Juan Antonio Ălvarez de Arenales
Juan Antonio Ălvarez de Arenales (Reinoso, Espagne, 1770 â Moraya, Bolivie, 1831) Ă©tait un militaire et homme politique argentin[1].
Juan Antonio Ălvarez de Arenales | |
Juan Antonio Ălvarez de Arenales | |
Fonctions | |
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Gouverneur de la province de Salta | |
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Prédécesseur | José Ignacio de Gorriti (es) |
Successeur | José Ignacio de Gorriti |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Reinosa (Castille-et-LeĂłn, Espagne) |
Date de décÚs | |
Lieu de décÚs | Moraya (Bolivie) |
Nature du décÚs | Naturelle |
SĂ©pulture | Salta |
Nationalité | Argentine |
Parti politique | Parti unitaire |
PĂšre | Francisco Ălvarez Arenales |
MĂšre | MarĂa GonzĂĄlez |
Profession | Militaire (avec le grade de maréchal) |
Religion | Catholique |
RĂ©sidence | Salta |
Ayant embrassĂ© la carriĂšre militaire, il prit du service dans le Haut-PĂ©rou (subdivision de la vice-royautĂ© du RĂo de la Plata) et, quoique dâorigine espagnole, eut une part active dans la rĂ©volution (pour partie indĂ©pendantiste) de Chuquisa de 1809, organisant notamment la milice locale. Ayant pu, aprĂšs la reprise en main par les troupes espagnoles, Ă©chapper aux persĂ©cutions, il revint dans sa province de Salta et, dans les annĂ©es suivant la rĂ©volution de Mai (1810), apporta son concours Ă lâarmĂ©e du Nord de Belgrano lors de ses tentatives rĂ©pĂ©tĂ©es (pour lors infructueuses) de reconquĂ©rir le Haut-PĂ©rou, envahi par les troupes royalistes. En 1819, il sâenrĂŽla dans lâarmĂ©e des Andes mise sur pied par San MartĂn et eut un rĂŽle actif dans la conquĂȘte du Chili, du PĂ©rou et de lâĂquateur sur les Espagnols. Revenu dans sa province dĂ©but 1804 et nommĂ© gouverneur de Salta, il fit figure de bon gestionnaire, mais, de tendance unitaire, eut bientĂŽt maille Ă partir avec la faction fĂ©dĂ©raliste, qui tenta plusieurs coups de force, dont un finalement rĂ©ussit en 1827, le contraignant Ă lâexil en Bolivie et mettant fin Ă son activitĂ© politique.
Biographie
Il est gĂ©nĂ©ralement admis que Juan Antonio Ălvarez de Arenales naquit en Espagne, dans la localitĂ© dĂ©nommĂ©e Villa de Reinoso, en Vieille Castille, en 1770 ; selon dâautres auteurs cependant, il pourrait avoir vu le jour dans la ville de Salta, dans le nord de lâactuelle Argentine. Ses parents Ă©taient Francisco Ălvarez Arenales et MarĂa GonzĂĄlez.
En 1784, il dĂ©mĂ©nagea avec sa famille Ă Buenos Aires, oĂč il fut formĂ© en vue dâembrasser la carriĂšre ecclĂ©siastique ; Arenales toutefois choisit la carriĂšre militaire.
