, du prĂ©sident dâune des deux chambres parlementaires, dâun quart des sĂ©nateurs, dâun dixiĂšme des dĂ©putĂ©s ou dâun tribunal[30].
La procĂ©dure de rĂ©vision constitutionnelle diffĂšre de celle concernant les lois. Son initiative appartient au roi, au premier ministre ou au prĂ©sident de lâAssemblĂ©e nationale sur proposition dâau moins un quart de ses membres. Afin dâĂ©viter des changements trop nombreux, la modification de cette loi fondamentale doit ĂȘtre approuvĂ©e par au moins deux tiers des dĂ©putĂ©s[31].
De fait, depuis sa promulgation le 29 septembre 1993, la constitution a connu plusieurs rĂ©visions. Câest tout dâabord le 14 octobre 1994, pour pallier les frĂ©quents sĂ©jours de Norodom Sihanouk Ă lâĂ©tranger, la fonction de chef de lâĂtat et son pouvoir de signature des documents officiels peut ĂȘtre dĂ©lĂ©guĂ© en cas dâabsence du roi[32] - [note 3]. Le 8 mars 1999, un SĂ©nat est crĂ©Ă© afin de rĂ©soudre la crise politique nĂ©e des Ă©lections lĂ©gislatives de 1998[34]. Le 28 juillet 2001, le roi se voit octroyer le pouvoir de dĂ©cerner des titres honorifiques[35]. Le 19 janvier 2005, la rĂ©vision porte sur le quorum nĂ©cessaire Ă lâouverture des sessions du parlement et Ă l'investiture du gouvernement[36], puis, le 9 mars 2006, un changement des modalitĂ©s de vote Ă lâAssemblĂ©e nationale et au SĂ©nat[37]. Enfin, une modification portant sur lâorganisation administrative est entĂ©rinĂ©e en fĂ©vrier 2008[38].
Coutume
Le droit ancien Ă©tait coutumier et de tradition orale. Les actes Ă©taient accompagnĂ©s de cĂ©rĂ©monies orchestrĂ©es par les pagodes et tout fonctionnaire devait jurer fidĂ©litĂ© au roi avant dâentrer en fonction. Le parjure Ă©tait alors considĂ©rĂ© comme une des fautes les plus graves. Si lâabolition de la monarchie en 1970 et de la religion en 1975 ont quelque peu changĂ© la donne, ces modes de fonctionnement nâont pas pour autant disparu[39]. La tradition de la mĂ©diation au niveau communal reste de fait trĂšs populaire. Des Ă©tudes de lâorganisation des Nations unies pour l'Ă©ducation, la science et la culture et du programme des Nations unies pour le dĂ©veloppement ont montrĂ© le rĂŽle central que continuent de jouer les chefs de villages en tant que conciliateurs dans les querelles fonciĂšres, conjugales et de proximitĂ©[40] - [41]. Une Ă©tude de lâorganisation The Asia Foundation (en) des annĂ©es 2000 montre dâailleurs que 80 % des conflits de voisinage se rĂšglent au niveau du village[42]. En fait, ce mode de rĂšglement est quasi systĂ©matiquement envisagĂ© avant de porter une affaire devant un tribunal de premiĂšre instance. La coutume vient mĂȘme combler certains vides juridiques. Un exemple en est lâarticle 23 du droit des contrats qui dispose que si le sens dâune clause contractuelle nâest pas clair, elle doit ĂȘtre interprĂ©tĂ©e suivant les usages en cours lĂ oĂč le contrat a Ă©tĂ© conclu[43].
Continuité des lois
La constitution de 1993 stipule que « les lois et les actes normatifs (âŠ) restent en vigueur jusqu'Ă ce que de nouveaux textes viennent les modifier ou les abroger, Ă l'exception des dispositions contraires Ă l'esprit de la prĂ©sente Constitution »[44].
En fait, lâautoritĂ© provisoire des Nations unies au Cambodge et le constituant ne font que reprendre une pratique dĂ©jĂ en vigueur dans la plupart des rĂ©gimes issus des diffĂ©rents bouleversements politiques quâa traversĂ© le Cambodge dans la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle et qui ont prĂ©fĂ©rĂ© conserver pour un temps lâappareil lĂ©gislatif de leurs prĂ©dĂ©cesseurs plutĂŽt que de crĂ©er une rupture et un vide juridique[45].
Influence onusienne
Par la signature des accords de Paris, le 23 octobre 1991, les diffĂ©rentes factions cambodgiennes revendiquant le pouvoir conviennent de le dĂ©lĂ©guer pour une pĂ©riode temporaire Ă lâONU. Une sĂ©rie de lois sera ainsi Ă©dictĂ©e durant cette phase par lâautoritĂ© provisoire des Nations unies au Cambodge pour lui permettre entre autres missions, dâassurer lâordre public et dâorganiser des Ă©lections. Un code Ă©lectoral sera par exemple mis en place en 1992 et servira de modĂšle Ă la loi sur les Ă©lections de 1997, toujours en vigueur une vingtaine dâannĂ©es plus tard[43].
Lâadoption dâun code pĂ©nal le 10 septembre 1992 a Ă©tĂ© moins heureuse. Sâil a permis de mettre en place des standards internationaux en matiĂšre de droits de lâhomme et de protection des libertĂ©s internationales, il se basait sur les principes de la common law, en contradiction avec les traditions civilistes du Cambodge. Le code sera modifiĂ© dĂšs le 28 janvier 1993 puis en 2010, mais les nouveaux textes comportent toujours quelques lacunes, qui au nom de la continuitĂ© des lois sont comblĂ©s par celui de 1992[46].
