Campagnes du Sud
Le terme de Campagnes du Sud dĂ©signe les actions militaires menĂ©es par SimĂłn BolĂvar et Antonio JosĂ© de Sucre au sud de la nation nouvellement indĂ©pendante de Grande Colombie.
Date | 1821 - 1823 ou 1826 |
---|---|
Lieu |
Sud de la Nouvelle-Grenade Équateur Pérou Bolivie |
Issue | Victoire indépendantiste |
Province libre de Guayaquil Grande Colombie | Empire espagnol |
Antonio José de Sucre |
Guerres d'indépendance hispano-américaines
Batailles
m
Campagne de Pasto (1821-1823)Rencontre de Guayaquil (26 juillet 1822)
Campagne du PĂ©rou (1823-1826)- MotĂn de Balconcillo (es)
- Campagne d'Intermedios de Santa Cruz
- Bataille de Zepita (es)
- Combat d'Arequipa (es)
- Combat d'Alzuri (es)
- Soulèvement de Callao (es)
- Rébellion d'Olañeta (es)
- Bataille de JunĂn
- Combat de Bellavista (es)
- Bataille de Corpahuaico (es)
- Bataille d'Ayacucho
- Campagne de Sucre dans le Haut-PĂ©rou
- Combat de Tumusla
- Second siège de Callao (es)
Deux visions s'affrontent quant Ă l'Ă©tendue des opĂ©rations militaires que le terme regroupe. Pour la première, les campagnes du sud correspondent Ă la libĂ©ration de la rĂ©gion de Pasto, en Nouvelle-Grenade (actuelle Colombie), ainsi de la Real audiencia de Quito (actuel Équateur), rĂ©gions vouĂ©es Ă intĂ©grer la Grande Colombie. Pour la seconde, la continuitĂ© du commandement implique d'ajouter aux opĂ©rations prĂ©citĂ©es toutes les opĂ©rations militaires entreprises par Sucre et BolĂvar pour libĂ©rer le PĂ©rou et la Bolivie. Si les Campagnes du Sud dĂ©marrent donc en 1821 avec l'arrivĂ©e des renforts colombiens Ă Guayaquil, première province libre d'Équateur, elles se terminent suivant le point de vue adoptĂ© en 1824 (bataille de Barbacoas) ou en 1826 (chute de la forteresse du roi Philippe (es) de Callao, au PĂ©rou).
Contexte
Situation en Nouvelle-Grenade et au Venezuela
En 1819, la Nouvelle-Grenade est repassĂ©e sous contrĂ´le espagnol après une courte pĂ©riode d'indĂ©pendance marquĂ©e par des conflits entre nĂ©o-grenadins. Les difficultĂ©s rencontrĂ©es par SimĂłn BolĂvar l'ont conduit Ă renoncer et Ă s'embarquer le pour la JamaĂŻque, d'oĂą il rejoint la RĂ©publique nouvellement indĂ©pendante d'HaĂŻti. De lĂ , avec l'aide du prĂ©sident Alexandre PĂ©tion, BolĂvar retourne au Venezuela et parvient Ă libĂ©rer la partie orientale du pays. De cette tĂŞte de pont, il parvient Ă libĂ©rer la quasi-totalitĂ© du Venezuela, luttant Ă mort contre le commandant espagnol Pablo Morillo. Le congrès d'Angostura, qui se tient Ă Angostura (aujourd'hui Ciudad BolĂvar) le , permet aux dĂ©lĂ©guĂ©s de la Nouvelle-Grenade et du Venezuela de dĂ©finir le futur politique des territoires une fois leur libĂ©ration acquise. Peu après, Ă la suite de la retraite de Pablo Morillo dans ses quartiers d'hiver de Calabozo après la campagne d'Apure, BolĂvar dĂ©cide qu'il est temps de libĂ©rer la Nouvelle-Grenade.