Engagements politiques et militaires dans le Haut-PĂ©rou
Ses Ă©tudes achevĂ©es, il fut casernĂ© dans le Haut-PĂ©rou, oĂč il prit part, le , Ă la rĂ©volution de Chuquisaca, le premier dâune sĂ©rie de mouvements rĂ©volutionnaires dĂ©clenchĂ©s dans la vice-royautĂ© du RĂo de la Plata au dĂ©but du siĂšcle et dirigĂ©s contre la domination espagnole. Ainsi eut-il un rĂŽle actif dans la crĂ©ation de la premiĂšre Junta (gouvernement local) Ă vouloir sâaffranchir de la tutelle coloniale espagnole. ChargĂ© du commandement militaire, il mit sur pied des milices, mais, lâinsurrection une fois matĂ©e par le corps expĂ©ditionnaire espagnol commandĂ© par le monarchiste Vicente Nieto, les troupes d'Arenales se dispersĂšrent et lui-mĂȘme fut mis en arrestation. EnvoyĂ© comme prisonnier aux casemates de Callao, il rĂ©ussit Ă sâenfuir, Ă une date inconnue, et sâen vint secrĂštement Ă Salta. LĂ , il Ă©pousa Serafina de GonzĂĄlez Hoyos, jeune fille issue d'une influente famille criolla (c'est-Ă -dire dâEspagnols nĂ©s aux AmĂ©riques), puis fut nommĂ© conseiller municipal au cabildo local. En 1812 cependant, Ă la suite de lâinvasion des troupes royalistes, il fut de nouveau mis en dĂ©tention.
AprĂšs que Manuel Belgrano, nommĂ© gĂ©nĂ©ral en chef des forces armĂ©es des Provinces-Unies du RĂo de la Plata, eut remportĂ© une victoire patriote dĂ©cisive Ă la bataille de TucumĂĄn, les 24 et , le gĂ©nĂ©ral-major Eustoquio DĂaz VĂ©lez parvint Ă reprendre Salta pour quelques jours, suffisamment longtemps que pour remettre Arenales en libertĂ©, avant que le gĂ©nĂ©ral vaincu PĂo TristĂĄn, revenu entre-temps, ne rĂ©ussĂźt Ă sâemparer Ă nouveau de la ville. Arenales, forcĂ© de fuir, se rendit auprĂšs de Belgrano, qui lui confĂ©ra le grade de colonel. Il participa, en tant que chef dâĂ©tat-major, Ă la bataille de Salta du . En reconnaissance de sa brillante contribution Ă cette nouvelle victoire des armĂ©es rĂ©volutionnaires, lâAssemblĂ©e de l'an XIII lui octroya la citoyennetĂ© argentine, Ă titre de rĂ©sident de la province de Salta.
Avec la DeuxiĂšme ExpĂ©dition auxiliaire dans le Haut-PĂ©rou (es), Arenales entra dans le Haut-PĂ©rou et fut dĂ©signĂ© gouverneur de Cochabamba. AprĂšs les dĂ©faites de Vilcapugio (en) et dâAyohĂșma, il tenta pendant un temps de dĂ©fendre sa province, mais fut battu. NĂ©anmoins, il se porta au secours dâIgnacio Warnes (es) pour prĂ©server la province de Santa Cruz de la Sierra. La guerre dâescarmouches quâil mena ensuite se rĂ©vĂ©la tellement efficace que le gĂ©nĂ©ral JoaquĂn de la Pezuela se vit contraint dâabandonner les provinces septentrionales argentines. De 1814 Ă 1816, Arenales resta Ă la tĂȘte de la rĂ©publiquette de Vallegrande (es), dans lâactuelle Bolivie.
Par sa victoire Ă la bataille de La Florida (es), oĂč il reçut de nombreuses blessures et manqua de laisser la vie, il permit Ă lâarmĂ©e du Nord, emmenĂ©e par JosĂ© Rondeau, de pĂ©nĂ©trer dans le Haut-PĂ©rou, pour une troisiĂšme tentative de rĂ©cupĂ©rer ce territoire et de le replacer sous lâautoritĂ© du gouvernement rĂ©volutionnaire de Buenos Aires, tandis quâArenales se rendait Ă nouveau maĂźtre de la ville de Cochabamba.
Lorsque les forces patriotes eurent Ă©tĂ© battues Ă Venta y Media (es), Rondeau, pour se rĂ©organiser, se dirigea vers Cochabamba, oĂč il fut cependant vaincu par Pezuela Ă la bataille de Sipe-Sipe, en . Arenales sâefforça de rĂ©sister pendant quelques semaines, mais subit une nouvelle dĂ©faite Ă Samaipata et dut sâen retourner Ă Salta.
