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Campagne de Prusse et de Pologne (1812-1813)

La campagne de Prusse et de Pologne de 1812-1813, du point de vue français retraite du Niémen à l'Elbe[10] ou manœuvre retardatrice du Niémen à l’Elbe[11], du point de vue russe campagne de printemps de 1813[12], est une série d'opérations des guerres napoléoniennes qui se déroule de décembre 1812 à avril 1813. Elle oppose l'Empire français et ses alliés à l'Empire russe d'Alexandre Ier, d'abord seul puis allié à la Prusse de Frédéric-Guillaume III. À l'issue de la désastreuse campagne de Russie, Napoléon quitte ce qui reste de son armée pour rentrer à Paris, laissant le commandement à Joachim Murat puis à Eugène de Beauharnais. Alexandre décide de continuer la guerre en Allemagne. L'armée française, exténuée et inférieure en nombre, se replie par étapes jusqu'à l'Elbe ; l'armée russe, occupe la Pologne sous tutelle française ; le royaume de Prusse, allié forcé de Napoléon jusqu'en 1812, se retourne contre lui et lui déclare la guerre le tandis que l'empire d'Autriche choisit la neutralité. Cette phase de la guerre ne voit que des affrontements mineurs, les Français et leurs alliés polonais conservant quelques places encerclées à l'est de l'Elbe, mais a des conséquences politiques et stratégiques importantes. Le retour de Napoléon sur l'Elbe en avril 1813 avec une armée renouvelée ouvre une nouvelle phase des opérations de la campagne d'Allemagne de 1813.

Campagne de Prusse et de Pologne (1812-1813)
Description de cette image, également commentée ci-après
Frontières de 1809-1815 : Empire russe (vert), royaume de Prusse (bleu), république de Dantzig (blanc), royaume de Saxe (rose), duché de Varsovie (jaune) et empire d'Autriche (orange).
Informations générales
Date 5 décembre 1812 -
(4 mois et 20 jours)
Lieu Du Niémen à l'Elbe et à la mer du Nord
Issue Victoire russo-prussienne
Campagne d'Allemagne (1813)
Élargissement de la Sixième Coalition
Forces en présence
Au :
51 500 Français, Polonais et Italiens[1]
4 500 Bavarois[2]
1 500 Westphaliens[2]
40 000 Prussiens[3] (dont dĂ©fection d'Yorck 20 000[4])
26 000 Autrichiens (en armistice non dĂ©clarĂ©)[1]
Au :
105 700 Français de l'Elbe au Weser[5]
10 000 Ă  12 000 Polonais (Ă  Cracovie)[6]
54 000 hommes dans les garnisons encerclĂ©es[7]
Au :
101 000 Russes[8]
Au :
100 000 Russes
132 000 Prussiens[9]

Sixième Coalition

Batailles

Kalisz
Siège de Dantzig
Sièges en Allemagne et Pologne en 1813 (de)
Lunebourg
Möckern

Continuation de la campagne de Russie

Traversée du Niémen

Le soir du Ă  Smarhon, après avoir rĂ©digĂ© le 29e Bulletin de la Grande ArmĂ©e oĂą il s'efforce de minimiser ses pertes, NapolĂ©on quitte ses troupes pour rentrer Ă  Paris, reprendre en mains son empire et lever une nouvelle armĂ©e. Il laisse le commandement au marĂ©chal Joachim Murat, roi de Naples, avec Louis-Alexandre Berthier pour chef d'Ă©tat-major et Hugues-Bernard Maret, pour diriger sa diplomatie depuis Vilnius. Il envoie Louis Marie de Narbonne-Lara comme ambassadeur Ă  Berlin pour rappeler le roi de Prusse Ă  ses devoirs d'alliĂ©, Jacques Alexandre Law de Lauriston Ă  Varsovie pour rĂ©organiser l'armĂ©e du duchĂ© de Varsovie, et le gĂ©nĂ©ral Jean Rapp pour commander l'importante place forte de Dantzig, base d'approvisionnement de l'armĂ©e[13]. Le plan de NapolĂ©on est d'Ă©tablir une ligne de dĂ©fense sur le NiĂ©men, appuyĂ©e sur les villes fortifiĂ©es de Vilnius et Kaunas, pour permettre Ă  l'armĂ©e de refaire ses forces et d'attendre l'arrivĂ©e de renforts. Vilnius a une garnison fraĂ®che de 12 000 hommes, ses entrepĂ´ts contiennent 4 millions de rations, 30 000 paires de souliers et beaucoup d'autres approvisionnements. Avec le 10e corps engagĂ© en Courlande et que le marĂ©chal Macdonald doit ramener en Prusse, le corps bavarois de Carl Philipp von Wrede, le corps autrichien de Charles Philippe de Schwarzenberg, et le 5e corps polonais de Joseph-Antoine Poniatowski qui va encadrer les nouvelles recrues du duchĂ©, NapolĂ©on pense pouvoir rassembler 170 000 hommes entre le NiĂ©men et l'Oder[14].

Cependant, les derniers jours de la retraite de Russie sont un calvaire : le froid extrĂŞme (-22 Ă  - 30°C) ajoute Ă  l'Ă©puisement de l'armĂ©e qui perd 20 000 hommes entre Smarhon et Vilnius[14]. La division Loison, envoyĂ©e de Pologne Ă  Oszmiana pour couvrir la retraite, trouve toutes les maisons occupĂ©es ; les villages environnants ayant Ă©tĂ© rasĂ©s, ses soldats doivent camper plusieurs nuits en plein air par un froid de -27°C : seulement 3 000 hommes sur 10 000 rentrent vivants Ă  Vilnius[15]. Avec les corps secondaires ralliĂ©s en route, Ă  peine 25 000 hommes arrivent Ă  passer le NiĂ©men dans le plus grand dĂ©sordre, la plupart dĂ©moralisĂ©s et hors d'Ă©tat de combattre, alors que les armĂ©es russes convergent vers la ville : Vilnius est Ă©vacuĂ©e sans combat Ă  partir du 10 dĂ©cembre, les entrepĂ´ts, le trĂ©sor de l'armĂ©e, 100 Ă  120 canons sont abandonnĂ©s[14].

Tentative de réorganisation française en Prusse et Pologne

Officiers et soldats du duché de Varsovie en 1813, illustration de Bronisław Gembarzewski, 1905.

En passant par Varsovie le 11 dĂ©cembre, l'empereur est furieux d'apprendre que son ambassadeur Pradt, archevĂŞque de Malines, a mal prĂ©parĂ© le duchĂ© de Varsovie pour la suite de la campagne et n'a fait lever que 80 000 conscrits mal entraĂ®nĂ©s avec des ressources financières insuffisantes. Poursuivant sa route, il traverse l'Allemagne et la France incognito et arrive Ă  Paris, au palais des Tuileries, le [16].