Ă€ l'issue d'un pĂ©riple amenant l'armĂ©e patriote de BolĂvar et Francisco de Paula Santander Ă traverser les Andes via le páramo de Pisba, deux grandes batailles sont livrĂ©es contre les forces du commandant royaliste JosĂ© MarĂa Barreiro, la bataille du Pantano de Vargas, près de Paipa[1], et la bataille de Boyacá au niveau du pont de Boyacá, Ă Tunja[2] - [3] Lorsqu'il apprend la nouvelle de la dĂ©faite de ses troupes, le vice-roi de Nouvelle-Grenade Juan de Sámano fuit Bogota et parvient Ă s'Ă©chapper par Carthagène des Indes[3]. BolĂvar arrive Ă Santafe de Bogota oĂą il entre sans rĂ©sistance le , mettant fin Ă la campagne libĂ©ratrice de la Nouvelle-Grenade.
Avec la prise de la capitale, Bogota, et la fuite du vice-roi, la Nouvelle-Grenade est virtuellement perdue pour l'Espagne. Toutefois, les campagnes indépendantistes se poursuivent. Le sud du pays (San Juan de Pasto, Popayán) demeure aux mains des royalistes, ainsi que les ports de la mer des Caraïbes (Carthagène des Indes, Barranquilla, Santa Marta).
BolĂvar charge le gĂ©nĂ©ral vĂ©nĂ©zuĂ©lien Mariano Montilla d'attaquer les royalistes qui occupent encore les ports de la mer des CaraĂŻbes. Ă€ partir du se dĂ©roule une campagne fluviale et navale qui libère un Ă un les ports caribĂ©ens et se termine par l'entrĂ©e des troupes indĂ©pendantistes Ă Carthagène le [4].
De son cĂ´tĂ©, afin d'empĂŞcher dĂ©finitivement tout nouveau dĂ©barquement de troupes espagnoles sur les cĂ´tes de la mer des CaraĂŻbes, BolĂvar porte de nouveau la guerre au Venezuela dont l'ouest et le nord du pays sont toujours contrĂ´lĂ©s par les royalistes et ce qui reste du corps expĂ©ditionnaire espagnol de Pablo Morillo. Après un armistice de six mois, la campagne dĂ©bute le par la bataille de Carabobo qui se solde par une importante victoire de Bolivar sur le marĂ©chal Miguel de la Torre, le remplaçant de Morillo, dĂ©missionnaire en dĂ©cembre 1820, Ă la tĂŞte des troupes espagnoles[5].
Ă€ partir du et jusqu'au 3 octobre de la mĂŞme annĂ©e se rĂ©unit le Congrès de CĂşcuta, assemblĂ©e constituante destinĂ©e Ă donner vie au projet dĂ©cidĂ© lors du congrès d'Angostura[6]. InitiĂ© par Antonio Nariño[7], le Congrès de CĂşcuta voit la participation de SimĂłn BolĂvar, de Francisco de Paula Santander et d'autres importants personnages de l'indĂ©pendance. C'est dans le temple historique de CĂşcuta qu'est adoptĂ©e la constitution de CĂşcuta, acte de naissance de la Grande Colombie (alors simplement appelĂ©e « RĂ©publique de Colombie ») constituĂ©e de la Nouvelle-Grenade et du Venezuela[8]. BolĂvar en est dĂ©signĂ© prĂ©sident et Santander vice-prĂ©sident.
Situation en Équateur
Après une lutte qui dure toute la nuit, le matin du , la ville de Guayaquil a obtenu son indépendance de l'Espagne. L'indépendance de différentes villes est rapidement obtenue, comme le village de Samborondón le 10 octobre, Daule le 11 octobre ou Naranjal le 15 octobre[9].
Le , 57 reprĂ©sentants de tous les villages qui forment la province de Guayaquil sont convoquĂ©s Ă la mairie de la ville oĂą il est proclamĂ© la naissance d'un nouvel État connu sous le nom de Province Libre de Guayaquil et Ă©lu comme prĂ©sident de celui-ci le Dr JosĂ© JoaquĂn de Olmedo[10] - [11]. Après cela est adoptĂ© le Reglamento Provisorio de Gobierno (es) qui sert de constitution au nouvel État[9].