Le PĂ©rou et la campagne des Andes
Ă Salta, Arenales, Ă©levĂ© au grade de gĂ©nĂ©ral, eut Ă affronter le caudillo MartĂn Miguel de GĂŒemes en raison de la maniĂšre dont celui-ci mettait en Ćuvre sa stratĂ©gie de guerra gaucha (es), laquelle, pour efficace quâelle fĂ»t dans la dĂ©fense de la frontiĂšre nord du pays, Ă©tait en mĂȘme temps trĂšs coĂ»teuse pour la province, en particulier pour les classes supĂ©rieures.
Ă la mi-1817, il fut nommĂ© commandant en chef de lâarmĂ©e provinciale de CĂłrdoba, qui menait alors une lutte quasi ininterrompue contre de petits groupes de gauchos rebelles, mais Arenales nâobtint pas de rĂ©sultats positifs contre ces combattants fĂ©dĂ©ralistes.
En 1819, il sâenrĂŽla dans lâarmĂ©e des Andes au Chili. Le gĂ©nĂ©ral JosĂ© de San MartĂn lui confia le commandement dâune division en vue de son ExpĂ©dition libĂ©ratrice du PĂ©rou (en). DĂšs son arrivĂ©e sur les lieux, il se chargea de diriger les deux importantes campagnes militaires dans la sierra pĂ©ruvienne, campagnes visant Ă se rendre maĂźtre de cette zone avant que les forces espagnoles royalistes ne pussent lâutiliser comme base dâopĂ©rations.
Durant la premiĂšre de ces campagnes, il remporta quatre victoires : Ă Palpa, Nazca, Cuesta de Tarma et, la plus importante, Ă la bataille de Cerro de Pasco (es). Il rĂ©ussit ainsi Ă sâemparer de plusieurs provinces pĂ©ruviennes pour le compte des patriotes : Ica, Huamanga, HuĂĄnuco, Huancavelica et Pasco. Les royalistes craignirent alors de perdre le contact avec lâintĂ©rieur, de sorte quâils Ă©vacuĂšrent Lima, et, quoique San MartĂn envoyĂąt Arenales entreprendre une deuxiĂšme campagne dans les montagnes, lâon ne put empĂȘcher le vice-roi JosĂ© de la Serna de se replier et dâoccuper tout lâintĂ©rieur du pays. Quelques guĂ©rillas dirigĂ©es par le futur caudillo de Mendoza JosĂ© FĂ©lix Aldao (es), tentĂšrent dâopposer une ultime rĂ©sistance aux Espagnols dans cette zone, mais Aldao aussi dut finalement se retirer.
AprĂšs la proclamation de lâindĂ©pendance du PĂ©rou en , Arenales fut nommĂ© gouverneur des provinces septentrionales du futur territoire pĂ©ruvien, oĂč le gouverneur de Trujillo Ă©tait passĂ© dans le camp patriote. LĂ , il fut chargĂ© de lâinstruction des troupes et de la prĂ©paration de la campagne militaire en Ăquateur, et en fut gratifiĂ© par le rang de grand marĂ©chal. Pour pouvoir continuer dâorganiser lesdites troupes, il sollicita lâaide du sĂ©nat pĂ©ruvien, mais le fit de façon quelque peu irrĂ©vĂ©rencieuse et en fut sanctionnĂ©. Peu avant lâentrevue de Guayaquil entre les libertadores JosĂ© de San MartĂn et SimĂłn BolĂvar, il tenta, mais sans succĂšs, dâintercĂ©der entre les deux hommes. Déçu, il se retira en 1823 Ă Salta.