Murat Ă©tablit son quartier gĂ©nĂ©ral Ă  Königsberg le 19 dĂ©cembre. Il avait ordonnĂ© de prĂ©parer des logements et des vivres pour 25 000 hommes mais il voit arriver en ordre dispersĂ© Ă  peine 400 ou 500 fantassins, 200 ou 300 cavaliers, faibles restes de la Garde impĂ©riale, plus quelques milliers de traĂ®nards en piteux Ă©tat, une vingtaine de milliers d'hommes en tout. Murat se rend compte que le NiĂ©men gelĂ© ne saurait arrĂŞter l'avance des Russes. Reprenant l'initiative après une phase de dĂ©couragement, il commence Ă  organiser l'Ă©vacuation des troupes vers leurs quartiers d'hiver : les restes de la Garde Ă  Königsberg, ceux de la cavalerie dĂ©montĂ©e Ă  Elbing, ceux des 2e et 3e corps Ă  Marienburg, ceux des 4e et 2e corps Ă  Marienwerder, ceux des 1er et 8e Ă  ToruĹ„, ceux du 6e Ă  PĹ‚ock et ceux du 5e, qui avait franchi le NiĂ©men Ă  Alytus, sont envoyĂ©s Ă  Varsovie. Les officiers malades et blessĂ©s sont envoyĂ©s Ă  Stettin et CĂĽstrin sur l'Oder tandis que 7 000 Ă  8 000 officiers en surnombre sont renvoyĂ©s en France pour encadrer les nouveaux rĂ©giments. Tout officier qui se trouverait Ă  l'ouest de la Vistule sans autorisation est considĂ©rĂ© comme dĂ©serteur. Murat pense que les Russes, presque aussi Ă©puisĂ©s que les Français, ne seront pas en Ă©tat d'entreprendre une campagne d'hiver Ă  l'ouest du NiĂ©men[17]. La division Marchand, venue de Dantzig, arrive Ă  Königsberg le 25 dĂ©cembre tandis que les restes du 8e corps sont renvoyĂ©s en Westphalie[18].

Avec le 10e corps de Macdonald au nord, le 7e corps franco-saxon de Reynier et le corps autrichien de Schwarzenberg au sud, plus les troupes levĂ©es en Pologne, Murat espère former une ligne de dĂ©fense sur la Vistule. Pour ralentir l'avance des Russes, il ordonne Ă  Schwarzenberg de mener une contre-attaque Ă  partir de Hrodna et BiaĹ‚ystok[1]. Au 20 dĂ©cembre, le corps de Reynier compte 8 000 Français et 8 000 Ă  9 000 Saxons, le corps autrichien 24 000 Ă  25 000 hommes[19].

Courte halte de l'armée russe sur le Niémen

Alexandre Ier s'arrêtant auprès d'un mourant, gravure d'Alexandrov d'après un dessin d'Orlovski, 1825.
Infanterie russe vers 1812-1813, dessin de Richard Knötel, 1890.

Le , l'armĂ©e russe entre dans Vilnius ; le 14 dĂ©cembre, les cosaques de l'ataman MatveĂŻ Platov reprennent Kaunas. Si l'armĂ©e française est Ă©puisĂ©e, celle des Russes ne vaut guère mieux. Sur les 97 000 hommes qu'avait Koutouzov en octobre au camp de Taroutino, 48 000 sont Ă  l'hĂ´pital en dĂ©cembre et seulement 42 000 sont valides. L'armĂ©e de Pierre Wittgenstein, qui progresse lentement sur son flanc nord, est moins Ă©prouvĂ©e et compte 35 000 hommes ; celle de l'amiral Pavel Tchitchagov, sur le flanc sud, 17 000, plus les 7 000 hommes du gĂ©nĂ©ral Friedrich Oertel qui vont bientĂ´t les rejoindre. La Lituanie dĂ©vastĂ©e offre peu de provisions et les hommes ont besoin de repos, de vivres et d'Ă©quipements neufs. Le typhus sĂ©vit et l'intendant gĂ©nĂ©ral Georges Cancrin reconnaĂ®t que le service mĂ©dical de l'armĂ©e est fort mal organisĂ© : tant que l'armĂ©e est dans le vieux territoire russe, elle peut compter sur les hĂ´pitaux des gouvernements mais au-delĂ , le traitement reste alĂ©atoire. Le 13 dĂ©cembre, Koutouzov Ă©crit au tsar pour lui demander un repos prolongĂ©[8]. 50 000 cadavres gelĂ©s gisent en tas dans la ville et ses environs, attendant que le dĂ©gel printanier permette de les enterrer[20].

Alexandre arrive à Vilnius le pour y célébrer sa victoire. Il décore Koutouzov de la plus haute décoration russe, la grande croix de l'ordre de Saint-Georges mais, en fait, il est mécontent de sa lenteur qui a permis à Napoléon de s'échapper au passage de la Bérézina et il lui donne pour chef d'état-major le très actif Pierre Volkonski. Alexandre rejette les avis prudents de plusieurs chefs militaires, le maréchal Koutouzov, l'amiral Alexandre Chichkov et le colonel Karl Wilhelm von Toll, un des officiers les plus capables de l'état-major : il décide de continuer la guerre à outrance pour libérer l'Allemagne et l'Europe de la domination napoléonienne. Avec Alexis Araktcheïev, chargé des services de l'arrière, et Karl Nesselrode, son conseiller diplomatique, il espère rallier à sa cause la Pologne et les États allemands[21]. Koutouzov, très populaire mais usé et malade, est relégué à des fonctions symboliques tandis que Toll, promu général avec le rang de quartier-maître général, devient le principal conseiller militaire du tsar[22]. Koutouzov, malgré ses réticences, doit signer de sa main une proclamation dictée par Alexandre et où il annonce que la Russie vient pour libérer la Prusse, lui rendre son ancienne grandeur et la traiter en pays ami[23].

Vers le retournement des alliances

Repli autrichien vers la Galicie

Le corps autrichien affronte les Russes à la bataille de Poddubno le 12 août 1812, gravure de Fritz Reiner, 1813.

Schwarzenberg ne veut pas aventurer ses troupes : à Slonim, il négocie un accord secret avec le général russe Ilarion Vassiltchikov par lequel il s'engage à évacuer le territoire russe et, en échange, à ne pas être inquiété dans ses quartiers d'hiver en Pologne. À partir du , il se replie vers le Narew, entraînant le 7e corps dans sa retraite[24] - [1]. Le général russe Osten-Sacken, par des proclamations et bulletins, fait savoir que « nous ne faisons pas la guerre contre les Autrichiens mais contre les Français et les Polonais[25] ». En janvier 1813, Schwarzenberg se retire dans la Galicie autrichienne. L'Autriche, alliée contrainte de Napoléon, n'est pas encore remise de sa défaite de 1809 et de sa banqueroute de 1811 : son armée est réduite au minimum, la plupart de ses fabriques d'armes ont fermé et elle ne souhaite pas se risquer dans une nouvelle guerre avant d'avoir reconstitué ses forces, ce qui lui permettrait de peser d'un poids décisif dans un camp ou dans l'autre[26]. Le , le gouvernement de Vienne écrit à Schwarzenberg pour lui ordonner de ne plus tenir compte des ordres de Murat et se préoccuper uniquement de couvrir la Galicie[1].

