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Andrés de Santa Cruz

AndrĂ©s de Santa Cruz, nĂ© le Ă  La Paz en Bolivie et mort le Ă  Beauvoir-sur-Mer en France, Ă©tait un militaire et un homme d'État sud-amĂ©ricain qui fut marĂ©chal du PĂ©rou, de Bolivie et de Colombie tout en Ă©tant successivement prĂ©sident du PĂ©rou, prĂ©sident Ă  vie de la Bolivie et enfin le « Protecteur suprĂȘme » de la ConfĂ©dĂ©ration pĂ©ruvio-bolivienne de 1836 Ă  1839.

Andrés de Santa Cruz
Illustration.
Portrait du marĂ©chal suprĂȘme AndrĂ©s Santa Cruz.
Fonctions
Protecteur suprĂȘme de la ConfĂ©dĂ©ration pĂ©ruvio-bolivienne
–
(3 ans, 6 mois et 18 jours)
PrĂ©dĂ©cesseur Lui-mĂȘme
(président de la Bolivie)
Felipe Santiago Salaverry
(président du Pérou)
Successeur José Miguel de Velasco Franco
(président de la Bolivie)
AgustĂ­n Gamarra
(président du Pérou)
Président de la République de Bolivie
–
(6 ans, 8 mois et 14 jours)
Prédécesseur José Miguel de Velasco Franco
Successeur Lui-mĂȘme
(protecteur suprĂȘme de la confĂ©dĂ©ration pĂ©ruvio-bolivienne)
Présidents de la République péruvienne
–
(4 mois et 12 jours)
Prédécesseur Simón Bolívar
Successeur Manuel Salazar y BaquĂ­jano
Biographie
Titre complet Grand maréchal du Pérou
Maréchal de Bolivie
Maréchal de Colombie
Nom de naissance Andres de Santa Cruz y Calahumana
Date de naissance
Lieu de naissance La Paz (Vice-royauté du Pérou)
Date de dĂ©cĂšs (Ă  72 ans)
Lieu de décÚs Beauvoir-sur-Mer (Empire français)
SĂ©pulture CimetiĂšre Notre-Dame de Versailles
Nationalité Espagnole
PĂ©ruvienne
Bolivienne
Colombienne
Française
Conjoint Francisca Cernadas
Profession Militaire

Signature de

Andrés de Santa Cruz
Présidents de la République péruvienne
Présidents de la République de Bolivie

Fils d'un couple de colons espagnols, il Ă©tudia au collĂšge de San Francisco de La Paz avant d'entrer Ă  l'universitĂ© de San Antonio Abad de Cuzco aux cĂŽtĂ©s du futur gĂ©nĂ©ral pĂ©ruvien AgustĂ­n Gamarra. Au dĂ©but des guerres d'indĂ©pendance, il combat dans l'armĂ©e royaliste espagnole sous les ordres du vice-roi JoaquĂ­n de la Pezuela avant d'ĂȘtre fait prisonnier Ă  la bataille de la Tablada en dĂ©cembre 1820.

Il dĂ©cida de se mettre au service des armĂ©es patriotes, entrant dans l'armĂ©e de JosĂ© de San Martin en 1821. Sa plus grande bataille fut celle de Pichincha oĂč il fut chef d'État Major. Il devint ensuite gĂ©nĂ©ral et participe Ă  la Bataille de JunĂ­n, Ă  l'issue de laquelle il est fait marĂ©chal.

En janvier 1827, aprĂšs avoir Ă©tĂ© prĂ©fet de La Paz, il devient prĂ©sident du PĂ©rou. Il dĂ©missionne le 9 juin pour passer au Chili oĂč il devint ministre plĂ©nipotentiaire de Bolivie. ArrivĂ©e Ă  La Paz, il prend le pouvoir et se fait proclamĂ© prĂ©sident Ă  vie de la Bolivie en 1829, pays qu'il dirigera pendant prĂšs de 10 ans. DĂ©but des annĂ©es 1830 il fut appelĂ© par le prĂ©sident pĂ©ruvien Orbegoso, pour remettre de l'ordre dans le pays, ce pourquoi il entreprit une campagne militaire. À l'issue de cette campagne, il prend les pleins pouvoirs au PĂ©rou et instaure la ConfĂ©dĂ©ration pĂ©ruvio-bolivienne.