Droit international
En tant que membre de nombreuses organisations (Organisation des Nations unies, Fonds monĂ©taire international, Groupe des 77, Organisation internationale du travail, Organisation mondiale de la santĂ©, Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, Association des nations de l'Asie du Sud-Est, Organisation mondiale du commerceâŠ), le Cambodge doit adhĂ©rer Ă de nombreux traitĂ© ou convention internationaux[47]. Le processus de mise en application est dĂ©crit par la constitution qui affirme quâaprĂšs approbation par lâAssemblĂ©e nationale[48], le roi signe les textes qui sont ainsi ratifiĂ©s[49].
Toutefois, ces traitĂ©s ne devront pas aller contre « l'indĂ©pendance, la souverainetĂ©, l'intĂ©gritĂ© territoriale, la neutralitĂ© et l'unitĂ© nationale du royaume » sous peine dâĂȘtre abrogĂ©[50]. Mais la dĂ©claration universelle des droits de l'homme ainsi que les textes relatifs Ă ceux de la femme et de lâenfant occupent cependant une place Ă part, vu que leur respect sont garantis par la constitution[51].
LĂ©gislation
Le pouvoir lĂ©gislatif est partagĂ© entre l'AssemblĂ©e nationale[52] et le SĂ©nat[53]. Le rĂŽle du second est dâexaminer les lois adoptĂ©es en premiĂšre lecture par la chambre basse et dâĂ©mettre au besoin des propositions dâamendement qui devront ĂȘtre Ă nouveau agrĂ©Ă©s par les dĂ©putĂ©s avant que le texte ne soit dĂ©finitivement promulguĂ©[54]. En outre, certains domaines, tels lâapprobation du budget de lâĂtat[52] ou des traitĂ©s internationaux[48] ainsi que les rĂ©visions constitutionnelles sont du seul ressort de lâAssemblĂ©e nationale[31]. Enfin, les rĂšglements intĂ©rieurs des deux chambres du parlement ainsi que les lois organiques font lâobjet dâun examen automatique du conseil constitutionnel[55] - [note 4].
Toutefois, si dâaprĂšs la constitution lâinitiative des lois est partagĂ©e entre les parlements et le gouvernement, lâessentiel en revient Ă ce dernier qui avant de soumettre un projet le fait prĂ©parer par le cabinet ministĂ©riel compĂ©tent et revoir par un groupe de juristes. Le fait que ni les dĂ©putĂ©s ni le sĂ©nat ne disposent de tels moyens ni de ces compĂ©tences peut expliquer le faible nombre de textes dont ils sont Ă lâorigine ou qui donnent lieu Ă de rĂ©elles discussions[57].
Jurisprudence
La constitution affirme que « les juges doivent accomplir leurs devoirs dans le strict respect de la loi »[58]. Ils se contentent donc dâappliquer les textes et quand ils motivent leurs dĂ©cisions, ils se limitent Ă exposer les faits relatifs Ă lâaffaire. La rĂšgle du prĂ©cĂ©dent judiciaire nâa pas cours et les verdicts rendus ne doivent concerner que les parties prĂ©sentes au procĂšs. De fait, cette absence de jurisprudence peut conduire lors du jugement dâaffaires similaires par deux tribunaux diffĂ©rents Ă des dĂ©cisions contradictoires. Si la cour suprĂȘme a bien dans ses objectifs une harmonisation des peines, les rĂ©sultats se faisaient encore attendre au milieu des annĂ©es 2010[59].
Branches du droit
Droit civil
Le code de procédure civile actuellement en vigueur date de 2007 alors que le code civil est entré en application en décembre 2011[28].
Le droit civil intĂšgre parfaitement le recours frĂ©quent Ă la conciliation en usage dans la plupart des pays asiatiques. Ainsi, avant dâinitier une procĂ©dure, le juge tentera une mĂ©diation entre les parties. Il est en cela Ă©paulĂ© dans les zones rurales par des bureaux locaux implantĂ©s au niveau des Phum (« villages ») et des Srok (« districts ») et reprĂ©sentatifs des valeurs sociales traditionnelles. Le procĂšs n'intervient que si la conciliation a Ă©chouĂ© et le juge prend sa dĂ©cision conformĂ©ment Ă la loi en vigueur ou, Ă dĂ©faut, en fonction de la coutume oĂč le diffĂ©rend a lieu[60].
Droit pénal
Le code de procédure criminelle actuellement en vigueur date de 2002 alors que celui de procédure pénale est entré en application en décembre 2010[28].
Le droit pĂ©nal cambodgien est basĂ© sur des procĂ©dures inquisitoires. Ă la fin de 2013, il reposait sur 23 chambres provinciales et municipales de premiĂšre instance, un tribunal militaire, une cour de cassation et une cour suprĂȘme[61].
Lâaction publique est rĂ©servĂ©e au parquet et les opĂ©rations de police judiciaire se dĂ©roulent sur demande du procureur. ConformĂ©ment Ă la tradition et au grand dam des organisations et gouvernements anglo-saxons, lâinstruction est confiĂ©e Ă un juge. Lors des procĂšs, le ministĂšre public se contente de demander l'application de la loi. Les dĂ©cisions des tribunaux provinciaux et municipaux sont susceptibles de faire lâobjet dâun recours dans un dĂ©lai de deux mois aprĂšs la prononciation du verdict sauf celles Ă©dictĂ©es par dĂ©faut qui peuvent ĂȘtre contestĂ©es dans les deux semaines aprĂšs que le condamnĂ© ait eu connaissance de sa sentence[60].