L'opinion publique autrichienne est gĂ©nĂ©ralement hostile Ă  NapolĂ©on qui a vaincu leur empire en 1805 et 1809, l'a dĂ©pouillĂ© de plusieurs provinces et lui a imposĂ© de lourdes contributions ; la noblesse voit en lui le continuateur de la RĂ©volution française tandis que le clergĂ©, très influent, lui reproche la sĂ©questration du pape Pie VII. L'empereur François, malgrĂ© ses prĂ©jugĂ©s dynastiques, a dĂ» accepter Ă  contrecĹ“ur le mariage de sa fille Marie-Louise avec NapolĂ©on et l'envoi d'un corps auxiliaire dans la campagne de Russie mais il n'attend qu'une occasion pour rĂ©cupĂ©rer les avantages perdus[27]. Le ministre Metternich, qui dirige la politique autrichienne, nĂ©gocie en sous-main avec la Russie. Le , il rĂ©dige un ordre de mobilisation de 100 000 hommes y compris les troupes ramenĂ©es de Russie, destinĂ© Ă  prendre effet au 1er avril. Le 30 janvier Ă  Zeicz, il signe un armistice avec les Russes[5]. L'ambassadeur français Otto rend compte du revirement de l'opinion autrichienne mais croit encore que le gouvernement de Vienne est attachĂ© Ă  l'alliance française ; NapolĂ©on rĂ©clame que le contingent autrichien soit augmentĂ© de 30 000 hommes et offre mĂŞme des subsides pour le financer tout en refusant toute concession territoriale en faveur de l'Autriche[28]. Celle-ci lève un emprunt de 45 millions de florins, rouvre les fabriques d'armes, rappelle sous les drapeaux tous les militaires en congĂ©, rĂ©unit des approvisionnements et des chevaux pour constituer une armĂ©e en Galicie et en Bucovine[29].

DĂ©but du retournement prussien

Une halte pendant la campagne de Russie, dessin de NikolaĂŻ Samokich, v. 1812.

Le 10e corps de Macdonald, immobilisĂ© devant Riga, se compose de l'Ă©quivalent de trois divisions : 20 000 Prussiens sous le gĂ©nĂ©ral Ludwig Yorck et la 7e division, commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral français Grandjean, avec une majoritĂ© de Polonais et des contingents westphaliens et bavarois[30]. Ă€ l'insu de Macdonald, le gĂ©nĂ©ral Filippo Paulucci, Italien au service de la Russie et gouverneur de Riga, avait pris contact depuis novembre avec Yorck : il l'informe de la retraite de NapolĂ©on depuis Moscou, puis du passage de la BĂ©rĂ©zina, et s'efforce de le convaincre qu'il ferait preuve de patriotisme en rejetant la domination française. Dans le mĂŞme temps, les relations entre Yorck et Macdonald s'enveniment : le gĂ©nĂ©ral prussien multiplie les rĂ©clamations de plus en plus cassantes et, n'Ă©tant pas dĂ©savouĂ© par son roi, pense que ce dernier est prĂŞt Ă  la rupture avec les Français[31] - [32].

Napoléon, en quittant l'armée, avait laissé Macdonald et Schwarzenberg sans instructions précises et ses messages leur laissent croire que l'armée principale est en excellent état. C'est seulement le 9 décembre que Murat leur écrit de se replier, l'un vers Tilsit, l'autre vers Białystok[2]. Les communications sont déjà très perturbées, Macdonald ne reçoit l'ordre de repli que le 17 décembre mais, sachant la Grande Armée en difficulté, il avait préparé l'évacuation dès le 15 décembre[1]. La division Grandjean marche en tête avec quelques éléments prussiens, bouscule une avant-garde russe à Piktupönen le 26 décembre et reprend Tilsit, d'où les cosaques se retirent sans combat le 27, avant de repasser le Niémen le 28[33] - [1]. La cavalerie prussienne, commandée par Karl von Massenbach (de), combat encore du côté français à Piktupönen[34].

Cependant, Yorck est entré en contact avec le général russe d'origine allemande Diebitsch qui commande l'avant-garde de Wittgenstein : le 30 décembre 1812, il signe avec lui la convention de Tauroggen qui neutralise le corps prussien et prévoit son retour pacifique en Prusse[32]. Massenbach, qui était arrivé à Tilsit, est informé de cette convention et, après s'être concerté avec ses officiers, repasse le Niémen gelé pour aller se joindre à Yorck[33].

Paulucci fait occuper Memel, port prussien au nord du Niémen, le 27 décembre et tente d'y établir une administration russe, initiative aussitôt désavouée par le tsar Alexandre qui dépêche le baron Heinrich Friedrich Karl vom Stein, ancien ministre prussien exilé en Russie, pour faire respecter les intérêts des Hohenzollern en attendant que Frédéric-Guillaume, toujours indécis, se décide pour l'alliance russe[32].

Le gĂ©nĂ©ral prussien Friedrich Wilhelm BĂĽlow, commandant militaire par intĂ©rim de la province de Prusse, avait sous ses ordres un corps de 10 000 hommes destinĂ© Ă  renforcer celui de Macdonald : apprenant la dĂ©fection d'Yorck et l'ordre d'Ă©vacuation des troupes françaises de Königsberg, il se retire Ă  Graudenz et cesse de coopĂ©rer avec les Français. Ă€ Königsberg, les habitants, de plus en plus ouvertement hostiles aux Français, font tout leur possible pour les empĂŞcher d'Ă©vacuer ou de dĂ©truire leurs approvisionnements[35].

Retraite française vers l'Elbe

Reprise de l'avance russe

Entrée de l'armée russe à Königsberg le 5 janvier 1813, gravure allemande, v. 1813.

Au , les Russes alignent 111 936 hommes dont 64 145 fantassins, 18 614 cavaliers, 17 450 cosaques et 11 727 artilleurs avec 849 pièces[36]. Ă€ partir du 2 janvier, le dĂ©tachement de cavalerie de Dimitri Chepeliev (ru) harcèle les Français en Prusse-Orientale, ce qui presse leur Ă©vacuation : avec quelques combats d'arrière-garde, ils abandonnent Braniewo (Braunsberg), Elbing et Marienwerder[36]. Les Russes s'emparent des grands dĂ©pĂ´ts de provisions et d'Ă©quipements d'Elbing et de Braniewo ainsi que d'armes stockĂ©es dans des pĂ©niches immobilisĂ©es par le gel[37]. Ils entrent en Prusse et Pologne en cinq colonnes, du nord au sud[38] :

  • La première colonne (Wittgenstein, avec Chepeliev en avant-garde) se dirige vers Elbing oĂą elle prend un repos du 14 au 21 janvier ;
  • La deuxième colonne (Platov, avec Tchernychev en avant-garde), principalement composĂ©e de cosaques, arrive devant Dantzig le 24 janvier ;
  • La troisième colonne dite armĂ©e du Danube (Tchitchagov) avance avec lenteur vers ToruĹ„ ;
  • La quatrième colonne (Tormassov), oĂą se trouvent l'empereur Alexandre, son frère Constantin et le marĂ©chal Koutouzov, part de Vilnius le 9 janvier et arrive Ă  PĹ‚ock le 5 fĂ©vrier ;
  • La cinquième colonne (Miloradovitch assistĂ© par Osten-Sacken, Wintzingerode, Dokhtourov et Radt) se dirige vers Varsovie[39].

