Manifestations du Cambodge 2013-2014
Des manifestations anti-gouvernementales (khmer : áá¶áá»ááááááááá¶áááá¶áááááá¶áá·áá¶á) ont eu lieu au Cambodge entre juillet 2013 et juillet 2014.
Organisateurs |
Parti du sauvetage national du Cambodge Organisations syndicales |
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Participants |
Parti du sauvetage national du Cambodge Ouvriers du textile |
Revendications |
Remise en cause du résultat des élections Augmentations salariales |
Nombre de participants | Entre 100 000 et 500 000 estimés[2] |
DâaprĂšs Surya Subedi, rapporteur auprĂšs du commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, les troubles seraient essentiellement dus Ă la perception dâun manque dâindĂ©pendance des organismes chargĂ©s de gĂ©rer les litiges avec les administrations[11].
Contexte
Les Ă©lections lĂ©gislatives de juillet 2013 se dĂ©roulent dans ce que Surya Subedi qualifie de largely peaceful manner (« maniĂšre gĂ©nĂ©ralement pacifique »), mais ont Ă©tĂ© entachĂ©es par des accusations de fraudes confirmĂ©es par plusieurs organismes qui ont supervisĂ© le scrutin[note 1] - [13]. Ces groupes reconnaissent toutefois quâil est malaisĂ© de juger de lâampleur de ces irrĂ©gularitĂ©s vu la difficultĂ© Ă obtenir des autoritĂ©s des chiffres officiels sur certaines donnĂ©es telles le nombre dâinscrits par bureau, de votants, de bulletins invalidĂ©s[14] ⊠Le PSNC, principale formation d'opposition battue par le parti au pouvoir, dĂ©cide de ne pas siĂ©ger Ă lâAssemblĂ©e tant que ces griefs nâauront pas fait lâobjet dâenquĂȘtes « fiables et indĂ©pendantes »[13].
Comme prĂ©vu par la constitution, le ComitĂ© national des Ă©lections Ă©tudie les plaintes, mais les rejette[15]. Sâil admet que certaines dâentre elles sont fondĂ©es, il conclut quâaucune nâest de nature Ă remettre en cause le rĂ©sultat des Ă©lections. La dĂ©cision est confirmĂ©e en appel par le conseil constitutionnel[16].
Manifestations
Toujours dâaprĂšs Surya Subedi, la majeure partie des manifestations qui vont suivre sont disciplinĂ©es et pacifiques. Elles sont autorisĂ©es par les autoritĂ©s et la police rĂšgle la circulation afin quâelles se dĂ©roulent sans encombre. Mais dans le mĂȘme temps, les cortĂšges sont circonscrits par des barriĂšres surmontĂ©es de fils de fer barbelĂ©s et encadrĂ©s par des forces de lâordre armĂ©es[17].
Toutefois, des actes de violence sont Ă dĂ©plorer en plusieurs occasions, auxquels la police apporte une rĂ©ponse jugĂ©e disproportionnĂ©e par les organisations de dĂ©fense des droits de lâhomme. Ce sera notamment le cas le 15 septembre sur le site de Kbal Thnai Skybridge, oĂč les forces de lâordre rĂ©pliquent en ouvrant le feu sur la foule, tuant Mao Sok Chan dont le seul tort semble avoir Ă©tĂ© de passer sur les lieux au moment des incidents et blessant gravement au moins 9 personnes[6]. Un nouveau fait est reportĂ© le 22 septembre, quand les autoritĂ©s sâen prennent Ă des journalistes qui couvrent une petite manifestation[7], puis un autre le 12 novembre, qui fait un nouveau mort parmi la population[4].
Le 22 octobre 2013, le gouvernement annonce lâorganisation dans le courant de 2014 d'un groupe de travail gĂ©rĂ© par le ministĂšre de lâintĂ©rieur, chargĂ© de rassembler des informations et suggestions auprĂšs des dĂ©putĂ©s, partis, membres de la sociĂ©tĂ© civile et autres personnes intĂ©ressĂ©es, en vue de mettre en Ćuvre une nouvelle loi Ă©lectorale, mais les manifestations continuent[18].