Droit administratif
La constitution reconnait Ă tout citoyen khmer « le droit de dĂ©noncer, porter plainte ou rĂ©clamer des rĂ©parations pour des prĂ©judices causĂ©s par des activitĂ©s illĂ©gales des organismes de l'Ătat, des organismes sociaux et de la part du personnel de ces organismes »[62]. En outre, en dĂ©clarant le pouvoir judiciaire « compĂ©tent pour tous les litiges, y compris le contentieux administratif », elle confirme lâunicitĂ© de juridiction[63].
Un tel choix Ă©tait, dans lâesprit du constituant, motivĂ© par deux raisons majeures, Ă savoir la crainte de crĂ©er un systĂšme trop complexe et le manque de personnel qualifiĂ©. Le premier argument trouvait son fondement dans lâexpĂ©rience des Krom Viveat, mis en place en 1924 pour gĂ©rer les conflits avec lâadministration. Leur manque de pouvoir, la lenteur des procĂ©dures et la concurrence des arrangements Ă lâamiable entre administrĂ©s et la hiĂ©rarchie des administrateurs en faute entraveront durablement leur efficacitĂ©. Leur faible activitĂ© provoquera leur suppression en 1970. Le second argument, sâil Ă©tait fondĂ© en 1993, le semble moins une vingtaine dâannĂ©es plus tard, alors que lâenseignement de lâĂcole royale de la magistrature rend les arcanes du droit public plus accessibles aux juges. Mais le besoin dâinstances spĂ©cifiques apparaĂźt trĂšs vite et des chambres dĂ©diĂ©es aux contentieux administratifs sont crĂ©Ă©es au sein de la cour de cassation, qui gĂšre ces litiges en premiĂšre instance, et de la cour suprĂȘme. De plus, la crĂ©ation le 10 mars 1994, par Norodom Ranariddh et Hun Sen, dâun conseil de juristes chargĂ©s dâexaminer les lois en prĂ©paration dans les ministĂšres et revoir les textes dĂ©jĂ appliquĂ©s pour proposer des amendements, vient complĂ©ter lâarsenal de facto dâinstances spĂ©cialisĂ©es[64].
Droits des affaires
LâadhĂ©sion du Cambodge Ă lâorganisation mondiale du commerce le 13 octobre 2004 lâa contraint Ă adopter un certain nombre de lois pour garantir la libre concurrence et encadrer les investissements, mais ces textes ne sâappliquent pas aux commerces locaux pour qui ils sont trop complexes et coĂ»teux . Ils prĂ©fĂšrent continuer Ă utiliser les pratiques traditionnelles dâinspiration chinoise ; la tontine reste ainsi le moyen le plus courant dâobtenir un crĂ©dit, les tractations avec les fonctionnaires celui de fixer lâimpĂŽt et la contrainte physique la voie de rĂšglement des litiges. Seules les entreprises Ă©trangĂšres sont dĂ»ment enregistrĂ©es, payent les impĂŽts prĂ©vus par les textes ou rĂšglent leurs diffĂ©rends devant la justice[65]. Mais cela ne les empĂȘche pas pour autant de devoir composer avec la corruption et sâils dĂ©cidaient de ne pas soudoyer quelques officiels, ils auraient peu de chance de voir leur projet aboutir[66].
Ce code des affaires souffre Ă©galement, comme les autres domaines du droit cambodgien, de la concurrence entre pays donateurs, chacun dĂ©sirant profiter de lâopportunitĂ© offerte par lâaide au dĂ©veloppement pour tenter dâimposer son modĂšle. Ainsi la banque mondiale fortement inspirĂ©e par les pays anglo-saxons remet rĂ©guliĂšrement en doute le cadre juridique basĂ© sur le systĂšme français et qui pour elle serait un frein Ă la productivitĂ© et aux investissements, gĂ©nĂ©rant un chĂŽmage plus important et favorisant la corruption. Elle prĂŽne une dĂ©rĂ©glementation qui supprimerait ou diminuerait ce qui est perçu comme des freins au dĂ©veloppement Ă©conomique tels l'existence d'un salaire minimum, lâintervention des tribunaux dans les affaires commerciales ou l'absence de protection des crĂ©diteurs[67] - [68].
Les entraves
Un certain nombre de problĂšmes empĂȘchent lâappareil judiciaire de fonctionner dâune maniĂšre que des organisations pourraient qualifier de satisfaisante[69].
Volonté politique
Les politiciens affirment rĂ©guliĂšrement leur volontĂ© dâamĂ©liorer la confiance que leurs compatriotes ont envers leur justice, mais les actions concrĂštes se font attendre. Quand en juillet 2004, le premier ministre Hun Sen prĂ©sente sa « stratĂ©gie du rectangle » visant Ă assurer la « bonne gouvernance », la rĂ©forme judiciaire est dĂ©finie comme un des quatre cĂŽtĂ©s de ce quadrilatĂšre[note 5]. Toutefois, les progrĂšs en la matiĂšre vont se faire attendre[71]. Le code pĂ©nal nâentrera quâen 2010, le civil en 2011[28] ; la loi sur le statut des magistrats date de 2014[21] et une annĂ©e plus tard, les discussions sur la fonction notariale Ă©taient toujours en cours[72]. Si les considĂ©rations structurelles Ă©voquĂ©es dans ce chapitre peuvent justifier cette lenteur, elles ne pourraient Ă elles seules lâexpliquer. En fait, les faibles avancĂ©es semblent moins destinĂ©es Ă perfectionner le systĂšme judiciaire quâĂ appĂąter les pourvoyeurs de lâaide internationale en leur montrant le bien-fondĂ© de leur action tout en les incitant Ă ne pas la suspendre trop vite[73].
