Vicente Nieto
Vicente Nieto de las Viñas y GarcĂa Sánchez de Valencia y González[1] ou Vicente Nieto de las Viñas, ou plus simplement encore (et couramment) Vicente Nieto (Espagne, 1769 – PotosĂ, 1810), Ă©tait un militaire et haut fonctionnaire colonial espagnol.
Vicente Nieto de las Viñas | |
Fonctions | |
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6e gouverneur-intendant de Chuquisaca (et 26e président de l’audiencia de Charcas) | |
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11e gouverneur de Montevideo (par intérim) | |
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PrĂ©dĂ©cesseur | Francisco Javier de ElĂo |
Successeur | Francisco Javier de ElĂo |
Biographie | |
Nom de naissance | Vicente Nieto de las Viñas y GarcĂa Sánchez de Valencia y González |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Probabl. Salamanque, Espagne |
Date de décès | |
Lieu de dĂ©cès | PotosĂ, Haut-PĂ©rou |
Nature du décès | Exécution en place publique |
Nationalité | Espagnole |
Parti politique | Monarchiste |
Profession | Militaire, avec le grade de maréchal de camp |
Après une carrière militaire en Europe, il fut mutĂ© en 1795 dans le RĂo de la Plata, oĂą il occupa divers postes dans la haute fonction publique et dans l’armĂ©e. Ă€ la mi-1809, il fut nommĂ© gouverneur de Montevideo, mais dut, dĂ©but , prendre la tĂŞte d’un corps expĂ©ditionnaire chargĂ© de rĂ©primer les rĂ©volutions survenues en mai et juin 1809 dans le Haut-PĂ©rou. Ces soulèvements une fois matĂ©s, vers la fin de cette mĂŞme annĂ©e, il entra en fonction comme prĂ©sident de la Real Audiencia de Charcas et parallèlement comme gouverneur-intendant de Chuquisaca. Ă€ l’éclatement de la rĂ©volution de Mai en 1810, il refusa de reconnaĂ®tre les nouvelles autoritĂ©s, s’opposa militairement aux troupes rĂ©volutionnaires dĂ©pĂŞchĂ©es dans le Haut-PĂ©rou, mais fut capturĂ© et fusillĂ©.
Biographie
Ascendances familiales et carrière militaire en Europe
Si l’on sait que Vicente Nieto de las Viñas naquit dans le royaume d’Espagne en 1769, ni son lieu de naissance ni ses origines familiales n’ont pu être établis avec certitude ; sans doute vit-il le jour dans la ville de Salamanque, où son père (homonyme) était conseiller communal vers 1777[2].
Il mena une longue carrière militaire en Espagne et fut notamment appelé à combattre contre la France en 1791, participant à plusieurs batailles, jusqu’à la signature du traité de Bâle de .
Postes dans la haute fonction publique en Amérique espagnole
En 1795, Nieto fut mutĂ© dans le Haut-PĂ©rou, subdivision (correspondant grosso modo Ă la Bolivie actuelle) de la vice-royautĂ© du RĂo de la Plata, en AmĂ©rique espagnole. En 1801, il accompagna dans la capitale Buenos Aires le nouveau vice-roi JoaquĂn del Pino y Rozas lors de la prise de fonction de celui-ci Ă la tĂŞte de la vice-royautĂ©, et fut chargĂ© de diriger la garnison militaire de la ville. Ă€ l’arrivĂ©e du vice-roi Rafael de Sobremonte, il servit ensuite, sous les ordres de ce dernier, Ă Montevideo, puis de nouveau Ă Buenos Aires comme administrateur du monopole du tabac, chef de la police rurale, et inspecteur des forces armĂ©es et de la marine. Au dĂ©but du mandat de Sobremonte, il avait Ă©galement Ă©tĂ© nommĂ© gouverneur de PotosĂ, dans le Haut-PĂ©rou, mais n’alla pas occuper ce poste.
Lors des offensives anglaises contre le RĂo de la Plata en 1806 et 1807, il apporta son concours, sous le commandement de Jacques de Liniers, Ă la dĂ©fense du territoire, en s’engageant dans l’un des rĂ©giments de pĂ©ninsulaires (c’est-Ă -dire composĂ©s d’Espagnols de naissance).
Gouverneur intérimaire de Montevideo
De retour en Espagne, il eut derechef Ă se battre contre les Français, participant notamment Ă la bataille de RĂo Seco en 1808. Cette mĂŞme annĂ©e, il fut Ă nouveau envoyĂ© dans le RĂo de la Plata, pour escorter cette fois le nouveau vice-roi Baltasar Hidalgo de Cisneros. Le , avant que celui-ci ne s’installât Ă Buenos Aires, il nomma Nieto, Ă titre intĂ©rimaire, gouverneur politique et militaire de Montevideo, fonction ressortissant Ă l’intendance de Buenos Aires et qu’il sera appelĂ© Ă remplir jusqu’à dĂ©cembre de la mĂŞme annĂ©e, c’est-Ă -dire jusqu’au moment oĂą, Ă l’issue d’une expĂ©dition militaire dans le Haut-PĂ©rou menĂ©e contre plusieurs rĂ©volutions survenues en mai et juin 1809 dans cette partie de la vice-royautĂ©, il prit effectivement possession du poste de gouverneur de Chuquisaca auquel il avait Ă©tĂ© nommĂ© en septembre.