Le nombre et lâampleur de ces manifestations va croissant Ă mesure que le temps passe. De mensuelle, leur frĂ©quence passe Ă hebdomadaire, puis quotidienne en dĂ©cembre quand lâopposition rĂ©clame le dĂ©part du Premier ministre. Dans le mĂȘme temps, au ministĂšre de lâEmploi et de la Formation professionnelle, les nĂ©gociations sur une rĂ©Ă©valuation du salaire minimum dĂ©bouche le 23 dĂ©cembre sur une impasse[note 2]. Aux manifestations jusque-lĂ motivĂ©es par des revendications politiques va se joindre des rĂ©clamations syndicales et ce sont plusieurs dizaines de milliers de personnes qui dĂ©filent maintenant dans la rue[21].
La tension montera dâun cran le 2 janvier 2014, quand des gardes militaires postĂ©s devant lâusine Yakjiin chargent des manifestants qui les avaient pris Ă partie et font usage de leurs matraques Ă©lectriques, barre de fer et autres armes contondantes, procĂ©dant Ă 15 arrestations[22]. 10 dâentre eux, dont certains sont gravement blessĂ©s, sont placĂ©s au secret dans une prison de la province de Kompong Cham pendant plusieurs jours puis inculpĂ©s pour violence prĂ©mĂ©ditĂ©e et destruction de propriĂ©tĂ©[23]. Le lendemain, dans une zone industrielle, la police militaire ouvre le feu sur des manifestants, faisant 4 morts[note 3] et plusieurs blessĂ©s. Au moins 13 personnes, dont un mineur, sont arrĂȘtĂ©s et eux aussi inculpĂ©s de violences avec prĂ©mĂ©ditations et destruction de propriĂ©tĂ©[25].
Le 4 janvier, les forces de lâordre dispersent les manifestants et les badauds dâune place du centre de Phnom Penh appelĂ©e « Place de la dĂ©mocratie » par l'opposition et oĂč ils ont lâhabitude de se rassembler. Le mĂȘme jour, un communiquĂ© conjoint de la mairie de Phnom Penh, du ministĂšre de lâIntĂ©rieur (en) ainsi que de celui des Affaires Ă©trangĂšres et de la CoopĂ©ration internationale (en) interdit toute manifestation dans la capitale jusquâĂ ce que lâordre public soit rĂ©tabli[26].
Ă la fin du mois, la crise aborde un nouveau volet avec l'organisation d'une manifestation pour obtenir que Mam Sonando (en), propriĂ©taire dâune radio rĂ©guliĂšrement suspendue Ă cause de ses propos critiques envers le gouvernement, puisse bĂ©nĂ©ficier dâune frĂ©quence pour lancer sa propre chaĂźne de tĂ©lĂ©vision. Le rassemblement est durement rĂ©primĂ© par les forces de lâordre et fait une dizaine de blessĂ©s parmi les manifestants[27].
La dĂ©putĂ©e Mu Sochua (PSNC) tente quotidiennement de se rendre sur la « Place de la dĂ©mocratie » bouclĂ©e par les forces de l'ordre et sâen fait irrĂ©mĂ©diablement refoulĂ©e. Le 15 juillet 2014, elle est accompagnĂ©e dâautres parlementaires et dâune centaine de partisans, rĂ©clamant la rĂ©ouverture de la place. Les gardes rĂ©pliquent avec violence pour disperser la foule, mais dans la cohue, certains dâentre eux se retrouvent isolĂ©s et sont Ă leur tour pris Ă partie par les manifestants. Quelques-uns sont gravement blessĂ©s dans ces Ă©chauffourĂ©es. En outre, Mu Sochua et cinq autres parlementaires sont Ă©galement arrĂȘtĂ©s[9].