Gouverneur de Salta
Le , il fut nommĂ© gouverneur de Salta. Sa gestion fut ordonnĂ©e et efficace, et il sâappliqua Ă Ă©tablir un gouvernement libĂ©ral Ă lâimage de celui que Bernardino Rivadavia avait instaurĂ© dans la province de Buenos Aires. LâannĂ©e suivante, il entreprit une ultime campagne dans le Haut-PĂ©rou, espĂ©rant liquider le dernier rĂ©duit royaliste subsistant dans ces provinces ; mais le gĂ©nĂ©ral royaliste Pedro de Olañeta mourut assassinĂ© par ses propres soldats, et ses efforts en dĂ©finitive nâaboutirent Ă rien. En outre, il Ă©choua Ă rĂ©intĂ©grer dans sa province la rĂ©gion de Tarija, qui en faisait partie auparavant.
Il engagea des troupes de Salta dans la guerre de Cisplatine, que se livraient alors lâEmpire du BrĂ©sil et les Provinces-Unies du RĂo de la Plata Ă la suite de la dĂ©cision de la Bande Orientale de se joindre Ă ce dernier Ătat avec le statut de province.
Il fut rĂ©Ă©lu gouverneur de sa province en 1826 et organisa une expĂ©dition de reconnaissance sur la riviĂšre rĂo Bermejo, dans le but de prĂ©venir les attaques des indigĂšnes du Chaco.
Cependant, les fĂ©dĂ©ralistes sâopposaient violemment Ă son gouvernement, lâaccusant de vouloir se perpĂ©tuer au gouvernorat de sa province. En dĂ©jĂ , une rĂ©volution avait Ă©clatĂ© contre lui, laquelle se termina par lâexĂ©cution de son meneur, le colonel Bernardino Olivera (es), hĂ©ros de la guerra gaucha. Si une nouvelle rĂ©volution, dĂ©clenchĂ©e en , avorta pareillement, celle qui survint en eut davantage de succĂšs. Arenales dĂ©pĂȘcha le colonel Francisco Bedoya (es) â celui-lĂ mĂȘme qui avait battu Francisco RamĂrez lors de son ultime bataille â pour affronter JosĂ© Ignacio Gorriti (es), mais Bedoya fut battu et pĂ©rit Ă Chicoana, le . La dĂ©faite des troupes du pouvoir en place contraignit Ălvarez de Arenales et ses partisans Ă sâexiler en Bolivie.
Il retourna dans sa province lors de la guerre civile de 1829, mais cessa dâĂȘtre actif en politique. AprĂšs la dĂ©faite des unitaires Ă la bataille de La Ciudadela, il sâen fut en Bolivie « pour visiter quelques parents ».
Mort
Arenales mourut dans la localitĂ© de Moraya, en Bolivie, en 1831, au logis du colonel JosĂ© Manuel Pizarro. Il y fut inhumĂ© dans lâossuaire commun, Ă lâexception du crĂąne, conservĂ© par le colonel Pizarro et remis ensuite dans la ville de Buenos Aires Ă MarĂa Josefa Arenales de Uriburu, fille du dĂ©funt et mĂšre du futur prĂ©sident de la RĂ©publique argentine, JosĂ© Evaristo Uriburu. En , ses restes furent transfĂ©rĂ©s Ă Salta et dĂ©posĂ©s dans le PanteĂłn de las Glorias del Norte de la RepĂșblica, Ă lâissue dâune Ă©mouvante cĂ©rĂ©monie civico-militaire dans la cathĂ©drale de Salta.
Traits de personnalité
Arenales Ă©tait un militaire avant tout, qui ne sâhabillait jamais en civil, qui se passait de serviteurs, sellant lui-mĂȘme sa mule, et au besoin, la ferrant lui-mĂȘme. Il ne permettait pas Ă quiconque de le traiter avec familiaritĂ© et respectait au pied de la lettre les hiĂ©rarchies militaires.
Il fut un patriote (indĂ©pendantiste) convaincu, favorable Ă la rĂ©volution survenue dans les Provinces-Unies du RĂo de la Plata et un lutteur infatigable pour le maintien de lâunitĂ© des territoires ainsi devenus indĂ©pendants de la couronne espagnole.
Liens externes
Corrélats
Références
- Eu égard à ses activités en Bolivie, il est considéré également comme un Bolivien.