AprĂšs avoir occupĂ© le PĂ©rou en tant que dirigeant de la Bolivie, Santa Cruz se dĂ©cerna la fonction de « Protecteur suprĂȘme ». À la suite de l'effondrement de la ConfĂ©dĂ©ration, consĂ©cutif Ă  la bataille de Yungay le contre les troupes chiliennes, il tenta de reprendre le pouvoir Ă  plusieurs reprises, sans succĂšs. ExilĂ© en France, il vĂ©cut Ă  Versailles. Plus tard, reconnaissant ses grandes qualitĂ©s, la Bolivie, sous le gouvernement de Manuel Isidoro Belzu, lui confia la charge de diplomate en France, qu'il accomplit haut la main. Le gouvernement lui versa Ă©galement une pension de 6 000 pesos. Il meurt en France en 1865. Ses cendres ont Ă©tĂ© rapatriĂ©es officiellement en Bolivie en 1965, cent ans aprĂšs sa mort.

Jeunesse

AndrĂ©s de Santa Cruz est nĂ© le 5 dĂ©cembre 1792 dans la ville de La Paz. Fils d'une famille de la noblesse coloniale formĂ©e par le maĂźtre de champ JosĂ© de Santa Cruz y Villavicencio, noble membre crĂ©ole de l'Ordre de Santiago, originaire de Huamanga, aujourd'hui Ayacucho au PĂ©rou, et par Juana Basilia Calahumana hĂ©ritiĂšre d'une famille riche de la ville de Huarina, prĂšs du lac Titicaca[1]. Au moment de sa naissance, Santa Cruz Ă©tait classĂ© par son certificat de baptĂȘme comme espagnol, dĂ©nomination utilisĂ©e dans les colonies pour dĂ©signer la race blanche.

Il a terminé ses premiÚres études à l'école de San Francisco dans sa ville natale et à l'école de San Buenaventura del Cuzco. Dans cette derniÚre, il a rencontré celui qui sera plus tard son premier allié puis son plus féroce rival : Agustín Gamarra. Il s'est échappé de l'école en 1809 pour ne pas recevoir de chùtiment à cause de son comportement.

CarriĂšre militaire

Dans l'armée royaliste

À 17 ans et obĂ©issant Ă  son pĂšre, Santa Cruz rejoint l'armĂ©e royaliste espagnole en tant que lieutenant du rĂ©giment "Dragons d'Apollobamba ". Ainsi commença sa carriĂšre militaire, au dĂ©but des guerres d'indĂ©pendance hispano-amĂ©ricaines. En 1811, il a combattu Ă  la bataille de Huaqui, Ă  la suite de laquelle il a Ă©tĂ© promu lieutenant. Il a ensuite combattu sur les ordres du gĂ©nĂ©ral JoaquĂ­n de la Pezuela dans les batailles de Vilcapugio et d'Ayohuma, en 1813.

En 1815, il participa Ă  la rĂ©pression contre le soulĂšvement indĂ©pendantiste du brigadier Mateo Pumacahua et collabora Ă  l'extermination ultĂ©rieure des guĂ©rilleros dispersĂ©s. Il a ensuite participĂ© Ă  l'offensive sur TucumĂĄn sous les ordres du gĂ©nĂ©ral JosĂ© de la Serna. Il Ă©tait dĂ©jĂ  lieutenant-colonel lorsqu'il fut fait prisonnier par le gĂ©nĂ©ral Gregorio ArĂĄoz de Lamadrid le 15 avril 1817 lors de la bataille de la Tablada de Tolomosa. Prisonnier Ă  TucumĂĄn, il a ensuite Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© Ă  Las Bruscas, prĂšs de Buenos Aires. Il s'est enfui sur un navire anglais Ă  Rio de Janeiro et est revenu au PĂ©rou aprĂšs un long voyage. À son retour, il est rĂ©intĂ©grĂ© dans l'armĂ©e royaliste et se voit confier le commandement militaire du Chorrillos, d'oĂč il doit Ă©tendre sa surveillance Ă  Nazca, au sud. Ensuite, il a Ă©tĂ© chargĂ© du commandement des milices royalistes de Carabayllo, le mĂȘme qui a continuĂ© Ă  renforcer la division exceptionnelle des hauts plateaux du centre pour affronter les forces patriotiques du gĂ©nĂ©ral Juan Antonio Álvarez de Arenales. AprĂšs la bataille de Cerro de Pasco, le 6 dĂ©cembre 1820, il fut arrĂȘtĂ© et emmenĂ© au quartier gĂ©nĂ©ral des patriotes que le gĂ©nĂ©ral JosĂ© de San Martin avait Ă©tabli Ă  Huaura. LĂ , il dĂ©cide de changer de camp et d'embrasser la cause de l'indĂ©pendance.

