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Gerhard Johann David von Scharnhorst

Gerhard Johann David von Scharnhorst (né le à Bordenau, aujourd’hui un quartier de Neustadt am Rübenberge dans le Hanovre ; mort le à Prague) est un général prussien. Avec le comte August von Gneisenau, il réforma de façon décisive l’armée prussienne en instituant notamment une armée de réserve, qui augmentait notablement l’effectif potentiellement mobilisable. Il abolit en 1807 les châtiments corporels dans l’armée.

Gerhard von Scharnhorst
Gerhard von Scharnhorst

Biographie

La maison natale de Scharnhorst dans le village de Bordenau près de Neustadt am Rübenberge.
Sépulture du général von Scharnhorst au cimetière des Invalides de Berlin, sculpture de Friedrich Tieck (1822).

Débuts dans l’armée de Hanovre

Gerhard Scharnhorst était le fils du maréchal des logis Ernst-Wilhelm Scharnhorst, lui-même issu d'une vieille famille (de) paysanne de Bordenau, et de Wilhelmine Tegtmeyer, fille d’un propriétaire foncier de ce village. Le père de Scharnhorst avait dû mener un procès en succession pour que sa femme hérite des terres de ses parents. La partie adverse était formée de membres de la puissante assemblée provinciale du pays de Calenberg-Grubenhagen. Les terres de Bordenau étaient anoblissantes jusqu’au XVIIe siècle, mais par la suite elles ne furent plus qu’un bien foncier, de maigre rapport au demeurant. Pour les officiers de la Garde royale de Prusse, l’héritage de Scharnhorst (qui ne fut anobli qu’en 1804), était un sujet de plaisanterie.

Scharnhorst fréquenta à partir de 1773 l’école militaire établie par le comte Wilhelm zu Schaumburg-Lippe sur l'île de Wilhelmstein et fut admis en 1778 comme enseigne dans le régiment de cavalerie hanovrien du général von Estorff. Promu lieutenant d’artillerie en 1782, peu après instructeur à l’École de guerre, il devint enfin capitaine de cavalerie en 1792.

À la tête d’un escadron de cavalerie, il combattit au cours de la Première Coalition de 1793 à 1795 dans les Flandres et les Pays-Bas aux côtés des forces coalisées, et joua un rôle notable dans la défense de Menin.

Au service de la Prusse

Promu lieutenant-colonel en 1796 à la fin des hostilités et chargé dès lors de tâches administratives, il s’engage en 1801 dans l’armée prussienne, où il est versé dans l’artillerie en conservant le bénéfice de son grade. Nommé directeur de l’École des cadets d'Infanterie et de cavalerie, son enseignement eut une influence durable dans l'armée prussienne.

Il crée en 1802 la Société militaire de Berlin, vouée à promouvoir une réforme en profondeur de l'armée. Le général Ernst von Rüchel en est le premier président. Anobli en 1804 et promu colonel, von Scharnhorst devient en 1806 chef d’état-major du général von Rüchel, et est affecté ensuite à l'état-major du duc de Brunswick. Il y croise et remarque le déjà brillant intellect de Carl von Clausewitz et devient son mentor.

Malgré une blessure au côté gauche reçue à la bataille d'Iéna, il parvient à se joindre à la retraite du général Blücher vers Lübeck. Fait prisonnier avec Blücher, mais bientôt échangé contre des officiers français en même temps que lui, il prend part à la bataille d'Eylau avec le grade de commandant du train dans le corps de cavalerie du général Anton Wilhelm von L'Estocq.

Après la paix de Tilsit, en , il est nommé chef du Département de la Guerre, chef d'État-major et membre de la Commission de réforme de l'Armée. De concert avec Gneisenau et Boyen, il réorganise l’appareil militaire de fond en comble[1] : il fait renvoyer les officiers incompétents, supprime les sergents-recruteurs. Il constitue une armée de réserve importante à l’insu des autorités d’occupation française[Note 1] en accélérant au maximum la formation des volontaires (mesure dite du Krümpersystem). En substituant à l’ancienne armée de mercenaires une armée de citoyens volontaires, davantage portés au patriotisme et de mœurs mieux réglées, Scharnhorst préparait la mobilisation d’une armée nationale et la reconquête des territoires allemands. Il fonde l'académie de guerre de Prusse à Berlin en 1810.

Renversement d'alliances

À la demande des autorités françaises, il fut contraint de démissionner « pour la forme » du cabinet de la Guerre en , mais n’en demeura pas moins chef d’État-major et employa le reste de ses loisirs à organiser un corps de sapeurs.

