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Cancer du pénis

L'expression cancer du pénis désigne plusieurs types de tumeur maligne touchant les cellules de la peau du gland (dans un cas sur deux[2]) ou du reste du pénis, ou les tissus (internes) du pénis.

Cancer (tumeur) du pénis
ou carcinome du pénis
Description de cette image, également commentée ci-après
Cancer (carcinome) du pénis, inopérable après 6 mois d'évolution rapide (=> ablation). Illustration de 1906 dans Surgery, its principles and practice
Épidémiologie
FrĂ©quence cancer peu frĂ©quent, avec plus de 30 000 cas signalĂ©s par an (36 068 en 2020, devant le sarcome de Kaposi et derrière le cancer de la vulve)[1]
Classification et ressources externes
CIM-10 C60
CIM-9 187
DiseasesDB 29392
MedlinePlus 001276
eMedicine med/
MeSH D010412

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Tumeur du pénis, avec lymphadénopathie inguinale gauche.

C'est une des pathologies de la verge[3] et un type de cancer dont la prévalence varie considérablement selon les pays, mais dont l'incidence reste rare. En France, soigné, il n'est pas mortel chez 79 % des patients de 50 ans, et environ 60 % des patients de 80 ans[4].

La chimiothĂ©rapie par les sels de platine a depuis les annĂ©es 1970 considĂ©rablement modifiĂ© le pronostic de cette maladie, qui pourrait encore ĂŞtre amĂ©liorĂ© si les patients consultaient plus tĂ´t (le retard diagnostique mĂ©dian Ă©tait dans les annĂ©es 1990 d'environ 7 mois[5], faisant que dans 20 % des cas le diagnostic est trop tardif pour pouvoir Ă©viter un traitement mutilant[6].

Typologies de cancer du pénis

Environ 95 % des cancers touchant le pénis sont des carcinomes épidermoïdes (cancer de la peau).
Dans 5 % des cas il s'agit de carcinome à cellules de Merkel, carcinome à petites cellules (tumeur neuroendocrine cutanée rare), mélanome ou d'autres formes rares de cancer[7].

En cas de doute sur le diagnostic, une surveillance rigoureuse du patient est recommandée[8], ainsi qu'un examen (préventif) des partenaires sexuels[8] - [9] - [10].

Épidémiologie

Les caractéristiques épidémiologiques de ce cancer varient beaucoup selon les contextes géographiques et sociaux[2].

Prévalence

Dans les pays dits dĂ©veloppĂ©s, les cancers du pĂ©nis sont classĂ©s parmi les cancers rares (ex. : aux États-Unis, ils comptent pour environ 0,4 Ă  0,6 % de toutes les tumeurs malignes, avec une incidence annuelle variant de 0,3 Ă  1 pour 100 000 personnes et par an[7]).

Dans les pays riches, c'est un cancer qui se dĂ©clare principalement chez les personnes de plus de 60 ans (avec pic d'incidence vers 80 ans dans les pays riches) ; mais Ă  la fin du XXe siècle dans les pays pauvres jusqu'Ă  20 % des patients avaient moins de 40 ans au moment du diagnostic[11].

Incidence

Le taux de mortalité ajusté sur l'âge (ASIR et ASMR [Standardized mortality ratio] respectivement) ont été estimé dans le monde pour ce cancer à 0,80 personnes (pour 100 000) et de 0,29 (pour 100 000) en 2020[12] ; il y aurait eu 36 068 nouveaux cas et 13 211 décès en 2020)[12].
Ces deux institutions n'ont pas décelé de corrélation significative entre ce cancer et l'indice de développement humain, mais notent que « bien que les pays en développement supportent toujours l'incidence et la mortalité les plus élevées du cancer du pénis, l'incidence est en augmentation dans la plupart des pays européens »[12] : 15 pays déclarent une augmentation du TINA pour le cancer du pénis, dont 13 en Europe (Royaume-Uni, Lituanie, Norvège, Estonie, Finlande, Suède, Chypre, Pays-Bas, Italie, Croatie, Slovaquie, Russie et République tchèque) et 2 en Asie (Chine et Israël)[12].