Dans l'armée indépendantiste

Avec le grade de colonel, il a ensuite exercĂ© le gouvernement provincial de Piura oĂč il a organisĂ© deux bataillons pour renforcer les positions patriotiques dans les environs de Cuenca (aujourd'hui en Équateur).

Le courant libĂ©rateur du Nord, dirigĂ© par SimĂłn BolĂ­var et qui avait dĂ©jĂ  rendu indĂ©pendant le Venezuela et la Colombie, se dirigeait vers la province de Quito. De lĂ , Antonio JosĂ© de Sucre, lieutenant de Bolivar, a demandĂ© l'aide du PĂ©rou contre les Espagnols qui ont bloquĂ© son chemin dans la chaĂźne de montagnes de Quito. San Martin a acceptĂ© d'envoyer une division sous le commandement de Santa Cruz. Ainsi convergĂšrent les deux courants libĂ©rateurs, celui du Nord (initiĂ© au Venezuela par Bolivar) et celui du Sud (initiĂ© Ă  Rio de la Plata par Santa Cruz). Alors que Sucre, avec son armĂ©e reprĂ©sentait la Grande Colombie, Santa Cruz, avec ses 1 300 Ă  1 500 soldats pĂ©ruviens, incarnait la contribution du PĂ©rou Ă  la lutte pour l'Ă©mancipation de Quito et de l'AmĂ©rique en gĂ©nĂ©ral. La bataille de Pichincha a Ă©tĂ© menĂ©e le 24 mai 1822, ce qui a Ă©tĂ© une grande victoire pour les patriotes, qui ont immĂ©diatement pris Quito. À la suite de cette victoire, Santa Cruz a Ă©tĂ© promue brigadier-gĂ©nĂ©ral. Le CongrĂšs pĂ©ruvien lui dĂ©cerne Ă©galement la mĂ©daille du mĂ©rite le 22 octobre 1822.

AprĂšs la campagne de Quito, Santa Cruz a continuĂ© de participer Ă  la guerre d'indĂ©pendance sur le sol pĂ©ruvien. AprĂšs l'Ă©chec de la premiĂšre campagne intermĂ©diaire, il dirige le 26 fĂ©vrier 1823 une dĂ©claration qui impose au CongrĂšs la destitution du gouvernement suprĂȘme du PĂ©rou et la nomination du colonel JosĂ© de la Riva AgĂŒero Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique pĂ©ruvienne. Ce fut le premier coup d'État de l'histoire rĂ©publicaine du PĂ©rou.

Déjà prestigieux comme militaire compétent, Santa Cruz se voit confier le commandement de la deuxiÚme campagne intermédiaire, visant à affronter les derniers royalistes qui résistaient encore dans le sud du Pérou. Avant de partir, il a promis au CongrÚs de gagner ou de mourir, mais il ne fera ni l'un ni l'autre. Il a remporté les batailles de Zepita, Sicasica et Ayo, avec des résultats mitigés, et a finalement mené le retrait désastreux de son armée du Desaguadero vers la cÎte, à la recherche d'un port pour embarquer en septembre 1823.

En avril 1825, il fut élevé au rang maximum de grand maréchal et nommé préfet de Chuquisaca. Au Nouveau Pérou, la nouvelle République de Bolívar (aujourd'hui la Bolivie) a été créée, sous les auspices de Bolívar et avec Sucre comme premier président.

