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Brigade hollandaise

La Brigade hollandaise (en néerlandais : Hollandse Brigade) est une unité de l'Armée du Royaume de Hollande envoyée en par le roi Louis Bonaparte à la demande de son frère l'empereur Napoléon, participer à la guerre d'indépendance espagnole aux côtés de l'armée française. La brigade, sous le commandement du generaal-majoor David Chassé, fait partie de la « division allemande » (qui comprenait également des unités de Nassau, Bade et d'autres alliés allemands de l'empire français) sous le commandement du général français Leval, elle-même incorporée au IVe corps français sous le commandement du maréchal Lefebvre puis du général Sébastiani, et plus tard au Ier Corps d'armée du maréchal Victor. La brigade se distingue dans un certain nombre de grandes batailles, mais elle est ensuite principalement employée dans des opérations de contre-guérilla. Après l'annexion du royaume de Hollande par l'empire français en 1810, la brigade est officiellement dissoute et son personnel (devenu sujets français) absorbé dans le 123e régiment d'infanterie de ligne français, qui continue à être employé en Espagne avant d'être transféré en Russie.

Brigade hollandaise (Hollandse brigade)
Image illustrative de l’article Brigade hollandaise
Fantassins hollandais au combat en Espagne (dessin de Jan Hoynck van Papendrecht).

Création 1808
Dissolution 1810
Pays Drapeau du Royaume de Hollande Royaume de Hollande
Branche Armée hollandaise
Type Brigade interarmes
RĂ´le Infanterie
Effectif 3 000
Fait partie de Division Leval
Guerres Guerre d'indépendance espagnole
Batailles Bataille de Durango
Bataille de Mesas de Ibor
bataille de Medellin
Bataille de Talavera
Bataille d'Almonacid
Bataille d'Ocaña

Formation

Le , l'empereur NapolĂ©on envoie une demande pĂ©remptoire Ă  son frère, le roi Louis de Hollande, de lui fournir une brigade pour servir lors de la campagne d'Espagne. Cette brigade doit ĂŞtre composĂ©e d'un rĂ©giment de cavalerie de 600 chevaux, d'une compagnie d'artillerie avec 3 canons et 3 obusiers, de trois bataillons d'infanterie de 2 200 hommes au total, et d'un dĂ©tachement de mineurs et sapeurs, pour un total de 3 000 hommes. Cette brigade, qui devrait ĂŞtre composĂ©e principalement de vĂ©tĂ©rans, doit ĂŞtre prĂŞte Ă  marcher durant dix jours une fois la demande effectuĂ©e. Louis, qui Ă©lude gĂ©nĂ©ralement autant que possible les demandes de son frère et cherche Ă  prĂ©server les intĂ©rĂŞts de son Royaume, accepte immĂ©diatement la requĂŞte, bien que la petite armĂ©e hollandaise ait dĂ©jĂ  envoyĂ© 6 000 hommes en Allemagne. Le ministre de la Guerre, le gĂ©nĂ©ral Janssens et le commandant en chef, le marĂ©chal Dumonceau, recommandent le generaal-majoor David ChassĂ© pour commander la nouvelle unitĂ©. Le colonel A. Lycklama Ă  Nijeholt commande l'infanterie ; le commandant F.F.C. Steinmetz est placĂ© en tant que commandant de l'artillerie et des sapeurs ; le colonel von Goes prend le commandement de la cavalerie (il est ensuite remplacĂ© par le colonel Van Merlen) ; le capitaine H.R. Trip dirige la compagnie d'artillerie Ă  cheval ; l'ambulance de campagne est sous le commandement du chirurgien G. Sebel ; le lieutenant-colonel Vermeulen sert en tant que chef d'Ă©tat-major, assistĂ© par le capitaine Van Zuylen van Nijevelt (en)[1].

L'organisation de la brigade prĂ©sente de nombreuses difficultĂ©s. Initialement, le premier bataillon du 3e rĂ©giment de Jagers, stationnĂ© dans la province de ZĂ©lande, est sĂ©lectionnĂ© pour la brigade, mais il s'avère que le rĂ©giment est si dĂ©vastĂ© par la « fièvre Zeelandaise » (probablement le paludisme[Note 1]) que la plupart des soldats sont inaptes au service militaire. Le commandement de l'armĂ©e remplace donc ce bataillon par le 2e bataillon du 4e rĂ©giment de ligne, commandĂ© par le lieutenant-colonel C.L. von Pfaffenrath. L'autre bataillon d'infanterie dĂ©signĂ© pour la brigade, commandĂ© par le lieutenant-colonel A.W. Storm de Grave, est formĂ© Ă  partir du 2e rĂ©giment de ligne en Groningue. Des problèmes avec l'Ă©quipement et le manque de fournitures de base, comme les chaussures, entravent aussi le dĂ©ploiement rapide de la brigade. D'autre part, la cavalerie, quatre escadrons du 3e rĂ©giment de hussards est immĂ©diatement disponible. Les troupes disponibles, 2 200 des 3 000 prĂ©vus, sont finalement concentrĂ©es près de Bergen op Zoom le pour marcher vers l'Espagne via la France (le reste, 800 hommes, suivra plus tard)[Note 2]. Le 1er septembre, une partie de l'infanterie se rĂ©volte en raison des arriĂ©rĂ©s de salaire. Le gouvernement organise en hâte une avance, qui rĂ©tablit le calme. Le , le marĂ©chal Dumonceau en personne assiste au dĂ©part de la brigade[2].