Cependant, les villes de Quito et Cuenca demeurent sous la domination espagnole, ce qui pourrait signifier un danger pour la récente indépendance de Guayaquil. Ainsi, Olmedo met en place une armée connue sous le nom de División Protectora de Quito (es) chargée de veiller à la sécurité de la Province Libre de Guayaquil et libérer les autres villes qui composent la Real audiencia de Quito[12]
La División Protectora de Quito lance une campagne dans le but de libérer toute la Province Libre de Guayaquil, obtenant une victoire lors de la bataille de Camino Real, le , mais se trouve bientôt dans une situation délicate après avoir été battue lors des batailles de Huachi, le , et Tanizahua, le .
Dans le même temps, la ville de Cuenca, qui a suivi l'exemple de Guayaquil et proclamé son indépendance le , est reprise par les royalistes à la suite de la défaite des patriotes lors de la bataille de Verdeloma, le , mettant fin à l'éphémère « République de Cuenca ».
Face Ă cette situation difficile, JosĂ© JoaquĂn de Olmedo demande une aide militaire Ă la Grande Colombie pour dĂ©fendre Guayaquil et libĂ©rer le reste de la Real audiencia de Quito.
Situation au PĂ©rou
Le , la bataille de Sipe-Sipe est un dĂ©sastre pour les armĂ©es indĂ©pendantistes qui perdent 2 000 hommes. Ă€ ce moment-lĂ , la cause indĂ©pendantiste en AmĂ©rique du Sud paraĂ®t perdue malgrĂ© la proclamation de l'indĂ©pendance des Provinces-Unies du RĂo de la Plata le 9 juillet 1816. C'est alors que JosĂ© de San MartĂn, un gĂ©nĂ©ral argentin alors gouverneur de la province de Cuyo, met au point un nouveau plan pour vaincre les armĂ©es royalistes du PĂ©rou. Au lieu de passer par le Haut-PĂ©rou, oĂą les insurgĂ©s ont Ă©tĂ© Ă chaque fois vaincus, il dĂ©cide, avec l'aide des restes de l'armĂ©e chilienne de son ami Bernardo O'Higgins, d'organiser une armĂ©e des Andes dont le but est de traverser la cordillère des Andes et d'entrer par surprise au Chili. Il obtient le soutien du Directeur suprĂŞme Juan MartĂn de PueyrredĂłn et, le , il dĂ©bute avec une armĂ©e de plus de 5 000 hommes divisĂ©e en quatre colonnes une incroyable traversĂ©e de près de 500 kilomètres Ă travers la cordillère, qui s'achève le 8 fĂ©vrier[13]. L'armĂ©e des Andes a perdu lors de la traversĂ©e près du tiers de ses effectifs mais elle prend totalement par surprise les troupes royalistes qui sont vaincues le 12 fĂ©vrier lors de la bataille de Chacabuco[14]. Le lendemain, l'armĂ©e des Andes entre triomphalement dans Santiago du Chili et les royalistes sont repoussĂ©s dans le sud du pays. Bernardo O'Higgins est placĂ© Ă la tĂŞte du pays dont il proclame l'indĂ©pendance un an jour pour jour après la bataille de Chacabuco. Peu après, le , l'armĂ©e de JosĂ© de San MartĂn assure dĂ©finitivement cette indĂ©pendance en triomphant des forces de Mariano Osorio Ă la bataille de MaipĂş oĂą environ 3 500 royalistes sont pris ou tuĂ©s[15]. Valdivia, la dernière possession espagnole au Chili, est capturĂ©e le 4 fĂ©vrier 1820 par l'amiral Thomas Cochrane[16].