L'incidence de ce cancer varie selon les pays :
elle est selon l'American Cancer Society de 1 pour 100 000 hommes aux États-Unis (vers 2010[13]), soit plus de deux fois plus Ă©levĂ©e qu'en Australie (1 pour 250 000 hommes)[14] qui elle-mĂŞme en dĂ©clare plus que le Danemark (0,82 pour 100 000 hommes non-circoncis[15].

Les services de santĂ© publique du Royaume-Uni] en comptent plus de 500 nouveaux cas par an[16] - [17].

L'incidence du cancer du pénis est beaucoup plus élevée dans les pays en développement.
Ă€ titre d'exemple, au Paraguay, en Uruguay, en Inde, Ouganda et au BrĂ©sil son incidence est respectivement de 4,2 ; 4,4 ; 3,32 ; 2,8 et 1,5 Ă  3,7 pour 100 000 hommes[7] - [18], et dans certaines rĂ©gions d'AmĂ©rique du Sud, d'Afrique et d'Asie il constitue jusqu'Ă  10 % des tumeurs malignes chez l'homme[7]. Les pays les plus touchĂ©s par le cancer du pĂ©nis sont ainsi le Paraguay, l'Uruguay, l'Ouganda, le BrĂ©sil, l'Inde, l'Égypte et le Kenya[19].

C'est chez les Juifs israĂ©liens qu'il est le plus rare (0,1 cas pour 100 000) ; IsraĂ«l a ainsi le taux de cancer du pĂ©nis le plus faible au monde avec une incidence quasi-nulle[20] - [21] - [22] - [19].

Son Incidence cumulĂ©e[23] a Ă©tĂ© estimĂ©e Ă  1 pour 1 437 aux États-Unis et Ă  1 un pour 1 694 au Danemark[24].

ConsidĂ©rĂ© comme rare en Europe (0,4 Ă  0,6 % des cancers de l'homme dans les annĂ©es 1980[25]) et dans les pays dits dĂ©veloppĂ©s (1 200 nouveaux cas « seulement Â» par an aux États-Unis au dĂ©but des annĂ©es 2000), il semblait en rĂ©gression, notamment dans certaines zones de forte prĂ©valence (Inde[26], Chine).

Cependant, selon les donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques collectĂ©es et rĂ©cemment (2013) analysĂ©es au Royaume-Uni[27], le « taux de survie Ă  1 et 5 ans après le diagnostic » s'est amĂ©liorĂ©, mais le nombre de cas dĂ©clarĂ© a Ă©tĂ© en forte et rapide augmentation en 31 ans (de 1979 Ă  2009) avec la plus grande part de l'augmentation situĂ©e entre 2000 et 2010, pour des raisons encore incertaines (tout comme le cancer du testicule[28]) ; Le nombre de cas de cancer du pĂ©nis a augmentĂ© de 20 % en 30 ans selon une Ă©tude financĂ©e par l'ONG Orchid et publiĂ©e dans le journal Cancer Causes Control. Cette augmentation semble aussi constatĂ©e dans toute l'Europe[29].

Incidence en France

Elle reste mal connue. Mottet (en 2003) n'a pas trouvé de données épidémiologiques françaises et récentes sur le cancer du pénis[30], pas plus que Bastide et al. en 2005[2].

Il est tout de même rapporté en 2018, 500 nouveaux cas de cancer du pénis par an en France[31]. En France métropolitaine, le taux de survie nette à 5 ans diminue avec l'âge au diagnostic de 79 % à 50 ans à 60 % à 80 ans ; la mortalité est en excès élevée pendant les 3 ans suivant le diagnostic surtout chez les hommes les plus âgés ; à 5 ans, la mortalité est en excès faible quel que soit l'âge au diagnostic[4].

Facteurs de risques

La déficience immunitaire et certaines infections sont des facteurs de risque, mais :

  • il ne semble pas exister de prĂ©disposition gĂ©nĂ©tique pour le cancer du pĂ©nis[30],
  • aucune prĂ©disposition liĂ©e Ă  la couleur de la peau n'a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e (aux États-Unis Noirs et Blancs ont autant de risque de dĂ©velopper ce cancer)[32].