Président du Pérou

Portrait du maréchal Andrés de Santa Cruz.

Lorsque la mutinerie des troupes auxiliaires de la Colombie s'est abattue sur Lima et la réaction antibolivarienne subséquente du peuple de Lima le 27 janvier 1827, Santa Cruz a été retirée dans la ville d'été de Chorrillos. Une assemblée populaire a accepté de l'appeler pour lui demander sa permanence au sein du gouvernement, avec pour tùche de convoquer un congrÚs constitutif et de le réunir dans les trois mois pour élire le président constitutionnel et donner une nouvelle constitution. Santa Cruz a accepté et a ensuite présidé un conseil d'administration, composé de Manuel Lorenzo de Vidaurre, José de Morales y Ugalde, José María Galdeano et le général Juan Salazar.

Dans l'accomplissement de la mission confiĂ©e, Santa Cruz a convoquĂ© le deuxiĂšme CongrĂšs constitutif du PĂ©rou, qui aprĂšs les Ă©lections, a Ă©tĂ© installĂ© le 4 juin de la mĂȘme annĂ©e sous la prĂ©sidence du prĂȘtre Francisco Xavier de Luna Pizarro, de tendance libĂ©rale. Avant ladite assemblĂ©e, Santa Cruz a prĂ©sentĂ© sa dĂ©mission, mais celle-ci n'a pas Ă©tĂ© acceptĂ©e, il est donc restĂ© quelques jours de plus au pouvoir.

La prochaine tùche du CongrÚs était d'élire le Président de la République. Santa Cruz se présente comme candidat à la présidence de la République et est soutenu par les conservateurs, mais les députés libéraux du CongrÚs choisissent d'élire le maréchal José de La Mar le 9 juin 1827.

Santa Cruz était trÚs mécontente de cette élection, tout comme d'autres officiers militaires ambitieux tels que Agustín Gamarra, ils ont donc tous formé un triumvirat qui s'est mis au travail pour la chute de La Mar. Mais en attendant, le gouvernement l'a tenu à l'écart, le désignant comme le ministre plénipotentiaire du Pérou à Santiago du Chili. C'est là qu'en mai 1828 il y a eu l'invasion péruvienne de la Bolivie sous les ordres du général Gamarra qui, ayant pris les pleins pouvoirs au Pérou, avait l'objectif de mettre fin à l'influence bolivarienne dans ce pays. Le 6 juillet 1828, le traité de Piquiza est signé, par lequel le maréchal Antonio José de Sucre renonce au pouvoir qu'il exerçait en Bolivie et accepte de retirer les troupes colombiennes. Comme Gamarra, Santa Cruz a considéré que Bolívar avait commis une erreur en séparant le Haut et le Bas Pérou, alors ils ont proposé de les réunir à nouveau, bien que chacun ait un plan différent pour le réaliser.

Président à vie de Bolivie

AprĂšs la fin de l'influence colombienne en Bolivie, ce pays a Ă©tĂ© menacĂ© de sombrer dans l'anarchie. C'est alors que le CongrĂšs bolivien prit une dĂ©cision transcendantale: le 31 janvier 1829, il Ă©lit Santa Cruz prĂ©sident Ă  vie. Santa Cruz, qui Ă©tait au Chili, a demandĂ© au CongrĂšs pĂ©ruvien la permission d'assumer ladite investiture, qui a Ă©tĂ© accordĂ©e. Sur le chemin de la Bolivie, il passe par Arequipa, oĂč il Ă©pouse la pĂ©ruvienne Francisca Cernadas, avec laquelle il aura de nombreux descendants[2].

Le marĂ©chal prend les pleins pouvoirs le 24 mai 1829. Le mĂȘme jour, il a promulguĂ© une loi d'amnistie et abrogĂ© la Constitution Ă  vie de 1826. Organisant libĂ©ral, il a promu une sĂ©rie de mesures rĂ©formistes, pacifiĂ© le pays, rĂ©organisĂ© l'armĂ©e, restructurĂ© les finances publiques et apportĂ© des amĂ©liorations dans le domaine Ă©conomique et Ă©ducatif. En 1831, il dĂ©missionna du commandement provisoire devant l'AssemblĂ©e bolivienne (prĂ©sidĂ© par Casimiro Olañeta ), mais il reçut de nouveau le pouvoir, avec le grade de marĂ©chal et capitaine gĂ©nĂ©ral de l'armĂ©e bolivienne (il Ă©tait dĂ©jĂ  grand marĂ©chal de l'armĂ©e pĂ©ruvienne et gĂ©nĂ©ral de l'armĂ©e de La Colombie). Il a Ă©galement reçu le titre de grand citoyen restaurateur de la patrie.

