Heng Samrin
Heng Samrin, né le 25 mai 1934, est un homme politique cambodgien.
Heng Samrin á áá áááá·á | |
Heng Samrin en septembre 2018. | |
Fonctions | |
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Président de l'Assemblée nationale du Cambodge | |
En fonction depuis le (17 ans, 3 mois et 11 jours) |
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Prédécesseur | Norodom Ranariddh |
PrĂ©sident du Conseil d'Ătat du Cambodge[note 1] | |
â (13 ans, 2 mois et 30 jours) |
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Premier ministre | Pen Sovan Chan Sy Hun Sen |
Prédécesseur | Khieu Samphùn |
Successeur | Chea Sim |
Biographie | |
Nom de naissance | Heng Samrin |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Province de Prey Veng (Indochine française) |
Nationalité | cambodgienne |
Parti politique | Parti du peuple cambodgien |
Conjoint | Heng Samrin |
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Chefs d'Ătat cambodgiens | |
Ancien commandant de division khmer rouge, il s'enfuit au ViĂȘt Nam en 1978 pour Ă©chapper aux purges menĂ©es par ses anciens mentors.
Il prend la tĂȘte du gouvernement mis en place Ă Phnom Penh par les troupes vietnamiennes au dĂ©but de 1979 et reste officiellement chef de l'Ătat jusqu'en 1992, mĂȘme si Ă partir de 1985, le pouvoir effectif sera exercĂ© par le Premier ministre Hun Sen.
Il est aussi l'un des dirigeants à titre honorifique du Parti du peuple cambodgien, qui participe au pouvoir de façon continue depuis 1979.
Biographie
Il est nĂ© au sein dâune famille paysanne, le , dans la province de Kompong Cham. AprĂšs une scolaritĂ© sommaire, au dĂ©but des annĂ©es 1950, il entre dans un groupe en lutte contre le pouvoir colonial français et dans lequel il cĂŽtoie des combattants communistes dont il rejoindra le mouvement Ă une date inconnue[1].
En 1954, les accords de GenĂšve confirment lâindĂ©pendance du Cambodge, acquise en 1953, mais surtout amĂšne Ă lâĂ©clatement du Parti communiste khmer entre les militants qui choisissent de partir au ViĂȘt Nam du Nord, ceux qui restent dans le maquis et ceux qui choisissent dâintĂ©grer la vie politique du royaume au sein du « Pracheachon » crĂ©Ă© pour lâoccasion et qui participera aux Ă©lections gĂ©nĂ©rales. Heng Samrin fera lâexpĂ©rience de ces trois composantes[2].
En effet, il part Ă HanoĂŻ en 1954 pour parfaire son Ă©ducation idĂ©ologique avant de rentrer en 1956 au Cambodge et dâintĂ©grer le Pracheaton, puis de prendre le maquis en 1967, aprĂšs les Ă©meutes paysannes de Samlaut. Dans cette guĂ©rilla que Norodom Sihanouk appellera bientĂŽt khmĂšre rouge, il fait partie de la faction dite des khmers HanoĂŻ, ces quelque 1 500 combattants formĂ©s par les Nord-Vietnamiens et donc proches dâeux, installĂ©s dans des bases Ă lâest du pays et notamment sur la partie cambodgienne de la piste HĂŽ Chi Minh. Il gravit petit Ă petit les Ă©chelons de lâarmĂ©e rĂ©volutionnaire du KampuchĂ©a jusquâĂ accĂ©der, le , au grade de commandant[3].
Ă la fin des annĂ©es 1960, les combats sâintensifient contre le pouvoir de Norodom Sihanouk, mais tout change le , lorsque ce dernier est renversĂ©. Lâennemi d'hier devient lâalliĂ© et le nouvel adversaire est le rĂ©gime de Lon Nol, soutenu par les Ătats-Unis. Ce changement attĂ©nue, au moins pour un temps, les rivalitĂ©s entre les partisans et les adversaires du rĂ©gime de HanoĂŻ, ce qui permet Ă Heng Samrin de poursuivre son ascension[4].
Commandant du 173e rĂ©giment de lâarmĂ©e rĂ©volutionnaire de libĂ©ration, il sâempare en fĂ©vrier 1975 de la ville de Neak Loeung et coupe la derniĂšre voie dâapprovisionnement de la capitale qui ne peut plus compter que sur un pont aĂ©rien[1].