Après avoir assurĂ© l'indĂ©pendance du Chili, JosĂ© de San MartĂn fait construire une flotte dans le Pacifique pour contester la domination navale des espagnols. Au milieu de l'annĂ©e 1820, une flotte de 8 navires de guerre et de 16 navires de transport est assemblĂ©e sous les ordres de Thomas Cochrane. Cette flotte met Ă la voile depuis ValparaĂso jusqu'Ă la pĂ©ninsule de Paracas, au sud du PĂ©rou, oĂą les troupes transportĂ©es dĂ©barquent le 7 septembre, prenant peu après la ville de Pisco[17]. Après cela, San MartĂn, qui espère que la prĂ©sence de ses troupes va susciter une rĂ©bellion gĂ©nĂ©ralisĂ©e au PĂ©rou, choisit d'Ă©viter la confrontation militaire directe avec l'armĂ©e du vice-roi JoaquĂn de la Pezuela. Il engage des nĂ©gociations qui Ă©chouent et ses troupes gagnent alors la ville de Huacho, qui est une meilleure position stratĂ©gique. Pendant les mois suivants, une campagne terrestre et maritime contre les royalistes lui permet de sĂ©curiser sa nouvelle position[JL 1].
Au PĂ©rou, le vice-roi est renversĂ© par un coup d'État des libĂ©raux et remplacĂ© par JosĂ© de la Serna le 29 janvier 1821. Deux mois plus tard, San MartĂn fait dĂ©placer ses forces jusqu'Ă AncĂłn, tout près de Lima. De nouvelles nĂ©gociations sont entamĂ©es mais elles ne mènent Ă rien et de la Serna, jugeant sa position Ă Lima trop faible, abandonne la capitale pĂ©ruvienne le 8 juillet pour gagner les hauteurs et s'Ă©tablir Ă Cuzco. Le , San MartĂn fait son entrĂ©e Ă Lima, oĂą il est dĂ©clarĂ© protecteur du pays dont il proclame l'indĂ©pendance le 28 juillet[JL 2] - [18].
Situation en Espagne
En 1819, l'Espagne organise une seconde expédition militaire après celle de 1815, composée de 10 bataillons, pour reconquérir ses colonies mais le commandant de l'un de ses bataillons, Rafael del Riego, déclenche une mutinerie en réclamant un retour à la constitution de 1812 et la révolte se répand dans tout le pays, contraignant Ferdinand VII à gouverner de façon plus libérale[JR 1]. Cette période va durer jusqu'en 1823, date à laquelle l'expédition française en Espagne va rétablir l'absolutisme. Cette situation troublée en Espagne a de fortes conséquences sur les évènements en Amérique du Sud car non seulement la nouvelle expédition espagnole ne voit jamais le jour mais, de plus, le moral des troupes royalistes sur le continent américain chute considérablement, entraînant de nombreuses désertions. Au niveau politique, les Cortes Generales qui détiennent le pouvoir en Espagne de 1820 à 1823 cherchent plus à négocier avec les insurgés hispano-américains qu'à les combattre, pensant naïvement que le retour du libéralisme en Espagne peut les convaincre de renoncer à leurs projets d'indépendance[JR 2].
Opérations contre les royalistes de Pasto
En 1821, après la bataille de Carabobo, le congrès constituant de CĂşcuta a nommĂ© SimĂłn BolĂvar prĂ©sident de la RĂ©publique, et Santander vice-prĂ©sident[E 1]. BolĂvar effectue les prĂ©paratifs la mĂŞme annĂ©e : il organise une armĂ©e de quatre mille soldats, il laisse la PrĂ©sidence Ă Santander et il part au sud. Initialement, le Libertador veut vĂ©hiculer la troupe par mer Ă bord de trois brigantines, mais alors qu'il s'apprĂŞte Ă s'embarquer au port de Buenaventura apparait une escadre espagnole envoyĂ©e par Juan de la Cruz MourgeĂłn depuis l'actuelle cĂ´te septentrional du l'Équateur et constituĂ©e d'une corvette, quatre goĂ©lettes et trois transports. La faiblesse de la marine colombienne dans le Pacifique en comparaison de la marine espagnole l'oblige Ă prendre la route terrestre, plus ardue du fait de la difficultĂ© du terrain que reprĂ©sente les Andes et qui, avec les maladies, produit des pertes majeures dans l'armĂ©e qu'il ne peut pas replacer avec les contingents qu'il trouve en chemin. Ă€ l'arrivĂ©e Ă Popayán, il se renforce avec 1 200 hommes appartenant Ă la division du gĂ©nĂ©ral Pedro LeĂłn Torres (es). Il attend dans la province de Popayán des renforts demandĂ©s au gouvernement, mais ils ne lui sont pas accordĂ©s et il poursuit sa route vers Pasto.