Histoire

Voyage en Espagne

La brigade parcourt le trajet à pied jusqu'en Espagne, le transport par mer étant rendu impossible par le blocus de la Royal Navy. Elle se dirige vers Paris, via Anvers, Gand, Lille et Amiens. Alors que les autorités françaises ont promis leur soutien, il s'avère qu'aucune autorité locale n'a été prévenue de devoir fournir nourriture et abri à la troupe. Le quartier-maître général hollandais[Note 3] O.J. Romar essuie souvent une fin de non recevoir de la part des commandants locaux français et doit organiser les approvisionnements lui-même, ce qui épuise son trésor de guerre prématurément. Les soldats doivent souvent acheter eux-mêmes la nourriture sur leur maigre salaire (un sou et demi[Note 4] par jour) qui est nettement insuffisant. La faim et la fatigue causent par conséquent un flux croissant de traînards. Les jeunes officiers, qui vivent dans des conditions plus luxueuses et qui voyagent en voiture, commencent à critiquer ouvertement le général Chassé[3].

La brigade arrive Ă  Saint-Denis, près de Paris, le . Ă€ ce moment-lĂ , ses effectifs s'Ă©lèvent Ă  2 130 hommes et 846 chevaux. Le gĂ©nĂ©ral ChassĂ© se plaint immĂ©diatement au ministre Janssens Ă  propos du manque de soutien qu'il avait reçu, et le ministre charge l'ambassadeur hollandais Ă  Paris, l'amiral Verhuell, d'insister auprès des autoritĂ©s françaises pour qu'elles remplissent leurs obligations. Le ministre fait aussi payer les avances promises (en utilisant les banquiers Audenet et Slingeland Ă  Paris). Le la brigade dĂ©file devant la reine Hortense de Beauharnais, Ă©pouse sĂ©parĂ©e du roi Louis. Le lendemain, l'empereur NapolĂ©on, accompagnĂ© par le marĂ©chal Lefebvre, inspecte personnellement la brigade, ce qui impressionne fortement les soldats. NapolĂ©on profite de l'occasion pour modifier l'organisation des bataillons d'infanterie faisant passer leurs effectifs de 9 compagnies Ă  6, renforçant ainsi la force de chacune de ces compagnies. Il dĂ©crète Ă©galement que la brigade fera partie de la « division allemande », composĂ©e de troupes d'un certain nombre d'États allemands alliĂ©s de l'Empire français, commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Leval. Cette division doit ĂŞtre incorporĂ©e au IVe Corps d'ArmĂ©e sous le commandement du marĂ©chal Lefebvre. Enfin, NapolĂ©on organise deux dĂ©pĂ´ts, l'un pour l'infanterie Ă  Saint-Denis, et l'autre pour la cavalerie dans Versailles, oĂą les traĂ®nards et le personnel malade (208 hommes, parmi eux le commandant Steinmetz) doivent ĂŞtre recueillis avant de rejoindre leurs unitĂ©s en Espagne[4].

La brigade quitte Paris pour Bayonne, près de la frontière espagnole, le . Elle passe par Chartres, Le Mans, Saumur, Niort et Bordeaux. Cette fois, leur rĂ©ception par la population locale est beaucoup plus agrĂ©able et les troupes sont traitĂ©es sur un pied d'Ă©galitĂ© avec les troupes françaises. La brigade arrive Ă  Bayonne le . La ville Ă©tant le point de dĂ©part de l'invasion française vers l'Espagne, elle est un point important de concentration des troupes. La brigade s'en sort bien dans le chaos consĂ©cutif Ă  ce rassemblement de troupes, grâce aux efforts du quartier-maĂ®tre Romar, qui persuade mĂŞme les Français de fournir de nouveaux manteaux d'uniformes et des chaussures. Ă€ cette Ă©poque, l'effectif de la brigade est tombĂ© Ă  1 700 hommes[Note 5]. Mais ces survivants sont les hommes les plus rĂ©sistants, la dure marche ayant Ă©liminĂ© les plus faibles. Les expĂ©riences communes ont forgĂ© un sentiment de camaraderie parmi les troupes. Lorsque la brigade entre en Espagne le traitement relativement « favorisĂ© » prend fin : la brigade doit se dĂ©brouiller par elle-mĂŞme en concurrence avec les unitĂ©s françaises et alliĂ©es pour la nourriture et l'abri. Une autre mauvaise surprise attend le commandement de la brigade lorsqu'il prend conscience des dangers posĂ©s par les guĂ©rilleros espagnols (gĂ©nĂ©ralement appelĂ©s « brigands » par les Français) qui s'attaquent continuellement aux lignes d'approvisionnement françaises. La brigade marche vers Bilbao via Irun, Tolosa, MondragĂłn et Durango. Elle arrive Ă  Bilbao vers la fin d' [5].

Durango (31 octobre 1808)

Presque immédiatement après son arrivée sur le sol espagnol le maréchal Lefebvre prive le général Chassé de ses mineurs et sapeurs, de sa cavalerie et de son artillerie. Les protestations de Chassé restent vaines, et ceux, malgré le fait que le roi Louis lui ait ordonné de garder la brigade réunie. Les ingénieurs militaires disparessent « sans laisser de trace » ; il s'avèra plus tard qu'ils avaient été chargés d'améliorer les défenses de la citadelle de Burgos, ce qu'ils ont fait consciencieusement, malgré le fait que leur commandant, le capitaine Lambert, payait ses hommes à partir de sa propre bourse. Finalement, ils détruisirent la citadelle dans une action d'arrière-garde courageuse, le , juste avant l'entrée des Britanniques[6].

Les hussards sont intégrés dans une brigade de cavalerie attachée à la division du général Sébastiani[7]. Les bataillons d'infanterie, ossature de la brigade, sont affectés à la division Leval, formant à eux seuls l'unité combattante désignée par la suite comme la « brigade hollandaise ». Cette division comprenait, outre les troupes hollandaises, des fantassins du régiment de Nassau, le régiment de Bade, le régiment de Hesse-Darmstadt, un bataillon de Francfort, un bataillon des gardes nationaux parisiennes, et deux batteries d'artillerie[8]. Avec la division Sébastiani et la division Villatte, la division Leval forme alors le IVe Corps d'Armée français sous le commandement du maréchal Lefebvre. Ce corps est concentré autour de Durango avec l'objectif de marcher sur Bilbao et à partir de là, sur Madrid[9].