Repli français vers la Vistule et l'Oder

Au , la Grande ArmĂ©e, avec le renfort des divisions Heudelet et Loison (remplacĂ© par Marchand), aligne 24 000 hommes en première ligne avec une cinquantaine de canons, 21 500 en formation sur la Vistule, plus 6 000 cavaliers Ă  pied qui attendent des chevaux de remonte[1]. Aux Français s'ajoutent 4 500 alliĂ©s bavarois et 1 500 westphaliens[2].

Murat chargeant sous la neige pendant la bataille d'Eylau en 1807, dessin de Job, 1903.

Le 13 janvier, la division Grandjean est envoyĂ©e vers Dantzig[36]. Les troupes françaises et allemandes alliĂ©es rĂ©sistent mal aux Ă©preuves de la retraite. La division Heudelet, composĂ©e surtout de jeunes conscrits français et allemands, perd une grande partie de son effectif par le froid et les maladies. Ceux de la division Marchand vivent de rapines, dĂ©sertent en masse ou se rendent aux Russes : il n'en reste plus qu'un millier en arrivant Ă  Dantzig. Macdonald, le 10 janvier, Ă©crit Ă  Murat : « Nous sommes sans vivres, sans fourrage et sans moyen d'en envoyer chercher[40] ». Murat fait renforcer les garnisons de Dantzig et ToruĹ„ qui doivent ĂŞtre les pivots de la future campagne : 36 000 hommes de vingt nations diffĂ©rentes Ă  Dantzig, mĂŞlant les restes de la Grande ArmĂ©e revenue de Russie et ceux de divers renforts amenĂ©s d'Allemagne et d'Italie ; 3 600 hommes, principalement bavarois, Ă  ToruĹ„. En outre, NapolĂ©on, par un courrier du 14 dĂ©cembre 1812, avait demandĂ© au roi de Prusse de lever 30 000 hommes pour renforcer la dĂ©fense de la Vistule : malgrĂ© le revirement d'Yorck, NapolĂ©on compte toujours sur le corps autrichien de Schwarzenberg pour couvrir Varsovie et sur le corps prussien de BĂĽlow, rassemblĂ© Ă  Graudenz, pour couvrir ToruĹ„. Cependant, dès le milieu de janvier, la cavalerie russe fait le blocus de Dantzig et ToruĹ„, en attendant l'infanterie qui, plus lente, n'arrivera qu'en fĂ©vrier : les places de la Vistule sont coupĂ©es du reste de l'armĂ©e[41].

Les Russes sont en nette supĂ©rioritĂ© numĂ©rique avec 59 000 hommes et 299 canons, plus le corps de rĂ©serve de Koutouzov qui est encore Ă  Vilnius avec 50 000 hommes et 274 canons, et un renfort de 9 400 hommes et 44 canons en cours d'acheminement. Au sud de Hrodna, les Russes ont 23 000 hommes face au corps de Reynier qui doit se replier faute de soutien des Autrichiens[1]. Murat est de plus en plus pessimiste sur l'issue de la campagne et demande Ă  plusieurs reprises Ă  ĂŞtre remplacĂ© : habituĂ© des grandes offensives Ă  cheval, il se dit peu capable de mener une guerre dĂ©fensive[41]. En outre, il se soucie surtout de conserver son royaume de Naples qui, en son absence, peut ĂŞtre renversĂ© par les Britanniques et les partisans de la dynastie des Bourbon de Naples repliĂ©s en Sicile[42]. Le 17 janvier, il quitte l'armĂ©e de sa propre initiative pour retourner Ă  Naples, laissant le commandement au prince Eugène de Beauharnais, beau-fils de NapolĂ©on et vice-roi d'Italie. Celui-ci, ayant obtenu l'approbation des marĂ©chaux, Ă©tablit son quartier gĂ©nĂ©ral Ă  PoznaĹ„ oĂą il reste jusqu'au 11 fĂ©vrier[43] - [41].

Napoléon est très mécontent de la conduite de Murat. Dans une lettre adressée à Eugène le 23 janvier, il écrit : « Je trouve la conduite du roi fort extravagante et telle qu'il s'en faut de rien que je le fasse arrêter pour l'exemple ». Et à Murat lui-même : « Vous êtes un bon soldat sur le champ de bataille, mais en dehors de là, vous n'avez ni vigueur ni caractère. Le titre de roi vous a tourné la tête; si vous désirez le conserver, conduisez-vous bien. » Cependant, il approuve la prise de commandement d'Eugène et, dans le Moniteur, affirme que celui-ci « jouit de toute la confiance de l'empereur[44] ».

Eugène rĂ©organise son armĂ©e : hormis les garnisons des forteresses, il n'a plus que 11 500 hommes valides rassemblant les restes de 5 corps d'armĂ©e. Il en forme une division française commandĂ©e par GĂ©rard, une bavaroise commandĂ©e par de Wrede (puis par Anton von Rechberg (de)) et une, principalement polonaise, commandĂ©e par Girard ; il n'a que 500 cavaliers de la Garde, 300 bavarois et une poignĂ©e de lanciers lituaniens[45], 400 cavaliers commandĂ©s par le prince Romuald Gedroitze. Ce qui reste d'artillerie Ă  pied est envoyĂ© pour rĂ©organisation Ă  Magdebourg et l'artillerie Ă  cheval Ă  Berlin[46]. Le 5e corps polonais commence Ă  se reconstituer avec une levĂ©e de 25 000 conscrits[47]. Cependant, Poniatowski, dans une lettre du 21 janvier, avertit Eugène qu'il s'agit de jeunes novices qui ne savent pas encore se servir d'un fusil et qu'il ne lui reste plus assez de soldats aguerris pour les former et les escorter[48].

Varsovie, ville ouverte

Lanciers du duché de Varsovie en 1814, illustration de Bronisław Gembarzewski, 1905.
L'armée russe entrant à Varsovie en 1813, gravure de Johann Nepomuk Nusbiegel (1750-1829).