Origine du droit
Lâaide internationale massive qui depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990 permet de profondĂ©ment remanier le systĂšme judiciaire a aussi des effets pervers. Ainsi, la diversitĂ© des donateurs aboutit Ă une certaine cacophonie, chacun semblant plus soucieux dâimposer ses vues que de veiller Ă la cohĂ©rence des textes proposĂ©s avec ceux des autres intervenants, voire de mener des Ă©tudes sociologiques pour sâassurer quâils sont adaptĂ©s au contexte local. Ainsi le projet de crĂ©ation dâun tribunal de commerce sous lâĂ©gide de la banque mondiale doit-il ĂȘtre stoppĂ© au dernier moment car les procĂ©dures quâil prĂ©voyait allaient Ă lâencontre des rĂšgles des droits civil et pĂ©nal prĂ©parĂ©s par les Japonais et les Français. Ces disputes se dĂ©placent de surcroĂźt frĂ©quemment vers les administrations locales, crĂ©ant des querelles par procuration, comme pour les dĂ©bats sur la mise en place du rĂŽle des juges dâinstruction voulu par le ministĂšre de la justice soutenu par la France mais combattu par celui de lâintĂ©rieur (en) aidĂ© par les pays anglo-saxons qui y voit une limitation du pouvoir de la police dans la conduite des enquĂȘtes criminelles. Il en rĂ©sulte des lois adoptĂ©es avec parcimonie et le manque de volontĂ© politique rĂ©guliĂšrement invoquĂ©e pour expliquer cette lenteur[note 6] ne semble pas en ĂȘtre la seule raison[76].
Ces lois de provenance Ă©trangĂšre ne sont dâautre part pas toujours traduites de maniĂšre appropriĂ©e et il nâest pas rare que les juristes doivent reprendre un texte dans sa langue originale pour en retrouver le sens et se reporter au droit du pays dont il est issu afin de savoir comment lâinterprĂ©ter[77].
Conciliation
Un Ă©lĂ©ment majeur dĂ©jĂ Ă©voquĂ© dans le contexte historique concernant lâutilisation rĂ©duite de lâappareil judiciaire est la tradition encore bien vivace de favoriser une solution nĂ©gociĂ©e pour rĂ©gler un litige, plutĂŽt que de se fier aux dĂ©cisions dâune justice que beaucoup jugent incompĂ©tente, onĂ©reuse, ignorante des usages locaux et dont lâautoritĂ© morale nâest pas toujours reconnue[note 7]. Ă cette habitude, il faut Ă©galement rajouter la croyance toujours rĂ©pandue quâun recours au tribunal pourrait bouleverser lâordre cosmique peuplĂ© de gĂ©nies pas toujours bienveillants. On inclinera donc plutĂŽt vers une cĂ©rĂ©monie mystique pour sâassurer les bonnes grĂąces de ces divinitĂ©s et prĂ©server lâharmonie entre elles et le monde des mortels[78].
Une autre problĂ©matique liĂ©e aux traditions concerne lâaspect religieux et la conviction que les fautes commises dans une existence seront expiĂ©es aprĂšs la mort, Ă©ventuellement dans une nouvelle vie. Câest ainsi que Tep Vong (en), vĂ©nĂ©rable du principal ordre bouddhiste cambodgien, justifiait en juillet 2002 ses rĂ©serves contre les chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens chargĂ©es de juger les derniers dirigeants khmers rouges encore en vie [note 8]. Il estimait que toute condamnation sâapparenterait Ă un acte de vengeance et que la peine quâils pourraient encourir ne sera jamais Ă la hauteur de ce que leur karma leur rĂ©servera aprĂšs leur dĂ©cĂšs[80].
Indépendance
La constitution rĂ©clame une sĂ©paration entre le juridique d'une part et lâexĂ©cutif ou le lĂ©gislatif d'autre part[81]. Ce point est notamment confirmĂ© par le Sorachor du 2 mars 1995, qui demande aux autoritĂ©s locales de ne pas sâimmiscer dans les tĂąches des magistrats et de renvoyer toute plainte qui leur serait soumise devant les tribunaux, et par le Kram du 24 janvier 1996 qui stipule que le ministĂšre de la justice doit organiser et gĂ©rer lâappareil judiciaire mais pas le gouverner[18]. Mais la rĂ©alitĂ© de cette indĂ©pendance est mise en doute par de nombreuses organisations internationales[82] - [83] - [84] - [85] - [note 9] qui regrettent la persistance dâune culture de lâimpunitĂ© dont bĂ©nĂ©ficient les plus puissants[87]. Ce sentiment dĂ©veloppe Ă©galement le recours aux mĂ©thodes expĂ©ditives pouvant aller jusquâau lynchage et dont les juges doivent tenir compte lors du procĂšs[88] - [note 10].
Ainsi, si dĂ©jĂ en 2004 Amnesty International estimait que malgrĂ© lâimportante aide internationale, dont le Cambodge bĂ©nĂ©ficie depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990, notamment dans le domaine juridique, les rĂ©sultats restent limitĂ©s[90], ce jugement semble toujours valide une quinzaine dâannĂ©es plus tard[91].
Par exemple, la loi de juillet 2014 sur le statut des juges et des procureurs donne au ministre de la justice un siĂšge de droit dans ce conseil et la facultĂ© de nommer un autre de ses membres, ce qui pour plusieurs organisations de promotion des droits de lâhomme constitue un empiĂ©tement de lâexĂ©cutif sur le pouvoir judiciaire[92]. De plus, mĂȘme si lâarticle 4 de cette loi interdit aux magistrats dâexercer en mĂȘme temps une fonction publique, gouvernementale, Ă©lective ou tout rĂŽle de conseiller ou dâavocat dans le secteur privĂ©[93], lâidĂ©e dĂ©jĂ bien prĂ©sente au sein de la population et des observateurs internationaux que la justice cambodgienne soit aux ordres du gouvernement est Ă©galement confortĂ©e par le fait que les procureurs et les juges ne peuvent communiquer sur leur travail sans lâaccord prĂ©alable du Conseil suprĂȘme de la magistrature[94].