Cependant, pour ce faire, il faut d'abord battre l'armée espagnole du général Blake. Les armées espagnoles et françaises s'affrontent à la bataille de Durango le . La brigade hollandaise avait été inspectée par le maréchal Lefebvre le , et à cette occasion le maréchal avait prononcé un discours d'encouragement fort. Ainsi motivés les troupes hollandaises font face aux Espagnols parmi les autres troupes étrangères sous le commandement temporaire du général Villatte. Sur l'ordre de Villatte, ils attaquent les Espagnols et réussissent à les chasser du premier tertre de Bernagoitia puis de Nevera, malgré la difficulté du terrain[10]. Les Hollandais allument alors un feu pour signaler au centre français (Sébastiani) et à l'aile droite (Leval) de démarrer leur avance. Le général Chassé mène la poursuite des Espagnols en fuite. Des voltigeurs hollandais tombent alors sur un troupeau de moutons, qui paissait dans un bois et ils apprécièrent particulièrement la viande après en avoir été privé si longtemps. À l'issue de la bataille, les troupes hollandaises reçoivent beaucoup d'éloges : le général Chassé est nommé chevalier de la Légion d'honneur et cinq autres officiers reçoivent une médaille pour Bonne Conduite et bravoure[11].

Après la bataille, l'armée française poursuit l'armée espagnole, tout en pillant la campagne environnante. Le , quelques jours après la bataille de Balmaseda, à laquelle elle ne participe pas, la brigade hollandaise atteint Balmaseda qui est en train d'être saccagée en représailles à l'assassinat de trois Français. Après une marche à travers la ville en flamme, quelques troupes hollandaises rejoignent les pillards, avant d'être rapidement maîtrisés. Le capitaine Van Oudheusden, sabre tiré, sauve quelques femmes espagnoles de viols commis par des grenadiers français[12].

De Durango Ă  Mesas de Ibor (17 mars 1809)

Dans les mois suivants, la brigade est principalement utilisée pour effectuer des missions de garde et d'escorte. Le général Chassé est nommé gouverneur militaire de Bilbao le et la brigade est chargée de tâches d'occupation. Chassé mène lui-même une reconnaissance en force avec 500 hommes dans la zone côtière à l'ouest de Bilbao qui avait été relativement exempte de pillages, mais la plupart des habitants avaient fui. Le , il est rappelé pour conduire la brigade à Madrid à la suite du IVe Corps. La marche à travers les hautes terres du centre de l'Espagne est difficile, en raison du froid extrême de l'hiver. La recherche de nourriture est difficile, en raison du pillage des troupes précédentes et de la fuite de la population. Madrid est atteint au réveillon du Nouvel An 1809[13].

Les problèmes logistiques qui touchent l'ensemble de l'armée d'invasion, se font sentir encore plus vivement pour les Hollandais, car ils ne sont fournis que lorsque les Français le sont déjà[Note 6]. La cavalerie hollandaise a notamment un fourrage de qualité insuffisante pour ses chevaux, et ceux-ci perdent souvent des fers en raison du terrain difficile. À Bilbao seulement 91 chevaux sur 231 sont aptes au service. L'artillerie à cheval a perdu tant de chevaux que leurs caissons de munitions doivent être tirés par trois chevaux, au lieu des six habituels. Parce que l'infanterie hollandaise utilise un autre type de fusil que les Français, ils ne peuvent pas utiliser des balles françaises, ce qui cause bientôt un manque de munitions. Les jeunes officiers regrettent le fait que Chassé soit insuffisamment énergique dans ses requêtes au commandement du Corps français. Ils montrent ouvertement leur mécontentement, ce qui rend difficile les relations personnelles avec le général. Chassé renvoie alors un certain nombre d'officiers « difficiles », parmi lesquels le chef d'état-major Vermeulen, qui est remplacé par le capitaine Van Zuylen van Nijevelt[14].

À Madrid, l'ensemble de la division allemande est transféré au Ier Corps sous le commandement du maréchal Victor (marié à une Hollandaise) en . La brigade reçoit l'ordre de garder l'un des trois ponts sur le Tage, à El Puente del Arzobispo, où elle arrive à la fin de janvier. Les hussards hollandais restent avec le IVe Corps, maintenant commandé par le général Sébastiani, et prennent part entre autres à la bataille de Ciudad-Real (en) du après laquelle le colonel Roest van Alkemade est mentionné dans les dépêches[15].

Pendant ce temps l'infanterie hollandaise fortifie le pont d'Arzobispo sous la direction des officiers ingĂ©nieurs Van Schelle et De Boer, ce qui le rend infranchissable. Mais le commandement du Corps leur ordonne de permettre de nouveau le franchissement du pont Ă  la fin de fĂ©vrier. ChassĂ©, conscient du fait que les troupes espagnoles se trouvaient Ă  proximitĂ©, il forme une tĂŞte de pont sur le cĂ´tĂ© « espagnol » du Tage et il effectue des patrouilles intensives du 19 au dans la Sierra de Altamira pour se prĂ©munir contre les guĂ©rillas. Les guĂ©rillas locales, environ 10 000 hommes, sont pour la plupart des prisonniers de guerre Ă©vadĂ©s, d'anciens soldats de l'armĂ©e du gĂ©nĂ©ral Venegas, qui avait Ă©tĂ© battu par le marĂ©chal Victor Ă  la bataille d'UclĂ©s. La division allemande est chargĂ©e de rĂ©primer leur activitĂ© dans la zone au-delĂ  du TiĂ©tar[16].

Cette opération de contre-guérilla, la première en son genre dans la guerre espagnole, conduit bientôt à des excès. La brigade hollandaise s'engage dans une mesure de représailles contre la ville de Arenas de San Pedro, où les habitants avaient par « traîtrise » assassiné un certain nombre de dragons de Westphalie, et mutilé leurs corps. Les Allemands en colère mènent le , sous la direction du commandant Von Holzing, le pillage de la ville où même les enfants ne sont pas épargnés[17]. Des soldats hollandais sont impliqués dans le carnage à l'horreur de leurs propres officiers, qui jurent de ne jamais plus laisser les choses déraper ainsi. Ils tiennent apparemment parole, car les atrocités commises dans Arenas sont les seules dans lesquelles les troupes hollandaises furent impliquées pendant la guerre, autant que l'on sache[Note 7].