La colonne russe de Miloradovitch se dirige vers Varsovie Ă  la suite du corps autrichien de Schwarzenberg, flanquĂ© du corps franco-saxon de Reynier et de celui, polonais, de Poniatowski[43]. Le mouvement concertĂ© des Russes et des Autrichiens permet Ă  Schwarzenberg d'abandonner Varsovie en prĂ©tendant qu'il redoute d'ĂŞtre tournĂ©, ce qui ne laisse pas d'autre choix Ă  Reynier et Poniatowski que de battre en retraite[49]. Poniatowski, patriote polonais, est dĂ©solĂ© d'abandonner son pays Ă  l'envahisseur ; le 2 fĂ©vrier, il Ă©crit Ă  Eugène qu'il devra laisser sur place une large partie de ses conscrits, dispersĂ©s dans plusieurs cantonnements Ă©loignĂ©s, sans moyens de charroi, mal Ă©quipĂ©s et peu exercĂ©s aux marches : s'il les envoie au combat, « ils vont nĂ©cessairement se fondre sans aucune utilitĂ©[50] ». Il ne peut emmener avec lui que 10 000 Ă  12 000 hommes[6]. 2 000 blessĂ©s et malades autrichiens, 4 000 français et polonais, non transportables, sont laissĂ©s dans les hĂ´pitaux de Varsovie et faits prisonniers par les Russes. Le prĂ©sident du sĂ©nat polonais, dans une lettre interceptĂ©e, Ă©crit : « Beauharnais promet de faire mouvement depuis PoznaĹ„ pour nous secourir mais Ă  prĂ©sent, c'est comme de la moutarde après souper[51] ».

Le , l'administration française Ă©vacue Varsovie avec l'ambassadeur Édouard Bignon qui a remplacĂ© l'archevĂŞque Pradt ; les Russes de Miloradovitch y entrent sans combat le 8 fĂ©vrier[52]. La forteresse de Modlin reste encerclĂ©e par les Russes, bien approvisionnĂ©e, avec une garnison de 4 000 Polonais, 600 Français et 600 Saxons[6].

Le corps de Reynier se replie vers Poznań sans savoir qu'Eugène est en train de l'évacuer. Il est rattrapé par le corps russe de Wintzingerode qui lui inflige une défaite le 13 février à la bataille de Kalisz[6]. Cependant, une partie parvient à rejoindre Poniatowki à Częstochowa, puis à se diriger vers Glogau où il ne trouve pas les renforts saxons attendus[53].

Poniatowski conclut un armistice avec les Russes et Ă©vacue le corps polonais vers Cracovie, capitale provisoire du duchĂ©, sous contrĂ´le autrichien[53]. De nombreux volontaires s'Ă©chappent de la zone d'occupation russe pour le rejoindre ; il atteindra 18 000 hommes en juin 1813[54].

Alexandre entre Ă  Varsovie et met en place un Conseil suprĂŞme provisoire qui ne compte que deux membres polonais[55]. Les Russes encerclent les dernières forteresses polonaises : Tchitchagov laisse 6 000 hommes devant ToruĹ„, dĂ©fendue par une garnison de 4 000 Bavarois et 500 Français sous le gĂ©nĂ©ral Poitevin[56] mais, en avril, 600 dĂ©fenseurs sont morts et 1 900 malades Ă  l'hĂ´pital quand l'armĂ©e russe de Langeron ouvre les opĂ©rations de siège : la place capitule le 17 avril. CzÄ™stochowa, dĂ©fendue par 900 Polonais, est bombardĂ©e et ses entrepĂ´ts incendiĂ©s le 22 mars : elle se rend au corps russe d'Osten-Sacken le 25 mars[57]. Tormassov met le blocus en fĂ©vrier devant Modlin et Zamosc[58]. Ces deux dernières places, de mĂŞme que Dantzig, rĂ©sisteront jusqu'Ă  l'automne de 1813[59].

Raids de la cavalerie russe

Ă€ la fin de janvier 1813, la mobilisation prussienne est en cours mais seuls les corps de Yorck et BĂĽlow, 40 000 hommes en tout, sont sur le pied de guerre. Les troupes russes, très Ă©prouvĂ©es par leur longue marche, sont partagĂ©es entre les 25 000 hommes de Wittgenstein en Prusse-Orientale, le corps de Tchitchagov, remplacĂ© le 4 fĂ©vrier par Michel Barclay de Tolly, devant ToruĹ„ et Bydgoszcz (Bromberg) et les 13 000 hommes de Löwis devant Dantzig. Le 22 janvier, le jeune gĂ©nĂ©ral Alexandre Tchernychev, fort de son expĂ©rience de la guerre de partisans en Russie en 1812, Ă©crit Ă  Koutouzov pour recommander une sĂ©rie de raids de cavalerie Ă  l'ouest de la Vistule afin de harceler les Français, mettre le dĂ©sordre dans leurs communications et les empĂŞcher de contre-attaquer jusqu'Ă  ce que l'armĂ©e prussienne soit opĂ©rationnelle. Trois « colonnes volantes » sont organisĂ©es : celle de Friedrich Karl von Tettenborn, ancien officier de l'armĂ©e autrichienne, qui traverse l'Oder au nord de CĂĽstrin ; celle d'Alexandre von Benckendorff au sud de cette ville ; et celle de Tchernychev lui-mĂŞme autour de PoznaĹ„ oĂą se trouve l'Ă©tat-major du prince Eugène. FormĂ©es de cosaques et de cavalerie rĂ©gulière, elles totalisent environ 6 000 cavaliers, pas d'infanterie, et seul Tchernychev dispose de deux pièces d'artillerie Ă  cheval mais la cavalerie française, très affaiblie, n'est pas en mesure de les arrĂŞter ni mĂŞme d'avoir une idĂ©e prĂ©cise de leur nombre. Les cavaliers russes traversent l'Oder juste avant le dĂ©gel : Tettenborn se dirige vers Hambourg pour soulever les villes hansĂ©atiques contre les Français, Benckendorff tient la route entre Francfort-sur-l'Oder et Berlin[60]. Le 12 fĂ©vrier Ă  Sierakowo sur la Warta, Tchernychev attaque par surprise un dĂ©tachement de lanciers lituaniens : il capture 900 hommes, 30 officiers, un millier de chevaux et leur chef, le prince Romuald Gedroitze (400 soldats et 20 officiers selon Bogdanovitch). Le 20 fĂ©vrier, un dĂ©tachement de cosaques fait une incursion dans Berlin et s'en retire aussitĂ´t après avoir semĂ© l'alarme[61].

Le 22 février, Eugène évacue son quartier général de Francfort-sur-l'Oder pour le transférer à Köpenick près de Berlin ; il fait brûler les ponts de Francfort-sur-l'Oder, Crossen et Schmöckwitz. Le détachement russe de Benckendorff détruit une unité de chevau-légers italiens près de Münchenberg : cette perte, faisant suite celle des uhlans polonais de Gedroitze, ne laisse à Eugène qu'à peine un millier de cavaliers sur l'ensemble du théâtre d'opérations[62] - [63].

Ă€ la fin de fĂ©vrier, les premiers renforts envoyĂ©s de France commence Ă  arriver : Lauriston rĂ©unit le noyau en formation du 5e corps autour de Magdebourg, Victor, duc de Bellune celui du 2e corps Ă  Wittenberg, Davout celui du 1er corps Ă  Leipzig[64]. Le 7e corps de Reynier, qui ne compte plus que 2 000 hommes, est Ă  Dresde, le 11e corps de Grenier autour de Wittenberg[65]. NapolĂ©on est mal renseignĂ© sur l'Ă©tat des troupes françaises et alliĂ©es et croit les Russes affaiblis par leur dispersion. Cependant, Eugène ne peut pas ignorer la progression des Russes et l'Ă©tat d'esprit hostile des populations prussiennes ; il dĂ©cide le repli de ses forces sur l'Elbe[5].