Deux mois plus tard, il contribue Ă la prise de Phnom Penh, le , avant dâĂȘtre nommĂ©, au dĂ©but de 1976, commandant de la 4e division de la zone Est du KampuchĂ©a dĂ©mocratique et commissaire politique. Il n'existe pas de tĂ©moignages le mettant personnellement en cause dans des massacres commis Ă l'encontre de la population dans la zone Est, oĂč le rĂ©gime Khmer rouge se montre nettement moins meurtrier qu'ailleurs[5]. Toutefois, ses troupes sont rĂ©guliĂšrement impliquĂ©es dans des incursions en territoire vietnamien et le massacre de populations civiles dans les villages de la province de TĂąy Ninh[6].
En 1977, il participe sous les ordres de So Phim Ă une grande offensive contre le ViĂȘt Nam qui se solde par un Ă©chec[7].
ImpliquĂ© â Ă tort ou Ă raison - dans une rĂ©bellion avortĂ©e contre Pol Pot et par crainte dâĂȘtre Ă©liminĂ© (les purges feront 100 000 victimes dans la zone Est, dont Heng Thal, frĂšre de Heng Samrin), il quitte le Cambodge le et se rĂ©fugie au ViĂȘt Nam[8].
Le , il fait partie des 14 fondateurs du Front Uni National pour le Salut du KampuchĂ©a, soutenu par le ViĂȘt Nam et lâURSS. Ătant le plus haut gradĂ© parmi ces membres fondateurs, il en est tout naturellement nommĂ© prĂ©sident. Il met alors sur pied des maquis au Cambodge, mais sâaperçoit rapidement quâil ne pourra vaincre sans lâaide des Vietnamiens[9].
Le rĂ©gime de Pol Pot tombe au dĂ©but de 1979 sous les coups de boutoir de lâarmĂ©e vietnamienne et le 7 janvier, Heng Samrin prend la tĂȘte dâun nouveau gouvernement dâobĂ©dience communiste et largement contrĂŽlĂ© par les autoritĂ©s de HanoĂŻ qui laissent quelque 180 000 militaires et conseillers au Cambodge. Cette influence vietnamienne sera renforcĂ©e par un traitĂ© dâamitiĂ© et de coopĂ©ration, le [10].
Il devient prĂ©sident du Conseil rĂ©volutionnaire du peuple de la nouvelle RĂ©publique populaire du KampuchĂ©a et restera Ă la tĂȘte de l'Ătat pendant plus de 12 ans. En 1981, il devient prĂ©sident du Conseil d'Ătat (prĂ©sidence collĂ©giale) et, en dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Parti rĂ©volutionnaire du peuple du KampuchĂ©a, alors parti unique[11].
Alors quâil est au dĂ©but le leader du gouvernement, il perdra sa prĂ©dominance Ă la suite de plusieurs Ă©checs qui lui seront attribuĂ©s. Il refuse notamment jusquâĂ la fin de 1979 lâacheminement de lâaide humanitaire occidentale afin dâaffamer les rĂ©gions sous le contrĂŽle de la guĂ©rilla khmĂšre rouge. Il ne pourra pas non plus faire reconnaĂźtre la RĂ©publique populaire du KampuchĂ©a en dehors des pays sous influence soviĂ©tique et surtout, ne pourra jamais siĂ©ger Ă lâONU qui continuera Ă considĂ©rer les khmers rouges comme les seuls Ă mĂȘme de reprĂ©senter le Cambodge. Surtout, si le pays est complĂštement ravagĂ©, les efforts de reconstruction sont contrariĂ©s par la guerre qui perdure[7]. De mĂȘme, si le nouveau rĂ©gime peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme moins brutal que son prĂ©dĂ©cesseur khmer rouge, les atteintes aux droits de lâhomme restent frĂ©quentes et font rĂ©guliĂšrement lâobjet de rapports de la part dâONG telles quâAmnesty International[12].
Son Ă©toile commence Ă faiblir avec lâaccession dâHun Sen au poste de Premier ministre, le . En 1991, la paix avec la guĂ©rilla semble proche et Heng Samrin participe aux accords de Paris en tant que reprĂ©sentant du pouvoir en place[13].