Après la victoire française au seconde siège de Saragosse le , le maréchal Victor décide d'attaquer les forces espagnoles sur la rive sud du Tage. Il donne à la division allemande un rôle prépondérant dans cette attaque. Le , la division rencontre une forte force espagnol à Mesas de Ibor. Le général Leval envoie d'abord le régiment de Nassau contre les retranchements Espagnols, mais ils sont repoussés par les tirs nourris des Espagnols[18]. Ensuite Leval décide d'une attaque générale sur un front plus large. La brigade hollandaise est au centre, flanqué par le régiment de Bade sur la gauche, et le régiment de Hesse-Darmstadt sur la droite. Le général Chassé ordonne une attaque à la baïonnette et les Hollandais prennent d'assaut les travaux de terre espagnols sans coup férir. Bien que les troupes souffrent de la mitraille, des incendies et des tirs de mousquet, ils ne fléchissent pas. Miraculeusement seulement dix soldats hollandais sont tués et 49 blessés dans le déluge de feu. Les troupes espagnoles fuient les baïonnettes hollandaises. Le reste du front espagnol à Almaraz s'effondre et les Français peuvent traverser le Tage[19].

Medellin, Talavera et Almonacid

Les Français cherchent dès lors Ă  forcer l'armĂ©e espagnole Ă  accepter la bataille. Il y parviennent le près de Medellin. Dans cette bataille, les seuls Hollandais impliquĂ©s sont les hussards hollandais qui participe Ă  la charge de cavalerie qui romp la ligne espagnole. Après la bataille très sanglante, le commandant Steinmetz est chargĂ© de collecter les armes abandonnĂ©es. Ils trouvent plus de 8 000 fusils. Après la bataille l'infanterie hollandaise est gardĂ©e en rĂ©serve. Le gĂ©nĂ©ral ChassĂ© est nommĂ© gouverneur militaire de la province de Trujillo dans l'EstrĂ©madure, avec capitale la ville de Trujillo. Bien que les Hollandais rĂ©ussissent Ă  rĂ©cupĂ©rer dans cette pĂ©riode plus tranquille, l'approvisionnement des troupes est toujours un problème, la population locale refusant de coopĂ©rer. Le quartier-maĂ®tre Romar organise donc une boulangerie et une boucherie militaire avec les boulangers et les bouchers hollandais, recrutĂ©s parmi les hommes de troupe, pour subvenir aux besoins de la brigade. De plus, le trĂ©sorier reçoit suffisamment de fonds pour payer les arriĂ©rĂ©s de salaire des troupes. Le calme relatif de la situation donnent aux troupes l'occasion de sentir les affres de la nostalgie. Les contacts avec leurs familles n'Ă©tant que sporadiques, en raison de l'inĂ©gal bureau de poste de campagne. Les soldats ne reçoivent que peu de journaux hollandais, ce qui est favorable au moral des troupes dans la mesure oĂą cela les empĂŞche de s'apercevoir que personne en Hollande ne s’intĂ©resse Ă  cette guerre et Ă  leur situation. De nombreux soldats et officiers souhaitent rentrer et espèrent que la brigade soit bientĂ´t rappelĂ©e ou, Ă  dĂ©faut, qu'eux-mĂŞmes soient en mesure de rentrer chez eux. Des membres influents de la famille de certains officiers font pression pour que leurs proches soient rappelĂ©s[20].

L'offensive française est bientôt au point mort et la position française dans l'Estrémadure est devenue intenable en en raison de la situation difficile de l'approvisionnement et de la maladie parmi les troupes. Le 1er Corps quitte sa position et se retire derrière le Tage entre le 14 et le ; les Hollandais campent à nouveau près de Talavera. Les anglo-espagnoles décident alors de faire mouvement vers la position française. Les généraux Cuesta et Venegas menacent les Français des deux côtés, alors que le corps expéditionnaire britannique du général Wellesley avancent pour fermer l'anneau. À la fin de , les armées espagnoles et britanniques affrontent les forces françaises à la bataille de Talavera. La Brigade hollandaise, au sein de la division Leval, bivouaque dans une oliveraie pendant la nuit du , la veille de la bataille. Les hollandais trouvent à peine le sommeil à cause des fusillades pendant la nuit. Le lendemain, les premières attaques des Français sur les positions britanniques sont repoussés avec de lourdes pertes. En milieu de journée, les belligérants marquent une pause dans les hostilités, au cours de laquelle les Français tiennent un conseil de guerre. Sur les conseils du maréchal Victor, ils décident de ne pas attendre les renforts du corps du maréchal Soult, mais d'attaquer de nouveau dans l'après-midi. La division Leval attaque la 4e division britannique du général Alexander Campbell (en). Les troupes de Nassau, dans l'avant-garde, sont repoussése et poursuivies par les Gardes britanniques, qui à leur tour sont repoussées avec de lourdes pertes. Plus tard dans l'après-midi, la division allemande contre-attaque deux fois à partir de sa base dans l'oliveraie, mais sans résultat. La bataille se solde par un match nul tactique, mais les Britanniques reculent sur Badajoz au grand dam des généraux espagnols[21] - [22].

Les pertes de la Brigade hollandaise à Talavera s'élèvent à 31 tués et 146 blessés. Le commandant Steinmetz (maintenant commandant de l'artillerie de la division Leval), qui avait été malade pendant un temps très long, meurt sur le champ de bataille de complications de la podagre[Note 8] - [23].