Infections

  • Virus HIV : les hommes sĂ©ropositifs au VIH ont significativement plus de risque de dĂ©velopper un cancer du pĂ©nis qu'un homme non sĂ©ropositif (8 fois plus selon l'American Cancer Society [33] - [34], mais selon une revue d'Ă©tude (2023) les Ă©tudes disponibles sont hĂ©tĂ©rogènes « avec des plans d'Ă©tude, des populations et des objectifs variĂ©s »[35]. Il en ressort nĂ©anmoins « que le VIH influence les caractĂ©ristiques de la maladie, avec un risque quatre fois plus Ă©levĂ© de dĂ©cès par cancer du pĂ©nis. De plus, la progression d'une nĂ©oplasie intraĂ©pithĂ©liale survient plus tĂ´t chez les sĂ©ropositifs, six ans plus tĂ´t que chez les hommes sĂ©ronĂ©gatifs. Les hommes sĂ©ropositifs ont une prĂ©valence plus Ă©levĂ©e d'infection par le VPH »[35]. L'ethnicitĂ© semble aussi jouer un rĂ´le (ainsi, le risque de carcinome du pĂ©nis est plus Ă©levĂ© chez les Hispaniques que chez les caucasiens sĂ©ropositifs)[35].
  • Papillomavirus humain (HPV) : l'infection par ce virus augmente significativement le risque de cancer du pĂ©nis[18].
    Selon le Center for Disease Control and Prevention (CDC amĂ©ricain), le HPV semble responsable de 800 (soit environ 40 %) des 1 570 cas annuellement diagnostiquĂ©s de cancer du pĂ©nis aux États-Unis[36] - [37] ; le VPH serait responsable de 50,8 % des cancers du pĂ©nis dans le monde. Il y a plus de 120 types de HPV[38]. En 2009, la FDA a autorisĂ© le vaccin quadrivalent anti-VPH chez les hommes, mais il est peu utilisĂ© (vaccination non sexiste mise en Ĺ“uvre que dans 42 pays en 2023) et on manque d'Ă©tudes sur l'efficacitĂ© de ce vaccin contre contre le risque de cancer du pĂ©nis et la nĂ©oplasie intraĂ©pithĂ©liale [39] en termes d'effets des programmes de vaccination masculine lĂ  oĂą ils existent[40]. Selon il faudrait profiter de chaque occasion (consultations mĂ©dicales, infirmiers scolaires, cours d'Ă©ducation sexuelle…) pour recommander la vaccination contre le VPH chez les adolescents et optimiser la couverture vaccinale[40].
  • Verrue gĂ©nitale : elles apparaissent chez 10 % des hommes environ au cours de la vie et sont considĂ©rĂ©es comme facteur de risque de cancer du pĂ©nis non invasif (risque multipliĂ© par 3,7 si elles sont apparues deux ans avant le temps de rĂ©fĂ©rence[18] ? Environ la moitiĂ© des hommes touchĂ©s par un cancer du pĂ©nis ont aussi des verrues gĂ©nitales gĂ©nĂ©ralement dues au virus HPV[16].