Dans la pratique du pouvoir, Santa Cruz a régné en tant que dictateur, se comparant souvent à un monarque. Sous son influence, l'Assemblée bolivienne a donné la Constitution libérale de 1831, qui, entre autres mesures, a établi que le président aurait un pouvoir illimité. Sa mainmise sur la Bolivie entraßne des tensions avec le Pérou, dirigé par Gamarra, qui s'est également fait proclamé président à vie.

« Protecteur SuprĂȘme »

La marĂ©chal Santa Cruz, « protecteur suprĂȘme ».

Instabilité et tensions entre le Pérou et la Bolivie

À cette Ă©poque, le PĂ©rou vivait un Ă©tat d'anarchie. Le gĂ©nĂ©ral Felipe Santiago Salaverry, qui se proclame chef suprĂȘme du PĂ©rou en fĂ©vrier 1835, aprĂšs le dĂ©part de Gamarra, et prolongeant progressivement son mandat.

Banni en Bolivie, Gamarra, hostile Ă  Salaverry, tente de mettre en place une armĂ©e afin de reprendre le pouvoir suprĂȘme. Se mĂ©fiant de Gamarra, Santa Cruz apporte son soutien Ă  Salaverry. Compte tenu de la situation critique au PĂ©rou, Santa Cruz et Gamarra se sont rencontrĂ©es Ă  Chuquisaca, oĂč elles prĂ©voyaient de rĂ©aliser le projet de la ConfĂ©dĂ©ration pĂ©ruvienne bolivienne. Mais divergeant sur la division des deux pays, Gamarra et Santa Cruz ont rompu leurs nĂ©gociations.

Sans attendre, Gamarra franchit la frontiĂšre pĂ©ruvienne-bolivienne (mai 1835) et occupe Puno et Cuzco, oĂč il obtient l'adhĂ©sion d'importantes garnisons[3].

AlarmĂ© par la prĂ©sence de Gamarra sur le sol pĂ©ruvien, Salaverry a demandĂ© l'aide de la Bolivie, faisant usage d'une autorisation du CongrĂšs donnĂ©e pendant la guerre civile de 1834, qui lui permettait de demander une aide Ă©trangĂšre au cas oĂč la RĂ©publique serait en grave danger. Santa Cruz s'est intĂ©ressĂ© Ă  cette proposition, qu'il a trouvĂ©e trĂšs avantageuse, puis a dĂ©cidĂ© de mettre de cĂŽtĂ© ses relations avec Gamarra[4].

Le pacte entre Santa Cruz et Salaverry a Ă©tĂ© signĂ© le 15 juin 1835 et Santa Cruz lui-mĂȘme s'est engagĂ© Ă  envoyer son armĂ©e au PĂ©rou pour rĂ©tablir l'ordre, aprĂšs quoi il garantirait la formation d'une AssemblĂ©e reprĂ©sentative du nord du PĂ©rou et d'une autre du sud, qui a dĂ» dĂ©cider de la nouvelle forme de gouvernement du PĂ©rou. Ensuite et conformĂ©ment au pacte, Santa Cruz a envahi le PĂ©rou avec une armĂ©e de 5 000 Boliviens, qui s'Ă©tait prĂ©parĂ© pendant des annĂ©es Ă  cette fin[5].

Gamarra, enragé contre Santa Cruz, poursuit sa marche vers Lima.

Guerre civile

La guerre se dĂ©roule en deux temps. Dans un premier temps, elle oppose Santa Cruz Ă  Gamarra. L'armĂ©e de Gamarra est dĂ©finitivement vaincu par celle de Santa Cruz Ă  la bataille de Yanacocha. MalgrĂ© cela, Santa Cruz, rĂȘvant de son projet d'union entre les deux pays, se retourne contre son alliĂ©. Dans un deuxiĂšme temps, donc, la guerre oppose Santa Cruz Ă  Salaverry.