Après la bataille de Talavera, les bataillons d'infanterie affaiblis (maintenant rĂ©organisĂ©s comme le 2e rĂ©giment d'infanterie) sont rĂ©unis avec la cavalerie et l'artillerie de la brigade toujours au sein du IVe Corps, maintenant commandĂ© par le gĂ©nĂ©ral SĂ©bastiani, nouvellement promu. Ils se dirigent sur Tolède pour le repos et la rĂ©cupĂ©ration. Le le IVe Corps quitte Tolède pour couper l'avance de l'armĂ©e espagnole du gĂ©nĂ©ral Venegas sur Madrid. Les armĂ©es se rencontrèrent dans le village d'Almonacid. L'armĂ©e espagnole (23 000 hommes et8 000 chevaux) se dispose en ligne en face du village. Venegas place son artillerie sur deux collines abruptes, dont l'une est appelĂ©e Los Cerrojones, qui couvrent l'ensemble du champ de bataille. Ă€ la gauche de la principale force espagnole, un nombre inconnu de soldats se sont cachĂ©s dans une oliveraie. SĂ©bastiani dirige la division Leval (Ă  la droite française) pour encercler Los Cerrojones. Pendant ce temps, l'artillerie française se bat en duel avec son homologue espagnole, tandis que l'artillerie Ă  cheval polonaise et hollandaise attaque le dĂ©tachement espagnol dans l'oliveraie ; ce dernier abandonne sa position[24].

Ensuite, le gĂ©nĂ©ral SĂ©bastiani attaque les bataillons JaĂ©n et BailĂ©n au somment de la colline. L'infanterie polonaise est initialement repoussĂ©e avec de lourdes pertes par les Espagnols. SĂ©bastiani ordonne alors Ă  ChassĂ© de faire un mouvement enveloppant, contrĂ© par la cavalerie espagnole. La division Leval se forme rapidement en carrĂ©s et repousse la cavalerie ennemie avec de lourdes pertes. Après ce revers, les troupes espagnoles abandonnent leurs positions sur la colline sans rĂ©sistance, dĂ©couvrant les flancs du corps principal. Ă€ ce moment, le roi Joseph Bonaparte arrive sur les lieux avec des renforts pour les Français. SĂ©bastiani lance alors une attaque gĂ©nĂ©rale de cavalerie sur le centre espagnol, soutenue par l'artillerie Ă  cheval du capitaine Trip, attaquant sur la droite espagnole, tandis que ChassĂ© dirige l'infanterie contre la gauche espagnole. Sous cette pression, les troupes espagnoles reculent jusqu'Ă  la colline oĂą elles forment une ligne de dĂ©fense autour de leur artillerie. MalgrĂ© le feu meurtrier des canons espagnols, qui tracent de larges sillons dans les formations françaises et alliĂ©es, l'infanterie poursuit son mouvement en avant et parvient jusqu'aux Espagnols qu'elle attaque Ă  la baĂŻonnette. Après un court combat d'homme Ă  homme, les Espagnols fuient en dĂ©sordre, abandonnant dix Ă©tendards et 26 canons. Des milliers de soldats espagnols sont faits prisonniers de guerre. Les hussards hollandais de Van Merlen (pour l'instant responsables de la cavalerie hollandaise) prennent part Ă  la poursuite et capturent un grand nombre de charrettes et de mulets du train de bagages espagnol. Le roi Louis Ă©tait si fier de la participation hollandaise Ă  la victoire qu'il dĂ©crète que chaque annĂ©e de service en Espagne compterait pour deux[25]. Bien que les pertes du cĂ´tĂ© français soient Ă©levĂ©es (2 400 tuĂ©s et blessĂ©s), la brigade hollandaise ne compte que sept tuĂ©s et 37 blessĂ©s[26].

Ocaña et la guerre de contre-guérilla

Après la bataille d'Almonacid les hostilités marquent une pause dont la Brigade hollandaise a grandement besoin. La brigade a perdu neuf officiers et 815 hommes, comme le général Chassé le signale au commandement de l'armée à La Haye en , mais après les renforts de début 1809 il n'y a plus aucune perspective de nouveaux renforts. Au contraire, la Hollande elle-même est en danger, en raison du débarquement britannique en Zélande et le roi Louis exige le rappel de la brigade pour aider à défendre le royaume. Le commandement suprême français refuse cependant, la brigade hollandaise étant indispensable en Espagne. Le commandement suprême hollandais, informé par des lettres privées d'officiers critiques dans la brigade, commence à être mécontent de la politique du général Chassé et de son « manque de fermeté » à l'encontre des tentatives françaises pour disperser les unités de la brigade. Selon le ministre de la Guerre Krayenhoff ce manque de volonté est en grande partie dut au faible état de forme de la brigade, qui compte beaucoup de malades et de blessés (déjà en le général Krayenhoff avait prévenu que près de 400 hommes avaient « disparu » de cette façon). Le général Chassé se défend contre les reproches en soulignant que le roi lui-même lui avait ordonné d'obéir aux ordres français. En outre, il demande d'être compréhensif face aux circonstances difficiles dans lesquelles il a dû travailler : les fournitures manquaient, vêtements, chaussures et médicaments non disponibles ont fait que les soldats trop affaiblis ont été incapables de suivre le rythme de la marche. Chassé demande rhétoriquement : « quel barbare pouvait lancer ces hommes épuisés en avant ? » Il souligne également que les unités allemandes de la division Leval sont encore plus épuisées[27].

La pause dans les hostilitĂ©s ne dure que quelques semaines. Le duc del Parque rĂ©ussit Ă  vaincre le gĂ©nĂ©ral Marchand Ă  Tamamès le , ce qui rend la Junte suprĂŞme espagnole trop confiante. Ils ordonnent au gĂ©nĂ©ral Areizaga de marcher sur Madrid Ă  partir de La Manche avec son armĂ©e de 50 000 hommes. Les Français ne peuvent le laisser faire, et le le marĂ©chal Soult envoie les hussards polonais, renforcĂ©s par l'artillerie Ă  cheval du capitaine Trip, occuper la ville d'Ocaña. Sur le chemin Ă  Dosbarrios, ils rencontrent la cavalerie espagnole et une fusillade fĂ©roce s'ensuit. Les Polonais et les Hollandais l'emportent, mais l'Ă©vĂ©nement est suffisamment inquiĂ©tant pour le commandement français qui ordonne Ă  toutes les unitĂ©s disponibles dans la rĂ©gion du Tage d'endiguer l'avancĂ©e espagnole[28].

