Franz Leopold Lafontaine
Franz Anton Leopold Lafontaine, né le à Biberach an der Riß en Haute-Souabe, mort le à Moguilev en Biélorussie, est un médecin militaire allemand au service de la monarchie de Habsbourg puis de la Pologne. Il meurt pendant la campagne de Russie en 1812.
Origines
Franz Anton Leopold Lafontaine est le fils de Benno Leopold Ignaz Lafontaine, marchand d'art, et de Katharina Franziska née Leonhardt. Il étudie chez les bénédictins de Biberach puis devient apprenti dans une pharmacie. En 1774, il part étudier la médecine à Strasbourg et reçoit son diplôme de chirurgie en 1777. En 1778, il va compléter sa formation à Vienne. En 1780, il devient chirurgien dans l'armée impériale autrichienne. Il voyage en Crimée puis en Galicie, récemment annexée par l'Autriche lors du premier partage de la Pologne (1772). En 1782, il s'installe avec son régiment à Tarnów. La même année, il quitte l'armée pour une clientèle privée, au service de la princesse Lubomirski puis à Cracovie.
Carrière au service de la Pologne
En 1787, Franz Leopold Lafontaine part pour Varsovie où il obtient le poste de médecin de la cour du roi Stanislas II Poniatowski. En 1791, il reçoit sans examen le diplôme de médecine de l'université de Halle.
Il devient une figure connue de la ville. Il possède une riche collection de peinture et reçoit des personnalités comme Tadeusz Kościuszko, Jan Henryk Dąbrowski et le prince Józef Poniatowski, chefs de l'opposition aux partages de la Pologne. C'est aussi un membre actif de la franc-maçonnerie : il appartient à la loge « Au formidable avantage » à Cracovie puis à la loge « Déesse d'Éleusis » à Varsovie. En 1803, il achète le domaine de Falęcin près de Czersk.
En 1807, après la création par Napoléon du duché de Varsovie, Franz Leopold Lafontaine devient médecin de l'armée du duché de Varsovie commandée par Józef Poniatowski. En 1811, il est nommé chirurgien-chef de l'armée où un docteur d'origine italienne, Michał Bergonzoni, est médecin-chef[1]. Il crée une école de médecine et chirurgie militaire ainsi que des hôpitaux militaires. Il favorise la diffusion de la vaccination en Pologne et publie une étude sur la plique polonaise, une maladie des cheveux endémique dans le pays. Il s'intéresse aussi à la médecine vétérinaire et rédige une étude sur la fièvre aphteuse.
Il parle peu le polonais et écrit habituellement en latin, allemand ou français. Cependant, il écrit une pièce de théâtre, Conscription, qu'il fait traduire en polonais et représenter à Varsovie en 1809.
En 1812, il accompagne le corps polonais de la Grande Armée dans la campagne de Russie. Capturé par l'armée russe, il meurt en captivité à Moguilev (Mohylew) le .
Michał Bergonzoni prononce son oraison funèbre en 1814 devant la société des Amis des sciences de Varsovie[2].
Famille et descendance
En 1789, Franz Leopold Lafontaine épouse Theresia de Cornelly (1768-1827), dame de la cour royale de Pologne, d'origine hongroise. Le couple a deux filles : Sophie (1790-1831), qui épouse le général polonais Maurycy Hauke, et Victoria (morte en 1835), qui épouse un riche pâtissier de Varsovie, Karl Joseph Lessel.
Sophie Lafontaine, épouse Hauke, donne naissance en 1825 à Julia Hauke, plus tard dame de compagnie de la tsarine Marie et épouse du prince Alexandre de Hesse : ce couple est à l'origine de la lignée princière de Battenberg-Mountbatten.
Les généalogistes de la maison de Battenberg ont parfois cherché à rehausser son origine en donnant le titre de « baronne » à Theresia de Cornelly ou en appelant sa fille « Sophie de la Fontaine » et sa petite-fille « Julia von Hauke ».
Œuvres
- Description des effets que produisent les eaux chaudes sulfuriques et froides ferrugineuses aux bains de Krzeszowice, village situé dans le palatinat de Cracovie, Cracovie, 1784 ;
- Chirurgisch-medicinische abhandlungen verschidenen inhalts polen betreffend, mit kupferst, Breslau et Leipzig, 1792 : ouvrage écrit en allemand, dédié au roi Stanislas II et contenant la description de la plique polonaise ;
- Journal de santé, destiné à l'usage de toutes les classes des habitants de la Pologne, Varsovie, publié en 1801 et 1802[2].
Distinctions
- Correspondant de l'Académie des sciences de Göttingen, 1802
- Membre de l'Académie des sciences de Varsovie, 1804
- Membre de l'Académie de médecine de Paris, 1806
- Membre de la société de médecine de Vilnius, 1809
- Virtuti Militari, 1809
- Légion d'honneur, 1811
- Professeur honoraire de l'université de Cracovie, 1811
Notes et références
- État du département de la guerre du duché de Varsovie, juin 1811 dans La guerre nationale de 1812, publication du Comité scientifique du Grand État-major russe, t. 3, p. 143-146.
- Biographie universelle et portative des contemporains, volume 2, partie 1, Paris, 1826, p. 69.