Président de la Real Audiencia de Charcas et gouverneur-intendant de Chuquisaca
En effet, dans le Haut-Pérou avait éclaté, fin , la révolution de Chuquisaca, en réaction à laquelle le vice-roi Cisneros nomma, le , le général Nieto président de la Real Audiencia de Charcas, et dans le même temps gouverneur-intendant de Chuquisaca. Nieto, ayant préparé à Buenos Aires une force militaire suffisante, se mit en route pour le Haut-Pérou le et, après avoir incorporé quelques renforts supplémentaires dans la province de Salta, marcha sur Potosà et entra en fonction aussitôt qu’arrivé dans cette ville, soit le de la même année[3].
Il réprima ladite révolution avec vigueur et sévérité, compte tenu en effet qu’elle s’était déjà propagée à Cochabamba et à La Paz. La répression qui s’abattit sur le soulèvement de La Paz toutefois n’était pas son œuvre, mais celle du général José Manuel de Goyeneche, missionné en ce sens par le vice-roi Abascal de la Vice-royauté du Pérou voisine, à quoi du reste celui-ci n’était pas habilité. Alors que Nieto ordonnait des peines de prison, et laissait d’autre part les suspects en liberté, Goyeneche réprima La Paz dans le sang, attaquant la ville, causant des centaines de morts, et prononçant des peines capitales par dizaines.
Les nouvelles de ces événements, arrivées à Buenos Aires, furent mal interprétées : l’on sut pêle-même que Nieto était parti de Montevideo abattre la révolution dans le Haut-Pérou, qu’il s’était acquitté de sa mission, et que de nombreuses peines de mort avaient été prononcées contre les meneurs ; les révolutionnaires portègnes en déduisirent que Nieto était coupable des faits de cruauté dont l’auteur était en réalité Goyeneche. Entre-temps, en 1810, Nieto fut élevé au rang de maréchal de camp.
Ayant appris la nouvelle de la rĂ©volution de Mai, survenue Ă Buenos Aires le , il se refusa Ă reconnaĂ®tre l’autoritĂ© de la Première Junte, gouvernement autonome issu de cette rĂ©volution. Il envoya le capitaine de frĂ©gate JosĂ© de CĂłrdoba y Rojas stopper la progression de l’armĂ©e du Nord, laquelle avait Ă©tĂ© dĂ©pĂŞchĂ©e par les autoritĂ©s du nouvel État des Provinces-Unies du RĂo de la Plata pour venir en aide aux provinces du Haut-PĂ©rou restĂ©es sous l’emprise des forces loyalistes espagnoles. CĂłrdoba rĂ©ussit Ă battre les forces patriotes (indĂ©pendantistes) Ă la bataille de Cotagaita, mais fut totalement vaincu Ă la bataille de Suipacha le . Le Haut-PĂ©rou tomba alors tout entier aux mains des indĂ©pendantistes, attendu que tous les effectifs disponibles, du reste fort peu nombreux, avaient Ă©tĂ© mis Ă contribution Ă Suipacha par les royalistes.
À la suite de la victoire indépendantiste à la bataille d’Aroma, près de la ville d’Oruro, les troupes de Nieto furent prises au piège à Chuquisaca, de sorte que Nieto put être capturé.
En représailles aux exécutions ordonnées en 1809 par les royalistes à l’encontre des meneurs de la révolution de Chuquisaca et de La Paz, et à l’instigation des membres les plus radicaux de la Première Junte, savoir Mariano Moreno et Juan José Castelli, celle-ci vota la peine capitale contre les dirigeants de la contre-révolution. Castelli, chef politique de l’armée et émissaire de la Première Junte, était porteur du verdict.
Nieto et ses compagnons royalistes, JosĂ© de CĂłrdoba y Rojas et Francisco de Paula Sanz, gouverneur de PotosĂ, furent fusillĂ©s le sur la Grand’Place de PotosĂ, après qu’ils eurent refusĂ© de faire acte d’obĂ©dience Ă la Junte. L’évĂŞque de La Paz, Remigio de la Santa y Ortega, ainsi que Goyeneche devaient Ă©galement ĂŞtre passĂ©s par les armes, au cas oĂą ils eussent Ă©tĂ© capturĂ©s.
Notes et références
- David P. Henige, dans Gobernadores Coloniales ou en anglais : Colonial Governors, 1970, p. 290.
- Vicente Castañeda y Alcover, dans Ensayo de una bibliografĂa comentada de manuales de artes, ciencias, oficios, costumbres pĂşblicas y privadas de España, siglos XVI al XIX, Ă©d. Real Academia de la Historia, Madrid, Espagne, 1955.
- Urcullu, Manuel MarĂa (op. cit., p. 43).
Bibliographie
- Manuel MarĂa Urcullu, dans Apuntes para la Historia de la RevoluciĂłn del Alto-PerĂş, hoy Bolivia, por unos patriotas, Ă©d. Imprenta de LĂłpez, Sucre, Bolivie, 1855.