Le , le gĂ©nĂ©ral ChassĂ© est avec la brigade hollandaise Ă  Aranjuez, et reçoit l'ordre de marcher toute la nuit avec son unitĂ© accompagnĂ© de la cavalerie polonaise Ă  Ocaña, oĂą ils arrivent Ă  l'aube. L'armĂ©e d'Areizaga est dĂ©jĂ  dĂ©ployĂ©e Ă  travers la plaine. L'armĂ©e espagnole est forte de 50 000 hommes, très fatiguĂ©s après leurs marches forcĂ©es des jours prĂ©cĂ©dents. Les Français et leurs alliĂ©s avaient environ 30 000 hommes. Le marĂ©chal Soult est Ă  la tĂŞte des Français, le roi Joseph observant. Le mouvement d'ouverture de Soult est une attaque de l'aile gauche française, composĂ©e de troupes polonaises, allemandes et hollandaises, sur la droite espagnole. Cependant, les Espagnols anticipent avec un assaut frontal qui conduit les alliĂ©s Ă  se replier sur la division française de Girard qui se tenait d'arrière d'eux. L'artillerie espagnole a tirĂ© par-dessus la tĂŞte de ses propres troupes et fait de nombreuses victimes parmi la division Leval. Beaucoup de chevaux ont Ă©tĂ© tuĂ©s, parmi lesquels ceux du capitaine Trip, entravant le mouvement de ses batteries d'artillerie Ă  cheval. Cependant, la division Leval rĂ©ussi Ă  se reformer et Ă  avancer contre la grĂŞle du feu espagnol. Le colonel Von Pfaffenrath, commandant des deux bataillons hollandais, dirige l'avance de la première ligne des troupes. Il est accompagnĂ© par les chirurgiens hollandais qui aident de leur mieux les blessĂ©s ; un chirurgien, Jacobsen, est tuĂ© et un autre, DieudonnĂ©, gravement blessĂ©, mais il continue Ă  servir[29].

Le gĂ©nĂ©ral Leval est blessĂ© et le gĂ©nĂ©ral ChassĂ© assume le commandement de la division[30]. Les soldats alliĂ©s rĂ©ussissent Ă  infiltrer les rangs de l'infanterie espagnole et un combats d'homme Ă  homme s'ensuit, mettant les Espagnols sur la dĂ©fensive. L'artillerie française empĂŞche l'infanterie espagnole de se rallier, et une charge de flanc des lanciers polonais la met en fuite. Une dĂ©route espagnole gĂ©nĂ©rale s'ensuit. Beaucoup de soldats espagnols sont tuĂ©s par la cavalerie française et leurs alliĂ©s, tandis que d'autres sont faits prisonniers par le 1er Corps français qui vient de traverser le Tage. Plus de 14 000 soldats espagnols se rendent. La division allemande est largement saluĂ©e par le commandement français[31]. Le marĂ©chal SĂ©bastiani, dans un discours au gĂ©nĂ©ral ChassĂ©, est Ă©logieux, surtout envers les artilleurs hollandais (le capitaine Trip est nommĂ© chevalier de la LĂ©gion d'honneur), et un certain nombre d'officiers hollandais sont mentionnĂ©s dans les dĂ©pĂŞches. La brigade hollandaise enregistre des pertes relativement lourdes : 82 tuĂ©s et 89 blessĂ©s[32].

Le grand nombre de prisonniers de guerre pose des problèmes insurmontables pour le commandement français : il n'y a tout simplement aucun moyen de les nourrir. En plus il est probable qu'ils soient libĂ©rĂ©s par les guĂ©rilleros espagnols. Il est donc dĂ©cidĂ© de les faire marcher vers la France et la division allemande (maintenant sous le commandement du gĂ©nĂ©ral ChassĂ©) se voit confier la tâche d'escorter les convois. La brigade hollandaise part le avec 4 000 dĂ©tenus, après les rĂ©giments de Nassau et Bade qui ont dĂ©jĂ  pris la route les jours prĂ©cĂ©dents avec d'autres transports (au total 10 000 prisonniers). Faire escorter les transports avec des rĂ©giments entiers semble peut-ĂŞtre exagĂ©rĂ©, mais le nombre de guĂ©rilleros sur la route de Bayonne via Burgos et Vitoria est si grand que cela est nĂ©cessaire. DĂ©pouillĂ©s de tous leurs biens, les prisonniers sont dans un Ă©tat piteux après la semaine passĂ©e Ă  Madrid oĂą ils ont Ă  peine mangĂ©. Le transport devient une vĂ©ritable « marche de la mort » au cours de laquelle 2 000 des 10 000 prisonniers meurent[Note 9]. ChassĂ© et ses hommes trouvent la tâche très rude et plaignent leurs prisonniers bien qu'ils ne puissent rien faire pour amĂ©liorer leurs conditions. Plusieurs officiers hollandais qui avaient Ă©tĂ© rappelĂ©s aux Pays-Bas, parmi lesquels le capitaine Van Zuylen van Nijevelt (il est remplacĂ© par le colonel français Brenot en tant que chef d'Ă©tat-major) accompagnent le convoi. Ils arrivent Ă  Bayonne le [33].