La ville de Pasto est un bastion royaliste depuis le dĂ©but de l'Ă©mancipation nĂ©o-grenadine. Le territoire entre Quito et Popayán est aux mains des guĂ©rillas pastusas, qui ont par le passĂ© dĂ©fait diverses armĂ©es nĂ©o-grenadines envoyĂ©es pour pacifier la rĂ©gion. La rĂ©sistance de la population et la difficultĂ© du terrain font de la rĂ©gion une position de grande capacitĂ© dĂ©fensive oĂą les guĂ©rillas royalistes conduites par le gĂ©nĂ©ral AgustĂn Agualongo (es) ont maintenir leur rĂ©sistance par longtemps. Par exemple, après la bataille de Boyacá () le commandant royaliste Sebastián de la Calzada qui gardait la ville de Santa Fe de Bogotá s'est retirĂ© vers Pasto oĂą il a rĂ©ussi Ă organiser une armĂ©e de 4 000 hommes et il a attaquĂ© Popayán (). Après quelques affrontements dans la VallĂ©e du Cauca, Calzada a Ă©tĂ© relevĂ© de son commandement et envoyĂ© au Venezuela alors que les pastusos ont continuĂ© la rĂ©sistance.
Le Libertador souhaite donc Ă©viter PatĂa et Pasto, prĂ©fĂ©rant attaquer Quito en dĂ©plaçant son armĂ©e par mer jusqu'Ă Guayaquil. Il compte Ă©galement sur le soutien du gouvernement chilien et de JosĂ© de San MartĂn pour libĂ©rer Quito. Dans une lettre datĂ©e du et destinĂ©e Ă Saint-MartĂn, il estime que les royalistes vĂ©nĂ©zuĂ©liens, Ă©crasĂ©s Ă Carabobo, seront bientĂ´t chassĂ©s de Puerto Cabello et que la puissante flotte chilienne de Lord Cochrane pourrait vĂ©hiculer son armĂ©e[E 2]. En octobre de la mĂŞme annĂ©e, 4 000 soldats colombiens embarqueraient Ă Santa Marta vers Panama oĂą ils rejoindraient un autre contingent Ă l'effectif similaire. De lĂ , les deux contingents navigueraient jusqu'Ă Guayaquil, oĂą 3 000 rĂ©publicains sont cantonnĂ©s. Plus tard, plus de 4 000 soldats sortiraient de Buenaventura pour renforcer le port Ă©quatorien avec deux ou trois milliers de rĂ©servistes armĂ©s de fusils. La force en prĂ©sence comptabiliserait un total de 10 000 Ă 12 000 Ă©lĂ©ments[E 3]. Cependant, l'Ă©loignement des cĂ´tes pĂ©ruviennes et Ă©quatoriennes de ses bases empĂŞche Cochrane d'agir[E 4]. Finalement, BolĂvar se rĂ©signe, abandonne ses plans et se fait Ă idĂ©e de marcher avec quelque 4 000 hommes sur PatĂa et Pasto[E 5].
Opérations en Équateur
DĂ©but janvier 1821, BolĂvar envoie Ă Guayaquil le gĂ©nĂ©ral JosĂ© Mires avec d'importants moyens matĂ©riels, puis son meilleur gĂ©nĂ©ral, Antonio JosĂ© de Sucre, en remplacement de Mires[BP 1]. Sucre arrive le avec quelque 650 soldats colombiens qui s'ajoutent aux 1 400 soldats guayaquileños. Les instructions donnĂ©es Ă Sucre sont les suivantes : prendre le commandement des troupes qui se trouvent Ă Guayaquil, assurer l'incorporation de la province Ă la Colombie et prĂ©parer en liaison avec le Liberator les opĂ©rations qui contribueraient Ă libĂ©rer Quito.