Dans le mĂȘme temps, alors que des saccages de commerces vietnamiens avaient dĂ©jĂ rĂ©guliĂšrement Ă©maillĂ© les manifestations depuis leurs dĂ©buts, le ressentiment va se trouver exacerbĂ© par une communication de la reprĂ©sentation diplomatique de HanoĂŻ Ă Phnom Penh qui aurait affirmĂ© que lâancienne colonie française de la Cochinchine â appelĂ©e KampuchĂ©a Krom par les Khmers â est partie intĂ©grante de son territoire depuis des lustres. Des protestations sâĂ©lĂšvent exigeant des excuses du gouvernement vietnamien et la reconnaissance que ces terres ont autrefois appartenu au royaume khmer. Lâambassade refuse de sâexcuser et demande au Cambodge de reconnaĂźtre la souverainetĂ© vietnamienne[28]. Des manifestations s'ensuivent, conduites par des Khmers Krom et des bonzes, au cours desquelles un drapeau vietnamien est brĂ»lĂ©[29]. Les protestataires sont dispersĂ©s par les forces de l'ordre, faisant, d'aprĂšs les manifestants, dix blessĂ©s[8]. Durant la visite de Heng Samrin, prĂ©sident de lâAssemblĂ©e nationale, Ă HanoĂŻ, le premier ministre Nguyá» n Táș„n DĆ©ng appelait le Cambodge Ă prendre des mesures contre les extrĂ©mistes qui avaient brĂ»lĂ© le drapeau de son pays, mais la requĂȘte sera rejetĂ©e[30].
RĂ©solution de la crise
Le 19 juillet, Sam Rainsy rentre dâun voyage dâun mois en Europe et fait part de son intention de rencontrer le Premier ministre Hun Sen[31]. Lâentrevue a lieu le 22 du mĂȘme mois dans l'enceinte du SĂ©nat et dĂ©bouche sur un accord qui prĂ©voit le partage des responsabilitĂ©s Ă lâAssemblĂ©e nationale. Le poste de premier vice-prĂ©sident revient Ă un membre du PSNC qui de plus dirigera 5 des 10 commissions parlementaires, dont celle nouvellement crĂ©Ă©e de lutte contre la corruption[32]. En outre, un comitĂ© dont les membres doivent ĂȘtre Ă©lus Ă la proportionnelle par lâassemblĂ©e nationale, est chargĂ© dâĂ©laborer une nouvelle loi Ă©lectorale[33], alors que le manifestant et les sept dĂ©putĂ©s du PSNC arrĂȘtĂ©s en marge des Ă©vĂ©nements du 15 juillet sont relĂąchĂ©s[34]. Enfin, Sam Rainsy, qui nâavait pu se prĂ©senter aux Ă©lections [note 4], est autorisĂ© Ă rĂ©cupĂ©rer le siĂšge dâun des dĂ©putĂ©s de son parti pour pouvoir siĂ©ger au parlement[36].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « 2013â14 Cambodian protests » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Cambodian Center for Human Rights (CCHR), Association pour les droits de l'homme et le développement au Cambodge (ADHOC), LIgue CAmbodgienne des Droits de l'HOmme (en) (LICADHO), Coalition for Integrity and Social Accountability (CISA), Committee for Free and Fair Elections in Cambodia (COMFREL), Democracy and Human Rights Organization in Action (DHRAC), Khmer Youth Association (KYA), National Democratic Institute (NDI), Neutral and Impartial Committee for Free and Fair Elections in Cambodia (NICFEC), People Center for Development and Peace (PDP-Center), Transparency International Cambodia (TIC) et Youth Resource Development Program Association (YRDP)[12]
- Le salaire minimal Ă©tait de 80 $ par mois ; les organisations syndicales, reprenant la promesse du PSNC qui avait promis de doubler ce montant sâil gagnait les Ă©lections, rĂ©clament 160 $ immĂ©diatement alors que le gouvernement se dĂ©clare prĂȘt Ă imposer au patronat cambodgien 95 $ Ă partir dâavril 2014, ce que refusent les reprĂ©sentants des ouvriers[19] - [20].