Dans la première moitiĂ© de 1810, la brigade hollandaise est chargĂ©e de la contre-guĂ©rilla dans la Manche. Les très nombreux guĂ©rilleros harcèlent rĂ©gulièrement les lignes de ravitaillement français. Ils opèrent dans de grands groupes, dirigĂ©s par des chefs lĂ©gendaires comme El Empecinado et "El Chaleco" (le gilet) (en). Les contre-mesures françaises sont largement inefficaces, notamment parce que les troupes françaises s'aliènent la population par leurs mesures sĂ©vères : chaque action de « brigands » est suivie de reprĂ©sailles contre la population civile des villages voisins. Cela provoque une spirale de la barbarie et de reprĂ©sailles, dans lequel les civils, aveuglĂ©s par la haine, assassinent Ă  leur tour des patrouilles isolĂ©es, les vedettes et messagers, et les soldats blessĂ©s. La mission de la brigade hollandaise reste gĂ©nĂ©ralement infructueuse, Ă  part le , lorsque le capitaine J.P. Sprenger avec un dĂ©tachement de 100 hommes bat une troupe de 900 cavaliers irrĂ©guliers espagnols près de Lerma. Un mois plus tard, une escouade hollandaise est prise en embuscade dans la province de SĂ©govie et disparaissent sans laisser de trace, seuls quelques baudriers sont retrouvĂ©s. Mi-, ChassĂ© Ă©tablit son quartier-gĂ©nĂ©ral Ă  Almagro et rĂ©ussit Ă  capturer un troupeau de 15 000 mĂ©rinos, convoyĂ© vers le Portugal par la guĂ©rilla sur les ordres de la Junte Centrale. Ă€ la mi-juin, la brigade gravement affaiblie (seulement 600 hommes, 260 chevaux et deux canons sont encore sous les armes) arrive dans Manzanares pour combattre les guĂ©rilleros locaux, mais les troupes sont trop Ă©puisĂ©es pour faire quoi que ce soit de remarquable. Cependant, un dĂ©tachement commandĂ© par le lieutenant-colonel Aberson occupe Villanueva de los Infantes et improvise une base de patrouille. Quand Aberson envoie la plupart de ses hommes dans une de ces patrouilles, la population locale attaque les Hollandais restants, qui se replient dans l'Ă©glise locale. Ils sont assiĂ©gĂ©s pendant quelques jours jusqu'Ă  ce que ChassĂ© et Aberson viennent les soulager. Les Hollandais pillent alors l'Ă©glise et les maisons des citoyens en reprĂ©sailles et repartent avec deux charretĂ©es d'argent[34].

Le , le Royaume de Hollande est annexé à l'Empire français par un décret de l'empereur Napoléon[35]. Cette réunion est suivie le par la dissolution de l'armée royale et de ses unités, comme la brigade hollandaise. L'infanterie de la brigade hollandaise est absorbée dans le 123e régiment d'infanterie de ligne français (les hussards étaient déjà rentrés pour la plupart aux Pays-Bas en [36]). Leur première tâche est d'apprendre le français, car leurs nouveaux officiers ne parlaient pas nécessairement le néerlandais. Les mineurs et sapeurs deviennent la sixième compagnie du 1er bataillon français de mineurs. Certains soldats hollandais désertent. Le général Chassé fait fusiller un certain nombre de ces déserteurs[Note 10] sur le front des troupes en , et il rappelle à ses troupes que, malgré la dissolution du royaume et de l'armée, ils sont encore liés (comme lui) par leurs serments[37] - [38].

HĂ©ritage

Le rôle des soldats hollandais dans la guerre ne s'arrête pas avec la dissolution de la brigade. Le 123e régiment reste une unité majoritairement néerlandaise, bien que sous le commandement d'officiers français (le général Chassé est placé à la tête d'une autre brigade française). Dès , ils sont impliqués dans la lutte contre la guérilla du chef El Chaleco, sans beaucoup de succès, malgré quelques combats très violents avec les guérilleros. Après 1811, les aventures des membres néerlandais du 123e régiment en Espagne sont difficiles à reconstruire, parce que les archives montrent de grandes lacunes. En seulement 800 fantassins néerlandais sont encore recensés[39]. Mais le régiment, renforcé par de nouvelles recrues néerlandaises, est transféré dans l'armée avec laquelle Napoléon envahit la Russie en . Il est incorporé à la brigade Coutard dans la division Merle du IIe Corps, commandé par le maréchal Oudinot[40]. Le , il fait partie de l'arrière-garde qui couvre la retraite du Corps sur la Dvina à la seconde bataille de Polotsk et il se distingue, de sorte que « Polotsk » est l'une des inscriptions sur l’emblème du régiment moderne[41]. À la bataille de la Bérézina le régiment forme de nouveau une partie de l'arrière-garde qui est sacrifiée pour couvrir la retraite des Français. Au début de la bataille, le régiment dispose encore de 100 hommes aptes au service ; après la bataille, il n'existe plus[42]. « Bérézina 1812 » est une autre inscription du régiment français moderne. Quelques-uns des anciens combattants hollandais de la guerre espagnole parviennent cependant à retourner aux Pays-Bas.

Le général Chassé, qui était resté au service de l'Empire en Espagne en dépit de ses réticences personnelles sur l'annexion, fait partie des rapatriés. Il est nommé général de brigade français[Note 11]. Il connait une carrière rapide en raison de ses capacités, et termine sa carrière au grade de lieutenant-général[Note 12]. Après l'abdication de Napoléon, il demande à être autorisé à démissionner du service français, après quoi il offre ses services au nouveau gouvernement des Pays-Bas, qui n'est que trop heureux d'accepter. En tant que lieutenant-général néerlandais, il joue un rôle important dans la bataille de Waterloo à la tête de la 3e division hollando-belge. Il y mène, à un moment décisif de la bataille, une charge à la baïonnette de la brigade Detmers (en) sur la Moyenne Garde française.