L'interception des courriers permet aux Russes de prévoir les prochains mouvements des Français : le maréchal Pierre Augereau, découragé par le pillage de ses convois et l'attitude de plus en plus belliqueuse des Prussiens, évacue Berlin où l'avant-garde russe de Nikolaï Repnine-Volkonski entre le [60]. La garde bourgeoise lui ouvre les portes et la population berlinoise l'accueille avec enthousiasme. Repnine-Volkonski s'installe comme gouverneur de Berlin et le prince Henri-Charles de Prusse, frère du roi, vient accueillir le général Wittgenstein qui entre à Berlin le 11 mars[64]. Les détachements de Tchernychev et de Benckendorff harcèlent les Français dans leur retraite jusqu'à Wittenberg. Le 10 mars, l'armée française est presque entièrement repliée sur la rive gauche de l'Elbe[66].

Napoléon, depuis Paris, est mécontent de ces reculs successifs. Le 11 mars, il écrit à Eugène : « Nos opérations militaires sont l'objet des risées de nos alliés à Vienne, et de nos ennemis à Londres et à Saint-Pétersbourg, parce que constamment l'armée s'en va, huit jours avant que l'infanterie ennemie soit arrivée, à l'approche des troupes légères et sur de simples bruits [67] ».

  • Siège de Dantzig par les Russes, gravure de Johann Michael Voltz, Nuremberg, 1820.
    Siège de Dantzig par les Russes, gravure de Johann Michael Voltz, Nuremberg, 1820.
  • Interception d'un convoi français par la cavalerie russe, carte postale de Boris Zvorykine, 1917.
    Interception d'un convoi français par la cavalerie russe, carte postale de Boris Zvorykine, 1917.
  • ArrivĂ©e des premiers cosaques devant Berlin le 20 fĂ©vrier 1813, gravure de FĂĽgel lĂ©gendĂ©e en russe et allemand, v. 1813.
    Arrivée des premiers cosaques devant Berlin le 20 février 1813, gravure de Fügel légendée en russe et allemand, v. 1813.

La coalition s'Ă©largit

Jean-Baptiste Bernadotte, marĂ©chal de NapolĂ©on Ă©lu en 1810 prince hĂ©ritier de Suède sous le nom de Charles Jean, n'a pas voulu soutenir son ancien souverain lors de l'invasion de la Russie : au contraire, il se rapproche de la Russie et du Royaume-Uni qui lui font espĂ©rer l'acquisition de la Norvège. Le par le traitĂ© d'Ă–rebro, Bernadotte s'allie avec le Royaume-Uni et promet de lever une armĂ©e de 30 000 hommes « contre les ennemis communs » : les Britanniques offrent Ă  la Suède un subside d'un million de livres sterling ainsi que l'Ă®le de la Guadeloupe[68]. Le 5 avril, sans rompre ouvertement avec NapolĂ©on, Bernadotte signe un traitĂ© secret avec la Russie et fait dĂ©barquer ses troupes en PomĂ©ranie suĂ©doise, territoire qui lui avait Ă©tĂ© confisquĂ© par NapolĂ©on en janvier 1812. Le 22 avril, il signe une autre convention secrète avec la Prusse[5].

Les Britanniques, déjà engagés dans la guerre d'Espagne, ne souhaitent pas envoyer de troupes en Europe du Nord mais financent les adversaires de Napoléon et leur envoient des officiers de liaison[5].

Offensive russo-prussienne

Le réveil prussien

À Königsberg le 5 février 1813, le général Yorck appelle les états de Prusse à se libérer de Napoléon. Copie d'une toile d'Otto Brausewetter (de), 1888.

Après l'écrasante défaite de 1806, la Prusse, amputée de vastes territoires et chargée de contributions, songe à la revanche. Les réformes prussiennes, menées entre 1807 et 1812 par Scharnhorst et Gneisenau, visent à rendre sa puissance à l'armée prussienne : création d'une Académie de guerre, organisation en brigades associant infanterie, cavalerie et artillerie, règlement militaire de 1812 qui prévoit l'entraînement au combat en tirailleur. Le roi Frédéric-Guillaume, craignant une rupture avec Napoléon, exile les réformateurs mais poursuit leur œuvre. En 1812, il accepte l'envoi d'un corps de renfort prussien dans la campagne de Russie. En janvier 1813, il désavoue l'armistice de Tauroggen signé par Yorck le 30 décembre 1812[69]. Cependant, l'opinion prussienne est sensible aux appels lancés depuis Saint-Pétersbourg par les exilés allemands anti-napoléoniens ; le 29 décembre, les états de Prusse demandent au roi, sans succès, de faire la paix avec la Russie. Yorck rentre en Prusse-Orientale avec l'armée russe et, le , les états provinciaux à Königsberg le reconnaissent comme gouverneur des « territoires libérés ». Le 8 février, la petite garnison française de Pillau, dernière ville occupée dans la province, doit se rendre après la défection de ses auxiliaires prussiens[70]. Le lendemain, les états provinciaux votent la création d'une Landwehr[71].

Régiment national de cavalerie de Prusse-Orientale, dessin de Richard Knötel, 1890.

Le 21 janvier, FrĂ©dĂ©ric-Guillaume, toujours officiellement alliĂ© de la France, quitte Berlin pour Breslau avec une petite suite[72]. Il s'emploie Ă  renforcer son armĂ©e : en faisant appel aux rĂ©serves, il compte la faire passer de 42 000 hommes (effectif avant la retraite de Russie) Ă  78 000 hommes. Le 3 fĂ©vrier, il signe un Ă©dit appelant Ă  l'enrĂ´lement de chasseurs volontaires capables de s'Ă©quiper Ă  leurs frais, donc recrutĂ©s dans les classes aisĂ©es et capables d'encadrer les nouvelles unitĂ©s. Il approuve, non sans rĂ©ticence, la levĂ©e de corps francs autonomes comme le corps franc LĂĽtzow. Le 9 fĂ©vrier, un autre Ă©dit abolit la plupart des exemptions de service militaire et condamne Ă  la dĂ©chĂ©ance civique et professionnelle ceux qui se dĂ©roberaient Ă  la conscription[73].

En mĂŞme temps, le roi nĂ©gocie en sous-main avec la Russie : il hĂ©site encore Ă  se ranger ouvertement aux cĂ´tĂ©s d'Alexandre et rĂ©clame des garanties sur les territoires polonais autrefois acquis par la Prusse lors des partages de la Pologne, et dont le tsar voudrait faire un royaume autonome sous souverainetĂ© russe. Un accord est finalement conclu : le traitĂ© de Kalisz, signĂ© les 27-28 fĂ©vrier, concède Ă  la Prusse une large bande de territoire polonais reliant la Prusse-Orientale et la SilĂ©sie. Les deux souverains prĂ©voient de faire entrer dans leur alliance l'Autriche et les autres États allemands[74] - [75]. La Russie s'engage Ă  fournir 150 000 soldats Ă  l'alliance, et la Prusse, 80 000[74].