AprÚs un premier triomphe dans la bataille d'Uchumayo, Salaverry est totalement vaincu par Santa Cruz lors de la bataille de Socabaya, le 7 février 1836, et abattu le 18 à Arequipa.

Création de la confédération péruvio-bolivienne

Drapeau de la Confédération.

L'assemblĂ©e des dĂ©partements du sud du PĂ©rou (Cuzco, Arequipa, Ayacucho et Puno), rĂ©unie Ă  Sicuani, crĂ©e l'État pĂ©ruvien du Sud et nomme Santa Cruz comme protecteur suprĂȘme (mars 1836). Quelques mois plus tard, l'assemblĂ©e des dĂ©partements du nord (Amazonas, Lima, La Libertad et JunĂ­n) se rĂ©unit Ă  Huaura (aoĂ»t 1836), qui accepte de crĂ©er l'État du nord du PĂ©rou, accordant Ă©galement le pouvoir politique Ă  Santa Cruz en tant que protecteur suprĂȘme. D'un autre cĂŽtĂ©, en Bolivie, un congrĂšs extraordinaire (CongrĂšs de TapacarĂ­) s'est rĂ©uni en juin et a autorisĂ© Santa Cruz Ă  rĂ©aliser le projet de la ConfĂ©dĂ©ration.

Le 16 aoĂ»t 1836, Santa Cruz prit possession du commandement suprĂȘme Ă  Lima, en sa qualitĂ© de Protecteur suprĂȘme de l'État. Par dĂ©cret du 28 octobre de la mĂȘme annĂ©e, il a crĂ©Ă© la ConfĂ©dĂ©ration PĂ©rou-Bolivie, composĂ©e de trois États :

  • L'État pĂ©ruvien du Nord ;
  • L'État pĂ©ruvien mĂ©ridional ; et
  • L'État bolivien.

Santa Cruz a ensuite convoquĂ© un congrĂšs de plĂ©nipotentiaires des trois États, le soi-disant CongrĂšs de Tacna, pour discuter des fondements de la structure administrative de la ConfĂ©dĂ©ration. Ce CongrĂšs a donnĂ© la soi-disant «Loi fondamentale de la ConfĂ©dĂ©ration PĂ©rou-Bolivie», mieux connue sous le nom de Pacte de Tacna (mai 1837), qui officiait comme une magna carta ou constitution politique. Santa Cruz a Ă©tĂ© dĂ©signĂ©e comme Protecteur de la ConfĂ©dĂ©ration PĂ©rou-Bolivie, avec des pouvoirs extraordinaires, un mandat Ă  vie et un droit de succession.

Le Pacte de Tacna ne satisfaisant ni les boliviens ni les péruviens, principalement parce que les plénipotentiaires du CongrÚs avaient été imposés par Santa Cruz, ils décidérent de convoqué un autre congrÚs mais ce dernier fut annulée sous ordre de Santa Cruz.

Administration

Division en départements.

À cet Ă©gard, la politique rĂ©formiste de Santa Cruz fut vaste :

  • Il a rĂ©organisĂ© l'administration de la justice.
  • Dicta une rĂ©glementation du commerce et une rĂ©glementation des douanes.
  • Il mis en place des statistiques nationales.
  • Il a effectuĂ© un recensement sur le territoire pĂ©ruvien, qui a donnĂ© une population de 1 373 736 habitants.
  • Il a instaurĂ© une meilleure vigilance sur les revenus et dĂ©penses. Le dĂ©ficit budgĂ©taire national a disparu.
  • Il a crĂ©Ă© les ministĂšres de l'intĂ©rieur, des affaires Ă©trangĂšres, de la guerre et de la marine.
  • Il crĂ©e la LĂ©gion d'honneur, d'aprĂšs le modĂšle français.
  • Il a mis en vigueur au PĂ©rou les codes civil, pĂ©nal et des poursuites, ainsi que le RĂšglement des tribunaux, qui rĂ©gissait dĂ©jĂ  en Bolivie. Bien qu'elles aient nui au nationalisme des PĂ©ruviens, ces mesures signifiaient des progrĂšs substantiels, remplaçant l'ancienne lĂ©gislation coloniale confuse par une lĂ©gislation plus moderne.
  • Il a favorisĂ© les cultures de blĂ© et de canne Ă  sucre, ainsi que l'exportation de laine de mouton et de coton.
  • L'exploitation de l'or, de l'argent, du cuivre, du flĂ©au et du salpĂȘtre a augmentĂ©.
  • AmĂ©lioration des services de bienfaisance et d'instruction publique.
  • AmĂ©lioration de la BibliothĂšque nationale du PĂ©rou.