AccĂšs
La pĂ©nurie dâavocat constitue une entrave Ă lâaccĂšs Ă la justice quâil convient de ne pas mĂ©sestimer[95]. Ainsi, les honoraires des juristes privĂ©s, par ailleurs dâune compĂ©tence parfois discutable, ne sont pas accessibles Ă la majeure partie de la population. Dans le mĂȘme temps, le nombre de dĂ©fenseurs affectĂ©s Ă lâassistance judiciaire, censĂ©e Ă©pauler les moins fortunĂ©s, a chutĂ© de 119 en 2010 Ă 76 en 2013[96] et, en 2015, ce dispositif nâĂ©tait en Ćuvre que dans 14 des 25 provinces[97].
Moyens
Dans un pays aux moyens limitĂ©s, le budget consacrĂ© Ă la justice ne lui permet pas de mener sa mission de maniĂšre satisfaisante. Les enquĂȘtes se trouvent souvent bĂąclĂ©es et, en province surtout, des procĂšs peuvent ĂȘtre ajournĂ©s faute de carburant pour transporter un dĂ©tenu de la prison au tribunal voire parce que le prĂ©venu ou les tĂ©moins nâont pas reçu leurs convocations dans les temps[98]. Il nâest ainsi pas rare de voir les dĂ©lais lĂ©gaux de dĂ©tention prĂ©ventive dĂ©passĂ©s. Le Centre Cambodgien pour les Droits de lâHomme (en), dans une Ă©tude menĂ©e au premier semestre 2013 auprĂšs des chambres de premiĂšre instance de trois provinces (Banteay Mean Chey, Phnom Penh et Rotanah Kiri), a par exemple rĂ©vĂ©lĂ© le cas du jugement dâun accusĂ© du Rotanah Kiri qui avait dĂ©butĂ© prĂšs de 18 mois aprĂšs sa mise en dĂ©tention prĂ©ventive alors qu'il comparaissait pour un dĂ©lit oĂč il nâaurait pas dĂ» en effectuer plus de 10 et oĂč il encourait une peine pouvant aller jusquâĂ un an dâemprisonnement[99]. Face Ă cette incurie, certaines organisations non gouvernementales se chargent de rassembler des preuves avant de porter plainte, contrevenant aux rĂšgles du civil law et prĂȘtant le flanc aux risques de dĂ©rives[98] - [note 11]. Le gouvernement condamne de fait rĂ©guliĂšrement les associations qui sâarrogent Ă la fois le rĂŽle de juge et de procureur et menacent de mettre en cause la crĂ©dibilitĂ© du tribunal chaque fois que le procĂšs ne se dĂ©roule pas comme ils lâont dĂ©cidĂ©, mais ces discours ne sont pas entendus[101].
Un autre souci liĂ© aux budgets dĂ©risoires est la corruption endĂ©mique qui gangrĂšne toutes les strates de la sociĂ©tĂ© cambodgienne et qui nâĂ©pargne pas la justice. Les membres des diverses administrations doivent ainsi justifier dâun diplĂŽme voire rĂ©ussir un concours qui dans les deux cas nĂ©cessitent de suivre des Ă©tudes longues et coĂ»teuses inaccessibles aux revenus de la majoritĂ© de la population. Comme dans beaucoup dâautres pays en voie de dĂ©veloppement, les admissions doivent de fait moins aux capacitĂ©s intellectuelles des candidats quâaux revenus et aux soutiens sur lesquels ils pourront compter[102]. Une fois Ă leur poste, les heureux Ă©lus qui voudraient se voir rĂ©compenser les efforts consentis se verront contraints de sâadonner Ă des pratiques moralement discutables pour supplĂ©er leurs faibles revenus. LâĂtat, incapable de rĂ©munĂ©rer de maniĂšre dĂ©cente ses fonctionnaires ne peut que fermer les yeux face Ă ces dĂ©rives, tout au plus tenter de sensibiliser les agents aux dangers les plus flagrants tels les trafics de drogue dans les prisons oĂč le personnel pĂ©nitentiaire est impliquĂ©[98].
Outre ces difficultĂ©s purement financiĂšre se pose Ă©galement le problĂšme des compĂ©tences des fonctionnaires toujours en activitĂ© et nommĂ©s soit aprĂšs la chute du KampuchĂ©a dĂ©mocratique, alors que les personnes instruites ont Ă©tĂ© les premiĂšres victimes des crimes du rĂ©gime khmer rouge, soit ceux mis en place quand le pays Ă©tait sous la tutelle des nations unies lorsque la fidĂ©litĂ© Ă un parti politique primait sur toute autre considĂ©ration pour pourvoir les postes[note 12]. Mais ce phĂ©nomĂšne est appelĂ© Ă sâestomper avec le temps, les nouveaux postulants devant maintenant justifier dâun minimum de formation[71].