Retournement prussien et basculement de l'Allemagne du Nord

An Mein Volk (« À mon peuple ») : proclamation de Frédéric-Guillaume III appelant ses sujets de Prusse à la guerre contre la France, 20 mars 1813.

Le 15 mars, le lieutenant-gĂ©nĂ©ral prussien Tauentzien, devançant la dĂ©claration de guerre officielle, adresse une sommation au gĂ©nĂ©ral français Dufresse, commandant la garnison de Stettin[76]. Du 16 au 24 mars, l'armĂ©e prussienne sous les ordres de BlĂĽcher quitte Breslau pour se diriger vers l'Elbe tandis que le corps de BĂĽlow franchit l'Oder Ă  Schwedt[77]. L'armĂ©e russe de Wittgenstein, entrĂ©e Ă  Berlin le 11 mars, est suivie le 17 mars par le corps prussien de Yorck qui obtient enfin l'approbation de son roi. Le 16 mars, le chancelier prussien remet Ă  l'ambassadeur de France la dĂ©claration de guerre de la Prusse. Le roi FrĂ©dĂ©ric-Guillaume Ă©tend la mobilisation Ă  toutes les provinces de son royaume et prĂ©voit un effectif de 120 000 hommes. Une avant-garde russe commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral allemand Tettenborn avance le long de la mer Baltique et obtient, le 16 mars, le retournement du duchĂ© de Mecklembourg-Schwerin suivi, le 30 mars, par celui du duchĂ© de Mecklembourg-Strelitz. Le 18 mars, Tettenborn, avec un dĂ©tachement de cosaques, entre Ă  Hambourg qui lui ouvre ses portes. Il rĂ©tablit l'ancien gouvernement de la ville libre hansĂ©atique et lève un corps de volontaires, la LĂ©gion hansĂ©atique, pour dĂ©fendre l'indĂ©pendance des ports allemands. NapolĂ©on, le 18 mars, Ă©crit : « L'Ă©vacuation de Hambourg me coĂ»te cent canons et bien des millions ». Les petits duchĂ©s de Saxe-Anhalt rejoignent la coalition russo-prussienne au dĂ©but d'avril mais les autres princes de la ConfĂ©dĂ©ration du Rhin restent temporairement fidèles Ă  NapolĂ©on[78]. Les unitĂ©s françaises doivent Ă©vacuer BrĂŞme et l'Oldenbourg tandis que leurs troupes allemandes se joignent aux insurgĂ©s. Les 15 et 16 mars, le contre-amiral Pierre Lhermite doit Ă©vacuer Cuxhaven en dĂ©truisant sa flottille et ses rĂ©serves de munitions[5].

Le 31 mars, le corps prussien de Ludwig von Borstell, fort de 5 000 hommes avec un appoint de cosaques, va camper Ă  Möckern en observation devant la garnison française de Magdebourg[79].

Infanterie prussienne (9e régiment de réserve) en 1813, dessin de Richard Knötel, 1890.

Le 9 mars, Eugène établit son quartier général à Leipzig ; cependant, le soutien du royaume de Saxe est de moins en moins assuré. Eugène désigne le maréchal Davout pour commander à Dresde et tenir ce secteur critique, au besoin en faisant sauter le pont sur l'Elbe[80]. Le 21 mars, le 7e corps saxon, allié de plus en plus incertain des Français, évacue Torgau[5]. Le 25 mars, trois colonnes volantes russes, renforcées par des éléments prussiens, passent l'Elbe entre Meissen et la frontière de Bohême. La division bavaroise d'Anton von Rechberg évacue Meissen et, se joignant à la division française de François Durutte, se replie vers Waldheim, toujours harcelée par les Russes. L'avant-garde russe de Lanskoi entre à Dresden-Neustadt, sur la rive est de l'Elbe[81]. Wittgenstein adresse une proclamation aux Saxons : « Vous avez les innombrables armées de la Russie et de la Prusse pour vous soutenir… Celui qui n’est point pour la liberté est contre elle ! Choisissez entre mon baiser fraternel et la pointe de mon épée (…). Aux armes ! Saxons ! Si les fusils vous manquent, armez vos bras de faux et de massues[5] ». Le 26 mars, l'armée prussienne occupe Dresde : le roi de Saxe Frédéric-Auguste doit s'enfuir et proclamer sa neutralité[82]. Un armistice local permet à Reynier de se maintenir dans la vieille ville de Dresde, à l'ouest de l'Elbe[5].

Après l'entrée à Berlin et jusqu'au début d'avril, Koutouzov met à profit la pause des opérations pour reposer, compléter et rééquiper ses troupes. Tous les fusils sont réparés par des artisans privés, les convois font refaire leurs chariots[83].

Les coalisés sur l'Elbe

Affiche d'une vente de l'Association des dames mecklembourgeoises au profit des volontaires, 30 mars 1813.

Ă€ la fin de mars, avec l'incorporation de la Landwehr, la Prusse a 132 000 hommes sous les armes[9]. L'enthousiasme patriotique touche inĂ©galement les classes de la sociĂ©tĂ© : les Ă©tudiants (2% de la population) reprĂ©sentent 14% des volontaires, les artisans (7% de la population) en font 41%, tandis que les paysans (les trois quarts de la population) ne font que 18%. Une collecte d'argent, connue sous la formule « De l'or contre du fer » (en allemand : « Gold gab ich fĂĽr Eisen (de) »), permet de rĂ©unir 6,5 millions de thalers. Les femmes de la famille royale encouragent les Allemandes Ă  soutenir l'armĂ©e par leurs dons et leur travail. Les Juifs, rĂ©cemment affranchis par le dĂ©cret du , apportent une grosse contribution financière et, pour la première fois, sont admis Ă  s'enrĂ´ler dans l'armĂ©e[84].

Eugène de Beauharnais, à la tête des lanciers polonais, arrête les cosaques devant Magdebourg, gravure de Pierre Langlumé, v. 1820-1830.
La citadelle de Spandau est évacuée par les Français après un court siège le 27 avril 1813. Peinture de Carl Röhling (de), 1813.

NapolĂ©on est en train de rassembler une armĂ©e sur le Main qui comptera 111 000 hommes[5]. L'armĂ©e d'Eugène, en cours de reconstitution, Ă©talĂ©e sur la rive gauche de l'Elbe, n'est guère en mesure de s'opposer Ă  un franchissement en force ; cependant, Eugène peut compter sur les hautes eaux du fleuve et sur la fatigue de l'armĂ©e russe, Ă©prouvĂ©e par une marche de plusieurs centaines de kilomètres en hiver. NapolĂ©on lui recommande de regrouper ses rĂ©serves pour pouvoir mener une contre-attaque si l'ennemi dĂ©passe l'Elbe[5].

