Rencontre de Guayaquil
La rencontre de Guayaquil (espagnol : entrevista de Guayaquil) est le nom donnĂ© Ă l'entrevue des deux libĂ©rateurs de l'AmĂ©rique du Sud, le VĂ©nĂ©zuĂ©lien SimĂłn BolĂvar et l'Argentin JosĂ© de San MartĂn, Ă Guayaquil, le .
Date | |
---|---|
Lieu | Guayaquil, Équateur |
Issue | Annexion de Guayaquil et de l'ancienne Real audiencia de Quito Ă la Grande Colombie |
SimĂłn BolĂvar | JosĂ© de San MartĂn |
m Campagne de Pasto (1821-1823)
Rencontre de Guayaquil (26 juillet 1822)
Campagne du PĂ©rou (1823-1826)- MotĂn de Balconcillo (es)
- Campagne d'Intermedios de Santa Cruz
- Bataille de Zepita (es)
- Combat d'Arequipa (es)
- Combat d'Alzuri (es)
- Soulèvement de Callao (es)
- Rébellion d'Olañeta (es)
- Bataille de JunĂn
- Combat de Bellavista (es)
- Bataille de Corpahuaico (es)
- Bataille d'Ayacucho
- Campagne de Sucre dans le Haut-PĂ©rou
- Combat de Tumusla
- Second siège de Callao (es)
m
RĂ©volution de Quito (1809-1812)
Campagne de Guayaquil (1820-1821)
Campagne de Quito (1821-1822)
Rencontre de Guayaquil (26 juillet 1822)
Ibarra (2) (17 juillet 1823)Les objectifs de cette rencontre étaient de discuter de la souveraineté sur la province de Guayaquil, intégrée jusque-là à la Vice-royauté du Pérou, de la libération du Pérou et, de manière générale, de la consolidation de l'indépendance de l'Amérique du Sud libérée.
Contexte
Le , Antonio JosĂ© de Sucre dĂ©fait les royalistes lors de la bataille de Pichincha et occupe Quito le 25 mai. Le contingent pĂ©ruvien qui intervient dans cette bataille est composĂ© de 1 600 soldats sous le commandement du colonel AndrĂ©s de Santa Cruz et a rejoint les forces patriotes colombiennes Ă Saraguro le . Par la suite, SimĂłn BolĂvar met une pression diplomatique sur Guayaquil, afin de l'annexer Ă la Grande Colombie. Le libĂ©rateur du Nord SimĂłn BolĂvar comme le libĂ©rateur du Sud JosĂ© de San MartĂn sont convaincus que le sort de l'indĂ©pendance amĂ©ricaine doit se jouer sur le sol pĂ©ruvien, c'est pourquoi SimĂłn BolĂvar propose de rejoindre le PĂ©rou[1].
Avant les Ă©vĂ©nements de Guayaquil, San MartĂn a symboliquement proclamĂ© l'IndĂ©pendance du PĂ©rou le . Il a organisĂ© le premier Congrès constituant de la RĂ©publique du PĂ©rou (es), le . 79 dĂ©putĂ©s ont Ă©tĂ© Ă©lus. Le congrès fondateur est devenu opĂ©rationnel le . Après son installation Ă la mĂŞme date, le Congrès a offert au gĂ©nĂ©ral JosĂ© de San MartĂn des pouvoirs dictatoriaux qu'il a refusĂ©s. Le Congrès modifie son offre en lui donnant le titre de Fundador de la Libertad del PerĂş y GeneralĂsimo de las Armas, un titre honorifique que le gĂ©nĂ©ral San MartĂn a acceptĂ©. Le Congrès installĂ© a Ă©lu Ă sa prĂ©sidence le religieux Francisco Xavier de Luna Pizarro.
L'indépendance de Guayaquil
Après le , Guayaquil, sous la direction politique de JosĂ© JoaquĂn de Olmedo et d'autres patriotes, a proclamĂ© son indĂ©pendance de l'Espagne. Plus tard dans la mĂŞme annĂ©e, il a crĂ©Ă© un nouveau pays appelĂ© Province libre de Guayaquil, dont le prĂ©sident est Olmedo.
Après l'Ă©popĂ©e libertaire, JosĂ© JoaquĂn de Olmedo a demandĂ© l'aide de SimĂłn BolĂvar pour sauvegarder l'indĂ©pendance de la ville et poursuivre la libĂ©ration du reste de la Real audiencia de Quito. BolĂvar a envoyĂ© son meilleur gĂ©nĂ©ral, Antonio JosĂ© de Sucre, avec plusieurs centaines de soldats.
Sucre a signĂ© un traitĂ© avec les guayaquileños qui place la ville sous la protection de la Colombie, puis a rĂ©organisĂ© ses forces et a vaincu les royalistes sur les pentes du Pichincha le , occupant Quito un jour plus tard. Pour cette campagne, BolĂvar a recherchĂ© l'aide de San MartĂn, qui a envoyĂ© 1 600 soldats, sous le commandement d'AndrĂ©s de Santa Cruz, qui ont participĂ© aux batailles de Riobamba et Pichincha.
Cinq jours après la victoire sur les pentes du Pichincha, Quito accepte l'annexion et déclare l'intégration à la Colombie de l'ensemble du territoire de la Real audiencia de Quito. Cuenca et Loja acceptent immédiatement la décision.
Le problème est que la Province libre de Guayaquil, en tant qu'État souverain, n'est pas reconnue. À Guayaquil émergent trois partis politiques :
- les colombianistas, partisans de l'annexion de Guayaquil Ă la Grande Colombie ;
- les peruanistas, défenseurs de l'incorporation de Guayaquil à la République du Pérou ;
- les independientes, convaincus que la Province libre de Guayaquil doit rester un État libre et indĂ©pendant, dont fait notamment partie JosĂ© JoaquĂn de Olmedo.
