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SĂ©nat (Cambodge)

Le SĂ©nat (en khmer : ព្រážčទ្ធសភា romanisĂ© : ProĕtsăkphĂ©a) est la chambre haute du Parlement du Cambodge. L'AssemblĂ©e nationale est quant Ă  elle la chambre basse.

SĂ©nat
(km) ProĕtsăkphĂ©a
ព្រážčទ្ធសភា

IVe législature

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EmblĂšme du SĂ©nat.
Présentation
Type Chambre haute
Corps Parlement du Cambodge
Création
(forme actuelle)
Lieu Phnom Penh
Durée du mandat 6 ans
Présidence
PrĂ©sident Say Chhum (en) (KPK)
Élection
1er vice-prĂ©sident Sim Ka (en) (KPK)
Élection
2de vice-prĂ©sident Tep Ngorn (en) (KPK)
Élection
Structure
Membres 62 sénateurs
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Composition actuelle.
Groupes politiques

Gouvernement (58)

Nommés (4)

Élection
SystĂšme Ă©lectoral
Dernier scrutin 25 février 2018

BĂątiment du SĂ©nat

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Entrée du Sénat
(le bĂątiment principal n'est pas visible depuis la rue)

Historique

De 1947 Ă  la dĂ©position de Norodom Sihanouk en 1970, un conseil du royaume cohabite dĂ©jĂ  avec une chambre des dĂ©putĂ©s. Deux de ses participants sont choisis par le roi au sein de la famille royale, deux autres par l’AssemblĂ©e nationale en dehors de ses membres, huit par les parlements de provinces, enfin douze au suffrage direct par leurs catĂ©gories professionnelles respectives. Leur mandat est de quatre ans. Ils ont l’initiative des lois, examinent Ă©galement les textes adoptĂ©s en premiĂšre lecture par les dĂ©putĂ©s et peuvent proposer des amendements qui doivent toutefois ĂȘtre approuvĂ©s par l’AssemblĂ©e[1].

En 1972, la rĂ©publique khmĂšre instaure un SĂ©nat qui comprend 40 membres Ă©lus pour un mandat de 6 ans, renouvelables par moitiĂ© tous les 3 ans et provenant de trois collĂšges. Les deux premiers, qui contribuent chacun pour un cinquiĂšme des siĂšges, reprĂ©sentent l’administration civile et les forces armĂ©es ; les derniers trois cinquiĂšmes sont Ă©lus au suffrage indirect par les rĂ©gions[2]. Ses pouvoirs sont similaires Ă  ceux de l’AssemblĂ©e et en cas de dĂ©saccord sur un projet de loi, les deux chambres se rĂ©unissent en congrĂšs pour adopter le texte dĂ©finitif[3].

Le SĂ©nat sous sa forme actuelle a Ă©tĂ© pour sa part crĂ©Ă© par la rĂ©vision constitutionnelle du 4 mars 1999. Pour sa premiĂšre lĂ©gislature, le 25 mars 1999, les 61 membres avaient Ă©tĂ© nommĂ©s par le Roi : 2 Ă  sa discrĂ©tion, le reste sur proposition du prĂ©sident du SĂ©nat et du prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale parmi les membres des partis reprĂ©sentĂ©s Ă  l'AssemblĂ©e. Leur mandat Ă©tait prĂ©vu pour cinq ans, mais il fut prolongĂ© jusqu’en janvier 2006, car la loi Ă©lectorale ne fut votĂ©e que le 20 juin 2005[4].

Composition

Les sĂ©nateurs doivent ĂȘtre ĂągĂ©s d’au moins quarante ans au moment de leur nomination[5]. Deux d’entre eux sont dĂ©signĂ©s par le roi, deux autres par l’AssemblĂ©e nationale, le reste au scrutin indirect par les conseillers municipaux[6].

Leur nombre ne doit pas excĂ©der la moitiĂ© de celui des membres de l’AssemblĂ©e nationale[7]. En 2018, Le SĂ©nat compte 62 membres.

Leur mandat est fixĂ© Ă  six ans, mais en cas de circonstances exceptionnelles, le roi peut demander une prolongation d’un an qui doit ĂȘtre approuvĂ©e par au moins deux tiers des sĂ©nateurs [8]. Durant toute la durĂ©e de leur charge, ils ne peuvent exercer une activitĂ© gouvernementale, politique, de dĂ©putĂ©s ou dans la fonction publique[9].

Le SĂ©nat se rĂ©unit deux fois par an pour au moins trois mois. En dehors de ces pĂ©riodes, une session extraordinaire peut ĂȘtre convoquĂ©e par le roi, sur proposition du premier ministre ou d’un tiers des sĂ©nateurs[10].