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource)
- « Cambodge », liste de ressources juridiques relatives à la propriété intellectuelle et dispositions législatives et réglementaires, sur WIPO Lex, Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (consulté le )
- (en) « Cambodia : Kingdom of Cambodia / Preah Réachéanachùkr Kùmpuchéa », Guide to Law Online * Nations, sur The law library of Congress, BibliothÚque du CongrÚs, (consulté le )
- (en) Jennifer Holligan et Tarik Abdulhak, « Overview of the Cambodian History, Governance and Legal Sources », sur GlobaLex, (consulté le )
- (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le )
Bibliographie
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, Toulouse, Presses de l'Université Toulouse 1 Capitole, , 182 p. (ISBN 9782361701048, présentation en ligne)
- Alain Forest (dir.) et al., Cambodge contemporain, Les Indes savantes, , 525 p. (ISBN 9782846541930)
Notes et références
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Droits de l'homme au Cambodge » (voir la liste des auteurs).
- Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l'article intitulĂ© « Ăconomie du Cambodge » (voir la liste des auteurs).
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Protectorat français du Cambodge » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Lorsque Ky Tech devient bĂątonnier le 16 octobre 2002, son Ă©lection est contestĂ©e par un groupe dâavocats menĂ© par Suon Visal qui remettent en cause le mode de scrutin. Le 16 octobre 2004, Suon Visal est Ă©lu Ă son tour bĂątonnier au dĂ©triment de Ky Tech Ă qui on reproche des liens trop Ă©troit avec le gouvernement et notamment lâadmission de plusieurs de ses membres (Hun Sen, Sar Kheng (en), Sok An et Prum Sokha) au sein du barreau. Ky Tech conteste cette Ă©lection et obtient gain de cause auprĂšs de la cour dâappel le 19 novembre 2004 et conserve son poste de bĂątonnier jusqu'aux prochaines Ă©lections. Lâaffaire nâen restera pas lĂ et le 13 juin 2005 le conseil de lâordre dĂ©cide de choisir Suon Visal comme nouveau membre ; le choix est Ă nouveau contestĂ© par Ky Tech au motif quâune telle procĂ©dure nâest pas conforme au statut du conseil. Suon Visal sâĂ©tant nĂ©anmoins fait faire des tampons avec ce nouveau titre, Ky Tech le poursuit devant les tribunaux pour usage de faux. La crise ne connaĂźtra une issue quâen 2006 avec le renouvellement du conseil de lâordre en mars et l'Ă©lection, en octobre, de Ky Tech comme bĂątonnier associĂ© au refus de Suon Visal de contester le scrutin[12].
- Le juge Hing Thirith a Ă©tĂ© mutĂ© une semaine aprĂšs avoir prononcĂ© un non-lieu dans le cadre du procĂšs contre les assassins prĂ©sumĂ©s de lâopposant et syndicaliste Chea Vichea ; il affirmera avoir reçu des pressions pour poursuivre les accusĂ©s malgrĂ© la faiblesse des preuves[13].
- Le dĂ©cret du 19 octobre 2004 portant crĂ©ation des chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens chargĂ© de juger les derniers dirigeants khmers rouges encore en vie a par exemple Ă©tĂ© signĂ© par Chea Sim, chef de lâĂtat par intĂ©rim en lâabsence de Norodom Sihanouk[33].
- Les lois organiques sont destinĂ©es Ă complĂ©ter la constitution ou Ă mettre en Ćuvre les principes quâelle Ă©nonce. Elles sont adoptĂ©es par lâAssemblĂ©e nationale en suivant le mĂȘme processus que les lois ordinaires. Le contrĂŽle systĂ©matique par le conseil constitutionnel a pour but de sâassurer quâelles ne soient pas des rĂ©visions dĂ©guisĂ©es[56].
- Les trois autres cĂŽtĂ©s de ce rectangle sont lâĂ©tablissement dâune loi contre la corruption, la rĂ©forme de lâadministration publique et celle des forces armĂ©es[70].
- La premiĂšre mouture du code civil, prĂ©sentĂ©e en 1993[74] ne sera adoptĂ©e quâen 2008[75].
- Selon une Ă©tude de lâorganisation Star Kampuchea de 1999, 57 % des Cambodgiens nâavaient pas confiance en la justice[42].
- Les accointances notoires de Tep Vong avec le pouvoir en place, lui-mĂȘme rĂ©tif Ă la poursuite des activitĂ©s des chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, peuvent toutefois laisser penser que son opposition nâest pas uniquement motivĂ©e par des considĂ©rations religieuses[79].
- Lâarrestation dâun manifestant et de sept parlementaires du PSNC le 15 juillet 2014 en marge dâĂ©chauffourĂ©es avec la police puis leur dĂ©tention sans rĂ©elles preuves de leur implication dans les Ă©vĂ©nements, suivi de leur libĂ©ration le 22 juillet quelques heures aprĂšs la signature dâun accord entre le gouvernement et les dirigeants de lâopposition alors que dans le mĂȘme temps aucune enquĂȘte nâa portĂ© sur les violences des forces de lâordre ne milite pas en faveur dâun pouvoir judiciaire indĂ©pendant de lâexĂ©cutif[86].
- Cambodge Soir avait relatĂ© le cas dâune altercation entre un mototaxi et des clients sur le prix dâune course, oĂč lâun dâentre eux avait pris la fuite en dĂ©robant une bicyclette, mais lorsquâil comparait devant un tribunal pour ce vol, il est relaxĂ© aprĂšs avoir convaincu le juge quâil nâavait agi ainsi que pour Ă©chapper Ă une foule de plus en plus nombreuse et menaçante Ă son Ă©gard[89].
- En mars 2004, la Far Eastern Economic Review dĂ©nonce les pratiques de lâorganisation Cambodian Womenâs Crisis Center qui a proposĂ© de lâargent Ă des parents de mineurs pour les convaincre de tĂ©moigner Ă charge devant la cour provinciale de Siem Reap contre Graham Cleghorn, un NĂ©ozĂ©landais accusĂ© de pĂ©dophilie[100].
