Bataille du Pantano de Vargas
La bataille du marais de Vargas, en espagnol Batalla del Pantano de Vargas, est livrĂ©e le dans un marais près de la municipalitĂ© de Paipa, au centre de l'actuel dĂ©partement colombien de Boyacá, au cours de la campagne libĂ©ratrice de la Nouvelle-Grenade. Les troupes indĂ©pendantistes de BolĂvar, composĂ©es de patriotes vĂ©nĂ©zuĂ©liens et nĂ©o-grenadins, ferment la route de Bogota Ă JosĂ© MarĂa Barreiro, commandant des forces royales de la couronne d'Espagne.
Nouvelle-Grenade Venezuela LĂ©gion britannique | Empire espagnol |
183 morts selon les patriotes, plus de 300 selon Barreiro[1] | 140 morts selon les royalistes, 500 selon les patriotes[1] |
Guerre d'indépendance de la Colombie
Batailles
m Première république (1810-1815)
ReconquĂŞte espagnole (1815-1819)
Campagne libératrice (1819)
Grande Colombie (1819-1824)
Coordonnées | 5° 44′ 15″ nord, 73° 04′ 30″ ouest |
---|
Grâce à cette victoire, les troupes libératrices parviennent à Tunja le .
Contexte
Depuis le mois de , SimĂłn BolĂvar a entrepris de libĂ©rer la Nouvelle-Grenade du joug espagnol. Parti du Venezuela, il a rejoint les patriotes de Francisco de Paula Santander dans la province de Casanare puis a franchi les Andes Ă travers le difficile passage du paramo de Pisba.
Parvenu Ă Gámeza, l'armĂ©e de patriotes affronte les royalistes dirigĂ©s par le colonel JosĂ© MarĂa Barreiro lors de la bataille de Gámeza. Le rĂ©sultat de cette bataille est contestĂ© et les deux parties s'attribuent la victoire. Les patriotes ne parviennent pas Ă prendre le pont de Gámeza, mais Barreiro ne peut pas empĂŞcher l'invasion de Tunja, porte de l'altiplano cundiboyacense.
Le matin du , BolĂvar ordonne de reprendre la marche en direction de Paipa, avec l'intention de couper la communication de l'armĂ©e royaliste avec Bogota : Barreiro comprend la menace et mobilise ses troupes pour l'arrĂŞter, le rencontrant enfin au Pantano de Vargas.
DĂ©roulement de la bataille
Le jour de la bataille, le , BolĂvar a rĂ©uni environ 2 200 hommes. Le gĂ©nĂ©ral a dĂ©cidĂ© de mener les troupes sur le chemin de Paipa, pour attaquer l'arrière-garde ennemie. Tandis que les troupes marchent Ă l'est du Pantano de Vargas, les royalistes viennent leur bloquer le chemin. Les troupes patriotes font face aux Espagnols mais ceux-ci ont l'avantage du terrain et au moins 3 000 soldats, ce qui fait pencher la bataille en leur faveur.
BolĂvar envoie deux bataillons d'infanterie Ă droite, sous le commandement de JosĂ© Antonio Anzoátegui, et le reste de l'infanterie sous le commandement de Santander sur la gauche, laissant Ă l'arrière la cavalerie sous son propre commandement. Barreiro quant Ă lui organise ses forces en trois lignes en tirant parti de la pente.
Ă€ 11 heures, la bataille commence. Les deux bataillons d'Anzoátegui avancent vers la droite, mais sont attaquĂ©s et repoussĂ©s par les Espagnols, plus nombreux, qui veulent Ă©viter d'ĂŞtre encerclĂ©s. BolĂvar ordonne alors Ă Santander d'attaquer Ă gauche, faisant diminuer la pression espagnole sur les deux bataillons de droite qui attaquent Ă nouveau, reprenant Ă l'armĂ©e royaliste le territoire qu'elle avait conquis. L'idĂ©e de BolĂvar consiste Ă encourager Barreiro Ă envoyer ses rĂ©serves dans la bataille avec chaque retraite de ses troupes. Après deux heures de combat, les troupes royalistes forcent l'aile gauche patriote qui chargeaient continuellement Ă la baĂŻonnette, mais BolĂvar a ordonnĂ© une contre-attaque qui rĂ©cupère le terrain perdu. Un soldat ennemi tire sur la nuque du gĂ©nĂ©ral Santander, mais le colonel JoaquĂn ParĂs Ricaurte, quittant la bataille, constate que la balle n'a pas pĂ©nĂ©trĂ© la peau. Ă€ ce moment, le leader patriote envoie au combat la LĂ©gion britannique sous le commandement de James Rooke, qui charge l'ennemi. Le mouvement stoppe l'avance des troupes espagnoles, mais le combat continue farouchement. Barreiro envoie alors le reste de l'armĂ©e espagnole pour repousser les patriotes, c'est Ă cet instant que le gĂ©nĂ©ral Barreiro hurle : « MĂŞme Dieu ne peut plus me prendre la victoire[3] ». Les patriotes sont totalement dĂ©sorientĂ©s, de sorte que la victoire de l'Espagne est pratiquement assurĂ©e.