Hygiène déficiente, blessures

  • Mauvaise hygiène intime : c'est une cause d'augmentation du risque de dĂ©velopper ce cancer[41] - [42] ;
  • L'accumulation de smegma : cette substance blanchâtre quand elle s'accumule sous le prĂ©puce semble Ă©galement accroĂ®tre le risque de cancer du pĂ©nis[33] - [22]. L'American Cancer Society Ă©met l'hypothèse que le smegma ne soit pas carcinogĂ©nique, mais augmente le risque de carcinome en provoquant l'irritation et l'inflammation du pĂ©nis[33].
  • Balanite : cette inflammation du prĂ©puce ou du gland du pĂ©nis est statistiquement associĂ©e Ă  une augmentation (de 3,1 fois) du risque de cancer du pĂ©nis[18] - [22]. Elle peut ĂŞtre due Ă  une mauvaise hygiène ou Ă  une rĂ©action allergique Ă  certains savons ou Ă  des produits chimiques ou Ă  un Ă©tat gĂ©nĂ©ral de santĂ© dĂ©gradĂ© (arthrite rĂ©actionnelle, infection, diabète[43]… De petites lĂ©sions ou abrasions de la peau du pĂ©nis augmentent aussi le risque (3,9 fois) de contracter ce cancer ;
  • Le phimosis[18] et le paraphimosis[33] sont Ă©galement considĂ©rĂ©s comme des facteurs de risque significatif (odds ratio de 38–65) pour le phimosis[18] - [22]. Remarque : l'apparition d'un phimosis est aussi l'un des symptĂ´mes possibles du cancer du pĂ©nis[44] ;
  • Le lichen sclĂ©roatrophique est une maladie qui cause des taches sur la peau et une dĂ©gĂ©nĂ©rescence de certains tissus (gĂ©nitaux notamment). Cette maladie encore mal comprise augmente le risque de cancers du pĂ©nis[41] - [45]. L'Ă©tiologie de la maladie Ă©tant inconnue, il n'existe pas de conseils prĂ©ventifs[41] ;
  • La circoncision quand elle est pratiquĂ©e chez l'adulte est un facteur de risque, alors que pratiquĂ©e chez le jeune enfant elle le diminuerait (dans les pays riches au moins)[46] - [22] - [21] - [47]. Ceci laisse penser « la pĂ©riode critique d'exposition aux facteurs Ă©tiologiques se fait avant la pubertĂ© »[2] ;
    Il a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© que la rĂ©duction du risque puisse ĂŞtre liĂ©e Ă  la suppression du risque de phimosis[33] - [46] et d'accumulation durable de smegma ou d'infection par le HPV[33]. Si elle a Ă©tĂ© pratiquĂ©e Ă  la naissance, elle diminue ce risque de 3,2 fois[48].

Autres facteurs de risques, environnementaux

  • Tabagisme : fumer et/ou chiquer le tabac est un facteur de risque important et dĂ©montrĂ©[49] - [50] - [51] ;
    On suppose que ce sont les produits cancĂ©rigènes Ă©vacuĂ©s par l'urine qui augmentent le risque de cancer invasif du pĂ©nis. Le risque est multipliĂ© par 1,6 Ă  6 selon le nombre d'annĂ©es d'exposition au tabac et selon l'intensitĂ© du tabagisme (nombre moyen de cigarettes fumĂ©es par jour)[7] - [18] - [41] ; 4,5 fois en moyenne selon Daling et al. (2005)[52] - [51]), de mĂŞme que pour d'autres types de cancer (du poumon, du larynx, mais aussi de la « zone anogĂ©nitale »[53].
  • L'exposition aux ultraviolets : les hommes atteints de psoriasis et soignĂ©s par PUVA-thĂ©rapie et avec du psoralène comme mĂ©dicament ont un risque accru de cancer du pĂ©nis[33] - [41].
  • L'âge : c'est un facteur de risque, mais qui est commun Ă  de nombreux types de cancer.
    Le cancer du pĂ©nis est rare chez les moins de 50 ans ; 4 patients sur 5 sont diagnostiquĂ©s pour ce cancer après l'âge de 55 ans[33].

Classification

Par types de cancers

95 % de ces cancers sont de type « Ă©pidermoĂŻde Â», que l'on peut classer dans les sous-types suivant[54] :

  • basaloĂŻde (4 %) ;
  • pustuleux (6 %) ;
  • mixte pustuleux-basaloides (17 %) ;
  • verruqueux (8 %) ;
  • papillaires (7 %) ;
  • other SCC mixed (7 %) ;
  • carcinomes sarcomatoides (1 %) ;
  • autres cas non clairement prĂ©cisĂ©s.

Les autres types de cancers du pénis sont plus rares. Il s'agit alors généralement d'épithéliomes spinocellulaires, de carcinome à petites cellules, de carcinome de Merkel, adénocarcinome à cellules claires, carcinome sébacé ou carcinome basocellulaire.

Des tumeurs malignes non épithéliales tels que mélanome et sarcomes sont encore plus rares mais possibles[7].

Tumeurs positive au HPV

La prévalence du papillomavirus humain (HPV) est élevée dans les cancers du pénis (ce virus est retrouvé dans 40 % des cas environ) ;

Le génotype viral prédominant est alors HPV16 (présent dans 63 % des cas de tumeurs HPV-positives).