- Lors de la crĂ©ation de lâĂcole royale de la magistrature, en 2002, une Ă©tude a montrĂ© que seuls 13 % des magistrats alors en poste peuvent justifier dâune formation juridique complĂšte[103].
Références
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), p. 133
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), pp. 133-134
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 447
- Grégory Mikaelian, Le Kram sruk de Chey Chettha III : édition critique d'un code institutionnel khmer du 17e siÚcle, Université Paris-Sorbonne, , 309 p., p. 43-47
- Roper Pinto, Aspects de l'Ă©volution gouvernementale de l'Indochine francaise, Ams Pr Inc, , 201 p. (ISBN 978-0-404-54861-2)
- Claude Gour, Hiérarchie des textes et respect de la légalité en droit public cambodgien, vol. IV, annales de la faculté de droit et des sciences économiques de Phnom Penh, , p. 6
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 452
- (en) Jennifer Holligan et Tarik Abdulhak, « Overview of the Cambodian History, Governance and Legal Sources », sur GlobaLex, (consultĂ© le ), chap. 2.1, (« Cambodiaâs Legal and Governmental System. Overview »)
- (en) Jennifer Holligan et Tarik Abdulhak, « Overview of the Cambodian History, Governance and Legal Sources », sur GlobaLex, (consultĂ© le ), chap. 2.5, (« Cambodiaâs Legal and Governmental System. Judicial Branch »)
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 1 (« La reconstruction de l'ordre juridique »), p. 136
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 1 (« La reconstruction de l'ordre juridique »), p. 135
- (en) Cheang Sokha, « Bar Association presidency dispute resolved at last », Phnom Penh Post,â (lire en ligne)
- (en) Phann Ana et Porter Barron, « Judge Says His Removal Was Political », The Cambodia Daily,â (lire en ligne)
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), pp. 457-458
- (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 78
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 445
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 474
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), pp. 143-144
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XI (« Du pouvoir judiciaire »), article 134
- (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 37
- (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 39
- (en) Samnang Thorng, « 9 things you can know about the Legal System of Cambodia », sur trycambodia, (consulté le )
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), p. 144
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XI (« Du pouvoir judiciaire »), article 131
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), pp. 144-145
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 466
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), pp. 145-146
- (en) Jennifer Holligan et Tarik Abdulhak, « Overview of the Cambodian History, Governance and Legal Sources », sur GlobaLex, (consultĂ© le ), chap. 2.2, (« Cambodiaâs Legal and Governmental System. Constitutional and administrative set-up »)
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XV (« De la portée, de la révision et de l'amendement de la Constitution »), article 150
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XII (« Du Conseil constitutionnel »), articles 140 & 141
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XV (« De la portée, de la révision et de l'amendement de la Constitution »), article 151
- HélÚne Tourard, L'internationalisation des constitutions nationales, t. 96, Librairie générale de droit et de jurisprudence, coll. « BibliothÚque constitutionnelle et de science politique », , 744 p. (ISBN 978-2-275-01905-5, présentation en ligne), p. 429
- (en) Timothy L.H. McCormack (dir.), Michael J. Tilbury, Gillian Doreen Triggs et al., A Century of War and Peace : : Asia-Pacific Perspectives on the Centenary of the 1899 Hague Peace Conference, Brill, coll. « Melbourne Studies in Comparative & International Law », , 312 p. (ISBN 978-90-411-1532-4, lire en ligne), p. 256
- Jean-Marie CambacérÚs, Sihanouk : le roi insubmersible, Le Cherche midi, coll. « Documents », , 459 p. (ISBN 9782749131443, présentation en ligne), « Le retour de Sihanouk : renouveau et reconstruction du pays », p. 384-385
- (en) Margaret Slocomb, An Economic History of Cambodia in the Twentieth Century, Singapour, Université nationale de Singapour, , 368 p. (ISBN 978-9971-69-499-9, présentation en ligne), p. 253
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie II (« Un régime politique ambigu »), chap. 3 (« Un parlementarisme déséquilibré »), p. 111
- Christel Thibault, Christian Huetz de Lemps (dir.), Olivier Sevin (dir.) et al., LâAsie-Pacifique des crises et des violences, Paris, Presses de l'universitĂ© Paris-Sorbonne, coll. « Sciences humaines », , 412 p. (ISBN 978-2-84050-571-6, prĂ©sentation en ligne), « La rĂ©sistance anti-vietnamienne aprĂšs Pol Pot. Organisation et compĂ©tition interne », p. 74-75
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 1 (« La reconstruction de l'ordre juridique »), p. 137
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, Toulouse, Presses de l'Université Toulouse 1 Capitole, , 182 p. (ISBN 9782361701048, présentation en ligne), partie III, chap. 1 (« La restauration du droit. La reconstruction de l'ordre juridique »), p. 140
- Fabienne Luco, Entre le tigre et le crocodile : Approche anthropologique sur les pratiques traditionnelles et nouvelles de traitement des conflits au Cambodge, Phnom Penh, Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, , 206 p. (lire en ligne), partie II, chap. 2.2 (« Le traitement des conflits. Les conciliateurs »), p. 118-119
- (en) Access to justice in Cambodia, Programme des Nations unies pour le développement,
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 449
- (en) Jennifer Holligan et Tarik Abdulhak, « Overview of the Cambodian History, Governance and Legal Sources », sur GlobaLex, (consulté le ), chap. 5, (« Sources of Law »)
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XVI (« Des dispositions transitoires »), article 158
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 1 (« La reconstruction de l'ordre juridique »), pp. 141-142
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), pp. 146-147