Lorsqu’au début de 1813 les forces russes, poursuivant les débris de la Grande Armée, atteignirent les marches de Silésie, Scharnhorst organisa audacieusement le soulèvement de la Prusse, et le il assistait à Kalisch à la conclusion d’un traité d’alliance avec la Russie[Note 2]. Il proposa au roi de Prusse l’institution de l’Ordre de la Croix de fer et lorsque la guerre avec la France éclata, il était général de l’armée de Silésie, sous les ordres du général en chef prussien Blücher, avec lequel il partageait le crédo de l’attaque.

Scharnhorst fut blessé d’une balle au genou à la bataille de Lützen (), et faute de soins mourut de gangrène deux mois plus tard à Prague, alors qu’il était en route pour Vienne, afin de tenter de rallier l’Autriche à la coalition. Son corps fut inhumé au Cimetière des Invalides à Berlin. Le sculpteur Friedrich Tieck réalisa un monument pour son tombeau. Le roi Frédéric-Guillaume demanda en 1822 à Rauch de dresser sa statue en face de la Garde Royale à Berlin. Un autre monument lui est dédié en face de sa maison natale, à Bordenau.

Son œuvre réformatrice sera poursuivie par un officier qu'il avait lui-même formé, Job von Witzleben.

Ĺ’uvres

Scharnhorst - gravure contemporaine du général prussien.
  • Handbuch fĂĽr Offiziere in den angewandten Teilen der Kriegswissenschaften. 3 vol., Hanovre, 1787–90; nouvelle Ă©dition augmentĂ©e par Hoyer, 1817–20.
  • Militärische DenkwĂĽrdigkeiten. 5 vol., Hanovre, 1797–1805.
  • G. von Scharnhorst (trad. M. A. Fourcy), TraitĂ© sur l'artillerie [« Handbuch der Artillerie »], Hanovre, J. CorrĂ©ard, (rĂ©impr. 1806, 1814 ; 1840, Paris pour l'Ă©d. en français), 284 + 160 p. de tables numĂ©riques
  • Militärisches Taschenbuch zum Gebrauch im Felde. Avec une prĂ©sentation d’Ulrich Marwedel, rĂ©impression de la 3e Ă©d. de 1794, OsnabrĂĽck: Biblio Verlag, 1980 (=Bibliotheca Rerum Militarium, XXXI), (ISBN 3-7648-0841-1).
  • Ăśber die Wirkung des Feuergewehrs. FĂĽr die Königl. PreuĂźischen Kriegs-Schulen. RĂ©impression de l'Ă©dition de 1813, avec une introduction de Werner Hahlweg, OsnabrĂĽck: Biblio Verlag, 1973 (=Bibliotheca Rerum Militarium, XXVI), (ISBN 3-7648-0181-6).
  • (de) Ausgewählte Schriften, OsnabrĂĽck, 1983, coll. « Bibliotheca Rerum Militarium, vol. XLIX », (rĂ©impr. Introduction d’Ursula von Gersdorff), 520 p. (ISBN 978-3-7648-1273-7 et 3-7648-1273-7).
  • (de) Ausgewählte militärische Schriften, Berlin, Militärverlag der DDR, (rĂ©impr. 1re Ă©dition), 1re Ă©d. (ISBN 978-3-327-00024-3 et 3-32700-024-7).

Postérité

Le fils aîné de Scharnhorst, Wilhelm von Scharnhorst (1786-1854), fut inspecteur d’artillerie à Stettin et Coblence, commanda l’artillerie en 1849 contre les insurgés en Bade et après la reddition de Rastatt fut nommé commandant de cette forteresse. Il prit sa retraite en 1850 avec le grade de général d’infanterie et mourut le à Bad Ems. Il avait épousé Agnès von Gneisenau. La lignée des Scharnhorst s’éteignit avec la mort de leur fils unique, August von Scharnhorst, décédé le alors qu’il commandait la place de Pillau.

La fille de Gerhard von Scharhorst, Julie, qui avait épousé le comte Friedrich zu Dohna-Schlobitten en 1809, compte en revanche plusieurs descendants.

Hommages

Le nom du général von Scharnhorst a été donné à trois navires de guerre, au célèbre croiseur SMS Scharnhorst, au cuirassé de la Seconde Guerre mondiale, le Scharnhorst, et au sloop britannique HMS Mermaid (renommé Scharnhorst en 1959).

Il y avait aussi Ă  Dortmund une sociĂ©tĂ© minière Scharnhorst ; par ailleurs, un quartier de la ville porte ce nom. L’Allemagne de l’Est avait instituĂ© une dĂ©coration militaire appelĂ©e « l’ordre de Scharnhorst Â».