En contrepartie de ce travail administratif exceptionnel, Santa Cruz a commis des erreurs en adoptant des mesures qui ont nui aux sentiments nationalistes des PĂ©ruviens:

  • L'adoption pour les soldats pĂ©ruviens de l'uniforme de l'armĂ©e bolivienne.
  • Il a fait circuler la monnaie bolivienne Ă  faible teneur (fausse monnaie) sur le territoire pĂ©ruvien.

Guerre et fin de la Confédération

La crĂ©ation de la ConfĂ©dĂ©ration, ainsi que la figure de Santa Cruz comme sa plus haute autoritĂ©, ont suscitĂ© le mĂ©contentement des gouvernements du Chili et de l'Argentine, mais beaucoup plus de la part des premiers que des seconds. Ensuite, l'ennemi le plus acharnĂ© de la ConfĂ©dĂ©ration a rĂ©gnĂ© au Chili : le ministre Diego Portales. Bien que JosĂ© Joaquin Prieto Ă©tait le prĂ©sident du Chili, Portales Ă©tait celui qui dirigeait de facto le pays, dĂ©tenant trois des quatre ministĂšres existants (Affaires intĂ©rieures et Ă©trangĂšres; Justice, culte et instruction publique; Guerre et marine, c'est-Ă -dire tous sauf le TrĂ©sor public). Portales a vu le danger que la consolidation de la ConfĂ©dĂ©ration signifiait pour les intĂ©rĂȘts du Chili, car sous l'ombre de celle-ci l'hĂ©gĂ©monie continentale qu'il dĂ©sirait ardemment pour son pays ne pouvait pas ĂȘtre rĂ©alisĂ©e.

PrĂ©sentant une sĂ©rie de prĂ©textes, le gouvernement chilien dĂ©clare la guerre Ă  la ConfĂ©dĂ©ration le 26 dĂ©cembre 1836. Bien que l’idĂ©e d’aller en guerre contre la ConfĂ©dĂ©ration soit extrĂȘmement impopulaire dans l’opinion publique chilienne, la mort de Portales, le 3 juin 1837, abattu Ă  ValparaĂ­so par un bataillon qui se mutina prĂ©cisĂ©ment parce qu’il Ă©tait contre la guerre, a paradoxalement ouvert la voie Ă  l'entrĂ©e dĂ©finitive du Chili dans la guerre provoquĂ©e par Portales lui-mĂȘme, car maintenant, aprĂšs la mort du ministre, elle a bĂ©nĂ©ficiĂ© d'un grand soutien populaire.

Les Chiliens ont envoyĂ© une premiĂšre expĂ©dition au PĂ©rou, appelĂ©e "Restauradora" et qui Ă©tait commandĂ©e par l'amiral Manuel Blanco Encalada, et avec le soutien des Ă©migrants pĂ©ruviens opposĂ©s Ă  Santa Cruz, dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Antonio GutiĂ©rrez de la Fuente. AprĂšs avoir dĂ©barquĂ© Ă  Islay et occupĂ© Arequipa, les restaurateurs n'ont pas reçu le soutien de la population et ont Ă©tĂ© encerclĂ©s par les forces confĂ©dĂ©rĂ©es de Santa Cruz. Les deux parties ont conclu un traitĂ© de paix, appelĂ© le traitĂ© de Paucarpata le 17 novembre 1837, par lequel Santa Cruz autorisait les Chiliens Ă  retourner dans leur pays d'origine, Ă  condition de reconnaĂźtre la ConfĂ©dĂ©ration. Alors que de l'autre cĂŽtĂ©, les Boliviens contenaient l'offensive argentine, l'armĂ©e bolivienne, sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Otto Philipp Braun, bat la ConfĂ©dĂ©ration argentine lors de la bataille du MontĂ©nĂ©gro, rĂ©alisant son retrait dans la rĂ©gion de Tarija et passant mĂȘme la frontiĂšre.