- (en) Jennifer Holligan et Tarik Abdulhak, « Overview of the Cambodian History, Governance and Legal Sources », sur GlobaLex, (consulté le ), chap. 3, (« ASEAN and International Relations »)
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VII (« De l'Assemblée nationale »), article 90 paragraphe 4
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. II (« Du roi »), article 26
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. IV (« Du régime politique »), article 55
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. III (« Des droits et des devoirs des citoyens khmers »), article 31
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VII (« De l'Assemblée nationale »), article 90 paragraphe 1
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VII (« De l'Assemblée nationale »), article 99 paragraphe 1
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VIII (« Du Sénat »), article 113
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XII (« Du Conseil constitutionnel »), article 140
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 1 (« La reconstruction de l'ordre juridique »), pp. 138-139
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie II (« Un régime politique ambigu »), chap. 3 (« Un parlementarisme déséquilibré »), p. 118
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XI (« Du pouvoir judiciaire »), article 129
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 1 (« La reconstruction de l'ordre juridique »), pp. 140-141
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), p. 147
- (en) Centre Cambodgien pour les Droits de lâHomme (en), « Sixth Bi-annual Report âFair Trial Rights in Cambodiaâ », (consultĂ© le ), p. 7
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. III (« Des droits et des devoirs des citoyens khmers »), article 39
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XI (« Du pouvoir judiciaire »), article 128
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), pp. 150-155
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 456
- Antoine de Blauwe, « La corruption est un véritable frein au développement au Cambodge », Asie du Sud-Est, Université de Montréal, (consulté le )
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 457
- (en) Banque mondiale, Doing Business 2004 : Cambodia, Washington (district de Columbia),
- Barbara Delbrouck, « Justice transitionnelle, oĂč en est le Cambodge ? », sur L'aprĂšs gĂ©nocide au Cambodge, Bruxelles, Institut des hautes Ă©tudes des communications sociales (consultĂ© le )
- (en) Yun Samean, « Govât Concludes 2004 Development Strategy », The Cambodia Daily,â (lire en ligne)
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 460
- Marine Graille, « Les futurs notaires cambodgiens formĂ©s en France », L'Essor de la Loire,â (ISSN 2103-2580, lire en ligne)
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), pp. 459-460
- « La lente gestation du code civil », Cambodge Soir, no 822,â
- (en) « The Civil Code of Cambodia », sur Sithi.org, (consulté le )
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), pp. 453-454
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), pp. 460-461
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), p. 146
- (en) Ian Harris, « Sangha Groupings in Cambodia », Buddhist Studies Review, vol. 18,â , p. 91-95 (lire en ligne)
- « Les massacres perpĂ©trĂ©s sous le rĂ©gime de Pol Pot sont-ils le rĂ©sultat du karma de nos vie passĂ©es ? », Cambodge Soir, no 1567,â
- Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 : Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XI (« Du pouvoir judiciaire »), article 130
- Julie Mailhe, « La justice internationale au Cambodge », Séminaire de Justice Internationale, Université Toulouse-I-Capitole, (consulté le )
- Agence France-Presse, « Cambodge: appels Ă la justice pour un critique du rĂ©gime assassinĂ© », Le Point, Takeo,â (lire en ligne)
- Human Rights Watch, « Cambodge : premiers pas du tribunal dans la recherche de la justice », (consulté le )
- ĂloĂŻse Ouellet-DĂ©coste, « LâĂ©tat de la justice au Cambodge : Quand lâappareil judiciaire devient une arme politique », sur McGill Human Rights Interns, (consultĂ© le )
- (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 40
- (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 19
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), pp. 466-467
- « Je ne sais pas. Il faut que je demande Ă ma femme », Cambodge Soir, no 2028,â
- « Royaume du Cambodge : Lâassassinat du syndicaliste Chea Vichea », Amnesty International, (consultĂ© le ), p. 14
- « Cambodge. Les tribunaux de l'injustice », Amnesty International, (consulté le )
- (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 36
- (en) Comments received from the Government of Cambodia on the Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia, Surya P. Subedi, Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (lire en ligne), chap. I (« Legal and Judicial Reform »), Article 2
- (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 38
- Office contre la drogue et le crime, « AccÚs à la justice : Défense et assistance judiciaire », Vienne, Organisation des Nations unies, (consulté le ), p. 11
- (en) MinistÚre cambodgien de la justice et Bar Association of the Kingdom of Cambodia, « National Conference on Legal Aid Co-organised with support from UNICEF and OHCHRCambodia : Welcome remarks by Ms. Wan-Hea Lee, Representative, OHCHR-Cambodia, on behalf of UNICEF and OHCHR-Cambodia », sur cambodia.ohchr.org, (consulté le )
- (en) International bridges to justice, « Cambodia : Country Background », Where we work, GenÚve (consulté le )
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, partie III (« La restauration du droit »), chap. 2 (« La reconstruction de la justice »), p. 148
- (en) Centre Cambodgien pour les Droits de lâHomme (en), « Sixth Bi-annual Report âFair Trial Rights in Cambodiaâ », sur sithi.org, (consultĂ© le ), p. 18-21, « Right to liberty and to be tried without undue delay »
- (en) Chris Mueller et Ouch Sony, « Rapist Sent Home After Serving Half of 20-Year Term », The Cambodia Daily,â (lire en ligne)
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), p. 463
- Antoine Fontaine et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, partie III (« Situations »), chap. 9 (« L'élaboration du droit contemporain »), pp. 449-450
- « Dans les coulisses d'une justice en attente de rĂ©forme », Cambodge Soir, no 1488,â