En dehors de ces périodes un comité permanent composé du président, des vice-présidents et des présidents de toutes les commissions du Sénat est chargé de veiller au fonctionnement de l'institution[note 1] - [12].

Sauf pour les flagrants dĂ©lits, l’arrestation et la poursuite d’un sĂ©nateur aussi bien au civil qu’au pĂ©nal requiert l’autorisation du SĂ©nat qui peut aussi rĂ©tablir une immunitĂ© prĂ©alablement levĂ©e par un vote d’au moins trois quarts des membres[13].

RĂŽle

Le SĂ©nat examine dans un dĂ©lai d’un mois (qui peut ĂȘtre ramenĂ© Ă  cinq jours en cas de situation d’urgence) les textes adoptĂ©s en premiĂšre lecture par les dĂ©putĂ©s. Si la loi est acceptĂ©e en l’état, elle est directement soumise au roi pour promulgation. Dans le cas contraire, elle ne sera rĂ©examinĂ©e par l’AssemblĂ©e nationale qu’aprĂšs un dĂ©lai d’un mois, qui pourra ĂȘtre rĂ©duit Ă  dix ou quinze jours pour les questions budgĂ©taires suivant que la relecture se fasse sur quelques amendements ou une refonte complĂšte, voire ramenĂ© Ă  deux ou quatre jours en cas de situation d’urgence[14].

En fait, c’est l’AssemblĂ©e qui joue le rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans le domaine lĂ©gislatif, le SĂ©nat ne pouvant que retarder la promulgation d’une loi que les dĂ©putĂ©s voudraient imposer[15]. Tout au plus, le prĂ©sident de la chambre peut en dernier recours saisir le conseil constitutionnel sur la validitĂ© d’une loi qui aurait Ă©tĂ© promulguĂ©e, mais uniquement pour contester sa conformitĂ© vis-Ă -vis de la constitution[16].

De plus, toujours dans le domaine lĂ©gislatif, si d'aprĂšs la constitution le sĂ©nat partage l’initiative des lois avec l'AssemblĂ©e nationale et le gouvernement, l’essentiel en revient Ă  ce dernier qui avant de soumettre un projet le fait prĂ©parer par le cabinet ministĂ©riel compĂ©tent et revoir par un groupe de juristes. Le fait que ni les dĂ©putĂ©s ni les sĂ©nateurs ne disposent de tels moyens ni de ces qualifications peut expliquer le faible nombre de textes dont ils sont Ă  l’origine ou qui donnent lieu Ă  de rĂ©elles discussions[17]. Leur rĂŽle se trouve en rĂ©alitĂ© limitĂ© Ă  un simple enregistrement de lois[note 2] – dont l’application est par ailleurs laissĂ©e Ă  l’apprĂ©ciation des dirigeants politiques[19] - et l’opposition ayant du mal Ă  faire part de ses rĂ©criminations au parlement[20] se trouve acculĂ©e Ă  des mĂ©thodes peu orthodoxes pour ĂȘtre entendue telles les manifestations de 2013-2014 qui avaient bloquĂ© les institutions pendant une annĂ©e[21] ou l’arrachage d’une borne provisoire par Sam Rainsy en 2009 pour protester contre la dĂ©limitation de la frontiĂšre khmĂ©ro-vietnamienne entĂ©rinĂ©e par les gouvernements des deux pays concernĂ©s[22].

Enfin, et là aussi contrairement aux députés, rien dans la constitution n'est prévu pour permettre au Sénat de démettre le gouvernement[15].

Mode de scrutin

Le SĂ©nat est composĂ© de 62 siĂšges pourvus pour six ans, dont 58 au scrutin proportionnel plurinominal indirect par un collĂšge Ă©lectoral composĂ© des conseillers municipaux. Les siĂšges sont rĂ©partis dans huit circonscriptions plurinominales basĂ©es sur les 24 provinces du Cambodge, et pourvus selon la mĂ©thode Ă  la plus forte moyenne. Sur les quatre sĂ©nateurs restants, deux sont dĂ©signĂ©s par le roi et deux autres Ă©lus par l’AssemblĂ©e nationale[23] - [24].

Le nombre de sénateurs élus par les conseillers municipaux évolue en fonction de la population du pays, tout en étant limité au maximum à la moitié du nombre de députés composant l'Assemblée nationale. Il est ainsi passé de 57 à 58 en 2018[23].

Présidence

Lors de la premiÚre session de chaque législature, les sénateurs élisent à la majorité absolue un président deux vice-présidents et les membres des diverses commissions[25].

Son prĂ©sident est le deuxiĂšme personnage de l’État et remplace le roi dans ses fonctions officielles quand il en est empĂȘchĂ©[26].