Dans les cancers pustuleux/basaloid le HPV est présent dans 70 à 100 % des cas alors qu'on ne le trouve que dans environ 30 % des autres cas[7].

Symptomatologie

Le mode de découverte le plus fréquent et les symptômes observés sont souvent l'apparition d'une bosse indolore, d'un gonflement d'un ganglion (lymphocèle) ou du gland, d'une tumeur externe, ou d'un changement de couleur (teinte bleutée), ou tout ou partie des symptômes suivants[54] :

  • rougeur sur le pĂ©nis[43] ;
  • rash sur le pĂ©nis[43] - [44] ;
  • Ă©coulements nausĂ©abonds[43] - [44] ;
  • douleur localisĂ©e dans le pĂ©nis[43] ;
  • excroissance pouvant Ă©voquer une verrue devenant bourgeonnante ;
  • plaie (douloureuse ou non) refusant de guĂ©rir dans les quatre semaines (pouvant Ă©voquer un ulcère ou une cloque)[44] ;
  • saignements apparaissant sur le pĂ©nis (ou sous le prĂ©puce)[44] ;
  • phimosis[44].

Pathogenèse

Le cancer du pénis est souvent précédé de phénomènes précurseurs de lésions qui progressent en se développant. Pour les cancers induits par le HPV, les séquences sont les suivantes[7] :

  1. hyperplasie squameuse ;
  2. néoplasie intra-épithéliale ;
  3. carcinoma localisé (in situ) ; ou maladie de Bowen, érythroplasie de Queyrat ou papulose bowénoide (maladie sexuellement transmissible rare que l'on pense induite par le papillomavirus de type 16 ;
  4. carcinome invasif du pénis.

Dans d'autres cas, des lésions ou non-dysplasiques ou modérément dysplasiques peuvent évoluer directement en cancer.
Les exemples incluent des « lĂ©sions plates Â» apparues sur le pĂ©nis (FPL) et des « verrues vĂ©nĂ©riennes Â» (condylomes acuminĂ©s)[7].

Dans les cancers à sérologie HPV-négative, le phénomène lésionnel précurseur le plus fréquent est le lichen scléreux (LS)[7].

Évolution

Comme beaucoup d'affections malignes, mais plus rarement que d'autres cancers, le cancer du pénis (tumeur maligne primaire) peut s'étendre in situ (et alors coloniser les corps spongieux ou caverneux puis l'urètre et la prostate[54].

Il peut aussi métastaser[55], c'est-à-dire libérer des cellules cancéreuses dans la lymphe, qui se disperseront vers d'autres parties du corps où elles formeront alors des tumeurs secondaires[56]). L'invasion tumorale se fait en deux stades :

  1. l'envahissement lymphatique est d'abord inguinal puis pelvien ; les mĂ©tastases sont rĂ©putĂ©es d'abord gagner des cellules ganglionnaires proches (« ganglions-sentinelles » ou SLN (pour « sentinel lymph node ») du pĂ©nis, situĂ©es dans les vaisseaux lymphatiques dorsaux du pĂ©nis et faisant partie du système lymphatique situĂ© autour de la veine Ă©pigastrique superficielle, repĂ©rĂ© sur l'imagerie radio sur la vue antĂ©ro-postĂ©rieure, Ă  la jonction de la tĂŞte fĂ©morale et la branche montante du pubis[57] ; quand le système SLN n'est pas encore touchĂ© par une mĂ©tastase, le taux de survie Ă  5 ans Ă©tait de 90 % ; quand seul le SLN est touchĂ©, la survie Ă  5 ans Ă©tait de 70 % alors qu'elle tombait Ă  50 % si les ganglions inguinaux Ă©tait touchĂ©s, et Ă  20 % chez les patients ayant dĂ©jĂ  des mĂ©tastases iliaques[57]. Certains auteurs (sur la base d'observations d'Ă©volutions d'Ă©pithĂ©liomes spinocellulaires du pĂ©nis) estiment que cette thĂ©orie des ganglions sentinelles doit ĂŞtre remise en cause car il semble exister d'autres voies de drainage lymphatique profond vers les ganglions inguinaux superficiels et profonds[58] ;
  2. une seconde phase correspond au début de la généralisation du cancer[57].