Avec le dĂ©part des Vietnamiens, dont il fut pour beaucoup le protĂ©gĂ© - voire lâhomme de paille -, il sera remplacĂ© Ă la tĂȘte de lâĂtat le par Norodom Sihanouk et, toujours en octobre 1991, cĂ©dera la direction du Parti du peuple cambodgien (nouveau nom du Parti rĂ©volutionnaire du peuple du KampuchĂ©a) Ă Chea Sim[14].
En 1993, lorsque Norodom Sihanouk retrouve son trĂŽne, il est nommĂ© prĂ©sident honoraire du Parti du peuple cambodgien dirigĂ© par Hun Sen[15]. En 1998, il devient vice-prĂ©sident de lâAssemblĂ©e nationale, avant dâaccĂ©der, en 2006, au poste de prĂ©sident de la chambre basse[16].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Heng Samrin » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Président du Conseil révolutionnaire jusqu'en 1981.
Références
- Solomon Kane (trad. de l'anglais par François Gerles, préf. David Chandler), Dictionnaire des Khmers rouges, IRASEC, , 460 p. (ISBN 9782916063270), « Heng (Samrin) », p. 149
- (en) David Porter Chandler, The Tragedy of Cambodian History : Politics, War, and Revolution Since 1945, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 9780300057522, prĂ©sentation en ligne), chap. 2 (« Political Warfare 1950 â 1955 »), p. 74
- (en) Paul R. Bartrop, A Biographical Encyclopedia of Contemporary Genocide : Portraits of Evil and Good, Santa Barbara (Calif.), ABC-CLIO, , 403 p. (ISBN 978-0-313-38678-7, lire en ligne), p. 122
- (en) David Porter Chandler, The Tragedy of Cambodian History : Politics, War, and Revolution Since 1945, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 9780300057522, présentation en ligne), chap. 6 (« Sliding toward Chaos 1970 - 1975 »), p. 193-200
- Ben Kiernan (trad. Marie-France de Paloméra), Le génocide au Cambodge, 1975-1979 : race, idéologie et pouvoir [« The Pol Pot regime: race, power, and genocide in Cambodia under the Khmer Rouge, 1975-79 »], Gallimard, coll. « NRF essais », , 730 p. (ISBN 978-2-07-074701-6), p. 254
- Henri Locard, Pourquoi les Khmers rouges, Paris, Ăditions VendĂ©miaire, coll. « RĂ©volutions », , 352 p. (ISBN 9782363580528, prĂ©sentation en ligne), « AprĂšs le totalitarisme », p. 311
- Solomon Kane (trad. de l'anglais par François Gerles, préf. David Chandler), Dictionnaire des Khmers rouges, IRASEC, , 460 p. (ISBN 9782916063270), « HENG (Samrin) », p. 150
- Nayan Chanda (trad. MichĂšle Vacherand & Jean-Michel Aubriet), Les frĂšres ennemis : la pĂ©ninsule indochinoise aprĂšs Saigon [« Brother enemy : the War After the War »], Ăditions du CNRS, , 368 p. (ISBN 978-2-87682-002-9), « 8 Le feu aux poudres », p. 217-220
- (en) « Heng Samrin », Biographies, sur Center for South East Asia Studies - Cambodia, Northern Illinois University (consulté le )
- Laurent Cesari, L'Indochine en guerres 1945-1993, Belin, coll. « Histoire Belin Sup », , 320 p. (ISBN 978-2-7011-1405-7), p. 264-265
- (en) « Samdech Heng Samrin », Biographies, sur American Cambodian Intelligence Center (consulté le )
- (en) Barbara Crossette, « Guerrillas Say Support for Cambodia Government Is Eroding », The New York Times,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Luke Hunt, « Heng Samrin, Man of the People », The diplomat,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Harris M. Lentz, Heads of States and Governments Since 1945, Routledge, , 912 p. (ISBN 978-1-884964-44-2), p. 132
- (en) Ian F. Beckett, Modern Insurgencies and Counter-Insurgencies : Guerrillas and their Opponents since 1750, Routledge, coll. « Warfare and History », , 288 p. (ISBN 978-0-415-23933-2, lire en ligne), p. 246-249
- (en) Paul R. Bartrop, A Biographical Encyclopedia of Contemporary Genocide : Portraits of Evil and Good, Santa Barbara (Calif.), ABC-CLIO, , 403 p. (ISBN 978-0-313-38678-7, lire en ligne), p. 123
Liens externes
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