Face au danger du maintien d'un bastion royaliste en AmĂ©rique du Sud (c'est encore le cas de la Vice-royautĂ© du PĂ©rou, qui n'est pas totalement conquise), BolĂvar accepte l'invitation de San MartĂn d'unir leurs forces. BolĂvar choisit la ville de Guayaquil comme lieu de l'entrevue[2].
Le , BolĂvar arrive Ă Guayaquil, statuant que la province doit se joindre la Colombie. Dans un premier temps, il estime que l'incorporation doit se faire Ă la suite d'un vote libre et spontanĂ©, mais, en raison d'un groupe de riches marchands voulant garder le contrĂ´le (et s'ils ne parviennent pas Ă l'obtenir, rejoindre le PĂ©rou), SimĂłn BolĂvar assume tous les pouvoirs et place la ville de Guayaquil sous la protection de la RĂ©publique de Colombie, se chargeant du commandement politique et militaire.
La rencontre de Guayaquil
Quelques jours plus tard, le , San MartĂn, arrivĂ© la veille avec ses collaborateurs et son escorte dirigĂ©e par Pedro Nolasco Fonseca (es) Ă bord de la goĂ©lette Macedonia, s'entretient seul Ă seul avec SimĂłn BolĂvar[3].
La nuit du , BolĂvar invite San MartĂn Ă un banquet. Ă€ la moitiĂ© de celui-ci et dans le plus grand secret, San MartĂn se retire et fait voile vers le PĂ©rou en laissant une partie de son armĂ©e de Bolivar[4] - [5].
Les deux hommes se sont rencontrés seuls et sans témoins, de sorte que nul ne sait ce que les deux Libertadores se sont dit. Toutefois, deux questions principales ont probablement été débattues : le sort de la province de Guayaquil et la fin de la campagne contre les royalistes, dont la dernière étape est de débarrasser le Pérou récemment indépendant des royalistes, certaines régions des hauts plateaux péruviens abritant les derniers vestiges des armées royalistes installées en Amérique du Sud[4] - [6].
Événements postérieurs
L'annexion forcĂ©e de la Province libre de Guayaquil Ă la Grande Colombie provoque l'exil volontaire de JosĂ© JoaquĂn de Olmedo, qui Ă©crit Ă BolĂvar une lettre dĂ©crivant son dĂ©saccord avec les mesures prises pour son peuple. Le , la ville de Guayaquil dĂ©clare son annexion Ă la Grande Colombie et avec elle le reste de l'Ă©phĂ©mère nation guayaquileña.
En arrivant au PĂ©rou San MartĂn renonce Ă toutes ses fonctions. AccompagnĂ© d'une petite escorte et d'un assistant, la mĂŞme nuit, il se rend Ă cheval Ă AncĂłn, au nord-est de Lima. C'Ă©tait , le jour mĂŞme de l'installation du premier Congrès constituant de la RĂ©publique du PĂ©rou[7]. Ă€ l'aube du 22 septembre, sur le brick "Belgrano", il s'embarque pour Valparaiso.
Au PĂ©rou, le Protectorat de San MartĂn est remplacĂ© par un comitĂ© directeur, composĂ© du gĂ©nĂ©ral JosĂ© de La Mar, du marchand Antonio Felipe Alvarado et du comte Manuel Salazar y BaquĂjano. Le premier Congrès promulgue la Constitution le , la première constitution de la RĂ©publique de tendance clairement libĂ©ralisme. Avec San MartĂn disparu de la scène, BolĂvar accepte d'envoyer ses forces pour aider le PĂ©rou. Ainsi, Ă l'arrivĂ©e de Simon BolĂvar, le Congrès constituant suspend ses activitĂ©s et donne des pouvoirs dictatoriaux Ă BolĂvar.
Notes et références
- « La rencontre de Guayaquil et la libération de l'Amérique du Sud », sur rtbf.be, RTBF, (consulté le ).
- JosĂ© de San MartĂn et Jacques Joset, Correspondance et autres Ă©crits du Libertador JosĂ© de San MartĂn, Éditions de l'ULG, , 187 p. (lire en ligne).
- (es) La Entrevista de Guayaquil, www.laguia2000.com, 11 août 2007
- (es) Don JosĂ© de San MartĂn, www.todo-argentina.net
- Revue française d'histoire d'outre-mer, vol. 83, La Société, (lire en ligne), p. 32.
- (es) « Un colombiano encontrĂł en el Archivo Nacional del Ecuador une carta que relata el encuentro de BolĂvar con San MartĂn en Guayaquil, y pone fin a dos siglos de mitos y polĂ©micas », sur semana.com, Semana, (consultĂ© le ).
- (es) 26 de Julio - Entrevista de Guayaquil, www.deperu.com
Bibliographie
- (es) Vicente Lecuña, La entrevista de Guayaquil: restablecimiento de la verdad histórica, Fundación Vicente Lecuna, (lire en ligne)
- (es) Julio César Cháves, La entrevista de Guayaquil, Eudeba, (lire en ligne)
- (es) Ricardo Rojas, El conflicto y la entrevista de Guayaquil, (lire en ligne)
- (es) Julio César Cháves, La entrevista de Guayaquil, Edit. Losada, (lire en ligne)
- (es) Vicente Fidel Lopez, El Conflicto y La Entrevista de Guayaquil, Nabu Press, (lire en ligne)
- (es) Julián Fuentes-Figueroa RodrĂguez, La entrevista de Guayaquil: El Libertador y San MartĂn en Guayaquil, Formateca, (lire en ligne)