Stades de développement (clinique)

Ils sont décrits et numérotés comme suit[56] - [54].

  • Stade 0 : carcinome in situ.
  • Stade I : le cancer est modĂ©rĂ©ment diffĂ©renciĂ© ou bien diffĂ©renciĂ© mais n'affecte que des tissus connectifs subĂ©pithĂ©liaux.
  • Stade II : le cancer est moyennement diffĂ©renciĂ© et affecte le système lymphatique ou envahit les structures internes du pĂ©nis ou l'urètre.
  • Stade IIIa : invasion profonde du pĂ©nis avec mĂ©tastases dans les ganglions lymphatiques.
  • Stade IIIb : invasion profonde du pĂ©nis avec mĂ©tastases dans plusieurs ganglions lymphatiques de la zone inguinale.
  • Stade IV : le cancer a envahi des structures adjacentes du pĂ©nis et s'est mĂ©tastasĂ© dans les ganglions pelviens ou des mĂ©tastases distantes sont en place.

Diagnostic

Il est principalement clinique, en commençant par une observation fine (péniscopie[59], sous loupe grossissante ou colposcope, après application d'acide acétique à 5 %[8])[54] avec :

  • confirmation du caractère cancĂ©reux de la lĂ©sion primitive par analyse histologique (avec circoncision si la lĂ©sion est limitĂ©e au prĂ©puce) ou biopsie chirurgicale rĂ©alisĂ©es sous anesthĂ©sie locale ou gĂ©nĂ©rale « la jonction peau saine/ peau pathologique » dans les autres cas[60], en Ă©tant rĂ©pĂ©tĂ©e Ă  diffĂ©rentes profondeurs pour repĂ©rer les limites de la tumeur et/ou l'association avec d'Ă©ventuelles lĂ©sions prĂ©cancĂ©reuses[61]. L'Ă©chantillon recueilli doit ĂŞtre de taille et de profondeur suffisante pour confirmer le diagnostic et affirmer le caractère infiltrant de la maladie[62] ;
  • Ă©valuation de l'extension en profondeur de la tumeur (infiltration caverneuse, urĂ©trale)[60] ;
  • Ă©valuation la longueur de la verge saine en amont de la tumeur[60] ;
  • Ă©valuation ganglionnaire (bilatĂ©rale), sachant que dans 20 % des cas, les ganglions sont atteints alors qu'aucun symptĂ´me n'est encore dĂ©tectable (faux nĂ©gatifs)[60]. Toute adĂ©nopathie palpable doit conduire Ă  rĂ©pĂ©ter l'examen après 6 semaines d'antibiothĂ©rapie et traitement de la lĂ©sion primaire ; l'analyse histologique est seule capable de dĂ©terminer la nature d'une adĂ©nopathie. L'intĂ©rĂŞt de l'Ă©tude du ganglion sentinelle en prioritĂ© est discutĂ© (car il semble parfois ĂŞtre contournĂ© par les mĂ©tastases)[60]. « Le risque d'envahissement ganglionnaire dĂ©pend du type histologique, du stade tumoral, du grade lĂ©sionnel et de la prĂ©sence d'une invasion lymphatique ou vasculaire. On dĂ©finit ainsi des patients Ă  risque ganglionnaire faible (pTis, carcinome verruqueux, pTaG1,-G2, pT1 G1), Ă  risque intermĂ©diaire (pT1 G2), Ă  haut risque (≥ pT2 ou G3) »[60]

L'imagerie médicale comprend l'échographie et mieux encore l'IRM pénienne (recommandée dans tous les cas de difficulté à évaluer cliniquement la lésion).
Concernant l'examen ganglionnaire, le scanner inguinopelvien complète l'examen clinique chez le patient obèse ou en cas de doute au diagnostic. La lymphoscintigraphie peut être faite en complément (malgré 16 % de faux négatif).
Si des métastases sont suspectées (en présence d'adénopathies inguinales palpables par exemple), le scanner thoraco abdomino pelvien est recommandé ; la scintigraphie osseuse est utilisée si des symptômes osseux ou d'hypercalcémie sont détectés. Le dosage du SCC confortera un diagnostic de stade métastatique.

