ReconquĂŞte espagnole de la Nouvelle-Grenade
La reconquête espagnole de la Nouvelle-Grenade de 1815–1816 est un épisode de la guerre d'indépendance de la Colombie. Peu après la fin des guerres napoléoniennes en Europe, Ferdinand VII, tout juste de retour sur le trône d'Espagne, décide de l'envoi de troupes afin de reprendre la majorité des colonies sud-américaines, qui avaient créé des juntes autonomes ainsi que des États indépendants.
Date | 1815–1816 |
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Lieu | Nouvelle-Grenade (Colombie actuelle) |
Issue | Victoire des espagnols |
Nouvelle-Grenade | Empire espagnol |
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Première république (1810-1815)
ReconquĂŞte espagnole (1815-1819)
Campagne libératrice (1819)
Grande Colombie (1819-1824)
Batailles
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Contexte
Situation en Espagne
De 1808 à 1814, l'Espagne est en guerre avec la France de l'empereur Napoléon Ier. La nomination de Joseph Bonaparte sur le trône provoque le chaos, dont les colonies espagnoles d'Amérique profitent pour s'émanciper. Aidée par l'Angleterre, l'Espagne parvient cependant à reprendre le dessus sur l'armée napoléonienne, celle-ci étant par ailleurs empêtrée dans une désastreuse campagne de Russie.
En quelques semaines, de mai à , Joseph Bonaparte, et l’armée française reculent jusqu’aux Pyrénées. Napoléon comprend sa défaite et accepte, par le traité de Valençay, le retour de l’ancien roi d’Espagne, Ferdinand VII, dans son royaume. Début 1814, la Catalogne est reconquise par les Espagnols. La guerre d’Espagne s’achève.
SitĂ´t de retour au pouvoir, Ferdinand VII entreprend de reconquĂ©rir les colonies espagnoles qui ont fait sĂ©cession. En 1815, l'Espagne envoie le plus grand corps expĂ©ditionnaire jamais envoyĂ© Ă l'Ă©poque aux AmĂ©riques. Le colonel Pablo Morillo, un vĂ©tĂ©ran de la lutte espagnole contre les Français, est choisi pour la commander. L'ensemble des forces Ă©quivaut environ Ă 10 000 hommes et 60 bateaux. Ă€ l'origine, ils devaient marcher sur Montevideo, dans la Vice-royautĂ© du RĂo de la Plata, mais il est rapidement dĂ©cidĂ© d'envoyer ces troupes dans la Vice-royautĂ© de Nouvelle-Grenade (de nos jours la Colombie, l'Équateur, le Panama) et la Capitainerie gĂ©nĂ©rale du Venezuela (actuel Venezuela).
Situation en Nouvelle-Grenade
En 1815, la situation est tendue en Nouvelle-Grenade entre deux visions idéologiques inconciliables. Certains veulent faire du pays nouvellement indépendant un État centralisé tandis que d'autres préfèreraient un État fédéral. Deux guerres civiles, en 1812 et en 1814, seront nécessaires pour que l'État libre de Cundinamarca, dirigé par Antonio Nariño, rejoigne les Provinces-Unies de Nouvelle-Grenade, la fédération qu'ont constitué, en 1811, les autres provinces néo-grenadines sécessionnistes. Un facteur significatif de la désunion est le refus des représentants du Royaume-Uni et des États-Unis de reconnaître ces pays et d'apporter une aide économique et militaire pour résister efficacement aux forces de Morillo. De plus, les provinces elles-mêmes ne se fournissent pas les unes aux autres l'aide nécessaire.
Le sud du pays, ainsi que la ville caribĂ©enne de Santa Marta, restent aux mains des royalistes. La campagne dans le sud que mène Antonio Nariño entre et s'achève par une dĂ©route des indĂ©pendantistes et la capture de Nariño tandis que l'annĂ©e suivante, lorsque SimĂłn BolĂvar, qui a forcĂ© Cundinamarca Ă rejoindre la fĂ©dĂ©ration, demande l'aide de Carthagène des Indes pour prendre Santa Marta, il essuie un refus et se voit contraint de faire le siège de la ville pendant un mois et demi. InformĂ© de l'arrivĂ©e de Pablo Morillo au Venezuela et attaquĂ© par les royalistes Ă Santa Marta, BolĂvar renonce et s'embarque le pour la JamaĂŻque.
Le corps expéditionnaire et la campagne
Quittant le port de Cadix le , le corps expéditionnaire espagnol de Pablo Morillo initialement touché terre le à Puerto Santo, près de Carúpano, à l'est du Venezuela, et avoir rencontré le général Francisco Tomás Morales (es). Morillo réembarque avec 3 000 hommes pour jeter l'ancre le à Pampatar, dans l'île Margarita, où aucune résistance n'est rencontrée. Après avoir quitté l'île, les troupes de Morillo viennent renforcer les forces royalistes déjà présentes sur le territoire vénézuélien, en entrant dans Cumaná, La Guaira et Caracas en mai. À Puerto Cabello une petite partie du corps principal se met en route vers Panamá, tandis que le reste du contingent se dirige vers la ville côtière néo-grenadienne de Santa Marta qui est toujours sous contrôle royaliste.
Après avoir assuré le ravitaillement et reçu le soutien de volontaires à Santa Marta le , le corps expéditionnaire espagnol assiège Carthagène des Indes. Au terme d'un siège long de cinq mois, la ville fortifiée tombe le .