Sucre signe un accord avec le gouvernement de Guayaquil et place ses troupes à Samborondón et Babahoyo pour interdire l'entrée de la province aux royalistes. Le , un soulèvement anticolombien et pro-réaliste survient, qui est réprimé avec succès. Les royalistes, ayant connaissance de la rébellion, tentent de l'appuyer. Le gouverneur Aymerich se dirige vers le sud avec 2 000 hommes, tandis que le colonel Gonzalez marche de Cuenca à Guayaquil, menaçant les communications de Sucre qui s'avance pour combattre Aymerich. Conscient du mouvement de Gonzalez, Sucre se retire pour l'affronter et le battre le 19 août lors de la bataille de Yaguachi[OV 1].
La victoire obtenue lors de la bataille de Yaguachi signifie l'indĂ©pendance totale de la province de Guayaquil. Sucre retourne dans le Nord pour faire face Ă Aymerich, mais celui-ci s'est retirĂ© vers le nord. L'armĂ©e patriote poursuit les royalistes sur un long chemin, mais la situation politique Ă Guayaquil force Sucre Ă y retourner. Les campagnes d'indĂ©pendance continuent dans la rĂ©gion inter-andine, oĂą un contingent militaire de l'ArmĂ©e pĂ©ruvienne envoyĂ© par JosĂ© de San MartĂn et commandĂ© par le colonel AndrĂ©s de Santa Cruz vient renforcer l'armĂ©e patriote. La campagne conjointe des forces colombo-pĂ©ruviennes s'achève le par la bataille de Pichincha[19], qui assure la libĂ©ration de la totalitĂ© de l'ancienne Real audiencia de Quito.
Rencontre de Guayaquil
Cinq jours après la victoire sur les pentes du Pichincha, Quito accepte l'annexion et déclare l'intégration à la Colombie de l'ensemble du territoire de la Real audiencia de Quito. Cuenca et Loja acceptent immédiatement la décision.
Le problème est que la Province Libre de Guayaquil, en tant qu'État souverain, n'est pas reconnu. À Guayaquil émergent trois partis politiques :
- Les colombianistas, partisans de l'annexion de Guayaquil Ă la Grande Colombie.
- Les peruanistas, défenseurs de l'incorporation de Guayaquil à la République du Pérou.
- Les independientes, convaincus que la Province Libre de Guayaquil doit rester un État libre et indĂ©pendant, dont fait notamment partie JosĂ© JoaquĂn de Olmedo.
Face au danger du maintien d'un bastion royaliste en AmĂ©rique du Sud (c'est encore le cas de la Vice-royautĂ© du PĂ©rou, qui n'est pas totalement conquise), BolĂvar accepte l'invitation de Saint-Martin d'unir leurs forces. BolĂvar choisit la ville de Guayaquil comme lieu de l'entrevue.
Le , BolĂvar arrive Ă Guayaquil, statuant que la province doit se joindre Ă la Colombie. Dans un premier temps, il estime que l'incorporation doit se faire Ă la suite d'un vote libre et spontanĂ©, mais, en raison d'un groupe de riches marchands voulant garder le contrĂ´le (et s'il ne parviennent pas Ă l'obtenir, rejoindre le PĂ©rou), SimĂłn BolĂvar assume tous les pouvoirs et place la ville de Guayaquil sous la protection de la RĂ©publique de Colombie, se chargeant du commandement politique et militaire.
Quelques jours plus tard, le , San MartĂn, arrivĂ© la veille avec ses collaborateurs et son escorte dirigĂ©e par Pedro Nolasco Fonseca (es) Ă bord de la goĂ©lette Macedonia, s'entretient seul Ă seul avec SimĂłn BolĂvar[20].
La nuit du , BolĂvar invite San MartĂn Ă un banquet. Ă€ la moitiĂ© de celui-ci et dans le plus grand secret, San MartĂn se retire et fait voile vers le PĂ©rou en laissant une partie de son armĂ©e de Bolivar[21].