Le gouvernement chilien a ignoré le traité de Paucarpata et une deuxiÚme expédition réparatrice est partie de Valparaíso. L'armée des émigrants péruviens fut dirigée cette fois par Agustín Gamarra, désireux de prendre sa revanche sur Santa Cruz avec l' "Armée Unie".

Cette expĂ©dition a dĂ©barquĂ© Ă  Ancon, Ă  environ 37 km au nord de Lima, c'est-Ă -dire sur le territoire de l'État nord-pĂ©ruvien, oĂč la cause de la confĂ©dĂ©ration n'Ă©tait pas aussi populaire que dans le sud. Les restaurateurs ont alors dĂ©cidĂ© de changer la scĂšne du combat. Ils se sont retirĂ©s dans la CallejĂłn de Huaylas, dans le nord du PĂ©rou, oĂč ils ont Ă©tĂ© approvisionnĂ©s et rĂ©organisĂ©s. AprĂšs une premiĂšre rencontre indĂ©cise Ă  Buin, les ConfĂ©dĂ©rĂ©s, avec Santa Cruz en tĂȘte, sont dĂ©finitivement battus lors de la bataille de Yungay le 20 janvier 1839.

Santa Cruz s'est enfui prĂ©cipitamment Ă  Lima, oĂč il est arrivĂ© aprĂšs quatre jours d'Ă©quitation. Les larmes aux yeux, il a informĂ© quelques amis de la dĂ©faite qu'il avait subie. Mais il n'a pas abandonnĂ© et a marchĂ© vers Arequipa dans le but de monter en Bolivie et de dĂ©clencher une guerre de reconquĂȘte. Mais en arrivant Ă  Arequipa, il a appris que deux armĂ©es se dirigeaient vers lui. Voyant tout perdu, il renonça Ă  tout son pouvoir le 20 fĂ©vrier 1839 et se dirigea vers le port d'Islay accompagnĂ© de quelques officiers fidĂšles. LĂ , il a embarquĂ© sur la frĂ©gate anglaise Sammarang, en direction de l'Équateur. Ainsi finit son gouvernement en tant que protecteur de l'État binational pĂ©ruvien et bolivien.

AprÚs la chute de Santa Cruz et la dissolution de la Confédération, Gamarra a repris les pleins pouvoirs au Pérou.

Exil et fin de vie

Au cours de ce sĂ©jour en Argentine, Santa Cruz s'est liĂ© avec la famille du prĂ©sident Justo JosĂ© de Urquiza. La fille d'Urquiza a Ă©pousĂ© le fils de Santa Cruz, SimĂłn. Quelque temps plus tard, le marĂ©chal vient en France et s'installe Ă  Versailles, oĂč sa famille vit. NommĂ© ambassadeur, diplomate et ministre plĂ©nipotentiaire par le gouvernement de Manuel Isidoro Belzu en Bolivie. Le marĂ©chal meurt le 25 septembre 1865 Ă  Beauvoir-sur-Mer, prĂšs de Nantes, et est inhumĂ© Ă  Versailles. Peu de temps auparavant, en apprenant le conflit entre l'Espagne et le PĂ©rou, il avait Ă©crit une lettre passionnante au prĂ©sident pĂ©ruvien Juan Antonio Pezet rappelant les gloires de l'indĂ©pendance et s'offrant pour tout ce qui Ă©tait nĂ©cessaire.

Notes et références

  1. Nils Jacobsen, CristĂłbal AljovĂ­n de Losada "Cultura polĂ­tica en los Andes, 1750-1950", pĂĄg. 133-134
  2. Basadre 1998, p. 228.
  3. Basadre 1998, p. 297.
  4. Basadre 1998, p. 298.
  5. Basadre 1998, p. 299.

Annexes

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