- Ă ces 4 morts, il convient dâajouter une cinquiĂšme personne qui succombera plus tard des suites de ses blessures et Khem Sapath, un mineur de 16 ans, disparu aprĂšs avoir Ă©tĂ© vu touchĂ© dâune balle en pleine poitrine[24].
- CondamnĂ© en 2009 Ă une lourde peine de prison, pour avoir arrachĂ© une borne provisoire posĂ©e prĂ©alablement par la commission de dĂ©limitation de la frontiĂšre vietnamo-cambodgienne dont il contestait la validitĂ©, il bĂ©nĂ©ficiera, sous la pression de la communautĂ© internationale, dâune amnistie qui lui permettra de revenir Ă Phnom Penh en juillet 2013. Toutefois, les listes Ă©lectorales ayant Ă©tĂ© closes, il ne pourra pas se prĂ©senter personnellement[35].
Références
- (en) « Political deadlock broken », Phnom Penh Post, national,â (lire en ligne)
- (en) Meas Sokchea et Daniel Pye, « CNRP's Sunday 'tsunami' », Phnom Penh Post, national,â (lire en ligne)
- Agence France-Presse, « Un mort et plusieurs blessĂ©s en marge d'une manifestation de l'opposition au Cambodge », Le Monde, international * Asie Pacifique,â (lire en ligne)
- Agence France-Presse, « Cambodge: une femme tuĂ©e lors d'une manifestation rĂ©primĂ©e Ă balles rĂ©elles », L'Obs, actualitĂ©s * Monde,â (lire en ligne)
- (en) « Military vows to protect government, election results », The Cambodia Herald, cambodia * Politics,â (lire en ligne)
- (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 29
- Reporters sans frontiÚres, « Des journalistes pris pour cible en marge de manifestations pacifiques », Asie * Cambodge, (consulté le )
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- (en) « Six CNRP members in jail », Phnom Penh Post, national,â (lire en ligne)
- (en) Daniel Quinlan et Koam Chanrasmey, « Guards beaten senseless », Phnom Penh Post, national,â (lire en ligne)
- (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 7
- (en) The Electoral Reform Alliance, « Joint-Report on the Conduct of the 2013 Cambodian Elections », Phnom Penh, Parti du sauvetage national du Cambodge, (consulté le )
- (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 10
- (en) The Electoral Reform Alliance, « Joint-Report on the Conduct of the 2013 Cambodian Elections », Phnom Penh, Parti du sauvetage national du Cambodge, (consulté le ), chap. II, « Methodology »
- (en) « A total of 359 complaints were submitted during the election campaign », 08.093/13 NEC/S.G/PIB, sur le site du Comité national cambodgien des élections, Phnom Penh, (consulté le )
- (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 11
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- (en) « Paratroopers Deployed at Protest: 15 Detained, Injured », The Cambodia Daily,â (lire en ligne)
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- (en) « Cambodia Defends Flag Burning Protest as âFreedom of Expressionâ », Radio Free Asia,â (lire en ligne)
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- (en) « Cambodian Parties Agree to Hold Talks to End 'Deepening' Political Crisis », Radio Free Asia, news * Cambodia,â (lire en ligne)
- (en) Robert Carmichael, « Cambodian Opposition Gets Parliamentary Commission Roles », Voice of America, cambodia,â (lire en ligne)
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- (en) Surya P. Subedi, « Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Cambodia », Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, (consulté le ), Article 40
- Agence France-Presse, « GraciĂ©, le chef de l'opposition en exil va rentrer au Cambodge », Le Monde,â (lire en ligne)
- (en) « Cambodian Opposition Leader Accepted as MP Ahead of Parliament Sitting », Radio Free Asia, news * Cambodia,â (lire en ligne)