Au dĂ©but 1816, Sebastián de la Calzada arrive en Nouvelle-Grenade depuis le Venezuela par les vallĂ©es de CĂşcuta. Après avoir Ă©tĂ© battu le 8 janvier lors de la première bataille de CachirĂ, il regroupe ses forces et reprend l'offensive, mettant en dĂ©route les troupes de Custodio GarcĂa Rovira et Francisco de Paula Santander lors de la seconde bataille de CachirĂ. Les survivants de l'armĂ©e nĂ©o-grenadine fuient Ă travers les Llanos du Casanare et peu après, Calzada occupe Bogota, le 6 mai.
Les indĂ©pendantistes, dont la situation devient extrĂŞmement prĂ©caire, ne sont en mesure de rĂ©sister que dans le sud du pays (Popayán et Cali). En , le brigadier Juan de Sámano (futur vice-roi de Nouvelle-Grenade) quitte Pasto dans le but de prendre Popayán. Pendant ce temps, les troupes indĂ©pendantistes (700 hommes) sont basĂ©es Ă Popayán sous le commandement du gĂ©nĂ©ral JosĂ© MarĂa Cabal ; celui-ci est remplacĂ© par le lieutenant-colonel Liborio MejĂa. Au mĂŞme moment, JosĂ© Fernández Madrid donne sa dĂ©mission de la prĂ©sidence des Provinces-Unies de Nouvelle-Grenade, et c'est Custodio GarcĂa Rovira, âgĂ© de seulement 24 ans, qui est Ă©lu dictateur. Le commandant des troupes rebelles prend la dĂ©cision audacieuse d'attaquer les forces royalistes plutĂ´t que de se rendre.
Le les forces royalistes et indĂ©pendantistes s'affrontent aux environs d'El Tambo, dans l'actuel dĂ©partement de Cauca au cours de la bataille de la Cuchilla del Tambo. Les troupes espagnoles sont positionnĂ©es sur une pente de la cuchilla del Tambo, en hauteur et protĂ©gĂ©es par une artillerie. Dans le but d'enlever cette position, les troupes indĂ©pendantistes luttent âprement pendant 3 heures mais succombent facilement au feu ennemi. Ils sont finalement encerclĂ©s et forcĂ©s Ă la reddition, seul MejĂa et quelques hommes parvenant Ă s'enfuir[1]. Ă€ la fin des combats, le champ de bataille est jonchĂ© de 250 indĂ©pendantistes morts, tandis que Sámano fait 300 prisonniers et rĂ©cupère tout le matĂ©riel de guerre des indĂ©pendantistes[2].
Le , l'armée de Sámano prend possession de Popayán, ce qui met fin à l'éphémère République indépendante issue des soulèvements initiés en 1810. La Reconquista est alors achevée, à l'exception de quelques zones dans la Province de Casanare qui demeurent sous le contrôle d'indépendantistes menés par Francisco de Paula Santander.
Conséquences
Un conseil de guerre permanent est mis en place afin de juger les personnes accusĂ©es de trahison et rĂ©bellion, provoquant l’exĂ©cution de plus d'une centaine de cĂ©lèbres responsables rĂ©publicains, notamment Jorge Tadeo Lozano, Francisco JosĂ© de Caldas et JosĂ© MarĂa Cabal. Les unitĂ©s de l'armĂ©e rĂ©publicaine de la Nouvelle-Grenade sont incorporĂ©es dans l'armĂ©e royaliste et envoyĂ©es au PĂ©rou.
Ă€ la suite des conflits internes dans la Nouvelle-Grenade, SimĂłn BolĂvar, qui avait agi sous l'autoritĂ© des Provinces Unies, a quittĂ© son commandement le , après avoir Ă©chouĂ© Ă mater Carthagène en mars comme reprĂ©sailles pour ne pas lui avoir fourni hommes et armes. BolĂvar s'est rendu en JamaĂŻque puis Ă HaĂŻti, une petite RĂ©publique qui s'est elle-mĂŞme libĂ©rĂ©e de la domination française, oĂą lui et d'autres chefs indĂ©pendantistes sont cordialement accueillis. La communautĂ© grandissante en exil reçoit de l'argent, des armes et des volontaires du prĂ©sident haĂŻtien Alexandre PĂ©tion, et reprend la lutte pour l'indĂ©pendance dans les frontières lointaines de la Nouvelle Grenade et du Venezuela, oĂą ils Ă©tablissent des unitĂ©s de guĂ©rilla avec les habitants. Elles constituent la base Ă partir de laquelle la lutte pour Ă©tablir les RĂ©publiques se propage vers les autres rĂ©gions d'AmĂ©rique du Sud sous contrĂ´le espagnol.
Personnalités
Combattants royalistes
Combattants indépendantistes
- Custodio GarcĂa Rovira
- Liborio MejĂa
- Antonio Nariño
- Policarpa Salavarrieta, née en 1795 à Guaduas, héroïne de la résistance colombienne face à la reconquête espagnole de la Nouvelle-Grenade.
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Spanish reconquest of New Granada » (voir la liste des auteurs).
- (es) Henao, JesĂşs MarĂa y Arrubla, Gerardo, Historia de Colombia Para la Enseñanza Secundaria, Bogota, Voluntad, (prĂ©sentation en ligne), p. 342-344
- (es) Radio Cadena Nacional de Colombia, « La sangrienta batalla de la Cuchilla del Tambo » (consulté le )