Les deux hommes se sont rencontrés seuls et sans témoins, de sorte que nul ne sait ce que les deux Libertadores se sont dit. Toutefois, deux questions principales ont probablement été débattues : le sort de la province de Guayaquil et la fin de la campagne contre les royalistes, dont la dernière étape est de débarrasser le Pérou récemment indépendant des royalistes, certaines régions des hauts plateaux péruviens abritant les derniers vestiges des armées royalistes installées en Amérique du Sud[21].
Opérations au Pérou
Ă€ la suite de sa rencontre avec BolĂvar Ă Guayaquil, San MartĂn renonce Ă toutes ses fonctions en arrivant au PĂ©rou. AccompagnĂ© d'une petite escorte et d'un assistant, la mĂŞme nuit, il se rend Ă cheval Ă AncĂłn, au nord-est de Lima. C'Ă©tait le , le jour mĂŞme de l'installation du premier Congrès constituant de la RĂ©publique du PĂ©rou[22]. Ă€ l'aube du 22 septembre, sur le brick "Belgrano", il embarque pour ValparaĂso.
Au PĂ©rou, le Protectorat de San MartĂn est remplacĂ© par un comitĂ© directeur, composĂ© du gĂ©nĂ©ral JosĂ© de La Mar, du marchand Antonio Felipe Alvarado et du comte Manuel Salazar y BaquĂjano. Le premier Congrès promulgue la Constitution le , la première constitution de la RĂ©publique de tendance clairement libĂ©ralisme.
Avec San MartĂn disparu de la scène, BolĂvar accepte d'envoyer ses forces pour aider le PĂ©rou. Ainsi, Ă l'arrivĂ©e de Simon BolĂvar, le Congrès constituant suspend ses activitĂ©s et donne des pouvoirs dictatoriaux Ă BolĂvar. La rĂ©gion andine du PĂ©rou et le Haut-PĂ©rou demeurent alors les derniers bastions espagnols en AmĂ©rique du Sud. Deux armĂ©es envoyĂ©es les conquĂ©rir sont successivement mises en dĂ©route en 1822 et en 1823 mais, Ă la suite de l'arrivĂ©e de la nouvelle de l'intervention française en Espagne et au rĂ©tablissement de l'absolutisme par Ferdinand VII, un conflit Ă©clate entre le vice-roi JosĂ© de la Serna et une partie de ses officiers partisans de l'absolutisme. Durant toute la première moitiĂ© de l'annĂ©e 1824, libĂ©raux et absolutistes se combattent entre eux et offrent aux patriotes sud-amĂ©ricains l'occasion de terminer la guerre[JK 1].
BolĂvar confie Ă Sucre une armĂ©e composĂ©e en grande partie de vĂ©tĂ©rans qui, le 9 dĂ©cembre 1824, dĂ©truit l'armĂ©e supĂ©rieure en nombre mais moins expĂ©rimentĂ©e de JosĂ© de la Serna lors de la bataille d'Ayacucho. Ă€ la suite de cette victoire, les seuls ennemis qui restent aux insurgĂ©s sont les troupes absolutistes qui tiennent le Haut-PĂ©rou et celles-ci capitulent le après la mort de leur commandant, ce qui met fin aux guerres d'indĂ©pendance en AmĂ©rique du Sud. BolĂvar est alors favorable Ă une union entre le PĂ©rou et le Haut-PĂ©rou mais les principaux leaders de la rĂ©gion se rĂ©unissent en congrès oĂą ils se dĂ©clarent favorables Ă l'indĂ©pendance. BolĂvar laisse alors la dĂ©cision finale Ă Sucre et ce dernier, en accord avec le congrès, proclame l'indĂ©pendance du Haut-PĂ©rou le 6 aoĂ»t 1825, ce nouveau pays Ă©tant baptisĂ© en son honneur la Bolivie[23].
Notes et références
Références bibliographiques
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Autres références
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Campañas del Sur » (voir la liste des auteurs).
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Annexes
Articles connexes
Bibliographie
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