Lorsque la Bundeswehr est créée en 1955, la date du est intentionnellement retenue, en l'honneur des deux cents ans de la naissance du général Scharnhorst. La célébration des deux cent cinquante ans de sa naissance, et celle des cinquante ans de la Bundeswehr ont eu lieu le dans sa ville natale de Bordenau : au cours de la cérémonie, les nouvelles recrues de la Bundeswehr ont prêté serment.

L’ordre de Scharnhorst (Scharnhorst-Orden) était un ordre honorifique de la République démocratique allemande (RDA). Créé le 17 février 1966, il constituait la plus haute décoration accordée au sein de la Nationale Volksarmee (NVA).

Notes

  1. Le traitĂ© de Tilsit interdisait Ă  la Prusse de lever une armĂ©e sans l'autorisation de NapolĂ©on, et de limiter ses effectifs Ă  42 000 hommes.
  2. S’il n'y a aucun doute que Scharnhorst avait recommandé de signer un traité d’alliance avec la Russie et était favorable à l’institution de la Croix de fer, il est exagéré de voir en lui le principal artisan de ces décisions. La conclusion du traité de Kalisch le est essentiellement l’œuvre du chancelier von Hardenberg.

Références

  1. (de) Die Trommler - Archiv, « Der Befreiungskrieg 1813/14 : La guerre de libération 1813/14 », sur dietrommlerarchiv.wordpress.com, (consulté le ).

Voir aussi

Sources et bibliographie

En français
En allemand
MĂ©morial Ă  Unter den Linden, Berlin.
  • Hermann von Boyen, Beiträge zur Kenntnis des Generals von Scharnhorst und seiner amtlichen Thätigkeit in den Jahren 1808–13, Berlin,
  • Schweder: Scharnhorsts Leben. Berlin, 1865.
  • Georg Heinrich Klippel (de): Das Leben des Generals von Scharnhorst. 3 Bde., Leipzig 1869–71.
  • Max Lehmann: Scharnhorst. 2 Bde., Leipzig 1886–87.
  • Rudolf Stadelmann (de): "Scharnhorst. Schicksal und Geistige Welt". Wiesbaden: Limes 1952.
  • Heinz StĂĽbig (de): "Scharnhorst. Die Reform des preuĂźischen Heeres". Göttingen/ZĂĽrich: Muster-Schmidt 1988. [ (ISBN 3-7881-0131-8)]
  • Klaus Hornung (de): Scharnhorst. Soldat, Reformer, Staatsmann. Esslingen: Bechtle Verlag, 2001, (ISBN 3-7628-0538-5).
  • Andreas Broicher (de): Gerhard von Scharnhorst. Soldat – Reformer – Wegbereiter. Aachen: Helios-Verlag, 2005, (ISBN 3-938208-20-1). Mit 85 Abbildungen.
  • Olaf Jessen: PreuĂźens Napoleon? Ernst von RĂĽchel (1754–1823) Krieg im Zeitalter der Vernunft. Paderborn u. a.: Schöningh Verlag, 2006, (ISBN 3-506-75699-0).
  • Ralph Thiele: Gerhard von Scharnhorst. Zur Identität der Bundeswehr in der Transformation. Bonn: Bernard & Graefe Verlag, 2006, (ISBN 3-7637-6261-2).
  • Michael Sikora (de): Scharnhorst, Lehrer, Stabsoffizier, Reformer. In: Karl-Heinz Lutz, Martin Rink (de), Marcus von Salisch (Hrsg.): Reform, Reorganisation, Transformation. Zum Wandel in den deutschen Streitkräften von den preuĂźischen Heeresreformen bis zur Transformation der Bundeswehr. Im Auftrag des Militärgeschichtlichen Forschungsamtes, Oldenbourg, MĂĽnchen 2010, (ISBN 978-3-486-59714-1), S. 43–64.
  • (de) Johannes Kunisch (de), « Scharnhorst, Gerhard Johann David von », dans Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 22, Berlin, Duncker & Humblot, , p. 574–575 (original numĂ©risĂ©).
  • Heinz StĂĽbig (de): Gerhard von Scharnhorst – preuĂźischer General und Heeresreformer. Studien zu seiner Biographie und Rezeption. Lit, Berlin 2009, (ISBN 978-3-643-10255-3).
  • Marcelli Janecki, Handbuch des preuĂźischen Adels, Band 1, 1892, S.518f
  • Edgar Schumacher (de): Scharnhorst und sein Werk (= Deutsche Volkheit (de). [82]). Diederichs, Jena 1935.
  • Gothaisches genealogisches Taschenbuch der briefadeligen Häuser, 1910, Vierter Jahrgang, S.678ff
  • Laurenz Demps: Zwischen Mars und Minerva. Wegweiser Invalidenfriedhof, 1998.

Liens externes

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