L'armĂ©e principale d'Eugène, Ă  la fin de mars, compte 26 000 Ă  28 000 hommes. Plusieurs unitĂ©s sont dispersĂ©es dans les forteresses et leurs contacts avec le gros de l'armĂ©e sont de plus en plus alĂ©atoires : Stettin (9 000 hommes, gĂ©nĂ©ral Grandeau), CĂĽstrin (3 500 hommes, gĂ©nĂ©ral Fornier d'Albe), Glogau (6 000 hommes, gĂ©nĂ©ral Laplane), Modlin (6 000 hommes sous le gĂ©nĂ©ral nĂ©erlandais Daendels), Zamość (6 000 hommes, gĂ©nĂ©ral Hauke), les cadres du 3e corps Ă  Spandau[85]. Jean-François Brun donne des chiffres un peu diffĂ©rents : 27 305 soldats et 833 officiers (plus 2 775 chevaux) Ă  Dantzig, 2 468 soldats et 153 officiers Ă  Modlin, 3 745 soldats et 163 officiers Ă  ToruĹ„, effectif inconnu Ă  Zamosc, 8 052 soldats et 272 officiers (plus 148 chevaux) Ă  Stettin, 3 749 soldats et 151 officiers Ă  CĂĽstrin, 4 339 soldats et 155 officiers Ă  Glogau, 2 817 soldats et 209 officiers Ă  Spandau[7].

Le 2 avril, une colonne volante russe commandée par Tchernychev et le Hessois Wilhelm von Dörnberg remporte sur les Français la bataille de Lunebourg contre le général français Joseph Morand qui est tué[86].

Wittgenstein, parti de Belzig le 31 mars, envoie Kleist bloquer Wittenberg et avance vers l'Elbe pour faire sa jonction avec les Prussiens de BlĂĽcher quand il apprend que les Français sont en train de construire des ponts de bateaux et de fortifier une tĂŞte de pont sur la rive droite devant Magdebourg : le 2 avril, Eugène, suivant les instructions de NapolĂ©on, franchit le fleuve pour marcher au-devant des Prussiens. Le petit corps de Borstell se replie en tiraillant vers Möckern. Wittgenstein ordonne aux corps de BĂĽlow et Yorck de converger vers Möckern. En tout, les Russo-Prussiens disposent de 40 000 hommes contre 60 000 aux Français. MalgrĂ© son infĂ©rioritĂ© numĂ©rique, le , Wittgenstein ordonne l'attaque : les Prussiens ont l'avantage et la bataille de Möckern s'achève sur la retraite des Français qui se retirent dans Magdebourg[87]. Cette victoire russo-prussienne, bien que non exploitĂ©e dans l'immĂ©diat, amène les quatre petites principautĂ©s de Saxe-Anhalt Ă  se joindre Ă  l'alliance russo-prussienne[88].

Conclusion : commencement difficile de la campagne de Napoléon

Frédéric-Guillaume III à genoux avec ses fils pour remercier Moscou d'avoir sauvé son État, peinture allégorique de Nikolaï Sergueïevitch Matveïev, 1896.

En cinq mois de retraite presque continue, Eugène a manĹ“uvrĂ© habilement et Ă©vitĂ© la destruction de son armĂ©e mais il laisse une situation profondĂ©ment dĂ©gradĂ©e[89]. NapolĂ©on, qui doit se remettre en campagne pour restaurer son autoritĂ© en Allemagne, arrive Ă  Mayence le 16 avril et reprend le commandement direct des opĂ©rations Ă  partir du 25 avril[5]. En apparence, la mobilisation de 1813 lui donne une armĂ©e plus forte que jamais : un sĂ©natus-consulte du 11 janvier 1813 prĂ©voit la levĂ©e de 350 000 conscrits, Ă  quoi un autre sĂ©natus-consulte, le , en ajoute 180 000. Cependant, le retournement de la Prusse et les soulèvements en Allemagne du Nord-Ouest ont montrĂ© la fragilitĂ© de la domination française face Ă  la montĂ©e du sentiment national allemand[90]. Selon Clausewitz, l'armĂ©e russe, Ă©puisĂ©e par sa longue marche depuis Moscou, aurait couru au dĂ©sastre si elle n'avait pas trouvĂ© un alliĂ© puissant, la Prusse, pour l'appuyer et la ravitailler[5] mais, inversement, la Prusse n'aurait pas pu mobiliser son armĂ©e et se libĂ©rer de la tutelle française sans l'arrivĂ©e de l'armĂ©e russe sur les talons des Français en retraite[91].

Les quelques milliers de cavaliers russo-prussiens dĂ©ployĂ©s en Allemagne du Nord-Ouest obligent NapolĂ©on Ă  envoyer 40 000 hommes avec son meilleur marĂ©chal, Davout, pour rĂ©duire la rĂ©volte des villes hansĂ©atiques ; Tettenborn Ă©vacue Hambourg sans combat dans la nuit du 29 au 30 avril mais le corps de Davout doit rester sur place, et il fera dĂ©faut Ă  NapolĂ©on dans la suite de la campagne[86] - [92]. Pour mĂ©nager les habitants et Ă©viter de nouvelles rĂ©voltes, NapolĂ©on ordonne Ă  ses soldats de payer comptant toutes leurs dĂ©penses[93].

Bivouac de dragons de la Garde italienne près de Wittenberg, dessin d'Albrecht Adam (1786-1862).

Plus que d'hommes, la nouvelle armĂ©e napolĂ©onienne manque de chevaux. 175 000 ont pĂ©ri dans la campagne de Russie et la remonte en France n'a pu assurer que 29 000 bĂŞtes. Les rĂ©gions de Pologne et d'Allemagne du Nord-Est, traditionnellement bonnes fournisseuses, sont perdues. L'Autriche refuse d'en vendre Ă  la France. Les 32 000 chevaux achetĂ©s d'avance en novembre et dĂ©cembre 1812, qui devaient ĂŞtre livrĂ©s Ă  partir du printemps aux centres de remonte de Varsovie, PoznaĹ„, Glogau, Berlin, Hanovre et Hambourg, arrivent quand la plupart de ces villes ont Ă©chappĂ© aux Français[86] - [89]. Les rapports adressĂ©s Ă  Eugène en mars et avril montrent l'Ă©tat pitoyable de la cavalerie : rĂ©giments incomplets, dĂ©placements continuels Ă  la recherche de vivres et fourrages introuvables, bĂŞtes amaigries et blessĂ©es, harnachements dĂ©fectueux ou manquants[94]. Ce dĂ©faut critique de cavalerie sera un des handicaps majeurs de NapolĂ©on dans toute la suite de la campagne[95].

Pertes

Au cours de leur retraite depuis Moscou, les Français et leurs alliĂ©s ont dĂ» abandonner 10 939 soldats et 109 officiers blessĂ©s ou malades en Russie propre et BiĂ©lorussie, 644 soldats en Lituanie, 16 818 soldats et 92 officiers entre le NiĂ©men et l'Oder, 2 196 soldats et trois officiers entre l'Oder et l'Elbe[7]. Ils ont aussi abandonnĂ© ou dĂ©truit, en Lituanie et Prusse-Orientale, 212 816 quintaux de grains, 190 342 quintaux de farine, 10 468 quintaux de riz, 5 575 quintaux de lĂ©gumes, 382 957 quintaux d'avoine[7].

Sources

Références

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