Pronostic

Il varie considérablement selon les patients et plus précisément selon la taille et l'emplacement de la tumeur. De manière générale, plus le cancer est diagnostiqué tôt, meilleur sera le pronostic.

Le taux de survie Ă  5 ans est globalement de l'ordre de 67 % : 85 % pour les stades les plus prĂ©coces, il est nettement plus faible lorsque le cancer s'est propagĂ© aux seuls ganglions lymphatiques (stade 3 - 59 %), ou Ă  des rĂ©gions Ă©loignĂ©es (stade 4 - 11 %)[63].

Traitement

Le traitement proposé varie selon le stade de développement du cancer au moment du diagnostic ; il peut inclure :
la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et un traitement biologique[54].

Le traitement le plus courant est l'un des cinq types de chirurgie[54] :

  • excision locale large ; elle vise Ă  Ă©liminer la tumeur et certains tissus apparemment sains environnants ;
  • microchirurgie ; pratiquĂ©e sous microscope, elle vise Ă  Ă©liminer la tumeur et aussi peu que possible de tissus sains pĂ©riphĂ©riques ;
  • chirurgie au laser ; elle utilise la puissance d'un laser mĂ©dical pour brĂ»ler ou exciser les cellules cancĂ©reuses ;
  • circoncision : elle permet de retirer le prĂ©puce oĂą un cancer est en train de se dĂ©velopper ;
  • amputation partielle ou totale du pĂ©nis ; dite « pĂ©nectomie », elle est gĂ©nĂ©ralement accompagnĂ©e d'une excision des ganglions lymphatiques associĂ©s (« curage ganglionnaire Â»)[64].

Le but du traitement, ses effets secondaires à court et long terme et l'importance de la surveillance doivent être bien expliqués au patient pour s'assurer de sa pleine coopération.

La radiothérapie est souvent utilisée en complément à la chirurgie pour réduire le risque de récidive.
Aux premiers stades de cancer du pénis, une combinaison de topiques chimiques (chimiothérapie et une chirurgie moins invasive peuvent être utilisées.

Aux stades plus avancés du cancer, il faut généralement combiner la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie.

Prévention

Elle vise principalement à améliorer l'hygiène intime et l'évitement d'infections à risque[65]

  • Il a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© que la vaccination contre le HPV (ex. : Gardasil ou Cervarix) pouvait rĂ©duire le risque d'infection par le HPV et consĂ©quemment le risque de cancer du pĂ©nis[7] - [41] ;
  • pour les mĂŞmes raisons, l'utilisation systĂ©matique de prĂ©servatifs en cas de risque d'infection par le HPV est rĂ©putĂ© diminuer le risque[7] ;
  • une bonne hygiène gĂ©nitale : lavage quotidien (Ă  l'eau) du pĂ©nis, du prĂ©puce et du scrotum pourrait notamment prĂ©venir la balanite et par suite le risque de contracter ce cancer, cependant les savons contenant des additifs doivent ĂŞtre Ă©vitĂ©s ;
  • le fait de cesser de fumer semble pouvoir rĂ©duire le risque[18] ;
  • la circoncision (uniquement si elle est prĂ©coce, avant la pubertĂ©) semble rĂ©duire le risque de cancer du pĂ©nis[7] - [41] - [66] - [20] - [22], mais avec des rĂ©sultats comparables Ă  ceux donnĂ©s par une bonne hygiène (telle que pratiquĂ©e au Danemark oĂą la prĂ©valence de cette maladie est comparable Ă  ce qu'elle est aux États-Unis oĂą la circoncision est couramment pratiquĂ©e[67])
    L'American Cancer Society fait remarquer qu'en raison de la rareté de ce cancer, ni l'American Academy of Pediatrics, ni l'Académie canadienne de pédiatrie ne recommande une circoncision néonatale systématique[33] ;
  • la plupart des cas bĂ©nins de phimosis ou paraphimosis ou d'infections liĂ©s Ă  un phimosis peuvent ĂŞtre rĂ©duits par une bonne hygiène intime et en pratiquant rĂ©gulièrement le retrait du prĂ©puce.

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

Bibliographie

  • (en) Cabanas RM (1977). An approach for the treatment of penile carcinoma. Cancer, 39(2), 456-466 (rĂ©sumĂ©)
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