  • PrĂ©sident : Say Chhum (en)[27]
  • Premier vice-prĂ©sident : Ney Pena[27]
  • Second vice-prĂ©sident : Tep Ngorn (en)[27]

Le président et les deux vice-présidents sont membres de droit du conseil du trÎne et participent à ce titre à la désignation du nouveau souverain quand cela est nécessaire[28].

Notes et références

Notes

  1. Les comitĂ©s permanents se retrouvent d’habitude dans les rĂ©gimes d’assemblĂ©es propres aux rĂ©publiques populaires d'obĂ©dience communiste[11].
  2. Le cas des lois de juillet 2014 sur l’organisation des tribunaux, le statut des juges et des procureurs ainsi que celle modifiant le fonctionnement du Conseil suprĂȘme de la magistrature est assez symptomatiques de cette absence de dĂ©bat ; les projets n’ont Ă©tĂ© rendu publics que le jour de leur passage devant l’assemblĂ©e nationale oĂč ils furent adoptĂ©s sans rĂ©elles discussion avant de passer devant le SĂ©nat puis le Conseil constitutionnel et d’ĂȘtre promulguĂ©es, le tout en une vingtaine de jours[18].

Références

  1. AndrĂ© Holleaux, « Le gouvernement du Cambodge contemporain », Politique Ă©trangĂšre, no 4,‎ , p. 417 (DOI 10.3406/polit.1958.2443, lire en ligne)
  2. « RĂ©publique khmĂšre : Élections des 3 et 17 septembre 1972 », Union interparlementaire, (consultĂ© le )
  3. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, Toulouse, Presses de l'Université Toulouse 1 Capitole, , 182 p. (ISBN 9782361701048, présentation en ligne), partie II, chap. 3 (« Un régime politique ambigu - Un parlementarisme déséquilibré »), p. 114
  4. Jean-Marie CambacérÚs, Sihanouk : le roi insubmersible, Le Cherche midi, coll. « Documents », , 459 p. (ISBN 9782749131443, présentation en ligne), « Le retour de Sihanouk : renouveau et reconstruction du pays », p. 384-385
  5. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 - Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. III (« des droits et des devoirs des citoyens khmers »), article 34
  6. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 - Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VIII (« du Sénat »), article 100
  7. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 - Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VIII (« du Sénat »), article 99
  8. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 - Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VIII (« du Sénat »), article 102
  9. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 - Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VIII (« du Sénat »), article 103
  10. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 - Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VIII (« du Sénat »), article 107
  11. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, Toulouse, Presses de l'Université Toulouse 1 Capitole, , 182 p. (ISBN 9782361701048, présentation en ligne), partie II, chap. 3 (« Un régime politique ambigu - Un parlementarisme déséquilibré »), p. 105
  12. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 - Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VIII (« du Sénat »), article 108
  13. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 - Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VIII (« du Sénat »), article 104
  14. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 - Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VIII (« du Sénat »), article 113
  15. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, Toulouse, Presses de l'Université Toulouse 1 Capitole, , 182 p. (ISBN 9782361701048, présentation en ligne), partie II, chap. 3 (« Un régime politique ambigu - Un parlementarisme déséquilibré »), p. 116
  16. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 - Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. XII (« du Conseil constitutionnel »), article 140
  17. Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, Toulouse, Presses de l'Université Toulouse 1 Capitole, , 182 p. (ISBN 9782361701048, présentation en ligne), partie II, chap. 3 (« Un régime politique ambigu - Un parlementarisme déséquilibré »), p. 118
  18. (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 36
  19. Gregory Mikaelian et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, Les Indes savantes, , 525 p. (ISBN 9782846541930), partie II, chap. 2 (« Pour une relecture du jeu politique cambodgien : le cas du Cambodge de la reconstruction (1993-2005) »), p. 157
  20. (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 41
  21. (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 7
  22. « Cas N° CMBD/01 - Sam Rainsy - RĂ©solution adoptĂ©e Ă  l'unanimitĂ© par le Conseil directeur Ă  sa 192Ăšme session », Droits de l’homme, Union interparlementaire, (consultĂ© le )
  23. Inter-Parliamentary Union, « IPU PARLINE database: CAMBODGE (Senate), Texte intégral », sur archive.ipu.org (consulté le ).
  24. « Cambodge: le Sénat », Europe & International * Sénats d'Europe - Sénats du Monde, Sénat français, (consulté le )
  25. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 - Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. VIII (« du Sénat »), article 106
  26. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 - Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. II (« du Roi »), article 30
  27. (en) « Press Release on Announcement of Elected H.E Mr. SAY CHHUM as New President of Cambodian Senate and H.E Mr. NEY PENA as New 1st Vice President of Cambodian Senate », Sénat du Cambodge, (consulté le )
  28. Constitution du Royaume du Cambodge du 24 septembre 1993 - Amendée en février 2008 (lire sur Wikisource), chap. II (« du Roi »), article 13

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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