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Maurycy Hauke

Maurycy Hauke (en polonais) ou Hans Johann Moritz Hauke (en allemand), également appelé Hauck, Haucke et von Haucke, né le à Seifersdorf près de Dresde et mort le à Varsovie, est un officier polonais d'origine saxonne, successivement au service de la République des Deux Nations, des armées de Napoléon et du duché de Varsovie, sous tutelle française, enfin du royaume de Pologne, sous tutelle russe.

Hans Moritz Hauke
Maurycy Hauke, peinture par Alexander Molinari (1772-1831)
Biographie
Naissance

Seifersdorf (d)
Décès
(Ă  55 ans)
Varsovie
Nationalités
Allégeance
Formation
Activité
Soldat de carrière
Période d'activité
Ă  partir de
Famille
Hauke-Bosak family (en)
Père
Friedrich Karl Emanuel Hauke (en)
Mère
Maria Salomé Schweppenhäuser (en)
Fratrie
JĂłzef Hauke (d)
Conjoint
Sophie Lafontaine (d) (Ă  partir de )
Enfants
Maurice Napoleon Hauke (d)
Emilia-Victoria-Johanna Hauke (d)
Julia von Hauke
Statut

Général de division, vice-ministre de la Guerre du royaume de Pologne en 1830, il meurt au début de l'insurrection de 1830-1831 contre le tsar et roi de Pologne Nicolas Ier.

Sa fille Julia, Ă©pouse du prince Alexandre de Hesse, est Ă  l'origine de la maison de Battenberg (Mountbatten).

Biographie

La famille Hauke

Friedrich Karl Emanuel Hauke (1737–1810), père de Hans Johann Moritz, né à Mayence d'une famille originaire de Wetzlar, exerçait la fonction de secrétaire du comte Brühl à la cour de l'électorat de Saxe, principauté du Saint Empire. Il épouse Maria Salomea Schweppenhäuser (1755–1833), fille de pasteur et femme de chambre du palais Brühl.

La famille s'établit en Pologne à l'époque où la couronne de la République des Deux Nations est détenue par la dynastie des électeurs de Saxe. En 1780, le comte Alois Friedrich von Brühl (de) renonce à ses emplois en Pologne et rentre en Saxe, mais Friedrich Hauke reste à Varsovie où il fonde une école privée.

Après le troisième partage de la Pologne (1795), qui attribue Varsovie au royaume de Prusse, Friedrich Hauke devient, vers 1805, professeur de mathématiques au lycée royal de Varsovie, établissement de langue allemande fondé en 1804.

Le couple a eu six enfants dont Hans Moritz (Maurycy), l'aîné, et Josef (1790–1837), le plus jeune, qui deviendra général dans l'armée impériale russe.

  • La cour de Pologne Ă  l'Ă©poque des partages
  • Le comte Alois Friedrich von BrĂĽhl, ministre du roi de Pologne, portrait par Per Krafft l'Ancien, 1767
    Le comte Alois Friedrich von BrĂĽhl, ministre du roi de Pologne, portrait par Per Krafft l'Ancien, 1767
  • Élection de Stanislas II Auguste par Bernardo Bellotto (dĂ©tail), 1778
    Élection de Stanislas II Auguste par Bernardo Bellotto (détail), 1778

Carrière au service de la Pologne (1790-1794)

Hans Moritz s'engage en 1790 comme élève-officier d'artillerie dans l'armée polono-lituanienne. En 1794, il participe à l'insurrection de Kościuszko, tentative malheureuse pour s'opposer aux partages de la Pologne entre l'Empire russe, la Prusse et la monarchie autrichienne.

Après avoir combattu dans la défense de Varsovie, il quitte l'armée et travaille comme professeur de géométrie.

Carrière au service de Napoléon (1798-1813)

En 1798, il s'engage dans la légion polonaise qui combat aux côtés de l'armée française dans la campagne d'Italie contre les Autrichiens. Il est fait prisonnier au siège de Mantoue, puis libéré par la paix de Lunéville en 1801.

En 1807, Napoléon recrée un État polonais sous la forme du duché de Varsovie, sous tutelle de l'Empire français. Hauke est promu lieutenant-colonel le , colonel le , général de brigade en 1811[1].

Un rapport de le décrit comme un « homme dur et actif » : il est alors gouverneur de Zamość, petite ville au croisement des routes de Lublin, Cracovie et Lviv. La forteresse de Zamość, qui avait appartenu aux comtes Zamoyski, était peu élevée et de conception ancienne : certains de ses canons remontaient aux guerres polono-turques ; de plus, elle avait été fortement endommagée pendant les guerres précédentes. Des travaux permettent de la renforcer[2].