Ă€ six heures du soir, alors que la dĂ©faite des patriotes est imminente, BolĂvar dĂ©cide d'envoyer les dernières rĂ©serves de son armĂ©e, composĂ©es de lanciers des llanos dirigĂ©s par le VĂ©nĂ©zuĂ©lien Juan JosĂ© RondĂłn. BolĂvar crie alors au colonel la phrase historique : « Colonel, sauvez notre Patrie[4] », ce Ă quoi le colonel rĂ©pond : « C'est que RondĂłn ne s'est pas encore battu[5] ». Ă€ cette charge de cavalerie prennent Ă©galement part les officiers vĂ©nĂ©zuĂ©liens Leonardo Infante et Lucas Carvajal, dont le gĂ©nĂ©ral Santander dira que « la gloire du pantano de Vargas appartient au colonel RondĂłn et au lieutenant-colonel Carvajal ; Ă nul autre n'a Ă©tĂ© accordĂ©e en ce glorieux jour la renommĂ©e des braves[6] ».
RondĂłn est d'abord suivi par quatorze lanciers, qui sont rejoints par les autres cavaliers qui n'avaient pas combattu jusque-lĂ . Ils chargent de front l'armĂ©e royaliste dĂ©sorganisĂ©e et incapable de rĂ©agir. Barreiro prend acte de sa dĂ©faite et se retire de cette bataille dĂ©cisive, repliant ses troupes restantes Ă Paipa, tandis que l'armĂ©e de BolĂvar retourne victorieuse Ă Corrales de Bonza le lendemain.
Conséquences
Les consĂ©quences Ă court terme sont Ă©normes, comme servant de stimulant militaire et psychologique aux forces de libĂ©ration et dĂ©moralisant les Espagnols. Le cri de SimĂłn BolĂvar, Salve usted la Patria, est la devise de la cavalerie de l'armĂ©e colombienne.
Le colonel Rooke, commandant de la Légion britannique, est blessé par une balle au bras gauche. Il se le fait amputer et lorsque c'est fait il le lève de la main droite et crie en castillan « Vive la Patrie ! ». Le chirurgien lui demande en anglais : « Quelle Patrie ? Irlande ou Angleterre ? » et Rooke secoue négativement la tête et répond : « Celle qui me donnera une sépulture ». Le colonel Rooke meurt quelques jours après son amputation. Sa veuve, Anna Rooke, jouit d'une pension et reçoit une somme d'argent au titre de compensation[7].
Outre le colonel Rooke, la bataille du Pantano de Vargas a fait 350 morts dans l'armée patriote et 500 chez les royalistes.
Cette victoire initie le mouvement stratĂ©gique de SimĂłn BolĂvar, connu sous le nom de Contremarche de Paipa (es), qui met en place les conditions du combat dĂ©cisif qui aura lieu 12 jours plus tard, le , au cours de la bataille du pont de Boyacá.
Monument
Pour la célébration des 150 ans de l'indépendance, le maître Rodrigo Arenas Betancourt (es) a sculpté une œuvre en bronze et en béton de 33 mètres de haut (la plus grande de Colombie). Elle est située près de la municipalité de Paipa, elle représente la charge des lanciers du colonel Juan José Rondón, tournant décisif de la bataille.
Références
- (es) Clément Thibaud (trad. du français), Repúblicas en armas. Los ejércitos bolivarianos en la guerra de. Independencia en Colombia y Venezuela., Bogota, Instituto Francés de Estudios Andinos (IFEA), , 571 p. (ISBN 958-42-0614-1, lire en ligne)
- (es) Historia de Venezuela: Batallas 1817 - 1819
- Ya ni Dios me quita la victoria
- Coronel, ¡Salve usted la patria!
- Es que RondĂłn no ha peleado todavĂa
- la gloria del pantano de Vargas pertenece al Coronel RondĂłn y al Teniente Coronel Carvajal; a ningĂşn otro se le concediĂł sino a ellos en aquel glorioso dĂa el renombre de valientes.
- (es) Guillermo Plazas Olarte (Coronel), « Legión Británica en la Independencia de Colombia », sur ukincolombia.fco.gov.uk (consulté le )
Liens externes
- (es) « Batalla del pantano de Vargas: Batalla que forjó la independencia colombiana », sur www.todacolombia.com