Bibliographie

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  • Lodewijk Napoleon Bonaparte, Documents historiques et rĂ©flexions sur le Gouvernement de la Hollande, Tome 1, Bruges, J.-N. Houdin; Bogaert-Dumortier,
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  • (en) R. Chartrand, Talavera 1809 : Wellington's Lightning Strike Into Spain, Osprey Publishing,
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  • Hollande in Jean Tulard (dir.), Dictionnaire NapolĂ©on, vol. A-H, Paris, Fayard, , 1000 p. (ISBN 2-213-60485-1), p. 959-965
  • B.R.F. Van Vlijmen, Vers la BĂ©rĂ©sina (1812) : D'apres des documents Nouveaux, Plon-Nourrit et cie,

Notes et références

Notes

  1. Qui aurait, en 1809, provoquer la fin prématurée de l'invasion britannique de Zélande, connu sous le nom de l'Expédition de Walcheren.
  2. Une question intéressante est celle des nationalités représentées dans la brigade. Du fait que la conscription n'avait pas encore été mis en place (cela se fera en 1811), il est probable qu'une partie non négligeable de soldats n'avait pas la nationalité hollandaise, parce que comme ses prédécesseurs, l'armée des États (en) et l'armée de la République batave, l'armée du Royaume de Hollande a été contrainte d'utiliser en majorité des mercenaires étrangers. Malheureusement, les registres des régiments faisant défaut, dans les archives nationales hollandaises ainsi que dans les archives françaises du SHAT à Vincennes, ne nous en apprennent pas plus ; cf. De Moor et Vogel, p. 205
  3. Romar était en fait un civil du ministère de la guerre avec le titre officiel de "commissaire de guerre", mais ses tâches étaient comparables à celles d'un Quartier-maître général, cf. De Moor et Vogel, p. 49
  4. Le salaire était trois stuivers hollandais par jour selon De Moor et Vogel, p. 55. Un stuiver était un vingtième d'un florin (comme un sou était un vingtième d' un franc français). L'échange était 2 florins pour un franc environ; Cf. (nl) J.J. Hallebeek et A.J.B. Sirks, Nederland in de Franse schaduw : recht en bestuur in het Koninkrijk Holland (1806 - 1810), Uitgeverij Verloren, , p. 194 note 71
  5. Cet effectif sera alimenté par des renforts ; le gouvernement hollandais envoie en novembre et décembre 1808 environ 800 hommes sous le commandement du colonel Alberti et le capitaine C. van Stapele ; cf. Moor et Vogel, p. 70-72
  6. Le général Chassé se plaint au début de 1809 que les fantassins hollandais attendent encore leur deuxième paire de chaussures, tandis que les soldats français, qui ont servi un temps égal, ont déjà reçu leur troisième remplacement. Cf. De Moor et Vogel, p. 91
  7. Ce n'est pas tant les exactions commises, courantes dans cette guerre cruelle, dans la mesure où le meurtre par des civils (des femmes en particulier) de leurs camarades paraissait particulièrement odieux aux soldats, qui sont remarquables que la réaction immédiate de dégout et de honte des officiers hollandais. Le capitaine Van Zuylen van Nijevelt écrit dans une lettre : « Soixante personnes ont été tuées, parmi lesquels des femmes, des enfants et des vieillards ; les femmes enceintes n'ont pas été épargnées...[Cependant], quatorze Français ont été massacrés dans cette ville, le régiment les a vengé d'une manière horrible, indigne et cruelle... Il n'y a rien de si terrible, rien de si épouvantable, comme un soldat en ces temps. Notre métier, le plus beau et le plus noble qui existe, est si terni, que l'on hésite à admettre être un soldat. » cf. De Moor et Vogel, p=105-108.
  8. Selon le diagnostic des chirurgiens de l'Ă©poque
  9. Selon Costa de Serda, des 3300 prisonniers environ escortés par la brigade hollandaise et arrivés à Bayonne, pas moins de 2219 sont mis à l'hôpital tout de suite ; cf. Costa de Serda, p= 80-81
  10. Les déserteurs ont été dûment jugés et condamnés par la Cour martiale mobile qui avait été attaché à la brigade depuis sa formation. La question de la loi à appliquer dans ce cas particulier se pose. Le commissaris-rapporteur (comparable à l'auditeur-militaire) G.F. Blom a été formé en droit militaire hollandais, mais après l'Annexion, la loi militaire française s'applique, cf. Moor et Vogel, p. 50
  11. L'armée du Royaume de Hollande n'a pas eu le grade de général de brigade. Ce grade a été inséré seulement en 1952 entre les grades de « colonel » et « général-major ». Cela a causé une certaine confusion parmi les historiens postérieurs, qui ont interprété le fait que Chassé est devenu un général de brigade comme une rétrogradation. Mais cela introduit un anachronisme. À cette époque un général-major prend le commandement d'une brigade et un lieutenant-général prend le commandement d'une division. Dans l'organigramme d'armée néerlandaise moderne ces grades ont évolué à la hausse. À cette époque les grades equivalents dans la Grande Armée ont été « général de brigade » et « général de division ». Mais c'est vrai que Napoléon a pensé que son frère avait laissé trop "l'inflation des grades" dans l'armée royale; Cf. De Moor et Vogel, p. 35.
  12. Le grade de lieutenant-général pour « général de division » a été réintroduit au 16 mai 1814, aprės le retour du roi Louis XVIII de France. Cela peut expliquer une certaine confusion, comme Chassé avait déjà quitté le service français de l'époque. Plusieurs sources donnent la promotion comme « lieutenant-général » au lieu de « général de division »;Cf. C. Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850/C, , p. 304-305 et Eugène Fieffé, Histoire des troupes étrangères au service de France depuis leur origine jusqu'à, nos jours, et de tous les régiments levés dans les pays conquis sous la première République et l'Empire : avec 32 gravures coloriées représentant plus de 80 types d'uniformes, Tome 2, Librairie Militaire Dumaine, , p. 342 note 1. Ça pouverait sembler une erreur. Mais le biographe néerlandais de Chassée, Del Campo, fournit l'explication. Il a écrit: « Chassé voyage [en avril 1814] à Paris pour s'occuper de ses affaires et à demander sa démission du service français, ce qui lui a été donné par le ministre de la Guerre, le maréchal Soult, dans une lettre datée du 6 décembre 1814, dans le grade de lieutenant-général, avec l'expression de la plus grande satisfaction de son service donné à la France. »; Cf. Del Campo, p. 56

Références

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