Il est promu gĂ©nĂ©ral de division le , après l'Ă©chec de la campagne de Russie en 1812. Alors que la Grande ArmĂ©e bat en retraite jusqu'en Allemagne, Zamość, dĂ©fendue par Hauke avec 3 000 hommes et 130 canons, est assiĂ©gĂ©e Ă  partir du par le gĂ©nĂ©ral russe von Radt avec 7 000 hommes. Elle capitule le [3]. C'est la dernière forteresse polonaise Ă  se rendre.

« La garnison de Zamosc a un peu souffert par le scorbut mais le gĂ©nĂ©ral de division Hauck, après avoir, dans le printemps dernier, fait une sortie heureuse contre le gĂ©nĂ©ral russe Rath, a fortement recrutĂ© dans les environs, et a portĂ© la garnison, qui n'Ă©tait originellement que de 1 200 hommes, Ă  3 000, et a approvisionnĂ© cette place pour long-temps ; de sorte que si l'on se tient au blocus, cette place tiendra encore long-temps[4]. »

Carrière dans le royaume de Pologne (1815-1830)

Église des capucins de Varsovie, gravure de Michał Starkman (1855)
Obélisque des Sept Généraux devant le palais de Saxe à Varsovie (photographié avant 1899)

En 1815, Hauke reprend du service dans l'armée du royaume de Pologne, que le congrès de Vienne a créé à partir du duché de Varsovie et attribué au tsar Alexandre Ier.

En 1826, Nicolas Ier, successeur d'Alexandre, l'anoblit au titre de la noblesse polonaise en même temps que ses frères Ludwig August (1779–1851) et Josef. En 1829, Hauke est élevé au rang de comte et nommé vice-ministre de la Guerre du royaume de Pologne.

Lorsque l'insurrection éclate à Varsovie le 29 novembre 1830, Hauke (à cheval), accompagnant le carrosse où se trouve sa famille, rencontre un groupe d'élèves-officiers insurgés. Sollicité de se joindre à eux, Hauke refuse et essaie au contraire de les convaincre de rentrer dans leur caserne. Il est tué par des coups de feu, puis ses décorations russes sont arrachées, mais pas les décorations polonaises ni françaises.

Maurycy Hauke, sa femme (morte l'année suivante) et ses frères sont enterrés dans la crypte de l'église des capucins de Varsovie. En 1841, Nicolas Ier fait élever un obélisque à sa mémoire et à celle de cinq autres généraux polonais « restés fidèles à leur souverain » : ce monument, honni par les nationalistes, sera détruit en 1917.

Mariage et descendance

Armoiries des comtes Hauke-Bosak
Sophie Hauke (1790-1831) par Alexander Molinari (1830)
La comtesse Julia Hauke de Battenberg en costume polonais (1855)

Maurycy Hauke avait épousé Sophie Lafontaine (1790-1831), fille du médecin militaire Franz Leopold Lafontaine (1756-1812).

Après sa mort, ses filles Sophie Salomea (1816–1863), Émilie (1821-1890) et Julia (1825-1895) deviennent pupilles du tsar. Sophie épouse son cousin, le général comte Aleksander Jan Hauke (pl). Émilie épouse le baron germano-balte Karl Stackelberg.

Ses fils Maurycy Napoleon Hauke (pl) (1808-1852), Władysław (1812–1852) et Józef (1814–1831) rejoignent les insurgés. Józef est tué au cours de la bataille d'Ostrołęka le . Après la défaite de l'insurrection (septembre 1831), Maurycy Napoleon et Władysław émigrent aux États-Unis. Tous deux meurent à la Nouvelle-Orléans en 1852.

Ses deux plus jeunes fils, Wincenty (1817–1863) et Konstanty (1819–1840) servent dans l'armée russe, l'un comme cuirassier, l'autre comme hussard. Konstanty meurt noyé au cours d'un exercice.

Julia Hauke (souvent appelée par erreur « von Hauke ») épouse en 1851 le prince Alexandre de Hesse : le grand-duc de Hesse crée pour elle à cette occasion le titre de comtesse, puis princesse de Battenberg. Elle est à l'origine de la lignée princière de Battenberg-Mountbatten d'où sont issus Alexandre de Battenberg, premier roi de Bulgarie à l'époque moderne, Victoire Eugénie de Battenberg, reine d'Espagne, Louis Mountbatten, dernier vice-roi britannique de l'Empire des Indes et le prince Philip, duc d’Édimbourg, mari et cousin germain de la reine Élisabeth II du Royaume-Uni.

Notes et références

  1. "État du département de la guerre du duché de Varsovie, juin 1811" dans La guerre nationale de 1812, publication du Comité scientifique du Grand État-major russe, t. 3, p. 143-146.
  2. "Description de la forteresse de Zamosc et de ses environs, mars 1811", dans La guerre nationale de 1812, publication du Comité scientifique du Grand État-major russe, t. 2, p. 146-154.
  3. Alain Pigeard, Dictionnaire des batailles de Napoléon, Tallandier, 2004, p. 962
  4. Journal de l'Empire, 17 octobre 1813.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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